Matthieu V 13 à 16 Le sel et la lumière Le mardi 11 Juin 1996 Commentaire radiophonique Antoine Caballé R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd de sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.’ ‘Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.’ ‘Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes oeuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.’

Vous êtes le sel de la terre .... Vous êtes la lumière du monde ...”

Ces images qu’emploie Jésus pour évoquer les disciples au sermon sur la montagne font suite aux béatitudes et se complètent, se répondent, se conjuguent parfaitement l’une l’autre ... Comme le sel le plus souvent invisible s’efface pour donner le goût des choses, la lumière éclaire tout autour d’elle et donne elle même lorsqu’elle est bien placée dans une pièce un espace ou un territoire, la révélation de la réalité qui sans elle resterait indiscernable irrémédiablement obscure ....

Le sel et la lumière agissent donc comme des révélateurs ...

Le sel, on le sait , a bien d’autres propriétés encore : nous savons, comme le faisait remarquer un enfant, qu’il fait fondre les glaces, et permet, l’hiver venu, de rétablir la circulation sur nos routes.

De même, la lumière, en dissipant les ténèbres de l’obscurité, permet également de rétablir la confiance, d’éloigner la peur, comme de reconnaître en celui qui nous semblait étranger, un semblable, un frère, un ami.

En Palestine, comme d’ailleurs dans tous les pays du bord de la Méditerranée, on utilisait le sel surtout pour conserver les aliments, car il évitait leur dépérissement.

De même la lumière nourrit la vie, c’est par elle, nous le savons aujourd’hui, que par photosynthèse des plantes peuvent produire les glucides nécessaires à leur subsistance, produisant alors la chlorophylle qui leur permettra de fixer le gaz carbonique de l’air et permettre ainsi la respiration des hommes et des animaux ....

Nous pourrions certainement en trouver encore bien d’autres, mais arrêtons là cette description des propriétés du sel et de la lumière ... pour résumer en disant que sel et lumière sont essentiels à la vie ... comme le chrétien donc, comme chaque auditeur de Jésus, comme chaque personne qui a entendu cette parole, comme chacun de nous ...

Dans l’ancienne alliance au moment des offrandes, le sel qui recouvrait celles-ci était le signe de l’alliance entre Dieu et les hommes. En écho comme le rappelle le livre de la Genèse au chapitre un verset quatre : “Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres ....”

Le sel procède de la terre comme la lumière nous vient du ciel.

Soyons témoins de cette réconciliation entre le ciel et la terre, cette création nouvelle dont Jésus est le premier né. Nous sommes sel de la terre, nous sommes lumière du monde à partir du moment où nous entrons dans la perspective inversée du sermon sur la montagne qui exprime le souffle de Dieu soufflant sur le monde, souffle de vie, à partir du moment où tels le sel où la lumière nous n’existons plus pour nous même seulement mais pour révéler la terre, ses créatures et le monde à eux mêmes, à travers Dieu créateur et tous les hommes à leur Père, à travers Jésus le Fils rédempteur.

Le sel et la lumière ont la dernière propriété commune de ne pas exister pour eux mêmes. Ainsi, comme le souligne de livre de Job au chapitre trente neuf au verset neuf, une terre trop chargée de sel devient stérile, et une lumière fixée directement peut aveugler ...

Remarquons enfin que Jésus ne nous dit pas “devenez “ le sel, “devenez ” lumière, mais vous êtes le sel, vous êtes la lumière. La tension qui nous est demandée n’est pas tant celle d’une métamorphose à accomplir en nous mêmes par nous mêmes pour nous mêmes, laissons plutôt l’esprit nous transformer selon son oeuvre et non la nôtre, que celle de la conservation du goût, et du choix d’un bon emplacement pour que nos oeuvres à la Gloire du Père soient vues de tous et brillent comme un phare sur la mer.

Debout donc les uns et les autres, debout selon l’exhortation des béatitudes et que nous devenions ainsi aujourd’hui signes de la présence de Dieu sur la terre, de la venue de Jésus le sauveur parmi les hommes, de la bonne nouvelle de l’évangile annoncée au monde.

Abandonnons nous à Celui qui change devant nos pas selon la parole du prophète Ésaïe au chapitre quarante deux au verset seize “les ténèbres en lumière “.