Jean XV 1 à 8 Le cep et les sarments Le mercredi 30 Avril 1997 Commentaire radiophonique Antoine Caballé R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche ; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde afin qu’il porte encore plus de fruits. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi il est jeté dehors, comme le sarment il sèche ; puis on ramasse les sarments on les jette au feu et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruits c’est ainsi que mon Père sera glorifié et que vous serez mes disciples.’

Les textes que nous lisons cette semaine 3370 , que nous rapporte l’évangéliste Jean, sont une série de prescriptions que Jésus laisse à ses disciples, à la suite, le plus souvent, de questions que quelques uns de ceux-ci lui posent 3371 .

Aujourd’hui, il est question de la parabole si connue du cep et des sarments, si connue qu’il n’est pas impossible d’ailleurs que nous pensions que nous la connaissions parfaitement et qu’elle n’ait en conséquence, plus grand chose de nouveau à nous dire, ou, en tout cas, que nous n’ayons déjà suffisamment médité, mûri.

C’est pour cette raison que je vous invite ce matin à écouter ces paroles de Jésus, à les méditer comme ont pu les entendre, les écouter, les méditer, pour la première fois, les disciples assemblés autour de lui. Ces paroles sont en fait très étonnantes, détonantes même, et elles nous révèlent quelque chose d’essentiel du message du Christ, de la Bonne Nouvelle qui nous fait vivre encore aujourd’hui, presque deux mille ans plus tard, qui nourrit encore notre espérance, ouvrant dans notre présent une perspective d’éternité.

Jésus ne donne pas aux disciples les arguments finement développés d’une théorie nouvelle sur la façon d’être, de vivre, une voie de sagesse, de contrôle de soi, pour une plus grande cohérence entre les idées et les actes, à la manière des philosophes, ou des sages.

Jésus ne donne pas non plus une série des préceptes religieux précis qui, à la manière des prescriptions de la loi de Moïse rapprocheraient de par les rituels, l’homme de Dieu, et lui permettraient ainsi d’être davantage à son écoute, d’obéir davantage à ses commandements, de devenir meilleurs.

Jésus ne développe pas, enfin, des arguments métaphysiques savants sur le sens des choses, des êtres et de l’existence, il ne parle que par une parabole très facile à comprendre, accessible aux enfants.

Non pas sans doute que Jésus ne méprise la sagesse des sages, l’intégrité des religieux, ni le savoir des savants, mais sa parole évoque encore autre chose, introduit une dimension nouvelle.

Jésus introduit les disciples, et nous introduit donc à leur suite, dans une relation nouvelle, l’ alliance nouvelle entre Dieu et l’homme rendue possible par lui, pour une vie nouvelle.

Il est question de porter fruit, et pour porter fruit, il nous faut demeurer en lui, afin que ses paroles demeurent en nous. Ces fruits nous les porterons dans la mesure où nous resterons accrochés à lui-même, c’est à dire au cep. Cela semble être la seule attention qui nous soit demandée, car, dès lors, quoi que nous demandions au Père, en son nom, cela nous sera accordé. C’est cela sans doute porter du fruit, désirer et accomplir le projet de Dieu.

Car, si une distance nous était révélée par la Bible comme étant désormais consommée, depuis la chute de l’homme et son renvoi du jardin d’Éden, Jésus a rompu pour toujours cette distance qui nous séparait de Dieu. Désormais, par lui, l’homme a accès à la communion de pensée et d’actes avec Dieu lui-même. Et l’expression de cette communion c’est l’amour absolu gratuit, mutuel entre les hommes, comme Dieu nous a aimés le premier. Et Jésus d’ailleurs, n’appellera bientôt plus ses serviteurs par un autre nom qu’amis. 3372

Car, il reste encore une chose que nous savons aujourd’hui, que les disciples qui étaient autour de lui, et qui entendaient ses paroles pour la première fois, ne savaient sans doute pas vraiment encore. Jésus n’a pas seulement parlé mais il s’est fait parole lui-même en accomplissant jusqu’à la mort sur croix la volonté de son Père.

L’arbre de vie du jardin d’Éden nous est redevenu accessible 3373 par lui qui permet à l’homme une réconciliation avec Dieu, plus même qu’une réconciliation, une communion.

Notes
3370.

Selon le calendrier liturgique officiel de l’Église Catholique de l’année 1997:

Lundi 28 Avril 1997 : Jean XIV 21-26

Jésus annonce à partir d’une question de Jude que le secret de la communion entre le Père les disciples et lui est l’amour dont l’Esprit Saint en rendra témoignage.

Mardi 29 Avril 1997 : Jean XIV 27 - 31 a

Jésus annonce la paix qu’il donne non comme le monde la donne, et son départ prochain vers le Père qui, selon les paroles de Jésus lui-même, est plus grand que lui. La venue prochaine du prince du monde l’ennemi de Dieu.

Jeudi 1 Mai 1997 : Jean XV 9-11

L’amour qui est le lien de communion entre le Père le Fils et les disciples produit la joie parfaite.

Vendredi 2 Mai 1997 Jean XV 12-17

Le commandement de l’amour entre les disciples comme Christ les aimé et le commandement que Jésus leur laisse. Il exprime aussi que c’est lui qui a choisi les disciples et non les disciples qui l’ont choisi afin qu’ils portent du fruit, et qu’ils annoncent cet amour mutuel et fraternel en tout lieu.

3371.

En amont des textes lus dans la semaine, outre donc la question posée par Jude, au début du chapitre XIV

La question de Thomas (verset 5) :

“Seigneur nous ne savons où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ?

La remarque de Philippe

“Seigneur, montre nous le Père et cela nous suffit.”

Ces questions font elles-mêmes suite à celle de Pierre (Jean chapitre XIII verset 36 )

“Seigneur où vas-tu ?”

Jésus va lui annoncer son prochain reniement après que Pierre ait promis donner sa vie pour lui. (verset 38)

3372.

C’est ici mon commandement : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faîtes ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître, mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon père.” Jean XV 12 à 15

3373.

Genèse III 24

L’Éternel Dieu dit :

“Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal ; empêchons le maintenant d’avancer sa main;, de prendre l’arbre de vie d’en manger et de vivre éternellement. C’est ainsi qu’il chassa Adam, et mit à l’est d’Éden, des chérubins munis d’une épée flamboyante, pour garder l’arbre de vie.”