Luc I 57/66 .... (80)
‘Le temps où Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils. Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa miséricorde, et ils se réjouirent avec elle.’ ‘Le huitième jour ils vinrent pour circoncire l’enfant et ils l’appelaient Zacharie, du nom de son père.’ ‘Mais sa mère prit la parole, et dit : Non, il sera appelé Jean.’ ‘Ils lui dirent: Il n’y a personne dans ta parenté qui soit appelé de ce nom. ’ ‘Et ils firent des signes à son père pour savoir comment il voulait qu’on l’appelât.’ ‘Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l’étonnement.’ ‘Au même instant sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia, et il parlait bénissant Dieu.’ ‘La crainte s’empara de tous les habitants d’alentour, et dans toutes les montagnes de la Judée, on s’entretenait de ces choses.’ ‘Tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur coeur en disant : Que sera cet enfant ? Et la main du Seigneur était avec lui.’ ‘(...)’ ‘Or, l’enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts jusqu’au jour où il se présenta devant Israël. ’Suivi de :
Notes complémentaires de réflexion ultérieure
Louange
‘Sans fin, Seigneur je chanterai ton amourNotre Père ...
Parmi ton église, ton peuple rassemblé des quatre coins de l’Univers,
Pour la beauté de la création ...
Pour l’immensité de ton pardon ...
Pour la perfection et la variété de tes dons ...
Parce que tu nous invites sans relâche à aimer notre prochain notre frère,
Et tout homme
Comme tu aimes le premier ...
Parce que Tu règnes hier, aujourd’hui, demain,
En tout lieu et sur toutes les situations ...
Parce que tu prépares les temps et les circonstances longtemps à l’avance ...
Et que rien jamais ne te prend en défaut ...
Parce que nul ne peut te contenir et parce que tu contiens
Dans Ton Amour
Par Ton Amour,
Toute chose ... ...
Nous voulons te dire merci
Dieu, Notre Père
Que tout en nous te soit louange ...
Le désert nous effraie ...
Et pourtant dans le désert, tu es encore,
Et pourtant dans le désert, tu es déjà,
Il n’y aurait pas de désert sans Toi ...
Apprends-nous à ne pas craindre le désert ...
Apprends nous à aimer le désert que tu crées ...
Apprends-nous à aimer la solitude ...
Que Tu nous donnes d’éprouver parfois ...
Car il n’y a pas vraiment de solitude pour qui se tourne vers Toi ...
Car y aurait-il seulement de vraies rencontres s’il n’y avait pas de sentiment de solitude ..
D’ailleurs, solitude, désespoir, tous les sentiments les plus noirs,
Ton Fils les as traversés et vaincus pour nous,
Avant nous,
Pour que désormais tout soit habité de ta Présence ...
Alors du désert tu fais un chemin,
Alors du désert tu fais une place de village,
Un carrefour de rencontre ...
Une source d’eau vive ...
Alors du désert tu nous apprends à prier,
Alors du désert tu nous donnes
De prier pour le monde ...
Du désert tu nous adresses la Parole qu’enfin nous pouvons entendre ...
La parole qui nous envoie vers nos frères ...
C’est alors que nous te disons, que nous osons dire, comme Tu nous l’as toi-même enseigné :
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du mal
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne,
La puissance et la gloire, pour les siècles des siècles
Amen ...
Jean-Baptiste dont nous parlons aujourd’hui, fut l’homme du désert ... Il fut la voix de celui qui crie dans le désert ... 3428 L’homme d’entre deux alliances ... Le dernier des prophètes, le plus grand d’entre eux dira Jésus... Seul, il eut le privilège de rencontrer directement le Christ, et même de le baptiser dans les eaux du Jourdain ... Mais de Jean-Baptiste, Jésus dira étrangement que le plus petit dans le Royaume est plus grand que lui... Et pourtant, qui fut plus grand que le Baptiste, que Dieu prépara dès le sein de sa mère ?.. N’a-t-il pas été surtout celui qui a préparé le chemin du Christ ?.. N’a-t-il pas a été celui qui a baptisé Jésus ?.. N’est-il pas celui qui s’étonnera du fond de sa prison et qui enverra des disciples demander : Est-ce bien celui que nous attendions ? 3429 Et l’histoire de sa naissance rappelle celle d’Isaac 3430 , ou celle de Samson, 3431 enfants eux aussi d’une promesse et qui eux aussi se sont fait attendre ... Comme si, pour leurs parents, un temps de désert, temps de maturation devait précéder la naissance ... Le courage des propos tenus, le caractère radical de son témoignage, son refus d’obtempérer devant les puissants de ce monde, de soumettre son témoignage à leurs bons vouloirs, jusqu’à ses vêtements, 3432 firent comparer le Baptiste à Élie 3433 considéré par le peuple d’alors comme le grand prophète d’Israël ... Élie aussi se retira un temps dans des lieux désertiques. 3434
Le dernier, d’un point de vue chronologique, des prophètes bibliques, représente pour les chrétiens un peu tout Israël d’où nous est venue la Bonne Nouvelle, au travers d’une longue histoire et dont les vingt siècles d’histoire d’après la venue du Christ, peuvent se mettre en parallèle avec son court ministère. Ce ministère qui, même s’il eut un retentissement suffisant pour que des chroniqueurs historiens comme Flavius Josèphe le mentionnent, ne dura semble-t-il pas plus d’un an. Il prépara 3435 le peuple à accueillir celui qui devait venir, et le conduisit jusqu’à la porte de l’an de grâce, le temps nouveau que promulgue Jésus, 3436 le Messie annoncé, son cousin, celui dont Jean-Baptiste dira être indigne de dénouer les souliers .. . 3437 Le ministère de Jean-Baptiste s’achèvera par la prison et la mort, pour le caprice de la princesse Hérodias qui inspira sa fille Salomé auprès du roi Hérode 3438 . Le peuple de l’alliance, lui aussi longtemps repoussé au désert de l’exil, de la diaspora à la Shoa, avant son retour récent en terre promise et la fondation d’Israël comme état en 1948. Oui, Jean-Baptiste est resté au cours de sa vie dans le désert, dans la solitude, à la porte du Royaume dont il annonçait le rapprochement, il est un peu comme Moïse mourant à la porte de la terre promise ... 3439
Et pourtant son nom Jean ( Yôhanân ) signifie Dieu fait grâce. Zacharie (Zkar’ya - Dieu se souvient) lereçut de Dieu avant d’être muet pour un temps, 3440 temps de désert encore, c’est ce nom qu’Élisabeth confirme, avant que Zacharie lui-même l’écrive sur des tablettes, recouvrant du coup, voix et parole ... Mais Dieu lui fit grâce, car Dieu fait grâce ... Le voilà le sens de la vie de Jean qui appelait à la repentance et baptisait dans le désert ... Dieu fait grâce ... Il annonce la vie du Christ qui donne sens à toute l’histoire d’Israël ... Dieu fait grâce ... C’est aussi tout le sens biblique de l’histoire d’Israël. Cette grâce offerte en Jésus est pour Jean le Baptiste, et tous les hommes, pour Israël et tous les peuples de la terre, 3441 tous les hommes sans acception de quiconque. Sans doute nous faut-il passer par le désert là où Dieu seul vient nous rejoindre, pour l’entendre, le comprendre, en vivre et le répercuter, l’annoncer à tous et le crier à la face du monde . 3442
Notes complémentaires de réflexion ultérieure :
Le désert est un élément central, pratiquement, nous pourrions dire, également, un vrai personnage, de la pédagogie biblique. Son caractère principal nous semble être celui d’une ouverture ... à la manière de Jean Le Baptiste, ouvrant le ministère du Christ ... pour rendre possible, préparant les chemins du Seigneur, 3443 une relation plus” juste” 3444 entre Dieu et l’homme.
Nous relevons donc plusieurs caractères éducatifs, ou éducationnels, selon cette perspective d’ouverture de ce que nous pourrions nommer un “espace temps désert” :
1- L’ouverture du lieu de la conscience et de la séparation, que celle-ci soit à l’initiative de l’homme 3445 ou de Dieu 3446 , provoquant ainsi, la nécessaire conscience de son identité personnelle face à de celle de Dieu. Conscience de la séparation entre Dieu et soi ... Conscience première que Dieu n’est pas l’homme ... que l’homme n’est pas Dieu.
2- L’ouverture de l’expression, dont la réception est enfin rendue possible et tangible de la fidélité de Dieu, à laquelle est appelée à répondre la fidélité humaine ... 3447
3- L’ouverture du temps de la mise à l’épreuve ... de la tentation, et de l’homme ... et de Dieu ... 3448
4- L’ouverture de l’enseignement à partir de la promesse 3449 ... le lieu de la conscience de la nécessité de la création nouvelle et de son actualité en marche ...
5- L’ouverture de l’espace de l’expression pour la parole créatrice ... de sa répercussion. Émerge donc du désert la possibilité désormais donnée à l’homme d’écouter la parole ... et, de la donner à son tour, de le devenir lui-même, selon la Nouvelle Alliance, dans sa propre chair, dans son propre esprit, par grâce, en Christ, participant désormais de sa création nouvelle.
Jean-Baptiste est lui-même au carrefour de ces ouvertures, à la porte de “l’espace temps désert”.
Cette première partie en italique de la louange est une adaptation d’une partie du psaume 89 .... tiré de :
“Recueils de textes liturgiques” 3° édition complète : Église Réformée de France Centre-Alpes-Rhône - Éditions Réveil 07300 Tournon ; Juin 1985
Ésaïe XL 3 ; Matthieu III 3 ; Marc I 3 ; Luc III 4 ; Jean I 23
Matthieu XI 9 ; Jean X 41
Genèse XXI 1 et 2
Juges XIII
II Rois I 8 ; I Rois XIX 13 ; Matthieu III 4 ; Marc I 9.
Zacharie reçut cette prophétie lors de l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste que ”il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie” Luc I 17. Malachie prophétisa le retour d’Élie que le peuple attendait donc et Jésus lui-même dira voir en Jean-Baptiste une manifestation de cette prophétie. Malachie IV 5-6 ; (Malachie III 1) ; Marc IX 11 13
En fait ces lieux étaient désertiques à cause de la pluie qui ne tombait pas. Il fut nourri par des corbeaux. I Rois XVII 1-7
Malachie III 1 ; Marc I 2 ; Matthieu XI 10 ; Luc VII 27.
Marc I 7 ; Matthieu III 11 ;
Matthieu XIV 3-12
Matthieu XIV 1 à 12 ; Marc VI 14 à 23 ; Luc IX 7 à 9.
Le nom de Salomé est donné par “les Antiquités Judaïques” de JOSÈPHE (XVIII 5,4)
Rappelons que le nom de Moïse (Mosheh) signifie “tiré de “ ; il a “tiré” le peuple de l’esclavage à liberté comme lui même fut tiré des eaux. Pour ce qui concerne sa mort et les raisons de sa non entrée en terre promise on peut lire :
Nombres XX ; Deutéronome XXXI ; XXXII ; XXXIII .
Luc I 20
C’est tout le sens de l’alliance depuis Abraham, confirmée par les prophètes.
Matthieu XXVIII 19 ; Marc XIII 10 ; Jean XVII ; Apocalypse XIV 6 ; Apocalypse XIV 15 à 16
Ésaïe XL 3 ; Ésaïe LVII 14 ; Ésaïe LXII 10 ; Malachie III 1 à 6 ; Malachie IV 5 et 6 ; Matthieu III 3 ; Matthieu XI 10 ; Marc I 2 ; Luc I 17 ; Luc I 76 ; Luc III 41 ; Luc VII 27 ; Jean I 23.
Le mot “juste” est ici employé au sens biblique du terme ... l’hébreu çèdèq (çdâqâ), çaddiq signifie bien moins une action qu’une attitude, une "posture" qui fonde et entretient la relation entre deux parties. En l’occurrence Dieu et l’homme ( d’après Xavier Léon DUFOUR)
L’initiative première de “l’espace temps désert” pourrait être, certes bien malgré lui, de l’initiative de l’homme. Au soir de la chute, L’Éternel appela l’homme, et lui dit : “Où es-tu ?”. Genèse III 9.
Songeons également à Caïn s’éloignant de la face de l’Éternel à la terre de Nod (qui signifie fuite et exil).
Genèse IV 16.
L’initiative, ou la responsabilité, de l’initiative de Dieu quant à ”l’espace temps désert” pourrait donc être postérieure à celle de l’homme, donc à la désobéissance et chute. Il nous semble en trouver l’origine dans la dispersion succédant à Babel.
“Allons descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre. “Genèse XI 7 et 8
À partir de l’épisode de Babel qui fait donc naître à l’initiative de Dieu “l’espace temps désert” , à partir de l’initiative citadine humaine, le désert peut plus radicalement encore qu’auparavant, puisque désormais suscité par Dieu, comme une grâce, ou une réponse à la folie monopsychique des hommes ...
C’est bien le désert que doit contourner Abram, suivant probablement, d’après les historiens bibliques, le” croissant fertile”, pour se rendre jusqu’à la terre, au pays que “Dieu lui montrera”. C’est le temps de l’épreuve précédant la naissance d’Isaac. C’est dans le désert que Moïse reçoit la parole de Dieu et la loi. C’est la manne (Exode XVI 15) descendue du ciel qui nourrit le peuple pendant la longue traversée.
C’est sans doute là le sens de parfaitement accompli par le Christ faisant précéder son ministère de quarante jours dans le désert, où il sera tenté par Satan. C’est encore le sens du ministère de Jean Baptise, qui semble en rester là, aux portes du ministère de celui qu’il annonce. Aux portes de l’Alliance Nouvelle.
Elles “fleurissent” les promesses bibliques sur les déserts qui reverdiront, qui seront transformées, spécialement dans le livre d’Ésaïe :
Transformation du désert en étang : Psaume CVII 35 ; Ésaïe XLI 18
Transformation du désert en verger, puis en forêt : Ésaïe XXXII 15 ;
La création nouvelle accompagne la transformation du désert, de la solitude, en joie, les guérisons des aveugles, sourds, boiteux, muets, accompagnant les sources jaillissantes : Ésaïe XXXV ;
Cette transformation est témoignage de l’oeuvre de Dieu ; Ésaïe XLI 19 à 20 ;
Un chemin dans le désert où toutes chose seront nouvelles ; Ésaïe XLIII 18 à 21
Il rendra le désert semblable à un Éden ou fleuriront actions de grâces et cantiques ; Ésaïe LI 3