Jean II 19 à 28 Voici le témoignage de Jean ... Vendredi 2 Janvier 1998 Commentaire radiophonique Antoine CABALLÉ R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ?’ ‘Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ. Et ils lui demandèrent: Quoi donc ? Es-tu Élie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.’ ‘Ils lui dirent alors : Qui es-tu afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?’ ‘Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert :’ ‘Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Ésaïe, le prophète.’ ‘Ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens. Ils lui firent encore cette question : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Élie, ni le prophète ?’ ‘Jean leur répondit : Moi, je baptise d’eau, mais au milieu de vous, il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui vient après moi. Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.’ ‘Ces choses se passèrent à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.’

Ce texte lu aujourd’hui dans l’évangile de Jean, nous montre Jean-Baptiste, le cousin de Jésus, baptisant dans le désert, annonçant, face aux interrogations dont il est l’objet, qu’il n’est pas celui qui doit venir, mais seulement, reprenant les paroles du prophète Esaïe, la voix de celui qui crie dans le désert : “Aplanissez les chemins du Seigneur .” Comme son nom l’indique Jean le Baptiste, est venu baptiser d’eau, pour un baptême de repentance pour une purification.

En ce temps là il était courant d’utiliser le baptême d’immersion pour purifier de toute souillure et agréger les prosélytes qui le désiraient au peuple d’Israël ... Mais, la spécificité de Jean est de demander aux juifs eux-mêmes de se baptiser, leur signifiant ainsi qu’il leur fallait eux aussi se préparer, se purifier ... c’est sans doute cela qui provoque la réaction des pharisiens leurs questions, leur étonnement ... Remarquons que Jean s’efface alors, comme l’humble flaque d’eau qui n’est là que pour refléter le ciel, il dit n’être que l’instrument, la voix, qui crie dans le désert, celui qui annonce un temps nouveau, le messie qu’il n’est pas lui-même mais qui doit venir ...

Ce messie, c’est Jésus, son cousin, qui donnera accès à tous au baptême dans l’Esprit-Saint, communion parfaite avec Dieu pour une vie nouvelle...

Nous sommes donc, dans ce texte lu aujourd’hui à l’ouverture du ministère du Christ, à la charnière de l’histoire biblique du salut, au moment central du passage d’une alliance à l’autre. Et qui est choisi pour annoncer ce ministère, qui trouve-t-on à cette place centrale ? Ni l’autorité religieuse, juive, ni l’autorité politique, juive ou romaine. Ni les représentants des mouvements religieux des pharisiens, ou des sadducéens, voire des esséniens, qui pourtant scrutaient les écritures et guettaient pour certains la venue prochaine d’un probable messie, ni même les zélotes, révolutionnaires exaltés qui attendaient la délivrance du joug romain ... mais seulement ... le propre cousin de Jésus, ce qui sans doute rendra plus tard pour certains les choses encore plus suspectes.

Le message de Dieu se résumerait-il alors à une intrigue familiale ?.. Non bien sûr, car si Dieu se plaît encore à brouiller les cartes de nos représentations ou intrigues toutes humaines, c’est pour préparer le baptême nouveau qui fondera l’église chrétienne, celui que le Christ nous donne, rendant pur en nous, pour nous, dans l’esprit, désormais toute chose, et, comme il a déjà sanctifié à Noël chacune de nos humbles maisons en venant vivre parmi nous dans la plus humble des conditions, il sanctifie jusqu’à nos propres liens de chair et de sang pour nous conduire à plus loin à une fraternité nouvelle avec tous dans l’Esprit ...

Dieu se plaît, aux moments centraux, cruciaux, charnières de l’histoire biblique, à n’utiliser que des laisser pour compte de l’histoire humaine ... Il choisit de parler ici encore par la voix d’un homme sans condition, le moindre des hommes, étrangement vêtu de peau de bête, un homme décidément bien curieux, vivant dans les lieux déserts, et ne se nourrissant que de miel et de sauterelles, pour annoncer la venue prochaine de son royaume d’amour et de paix, de justice et de lumière qui concerne non seulement Israël mais la création entière

Et nous aujourd’hui, sommes-nous prêts à reconnaître sa présence dans les franges de notre histoire, de nos supputations, et de nos calculs ?

Nous qui entrons en l’an 1998 et venons de fêter à Noël la venue d’un roi sans couronne, né dans la mangeoire des animaux des champs, nous qui voudrions à notre tour préparer les chemins du Seigneur ... préparer la venue de ce règne qui, depuis deux mille ans a choisi le plus souvent de ne se répercuter que par la voix d’hommes sans conditions, aux franges de l’histoire humaine, sommes-nous prêts à nous laisser habiter par l’esprit de notre baptême et à marcher dans les voies de celui qui marche devant nous, et qui suivra chacun de nos pas ?

Sommes-nous prêts à ce que cette année soit celle de toutes les bénédictions, pour tous les hommes de bonne volonté, pour tous les hommes ?

Soyons à l’écoute, et devenons-nous même la voix de celui qui crie dans le désert, aplanissons le chemin du Seigneur ...

Afin que l’année qui commence, pour tous, soit bénie pour chacun ...