Marc VIII 11 à 13 Pour l’éprouver, un signe venant du ciel Lundi 16 Février 1998 Commentaire radiophonique Antoine CABALLÉ R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘Les pharisiens survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et pour l’éprouver, lui demandèrent un signe venant du ciel. Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? Je vous le dis, en vérité, il ne sera point donner de signe à cette génération. Puis, il les quitta, et monta dans la barque, pour passer à l’autre bord. ’

Mais qui sont ces pharisiens qui viennent interpeller Jésus, pour discuter avec lui, pour l’éprouver, pour lui demander un signe venant du ciel ? Ils sont les “séparés”, comme le signifie la racine du mot hébreu perouchim qui a donné le français pharisien.

D’origine plus populaire, ils sont dans la tradition rabbinique juive, comme aussi dans le Nouveau Testament, opposés aux sadducéens qui sont eux d’origine plus aristocratique. Si les sadducéens étaient attachés au temple, au rituel du sacrifice, et disparurent avec sa destruction, les pharisiens sont à la base de la tradition qui va progressivement, puis radicalement; à partir de la destruction du temple en 70 après Jésus-Christ, substituer en judaïsme, l’étude au sacrifice. Fondateurs d’écoles, et d’académies, on peut dire que le judaïsme, d’après la chute de Jérusalem en 70, a survécu en grande partie grâce à eux. S’ils ont généralement, à l’exception de deux d’entre eux, Gamaliel et Nicodème,mauvaise réputation chez les chrétiens qui retiennent essentiellement leur opposition à Jésus, par contre, les juifs encore aujourd’hui les tiennent en grande estime.

Nous pourrions dire surtout, aujourd’hui, que par certains points, ces pharisiens nous ressemblent.

Ils ont devant eux Jésus qui vient d’accomplir ce miracle de la multiplication des pains, et ils demandent un signe du ciel.

Jésus soupire profondément puis il leur dit qu’il ne sera pas donné de signe à cette génération.

Ces paroles que Jésus prononce avant de partir pour une autre rive et de laisser là ses interlocuteurs rappellent celles que Dieu lui-même, dans le livre des Nombres, au chapitre quatorze, donna par Moïse, au peuple d’Israël, dans le désert. Le peuple lui aussi demandait toujours de nouveaux signes, alors même qu’il ne survivait que par le miracle de la manne descendue du ciel et renouvelée chaque matin, et ne voyait plus l’évidence : le signe de la présence du Dieu vivant au milieu d’eux lui donnait la nourriture, la subsistance et la vie.

Les signes que nous cherchons dans nos vies, les signes que nous demandons à Dieu, sont très souvent des signes conformes à nous-mêmes, et qui nous montreraient un dieu conforme à nous-même, ou en tout cas conforme à l’idée que nous nous faisons de lui, un dieu qui n’aurait donc plus rien à nous dire ici bas. Nous sommes sur la terre, alors nous cherchons Dieu dans le ciel.

Nous oublions que ce mouvement du ciel à la terre, sens inverse de celui que nous proposions, a déjà été parcouru, c’est le sens de toute le révélation biblique. Jusqu’à Jésus en qui le ciel et la terre s’épousent. Les signes de Dieu du Royaume de Dieu, sont désormais à découvrir au milieu de nous.

Jésus dira dans l’évangile de Jean être le pain de vie descendu du ciel. Jésus se fait nourriture, pour nous, et quiconque en mangera, ne périra pas. Car si la manne n’empêchait pas les hommes de mourir, le pain que Jésus nous donne, nous fait participer de son propre corps, et nous donne la vie. Il est là le signe de Dieu au milieu de nous.

Oui, nous sommes devant Jésus, et, comme il soupira jadis devant les pharisiens, il soupire sans doute, en nous écoutant l’éprouver et lui demander encore des signes.

Ce profond soupir de Jésus est un souffle de vie, nous pouvons désormais participer de son souffle, de sa vie, par l’Esprit Saint qui descend sur nous, comme un souffle, et fait toutes choses nouvelles. Ne le laissons pas partir sans nous. Montons avec lui, dans sa barque.

Les pharisiens, eux, sont restés sur la rive, et Israël fut dispersé pendant presque deux mille ans de son histoire. Les générations sont passées, mais Dieu n’a pas oublié son peuple. Le signe que les pharisiens attendaient du ciel n’a-t-il pas alors été donné sur la terre ? Non plus sur une génération mais au fil d’une histoire ? Car, comme l’écrit Antoine NOUIS 3453 , s’il existe un miracle éclatant ici bas, n’est-ce pas la survivance aujourd’hui du peuple de Dieu ?

Notes
3453.

NOUIS Antoine “Un catéchisme protestant “ Réveil éditions Tournon 1997 ; (page 287).

Le pasteur théologien réformé, cite en fait Lévy Itzhak DE BERTICHEV, rabbin polonais du XVIII ° siècle.