Matthieu VI 5 à 15 La prière de Jésus Prière homélie radiophonique Mardi 23 Février 1999 Antoine Caballé R.C.F. Saint-Étienne 94,7

‘Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.’ ‘Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. ’ ‘En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens qui s’imqaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin. Voici donc comment vous devez prier. ’ ‘Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, ’ ‘que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.’ ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, pardonne-nous nos offenses comme nous aussi pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ; ne nous induis pas en tentation mais délivre-nous du mal.’ ‘Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !’ ‘Si vous pardonnerez aux hommes leurs offenses votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.’

Jésus nous laisse comme un commandement, comme un enseignement, une prière qui apparaît deux fois dans les évangiles, celui de Matthieu, au sermon sur la montagne adressé à la foule, celui de Luc, en version plus courte, en réponse à la question d’un disciple. Cette prière ne suppose donc aucune initiation particulière pour être dite, entendue, de tous, foule ou disciples.

Ni théorème, ni démonstration, la prière, met en relation . Ce qui importe pour Jésus n‘est pas tant de démontrer l’existence de Dieu, que de nous mettre en relation avec Dieu, son Père, notre Père, et à partir de là-même, nous inviter à une relation nouvelle les uns avec les autres. Ce sont les deux premiers mots de la prière qui en attestent. Le mot “notre”, évoque la communion d’église, dimension communautaire, le mot “Père”, rappelle la dimension filiale d’une relation personnelle de chaque fils avec son père, en même temps qu’il donne le prix de la fraternité qui nous unit aux autres hommes : Nous avons tous un même Père, et ce Père c’est Dieu lui-même.

Dieu est aux cieux, c’est à dire qu’il n’est pas prisonnier du monde, des hommes et de nous-mêmes.

Nous appelons la sanctification de son nom, c’est à dire sa reconnaissance par les hommes dans sa sainteté, la venue de son règne dans le monde, l’accomplissement de sa volonté. Dieu est saint, c’est à dire que ni la mort, ni le mal n’ont de prise sur lui, il a une volonté personnelle, et, c’est cette volonté qui doit s’accomplir.

Nous lui demandons notre pain de ce jour, c’est à dire le nécessaire pour aujourd’hui. Dieu est vivant, nous ne pouvons capter sa présence en dehors de l’instant du temps qui passe, du jour qui se donne, nous ne pourrions, en voulant le posséder autrement, que le perdre, le confondant avec nos idoles. Lui seul sait ce dont nous avons besoin.

Nous lui demandons pardon, par le don qu’il nous fait de cette prière, comme nous même pardonnons. Comme le jour gratuitement donné, comme le pain de ce jour, le pardon tient de cette même essentielle et vitale gratuité.

Nous lui demandons sa garde, contre la tentation de vouloir se passer de lui, de sa volonté, d’en oublier son amour, d’oublier d’aimer, de succomber au mal dont nous demandons qu’il nous délivre.

Et nous retournons à son règne à sa puissance, à sa gloire, que la prière toute entière n’a cessé d’appeler mais qui dominent d’ores et déjà pour toujours, et depuis toujours, l’espace, les temps, les circonstances, et les événements, les êtres et les choses, au siècle des siècles.

La prière de Jésus ne nous démontre pas Dieu mais fait beaucoup mieux, en s’adressant à lui, elle nous dit que Dieu existe, qu’il est un Père, et qu’il attend de nous que nous vivions et aimions dans son amour. Si Dieu règne aux siècles des siècles, notre prière est non seulement possible mais d’ores et déjà accomplie. Il reste que le règne de Dieu Père doit encore être manifesté, et Dieu Père nous a choisi pour témoigner au milieu des hommes, de sa gloire, de son amour, de son pardon, de sa vie.

Alors, la prière que Jésus nous donne va plus loin encore, elle nous introduit dans l’intimité de Dieu : par elle, Dieu Père règne dans nos vies, d’ores et déjà, et dans toute vie que cette prière traverse.