Lettres

Lundi 19 Juin

Après-midi :

1/ Lecture des résultats des contrôles

2/ Histoire vraie

Une moitié de joie, mais une joie quand même ...

En rangeant, Vendredi après-midi, Sabrina a remarqué un livre dans le bureau d’Hafid, ce livre s’appelait “Histoires comme ça “, toute la classe s’est mise à applaudir à l’annonce de cette “trouvaille”. Lorsque, très content, je rapportai le livre à la bibliothèque municipale, persuadé qu’il n’en restait plus qu’un seul à retrouver : “Peintures sur verre”, la bibliothécaire m’ a dit que le livre était en fait sur la carte qui appartenait à Alain Battie jeune élève professeur dont vous vous souvenez et qui avait pris quelques livres de la classe sur sa carte lors de l’emprunt.

En effet, nous n’avions droit qu’à 15 livres semblables sur une même carte et il nous en fallait un minimum de vingt-et-un puisque nous sommes vingt-et-un dans la classe. Nous avions pu ainsi alors en emprunter vingt-cinq grâce donc à la carte d’Alain Battie.

Alors, je me suis aperçu qu’il manquait encore deux livres sur cette même carte.

Ce qui revient à dire qu’aujourd’hui, il nous reste encore quatre livres à retrouver.

Trois exemplaires de “Histoires comme ça” et un exemplaire de “Peintures sur verre”.

Une autre moitié de joie

J’ai retrouvé, dimanche, les trois cerceaux que nous avions oubliés lors de la journée de sortie à Rozier Côtes d’Aurec.

Les trois cerceaux étaient restés pendant dix jours dans les bois sans que personne ne les touche.Ils étaient encore dans l’exacte position où Chakib les avait oubliés. Ceci signifie que, dans cette campagne, les gens non seulement ne prennent pas les objets qui ne sont pas à eux, mais ils doivent savoir qu’un jour ou l’autre quelqu’un viendra les chercher. Ils n’ont pas peur de laisser des choses dehors non plus. Ils ont confiance. Il reste donc le ballon rouge. L’herbe était bien haute, et le ballon n’a pu être retrouvé. Mais le ballon a-t-il vraiment été oublié, ou quelqu’un de la classe l’a-t-il pris ?

Nous avons encore beaucoup d’objets à retrouver. Les retrouverons-nous ? Il est important que chacun fasse un chemin, le chemin, dans ce sens.

Un chemin reste à faire

Le spectacle aussi reste à faire. Le maître a encore réservé, ce matin, la salle polyvalente pour Jeudi 22, Vendredi 23, (répétitions), et pour Lundi 26 (CP CE1) , Mardi 27 (maternelles et parents), et Jeudi 29 (CM1, CM2) pour le spectacle représenté devant les classes.

Alors que retiendrons-nous de cette année scolaire ? Les difficultés à être amis, à retrouver les objets qui sont comme des gages entre nous, ou, au contraire la joie formidable que nous avons entrevue seulement en quelques instants et plus particulièrement, récemment lors de notre visite à Rozier Côtes d’Aurec. Le chemin est donc encore long et difficile. Et nous y verrons plus clair le Jeudi 29 au soir. En attendant il nous reste à réfléchir, comprendre, aimer apprendre, s’aider les uns les autres, faire tous ensemble ce chemin.

Lundi 19 Juin, liste des parents prévus pour la rencontre avec le maître :

16 h 30 Sabrina 16 h 45 Taous

17 h 00 Chaouki 17 h 15 Amine

17 h 30 Toufik 17 h 45 Émine

18 h 00 Saïda 18 h 15 Sonia

18 h 30 Manelle 18 h 45 Quelqu’un à la place d’Awatef dont le papa est déjà venu.

19 h 00 Abdelkhader

Mardi 20 Juin 1/Le point sur les contrôles et les visites des parents.

Les parents d’Émine de Sonia et de Taous qui étaient prévus ne sont pas venus hier. Par contre, j’ai déjà rencontré le papa d’Élodie.

Alors pour ce soir, voici les parents que je prévois :

16 h 30 Hassan et Émine 16 h 45 Hafid 17 h 00 Asma 17 h 15 Aurélie

17 h 30 Chakib 17 h 45 Ali 18 h 00 Sonia 18 h 15 Rabia

18 h 30 Hayat 18 h 45 Khadidja 19 h 00 Taous

Il faudrait que tous viennent.

2/Histoires vraies :

Au sujet du spectacle :

Hier, nous avons nommé par tirage au sort parmi des volontaires :

- Un régisseur : Amine.

Il devra se faire aider par un ou deux élèves qu’il choisira.

Il veillera sur tout le matériel.

Il devra vérifier qu’il est complet avant et après chaque répétition ou spectacle.

- Un ingénieur du son : Sonia.

Elle devra s’occuper de la guitare et du magnétophone et vérifier que les chansons sont jolies à entendre, et qu’elles se comprennent bien. Pour cela elle suivra les répétitions de la place du public.

- Un metteur en scène : Saïda

Elle devra vérifier que les enfants évoluent correctement sur la scène et qu’ils n’oublient rien, que le spectacle est joli à regarder. Elle se tiendra à la place du public lors des répétitions. Après chaque scène nous lui demanderons ce qu’elle en pense.

Pour bien le réussir, que faut-il ?

Nous savons déjà qu’il s’agira d’abord de trois choses :

1/ Bien apprendre le spectacle, texte, mise en scène et chansons.

2/ Bien jouer le spectacle.

3 /Être l’ami de tous et aider ceux qui jouent par notre écoute et notre silence.

Il me semble qu’il nous faut, à présent préciser, quelques choses encore.

Nous avons vraiment besoin de chaque enfant pour réussir le spectacle.

Une idée m’est venue hier, tandis que je voyais que Taous n’était pas très concentrée.

Prenons l’exemple d’un musée et d’un magnifique tableau.

Imaginons qu’un enfant passe avec de la peinture et fasse une petite tache noire au centre de la toile.

Tout le monde en passant devant la toile ne verrait plus que cette tache et en oublierait le tableau.

Tout le travail du peintre serait réduit à zéro par une seule tache noire d’un seul enfant.

Qu”est-il de plus facile à faire qu’une tache ? Et pourtant ...

Pour continuer notre exemple, nous pourrions imaginer que ce même enfant ait fait cette même petite tache sous le préau de la cour qui est déjà tout recouvert de graffiti et d’inscriptions ?

Qui la remarquerait ? Personne évidemment. Cela signifie que très souvent plus les choses sont belles, plus elles sont porteuses d’un message d’amour de paix et de liberté, plus elles sont fragiles, et il faut l’attention de tous pour que chacun puisse les admirer.

Il en ira ainsi avec le spectacle. Si un seul enfant décide de faire sa tache noire, j’ai bien peur que le public ne voie qu’elle et oublie tout le travail de tous les autres enfants.

Chacun de nous a donc une grande responsabilité.

Souvenez-vous encore de ce que j’avais écrit hier sur le tableau : Toute responsabilité n’est pas un pouvoir pris sur les autres mais un service qu’on leur doit et qu’on leur rend.

Pour conclure :

Il y aurait encore bien des choses à dire j’en ajoute seulement deux petites pour conclure:

Le papa de Sabrina m’a expliqué qu’il se souvenait encore aujourd’hui de choses que lui avaient dites son père qui n’était pourtant qu’un paysan. Le temps n’avait rien fait à l’affaire. Il n’avait pas oublié. J’espère que vous non plus vous n’oublierez jamais ce que nous essayons de comprendre ensemble depuis quelques temps. Sur le tableau de la classe à côté, librement, à la récréation, Élodie Sonia Asma et Saïda ont écrit un poème de paix, mais quelqu’un l’a légèrement effacé, alors on ne peut pas le comprendre entièrement. On arrive quand même à comprendre l’essentiel : il parle de paix.

Mercredi 21 Juin Matin (lettre lue aux élèves mais non distribuée)

Jouer ce spectacle aurait dû et aurait pu être une joie.Mais trop de choses se sont passées, mardi dans l’après-midi, surtout. Il est vrai qu’il faisait très chaud et que la répétition pouvait apparaître comme difficile, tant la chaleur nous collait à la peau.

Une agrafeuse, des tickets de piscine disparus, pendant ou après la répétition, peut-être pris par des grands, je veux bien, mais rien ne l’assure, sans parler de l’attitude moqueuse d’Awatef pendant la répétition, s’asseyant sans cesse quand on lui demandait de rester debout comme nous devions le faire tout au long du spectacle, la provocation d’Hassan et d’Abdelkhader et d’Hafid et de Taous.

Je me suis fâché très fort, surtout contre Awatef, peut-être trop ... peut-être. Mais je dois l’avouer : j’ai des soupçons concernant le ballon rouge disparu à Rozier, depuis qu’Émine m’a dit qu’elle avait vu jouer la soeur d’Awatef avec un ballon rouge. Ce n’est pas bien d’avoir des soupçons je le sais, mais il ne s’agit pas de jugement seulement de soupçons qui de toute façon ne me conduiront pas à juger mais à tenter de comprendre, et cela, Awatef le sait peut-être trop bien. Je regrette cependant l’excès de mes paroles. J’ai parlé avec Awatef après coup et je lui ai dit que des mots ont de beaucoup dépassé ma pensée. Mais Awatef s’est-elle, quant à elle, vraiment excusée ?

Je me souviens d’Amine se mettant tout à coup à pleurer, juste avant que nous ne commencions les répétitions, sans raison apparente, à moins que ce ne soit tout simplement parce qu'Hafid et Hassan le menaçaient en cachette s’il ne les choisissait pas dans l’équipe de régie. Je revois encore, quelques temps après, les enfants censés ranger la salle, justement l’équipe de régie avec Hassan et Hafid en train de jouer comme des fous à l’intérieur, abîmant jusqu’à la poupée qu’avait apportée Manelle. Une autre poupée avait d’ailleurs été abîmée, celle d’Asma, en matinée, cela aurait dû peut-être me mettre la puce à l’oreille. Le soir, justement, la maman d’ Asma, lors des visites de parents, puis Khadidja, elle-même, m’ont dit avoir souffert tout au long de l’année à cause des menaces d’ Hassan qui terrorise les plus petits la classe dès que j’ai le dos tourné. Asma en dort parfois même mal la nuit. Cela m’a fait beaucoup de peine. La soeur d’Hassan, Fatiha, qui est arrivée au moment où la maman d’Asma me parlait, m’a dit qu’Hassan avait appris son texte de spectacle par coeur, avec envie et plaisir. Voilà une vraie et très bonne chose, mais nous l’avons dit et redit : savoir le texte est nécessaire mais ce n’est pas suffisant. Il faut encore être capable de jouer et aussi être l’ami de tous. Il semble vraiment impossible aujourd’hui pour certains enfants de réunir ces trois conditions.

Abdelkhader me dit encore, en parlant d’Aurélie, et de la difficulté qu’il a pour donner la main lors du spectacle : “Je ne donne pas la main à une chrétienne”. Aurait-il admis que quelqu’un lui dise : “Je ne donne pas la main à un musulman ” ? Oui, la classe est malade, bien malade. Je crois même qu’Aurélie, c’est sa maman qui me l’a dit, préfère rester dans la classe au même niveau que cette année surtout peut-être pour ne pas se retrouver avec Hassan ou Awatef, sa voisine qui la terrorisent.

J’entends encore les cris provocateurs d’Hafid, alors que derrière la fenêtre ouverte je recevais le papa de Taous. Je me souviens alors de la phrase écrite par Élodie : “La paix est un gage plus fort que la guerre” et d’un très beau poème de Saïda qui me disait qu’elle n’oublierait jamais cette classe.

Je leur ai dit à l’une et à l’autre que je photocopierai ces poèmes de fin d’année pour les garder, ils sont beaux. Mais qu’est-ce qu’un gage ? Quelque chose que l’on laisse comme une preuve d’amitié et de confiance, nous l’avons expliqué hier.

Le gage se donne, comme la poupée de Manelle, abîmée par Hassan et les autres, comme la cloche de Thomas qu’il ne retrouvera plus dans sa chambre, comme les livres de bibliothèque ou les tickets de piscine laissés sur le bureau du maître et tant, tant d’autres choses encore.

Alors, je me suis dit, en rentrant chez moi, : “Tant pis, même si cela me rend très triste, trop c’est trop, nous arrêtons tout. Oui, trop c’est trop. La classe est trop malade, jamais elle ne parviendra à faire ce spectacle.”On ne fait pas faire les jeux olympiques à une personne qui aurait une jambe cassée. Il faut d’abord lui soigner la jambe, la mettre dans le plâtre, et l’immobiliser quelques temps. Ensuite, on commencera à envisager la rééducation puis, plus tard, l’entraînement et encore plus tard, beaucoup plus tard seulement, la compétition. Le problème est que j’ai sans doute compris beaucoup trop tard la gravité de la situation et de la maladie de la classe. Je vous demande pardon d’avoir pensé que vous étiez capables de faire les jeux olympiques, alors que vous n’étiez, pour l’instant capables, que de jouer dans une cour entourée de grilles et surveillée par des maîtres.

Mercredi 21 Juin Après-midi (lettre lue aux élèves mais non distribuée)

Je continue tristement ma lettre à la classe.

Faut-il punir tous les enfants de la classe pour deux ou trois, quatre ou cinq , voire six ou sept, au grand maximum, d’entre eux ?

Ne pas faire le spectacle était une position extrême dictée âr ma tristese. Ma position, après réflexion, est la suivante. Nous pouvons essayer avec certains enfants de jouer le spectacle.

Je vais essayer une chose que je n’ai encore jamais faite dans aucune classe, et avec aucun groupe d’enfants et que je décide donc d’appliquer pour la première fois.

Je décide qu’Abdelkhader, Hassan, Hafid, Taous et Awatef sont pour l’instant privés de spectacle.

Dans la répétition ils seront remplacés :

Abdelkhader par Hayat (Chaouki ou Khadidja).

Hassan par Ali (ou Asma)

Hafid par Émine (ou Khadidja)

Taous par Manelle (ou Khadidja)

Awatef par Khadidja

Khadidja par Sabrina.

J’ai trop fait confiance en maintes occasions à certains enfants et cette confiance a été déçue. J’avais chargé Hassan et Hafid de faire revenir des objets disparus, non seulement ils ne sont pratiquement pas revenus, la plupart de ceux qui sont revenus ont été retrouvés par moi, mais d’autres ont encore disparus et avec des doutes les concernant.

Je ne parle pas des goûters, ... etc .. etc ...

Jeudi et Vendredi il y aura Nathalie dans la classe.

Alors, je vais en profiter. Il est malheureusement nécessaire de procéder ainsi. Ces enfants resteront avec Nathalie pendant que les autres répéteront.

Qu’ils réfléchissent vraiment pendant ce temps.

Qu’ils m’expliquent où sont passés certains objets.

Qu’ils fassent un vrai chemin.

Qu’ils écrivent sur leur cahier personnel, qu’ils apprennent les textes de la pièce s’ils le désirent qu’ils s’entraînent avec Nathalie pour le cas où.

Nous réviserons peut-être notre position, mais le chemin devra venir d’eux et non du maître ni de la maîtresse.Ils devront faire le chemin et je devrais être convaincu de leur bonne volonté et de leur capacité à jouer sans déranger les autres. Pour l’instant je ne le suis vraiment pas.

Pour les autres enfants, il n’est pas dit non plus que tous joueront. Rabia, Émine, Amine , Chaouki et tous les autres sont sur la sellette s’ils ne veulent pas jouer on ne les retiendra pas. On n’obligera personne.

Nous pouvons répéter Jeudi et Vendredi.

Nous ne disposerons pas de la salle Mardi, je proposerais que l’on essaie de jouer en plein air s’il fait beau et que nous en avons envie. Si nous étions prêts nous essaierions de jouer ce Vendredi pour les maternelles. Mais cela me semble impossible. Alors plus probablement, Lundi matin, nous jouerons, si tout va bien, pour les maternelles et la maman d’Aurélie une première répétition.

Jeudi matin nous jouerons, si tout s’est bien passé Lundi, pour les autres classes et les parents.

C’est bien entendu sans plaisir que j’en suis arrivé à ces résolutions mais je vais les appliquer.

Ce sont les seules qui nous mettent en accord avec l’esprit de la pièce et qui nous laissent une seule petite chance de la réussir. J’ espère que vous aurez tous compris.

Jeudi 22 Juin

Ce matin je repense à tout ce qui s’est passé je relis la lettre écrite hier et que je viens de lire à la classe. J’avoue que, moi aussi, j’ai passé deux nuits à mal dormir, un peu comme Asma. La réalité comme une triste évidence s’impose à moi. Aujourd’hui, je vais répéter avec les enfants de la classe sans les cinq qui pourront cependant répéter avec Nathalie s’ils le souhaitent.S’ils en manifestent le désir vrai, s’ils ont vraiment fait le chemin, nous parlerons avec eux en fin de journée.

Quelle joie si nous retrouvions quelques livres, la clochette, ou les tickets de piscine, les ciseaux, l’agrafeuse ou encore des objets disparus dont nous avons perdu la mémoire !

Alors, les cinq enfants pourraient aussi employer cette matinée à rechercher des idées pour faire revenir des objets. S’ils pensent que ce sont les grands ils n’ont qu’à passer dans les classes.

Une dernière idée : ils peuvent aussi faire les oreilles de chat qui manquent pour la classe, c’est une façon aussi de commencer le chemin. Mais il est évident qu’actuellement ils doivent savoir que nous devrons parfaitement être convaincus de leur changement pour qu’ils jouent avec nous.

Mais encore une fois pour l’instant, c’est non.

Pour jouer, la classe a besoin d’être ensemble en communion, c’est un mot que nous avons expliqué, et nous ne pouvons l’être que si c’est chaque enfant qui fait un vrai chemin, et ce chemin ne peut s’imposer de force de l’extérieur, alors il est nécessaire d’extraire, peut-être provisoirement, je l’espère, ceux dont nous voyons bien qu’ils n’ont fait qu’une moitié de chemin ou pas de chemin du tout et qui font souffrir vraiment les plus faibles d’entre nous. Hier soir, j’ai de nouveau travaillé avec le peu de voix qu’il me restait, j’avais tant crié sur Awatef, les chansons, les seules qui soient modifiées sont les chansons numéro 7 (maman mets cette jolie robe) et numéro 8 (Tu m’fais honte).

Nous allons les répéter plus longuement, aujourd’hui.

Plan de la journée

8 h 30 9 h 00

Lecture de la lettre prise de résolution personnelle.

9 h 00 10 h 00

Répétition des chants sans papier si possible.

10 h 00 11 h 30

Répétition à la salle polyvalente pour 16 enfants pendant que les autres font (ou ne font pas) un chemin avec Nathalie.

13 h 30 15 h 00

Des enfants continuent la répétition à tour de rôle salle polyvalente avec moi, pendant que d’autres travaillent avec Nathalie soit à répéter leur tableau, soit à répéter les chansons, soit à fabriquer les oreilles de chat, ou travaillent sur le cahier de fin d’année dont je photocopierai les plus jolies pages.

15 h 30 16 h 30

Bilan de la journée.

Nous écoutons le bilan que fait le maître.

Nous reparlons éventuellement des cinq enfants et nous composons les tableaux définitifs.

Chaque enfant écoute personnellement ce qu’il lui reste à travailler pour réussir le spectacle :

Bonne journée à tous oui, vraiment, bonne journée à tous.

16 h 30 17 h 30

Je reçois les derniers parents que je n’ai pas vu :

16 h 30 Sonia

16 h 45 Émine

17 h 00 Hafid

17 h 15 Hayat

Post Scriptum : Qui va s’occuper de la lettre à Myriam Vigier pour l’inviter ?

N’est-il pas trop risqué de l’écrire ?

Vendredi 23 Juin

Dix conseils pour réussir : à lire avant de jouer (à conserver) :

1/ Être l’ami de tous.

Prendre du plaisir et vouloir faire plaisir à la classe, aux spectateurs, aux maîtres et aux parents, pour que tout le monde soit fier de moi.

2/Aimer suffisamment mon personnage (et l’histoire) pour jouer vraiment.

3/Savoir parfaitement mon texte comme aussi celui de mon partenaire de tableau, mais attention encore de ne pas me contenter de réciter.

4/Ne pas faire seulement mon “numéro” mais vouloir que tous les autres jouent bien alors les encourager du regard et du silence immobile lorsque je ne joue pas.

5/ Penser à toujours regarder le public en jouant et à ne jamais lui tourner le dos, penser à mes gestes, attitudes et déplacements dans la pièce.

6/Penser à jouer avec les objets que j’utilise pendant la pièce puis à les remettre à leur place, à conserver toujours à côté de moi le plastique transparent contenant texte et matériel (oreilles de chat, flûte (?) ou mouchoir) sauf lorsque je joue et n’en ai pas besoin.

7/Penser au sens de la pièce que nous jouons et à l’importance de la fin qui doit être réussie pour donner sens à tout le reste.

8 /Repenser souvent, surtout avant de m’endormir, ou juste avant de jouer aux erreurs que je fais lors des répétitions pour ne pas les reproduire. Donc me concentrer, et rester concentré, ce qui ne veut pas du tout dire être triste et ne pas faire attention aux autres, mais au contraire d’éviter de faire n’importe quoi qui les dérange.

9/Le matin du spectacle ne pas oublier de venir à l’école habillé de blanc en haut et de sombre en bas avec mon plastique transparent contenant mon texte et mon matériel si nécessaire (oreilles de chat, mouchoir etc ..).

10/Écouter le maître et la maîtresse en toutes choses.

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Plan de travail de la journée :

Nous jouons une 1° fois en principe Lundi matin 9 h 00 pour maternelles CP et CE1

1/ Matin 8 h 30 9 h 00

-Lecture et commentaire de cette fiche à conserver.

-Travail sur les deux nouveaux chants légèrement modifiés, attention au 7 (le 7 et le 8) .

-Explication par le maître des nouvelles modifications possibles de mise en scène.

-Nouvelle place des choristes.

-La nouvelle poubelle ? Et la nouvelle place des affaires du marchand.

-Intervention de Rabia et de son Velléda entre les tableaux.

-Awatef si elle est là (ou Hayat) à la lumière.

-L’escabeau pour Amine.

-Préparation de son matériel personnel, distribution du plastique par le maître.

2/Matin 9 h 30 11 h 30

Répétition générale à la salle polyvalente. On essaie de rester ensemble tous jusqu’à la fin, même si c’est long afin de se préparer pour demain. On fera (peut-être ) une récré sur place au milieu de la matinée.

3/ Après midi

Avec la maîtresse répéter, se préparer, aider ceux qui en ont besoin, faire éventuellement son cahier de fin d’année et .. se reposer , se détendre (on laisse aussi le maître se reposer). Le maître ira chercher l’adresse Myriam Vigier. Nous allons essayer de jouer avec tout le monde qui le désire, mais attention ... à ne pas laisser passer sa toute dernière chance.

4/ Derniers parents attendus :

16 h 30 Émine 16 h 45 Hayat 17 h 00 Hafid

Lundi 26 Juin

Bonjour à tous !

Nous entamons la dernière semaine de classe. Ce matin, comme je vous l’avais dit, nous disposons de la salle pour le spectacle que nous allons donc jouer pour une première fois. Nous n’en disposerons à nouveau que jeudi matin pour une éventuelle deuxième représentation

Samedi matin j’ai retrouvé les ardoises blanches disparues, elles étaient dans la salle à côté, quelqu’un les a-t-il mises, ou bien est-ce le maître qui les avait oubliées ?

Malgré les difficultés traversées j’ai envie de proposer à la classe de jouer quand même, la salle est prête je l’ai préparée ce matin.

Nous prenons le risque de jouer avec tout le monde, même si ce spectacle aurait pu être très certainement réussi en éliminant quelques élèves. Mais c’est justement pour ces quelques uns que le spectacle a le plus de sens. Que chacun y pense, et fasse que nous ne regrettions pas la confiance que nous nous accordons les uns les autres. Je pense à l’oiseau blessé trouvé par Émine dans la cour : vendredi, il s’est remis à voler ... Que la classe blessée puisse voler : tel est mon espoir. Pour cela il lui faudra rassembler toutes ses forces, toute son amitié, toute sa joie. En tout cas la tristesse de Vendredi se justifiait sans doute parce que trop de choses ne sont pas encore revenues.

Nous dirons à nos spectateurs les maternelles grande section CE et les CP que nous leur présentons quelque chose qui n’est pas très prêt mais que nous le faisons avec tout notre coeur.

Qu’en pensez-vous ? Si quelqu’un ne souhaite pas jouer qu’il le dise on le remplacera.

Voici les derniers conseils :

1/ Ne pas s’affoler en cas d’erreurs et surtout ne rien dire.

2/ Ne pas chanter trop fort, car on termine sans voix, au contraire chanter très beau et très doux.

On doit écouter les autres tout en chantant, on doit aussi entendre la guitare.

3/ Le spectacle est long, très long. Surtout ne pas bouger du tout de sa place jusqu’à la fin et suivre le spectacle des yeux.

4/Si tu as un trou de mémoire ce n’est pas grave joue ton personnage quand même ; ça peut même devenir drôle.

5/Pense à jouer avec les objets (le bébé, la valise, le chiffon, la poupée, le papier ...-

6/Pense que pour le maître aussi ce spectacle est difficile aide le par ton silence.

7/Une dernière manière de se concentrer pour le spectacle est de penser à comment faire revenir les objets que nous n’avons pas encore retrouvés, et au sens qu'’ a pour chacun de nous de l’histoire que tu joues.

Si nous réussissons très bien ce spectacle aujourd’hui alors nous envisagerons de jouer une nouvelle fois Jeudi pour les parents et les CM.

Cette après-midi nous nous détendrons.

Après 16 heures trente je voudrais voir les parents d’Hafid, d’ Hayat et d’ Émine que je n’ai toujours pas vus.

Vendredi fut une très vilaine journée, très difficile, qu’aujourd’hui soit une très belle journée !

Tel est mon voeu et j’espère qu’il est aussi celui de chacun d’entre vous;

Voici le spectacle des CE2

L’enfant pauvre et sa mère.

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1° tableau :

Une scène de la vie quotidienne.

Acteurs : La maman : Aurélie, L’enfant : Abdelkhader

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2° tableau :

Une autre scène de la vie quotidienne.

Acteurs : La maman : Manelle, L’enfant : Chakib

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3° tableau :

L’enfant grandit.

Acteurs : La maman : Émine, L’enfant : Hassan

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4° tableau

L’enfant veut partir pour travailler.

Acteurs : La maman : Saïda, L’enfant : Toufik

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5° tableau

L’enfant part en cachette.

Acteurs : La maman : Émine, L’enfant : Ali La conscience : Amine

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6° tableau

L’enfant chez le marchand : le vol !

Acteurs : Le marchand : Sabrina, L’enfant : Chaouki Le cri du bébé: Taous----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

7° tableau

L’enfant veut offrir la robe et les chaussures à sa maman

Acteurs : La maman : Taous, L’enfant : Asma

Au tambourin : Émine

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8° tableau

Chez le marchand pour rendre les objets volés.

Acteurs : La maman : Awatef, L’enfant : Rabia Le marchand : Khadidja

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9° tableau

L’enfant part en cachette une deuxième fois.

Acteurs : La maman : Émine, L’enfant : Ali La conscience : Amine

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10° tableau

L’enfant et le chat de gouttière ...

Acteurs : L’enfant : Sonia Le chat : Hafid

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 11° tableau

Tout s’arrange !

Acteurs : L’enfant : Élodie Le chat : Hafid La maman : Taous

Le marchand : Sabrina

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12° et dernier tableau

Tout est bien qui finit ... et qui s’annonce bien.

Acteurs : L’enfant : Élodie Le chat : Hafid La maman : Taous

Le marchand : Sabrina

Les enfants chats qui viendront compléter le photo de famille seront :

Aurélie, Abdelkhader, Manelle, Chakib, Émine, Hassan, Saïda,Toufik, Ali, Amine, Chaouki, Asma, Awatef, Rabia, Khadidja, Sonia ... et Hayat qui s’est occupée de la lumière tout au long du spectacle.

Mardi 27 Juin

D’abord parlons du spectacle qui s’est déroulé hier.Ce fut comme une répétition une bonne répétition certes, mais il nous reste encore beaucoup de progrès à faire pour réussir un vrai spectacle.

Hier soir à la maison j’ai regardé avec Thomas les images tournées par monsieur Tuzet.

Thomas, mon fils, a bien suivi jusqu’au moment du vol et puis il est allé s’amuser dans le jardin.

Si nous en avons le temps, cette après midi, nous regarderons ces mêmes images du spectacle, vous verrez alors tout le travail qu’il nous reste encore à faire.Visiblement, chacun doit encore progresser si nous voulons le présenter à nouveau, jeudi, devant les grands et parents.

Mais précisons à présent comment chacun a joué :

Aurélie c’était assez bien mais tu ne parlais pas assez fort, Abdelkhader, assez bien mais même chose, Manelle assez bien mais parle plus fort, Chakib, mieux que d’habitude mais ne récite pas ton texte, essaie encore de mieux le jouer, tu as mieux jouer la scène des cuillerées, Hassan ne jouait pas trop mal, même s’il a mis trop de temps pour déchirer son papier, il a bien rattrapé son erreur de texte mais il doit parler plus fort et moins vite,dommage qu’à la fin il ait décidé de jouer avec la lampe, il pourrait s’il le désire jouer vraiment avec elle au moment de la chanson d’Élodie et la guider dans le noir jusqu’au marchand, Émine savait son texte mais n’était pas dans son personnage et tout le long du spectacle nous la voyons dans la cassette vidéo apparaître sans raison, plus tard elle oubliera de se mettre dans le lit de la maman, heureusement que Taous était là, Saïda c’était assez bien et Toufik également, mais vous récitez encore trop, Amine assez bien, mais parle plus fort, tu pourrais penser à multiplier par trois chacun de tes "pss", ça donnerait plus de jeu à Ali. Ali justement, tu as fait des progrès dans tes déplacements et dans ton jeu c’est bien continue, Chaouki c’est bien tu as pensé à te tourner vers le public après avoir oublié au début mais joue bien la scène du vol elle est très importante, Sabrina assez bien mais pense à attacher ton tablier avant le spectacle de manière à ce que tu puisses bien l’enfiler pense aussi à ton matériel avant la pièce (mouchoir ...), Taous n’a pas trop mal joué mais doit rester concentrée jusqu’à la fin et travailler encore ces gestes sur la chanson de la honte, Asma peut très bien faire, ce n’était pas trop mal mais elle ne parle pas assez fort, elle doit jouer plus fort et faire des gestes plus amples, compenser ainsi sa petite taille, Awatef a encore des progrès à faire mais elle m’a agréablement surpris, mis à part le fait qu’elle a commencé à jouer avant la chanson de la vérité mais ce n’était pas trop grave, elle a su aider discrètement ceux qui se trompaient dans le texte c’est bien et elle est restée sage et concentrée, Rabia n’a pas trop mal joué mais elle tourne le dos au public, attention donc, quand à son jeu de présentation du spectacle et des tableaux elle doit l’apprendre par coeur, Khadidja a bien joué son rôle de marchand. Sonia ne savait pas assez son texte, parlait trop timidement, tournait le dos au public, ça fait beaucoup de corrections à apporter, Khadidja encore doit être remerciée pour avoir accepté de remplacer Hafid absent, elle n’a pu très bien le faire, car le texte est très difficile, si nous jouons une nouvelle fois et qu’Hafid ne vient toujours pas, qui pourra le jouer ? Élodie ne joue pas trop mal dans ces déplacements mais elle récite encore trop son texte. Quant à la scène finale, personne n’était plus vraiment présent, elle doit se jouer après la chanson normalement, mais vous chantiez si mal que j’ai décidé de la jouer sur la chanson, en plus personne n’avait ses oreilles de chat, Élodie n’a pas fait des gestes pour appeler les chats.

Et l’ordre d”arrivée des chats sur scène était oublié je le rappelle donc :

Aurélie, Abdelkhader, Manelle, Chakib, Émine, Hassan, Saïda,Toufik, Ali, Amine, Chaouki, Asma, Awatef, Rabia, Khadidja, Sonia ... et Hayat.

En résumé, si Thomas n’a pas suivi jusqu’à la fin et si même les maîtres m’ont dit ne pas avoir compris de la fin du spectacle, c’est que nous n’avons pas tenu la distance et pourtant, souvenez-vous je vous avais bien dit que le plus important d’un spectacle c’est toujours la fin.

Quant à moi je dois remercier presque tous les enfants mais j’ai été dérangé et j’ai fait quelques erreurs de guitare que ceux qui changeaient de place et faisaient du bruit dans les escaliers (Émine, Taous à un moment, Chakib, Chaouki et d’autres sûrement) ont peut -être provoquées. Sur la cassette vidéo on entend ce bruit de fond et Thomas me demandait : “Qui fait ce bruit ?”.

Je propose que l’on joue tous sans chaussures la prochaine fois ou alors que ceux qui montent les escaliers le fassent à pas de loups.

Parlons des chansons à présent :

Maman je voudrais assez bien, mais pensons à bien partir ensemble après la première musique.

N’oublions pas qu’il s’agit d’une berceuse elle doit être chantée très doux.

Maman s’il te plaît : assez bien mais nous n’avons pas marqué les changements d’intensité entre la première et la deuxième fois lors de la réponse de la maman.

Je voudrais : une erreur de parole au début du troisième couplet erreur de musique aussi elle redevient comme au début.

Je dois partir maman : assez bien mais trop crié, ce chant n’a pas besoin d’être ciré il est assez rythmé par lui-même, au contraire il peut devenir plus beau en étant chanté un peu plus doux.

Adieu ma vieille cabane : Entre chaque couplet nous ne partons pas ensemble, il aurait peut être fallu prévoir un intermède guitare, pensez à regardez le maître.

Dans ce magasin : Je ne sais pas pourquoi au deuxième couplet Taous a déraillé et tout le monde ou presque avec elle, pensez que cette chanson doit être douce. Sabrina sur scène ou à côté doit chanter aussi.

Maman, prends cette jolie robe : Ratée, j’ai été obligé de chanter avec vous, le rythme de Émine n’était pas là, on s’est trompé dans la musique on a sauté la deuxième et on est passé directement à la troisième. Attention donc !

Mon fils tu me fais honte : Obligé encore de chanter avec vous, vous ne savez pas passer d’une mélodie à l’autre. Marquer les ruptures (de plus en plus doux) lors des passages d’une mélodie à l’autre. À travailler donc.

Maman je ne te dirai jamais : Assez bien mais comment ne doit pas être chanter comme marchand, attention donc.

La vérité : Nous ne l’avons pas chantée au bon moment. Erreur de paroles, la deuxième fois on dit un chemin d’éternité et non pas un tableau inachevé. Moyen?

La conscience : Moyen : Attention à l’ordre qui est le suivant :

Je cherche la lumière, Je n’ai plus de lumière, Où est donc la lumière, Elle n’a plus de lumière, J’ai perdu la lumière. Attention aux paroles.

Le chat de gouttière : Moyen. Attention aux paroles :

Sans ni père ni mère.

Regarder le maître pour bien partir ensemble entre chaque couplet où nous pouvons marquer une pause. À travailler

La rose rouge :

Si Myriam Vigier est là il faut mieux la chanter plus doux.

Viendras-tu la danser chez moi ?

Ratée, vous vous trompez dans l’ordre des couplets dans les paroles et dans la musique de la fin du refrain Cette danse qui danse à chaque pas. À travailler donc.

Aujourd’hui : je propose.

1/ Que nous travaillions nos erreurs de chant ensemble et nos erreurs de jeu seuls.

2/ Que les enfants finissent les oreilles et les tableaux.

3/Que nous allions voir le journal télévisé de monsieur Vivier quand il nous appellera.

4/Que nous allions cette après midi faire une répétition sauvage sans matériel à la maternelle. En effet, madame Hinkel m’a dit que beaucoup d’enfants de la maternelle étaient absents hier matin.

5/ Que nous rangions la classe.

6/ Il faudrait que les parents d’Émine de Hayat viennent me voir Jeudi après la classe.

7/Enfin, que celui ou celle qui ne veut ou ne peut pas pas jouer jeudi, le dise maintenant

Mardi 27 Juin soir.

Lettre personnelle ( à moi-même ; seule la partie en italique a été lue aux enfants)

Beaucoup de tension en cette fin d’année. Beaucoup d’énervements.

J’ai essayé donc d’écrire aux enfants pour fixer des choses, pour analyser et comprendre. Parfois j’ai été dépassé par les événements comme si les représentations des élèves et la mienne au sujet de l’école et de beaucoup d’autres choses comme l’éducation étaient trop distantes.

Alors écrire peut aider à comprendre, à expliquer à faire le point à prendre des repères.

Peut-être que l’année prochaine je pourrais écrire des lettres plus souvent en guise d’éducation civique. Pour aider à comprendre. On n’apprend que ce que l’on comprend.

On n’apprend vraiment que ce dont l’on comprend la fin, que ce dont l’on entrevoit la finalité. Même si cette compréhension sera toujours à réformer.

Mais les mots me semblent bien impuissants et parfois si maladroits. Comment aider à devenir responsables ; aider à grandir et éveiller les consciences sans pour autant charger celles-ci, sans culpabiliser les élèves ?

Notre école est un ghetto social, et il faudrait en ouvrir les fenêtres : pratiquement tous les enfants habitent la même rue. Les autres qui font partie pourtant de la carte scolaire ne viennent pas chez nous et demandent des dérogations qu’ils obtiennent. Dire ou écrire ces choses rarement (ou jamais ) dites, c’est commencer à ouvrir le ghetto : alors nous pourrions peut-être enfin sortir des “psychodrames” qui commencent dans le quartier et se répercutent dans nos salles de classe.

Hafid et Hassan n’arrêtaient pas en fin de matinée de jouer à nouveau avec les règles et les lois, tout en imposant leur loi “de la jungle” à tous les autres. Hier, après le spectacle, pendant la récréation, ils s’étaient même battus sauvagement, Hassan en porte encore les griffures. Au cours de la même journée de Vendredi, paradoxalement, ils avaient ensemble sauvé la vie des deux oiseaux tombés du nid , en en faisant voler un et en emmenant l’autre blessé chez le vétérinaire. (...) La petite répétition à la maternelle des chansons et des trois derniers tableaux s’est donc assez bien passée à 14 heures. Les tableaux noirs de la classe se sont quant à eux à nouveau spontanément remplis de poèmes de paix. Mais trop d’objets encore ne sont toujours pas revenus et ne reviendront jamais sans doute.

Lorsque ce matin je disais à Sonia d’être l’amie de tous et aussi d’Hassan et qu’ainsi elle jouerait mieux, Sonia m’avait répondu : “Maître, mais Hassan c’est l’ami du mal”. Je répondis qu’ Hassan avait bien sauvé hier deux oiseaux, Hassan n’est donc pas l’ami du mal, d’ailleurs le mal n’a pas d’amis, il ne connaît pas l’amitié, il n’a que des esclaves dont il est le maître et qu’il tyrannise. Hassan ne sait pas encore que le bien seul est son ami, alors, trop souvent, il se laisse commander par le mal et devient ainsi son esclave. Plus tard d’ailleurs Aurélie pleura au moment où nous répétions le spectacle, ce même matin, pensait-elle à son père qui a quitté sa mère ? Hassan est allé la consoler.

L’occasion pour nous de dire que ce spectacle était sérieux et profond et qu’il fallait le jouer comme tel. Le soir, Aurélie a dessiné une rose rouge et elle a écrit sur le tableau : “la paix c’est bien”.

En fin de journée, à la sortie, Hassan avec d’autres enfants demandaient un Musli à Jean-Yves. Une petite fille n’en avait pas et je demandais à Hassan de lui donner le sien, il le lui donna, la fillette le lui rendit aussitôt - avait-elle peur de représailles ?- mais le geste d’Hassan était là.

Il reste la prière.

L’indicible et fondatrice prière qui remet tout entre Tes mains.

Prière pour le spectacle de Jeudi pour chacun des enfants, pour l’école, pour Jean-Yves et pour moi-même, pour chacun, pour tous, pour ceux qui sont proches, pour ceux qui sont loin : la prière.

Ta prière, Ton Amour, Ta grâce et Ta garde.

En Jésus amen.

Mercredi 28 Juin, matin

(suite ... de la lettre personnelle écrite à moi-même dont rien ne sera lu aux élèves)

Vingtième anniversaire de mariage.

Je relis la lettre que j’ai écrite hier et que j’éprouve le besoin de lire comme j’ai éprouvé le besoin de l’écrire et qui ne pourra pas (dans son intégralité en tout cas) être lue aux enfants.

Le style haché la rend-elle d’ailleurs bien lisible ? Je suis las et la lecture de cette lettre écrite hier n’arrange rien. Il y a tant de choses que je ne dis pas et qui alimentent encore ce climat de violence.

Comme ces jeunes qui se droguent à quelques mètres de l’école et dont nous retrouvons les seringues juste derrière les grilles de la cour.

Hier, alors que nous sortions un voisin interpella Jean Louis, qui m’alerta à son tour.

Il venait de voir sortir des garages en face de notre cour des jeunes en voiture qui avaient encore la seringue piquée au bras.

Vingtième anniversaire de mariage, l’heure des bilans. Bilan professionnel.

Le métier n’empiète-t-il pas de trop sur ma vie personnelle ? Ma vie personnelle n’empiète-t-elle pas trop sur ce métier ?

Comment faire la part des choses tout en postulant de l’unité de la personne humaine sans laquelle il n’est pas d’éducation possible ? Comment conduire ces enfants à grandir et à choisir ?

Comment répondre à l’injonction scolaire tout en restant soi-même ? Peut-on inviter à la liberté sans être soi-même ? Où trouver les limites ? Où trouver les espaces ?

L’école propose un espace de liberté pour la liberté.

Comment ouvrir cet espace de liberté qu’est l’éducation dans un lieu public laïc tout en restant soi-même fidèle à sa conviction ? Peut-on éduquer sans transparence ? Peut-on éduquer sans référence à une conviction ? Mais alors quelle est ma conviction éducative ? Comment inviter à la liberté sans ouvrir en soi-même un espace de liberté ? Ne serait-ce qu’une liberté de parole ?

Comment vivre l’école ?

Jésus, donne moi ton Esprit Saint, l’Esprit du Père. Père donne moi ce même Esprit Saint , l’esprit du Fils. Que j’accueille au plus profond de moi-même le rayonnement total que l’Esprit Saint ouvre en toute chose : son intelligence, ton intelligence, la consolation de ton amour et son amour sans mesure. Esprit-Saint, ouvre ton chemin devant mes pas. Prière Jésus ! Prends pitié écoute !

Vingtième année de mariage, l’heure des perspectives.

Dois-je rester encore à Montplaisir et dans le primaire ? Il est important de tout remettre : le travail et les études. Ta volonté, ton amour, ton chemin, ton courage, ta paix.

Vingtième anniversaire de mariage.

Merci Seigneur pour tout. Tout confier.

Post-scriptum au moment de choisir de mettre ou non ces notes dans les annexes de la thèse :

L’équilibre je l’ai trouvé à partir de la pertinence de la réflexion éducative. Ce qui nous réunit autour de l’école, hommes de cultures et d’opinions différentes, est la référence éducative qu’elle suppose. Éduquer c’est produire de l’altérité (educere). C’est aussi soigner et faire le prix (educare). Or l’éducation ainsi définie ne porte-t-elle pas en elle-même sa propre justification ? C’est cette justification éducative qu’il s’agit d’élucider face aux élèves avec eux.

Jeudi 29 Juin

Bonjour les enfants.

Il s’agit aujourd’hui du dernier jour où nous donnons le spectacle, nous ferons tout pour que cette fois-ci, il ne s’agisse plus d’une répétition.

Le décors a été installé mercredi après midi, je remercie Rabia et ses copines de m’avoir aidé à le faire. Saïda est arrivée trop tard mais je la remercie aussi d’être venue. Pensez à tout ce que nous avons dit ces derniers jours.

Espérons que la salle sera pleine et que Nathalie pourra vendre suffisamment de textes du spectacle pour que nous puissions les racheter. Vous verrez que la poubelle est à présent plus solide, j’expliquerai à Sonia comment on entre à l’intérieur à Hafid aussi, comme l’ensemble du décor est également mieux terminé.

Si Élodie n’est pas là c’est Sonia qui sera conduite dans le noir par Hassan et la lampe de poche. Qu’elle pense à être son amie, vraiment, qu’il y pense aussi et tout sera bien. Hayat devra bien penser à faire le noir à ce moment là. Chacun doit penser que le spectacle ne se termine qu’à la fin et que la fin est la chose la plus importante. Il faut rester immobile tout le long du spectacle sans bouger du tout. Hier à midi je m’étais fâché très fort avec Hassan et Hafid, et les mots très durs que je leur ai dit trottent et résonnent encore dans ma tête.

L’après-midi Hassan a encore donné un coup d’élastique à Asma en pleine représentation répétition devant les maternelles. Mais le soir, il a donné, quand je le lui demandais, son Musli à un enfant qui n’en avait pas. J’espère et je crois qu’il prolongera ce dernier chemin dès aujourd’hui et demain et chaque jour à présent et que comme il le dit dans le spectacle à présent il a fini de jouer, il a grandi. .

Quant à Hafid il a vraiment commencé à apprendre son texte, il doit à présent le savoir parfaitement pour jouer avec. Pensez à votre personnage jouez le vraiment et si vous vous trompez ce n’est pas grave, il ne faut pas que le public le voie, vous pouvez toujours rattraper une erreur comme le fit Hassan. Pensez à ne pas tourner le dos au public à dire lentement votre texte et surtout à parler fort.

Repensez à l’ordre des chats à la fin même si ce n’est pas grave si on se trompe un peu.

Aurélie, Abdelkhader, Manelle, Chakib, Émine, Hassan, Saïda,Toufik, Ali, Amine, Chaouki, Asma, Awatef, Rabia, Khadidja, (Sonia) ... et Hayat.

Pensez surtout, (n’est-ce pas Émine ?), à ne pas rire, à ne pas sortir de la scène avant la fin non plus, et le plus souvent la fin c’est le noir que fait Hayat. Pensez à mettre vos oreilles dès que vous savez que vous ne revenez plus sur scène. Pensez à être vraiment l’ami de tous et à aider le plus faible.

Myriam Vigier ne sera donc pas là, Amine et Hafid ont entendu le coup de téléphone que j’ai donné, mardi, nous n’avons pas encore trouvé son adresse. Espérons que nous la trouverons.

L’important c’est de bien jouer et de chanter sur un fond de silence. Pensez et accueillez dès maintenant ce fond de silence. Silence qui permet d’entendre les nuances du message de la vie.

Si Awatef n’est pas là, c’est Manelle qui la remplace. Émine encore pense à bien jouer le tambourin à faire aussi le bruit du balai. Enfin, si tu n’as rien d’autre à faire, Khadidja tu peux remplacer Émine à la maman qui dort. Merci à l’avance à tous. Abdelkhader, Émine, Chakib, Chaouki, Taous, Awatef, Amine et tous les autres pensez que le spectacle dépend de chacun de nous et qu’un seul peut le faire plus ou moins échouer pourtant pour le réussir parfaitement nous avons besoin de vous tous et de chacun de vous. Pensez avant ce matin à toutes les erreurs que nous avons faites dans les chants, dans la mise en scène, dans les mouvements, dans votre texte, et ne les recommencez plus.

Je vais demander à monsieur Vivier s’il peut nous filmer une nouvelle fois, après le film de monsieur Tuzet. Si ce n’est pas possible ce n’est pas trop grave. N’oubliez pas enfin que le public va être beaucoup plus exigeant et difficile aujourd’hui où nous jouons devant les grandes classes.

Il me reste à voir le frère de Hayat que je verrai cette après-midi s’il peut venir.

Il reste aussi les objets disparus, malgré certains retours, il en manque encore... J’aimerais tant qu’ils continuent de revenir. Merci pour tout ce que chacun fera en ce sens. Demain je donnerai à tous ceux qui le désirent des livres de travail pour les vacances. Vous me les rapporterez en Septembre.

Vendredi 30 Juin

La partie en italique n’est pas lue aux élèves.

J’ai reçu hier les résultats des évaluations CE2 de notre école.

Ce sont les évaluations nationales que nous avions faites en début d’année. D’après ces résultats nous étions, en début d’année donc, les plus faibles de toutes les écoles de la ZEP de Montchovet et peut-être même de Saint-Étienne.

Où en sommes nous aujourd’hui, dernier jour ? Je ne sais pas.

Mais sans doute nous reste-t-il beaucoup de progrès à faire pour obtenir des résultats équivalents à ceux d’autres écoles de la ville.

Ces résultats actuels ne tiennent absolument pas aux maîtres de l’école dont plusieurs sont formateurs et qui s’investissent énormément dans leur travail et les apprentissages scolaires des élèves. Ils ne tiennent pas non plus auc élèves à proprement parler, mais bien évidemment au manque d’apports extérieuurs et d’émulation, d’interactions avec des élèves venus d’ailleurs que du ghetto. Il reste parfois un étrange sentiment de culpabilité.

Bonjour les enfants, les vacances sont là, .alors, pendant les vacances, travaillez un peu. Vingt minutes par jour, pas plus, mais travaillez. Je vous donnerai, si vous le désirez, aujourd’hui, de vieux livres pour cela.

Pour finir je vous rappelle que, malgré le spectacle, et quelques retours spectaculaires, bien des objets ne sont encore toujours pas revenus.

D’autre part, pour l’instant, seule Aurélie a apporté vingt francs pour le livret de spectacle : c’est insuffisant pour rembourser les livres disparus que je devrais donc payer de ma poche.

Le très beau oreiller de Saïda a encore été pris ces derniers jours dans la salle polyvalente. Cela est sans doute dû à une erreur de ma part : je n’aurais pas dû l’y laisser entre les répétitions car la salle est occupée par d’autres groupes.

Un enfant nous a ramené un ballon hier, en fin de matinée.

Il l’a descendu de sa maison alors que je descendais avec des enfants le long de la rue Pierre Loti. Ce ballon avait disparu depuis une semaine, et il appartenait à la classe des CE1.

Nous terminons cette année comme un dialogue inachevé entre nous et les objets. Malgré toute la réflexion que nous avons menée ensemble sur le vol et qui a abouti au spectacle.

Un peu comme ce reportage sur la traite des noirs réalisé en vidéo par les CM, le chemin qui conduit à la liberté n’est pas terminé tout juste amorcé.

Les enfants, je vous souhaite donc à tous de bonnes vacances, à vous changer les idées à vous reposer, car vingt minutes de travail par jour ne doivent pas empêcher ce repos, au contraire.

Bonnes vacances à tous, et emportez avec vous et que vous gardiez tous de cette année scolaire le meilleur pour le restant de votre vie scolaire et de votre vie tout court.

Le meilleur c’est sans doute la quête de paix d’amitié de réconciliation et de communion vraie.

Et merci encore à ceux qui étaient présents d’avoir bien joué hier.

Samedi 31 Juin

La classe est donc terminée. J’ai passé la journée d’hier à ranger le maximum de choses que je pouvais. Je finis donc épuisé comme toujours, comme chaque année. Les enfants comme toujours étaient excités. En plus, il faisait très chaud au point que s’en était presque suffocant.

La dernière chose que nous ayons faite au cours de la dernière demi heure fut sous forme de jeu la présentation des trois lois.

La loi de la jungle : c’est la loi du plus fort.

La loi du talion : c’est la loi de l’équité en rapport à une idée de justice. Oeil pour oeil dent pour dent.

La loi de l’amour : c’est attendre de l’autre qu’il se convertisse qu’il change d’attitude et qu’il choisisse le bien.

J’ invitais alors à jouer à un jeu 3462 .Il s’agit de tendre la main ou de serrer le poing. Et j’ expliquais ceci aux enfants :

“ Si tu tends la main et que ton partenaire tend le poing , c’est zéro point pour toi et c’est lui qui marque un point. Tu tends le poing et ton camarade tend le poing, c’est zéro partout. Tu tends la main et ton camarade tend la main, c’est deux points chacun. Pour gagner le maximum de points ensemble, il faut donc que ton camarade et toi vous entendiez pour tendre toujours la main. Si ton camarade montre toujours le poing et que toi tu tendes toujours la main c’est lui qui gagnera. En effet d’après notre règle celui qui applique la loi de la jungle gagne face à celui qui applique la loi de l’amour. Mais l’ensemble des deux partenaires ne marquent que très peu de points : un seul par partie. Si tu appliques la loi du talion c’est à dire que tu répondes à chaque fois qu’on te tend le poing par un poing mais qu’autrement a priori tu tendes la main, tu obtiendras une sorte de match nul . Nous pouvons déduire de ce jeu que pour gagner le plus il faut se convertir mutuellement à la loi de l’amour.

Autrement dit l’amour gratuit est voué à perdre pour permettre dans le cas seul d’une “conversion” de gagner beaucoup plus. La loi de l’amour suppose que nous soyons prêts à perdre pour gagner beaucoup plus. Elle suppose de parier sur la modification libre de la conscience de l’autre. En effet, affronté à l’aléatoire de la machine comme un ordinateur, celui qui choisit de tendre la main perd toujours. Quelqu’un qui tend toujours la main perd devant une telle machine. La loi du talion (je tends toujours la main mais je réponds à chaque poing par un poing) permet tout à fait mathématiquement statistiquement d’assurer le match nul, la loi de la jungle (je présente toujours le poing) permet la victoire assurée. Mais pour ce qui du total des points des deux partenaires, c’est la loi de l’amour qui permet à la communauté d’engranger le plus de points (deux points pour chacun si ton partenaire tend aussi la main cela fait quatre points au total). La loi de l’amour suppose donc bien d’être prêt à perdre pour faire gagner l’autre et tous les autres. “

Il me faut à présent laisser se “décanter” les choses et me reposer avant que je ne tire les conclusions de cette année scolaire dont les derniers jours furent si difficiles.

Notes
3462.

Très librement inspiré du jeu intitulé” le dilemme du prisonnier”

DARDEL Frédéric “Le dilemme du prisonnier “1° partie in “Sciences & Vie Micro” Janvier 1993 pp 198 à 202

DARDEL Frédéric “Le dilemme du prisonnier” 2° partie in “Sciences & Vie Micro” Février 1993 pp 196 à 199