Lettres à la classe 1996 /1997 Mardi 3 Septembre 1996

Première lettre à la classe.

Bonjour.

Lors de cette année scolaire qui commence aujourd’hui j’aimerais que chacun apprenne beaucoup de choses car c’est pour cela que l’on vient à l’école.

Mais qu’est-ce que “apprendre” ?

Il nous faudra sans doute beaucoup de temps pour le comprendre. Et je crois même qu’une vie entière ne saurait suffire pour expliquer ce mot.

On dit généralement que dans une classe ce sont les enfants qui apprennent et le maître qui enseigne.

Apprendre signifie prendre quelque chose avec soi, enseigner signifie donner un sens à quelque chose pour quelqu’un d’autre.

En tout cas, je crois pouvoir vous dire dès aujourd’hui, qu’apprendre et enseigner ne sont pas très différents l’un de l’autre. Lorsque je sais quelque chose je peux déjà l’enseigner à quelqu’un d’autre.

Mais lorsque j’apprends quelque chose, j’enseigne déjà également mon maître dans l’apprentissage, qui au travers de mon apprentissage, de mes façons de m’y prendre de savoir ou de ne pas savoir faire, apprend quelque chose de moi comme de la matière même que j’essaie d’apprendre.

Chacun est donc toujours un peu enseignant ou maître et un peu apprenant ou élève. On pourrait dire qu’un bon enseignant est un bon apprenant et inversement. Autrement dit pour être un bon maître il faut savoir être élève et un bon élève est également un bon maître. Ainsi, nous pouvons dire aussi que tout élève, que chacun de vous, est déjà un petit maître. Mais un petit maître qui a tellement de choses à apprendre encore.

J’aimerais donc que chacun apprenne beaucoup de choses au cours de cette année scolaire, mais qu’il prenne aussi conscience qu’il est un enseignant et qu’il enseigne déjà, qu’il le sache ou pas, les autres, de tas de choses bonnes ou moins bonnes.

Lorsque nous faisons quelque chose, comme lorsque, d’ailleurs, nous ne faisons rien, nous sommes toujours plus ou moins, peu ou prou, un exemple pour les autres, nous n’échappons pas à l’exemple que nous sommes.

Choisissons d’être un bon exemple, comme choisissons aussi d’imiter ce qu’il y a de meilleur en chacun, telle pourrait être cette année notre mot d’ordre, notre intention directrice.

Et bonne année scolaire à vous tous !

Le maître

Lundi 9 Septembre 1996

Deuxième lettre à la classe.

Nous entamons la deuxième semaine de classe. Cette semaine sera un peu particulière, car nous aurons encore des distributions de matériel à faire. Il nous faut prendre les bonnes habitudes, pour les garder, et les améliorer, tout au long de l’année. On ne peut pas bien travailler sans des habitudes de travail. Et c’est en début d’année que nous devons prendre ces habitudes.

Nous aurons également des tests à passer. Ces tests sont de deux sortes.

Les tests de la première sorte sont ceux que j’ai moi-même conçus et qui sont donc internes à la classe. Nous les avons déjà commencés la semaine dernière.

Ces premiers tests serviront à mesurer votre niveau actuel, et à établir, une fois qu’ils seront terminés, avec vous, un premier bilan, un premier contrat d’apprentissage, pour cette première partie d’année. Dans quels domaines êtes-vous le plus fort ou le plus faible ? Que vous faudrait-il donc travailler en priorité ?

Les tests de la seconde sorte sont des tests nationaux. Cela signifie que tous les CE2 de France les passent en ce début d’année.

Ces seconds tests servent à compléter les informations que nous donneront les premiers tests, mais aussi à mesurer vos résultats et les comparer à ceux d’autres CE2 dans d’autres écoles, dans d’autres quartiers, d’autres villes ou villages, d’autres régions de France.

Des tests ne sont pas des exercices d’application de leçons. Ne pas avoir de bons résultats dans les tests, ne signifie donc pas un mauvais travail, mais donne seulement l’idée d’un niveau. Ce qu’il faut donc, c’est tenir compte des résultats, afin de progresser.

Bon, avant de vous quitter, j’espère aussi que chacun de vous a bien, aujourd’hui, tout son matériel personnel, et qu’il pensera à en tenir soin tout au long de l’année. Je vous donne enfin une dernière information : quatre élèves professeurs viendront Jeudi matin, pour un travail avec vous. Je connais leur projet, mais pour ménager la surprise, je ne vous le dirai pas encore aujourd’hui.

Lundi 16 Septembre 1996

Troisième lettre à la classe.

Troisième semaine de classe, déjà. Cette semaine sera encore un peu particulière, car il nous reste toujours des distributions de matériel à faire, ainsi que les deux séries de tests à terminer.

Nous avons vu la semaine dernière que toutes les habitudes de travail, ne sont pas encore bien prises. C’est pourquoi, dans certaines classes, les enfants et le maître font des règlements. On peut en effet écrire sur un papier ce que nous avons le droit de faire, comme, à l’inverse, ce qui est interdit dans une classe ... et lorsque quelqu’un ne fait pas ce qui a été convenu, on peut le punir. Cette chose paraît juste, elle l’est sans doute.

Cependant, aujourd’hui je ne vais pas vous parler de règlement mais

simplement vous donner trois petits conseils qui, si vous les appliquiez, rendraient tous les règlements inutiles.

D’abord, en premier, il faut écouter celui qui a la parole, et ne pas la prendre sans que quelqu’un ne vous la donne. Il est donc utile de lever la main en silence. Le premier qui a la parole, c’est le maître. Il faut donc l’écouter sans lui faire répéter les choses.

Ensuite, en second, il faut vouloir très bien travailler. Et pour très bien travailler, et faire beaucoup de progrès, deux choses au moins sont nécessaires : la première est de faire de son mieux, en classe, la seconde c’est déjà de s’y préparer à la maison, les jours où il n’y a pas classe, ou même sur le chemin de l’école, bref partout. Alors on vérifie souvent son matériel de travail car un bon ouvrier ne travaille pas sans ses outils, on prépare bien le travail écrit sur le cahier de texte, on s’applique. On fait de son mieux.

Enfin, en troisième, il faut être l’ami des autres, des enfants de la classe bien sûr, mais aussi de tous ceux que nous rencontrons dans l’école, enfants ou adultes, tous ceux que nous rencontrons partout, et même ceux à qui nous pensons sans les voir. Cela veut dire qu’on ne se moque pas d’un enfant qui ne sait pas faire, mais qu’on l’aide, cela veut dire aussi qu’on essaie d’être toujours prêt à rendre service, et à être joyeux de le faire.

Alors, comme les maîtresses Jeudi, vous ont fait la surprise d’une magnifique présentation de livres à la BCD, nous pourrons présenter aux autres, en toute circonstance, le meilleur de nous-mêmes.

Lundi 23 Septembre 1996

Quatrième lettre à la classe.

Quatrième semaine de classe. Cette fois-ci nous en avons terminé avec les tests nationaux, les tests roses, il nous reste cependant à terminer les tests de la classe. Je rencontrerai chacun d’entre vous avec ses parents, personnellement, à la fin de ces tests, pour faire un premier point, avant la Toussaint, c’est à dire avant début Octobre. Mais avant, il faut bien que nous les ayons tous fini. En attendant, il nous faut encore terminer de passer tous les tests, donc. C’est long, je sais, mais ce travail est indispensable pour connaître le niveau de chacun d’entre vous.

Lorsqu’un maçon commence une maison, en général, il travaille sur un plan et avec des outils. C’est à dire qu’il a une idée du travail à faire, comme des outils indispensables pour le réaliser. Il a aussi ce qu’on appelle une échéance, c’est à dire qu’on lui donne à l’avance la date où ces travaux doivent être terminés et la maison habitable.

Ainsi en va-t-il du travail d’un élève. Il est préférable qu’il ait une idée du travail à faire et des outils dont il aura besoin pour le faire, plutôt qu’il ne travaille qu’au jour le jour, au hasard. Nous savons aussi qu’il convient d‘apprendre le plus de choses possible, dès cette année scolaire. Après le CE2 viendra le CM1, et, après encore, le CM2, puis viendra la sixième. Il faudra alors que vous soyez prêts à y entrer. D’une certaine façon, cette préparation commence dès maintenant. Je sais que vous êtes petits encore, et que vous avez le temps. Mais justement c’est à présent qu’il convient que vous deveniez responsables déjà de votre travail scolaire.

Si vous comprenez cette intention, vous comprendrez mieux, beaucoup de choses que nous faisons dans la classe. Pourquoi avons-nous déjà un cahier texte ? Pourquoi avoir plusieurs cahiers ? Pourquoi le maître vous a-t-il donné dès le début un emploi du temps ? Pourquoi vous demande-t-on d’être responsable de votre matériel ? etc ...Tout cela vous prépare à devenir grands, à devenir responsables, à entrer en sixième dans quelques années dans de bonnes conditions. De même, le travail qu’effectuera avec vous, ce lundi matin encore, l’élève professeur Laurence, sur le dictionnaire, a pour but, non pas de vous donner d’emblée tous les secrets du dictionnaire, mais de vous préparer à une bonne utilisation de celui-ci. Cette bonne utilisation fait partie des outils indispensables d’un bon élève.

Mardi 1 Octobre 1996

Cinquième lettre à la classe.

Cinquième semaine de classe, nous entrons dans le mois d’Octobre. Hier, pour cause de grève des enseignants nous n’avons pas eu classe. Exceptionnellement donc la semaine commence un Mardi.

La grève est un arrêt de travail que l’on fait en général pour demander quelque chose que l’on ne croit pas pouvoir obtenir autrement. Le dictionnaire que j’ai consulté nous apprend que ce mot “grève “, ainsi que l’expression “être en grève” viennent de la place de Grève à Paris, en 1805. Des ouvriers parisiens de l’époque ayant arrêté le travail s’y retrouvaient pour dire leur mécontentement concernant leurs salaires. Le droit de grève n’a pas toujours existé, et il n’existe pas encore aujourd’hui dans tous les pays du monde. Il n’a été définitivement installé en France que très progressivement, à la suite de la proclamation de la troisième république, le 4 Septembre 1870.

Par la grève d’hier, les enseignants voulaient protester contre la suppression de postes d’enseignants. En général, on ne fait grève que lorsque, après avoir discuté dans ce qu’il est convenu d’appeler des négociations, il ne semble guère possible de faire autrement. On dit alors que les négociations, entre les syndicats qui représentent ceux qui travaillent et les autorités du gouvernement ou du patronat qui ont le pouvoir de décider sont bloquées. Il arrive qu’après une grève, la situation se débloque. On parle alors d’accord entre syndicats et autorités. Il arrive aussi qu’il n’y ait pas d’accord.

Revenons, après cette longue parenthèse pour vous expliquer pourquoi vous n’aviez pas école, hier, à ce qui nous préoccupe, en premier : le travail dans la classe. Je vous rappelle que Jeudi en fin de matinée dans la salle de la “BCD “ nous recevons les grandes soeurs, grands frères et parents qui le désirent pour leur présenter avec l’aide des élèves professeurs, les trois livres que vous avez travaillés. J’espère donc que Jeudi, il y aura beaucoup de monde, afin que nous puissions expliquer comment va fonctionner la BCD, à partir du mois de Décembre environ, et inviter alors, ceux qui le désirent, à participer à ce fonctionnement.

Travaillez, d’ici là, bien encore votre texte afin que la présentation en soit parfaite. Je propose que nous accueillions ce même jour les élèves du CP. Cela nous servira de répétition pour la semaine suivante, où nous irons présenter nos livres en maternelle.

Lundi 7 Octobre ...

Sixième lettre à la classe.

Sixième semaine de classe. Les tests sont tous terminés à présent, et nous pouvons envisager d’inviter les parents, dès la semaine prochaine, après la classe, pour parler de vos résultats, situer un projet de travail, et établir ensemble, un contrat ou une alliance que nous signerons à trois : le parent, le maître, l’enfant.

Je préciserai encore tout cela dans la prochaine lettre.

Laurence vient nous voir ce matin pour la troisième fois ...

Après nous avoir fait découvrir dans une première séance à quoi servait le dictionnaire, dans une deuxième séance, comment s’en servir, elle nous fera explorer, aujourd’hui, la lecture du dictionnaire, autrement dit, comment le comprendre.

Jeudi matin sera une matinée importante, puisque nous allons présenter nos trois livres à la maternelle, entre 9 h et 10 h. Chaque groupe procédera comme une troupe de théâtre. Et voyagera d’une classe à l’autre, entre la petite section, la moyenne section, et la grande section. Ainsi chaque livre sera présenté dans chaque classe, et chaque livre sera présenté trois fois. Il faut donc bien se préparer d’ici là et savoir son texte et ses gestes parfaitement.

Et cela d’autant plus qu’après la récréation, vers 10 heures 30, ce même jour, nous présenterons les livres une quatrième fois, à la BCD, devant les CE1 et les grandes soeurs, les grands frères et les parents qui voudront bien à ce moment là se joindre à nous.

La semaine dernière, Jeudi dernier, la représentation devant les parents et la classe de CP s’était assez bien passée, mais il reste pour un groupe en particulier, celui qui présentait le livre de coin coin, beaucoup de travail à faire, car les textes n’étaient pas bien sus. Il faut pour tous les groupes réfléchir à ce qui ne s’était pas très bien passé pour l’améliorer. Ce travail d’analyse et de réflexion est nécessaire après chaque représentation afin de progresser, et de faire un peu mieux, à chaque fois. La dernière représentation, à 10 h 30 à la BCD, devrait donc être parfaite.

Cette matinée sera filmée par monsieur MARCHAND qui viendra spécialement de l’IUFM pour cela. Bon, il est temps de vous quitter en vous souhaitant une très bonne semaine à tous.

Lundi 14 Octobre ...

Septième lettre à la classe.

Septième semaine de classe. J’espère que vous avez gardé un bon souvenir de la présentation des livres, Jeudi matin.

Les six élèves professeurs, étaient si contentes qu’elles m’ont spontanément proposé de revenir faire du théâtre avec vous. Je ne sais pas si cela sera possible ni surtout quand, à cause surtout des emplois du temps chargés des uns et des autres, mais leur demande montre déjà combien elles ont apprécié le travail fait avec vous.

Personnellement, j’ai été très content également, comme d’ailleurs les autres maîtres qui ont assisté aux différentes représentations. Et il est vrai, que comme prévu, la dernière représentation fut la meilleure. À ce sujet, le travail effectué par le groupe qui présentait ”coin coin” est significatif. À chaque représentation, les élèves ont réellement progressé, pour finalement, lors de la dernière, dans la BCD, rendre un résultat tout à fait satisfaisant.

Mais, sans hésitation, les plus heureux de tous, me semble-t-il ont encore été les enfants spectateurs, ceux des classes maternelles, et ceux des CE1 sans oublier les parents de Latifa, particulièrement sa maman, très émue.

La matinée de Jeudi, comme je vous l’avais annoncé dans la lettre précédente, a donc été filmée par monsieur MARCHAND. La cassette pourra être regardée par la classe. Je propose que nous l’envoyions au CE2 de La Fouillouse, où se trouve mon fils Thomas, qui a juste votre âge. C’est monsieur Croizier qui en est l’instituteur.

Nous pourrions leur faire une lettre pour leur annoncer ce que contient la cassette, pour leur demander si elle leur a plu et si elle leur donne des idées de travail. Qu’en pensez-vous ?

Ce soir, il y aura réunion générale des parents de l’école. Ce serait bien si vos parents venaient nombreux. Une nouvelle grève est prévue Jeudi. Je repousse donc d’une semaine, à la semaine prochaine, la rencontre avec vos parents et avec votre présence pour établir ensemble mais avec chacun personnellement, le contrat d’alliance de travail portant sur trois points, pour ce trimestre, et pour l’année, à partir de vos résultats aux tests. Je vous expliquerai donc cela en détail dans la prochaine lettre.

Lundi 21 Octobre ...

Huitième lettre à la classe.

Huitième semaine de classe. Cette semaine, vous le savez, sans doute, est la dernière avant les vacances de la Toussaint.

Voici donc venu, d’ores et déjà, le temps des premiers bilans, des premiers points. Aujourd’hui commencent les rencontres qui se poursuivront Mardi et Jeudi, avec chacun de vous et vos parents, pour établir le fameux contrat d’alliance, dont je vous avais dit, dans la lettre précédente, que nous allions l’expliquer plus en détail dans la prochaine, donc, dans la lettre présente.

À partir de votre travail en ce début d’année et de vos résultats aux différents tests, nous allons établir, en dialoguant, avec chacun d’entre vous, un contrat d’alliance, sur trois points. Nous allons essayer de dégager les trois points devant, pour chacun d’entre vous, être travaillés, en priorité, pendant le reste de ce premier trimestre. Puis, ce contrat sera signé à trois, pour que chacun se sente bien concerné. Les trois signataires sont : les parents ou son représentant, l’enfant, le maître (ou la maîtresse). Il est donc important que chacun d’entre vous, accompagne son papa, sa maman, sa grande soeur ou son grand frère, à l’heure et au jour du rendez-vous fixé sur les papiers distribués la semaine dernière.

Nous nous reverrons, probablement, au temps de Noël, peut-être un peu après, pour faire un nouveau point et établir un nouveau contrat d’alliance. Et, ainsi de suite, trois à quatre fois dans l’année.

La cassette de la matinée de Jeudi 10 Octobre, filmée par monsieur MARCHAND est désormais dans la classe, nous pourrons la regarder ce matin, ou cette après-midi, avant que nous ne l’envoyions au CE2 de La Fouillouse de monsieur Croizier, avec des lettres nous présentant chacun et celle présentant la classe et la cassette. La rédaction des lettres personnelles constituera une partie du travail de ce matin.

Cette semaine, dans la classe, nous aurons, par groupes de quatre, la visite de deux groupes d’élèves professeurs, en première année d’IUFM. Les élèves professeur en première année devront encore passer un concours en fin d’année scolaire, concours qui décidera de la poursuite, ou non, de leurs études à l’IUFM, et, donc de leur avenir professionnel. Je vous demande de très bien les accueillir, puisque c’est un peu à travers nous, avec nous, que ces élèves professeurs découvrent le métier d’enseignant qui sera peut-être leur futur métier.

J’aurais encore aimé vous parler plus longuement, mais la place me manque un peu, de la fête du livre, où nous sommes allés Vendredi après-midi : du spectacle de clown, du jeu de Mumin devenu, pour un instant, magicien ; des magnifiques poèmes lus par les personnes handicapées de l’A.D.A.P.E.I que vous avez su si bien écouter ; ainsi que du spectacle spécialement joué pour nous, par les deux “pommes de terre” qui vivaient malgré elles, dans le même panier et qui étaient donc forcées de s’entendre. Un peu comme des enfants d’une classe, et leur maître, qui n’ont pas vraiment choisis, eux non plus, de travailler ensemble, et qui devront pourtant bien s’entendre. Souvenez-vous de l’image des deux ânes distribuée en début d’année.

Lundi 4 Novembre 1996...

Neuvième lettre à la classe.

Après les petites vacances de la Toussaint, nous reprenons donc le chemin de la classe. J’espère que vous en êtes contents, tout comme moi, je suis également content de vous retrouver. Je renouvelle ici mon voeu pour que cette année scolaire nous soit à tous profitable. Que nous y apprenions certes beaucoup de choses, mais aussi que nous comprenions beaucoup de choses, et que nous gardions en mémoire pour notre vie entière les plus belles de ces choses, les plus importantes.

Sylvain, Sébastien et Frédérique, élèves professeurs en première année, seront avec nous pendant quinze jours. Je vous ai déjà expliqué dans la lettre précédente où en étaient de leurs études les élèves professeurs de première année. Je vous demande donc encore de leur faire le meilleur accueil.

J’espère que chacun a bien en tête son contrat d’alliance, qui doit l’aider à faire des progrès. Il ne reste que Nesrine que je n’ai pas pu rencontrer avec ses parents sur ce sujet, j’espère que cela sera possible cette semaine.

Au cours de cette semaine, il nous faudra également préparer un courrier pour le CE2 de la Fouillouse. Nous pourrions leur parler de notre ville qu’il ne connaisse peut-être pas aussi bien que nous. Nous pourrions leur parler de tout ce que nous avons envie, mais il faut que ce soit intéressant, c’est à dire que nous communiquions des choses importantes pour nous.

Au fait, avez-vous pensé à traduire un morceau de la chanson de Francis Cabrel “Il faudra leur dire” dans la langue de vos parents, comme Sébastien vous l’avait demandé ?

Et pour finir, voulez-vous, sur ce sujet, connaître une chose extraordinaire ? Figurez-vous que dans la classe de Thomas, le même jour où Sébastien vous apprenait cette chanson, les élèves apprenaient exactement la même, sans que nous nous soyons concertés entre maîtres. J’ai retrouvé le texte de cette chanson dans son cahier hier soir et j’ai pensé qu’il pouvait bien donner le ton de notre correspondance entre classes.

Si c’est vrai qu’il y a des gens qui s’aiment

Si les enfants sont tous les mêmes

Alors il faudra leur dire ....

Je vous ai apporté la pochette du disque que j’avais à la maison, et que j’ai également photocopiée pour que vous la colliez à côté de cette lettre, sur votre cahier. Cette chanson est vieille juste de dix ans ; elle a été enregistrée en 1986 avec des enfants qui aujourd’hui doivent être des adultes.

Je me souviens qu’à cette époque j’étais instituteur en maternelle en petite section à l’école de Gaspard Monge. Lorsque les enfants arrivaient le matin, ou l’après midi, j’avais l’habitude de leur passer des disques. Et celui là passait souvent, les petits enfants de l’époque l’aimaient bien. Et je trouvais alors que cette musique, que ces paroles, les rendaient très calmes et tranquilles, paisibles

Mardi 12 Novembre 1996...

Dixième lettre à la classe.

Bonjour à tous. Si cette semaine scolaire commence un mardi, il me faut vous expliquer pourquoi : nous étions hier lundi, le onze Novembre, et il s’agissait d’un jour férié, un jour anniversaire. En effet le 11 Novembre 1918, s’achevait officiellement la première guerre mondiale.

On signa ce jour là un armistice, c’est à dire la fin provisoire des hostilités d’une guerre longue de quatre années, entre 1914 et 1918. Cette guerre opposa les français et leurs alliés, aux allemands et leurs alliés. Après avoir fait plus de huit millions et demi de morts dans les armées, dont un million et demi du seul côté français, cette guerre ne se termina vraiment que quelques temps plus tard, en 1919, car certains alliés des deux camps continuaient à se battre. À tous ces morts, il faut encore ajouter dix millions de morts civils, c’est à dire parmi les gens non combattants; on n’avait encore jamais vu ça dans toute l’histoire humaine. Si vous visitez des villages ou des bâtiments publics en France, vous trouverez partout des monuments aux morts, avec, pour le moindre petit village, un nombre impressionnant de victimes.

C’est sans doute pour cette raison qu’on appela cette guerre la “grande guerre”. Les soldats français qui portaient presque tous des moustaches, en ce temps là et qu’on appelait donc les “poilus” la nommèrent même“ la der des ders” ; ce qui signifiait la” dernière des dernières”.

Mais malheureusement la ” grande guerre” ne fut pas la dernière. Et une autre guerre mondiale, “la drôle de guerre “ entre 1939-1945, fit encore plus de victimes. Le chiffre définitif dépasse largement trente millions de morts. Entre trente cinq millions et soixante millions de morts selon les différentes estimations.

Aujourd’hui encore, malheureusement, vous le savez, des guerres ont lieu un peu partout dans le monde. Il suffit d’ouvrir un journal ou d’écouter les radios ou télés, pour le savoir. J’espère vraiment que votre génération sera celle qui verra la fin des guerres. Pour cela il faudrait que les hommes deviennent meilleurs. J’espère donc qu’à l’école vous apprendrez à devenir meilleurs, pour que vous ayez la force et la joie, une fois devenus adultes, de vivre dans un pays et un monde joyeux et paisible.

Sylvain, Sébastien et Frédérique feront la classe aujourd’hui. Sylvain assurera la séquence d’éducation physique. Sébastien vous fera travailler sur ce que nous faisons en classe dans la perspective d’un envoi aux correspondants. Enfin, Frédérique vous introduira dans la lecture d’un nouvel ouvrage qui nous accompagnera au moins jusqu’aux vacances de Noël, en lecture suivie, Louis Braille, l’enfant de la nuit ”.

Ce livre me fut prêté par Saïda, une ancienne élève actuellement en CM2, qui se souvenait, il y a deux ans, l’ avoir déjà travaillé dans ma classe. Notre époque n’est donc pas seulement celle où les guerres font le plus de morts. Elle est aussi heureusement l’époque où, grâce à Louis Braille, des aveugles commencent à sortir de leur nuit millénaire. Louis Braille n’est pas seul à avoir aidé à soulager la souffrance des hommes. Et nous parlerons certainement en cours d’année, d’autres personnages, d’autres situations qui donnent à notre siècle, à notre temps, une couleur d’espérance.

Lundi 18 Novembre 1996...

Onzième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Sylvain, Sébastien et Frédérique sont partis, nous les reverrons peut-être en cours d’année. Sylvain et Sébastien vont très certainement écrire leur mémoire c’est à dire un texte , sur ce qu’ils ont vu et fait dans la classe et qu’il devront défendre devant un jury, en fin d’année scolaire, pour passer en deuxième année d’IUFM.

Le premier, Sylvain, travaille depuis l’année dernière déjà, sur le thème des “petits maîtres” , quant au second, Sébastien il veut écrire sur le fonctionnement de la classe, et la compréhension que chacun d’entre vous en a. Si l’un ou l’autre, ou encore si Frédérique qui n’a pas encore vraiment choisi semble-t-il son sujet, revenait vous voir en cours d’année, aidez-les donc en répondant aux questions qu’il vous posent, en étant à leur écoute tout comme ils sont à la vôtre.

Mais si des élèves professeurs sont partis, un nouvel élève est arrivé parmi nous, il s’appelle Farid et il vient de l’école de Montchovet.

Je connais très bien cette école de Montchovet où dans l’année 1980, je suis arrivé pour enseigner, et je n’en suis parti qu’en 1985. Cette école fait partie de la ZEP dont nous faisons nous même partie. Je vous expliquerai dans une prochaine lettre, ce qu’est une ZEP, zone d’éducation prioritaire, dont j’ai été le coordinateur, , pendant trois années entre 1989 et 1992, je vous expliquerai aussi ce que ce mot compliqué veut dire exactement. Le coordinateur coordonne, mais quoi ?

Je joins à cette lettre une photocopie de la photo de classe de 1980-1981 à l’école de Montchovet. Ma classe était un CE2. Justement, Vendredi dernier, j’ai rencontré l’un des élèves de cette classe, élève que je n’avais pas vu depuis. Il est devenu laveur de vitres, et père de trois enfants, et il m’a tout de suite reconnu, cela m’a fait très plaisir. Il s’appelle Henri Fraisse. Cet homme aujourd’hui est cet enfant qui se trouve à côté de moi sur la photo.

Je vous parlerai d’autres fois sans doute de cette école, où beaucoup de choses se sont passées qui sont importantes pour moi, et où l’idée des petits maîtres a vu le jour, grâce, entre autre, à un élève de cette école Nabil, qui a aujourd’hui plus de vingt ans et qui est l’oncle de Imelle, actuellement en CM1 dans notre école. Le directeur actuel de l’école de Montchovet s’appelle monsieur Di Cicco, un bon ami à moi. Il enseigne dans une classe spéciale pour les nouveaux arrivants en France qui ne parlent pas très bien le français.

La ZEP de Montchovet, justement, organise des défis lecture. C’est à dire que les classes doivent s’envoyer des questions à partir d’un livre. Notre livre à nous actuellement est celui de “Louis Braille, l’enfant de la nuit”. Avec Gérard Di Cicco nous avons décidé de correspondre ensemble. Mais le livre de Louis Braille est trop dur à lire pour ses élèves plus jeunes que vous, j’ai pensé que nous pourrions en faire un petit montage lecture, comme nous avions fait pour les maternelles, en début d’année, afin de le leur présenter. qu’en pensez-vous ? Nous pourrions également leur envoyer dans un premier temps, des messages en écriture braille.

Lundi 25 Novembre 1996...

Douzième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Nous avançons dans l’année scolaire, et nous avançons donc dans le premier trimestre. Un trimestre, vous le savez j’espère, est une période de trois mois. Comme il y a douze mois dans l’année, chaque année est composée de quatre trimestres. L’année scolaire, à cause des trois mois des vacances d’été, ne compte que trois trimestres. Pour ce premier trimestre, souvenez-vous, il a été établi pour chacun de vous, avec chacun d’entre vous, avec le maître et vos parents, un contrat d’alliance.

Au fait, ceci me renvoie à une question : Êtes-vous capables de retrouver les trois points de votre contrat d’alliance ? Si votre réponse est oui, c’est très bien, et il faut tenter de le respecter. Si votre réponse est non, alors essayez de le retrouver.

Pour le retrouver il suffit de consulter le dossier signé par vos parents, vous même, et le maître, il se trouve dans la petite salle à côté de la classe. Demandez l’autorisation au maître pour rester en classe un moment pour le lire pendant une récréation, par exemple. Il vous la donnera.

Dès la fin de la semaine prochaine, ou au plus tard dans quinze jours, nous ferons les contrôles du premier trimestre, à partir de ce que nous avons étudié depuis le début d’année. Après ces contrôles nous pourrons établir avec chacun d’entre vous un nouveau contrat d’alliance. Ce nouveau contrat que nous essaierons d’établir fin Décembre vaudra donc pour tout le deuxième trimestre.

Mais nous n’en sommes pas encore là ! Il reste quelques semaines encore, avant d’arriver aux vacances de Noël.

À ce sujet, comme toutes les années, nous organisons dans l’école des ramassages de jouets, pour les enfants qui en sont privés. Cela s’appelle le “Père Noël vert” et est organisé par le secours populaire, organisation caritative. Il s’agit donc d’apporter, si possible dans un emballage, un ou des jouets que vous voulez donner. Il faut, bien entendu, que ces jouets soient en bon état, puisqu’ils doivent procurer de la joie à celui ou celle qui les recevra. Merci d’avance à tous ceux d’entre vous qui participeront.

Cette semaine encore de nouveaux élèves professeurs, six en tout, viendront dans la classe, par groupes de deux. Deux d’entre eux resteront, à partir de Jeudi, avec nous, jusqu’au 12 Décembre.

J’ai envie de leur proposer un projet ambitieux. Mais je ne sais pas s’il va les intéresser. Il s’agirait, avec vous, avec nous tous, de commencer à classer et à ranger les ouvrages de la B. C. D. Souvenez-vous, nous avons le projet d’aménager celle-ci pour qu’elle soit utilisable à partir de la fin d’année scolaire.

Ce serait bien si vous demandiez une nouvelle fois à vos grands frères ou grandes soeurs, si l’un d’entre eux voulait participer.

Très bonne semaine à tous. Le maître de la classe : Antoine Caballé.

Lundi 2 Décembre 1996...

Treizième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Au moment d’écrire cette lettre, je veux essayer de répondre à la question de ceux parmi vous qui se demandent peut-être pourquoi je vous écris des lettres et pourquoi une lettre par semaine. À ce propos, je pense à Louis Braille dont nous lisons la vie en ce moment, je pense à l’alphabet qu’il a inventé comme je pense aussi à cet autre alphabet que Jean Yves Durousset a trouvé dans une école et qu’il a gentiment pensé à nous apporter : l’alphabet par signes des sourds ou des muets. Je me dis, qu’au fond, les lettres que je vous écris répondent à la même préoccupation : communiquer.

Si, pour les aveugles, pour les sourds ou les muets, il existe des alphabets de signes qui leur permettent de communiquer entre eux et avec le monde des autres, des gens dits normaux, c’est sans doute qu’il est vraiment très important de communiquer entre nous les hommes. Comme sans doute aussi que pour vivre, aimer, grandir et comprendre, il faut apprendre, et, apprendre, c’est toujours, peu ou prou, communiquer.

Alors, l’ensemble de ces lettres se propose de vous communiquer ce que de ma place de maître j’ai envie de vous dire, car, après réflexion, cela pourrait vous être utile dans votre travail scolaire, mais aussi dans le développement de votre intelligence, de votre réflexion, de votre discernement, présents et futurs. J’espère bien que ces lettres vous aideront dans ce sens. Et je vous encourage à les relire de temps en temps.

Donc, pour mieux comprendre ce que nous faisons dans la classe quelques informations s’imposent.

-D’abord, nos délégués élus, Mumin, Nouri et Nesrine, vont passer l’information à toutes les classes pour le Père Noël Vert. Il s’agirait de recueillir le plus d’objets possibles, avant Mardi soir.

- Ensuite, nous allons faire les contrôles Lundi prochain et Mardi. Pour bien réussir les contrôles il faut se souvenir de ce que nous avons étudié depuis le début d’année dans les principales matières. En numération, nous comptons jusqu’à dix mille, en opération nous savons faire les additions et les soustractions simples et avec retenues, en problèmes, nous connaissons le sens de l’addition et de la soustraction. En grammaire nous connaissons les différentes formes de phrase, affirmative, négative interrogative, exclamative. Pour ce qui concerne la conjugaison et la géométrie, il faut penser à ce que vous avez étudié avec Valérie Maurin. Pour l’orthographe, vous pouvez lire les auto-dictées et regarder les exercices que nous avons faits.

- Et puis, Élisabeth et Virginie vont travailler avec nous sur le projet de l’aménagement de la BCD. Souvenez-vous de demander encore, à ce sujet, la participation de vos grands frères, grandes soeurs ou, de vos voisins.

-Enfin, pour conclure, une très bonne nouvelle : nous avons enfin reçu de la classe de monsieur Croizier, à la Fouillouse, un abondant courrier. Ses élèves nous ont apporté des documents sur la montagne. Il va falloir accélérer notre envoi de lettres et de réponses. Ce serait bien si nous parvenions à répondre avant Noël.

Lundi 9 Décembre 1996...

Quatorzième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Nous commençons donc les contrôles, aujourd’hui. J’espère bien que nous en aurons terminé en fin de semaine.

Virginie et Élisabeth nous quitteront Jeudi. En attendant, elles nous aideront à faire ces contrôles dont d’ailleurs, elles organisent elles-mêmes quelques épreuves.

J’espère que vous avez aimer travailler avec elles sur le projet B.C.D qui devrait se poursuivre pour se déployer sur l’ensemble de l’année.

Récapitulons un peu où nous en sommes à ce sujet : Dans une première séquence, Mardi, vous avez compris qu’il était nécessaire de classer les livres. En effet, il vous avait bien fallu plusieurs longues minutes avant de retrouver l’ensemble de ceux que les deux élèves professeurs vous demandaient de chercher.

Dans une seconde séquence, Jeudi, vous avez été invités à classer des livres. Vous avez pu découvrir, à partir de plusieurs idées de rangement, que certaines étaient possibles, d’autres difficiles, d’autres enfin impossibles.

Dans une troisième séquence, Vendredi, vous avez été invités à vous situer dans la situation d’un client de la bibliothèque. Vous avez été conduits à vous rendre compte, qu’un seul type de classement de livres ne pouvait pas vraiment fonctionner pour

toutes les situations.

Mardi matin nous irons enfin visiter la grande bibliothèque municipale, du centre ville. Nous allons voir comment les livres y sont effectivement rangés. Cette après-midi, avec Virginie, vous allez préparer les questions pour la bibliothécaire qui conduira notre visite.

Pour vous accompagner, il y aura donc, en plus de moi-même, Virginie et Élisabeth. Ce serait bien, je me répète un peu, si un grand frère, une grande soeur, ou même un de vos voisins particulièrement intéressé, pouvait se joindre à nous.

Une dernière information : Mardi après-midi, l’association “mille feuilles”, nous proposera une animation sur le thème des déchets du papier. Ils reviendront sur ce même thème, mardi prochain.

Pour terminer, je voudrais dire encore, combien j’ai pu apprécier ces récréations que les grands préparent par des jeux pour les petits. Comme j’apprécie aussi lorsque les élèves des autres années viennent dans notre classe présenter des petits spectacles de théâtre qu’ils ont préparés absolument seuls.

J’aime beaucoup lorsque des enfants s’organisent vraiment seuls pour jouer, pour faire des choses, car cela signifie qu’ils sont en bon chemin, et qu’ils ont compris l’une des choses essentielles qu’ils devaient apprendre à l’école. Apprendre et enseigner : chacun est invité à le faire, et chacun peut commencer, dès aujourd’hui.

Lundi 16 Décembre 1996...

Quinzième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Nous terminerons les contrôles, probablement aujourd’hui, puisque nous n’avons pu les conclure la semaine dernière. Ceci signifie que les visites et rencontres avec les parents, pour les bilans, auront lieu en Janvier.

Vous avez pu voir combien la bibliothèque municipale était bien achalandée : les livres y étaient nombreux et très bien rangés. Jamais, sans doute, notre bibliothèque, notre B.C.D, ne sera aussi jolie. Il reste, qu’afin d’avoir davantage de livres, et de matériel pour les ranger, il nous faudrait écrire, soit au maire, soit au chef du projet quartier, soit peut-être encore à l’Inspecteur d’ Académie, soit au responsable de la Zone d’ Éducation Prioritaire. Peut-être même à ces quatre personnes. Virginie revient Mardi, en fin d’après midi, pour vous faire travailler la rédaction de lettres.

Ce même Mardi, mais en début d’après-midi, l’association “mille feuilles “ reviendra nous voir. Cette fois-ci nous allons fabriquer du vrai papier.

Vendredi matin, nous “petit déjeunerons” en classe. Nous essaierons de tenir compte des choses que nous avons apprises à ce sujet, sur l’équilibre nutritionnel, au centre social de Beaulieu, lors de notre visite de l’exposition sur la nourriture.

En plus des contrôles à terminer, il nous reste, cette semaine, plusieurs choses à faire.

1/ Terminer nos envois à la classe de La Fouillouse. Il faudrait que chacun ait terminé son affiche et son livret.

2/ Essayer d’avancer un maximum dans la lecture de la vie de Louis Braille.

3/ Ranger notre classe, nos bureaux, nos casiers et nos dossiers, afin d’être fins prêts à aborder le second trimestre.

4/ Mettre, lors d’un conseil de classe, en place nos projets pour le second trimestre.

5/ Faire le point sur le travail qui reste à faire pendant l’année scolaire.

Et puis, nous allons entrer dans les vacances de Noël. Savez-vous que la fête de Noël, le 25 Décembre, signifie pour les chrétiens la naissance du Christ, il y a, à peu près, 1997 ans ? Cet événement est relaté dans la Bible chrétienne. C’est pourquoi, lorsque nous allons nous retrouver en Janvier, nous serons en 1997.

Au fait, savez-vous également en quelle année sommes-nous selon le calendrier musulman ? Savez-vous quand s’opère, selon ce calendrier, le changement d’année ? Et quel événement est célébré en cette occasion ? Nous aurons peut-être l’occasion d’en parler dans une prochaine lettre. Ce serait bien, si d’ici là, quelqu’un d’entre vous pouvait nous ramener la réponse, en demandant à ses parents.

Enfin en Janvier nous commençons le cycle piscine, deux fois par semaine. Nous aurons également, toujours en Janvier, une rencontre USEP en cross.

Lundi 6 Janvier 1997...

Seizième lettre à la classe.

Nous sommes donc en 1997. Bonjour à tous et meilleurs voeux de nouvelle année à chacun de vous et à tous les vôtres. Loubna nous explique dans une lettre que dans le calendrier musulman l’année qui vient est 1418. Le point de départ du calendrier musulman est l’hégire qui signifie émigration. En effet, Mahomet le prophète de la religion musulmane s’installa en 621 à Médine. C’est à partir de là que sont comptées les années dans le calendrier musulman. Je remercie donc Loubna pour son travail et son information. Elle a répondu à ce que j’ avais demandé lors de la lettre précédente.

J’espère que vous avez passé de bonnes vacances à vous reposer. Nous allons maintenant faire le point à l’aube de ce deuxième trimestre.

Les choses essentielles que nous allons étudier seront :

-En mathématiques : compter jusqu’aux centaines de mille, apprendre la multiplication simple, apprendre les tables, comprendre le sens des quatre opérations : ajouter et soustraire, multiplier et diviser

-En grammaire : différencier les trois principaux groupes de la phrase : sujet, verbe complément. Distinguer divers éléments du groupe nominal : le déterminent, le nom l’adjectif qualificatif.

-En vocabulaire ou orthographe : continuer à apprendre à se servir du dictionnaire.

-En orthographe : apprendre à réfléchir pour écrire sans erreurs.

-En écriture : apprendre à écrire de beaux textes qui expriment vraiment ce que nous voulons dire.

-En lecture : lire en comprenant ce qu’on lit. Lire en exprimant aux autres à haute voix ce que le texte nous fait ressentir.

-En géographie : continuer l’apprentissage de la lecture des cartes. Connaître mieux le relief de la France et la connaissance du globe terrestre et des divers continents.

-En sciences et techniques : nous allons continuer notre travail d’étude de l’environnement avec l’association “Mille feuilles “. Et pour commencer ce Mardi, en début d’après-midi, l’association “Mille feuilles “ reviendra nous voir. Cette fois-ci nous allons travailler sur les déchets, puis nous aborderons d’autres thèmes encore.

Enfin, je rappelle que nous commençons le cycle piscine, aujourd’hui. Il aura lieu deux fois par semaine. Nous aurons également, pendant ce mois de Janvier, une rencontre USEP en cross. Il nous faut encore préparer un résumé de l’histoire de Louis Braille pour nos correspondants du défi lecture : la classe spéciale pour les élèves nouveaux arrivants de l’école de Montchovet. Il nous faut envoyer nos lettres aux correspondants. La visite des parents pour établir les contrats d’alliance, que nous n’avions pu composer la dernière semaine d’école avant les vacances, est reportée à la semaine prochaine.

Lundi 13 Janvier 1997...

Dix-septième lettre à la classe.

Trois élèves professeurs, parmi les cinq qui sont venus dans la classe pendant la semaine passée, vont demeurer avec nous encore quelques temps. De fait, ces élèves professeurs resteront avec nous pendant plus de quinze jours.

Il s’agit de Catherine, Patricia, et Annick qui sont élèves en deuxième année d’ IUFM. Elles auront terminé leurs études à la fin de cette année scolaire, et, deviendront alors professeur des écoles, c’est à dire qu’elles pourront exercer leur métier, l’année prochaine, dans une école.

Comme vous, ces élèves professeurs ont des sortes de contrats d’alliance, trois points principaux à travailler pendant leur stage à l’ école et dans la classe.

Je suis vraiment content et un peu fier, -même, et surtout, si c’est un peu encore un secret pour beaucoup -, que, l’idée de ces contrats ou alliances en trois points, qui aujourd’hui servent donc aux élèves professeurs, dans leur formation professionnelle, soit venue indirectement de cette classe où nous les pratiquons depuis deux ans. Monsieur Durousset a présenté cette idée a des professeurs de l’IUFM et elle a été adoptée.

Aujourd’hui, les CM1 de monsieur Bariot et monsieur Durousset, et les CM2 de monsieur Vivier et madame Maurin, ont également constitué des contrats d’alliance en trois points. Cela me fait vraiment plaisir, que cette idée soit reprise, car cela signifie que nous n’avons pas, dans cette classe, travaillé en vain les années précédentes, même si ce ne fut pas toujours facile sur le moment de s’en rendre compte.

Monsieur Durousset m’expliquait, vendredi soir, qu’une élève de sa classe de CM1, Imelle, était triste car sa maman, un peu malade, ne pouvait venir à l’école. Alors Imelle et sa maman, ont rédigé seules et ensemble le contrat d’alliance et l’ont ensuite proposé à monsieur Durousset qui l’a trouvé étonnamment bien construit.

Ceci m’a rendu très heureux également, car cela signifie que cette élève qui était dans ma classe l’année dernière, est à présent capable, en réfléchissant sur son propre travail , de comprendre ce qu’elle en train d‘apprendre et comment progresser. Elle se prépare bien ainsi au collège où, dans deux ans, elle devra savoir s’organiser seule.

Cela me fait penser que nous allons nous rencontrer avec vos parents, grands frères, ou grandes soeurs, tout au long de cette semaine, à partir de Jeudi soir. Les routes pour aller chez moi étant encore verglacées, le soir, j’ai préféré reporter encore donc en milieu de semaine le commencement de ces visites. Nous avions déjà dû reporter deux fois les dates, et c’est la troisième, alors nous nous devons absolument de rédiger ces contrats, à présent. Même si c’est un peu difficile à cause du Ramadan qui vient de commencer. J’espère cependant que quelqu’un de votre famille pourra quand même venir. J’ai donc établi un calendrier des visites que je vais vous proposer et qu’il faudra que vous soumettiez ensuite à vos parents pour voir s’il leur convient.

Entre temps, réfléchissez seul, déjà à ce qui pourrait être, pour ce trimestre, chacun des trois points de votre contrat d’alliance.

Lundi 20 Janvier 1997...

Dix-huitième lettre à la classe.

Catherine, Patricia, et Annick vont, de plus en plus souvent et longtemps, agir dans la classe. J’espère donc que, non seulement vous aimerez ce qu’elles vous présenteront et surtout que vous serez en tous points exemplaires. Monsieur MARCHAND, venu vous filmer Vendredi après-midi, m’a dit qu’il vous avait trouvé un peu dispersés, mais qu’il croyait cependant que vous seriez capables de réaliser le projet que les élèves professeurs justement vous ont présenté. J’espère que nous aurons le temps de regarder des images, pour nous améliorer, car monsieur MARCHAND va venir d’autres fois encore dans la classe.

Rappelons les grandes lignes de ce projet : L’objectif est de présenter à la maternelle et puis, dans la B.C.D, pour les CE1 et les CP, Mardi 28 Janvier au matin, quatre livres, sous des formes différentes de présentation. Un groupe ferait une exposition, avec Patricia ; un autre groupe ferait du théâtre, avec Catherine ; un troisième groupe rapporterait l’histoire sous la forme d’un texte rythmé, à la manière des bateleurs de foire, avec Annick ; enfin, le dernier groupe, créerait des chansons, avec moi. Il s’agit donc de présenter quatre ouvrages différents.

Pour parvenir à ce résultat nous avons installé, entre vous et nous, une situation vraie de communication orale et écrite. Chaque maître vous a raconté, alors que vous étiez par petits groupes de trois ou quatre élèves, une histoire que vous avez dû ensuite, après avoir pris des notes, raconter à un autre maître qui ne la connaissait pas.

Ainsi donc, les différentes présentations se construisent avec des maîtres qui ne connaissent toujours pas, pour l’instant, le livre sur lequel ils travaillent avec vous et que vous seuls avez pour l’instant vraiment vu. Nous avons ainsi installé une forme de communication proche de celle de nos ancêtres, du temps où les téléphones, ordinateurs, radios, télévisions n’existaient pas. Ceci est vraiment très différent de cette conférence sur Internet que le chanteur Michel POLNAREFF, depuis Los Angeles, a tenu avec des habitants du monde entier, et la ville de Saint-Étienne, et, dont je vous avais fait lire la présentation dans un article de journal.

J’espère donc que nous allons bien réussir ce projet. Nous allons donc, à présent, devoir avancer plus, dans ce travail qui demandera, à chacun, beaucoup de volonté, d’application et de concentration. Pensez à ce que je vous ai dit Vendredi sur la bienveillance; elle est comme une lumière qu’on allume et qui permet de voir toutes les choses que, dans l’obscurité, sans elle, il est impossible de discerner.

Je remercie les parents d’être venus malgré la fatigue du ramadan pour l’élaboration des contrats d’alliance, et je me réjouis d’avoir vu pour l’instant dix familles, il en restera encore cinq, qui, je l’espère viendront aujourd’hui.

Je voudrais terminer sur une note d’espoir. Nous avons suivi les sauvetages du français Thierry DUBOIS et de l’anglais Tony BULIMORE, dans la course du Vendée challenge, et voici qu’à présent, un avion aurait reçu un court message du canadien Gerry ROUFS, non loin des côtes chiliennes. Hier matin un autre avion, argentin a cru voir un bateau non encore identifié. Espérons qu’il s’agisse de Groupe LG, nom de son bateau, et que Gerry ROUFS soit aujourd’hui sain et sauf, qu’il pourra être sauvé.

Lundi 3 Février 1997...

Vingtième lettre à la classe.

Catherine, Patricia, et Annick 3468 sont reparties. Il s’agissait du dernier stage long d’élèves professeurs pour cette année.

Nos représentations à la maternelle et puis, dans la B.C.D, pour les CE1 et les CP, Mardi 28 Janvier au matin, ont été filmées. Ce sont-elles bien passées ? Nous avons observé en les visionnant attentivement que des progrès nous restent à faire, tant dans le domaine de concentration que de celui du travail technique de la voix et des gestes.

Nous enverrons le film de la dernière représentation aux correspondants de la Fouillouse. Monsieur Croizier était très heureux de nos envois précédents, et il nous a envoyé un petit film complétant leur dernier envoi sur le sujet des châteaux forts.

Ce serait bien, je crois, comme vous l’avez souhaité, que nous tentions à présent de construire un petit spectacle pour la fin d’année. Qu’en pensez-vous? La vie de Louis Braille serait un bon sujet, mais nous pouvons choisir un autre sujet. Je vous ai apporté à ce propos un livre relatant la vie d’Helen KELLER, enfant sourde muette et aveugle, dont je vous lirai le récit dans le cadre des histoires vraies du matin.

Il nous reste à présent à rédiger l’album pour la classe de Montchovet sur la vie de Louis Braille. À ce sujet, je dois m’excuser auprès de vous à propos d’une erreur que j’ai faite dans une lettre précédente. Cette classe n’est pas une classe de nouveaux arrivants mais une classe d’élèves en difficulté scolaire. J’ai simplement confondu deux sigles (CLIS et CLIN) pour définir ce genre de classe. La CLIN (classe d’intégration nationale) est une classe de nouveaux arrivants en France. La CLIS (classe d’intégration scolaire) est une classe d’intégration scolaire pour des enfants en difficulté. La classe de Montchovet est donc une CLIS et non une CLIN. Les CLIN sont d’ailleurs pratiquement en voie de disparition en France.

Les résultats de la rencontre USEP cross, m’ont été communiqués par Raymond Faure, la maîtresse du CE2 de Gounod. L’équipe des garçons a fini deuxième sur les trois écoles, quant aux filles, elles ont finies dernières, c’est à dire troisième. Ce n’est pas grave car l’essentiel est de participer.

Nous allons participer Jeudi matin au cross cantonal, il nous reste mardi matin pour effectuer un dernier entraînement.

Nous sommes heureux enfin d’accueillir le retour parmi nous de Nesrine qui s’était cassée la clavicule. Il faudra d’ailleurs que ses parents passent prochainement pour que nous rédigions le dernier contrat d’alliance qu’il nous reste à rédiger.

Je voudrais terminer en vous rappelant que pour le canadien Gerry ROUFS l’angoisse et la tristesse ont à nouveau remplacé l’espoir. Il semblerait que le message reçu il y a quinze jours ne soit pas formellement identifié. J’ai retrouvé dans une revue les pages de son journal de bord, qu’il retransmettait depuis on ordinateur de bord sur Internet. Son dernier message date du 7 Janvier. Gardons espoir donc malgré tout en pensant à sa femme et à sa petite fille.

Lundi 10 Février 1997...

Vingt et unième lettre à la classe.

Donner le meilleur de soi-même ....

Catherine, Patricia, et Annick nous ont écrit. Elles nous demandent de leur répondre, sur nos projets. Chacun de nous donnera-t-il le meilleur de lui-même pour réussir un petit spectacle ?

J’ai prêté le livre de Helen KELLER à madame FERCHICHI qui était très intéressée par cette histoire. Helen KELLER et sa maîtresse, Madame SULLIVAN, ont donné le meilleur d’elles mêmes. Et, Helen KELLER, sourde, muette, aveugle, est sortie de son isolement, elle a pu communiquer avec les hommes, écrire des livres donner des conférences dans le monde entier.

Le 19 Février madame FERCHICHI part en retraite. Nous avons décidé, dans l’école de lui faire une surprise. Certains d’entre vous ont écrit des poèmes et des chansons. C’est bien. Il nous reste une semaine pour nous préparer en secret, car il faut qu’elle ne sache rien d’ici là pour que ce soit une vraie surprise.

Cela me fait plaisir de voir que chacun de vous donne le maximum pour que madame FERCHICHI garde un bon souvenir de sa dernière journée à l’école.

Elle a fait un métier difficile, et qui lui a demandé beaucoup de temps et d’efforts. Avant que vous ne vous leviez, souvent même avant que le jour ne se lève, c’est elle qui, de bonne heure, à l’école, nettoie tout, pour que tout soit fin prêt quand vous arriverez à l’école. Et, c’est elle encore qui revient et reste tard le soir à travailler longtemps dans l’école lorsque tous les maîtres, et tous les élèves sont partis.

Parfois, je me souviens de l’avoir trouvée fatiguée, assise, se reposant un petit peu. Mais courageuse, elle aussi, a toujours donné le meilleur d’elle même pour que notre école soit toujours propre et agréable.

J’ai été très content également bien sûr de la victoire surprise de Farid B, au cross cantonal, mais j’ai été plus heureux encore de chacun de vous qui avez tous fait le maximum. Vous aussi avez donné le meilleur de vous-mêmes.

Car comme le disait le baron Pierre de COUBERTIN qui fonda en 1896 les jeux olympiques modernes : l’essentiel est de participer.

“DONNER LE MEILLEUR DE SOI-MÊME” : Tel pourrait être un mot d’ordre de cette deuxième partie de l’année. Donner le meilleur de soi c’est savoir garder pour soi ce qui peut déranger ou faire mal inutilement, c’est réfléchir avant de parler ou de faire pour que les autres reçoivent de nous ce qu’il y a vraiment de mieux.

Alors, il se pourrait que notre fin d’année devienne très belle et que chacun et que tous nous fassions des progrès importants. Puisse le souvenir de madame FERCHICHI nous aider dans ce sens.

Très bonne semaine à chacun. Le maître de la classe : Antoine Caballé.

Lundi 17 Février 1997...

Vingt-deuxième lettre à la classe.

Bonjour à tous. Les vacances de Février approchent, il reste seulement deux jours de classe; nous sommes au milieu de l’année scolaire. Aujourd’hui je voudrais vous parler de la mémoire, de l’importance de la mémoire. Pendant ces courtes vacances, souvenez-vous de ce que nous avons fait en classe, de ce que nous avons appris, de ce qu’il nous reste à apprendre car la mémoire est essentielle pour apprendre. On n’apprendrait rien sans mémoire. Mais la mémoire n’est pas seulement importante pour apprendre. Elle essentielle pour comprendre et donner du sens aux choses de la vie. Aujourd’hui ce matin , vers neuf heures, plus de cent bateaux, et une foule nombreuse, vont accueillir, aux sables d’Olonne, l’arrivée victorieuse de Christophe AUGUIN, vainqueur après cent- six jours de navigation, un temps record, du Vendée globe. Nous, nous voulons nous souvenir de Gerry ROUFS. Et ne pas oublier. Comme nous voulons ne pas oublier également madame FERCHICHI qui part en retraite et dont voici le texte de la chanson que nous lui dédions et que nous allons lui chanter avec tout notre coeur, Mardi, pour lui dire au revoir..

Madame FERCHICHI

Quand vous serez partie

On vous regrettera

Quand vous ne serez plus là ...

Madame FERCHICHI

On vous dit : “merci”...

Les jours de cafard

Revenez nous voir

On vous fera du thé

Quand vous reviendrez

Les maîtres, les enfants

Seront bien contents ...

On n’oubliera pas

Quand on grandira

Le bon temps passé ...

Quand vous travailliez

Madame FERCHICHI

Vous êtes si gentille

Alors on vous souhaite

Une bonne retraite ...

En France, à Paris ...

Ou en Tunisie ...

Avec vos enfants

Et petits enfants ...

Madame FERCHICHI

Quand vous serez partie

On vous regrettera

Quand vous ne serez plus là ...

Madame FERCHICHI

On vous dit : “merci”...

La classe du CE2, au nom de toute l’école...

Lundi 3 Mars 1997...

Vingt-troisième lettre à la classe.

Bonjour à tous.

Les vacances de Février sont terminées, et j’espère qu’elles se sont bien passées pour vous tous ; la deuxième moitié de l’année scolaire commence, donc à présent.

Je suis allé aux Pays-Bas, le pays de Hans BRINKER, pendant ces courtes vacances; il s’agit du pays natal de mon épouse qui s’appelle Iny. J’ai fait beaucoup de vélo et j’ai un peu travaillé avec Thomas. Je l’ai un peu aidé donc dans ses révisions. C’est la première fois que je fais la classe de même niveau, que celle où va mon fils. Cette chose ne se reproduira sans doute pas. Aussi, à travers les difficultés de Thomas, ses réussites, ses échecs, j’essaie de comprendre les difficultés que vous pouvez éprouver vous aussi.

Pour cette deuxième partie de l’année je vous propose que nous construisions ensemble un tableau des principales choses que nous avons à apprendre dans l’année du CE2.

Chaque fois que le maître ou la maîtresse vous le diront, ou que vous penserez en vous-même, avoir fait un progrès dans cette chose, vous mettrez une couleur dans ce tableau. Ainsi, vous pourrez noter votre progression, de noir, à blanc, en passant par rouge, jaune, et vert suivant les couleurs de la notation qui sert déjà, dans la classe, à évaluer vos résultats et votre travail.

Pour prendre le seul exemple de la partie des maths que je traite moi-même avec vous, l’ensemble des choses, que nous avons à apprendre dans cette matière, sont celles-ci :

Maths opérations :

-savoir faire une addition sans retenue

-savoir faire une addition avec retenue ....

-savoir faire une soustraction sans retenue

-savoir faire une soustraction avec retenue ...

-savoir faire une multiplication avec un chiffre au multiplicateur

-savoir faire une multiplication avec plusieurs chiffres au multiplicateur

-savoir utiliser une calculette

Maths numération : -savoir compter, classer et écrire les nombres jusqu’à cent.

-savoir compter, classer et écrire les nombres jusqu’à mille.

-savoir compter, classer et écrire les nombres jusqu’à neuf cent quatre-vingt dix neuf mille neuf cent quatre-vingt dix neuf.

Maths problème :

-savoir résoudre et composer un problème avec l’opération +

-savoir résoudre et composer un problème avec l’opération -

-savoir résoudre et composer un problème avec l’opération x

-savoir résoudre et composer un problème avec l’opération :

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations + et -

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations + et x

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations + , - et x

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations + et :

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations +, - et :

-savoir résoudre et composer un problème avec la combinaison des opérations +, -, : et x

Maths calcul mental rapide :

- savoir les tables + (et savoir l’utiliser pour la soustraction rapide).

- savoir les tables x (et savoir l’utiliser pour la division rapide).

-faire de tête rapidement toutes sortes d’opérations.

Ceci n’étant qu’un exemple donc, nous allons faire la même chose pour toutes les matières.

J’avais encore beaucoup de choses à vous dire, j’en parlerai dans une prochaine lettre. Une dernière information : nous ferons les contrôles la semaine prochaine. Très bonne semaine à tous et à chacun.

Lundi 10 Mars 1997...

Vingt-quatrième lettre à la classe.

Bonjour. Les contrôles du deuxième trimestre commencent donc aujourd’hui, et, ils se poursuivront demain, puis Jeudi et Vendredi avec la maîtresse. Je ne sais pas encore s’il sera nécessaire de les poursuivre encore la semaine suivante. J’espère que vous allez bien les réussir. Avant chaque contrôle, nous noterons ensemble, en guise de révision, pour chaque matière, le tableau dont je vous ai parlé la semaine dernière, dans la lettre précédente. Ce tableau récapitule, en chaque matière, l’ensemble des choses à apprendre.

Deux autres informations, avant de vous quitter :

-1 J’ai écrit à Coupvray à la maison natale de Louis Braille, transformée en Musée. Il faut maintenant attendre la réponse, pour connaître les renseignements concernant le prix, les transports, l’intérêt du musée ... dans la perspective d’un possible voyage en fin d’année.

-2 Voici le texte de la chanson écrite en 1970 et que vous avez décidé d’apprendre :

J’entends, j’entends

Les tambourins et les crécelles

On a sorti

Les vieux chapeaux

Et les dentelles ...

On a sorti

Les vieux chapeaux

Et les dentelles ...

C’est un pays qui se réveille ...`

C’est ce pays le plus joli ...

Sur les frontières

Construites hier, passe son cri ...

Brisant les chaînes,

Nées de la haine

Et de la nuit ...

Brisant les chaînes,

Nées de la haine

Et de la nuit ...

C’est un pays qui se réveille ...`

C’est ce pays le plus joli ...

J’entends, j’entends

Les tambourins et les crécelles

Comme l’enfant

Qui vient de naître,

Tout l’émerveille ..

Comme l’enfant

Qui vient de naître,

Tout l’émerveille ..

C’est un pays qui se réveille

C’est ce pays qui vient ici ...

Lundi 17 Mars 1997...

Vingt-cinquième lettre à la classe.

Bonjour. Nous espérons terminer aujourd’hui les contrôles. J’espère que vous allez bien les réussir.

Les consignes pour ces derniers contrôles sont dans cette lettre. À vous de bien lire.

- 1 En lecture compréhensive .

-a Résume le livre sur la vie de Louis Braille “L’enfant de la nuit “.

-b Écris “enfant de la nuit” en alphabet Braille

-c Quels sont les noms des principaux personnages de l’histoire et en une phrase le rôle qu’ils jouent dans celle-ci ?

-d Trouve dans le dictionnaire les définitions de trois mots difficiles, en indiquant pour chaque mot le numéro de la page du livre où il se trouve, le numéro de la page du dictionnaire où tu l’as retrouvé pour la définition.

-e Quel est le nom de l’outil qui blessa Louis Braille ?

-f À quel âge devint-il aveugle ?

-g Quel est le nom de la ville où est né Louis Braille ?

-h De quoi est mort Louis Braille ?

-i Quel était le métier de son papa, et que signifiait-il ?

-j À part l’ alphabet, Louis avait une autre passion, laquelle ?

-k Pourquoi Louis a-t-il des difficultés à faire accepter son alphabet?

-l Quelles grandes leçons tires-tu de cette histoire ?

2 En grammaire.

-a Écris une phrase avec seulement un verbe.

-b Écris une phrase avec un sujet et un verbe.

-c Écris une phrase avec un sujet, un verbe et un complément.

-d Écris une phrase avec un sujet, un verbe, un complément essentiel et un complément circonstanciel.

-e Cite un exemple de nom propre, un exemple de nom commun et un exemple de déterminant.

3 En problème.

Tu lis la fiche que le maître t’a distribuée et tu réponds.

4 En géographie.

Tu reproduis la carte de France et, en comparant avec la carte affichée au tableau, tu signales quelques informations sur les lieux.

5 En science naturelle ou biologie

. Après avoir reproduit le pantin du corps humain en double exemplaire, tu cherches à retrouver seul le nom des différents organes et des différents os du squelette.

Dernières informations, avant de vous quitter :

-1 Vous avez participé au dialogue téléphonique avec le musée de Coupvray à la maison natale de Louis Braille. Le problème majeur est celui du plan de protection contre les attentats encore en vigueur et qui déconseille aux classes de prendre le train. J’espère que nous surmonterons tous les obstacles.

-2 La rencontre USEP aura lieu le jeudi dix Avril dans notre école. Quatre types d’activités sportives seront au programme : Football, hand, basket, rugby. Il va falloir donc nous entraîner.

Lundi 24 Mars 1997...

Vingt-sixième lettre à la classe.

Bonjour à tous. Nous avions parlé du ramadan musulman, nous pouvons parler de la fête de Pâques, fête chrétienne. Cette fête aura lieu à la fin de cette semaine, elle est la fête de la résurrection du Christ; on retrouve une fête semblable et plus ancienne chez les juifs, fête appelée Pessah (qui signifie être passé), qui commémore la sortie d’Égypte du peuple d’Israël conduit par Moïse. Cette fête juive aura lieu du 22 au 29 Avril.

Les juifs ne croient pas que Jésus soit le messie qu’ils attendent encore, et, c’est pourquoi, la fête de la Pâque plus ancienne a pour eux une autre signification. Quant aux musulmans, ils connaissent Jésus. Mais, alors que pour les chrétiens, Jésus est le fils de Dieu, les musulmans ne le considèrent que comme un prophète. Les musulmans ne croient pas que Jésus soit mort et ressuscité. Ils pensent que Dieu l’a enlevé directement au ciel.

Vous êtes encore petits pour bien comprendre ces choses, mais j’ai décidé d’essayer de vous les expliquer un peu. Sachant que cela ne peut que vous aider à un peu mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et ce que croient les hommes et les femmes qui y vivent.

La plus vieille des ces trois religions est donc la religion juive. On considère parfois qu’elle commence environ mille cinq cents ans avant Jésus Christ, avec Moïse. Si nous la faisions commencer à Abraham elle naîtrait environ deux mille ans avant Jésus-Christ. La religion chrétienne commence avec la venue du Christ, qui est né donc vers l’an zéro du calendrier chrétien. Quant à l’Islam il se développe à partir du septième siècle après Jésus-Christ. Chrétiens et juifs lisent la Bible. La Bible chrétienne comprend toute la Bible juive qu’elle appelle l’Ancien Testament plus le Nouveau Testament qui parle donc de Jésus et de la naissance de l’église. Quant aux musulmans leur livre sacré s’appelle le Coran. Ces trois religions dites les trois religions du livre, parlent donc souvent des mêmes personnages, car le Coran cite des personnages de la Bible. La Bible est écrite par beaucoup d’auteurs différents alors que le Coran dont le mot en langue arabe (Qu’ran) signifie “récitation” a été écrit sous “la récitation” de Mahomet, prophète de l’Islam. Je crois qu’il n’est pas inutile que vous sachiez ces choses. Mais le plus important de la foi de chacun, de chaque homme se joue au fond du coeur de chacun, je crois qu’il faut accueillir et respecter l’intimité de cette liberté profonde dans la paix.

Mardi 1 Avril 1997...

Vingt-septième lettre à la classe.

Bonjour. J’ai appris, ce matin, qu’au temps du roi de France Charles IX (1550-1574), l’année commençait le premier Avril. Le premier Avril, puisque l’année commençait, ce jour-là donc, tout le monde se faisait des cadeaux. Mais l’année commençant bientôt le premier Janvier, à la tradition des cadeaux, a succédé celle des blagues, des farces. On invitait quelqu’un pour la nouvelle année qui avait déjà commencé en réalité depuis trois mois bien sonnés. Et si celui-ci était un peu distrait, il recevait l’invitation sans se rendre compte qu’il s’agissait d’une blague. Ainsi, depuis Charles IX, est-il de tradition, le premier Avril, de faire des blagues à son voisin. On s’accroche depuis souvent des poissons dans le dos. On s’annonce toutes sortes de fausses nouvelles.

Je me souviens encore, lorsque j’étais petit, ainsi, d’avoir lu dans les journaux, d’un premier Avril, que la tour Eiffel avait disparu, ou encore que le soleil avait oublié de se lever, ou enfin que des hommes avaient marché sur Mars, et toutes sortes de balivernes.

Quant à moi aujourd’hui, rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter des sornettes, mais vous donner quelques vraies informations.

À partir de Jeudi, après la classe, nous recevons les parents pour les contrats d’alliance à l’approche du dernier trimestre de l’année scolaire. Ces visites se poursuivront Vendredi et Lundi. Chacun de vous recevra aujourd’hui, l’heure et la date de son rendez-vous.

J’ai reçu des informations concernant le voyage à Coupvray. Le prix du voyage en train est assez élevé, il va falloir que nous écrivions à plusieurs organismes pour avoir des aides. J’ai photocopié les documents qui nous donnent l’horaire des T.G.V, et les tarifs. J’ajoute encore à ce sujet, que je suis heureux d’avoir reçu des photos de Coupvray, du musée de la maison natale de Louis Braille. À présent que nous avons défini le rôle de chacun d’entre vous, il nous reste à écrire et répéter la pièce de théâtre que nous essaierons de monter.

Nous avons reçu également une lettre de la mairie de Saint-Étienne qui nous donne de l’argent pour la B.C.D, et qui nous propose d’avoir du mobilier. J’espère que nous allons pouvoir réaliser notre rêve. J’ai également photocopié cette lettre de la mairie.

Lundi 7 Avril 1997...

Vingt-huitième lettre à la classe.

Bonjour.

Nous abordons la dernière semaine avant les vacances de printemps.

J’espère que cette semaine sera belle, car nous avons de nombreux projets en cours. Les visites de parents se poursuivent, il me reste cinq parents à voir, j’espère qu’ils viendront tous ce soir.

Au cours de ces visites j’ai appris beaucoup de choses, j’ai surtout appris à connaître vos familles, et je trouve chacune vraiment très sympathique. Ainsi la cousine de Selçuk qui vit en Suisse à Genève et qui est en CE2, est venue, car elle était en vacances, et elle a promis d’aider Selçuk à mieux travailler. Ainsi, j’ai aussi appris que la soeur de Loubna lui a appris le langage des malentendants.

L’occasion pour moi de faire deux rêves : le premier rêve, à partir de Selçuk et de sa cousine, serait que tous les enfants du monde se donnent un jour la main. Le second rêve serait que tous les enfants du monde, bien portants, apprennent dans leurs classes, le langage des sourds ou malentendants, et des aveugles ou des malvoyants. Ce serait bien n’est-ce pas ? Mais ceci, pour l’instant, n’est qu’un rêve, qui, je l’espère se réalisera un jour. Cela serait tellement plus facile pour les personnes handicapées d’aller vers nous, si les personnes qui ne le sont pas faisaient un bout de chemin vers elles.

Bon, je continue en vous rappelant que la rencontre USEP aura lieu Jeudi après-midi. Je vous invite à apporter gâteaux et boissons dès le matin afin que je puisse, à partir de ce que vous apporterez, prévoir éventuellement la nécessité, ou non, d’acheter encore des choses. Merci d’avance aux mamans pour tout ce qu’elles feront.

J’espère que vous pourrez emporter pendant les vacances le texte provisoire de la pièce et, à présent que les différents rôles sont distribués, chacun pourrait alors commencer à apprendre le sien.

Je m’occuperai de la recherche de subventions pour aller à Coupvray, pendant ces vacances, en espérant que nous aurons l’autorisation de l’inspecteur pour ce déplacement.

Enfin, reposez-vous bien pendant ces vacances, mais retenez également votre contrat d’alliance pour le dernier trimestre que vous pouvez commencer ainsi à travailler un peu.

Lundi 28 Avril 1997...

Vingt-neuvième lettre à la classe.

Bonjour. Puisque je vous retrouve aujourd’hui, je tiens à vous dire que j’en suis très heureux, et que j’espère que vos vacances ont été agréables, que vous vous êtes reposés et que vous êtes prêts à très bien travailler.

Le troisième trimestre qui commence à présent, est la dernière ligne droite de l’année scolaire. Ce trimestre sera décisif pour certains d’entre vous, et ils devront bien progresser, bien travailler, pour aborder, l’année prochaine, le CM1 dans les meilleures conditions.

Il me reste les parents de Younes à voir. Je soupçonne Younes d’avoir un peu peur de se faire gronder, et du coup de ne pas avoir vraiment insisté pour que ses parents viennent, car ses résultats du deuxième trimestre ne sont apparemment pas très bons. Si tel était le cas, ce serait très dommage, car le but des rencontres avec les parents n’est pas de vous disputer mais de vous venir en aide. C’est à cela que servent les contrats d’alliance. Je crois aussi avoir dit plusieurs fois dans la classe, que le plus important n’est pas le niveau d’un élève par rapport aux autres élèves, -et c’est pourquoi, il n’y a pas dans la classe de classement-, mais les progrès que chacun fait par rapport à lui même.

J’ai terminé de mettre au propre le texte de la pièce de théâtre sur la vie de Louis Braille dont nous avions terminé l’écriture le dernier jour avant les vacances. Je ne sais pas encore si nous pourrons effectivement aller à Coupvray, en fin d’année, j’aurai je l’espère la réponse définitive vers le quinze Mai, mais je sais que de toutes les façons, quoi qu’il arrive, nous essaierons de jouer cette pièce.

Il nous faudra à partir d’aujourd’hui, répéter un petit moment tous les jours. Il vous faudra mettre tout votre coeur à l’ouvrage pour bien jouer et ne pas vous décourager. Pour l’instant, nous n’avons qu’une petite chanson dans le texte de la pièce, la chanson des parents, mais nous pourrons peut-être, en trouver quelques autres.

Nous allons aujourd’hui, commencer également une nouvelle façon de travailler, avec le livret d’apprentissage qui va vraiment démarrer.

Bon, l’heure est venue de vous quitter, très bonne semaine, et très bon trimestre à tous. Le maître de la classe. Antoine Caballé.

Lundi 5 Mai 1997...

Trentième lettre à la classe.

Bonjour à tous. Je vous dois mes excuses ...

En effet, j’ai retrouvé les deux livres “Le chemin secrets de la liberté” qui avaient, je le croyais sincèrement, disparu ... En réalité, j’avais tout simplement complètement oublié que je ne disposais en réalité que de treize livres. Car, le jour où j’avais emprunté les livres, à la bibliothèque, je n’avais pu en emprunter que treize, au lieu des quinze attendus. Je suis donc retourné Vendredi à la bibliothèque municipale, où j’ai pu disposer de seize livres. Je vous demande pardon, j’ai bêtement pensé qu’un élève avait pu prendre ou oublier de rendre, deux livres alors, qu’en réalité ces deux livres n’avaient jamais été dans la classe. Du coup, nous avons retardé d’une semaine le commencement de la lecture du roman, mais j’espère, que nous saurons rattraper le temps perdu pour terminer ce livre avant la fin de l’année.

Pourquoi ai-je commis cette erreur ? Peut-être parce que je fais trop de choses à la fois. Cela me rappelle que l’une des trois règles de la classe, est la bonne gestion et le respect du matériel. Voyez comme cette bonne gestion est importante, même pour le maître.

J’en profite pour vous signaler que monsieur Durousset a écrit au nom de l’école une lettre de commande pour le matériel de la B.C.D. On lui a confirmé par téléphone,que nous aurions tout le matériel commandé. Ce matériel arrivera probablement en début d’année scolaire prochaine. Nous avons encore droit à 1500 francs de livres, il faudra bien les choisir. Je joins à cette lettre une photocopie de la lettre du directeur.

J’ajoute enfin, la chanson de Louis Braille et de ses amis aveugles, suite à la destruction de tous les livres, au tableau neuf, à chanter sur la même musique que celle des parents, au tableau deux.

La chanson de Louis et de ses amis aveugles :

Si je respire encore, ne dois-je pas mourir ?

Ai-je brûlé mon temps, semé mon avenir ?...

Il faudra bien pourtant me tourner vers la vie ...

Il faudra être fort, pour refuser la nuit,

Ô oui ...

Ne t’en fais pas Louis, nous chasserons ta peine,

Si ton souffle finit, nous serons ton haleine ...

Louis

Si tu respires encore, tu ne dois pas mourir ...

Lundi 12 Mai 1997...

Trente et unième lettre à la classe.

Bonjour à tous ...

Deux enfants albanais, Laerti et Clara, frère et soeur, sont donc restés un temps avec nous, Vendredi matin. Ils repartiront aujourd’hui ou demain sans doute pour une autre école. L’occasion pour moi de dire merci à tous ceux d’entre vous qui les ont si bien accueillis. Particulièrement à Nesrine qui leur a, gentiment et spontanément, offert un compact-disque. Je vous donne le texte provisoire encore de ce qui pourrait être la troisième et dernière chanson du spectacle.

La chanson finale :

Au clair de la terre ...

Louis nous a dit ..

L’aveugle, ton frère ...

Guidera ta nuit ...

Au clair des musiques,

Nous voulons aussi ...

Pousser le portique

Du jour vers la nuit ...

Enfants de lumière ...

Enfants de la nuit ...

Enfants de la terre

De tous les pays ...

Tout autour du monde,

Le jour est venu ...

D’entrer dans la ronde ...

D’inclure les exclus ...

Au clair de la terre ...

Notre ami Louis ...

Passa la frontière

Entre jour et nuit ...

Au clair des musiques...

C’est à notre tour

D’ouvrir ce portique

Entre nuit et jour ...

Au clair de la terre ...

Louis nous a dit...

L’aveugle ton frère

Guidera ta nuit ...

Savez-vous que ce chemin se poursuit encore, aujourd’hui ? J’ai appris hier que monsieur David BLINCKET, le tout récent ministre de l’éducation du tout nouveau gouvernement travailliste de Grande Bretagne de monsieur Tony BLAIR, est un homme aveugle.

Mercredi 21 Mai 1997...

Trente-deuxième lettre à la classe.

Venir à l’école un mercredi est assez rare, pour que cela soit souligné. En effet, nous venons de passer le week-end de la Pentecôte, et, ne pas venir Mardi, devait permettre à certains de prolonger leur séjour dans un lieu hors de la ville. Cela s’appelle faire le pont.

Je vous rappelle que vous allez à la Perrotière demain, avec madame Maurin, et que les contrôles du dernier trimestre commencent donc dès aujourd’hui, qu’ils se poursuivront Vendredi avec la maîtresse, avant de se terminer, avec moi, très probablement en tout début de semaine prochaine. Ces contrôles sont vraiment très importants, en particulier pour ceux d’entre vous pour qui la question du passage en CM1 ou du maintien en CE2 se pose encore. (Yassin, Younes, Zohra, Selçuk, peut-être même Nesrine). Il faudra donc bien se préparer et réviser à partir surtout de votre tableau d’apprentissage. Chacun de vous peut évaluer individuellement où il en est, et, ainsi, se situer, avant de programmer seul, ou avec l’aide du maître, ou de la maîtresse, le lieu privilégié de ses révisions, de ses efforts. J’espère, pour les élèves concernés, comme l’année dernière où tous les élèves étaient passés en CM1, que vous allez bien réussir vos derniers contrôles et que vos résultats feront pencher la balance du côté du passage en classe supérieure.

Pour finir deux choses encore :

-Le voyage à Coupvray semble se préciser. J’ai réservé 25 places pour le cas où des parents ou des grands frères ou grandes soeurs voudraient bien nous accompagner. Pour l’instant les prix sont ceux indiqués sur le nouveau tableau que je vous ai distribué aujourd’hui. Remarquez que les horaires de départ et d’arrivée ont changé. Pour ce qui est du prix définitif que chacun aura à payer, tout dépendra du montant de la subvention ZEP. Je devrai être fixé en fin de semaine prochaine. Il reste encore à recevoir l’autorisation de l’Inspection. J’ai eu un contact téléphonique avec le Conservateur du musée, je vous parlerai de ce que nous nous sommes dits, dans une prochaine lettre lorsque nous serons, comme je l’espère, tout à fait sûrs de nous rendre à Coupvray.

-Enfin, lors d’une réunion avec les maîtres, il a été demandé que désormais les sorties de classes se fassent en groupes. En effet, certains enfants du deuxième étage vont déranger les enfants des classes du premier étage. Il faudra donc bien me faire penser à vous dire de plier les affaires cinq minutes avant la sonnerie.

Mardi 27 Mai 1997...

Trente-troisième lettre à la classe.

Le voyage à Coupvray est maintenant autorisé, nous avons reçu l’autorisation, je vais quand même demander à chaque famille la somme de cent francs pour une participation aux divers frais, et aussi pour aider à payer les places des éventuels accompagnateurs.

Nous avons réservé 25 places dans le T.G.V. et nous pourrions déjà pour commencer, j’ai pensé, inviter monsieur MARCHAND pour qu’il nous filme.

Le Conservateur du musée de la maison natale de Louis Braille, va nous envoyer le texte corrigé de la pièce de théâtre, en nous signalant ce qui dans notre texte n’est pas conforme à l’histoire réelle. Nous verrons alors s’il y a lieu de le modifier. Il m’a promis également, lorsque je lui ai parlé au téléphone, de nous envoyer des tablettes pour écrire des messages en braille ainsi que des textes de messages, à décoder.

À présent, il va falloir répéter pour jouer la pièce de théâtre, avant que nous ne décidions des lieux et des dates où nous pourrions la présenter. Je pense que vous ne savez pas encore assez bien votre texte. Alors il est encore difficile de bien travailler la mise en scène. Il faut bien apprendre votre texte, le répéter souvent, pour qu’il ne vous pose plus aucun problème de mémoire et que vous le disiez sans avoir à penser, comme on chante. Il faut prévoir des costumes, en cherchant des vieux habits chez vous, j’en chercherai de mon côté. Vous pouvez demander à vos mères ou grandes soeurs d’en coudre, d’en inventer. Ensuite, il faudra faire les décors, Valérie Maurin pourra vous aider, madame Richard je l’espère aussi.

Enfin, je vous annonce que nous terminons les contrôles cette semaine, et que je rencontrerai individuellement les parents dès la semaine prochaine, pour parler du voyage à Coupvray, et de vos résultats.

L’année prochaine, monsieur Tuzet et monsieur Vivier ne seront plus là. Ils s’en vont dans une autre école. Madame Maurin partira peut-être également. J’espère que vous penserez à être très gentils avec eux, pour qu’ils gardent de notre école le meilleur des souvenirs.

Et à présent pensez donc aux contrôles, et travaillez très bien.

Mardi 3 Juin 1997...

Trente-quatrième lettre à la classe.

Bonjour. Si nous maintenons le tarif que chacun aura à payer pour le voyage à Coupvray à cent francs cela nous permettra d’inviter gratuitement monsieur MARCHAND, ainsi que, pour le même prix de cent francs, les soeurs aînées de Loubna et de Nesrine qui se sont proposées de nous accompagner. Nous pourrions alors également sur place à Coupvray boire, ou manger au moins un goûter ensemble.

L’argent qui restera en trop, vous sera de toutes les façons, rendu.

Certains d’entre vous semblent préférer la solution à cinquante francs : je crois que nous serions un peu justes avec cette somme, pour parer à un éventuel imprévu. Il reste que cela est encore possible, nous en discuterons avec les parents que je rencontrerai personnellement, lors des visites, à partir de Jeudi, pour le bilan du troisième trimestre et de l’année scolaire. Nous avons pris du retard dans nos contrôles et il nous en reste trois à faire que nous devrons terminer absolument dans la journée d’aujourd’hui : sciences et biologies, géographie, éducation civique.

En voici les contenus :

1- En sciences et biologie : Essaie de reproduire en bande dessinée par une succession de dessins, le chemin qui va de la graine à la graine en passant par la fleur (tu signaleras au passage la place de la corolle, du pollen et du pistil et des carpelles, de l’anthère et de l’étamine de la fleur) et le fruit, dans l’évolution d’une plante imaginaire. Tu indiqueras sous chaque dessin comme par un calendrier le mois où cela se passe.

2- En géographie : À partir des documents dont tu disposes, tu reproduis une carte de France et puis tu places en celle-ci les quatre fleuves principaux : Loire, Seine, Garonne, Rhône. Les villes de Paris, Lille, Strasbourg, Nantes, Lyon, Marseille, Saint-Étienne Bordeaux, Toulouse et Perpignan. Les montagnes des Pyrénées, du Massif Central des Vosges et des Alpes. Le nom des mers et océan.

3- En éducation civique, tu devras, à partir du document que t’a donné Valérie Maurin, à partir également du texte sur l’éco-citoyen distribué par mille feuilles, et à partir aussi de ton cahier d’apprentissage, composer un petit texte personnel sur ce que tu as appris et que tu sais.

Bonne semaine à tous, j’ai beaucoup d’autres choses à dire, mais ce sera pour la prochaine lettre.

Lundi 9 Juin 1997...

Trente-cinquième lettre à la classe.

Bonjour.

Le tarif que chacun aura à payer pour le voyage à Coupvray est finalement fixé à cinquante francs. Sera-ce suffisant ? Trois accompagnateurs viendront avec nous : la maman de Férat, la soeur de Nesrine, la soeur de Loubna.

Monsieur MARCHAND, viendra également pour nous filmer.

Madame Maurin et moi, nous viendrons également. J’ai demandé cinquante francs aux accompagnateurs dont madame Maurin et moi-même, sauf à monsieur MARCHAND. Il est normal d’aider les accompagnateurs qui en fait nous rendent un fier service. Cette lettre commence donc par un problème de maths : sachant que la soeur de Loubna et que celle de Nesrine ne devraient payer, en fonction de leur âge, qu’un demi-tarif, sachant aussi que la maman de Férat et monsieur MARCHAND paieraient une place entière, sachant enfin qu’il nous reste aujourd’hui dans notre caisse de classe la somme de 269 francs aurons-nous assez récolté d’argent pour aller à Coupvray?

Si vous faites le calcul vous verrez qu’il nous manquera en fait un peu d’argent en caisse : j’ai trouvé, quant à moi, la somme de 95 francs. Ce n’est pas trop grave, il s’agit d’une petite somme, mais il nous faut le savoir, et essayer de trouver ensemble une solution satisfaisante pour tous.

En plus, il ne nous faut pas oublier que nous devrons payer le car pour nous rendre de la gare à Coupvray et revenir, la somme n’en sera pas très élevée, au maximum, une quinzaine de francs par personne. Mais c’est tout de même important lorsqu’on multiplie par le nombre de personnes.

Madame le Conservateur du musée de Coupvray nous a également envoyé dans une lettre, des messages à décoder, un poinçon et une tablette, et un plan pour nous indiquer les lieux où pourraient être joués chaque tableau de la pièce de théâtre. Elle nous signale aussi qu’il faut rembourser les frais d’envois, ceux-ci s’élèvent à 11 francs 50. Je vous distribue une copie de cette lettre. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, en particulier sur la façon de jouer la pièce, l’importance essentielle de l’état d’esprit et du silence, mais ce sera pour la prochaine lettre. Bonne semaine à tous.

Lundi 16 Juin 1997...

Trente-sixième lettre à la classe.

Bonjour. Nous approchons de la fin d’année. Madame Maurin vous a écrit la semaine dernière une lettre très touchante. J’espère que vous saurez la lire, avec intelligence et discernement. Nous lui avons offert des fleurs, mais est-ce suffisant pour la faire changer d’avis et lui donner envie de venir avec nous à Coupvray ? Ce qu’il faut surtout, je crois, c’est être gentil également avec tous les maîtres, ne pas faire de différence entre les adultes. “Écouter pour l’accueillir la parole de chacun”, est, je crois bien me souvenir, la première de nos règles de vie.

Vous avez remarqué qu’un jour des enfants du CM2, Hafid et Lotfi surtout, ne m’écoutaient pas, et se moquaient de ce que je leur disais dans la cour de récréation. Je suis allé parler aux enfants de leur classe. Je leur ai dit combien j’appréciais le travail qu’ils avaient fait tout au long de l’année sur le thème du citoyen. Puis j’ai ajouté qu’être citoyen c’est ne pas faire de différence entre les hommes ni selon la couleur de leur peau, ni qu’ils soient hommes ou femmes, riches ou pauvres, forts ou faibles. Alors, leur ai-je dit, ne faites pas non plus de différence entre les maîtres.

Je leur ai parlé aussi de l’histoire du vilain petit canard que chacun rejetait et que je leur avais racontée comme à vous lorsqu’ils étaient au CE2. J’ai toujours pensé, leur ai-je dit pour conclure, que le plus important pour chacun est justement celui qu’il aurait tendance à exclure. Ils m’ont écouté en grand silence et, depuis que je leur ai parlé, j’ai l’impression que leur attitude a changé envers moi, j’espère que cela ne fera que s’améliorer.

Vous avez vu, Vendredi, le très beau spectacle des élèves du CM2, justement contre le racisme, et vous avez vu le travail qu’il nous reste à faire pour jouer presque aussi bien qu’eux. Je propose que nous fassions une répétition générale Mardi matin, au petit gymnase comme les CM2, avant d’aller à Coupvray, pour les enfants de l’école. Il nous reste une semaine de travail pour être prêts.

Demain, vous prendrez le bus par groupes de cinq, avec l’association “Mille Feuilles”. Un groupe ira à la Bibliothèque Municipale, il y parlera de notre projet BCD, un second groupe ira à la Maison de la Culture, il pourra peut-être trouver des déguisements pour la pièce, le troisième groupe ira à l’institution “ Plein Vent” pour enfants malentendants. Soyez donc très sages et polis avec tous.

Lundi 23 Juin 1997...

Trente-septième lettre à la classe.

Bonjour. S’ouvre une semaine très importante pour la classe.

Tout d’abord, demain, Mardi matin, nous jouerons pour quelques classes de l’école notre pièce de théâtre. Il est possible que les enfants de “Plein Vent” viennent nous rendre visite en cette occasion. Dans ce cas, j’en aurai la confirmation au cours de la journée, il faudrait que vous pensiez à apporter des goûters pour eux, comme eux-mêmes ont d’ailleurs invité à goûter les quatre enfants qui leur ont rendu visite, Mardi dernier. Je ne sais pas non plus si nous aurons des accessoires de la maison de l’Esplanade, je pense le savoir en cours de matinée. L’essentiel reste cependant de jouer avec peu de matériel et de créer l’illusion ou l’impression que les choses sont là. C’est cela aussi le théâtre.

Ensuite, Mardi après-midi, avec l’association “Mille Feuilles” et la classe de monsieur Claveloux, du CM1 de Montchovet, nous nous rendons à la déchetterie, pour une visite. Il faudrait que chaque enfant apporte la somme de sept francs, afin de ne pas empiéter sur nos réserves pour le voyage de Coupvray.

Ensuite, Jeudi, c’est le grand jour, puisque nous partons à Coupvray pour un voyage d’une journée. Je vous donne rendez-vous devant la gare à partir de sept heures trente, jusqu’à sept heures quarante-cinq au plus tard. Mouna ne vient pas et elle nous manquera, Farid Djémaï devrait la remplacer pour jouer son rôle, à condition qu’il l’apprenne d’ici là. Madame Maurin m’a dit qu’elle venait avec nous. Monsieur MARCHAND, la grande soeur de Loubna, et la maman de Férat devraient nous accompagner également. Au total donc, nous serons normalement dix-neuf pour ce voyage. Nous jouerons donc la pièce dans les lieux mêmes que le Conservateur du musée nous a marqués. Vos parents peuvent vous attendre pour le retour le soir à la gare, à partir de huit heures, devant la gare.

Enfin, Lundi matin au début de la semaine prochaine, nous nous rendons au stade Léon Nautin, pour la dernière rencontre USEP de l’année avec les écoles de Gounod et de la Terrasse.

Une dernière information : lors du Conseil des maîtres, Vendredi, il a été décidé qu’aucun élève ne doublerait le CE2. Ceci signifie que Younes, Yassin, Zohra, Nesrine, Selçuk devront faire de gros efforts en CM1, et peut-être, sans doute, s’y préparer, dès les vacances.

Lundi 30 Juin 1997...

Trente-huitième lettre à la classe.

Bonjour. Cette lettre est la dernière, très probablement, de l’année scolaire. Cette après-midi, lorsque vous la lirez, la rencontre USEP aura eu lieu, j’espère que tout ce sera bien passé, et que chacun de vous aura su montrer un état d’esprit de beau joueur, c’est cela vraiment le plus important. L’essentiel est bien de rencontrer les autres, et de participer avec eux à un moment joyeux.

Que dire de la semaine écoulée ? La visite à la déchetterie avait déjà été un peu pénible avec certains d’entre vous, coupant la parole et prenant toute la place, à d’autres se taisant par force. La première représentation de Louis Braille devant les élèves de l’école fut assez bonne; par contre celle qui se déroula à Coupvray fut plutôt moyenne. Il est vrai que la salle était petite, et que vous étiez un peu énervés de devoir rester entassés à l’intérieur par un jour de pluie. Le film de monsieur MARCHAND dont c’était le dernier voyage de classe, puisqu’il part à la retraite, nous avantage car il montre essentiellement ce qui s’est à peu près bien passé. Quel film aurions-nous eu, s’il n’avait montré que la suite des moments difficiles que nous avons eu tout au long du voyage ?

Il nous reste quelques jours à passer ensemble : je voudrais simplement rappeler deux ou trois choses passées presque inaperçues mais qui ont accompagné notre voyage à Coupvray. Margaret, le conservateur du musée, qui demande que vous lui écriviez, nous a dit qu’elle voulait le film pour l’envoyer à l’Union Mondiale des Aveugles. Notre visite ira peut-être au Japon, aux États-Unis, dans d’autres pays. J’ai été heureux aussi de rencontrer, par hasard, dans notre train, une dame âgée ayant travaillé à écrire des livres en braille. J’ai été surpris enfin de voir qu’Helen KELLER avait vraiment écrit une phrase pour Louis Braille, en 1952, à l’occasion du transfert de ses cendres au Panthéon. Cette phrase affichée au musée ressemble curieusement beaucoup à celle que nous avions mise à la fin de notre pièce, elle dit : “Parce que le génie et la bienveillance travaillaient harmonieusement dans la vie de Louis Braille, un nouveau rayon de soleil a pénétré les ombres du monde. “

Avant de vous quitter, je vous laisse choisir si nous donnons ou non une dernière représentation, pour les maternelles, les enfants de Plein Vent, et la CLIS de Montchovet,mardi. Nous ne le ferons que si vous me le demandez, c’est à dire que vous êtes prêts à très bien faire. Bonne semaine, puis très bonnes vacances à chacun de vous.

Notes
3468.

La lettre numéro dix-neuf fut écrite par elles.