La pièce de théâtre96/97Louis Braille L’enfant de la nuit ... pièce en 12 tableaux ...

Librement inspiré de l’ouvrage de Margaret DAVIDSON :

“Louis Braille - l’enfant de la nuit “

Gallimard Paris 1983 ; (88 pages).

Traduit de l’américain par Camille FABIEN

Titre original :

“Louis Braille the boy who invented books for the blind”

Scholastic Book Services 1971.

Louis petit enfant, entre 3 et 5 ans : Selçuk

Louis enfant, entre 6 et 15 ans : Farid B.

Louis adulte : Younes

Simon Braille : Férat

La maman : Nesrine

Le docteur et Monsieur Barbier : Loubna

Le Père Palluy : Yassin

Antoine Bécheret l’instituteur : Farid D.

Gabriel : Nouri

Docteur Pignier : Mumin

J. Gaudet : Mouna

Docteur Dufau : Houria

Le ministre et le lecteur : Hayette

La petite fille : Zohra

L’élève, le personnage qui intervient dans la cérémonie,

et, Helen Keller : Latifa

Tableau 1

L’accident :

Louis joue dans le jardin. Sa maman est près de lui. Elle travaille. Louis se lève et va vers sa maman.

Il va s’asseoir à côté de sa mère et l’aide à cueillir des carottes.

La maman :

Louis, c’est la troisième carotte que tu tranches, tu ne veux pas aider quelqu’un d’autre ...

Louis :

Est-ce que je peux aller dans l’atelier, aider papa ?

La maman :

Oui, mais à la seule condition que tu ne touches pas aux outils pour jouer, sans en avertir ton père... Tu sais que ton père n’aime pas cela, car c’est dangereux ...

Louis entre dans l’atelier ... Son père qui travaille à l’autre bout de l’atelier ne le voit pas entrer. Louis aperçoit l’alêne suspendue, et il veut l’attraper, il tombe ...L’alêne s’est plantée dans son oeil.

Louis :

Maman, maman ...

La maman :

Simon, viens vite ...

Simon arrive en courant .

Simon :

Malheur !

Simon ôte l’alêne de l’oeil de Louis ...

Tableau 2

Le Père Palluy, l’ami intime :

Le docteur regarde les yeux de Louis. Il fait des gestes étranges.

Simon et sa femme sont assis à côté de lui.

Le docteur :

Le mal a gagné l’autre oeil.

Tout est perdu.

C’est fini, irrécupérable.

Je ne peux rien pour votre enfant.

Je suis désolé ... Louis est aveugle pour toujours.

Il vous faudra du courage, beaucoup de courage ... monsieur et madame, Braille.

Le docteur s’en va, après avoir salué les parents qui restent seuls avec Louis.

La chanson des parents :

Pourquoi faut-il encore que nous vivions ce jour ?

Puisque pour notre enfant, c’est la nuit pour toujours ...

Il faudra bien pourtant nous tourner vers la vie

Il faudra être fort, accompagner sa nuit,

Louis ...

Tu étais si petit, juste trois ans à peine,

Quant te blessa l’outil, quand te perça l’alêne

Louis

Pourquoi faut-il encore que nous vivions ce jour ?

Louis va jouer seul. On frappe

Toc Toc Toc ...

La maman :

Qui est là ?

Le Père Palluy :

C’est le Père Palluy ...

Simon :

Entrez Père Palluy, vous êtes le bienvenu ...

Le Père Palluy s’assoit et commence à boire la tisane qu’on lui sert ... tout en regardant Louis ...

Le Père Palluy :

Si vous le souhaitez, je vais vous aider à élever cet enfant.

Il est intelligent.

Il faut lui parler, lui parler beaucoup, tout lui raconter de ce que nos yeux voient ...

Il faut jouer avec lui ....

Si vous le voulez bien je lui consacrerai un peu de mon temps, chaque jour.

Le Père Palluy s’assoit à côté de Louis et joue avec lui.

Tableau 3

Louis va à l’école

Le Père Palluy est assis à côté de Louis, Antoine Bécheret dans un autre coin est assis lui aussi.

Le Père Palluy :

Dis-moi Louis, qu’est-ce qui est vert ?

Louis :

L’herbe et les feuilles des arbres au printemps, le lézard ...

Le Père Palluy :

C’est bien Louis ... tu fais des progrès ...

Le Père Palluy se lève il va en direction de Antoine Bécheret

Antoine Bécheret :

Bonjour Père Palluy, qu’est-ce qui vous amène ?

Le Père Palluy :

Bonjour monsieur Bécheret, je suis venu vous parler de Louis ...

Je n’ai guère le temps de l’aider.

J’ai pensé que comme vous êtes instituteur vous pourriez peut-être le prendre dans votre classe.

Vous savez, il a vraiment envie d’apprendre ...

Antoine Bécheret :

Mais, je n’ai jamais travaillé avec un enfant aveugle ... Et il prendra la place d’un autre élève ...

Le Père Palluy :

Vous avez peut-être raison .

Le Père Palluy commence à partir. Tristement

Antoine Bécheret :

Attendez, ne partez pas si tristement.

J’ai vu votre jeune ami aveugle.

Il est vraiment tout petit.

On lui trouvera bien une place quelque part.

Louis va vers Antoine Bécheret qui lui donne des livres et commence à lui parler (mais on n’entend rien de ce qu’il lui dit) tandis que le Père Palluy s’en va.

Tableau 4

Louis part pour l’institut

Le Père Palluy est assis à côté de Louis qui a grandi.

Simon Braille et sa femme, la maman de Louis, sont là également.

Le Père Palluy:

Louis a une mémoire prodigieuse.

Il retient tout ce qu’on lui dit.

Monsieur Bécheret, l’instituteur, est très content de lui.

Louis :

Oui, mais dès que monsieur Bécheret dit aux élèves de prendre leurs livres, je deviens triste.

Je ne peux quand même pas apprendre tous les livres par coeur.

Le Père Palluy :

Je me suis renseigné, il existe une école spécialisée, l’Institut Royal pour enfants aveugles ...

On y enseigne les mathématiques, l’histoire, la musique, la grammaire, et les travaux manuels.

C’est exactement ce qu’il faudrait à Louis.

Simon :

Oui, mais il devra aller à Paris. Et être pensionnaire. Il ne reviendra qu’une ou deux fois par an.

La maman :

C’est bien trop long ... Je ne peux imaginer rester tant de temps sans voir mon fils ...

Et il est heureux ici ... n’est-ce pas Louis que tu es heureux avec nous ?

Louis :

Oui c’est vrai, je suis même très heureux auprès de vous...

Mais je vous en prie, laissez-moi partir.

J’ai tellement envie d’apprendre ....

J’apprendrai à lire des livres, je pourrai enfin connaître les trésors qu’ils contiennent.

Je pourrai lire tout seul.

Tableau 5

Louis pleure

Un dortoir où des enfants dorment.

On entend des sanglots. C’est Louis qui pleure.

Un enfant se lève et s’assoit à côté de Louis.

Gabriel :

Ne pleure pas, tiens.

Il donne un mouchoir à Louis.

Vas-y souffle, ne te sens-tu pas mieux ?

Je m’appelle Gabriel Gautier, et toi comment t’appelles-tu ?

Louis :

Moi, euh, c’est Louis, euh, Louis Braille ... Je suis loin de chez moi, c’est la première fois que je ne dors pas dans mon lit. Mes parents me manquent.

Gabriel :

Écoute Louis, tu as simplement le cafard des nouveaux ... Tout le monde l’a eu au début ... Moi aussi je l’ai eu.

Louis :

Toi aussi tu l’as eu ?

Gabriel :

Oui, mais ça passe. Dors bien maintenant ... Demain, tu te sentiras mieux. ... Tu verras ...

Bonne nuit, Louis.

Louis :

Bonne nuit, Gabriel et merci ...

Gabriel pose sa main sur celle de Louis ...

Après un moment lorsqu’il sent que Louis dort, Gabriel se recouche ...

Louis se pelotonne sous se couvertures.

Tableau 6

La vie à l’institut

Les enfants aveugles marchent en se tenant à une corde. Ils vont dans un atelier ... Ils tricotent des pantoufles. Le directeur monsieur Pignier rentre.

Monsieur Pignier :

En tant que directeur de cet institut, j’ai l’honneur de décerner le premier prix de fabrication des pantoufles à Louis Braille, notre plus jeune élève.

Louis se lève et reçoit une accolade ...

Louis :

Merci

Monsieur Pignier :

Je te félicite Louis, tu es l’un de nos meilleurs élèves, et en plus quel musicien tu fais, tu joues de la musique comme personne ... un vrai petit virtuose ...

Louis :

Oui, il est vrai que j’aime vraiment écouter et jouer de la musique ... mais, il y a autre chose que la musique qui m’intéresse ...

Monsieur Pignier :

Et qu’est donc cette chose ... si extraordinaire ?

Louis :

J’aimerais tant pouvoir lire et écrire comme les personnes voyantes.

Avec les lettres en relief, ce n’est guère pratique de faire un livre, ou de le lire, et ne parlons pas d’écrire.

Imaginez, monsieur Pignier, de quoi nous serions capables, nous les aveugles, si nous avions la possibilité de lire et d’écrire ... !

Médecins, avocats ou savants !

Écrivains même !

Nous pourrions faire, n’importe quoi, comme n’importe qui ...

Monsieur Pignier :

Tu as sûrement raison, Louis, mais que pouvons-nous y faire ?

Monsieur Pignier s’en va, l’air dubitatif et triste à la fois, Louis reste immobile ...

Louis :

Je veux employer toute mon énergie, toutes mes forces, toute mon intelligence, toute ma vie, à essayer de trouver une écriture plus pratique . ..

Louis s’assoit et travaille, tout le monde quitte la pièce, sauf lui.

Tableau 7

Une façon, parmi d’autres, de dire non

Le directeur, monsieur Pignier , est avec Louis quand arrive un homme habillé en militaire.

Monsieur Pignier :

C’est gentil capitaine Barbier d’avoir répondu à mon invitation.

Capitaine Barbier :

J’ai été très intéressé d’apprendre que quelqu’un travaillait à améliorer ma méthode d’écriture avec des points et que j’ai conçue à partir des sons de la langue française. Ma méthode so-no-gra-phi-que.

Monsieur Pignier :

Je vous le présente, c’est lui .... Louis Braille, ce garçon qui a tout juste douze ans ...

Capitaine Barbier :

Quoi ? Ce jeune garçon ...

Pour une surprise, c’est une surprise ... Je m’attendais à trouver un homme ...

Alors jeune homme, on me dit que vous avez amélioré ma méthode ?

Louis :

Oui, oui monsieur ...

Capitaine Barbier :

Alors ?

Louis :

Monsieur ?

Capitaine Barbier :

Expliquez, expliquez

Louis :

Monsieur, il y a une chose qu’il faudrait améliorer ... Il faudrait une façon d’écrire les mots toujours de la même manière ... à partir des lettres et non plus des sons ...

Capitaine Barbier :

Pourquoi ?

Louis :

Pour avoir des livres, beaucoup de livres ...

Capitaine Barbier :

Des livres, pourquoi ? Fais voir ton système ... qu’on dit si ré-vo-lu-tio-nn-ai-re !

Louis lui tend une plaquette ...

Capitaine Barbier (après un temps) :

C’est tout ?

Louis :

Oui ... Mais monsieur, il n’est pas encore au point ... Ce n’est encore qu’un projet. Je cherche tous les jours comment l’améliorer ...

Capitaine Barbier :

Très intéressant ....

Le capitaine Barbier salue monsieur Pignier, pose gentiment sa main sur la tête de Louis, hoche la tête d’un air dépité, et tournant les talons, à la manière militaire, il s’en va ...

Tableau 8

Changement de directeur à l’institut

Les professeurs forment un cercle autour de monsieur Pignier . Parmi eux, il y a Louis Braille qui a grandi et qui est devenu professeur.

Monsieur Dufau arrive ...

Monsieur Pignier :

Chers professeurs de l’institut, pour ce qui me concerne, le temps est passé.

Je suis trop âgé à présent. L’heure est donc venue ... de me retirer.

Je vous présente votre nouveau directeur, monsieur Dufau.

Désormais, c’est lui qui me remplacera à la tête de votre institut.

Bienvenue donc à vous, monsieur Dufau.

Monsieur le nouveau directeur, acceptez, je vous en prie, que je vous présente maintenant, l’ensemble de nos professeurs, ici rassemblés pour vous accueillir.

Il présente un à un chacun des professeurs, l’un après l’autre, poignées de mains, il en arrive enfin à Louis Braille.

Monsieur Pignier :

Et voici pour finir, notre seul professeur aveugle, Louis Braille, adoré par ses élèves et par tout le monde ici.

Il a inventé tout seul, vers l’âge de quinze ans, alors qu’il n’était encore qu’un élève de cet institut, un alphabet complètement révolutionnaire, à partir seulement de six points.

Tous les élèves de l’institut ont un stylet, des tablettes et des cartes pour prendre leurs cours, ils peuvent ainsi également réviser leurs leçons, après la classe ...

Malheureusement, notre cher Louis est trop méconnu, j’espère que vous réussirez là où j’ai échoué, et que vous parviendrez, cher monsieur Dufau, à faire connaître son alphabet.

Tableau 9

Tout est détruit

Les élèves travaillent à prendre des notes avec un stylet.

Monsieur Dufau arrive ... Silence

Monsieur Dufau :

Monsieur Louis Braille, votre professeur, est malade.

Il a dû rentrer chez lui quelques temps pour se reposer.

J’en suis désolé, pour lui ... mais j’ai décidé de profiter de son absence pour détruire tous les livres écrits en son alphabet ...

Tous les stylets seront également confisqués.

Désormais, plus personne dans cet institut n’aura le droit d’utiliser l’alphabet de monsieur Braille. “Ces points idiots ...”.

Il était grand temps que notre institut revienne à la normale ...

Monsieur Dufau s’en va ...

Au bout d’un moment Louis Braille revient, il toussote ..

Louis :

Que sont devenus mes livres ?

Un élève, après un silence ....

Il les a brûlés ...

Louis :

Tous ?

L’ élève :

Oui, tous ...

Louis toussote puis s’en va tristement ....

La chanson de Louis et de ses amis aveugles :

Si je respire encore, ne dois-je pas mourir ?

Ai-je brûlé mon temps, semé mon avenir ?...

Il faudra bien pourtant me tourner vers la vie ...

Il faudra être fort, pour refuser la nuit,

Ô oui ...

Ne t’en fais pas Louis, nous chasserons ta peine,

Si ton souffle faiblit, nous serons ton haleine ...

Louis

Si tu respires encore, tu ne dois pas mourir ...

Silence des enfants restés seuls ...

Tableau 10

Le retour de l’alphabet

Monsieur Dufau est assis à son bureau, monsieur Gaudet arrive .. Silence

Monsieur Dufau :

Bonjour monsieur Gaudet, vous vouliez me voir ?

Monsieur Gaudet :

Oui, je viens vous parler au nom des professeurs de l’institut.

Monsieur Dufau :

À quel sujet ?

Monsieur Gaudet :

C’est au sujet de l’alphabet de monsieur Braille ...

Monsieur Dufau :

Encore ? Je croyais bien pourtant en avoir fini pour toujours avec ce maudit alphabet .

Monsieur Gaudet :

Écoutez monsieur Dufau, les élèves continuent à l’utiliser en cachette. Vous leur avez confisqué les stylets, ils utilisent des aiguilles à tricoter, des aiguilles à repriser, les tringles des rideaux, n’importe quoi, tout ce qu’ils trouvent .

Vous pouvez donner l’ordre à ces garçons de ne pas s’en servir, mais je crois qu’un jour viendra où tous les aveugles utiliseront l’alphabet de monsieur Braille ...

Monsieur Dufau :

Vous croyez ?

Monsieur Gaudet :

En tout cas, d’un commun accord, tous les professeurs, nous avons décidé de nous y mettre, d’apprendre à utiliser cette écriture, même si cela n’est pas facile au début.

Tous ces enfants méritent bien que nous fassions cela pour eux.

Nous leur demandons toujours de s’adapter à nous.

Mais peut-être est-ce à notre tour de faire un pas vers eux ?

Monsieur Dufau :

Vous croyez ?

Monsieur Gaudet :

Et si l’alphabet parvient à s’imposer, ne voudriez-vous pas être l’homme qui a aidé à sa diffusion ?

Monsieur Dufau :

Vous croyez ?

Tableau 11

La reconnaissance, enfin

Monsieur Dufau :

À l’occasion de l’inauguration du nouvel institut, nous allons vous présenter, en démonstration, c’est un grand honneur, l’alphabet braille, dont voici le créateur, monsieur Louis Braille.

(Il montre Louis Braille, applaudissements) .

À présent, monsieur Gaudet, un autre professeur de l’institut, va vous expliquer son fonctionnement.

Monsieur Gaudet :

Cet alphabet est simple et pratique. C’est sa qualité essentielle.

Il permet d’abord aux personnes aveugles de lire et d’écrire pratiquement aussi vite que les voyants.

Il permettra également sans doute l’édition de beaucoup de livres ... ...

Monsieur Dufau :

Nous allons en faire la démonstration immédiate ...

Cette fillette non voyante va écrire sous ma dictée, puis, nous procéderons à une relecture de la dictée, par l’enfant . “Les ... enfants ... du ... monde .... entier ... vivent ... sous ... la .... même ... lumière .... si ... certains ... ne ... la ... perçoivent ... pas ... de .... leurs .... yeux ... ils ... n’en ... voient ....pas ... moins ... avec .... les... yeux ... du ... coeur ...” Veux-tu relire à présent ?

La fillette:

“Les ... enfants ... du ... monde .... entier ... vivent ... sous ... la .... même ... lumière .... si certains ... ne ... la ... perçoivent ... pas ... de .... leurs .... yeux ... ils ... n’en ... voient ....pas moins ... avec .... les... yeux ... du ... coeur ...”

Quelqu’un du public :

Il y a un truc ... Qui nous dit que tout n’a pas été préparé à l’avance, et que la fillette ne connaissait pas le texte par coeur ? (Un moment de léger brouhaha )

Louis :

Attendez ! Je vais vous prouver que tout ceci n’est pas une supercherie. Faites sortir la petite fille ...

Quelqu’un veut-il choisir, à présent, un livre écrit en double écriture, et l’ouvrir à n’importe quelle page ? Par exemple vous monsieur, qui protestiez si fort, à l’instant, seriez-vous d’accord ? ...

Approchez-vous donc, cher monsieur, choisissez un livre, c’est bon ?

Ouvrez-le à présent, à n’importe quelle page, puis lisez ...

Le monsieur du public :

Un poisson était amoureux d’un arbre, alors, il décida que chaque soir, il irait parler avec lui au bord, de la rivière. Au bout de quelques temps, l’arbre nagea, et le poisson se mit à bourgeonner ....

Louis :

À présent, on peut faire entrer la petite fille ...

Veux-tu lire s’il te plaît ?

La fille :

Un poisson était amoureux d’un arbre, alors, il décida que chaque soir, il irait parler avec lui au bord, de la rivière. Au bout de quelques temps, l’arbre nagea, et le poisson se mit à bourgeonner ....

Le public applaudit ... Le ministre se lève ...

Le ministre :

J’ai vu de grandes choses aujourd’hui, des choses qui m’ont fait rêver à un monde meilleur.

En tant que ministre, je déclare que nous allons aider l’alphabet braille à se développer partout dans le pays. Pour que les aveugles commencent à sortir de la nuit ...

Applaudissements.

Tableau 12

La fin de l’histoire ?

Lecteur :

Louis avait depuis très longtemps la tuberculose. Il s’était usé au travail pendant toutes ces années. Un jour de Décembre 1851, il eut un rhume, ce n’était pourtant qu’un simple rhume, mais Louis était si faible, il avait tant donné, il avait tout donné.

Louis est dans son lit, quand Gabriel rentre ...

Gabriel :

Bonjour Louis, c’est moi ...

Louis :

Ah, Gabriel, c’est toi ... J’étais sans nouvelle depuis si longtemps. C’est si gentil d’être venu.

Gabriel :

Oui, c’est bien moi, Louis, ton vieux copain Gabriel. Tu m’as reconnu, rien qu’au bruit de mes pas, ou au son de ma voix qui a pourtant tellement changé, je ne suis plus un enfant !

Quelle mémoire tu as Louis. Toi, par contre, tu n’as pas changé du tout...

Louis :

Dis-moi qu’est-ce que tu deviens ? Je pense souvent à toi ...

Gabriel :

Pour moi, ça va bien, très bien même. Mais je ne suis pas venu pour qu’on parle de moi, j’ai appris que tu étais très malade ... (un temps de silence) Tu te souviens de cette nuit où tu pleurais ?

Louis :

Si je me souviens ... C’était ma toute première nuit à l’institut, et tu avais posé ta main sur la mienne.

Gabriel :

Louis, à présent, ton alphabet commence à être connu et il porte même ton nom.

Un jour, tu seras célèbre, Louis, j’en suis sûr ...

Louis :

Être célèbre m’importe peu, je voudrais tellement, et tout simplement, avoir été utile.

Gabriel :

Et tu n’as pas oublié ton vieux copain du pensionnat.

Louis :

Tu sais Gabriel, je vais te dire une chose : je crois bien que j’ai essayé de n’oublier personne ...

Merci encore pour ta dernière visite ... Elle me fait tellement plaisir.

Gabriel :

Je suis venu comme autrefois, juste pour poser ma main sur la tienne ...

Lecteur :

Le 6 Janvier 1852, la pluie tomba toute la journée. Louis s’éteignit. Il n’avait pas quarante-quatre ans. Il était encore très peu connu, et aucun journal n’annonça sa mort .... Cent ans plus tard, en 1952, les cendres de Louis Braille furent transportées au Panthéon. Parmi la foule nombreuse, des centaines de personnes avec leurs cannes blanches étaient venues lui rendre hommage. On reconnut encore ce jour là, parmi la foule, Helen Keller, sourde et aveugle qui avait réussi elle aussi à force de courage et de volonté, à se tourner vers la vie, à lire, à écrire, à parler ...

Helen Keller :

Bonjour , je m’appelle Helen Keller. Puisque l’amitié entre les hommes est une vraie lumière qui brillera toujours, et qui ne s’éteindra jamais, je suis venue pour vous dire merci, monsieur Louis.

La chanson finale :

Au clair de la terre ...

Louis nous a dit ..

L’aveugle, ton frère ...

Guidera ta nuit ...

Au clair des musiques,

Nous voulons aussi ...

Pousser le portique

Du jour vers la nuit ...

Enfants de lumière ...

Enfants de la nuit ...

Enfants de la terre

De tous les pays ...

Tout autour du monde,

Le jour est venu ...

D’entrer dans la ronde ...

D’inclure les exclus ...

Au clair de la terre ...

Notre ami Louis ...

Passa la frontière

Entre jour et nuit ...

Au clair des musiques...

C’est à notre tour

D’ouvrir ce portique

Entre nuit et jour ...

Enfant solitaire

Enfant musicien

L’enfant sans lumière

Nous montre un chemin,

Au clair de la terre ...

Louis nous a dit...

L’aveugle ton frère

Sera ton ami...