Lettres à la classe Comme des ricochets sur l’eau ... Montplaisir CE2 1997 - 1998

Mardi 2 Septembre 1997

Première lettre à la classe

Bonjour

Lors de cette année scolaire qui commence aujourd’hui, j’aimerais que chacun de vous fasse beaucoup de progrès et apprenne beaucoup de choses, car c’est pour cela que l’on vient à l’école.

Mais que veut dire apprendre ?

Il nous faudra sans doute quelques temps encore pour commencer à le comprendre.

Chacun de nous est un peu enseignant ou maître et un peu apprenant ou élève. On pourrait dire qu’un bon enseignant est un bon apprenant et inversement.

Autrement dit, pour être un bon maître, il faut savoir être un bon élève, et un bon élève est également un bon maître. Ainsi, nous pouvons dire aussi que tout é&lève, que chacun de vous, est déjà un petit maître. Mais un petit maître qui a tellement de choses à apprendre encore.

J’aimerais donc que chacun apprenne beaucoup de choses au cours de cette année scolaire, mais qu’il prenne aussi conscience qu’il est déjà un enseignant et qu’il enseigne, d’ores et déjà, qu’il le sache ou pas, les autres, de tas de choses bonnes ou moins bonnes. Car, quiconque enseigne, apprend, et quiconque apprend, enseigne également.

D’autre part, on n’échappe pas à l’enseignement, à l’éducation, comme on n’échappe pas au regard d’autrui. Choisissons donc, puisque chacun nous regarde, et apprend de nous des choses, d’être un bon exemple. Choisissons aussi d’imiter ce qu’il il y a de meilleur en chacun. Telle pourrait être cette année notre double intention directrice.

Et pour parvenir à nos fins, je vais vous donner trois petites aides de vie, avec trois lettres pour nous en souvenir facilement, M, P, B, qui peuvent nous servir, je crois, en beaucoup circonstances.

1

B comme bienveillance : Être bienveillant envers tous

2

P comme parole : Donner toujours la priorité à l’écoute de la parole de l’autre pour apprendre et comprendre ce qu’il veut nous dire ... Prendre le temps pour vraiment parler soi-même, et bien exprimer ce que nous ressentons et voulons vraiment dire.

3

M comme matériel : Faire attention, garder et prendre soin du matériel.

Nous aurons le temps tout au long de l’année, de revenir sur ces questions et sur ces trois petits principes qui valent toutes les règles. J’arrête là ma lettre et je vous souhaite à tous, une bonne semaine et une bonne année scolaire.

Lundi 8 Septembre 1997

Deuxième lettre à la classe

Bonjour. Comme je l’ai fait les années précédentes, je compte, cette année, écrire à la classe une lettre par semaine. Mais pourquoi des lettres ?

Généralement, on envoie des lettres aux personnes qui sont loin, et que l’on ne peut pas voir directement ... mais vous n’êtes pas loin de moi, nous sommes tout proches même, les uns des autres, et je serai encore tout près de vous lorsque vous lirez cette lettre en classe. Je pourrai alors vous expliquer ce que vous ne comprenez pas bien.

Alors oui, pourquoi des lettres ? Je vais essayer de vous l’expliquer en quelques mots. Très souvent, dans la classe, ou autour de la classe, autour de nous, se passent des choses, des événements, auxquels nous n’avons pas le temps de réfléchir suffisamment pour les comprendre ou simplement que nous n’avons même pas vus.

Ces lettres essaieront de faire le point sur quelques unes de ces choses, et quelques uns de ces événements là : les choses et les événements, que nous avons à apprendre, à comprendre et qui passent tellement vite que si nous ne les écrivions pas, nous les oublierions tout aussi vite. Alors, ces lettres seront un peu comme notre mémoire, notre aide-mémoire.

Il arrive que des anciens élèves des années scolaires passées, me disent lire, encore aujourd’hui, parfois, quelques unes des lettres de l’époque où ils étaient au CE2. Il faut dire que dans ces lettres, je n’écris pas toujours des choses faciles à comprendre. J’écris même parfois aux enfants comme il s’agissait de grandes personnes. Certaines choses écrites peuvent donc sans doute être comprises différemment suivant l’âge du lecteur.

Parfois, j’ai même entendu des enfants dire qu’ils liraient ces lettres à leurs enfants ou petits enfants, ou pour eux-mêmes lorsqu’ils seraient bien vieux. Qui sait ? Peut-être cela vous arrivera-t-il. Mais pour cela, il faudra d’abord songer à ne pas les perdre, à bien les ranger, donc .. . En tout cas, je peux déjà vous dire, que pour moi-même, il m’arrive de lire à moi-même, des lettres des années passées, et cette simple lecture fait revenir jusqu’à mon esprit des tas de souvenirs.

Que dire donc sur les événements passés dans ces quelques jours d’année scolaire que nous avons d’ores et déjà passés ensemble ? Je voudrais surtout retenir deux événements heureux.

Ce fut d’abord la très bonne surprise de Jérémy que nous avons tous beaucoup applaudi lorsque nous avons compris qu’il avait appris à lire pendant les vacances avec, pour professeur, son grand frère. Il faudra maintenant qu’il continue de lire tous les jours pour ne pas oublier et continuer ses progrès. Jérémy était venu plusieurs fois à l’étude dans notre classe, l’année dernière et nous avions parlé. Je lui avais simplement dit alors qu’il fallait qu’il apprenne à lire pendant les vacances pour bien réussir son CE2.

Ce fut ensuite la nouvelle de la naissance d’un bébé, le petit Séraphin, chez Stéphane Tank, le maître qui vous fera la classe trois demi-journées par semaine.

Bon, il est temps de vous quitter, très bonne semaine à tous.

Lundi 15 Septembre 1997

Troisième lettre à la classe.

Troisième semaine de classe, déjà. Cette semaine sera un peu particulière, car vous aurez un autre maître, ou un autre maîtresse, que je ne connais pas encore. Stéphane Tank, Jean Yves Durousset et moi-même, partons, en effet, en stage pour une semaine.

Dans certaines classes, les enfants et le maître, font des règlements. On peut, en effet, écrire sur un papier ce que nous avons le droit de faire, comme, à l’inverse, ce qui est interdit dans une classe ... et lorsque quelqu’un ne fait pas ce qui a été convenu, on peut le punir. Cependant, aujourd’hui, je ne vais pas vous parler de règlements mais simplement vous donner trois petits conseils qui, si vous les appliquiez, rendraient sans doute tous les règlements inutiles.

D’abord, en premier, il faut écouter celui qui a la parole, et ne pas la prendre sans que quelqu’un ne vous la donne. Il est donc utile de lever la main en silence. Dans la classe, il faut aussi d’abord écouter le maître sans lui faire répéter les choses.

Ensuite, en second, il faut vouloir très bien travailler. Et pour très bien travailler, et faire beaucoup de progrès, deux choses, au moins, sont nécessaires : la première est de faire de son mieux, en classe, la seconde est de s’y préparer à la maison, les jours où il n’y a pas classe, ou même sur le chemin de l’école, bref partout. Alors, on peut vérifier souvent son matériel de travail, car un bon ouvrier ne travaille pas sans ses outils, on prépare bien le travail écrit sur le semainier, on s’applique. On fait de son mieux.

Enfin, en troisième, il est bon d’être l’ami des autres, des enfants de la classe bien sûr, mais aussi de tous ceux que nous rencontrons dans l’école, enfants ou adultes, tous ceux que nous rencontrons partout, et même ceux à qui nous pensons sans les voir. Cela veut dire qu’on ne se moque pas d’un enfant qui ne sait pas faire, mais qu’on l’aide, cela veut dire aussi qu’on essaie d’être toujours prêt à rendre un service, et, à être joyeux de le faire.

Vous allez avoir un nouveau maître, ou, une nouvelle maîtresse pendant une semaine, soyez donc parfaits, avec lui (ou avec elle), de manière à ce qu’il (ou elle) garde un bon souvenir de la classe. Jeudi matin, Christine et Philippe reviendront, vous faire travailler sur les règles du jeu. Je serai peut-être là, moi aussi, ce jour là, pour assister à leur séance, très bonne semaine à tous.

Pour le collègue qui vient ... Bonjour ...

1/ Je propose que tu fasses passer les tests CE2, que j’ai gardés pour toi. Tu peux éventuellement les corriger, ou ne corriger que ce que tu as le temps de corriger en reportant les résultats au fur et à mesure sur la grille. Si tu n’en as pas le temps, je corrigerai moi-même plus tard.

2/ J’ai moi-même d’autres tests qui sont prêts que tu peux continuer à faire passer également, si cela t’intéresse, à partir du test 11 jusqu’au 21. Ces tests demandent; pour certains, tu verras de toi-même, un exercice d’explication préalable que je fais parfois.

Si tu les fais et si tu les corriges, il faudrait absolument les noter selon la grille suivante : Blanc (parfait) ; Vert (bon ) ; Jaune (moyen ) ; Rouge (pas compris) ; Noir (totalement à côté). Les enfants reportent eux-mêmes leur couleur sur un tableau classé dans leurs dossiers de transparents où ils rangeront les fiches.

3/ Tu disposes du gymnase le Mardi matin de 8 h 30 à 10 h 00. T u peux demander l’emplacement des clés à un collègue.

4/ Un jeune élève professeur viendra mardi après-midi, travailler au montage d’une vidéo-cassette. Il s’installera dans la salle à côté.

5/ Tu ne fais pas la classe, Jeudi matin de 8 h 30 à 10 h 00. La classe est, ce jour là, assurée par deux élèves professeurs.

6/Les élèves sont en train de lire “Un chacal très malin”, nous en sommes à la rencontre avec l’aigle (troisième rencontre). Tu peux cependant faire des exercices et travailler le texte depuis le début. Ou le continuer.

7/Les enfants disposent actuellement d’un semainier, (pour le travail du soir) d’un cahier de brouillon bleu, d’un répertoire d’orthographe, alphabétique, d’une chemise à tirettes, d’une ardoise velléda, d’un cahier du soir (jaune). Ils ont en plus un dossier document fait de transparents, un petit et un grand classeur pour l’instant à peine entamés.

8/ Si tu fais du travail sur fiche tu peux le faire ranger dans le dossier document transparent.

9/Je n’ai pas encore distribué le cahier du jour. Tu peux si tu en as besoin le commencer, mais tu peux, peut-être, te servir du cahier de brouillon et du cahier du soir, et du dossier document.

10/ Veille sur les placards, et pense à bien refermer les portes à la récré.

11/ Tu peux, si tu le souhaites, commencer la distribution personnelle des livres. Ils doivent se ranger dans le casier personnel de chaque élève au fond de la classe. Ils ne s’emportent à la maison que pour être couverts, ou pour le travail du soir.

12 / Chaque élève dispose d’un autre casier personnel dans la classe à côté, où il range ses réserves de matériel.

13/ Il faut que tu relèves les assurances manquantes, et vérifie sur les carnets : qui reste à l’étude et qui n’y reste pas, en reportant dans les deux cas, les informations sur le tableau que je t’ai donné.

14/ À part cela tu es très libre bien entendu ... de faire comme tu veux ... ces indications ne se veulent que des aides.

15/ Quatre enfants partent au CRI tous les débuts d’après-midi

de 13 h 30 à 14 h 15 (éviter donc les tests à ce moment là ... )

16/ Pour les services, vois avec les collègues.

17/Bonne semaine à toi et aux enfants.

Lundi 22 Septembre 1997

Quatrième lettre à la classe

Comment s’est passée la semaine écoulée ? J’ai l’impression, à vous avoir entrevu dans les couloirs, qu’elle ne s’est pas mal passée du tout. En tout cas, vous avez fait tous les tests nationaux du CE2 qu’il me faudra, à présent corriger. Ces tests écrits sur les cahiers roses, sont passés, dans tous les CE2 de France. En comparant les résultats, on peut donc approximativement évaluer et situer votre niveau, par rapport à n’importe quel CE2 de France. Il vous reste cependant, à finir de passer les tests de la classe qui ne sont faits que pour notre classe, que j’ai conçus moi-même, et que, je l’espère, pourront être finis cette semaine, ou, au plus tard, la semaine prochaine.

Pourquoi tant de tests, vous demandez-vous sans doute ? Le CE2 est la première classe du cycle trois de l’école primaire. L’année prochaine, vous serez au CM1, l’année suivante au CM2, et dans trois ans, vous entrerez en sixième. Le cycle trois est aussi appelé le cycle pour l’approfondissement des apprentissages. C’est à dire que l’on considère que les enfants du CE2 savent déjà lire et compter, à peu près, mais qu’il leur reste encore à approfondir, à perfectionner, ces connaissances.

Alors, lorsqu’on commence un travail de longue haleine, comme par exemple la construction d’une maison, on commence par faire le plan, préparer les outils, faire l’inventaire des choses dont on dispose. Cette phase est essentielle. Imaginez ce qui se passerait si un travailleur s’avisait de construire un château sur un terrain, mais ne disposait, pour commencer, que de deux planches et trois clous. Imaginez encore un autre travailleur qui disposerait de tous les outils mais qui n’aurait pas de terrain pour construire, ou un troisième qui aurait oublier de faire un plan. Il faudrait pour le premier acheter le matériel, pour le second se procurer un terrain et, pour le troisième, prévoir le plan de la construction. Pour les deux premiers, il faudrait, de plus, pour mener à bien les achats, trouver les moyens de gagner de l’argent.

Ce n’est qu’une image, mais elle vaut bien pour nous. Les tests nous permettront de faire un plan, de voir pour chacun d’entre vous, ce dont il dispose et qu’il lui reste à faire dans la perspective de la sixième. Comme nous n’avons pas une maison à construire, mais des choses à apprendre, ce n’est donc pas d’argent dont nous avons d’abord besoin, mais d’intelligence. Comment devenir intelligent ?

Lundi 29 Septembre 1997

Cinquième lettre à la classe

La semaine passée, deux choses m’ont beaucoup ému :

-Parlons d’abord de la très bonne initiative de Samira Ziaini, ancienne élève du CE2, aujourd’hui au CM2. Elle a désiré, avec Imelle, Samira Belker, Mounia, Rima, Souad, Aurélie, récolter de l‘argent pour les enfants malades. Elles ont même fabriqué des affiches à cet effet. Tellement d’enfants ont répondu à leur appel en apportant des pièces, que les parents ont commencé de s’inquiéter. Pourquoi tous les enfants demandaient-ils de l’argent ? Qui le leur demandait ? Il a fallu, donc, provisoirement, arrêter la collecte. Les maîtres vont essayer de trouver une association à qui verser l’argent. On a parlé d’une association qui s’occupe des enfants malades du cancer. Il reste que l’idée de Samira est excellente et devra être poursuivie jusqu’au bout.

-Évoquons ensuite les très beaux dessins que vous avez réalisés pour Dominique Tuzet, votre maître de l’année dernière, qui vient et, tout le monde en est très triste, de perdre sa femme, Monique Tuzet que vous connaissiez, puisqu’elle enseignait la musique aux enfants de l’école. Dominique Tuzet m’a téléphoné, hier, pour me dire de vous remercier du fond du coeur, en son nom, et au nom de ses deux enfants, Romain et Pierre.

Pour ce qui est de la semaine qui vient, je vous rappelle que Christine et Philippe reviendront dans la classe, Jeudi. Les règles du jeu que vous avez écrites avec eux, les mêmes que celles envoyées à madame Perrin, ont été distribuées aux enfants du CM2 que nous filmerons mardi après-midi lorsqu’ils essaierons de jouer aux différents jeux, à partir de la lecture de ces règles. C’est un bon test pour savoir si, ce que vous avez écrit, tient la route. Jeudi, vous devrez faire jouer les enfants du CE1, en organisant pour eux, une séquence d’explication du jeu. On vous filmera également lors de ce moment. Ces différents films nous serviront, lorsque nous les regarderons pour les étudier pour progresser encore dans le projet qui est le nôtre et qui consiste à étudier les règles du jeu.

Pour l’instant, je peux déjà dire, que tous les maîtres et spécialement, les jeunes professeurs d’école, Philippe et Christine, apprennent beaucoup de choses en vous travaillant avec vous.

Très bonne semaine à tous.

Lundi 6 Octobre 1997

Sixième lettre à la classe

Bonjour

Souvenez-vous, nous étions Jeudi matin, et Christine et Philippe étaient avec vous. Vous veniez d’enseigner aux enfants du CE1 à jouer à “accroche décroche”. Quand, tout à coup, survint l’heure de la récréation.

Les enfants de l’école se mirent à jouer spontanément avec vous .. Et ce fut un moment de grande paix dans la cour. Il y eut des rondes interminables. Et des enfants qui jouaient ... de partout ... à “accroche décroche “ au clin d’oeil assassin ... Certains même, étant restés dans leurs classes, pour terminer un travail, regardaient tranquillement par les fenêtres.

J’ai rêvé alors d’une école où les enfants joueraient ainsi, ensemble, pendant toutes les récréations. Je me suis souvenu de la classe du quartier du Marais, le CE2 de l’année scolaire 1973 -1974, mon premier poste d’instituteur. Nous jouions, maîtres et enfants, dans la cour, pendant longtemps ainsi, aux gendarmes et aux voleurs, à la marelle au fermier dans son pré, à faire du théâtre, et à plein d’autres jeux. Chacun attendait avec beaucoup d’impatience et de joie que sonne l’heure de la récréation.

Les visites de Philippe et Christine nous ont déjà aidé à comprendre le sens du mot “jouer “. On a pu commencer à entrevoir ce que pourrait devenir une cour de récréation. Nous les en remercions. J’espère que vous avez pensé à écrire des règles du jeu chez vous. Il faudrait que vous les ayez toutes écrites et qu’elles soient donc terminées pour la dernière visite de Christine et Philippe. Il suffit que vous déposiez dans la boîte prévue à cet effet.

À partir de ce soir, pour vous aider, je vous donnerai, pendant l’étude, une matrice, c’est à dire une fiche semblable à celle que vous avez étudiées avec Philippe et Christine, et, qu’il vous suffira de remplir.

Enfin , pensez à apporter l’argent, avant Mardi soir, et, à le donner à Samira ou aux élèves du CM2, responsables de l’action, pour l’association ASPHRO qui s’occupe des enfants malades.

Lundi 13 Octobre 1997

Septième lettre à la classe

Bonjour, Philippe et Christine nous ont promis de revenir, de temps en temps, par surprise, pour nous rendre une petite visite, en cours d’année, mais ils ne reviendront plus régulièrement, comme ils le faisaient depuis quelques temps, le jeudi matin. Leur stage est terminé. Ils nous ont appris, et nous ne sommes pas prêts de l’oublier, à jouer et à composer, à lire et à écrire, des règles du jeu, et, à rêver, pour commencer d’envisager alors, une école différente.

Nous pourrons tirer les bénéfices de leurs venues pendant longtemps encore. Tout au long de l’année scolaire et peut-être même au-delà. Grâce à leur travail, comme point de départ, nous pouvons organiser et poursuivre un apprentissage en diverses disciplines scolaires.

En EPS, Éducation Physique et Sportive, nous apprenons des jeux, nous les enseignons à d’autres classes.

En Français, nous apprenons à lire et à écrire des règles du jeu. À les communiquer à d’autres, à l’oral comme à l’écrit.

En Éducation Civique, nous apprendrons l’importance des règles et des lois , de l’arbitrage et de l’esprit des lois, pour vivre en société, en paix les uns avec les autres.

En Sciences, nous retiendrons la méthode. Il n’y a pas beaucoup de différences, nous le verrons entre les huit paramètres différents qui nous permettent d’écrire une règle du jeu (titre, nombre de joueurs, but du jeu, matériel nécessaire, préparatifs, dessin explicatif, déroulement, variables ) et la méthode d’un savant, d’un enseignant, d’un ouvrier. En effet, lorsqu’un chercheur effectue une recherche, lorsqu’un maître prépare sa classe, lorsqu’un travailleur est devant un travail, ils n’utilisent pas, à vrai dire, une méthode bien différente de celle qui nous permet d’organiser un jeu. Il me semble même que nous retrouverions, en cherchant bien les mêmes paramètres, pour tout travail, tout enseignement, toute recherche.

Enfin, dans les cours de récréation, hors de l’école, vous pouvez jouer sans adultes, inventer des jeux, faire jouer des plus petits que vous. Cela pourrait changer beaucoup de choses et pourrait même faire reculer la violence qui existe parfois entre nous.

Lundi 20 Octobre 1997

Huitième lettre à la classe

Bonjour .....

La semaine passée fut une bien difficile semaine ... Stéphane Tank était en stage, et moi-même, je n’étais pas souvent avec vous, car j’étais très souvent pris à l’IUFM, auprès des élèves professeurs.

Résultat des courses :

-Beaucoup de difficultés pour la maîtresse qui était avec vous.

-Des enfants qui font des grosses sottises que je n’ose même pas écrire dans cette lettre.

-Des objets qui disparaissent, pour certains probablement du fait des élèves du CM2 qui sont rentrés dans la classe aux récréations.

-Des enfants qui pleurent, car ils ne retrouvent pas leurs affaires que leurs parents leur avaient achetées en début d’année.

Il faut tirer la sonnette d’alarme, et prendre des résolutions :

-Nous allons essayer de retrouver les objets disparus en mettant une boîte bleue dans la classe.

-Il faut organiser notre vie ensemble de manière à en finir, vraiment et totalement, avec ce climat de violence.

-Je propose que nous discutions en classe, dans la semaine, et que vous écriviez vos questions et vos idées en les déposant dans la boîte à questions.

Je vous avais parlé de trois choses importantes dont il faut très souvent se souvenir pour bien vivre ensemble. J’avais représenté chacune de ces choses par une lettre différente :

M comme matériel, P comme parole, B comme bienveillance. Lorsque ces trois choses sont vécues, elles produisent beaucoup de confiance ... Sans la confiance entre nous, il n’y aura pas de vrais progrès possibles.

C’est aussi pour rétablir une confiance nécessaire, que cette semaine, les parents sont invités à venir en classe pour établir, avec vous et les maîtres, les contrats d’alliance qui vont vous aider à faire des progrès. À partir de vos résultats aux différents tests dans les différentes matières que nous étudions en classe, nous allons établir, pour chacun d’entre vous, trois priorités que vous devez travailler plus particulièrement d’ici à Noël.

En fin de semaine, nous entrerons dans les vacances de la Toussaint.

Bonne semaine et bonnes vacances à tous.

Lundi 3 Novembre 1997 Neuvième lettre à la classe

Bonjour

Je vous souhaite un bon retour de vacances et une bonne deuxième partie de premier trimestre. Pour ceux qui ne le savent pas , je rappelle qu’un trimestre est, comme son nom l’indique, (tri veut dire trois, et, en vieux français, mestre signifiait mois) composé de trois mois. Nous avons donc quatre trimestres dans une année civile qui comporte elle-même douze mois, mais trois trimestres seulement pour une année scolaire. Le premier trimestre de notre année scolaire se terminera donc en Décembre, à Noël, et sonnera alors l’heure des premiers bilans. Chacun pourra déjà commencer à s’interroger sur les progrès qu’il a accompli. Il nous reste pratiquement encore deux mois à faire pour terminer le premier trimestre de l’année scolaire, qui est le plus long de tous et qui aura duré en fait quatre mois au lieu de trois.

En attendant, pour bien se préparer, avez-vous souvenir de votre contrat d’alliance ? Cela pourrait vous aider à bien travailler jusqu’à cette échéance de Noël, à condition d’en garder le souvenir et de le mettre en pratique ? Chaque contrat d’alliance est un peu différent des autres, il est personnel et il constitue une aide précieuse pour celui à qui il s’adresse et avec qui il a été fait.

Avez-vous retenu également le sens du matériel dont nous disposons en classe ? Un cahier du jour vert à carreaux noirs, un cahier d’essais bleu, un cahier jaune pour le soir, un répertoire pour les mots d’orthographe, un petit classeur pour l’orthographe et les auto-dictées, un grand classeur pour les plans de travail, un dossier pour l’histoire, l’éducation civique et la géographie, un dossier document pour les documents en transit, un dossier mémoire restant en classe, un grand classeur pour les mathématiques et les sciences, un petit dossier mémoire mathématique, un carnet de correspondance avec les parents, les tableaux de couleurs, un cahier noir pour les textes collectifs et personnels, un “livre “ blanc personnel pour s’essayer personnellement à l’illustration d’albums.

Pour conclure cette lettre je vous rappelle quelques projets en route : établir des règles du jeu, présenter des livres aux maternelles et au CP, devenir des petits maîtres d’enfants du CP, écrire des livres albums pour les petits ... Pour bien y parvenir nous avons trois règles dont je ne vous donne que les lettres, B, M, P, car vous en connaissez la signification. Nous y avions ajouter V et F. Nous pourrions écrire nos règles de vie comme une écriture nouvelle en cherchant un mot par lettre de l’alphabet ...

Lundi 10 Novembre 1997 Dixième lettre à la classe

Bonjour

L’autre jour, alors que je regardais de vieilles cassettes vidéo réalisées dans cette classe, je suis tombé, par hasard, à ma grande surprise, sur vous.

Vous étiez alors au CP et vous aviez été filmés alors que des “petits maîtres”, actuellement au CM2, vous apprenaient à lire ...

Je me suis amusé à essayer de vous reconnaître, tous, les uns après les autres. Ce n’était guère difficile ... Vous avez grandi, certes, mais vous n’avez pas trop changé et vous êtes très reconnaissables.

Madame Gessen, la maîtresse actuelle du CP, m’a demandé si certains d’entre vous, pouvaient venir l’aider au CP, et devenir ainsi à leur tour “des petits maîtres”. Avec une classe très chargée, madame Gessen éprouve beaucoup de mal à aider individuellement les enfants.

Mais comment devient-on petit maître ? Que peut-on attendre de lui ?

Telles sont les questions que je vous pose dans cette lettre ...

Je ne vous demande pas de répondre, aujourd’hui, mais seulement de commencer à y réfléchir.

Cette année, j’ai décidé que vous ne deviendriez des “petits maîtres” que lorsque vous aurez commencé à montrer que vous en êtes un peu capables, c’est à dire, que vous en aurez vraiment envie.

Je me suis dit qu’être “petit maître”, devait être un honneur dont on devait essayer de se montrer digne.

Vous allez, par exemple, cette semaine écrire des petits livres pour les CP, des petits albums qui, je l’espère, vont leur apprendre beaucoup de choses ...

Nous travaillons également en lecture expressive sur le chacal très malin que nous pourrions également présenter aux élèves du CP.

Ce sont deux bonnes occasions pour réfléchir à ce que peut vouloir dire “être un petit maître “. En espérant que chacun d’entre vous va le devenir bientôt. Très bonne semaine à tous.

Lundi 17 Novembre 1997 Onzième lettre à la classe

Bonjour

Cette semaine, vous allez retrouver, Dominique Tuzet, votre maître de l’année dernière, pendant deux jours. Je participe aujourd’hui et mardi à un stage sur l’apprentissage des langues étrangères. Ce stage a lieu à l’IUFM.

Je vous souhaite de bien travailler, d’être très sages, car je sais que vous êtes tous très heureux de retrouver votre ancien maître. Je vous propose de travailler à plusieurs choses ... et, finalement monsieur Tuzet choisira parmi celles-ci, (ou d’autres) :

-Travailler la lecture expressive du chacal très malin. Nous avons déjà présenté ce livre aux CP, Vendredi dernier. C’était bien, mais il faut progresser. Nous le présenterons peut-être Vendredi prochain au CE1. Afin que la présentation soit plus réussie que la première, il faut faire des gestes, et bien lire en choeur lorsque vous lisez à plusieurs. Il est préférable de savoir son texte par coeur.

-Continuer de travailler à la mémorisation de la reconstitution de texte, sur l’histoire de Paulin.

-Décorer les albums que vous avez déjà réalisés, et qui sont écrits.

-Écrire de nouveaux textes sur des fiches albums, puis les recopier une fois corrigés par le maître sur le cahier noir.

-Faire un alphabet, avec les majuscules, et les mots qui aident à mieux vivre. Cet alphabet pourrait décorer la classe.

-Travailler à réviser, en conjugaison, les verbes et les temps que nous avons déjà étudiés, et qui sont marqués au fluo dans votre dossier mémoire.

-Travailler en grammaire sur les différentes formes de phrase.

-Poursuivre l’apprentissage de l’usage du dictionnaire.

Je sais bien que vous ne ferez pas tout cela, mais au moins, vous avez le choix, pour faire parmi, toutes ces choses, celles que vous préférerez. Toutes les autres idées sont les bienvenues : (décorer la classe, voir une cassette vidéo ? etc ...). Bonne semaine à tous.

Des mots qui nous aident à écrire les majuscules et à vivre ensemble :

A Amitié, Amour, Aide ............

B Bienveillance, Bien, Bonté ............

C Chanter, Confiance, Couleurs ............

D Donner, Diversité, Douceur ............

E Écoute, Étonnement, Eau ............

F Force, Faiblesse ............

G Gentillesse ............

H Hardiesse, Habileté ............

I Idée ............

K Kermesse ...............

J Joie, Joli ............

L Loi, Loyauté ............

M Mémoire, Matériel, Musique ............

N Notion, Naïveté, Noël ............

O Ouvrir ............

P Parole, Patience, Pardon, Paix ............

Q Question ............

R Réponse, Roi ............

S Sagesse, Service, Silence, S.O.S ............

T Tendresse ............

U Unité ............

V Vie, Vérité, Vitesse, Volonté ............

W Wapiti ............

X Xylophone ............

Y Yeux ............

Z Zoo, Zorro ............

Lundi 24 Novembre 1997 Douzième lettre à la classe

Bonjour

Cette semaine, nous allons bien travailler, et mettre en pratique, en mémoire et en coeur, vivre en choeur, les mots de notre alphabet magique que vous pouvez compléter comme vous le voulez :

A Amitié, Amour, Aide ;

B Bienveillance, Bien, Bonté ;

C Chanter, Confiance, Couleurs ;

D Donner, Diversité,Douceur ;

E Écoute, Étonnement, Eau ;

F Force, Faiblesse ;

G Gentillesse ;

H Hardiesse, Habileté ;

I Idée ;

J Joie, Joli ;

K Kermesse ;

L Loi, Loyauté ;

M Mémoire, Matériel, Musique ;

N Nom, Notion, Naïveté, Noël ;

O Ouvrir ;

P Parole, Patience, Pardon, Paix ;

Q Question ;

R Regard, Réponse, Roi ;

S Sagesse, Service, Silence, S.O.S ;

T Tendresse ;

U Unité, Utile ;

V Vie, Vérité, Vitesse, Volonté ;

W Wapiti ;

X Xylophone ;

Y Yeux ;

Z Zoo, Zorro

Pensez aussi à bien préparer la lecture du chacal très malin pour les maternelles, et les CE1. Ce serait très bien que les petits aient envie de vous ressembler plus tard. Enfin, Sébastien CHARRE demande des parents grands frères et grandes soeurs pour l’aider à installer la B.C.D. Ce serait bien que beaucoup de personnes viennent pour faire vivre la bibliothèque d’école, qui, cette année, prend définitivement corps, grâce en partie, au travail des enfants du CE2 de l’année dernière qui ont écrit des lettres, pour commander un matériel que nous avons bien reçu. Et si l’école devenait un vrai lieu de rencontres et de vie ? Très bonne semaine à tous.

Lundi 1 Décembre 1997 Treizième lettre à la classe

Bonjour

Cette semaine, nous allons commencer à travailler en géographie. Savez-vous lire une carte géographique ? Savez-vous que le nord se trouve en haut de la carte ? Savez-vous que le sud se trouve en bas ? ... L’ouest, côté du soleil couchant, se trouve à gauche, l’est, côté du soleil levant, se trouve à droite ... Nous venons de définir la place des quatre points cardinaux que l’on retrouve sur une boussole : Le nord, le sud, l’est et l’ouest. La boussole est un instrument qui sert à se déplacer, à retrouver sa direction, quand on navigue en mer, où que l’on se déplace dans un désert, ou en forêt...

Vous avez vu que la carte de la mappemonde que j’ai apportée, Vendredi, dans un livre géant, était légèrement inclinée ... En réalité, cela signifie que la terre est légèrement penchée par rapport au nord qui se trouverait normalement en haut de sa sphère. On dit que la terre est disposée suivant un autre nord : le nord magnétique. Le nord magnétique est assez proche du nord géographique mais il ne lui est pas assimilable.

La terre est partagée, par les géographes, en deux hémisphères : l’hémisphère nord où nous vivons, et l’hémisphère sud. Entre les deux hémisphères se trouve l’équateur qui est la ligne qui sépare la terre en deux, suivant l’axe de sa rotation.

Pour lire une carte, il faut savoir enfin que, les mers, les océans, et les cours d’eau, sont généralement en bleu, la terre, est souvent en marron jaune, vert et blanc. En vert, sont généralement les plaines ; en marron, sont les montagnes ; en jaune, les déserts et les moyennes montagnes ; en blanc, les très hautes montagnes, lieu des neiges éternelles. Les villes et les villages sont marqués par un point, les routes le sont souvent par un trait noir, et les frontières, par des pointillés, parfois rouges.

Mais avant de lire une carte il faut regarder sa légende, car ses couleurs peuvent changer, et il peut y avoir d’autres indications. La légende d’une carte est notée souvent dans un coin, à côté de celle-ci.

Nous allons nous entraîner à dessiner une carte de France.

Cette même semaine, je vais également vous distribuer le cahier du moment coquelicot, qu’on pourrait appeler aussi le cahier le cahier mémoire. Il s’agit d’un cahier où l’on apprend à travailler seul en se souvenant de son contrat d’alliance. Pour vous entraîner à l’utiliser, je vais vous donner une photocopie d’une série de questions sur le chacal très malin. Vous pouvez prendre une page par question et ne pas répondre aux questions dans l’ordre. Lorsque vous aurez répondu aux quarante questions qui composent le questionnaire, vous pourrez commencer à travailler sur d’autres choses.

Nous allons justement répéter la lecture du chacal très malin pour les maternelles, et, si nous avons fait de gros progrès, nous pourrons le présenter en maternelle. La présentation en CE2 a été moyenne, vous pouvez mieux faire.

Y a-t-il enfin chez vous des parents grands frères et grandes soeurs pour aider Sébastien Charre à installer la B.C.D. ? Ce serait très bien s’il y en avait.

Très bonne semaine à tous.

Lundi 8 Décembre 1997 Quatorzième lettre à la classe

Bonjour

Cette semaine, nous allons essayer de faire beaucoup de choses ... Il s’agit de l’avant dernière semaine avant les vacances de Noël et il faut mettre de l’ordre dans ce que nous n’avons pas pu terminer à cause des différents stages.

Demain, mardi, vingt-cinq professeurs d’école viennent à l’école ... Il s’agit de jeunes futurs professeurs de lycées et collèges, ainsi que de jeunes futurs maîtres d’école. Ils viennent visiter notre école, notre quartier pour essayer ... de les connaître ... de vous connaître.

J’ai pensé que vous pourriez leur servir de guide ... par groupe de deux ou trois, accompagnant trois ou quatre élèves professeurs ...

Il s’agit de leur faire visiter huit points différents :

Point numéro un : Notre classe

Point numéro deux : Notre école, l’emplacement des classes et le nom des maîtres, et la B. C. D.

Point numéro trois : L’école maternelle ...

Point numéro quatre : Les lieux où nous faisons de l’éducation physique, gymnases et terrains ..

Point numéro cinq : Un endroit du quartier que vous aimez bien ...

Point numéro six : Un endroit du quartier où vous faîtes des courses.

Point numéro sept : Une allée ou une maison où vous habitez ... Peut-être une maman pourra-t-elle accueillir un instant votre visite ..

Point numéro huit : Un point surprise, par vous, préparé ...

Votre promenade par groupe de deux que vous allez préparer ne va durer en fait qu’une heure ...

Chacun des groupes aura un ordre différent d’itinéraire des différents points à visiter ... Comme ça vous ne serez pas en même temps dans les classes ou certains lieux...

Ainsi certains commenceront par la classe, d’autres par l’école etc ...

Pour vous aider à vous situer dans le quartier mais surtout pour apprendre à vous déplacer avec une carte, vous disposerez d’un plan du quartier ...

J’espère donc que la visite sera réussie et que vous saurez accueillir ces visiteurs ... Pensez qu’avant d’être vous-mêmes accueillis en maternelle, probablement Jeudi, après-midi, pour la présentation du chacal très malin, il est important que vous appreniez à bien accueillir...

Lundi 15 Décembre 1997 Quinzième lettre à la classe

Bonjour

La meilleure classe du monde, pour un maître c’est :

- 1 Ne jamais répéter inutilement les choses simples...

- 2 Ne jamais attendre ...

- 3 Ne jamais punir ...

- 4 Ne jamais crier

- 5 Ne jamais voir s’abîmer inutilement ou se perdre du matériel personnel ou collectif ... “

Vous remarquerez comment le point numéro 1 a l’air facile, et comment le point 5 évoque des catastrophes ... Alors pour ne jamais en arriver au point numéro 5, sans doute faut-il ne jamais commencer par le point numéro 1, c’est à dire ne jamais faire répéter inutilement le maître.

La meilleure classe du monde pour un élève c’est :

B comme bienveillance envers chacun ...

P comme parole donnée et reçue, entendue et écoutée, de chacun à chacun ...

M comme matériel ...

Et pour vous quelle est la meilleure classe du monde ? Cette semaine, la ( future ) meilleure des classes du monde va faire les contrôles, avec monsieur Tank, et avec moi, j’espère beaucoup qu’ils seront réussis par tous les élèves ... Ces contrôles, en effet, sont importants pour passer en classe supérieure, pour faire un lien entre les différents niveaux, les différents maîtres ... pour signer les futurs contrats d’alliance ...

En plus des contrôles, nous allons devoir aller à l’école de Gounod pour une rencontre USEP de cross, Jeudi, et, au château de la Perrotière, Vendredi. Enfin, cette après-midi, nous allons regarder un montage sur la Turquie présenté par le professeur de turc. Nous irons au carrefour informatique, ensuite, pour apprendre avec l’oncle de Mahfoud, à taper des textes pour faire des albums pour les CP... Pensez à vous tenir très bien en cette occasion ...

L’autre jour, j’ai vu et cela m’a fait bien rire, Jérémy, jouer à rester à la récréation. “Pourquoi restes-tu ?” lui ai-je demandé. Il m’a dit d’un air très sérieux : “Je me suis donné une punition ... “ . Et Jérémy a écrit cinquante fois, sur son cahier de brouillon, sans que personne ne lui demande rien, sans non plus qu’il ait fait rien de mal “ Je ne dois pas me battre ...” .J’ai eu beau lui dire que je ne donnais par principe jamais de punitions, il n’a rien voulu savoir, il disait qu’il adorait faire des punitions. Moi je préfère vous voir gentils tout simplement et alors pouvoir vous dire merci ....

Merci pour votre excellent accueil des étudiants professeurs, Mardi après-midi. Certains ont même bu le thé chez certains d’entre vous. En partant deux d’entre eux m’ont demandé : ” Comment fait-on pour venir enseigner dans cette école ?”. Merci pour votre bonne présentation du chacal très malin en maternelle. Certes, nous pouvons mieux faire. Mais vous avez déjà fait beaucoup de progrès. Vous avez été un bon exemple pour vos petits frères et petites soeurs. Nous retournerons en maternelle plus tard dans l’année, en matinée, sans doute, de façon à voir même les petits enfants qui étaient dans les couchettes, Jeudi.

Très bonne semaine à tous, bons contrôles, et bonnes vacances de Noël.

Fiche pour améliorer la lecture expressive ...

1

Je pense à mettre le ton, à faire vivre le texte, au sens de l’histoire ...

2

Je pense au rythme des phrases et j’articule bien ....

3

Je parle assez fort sans crier ...

4

J’écoute les autres (même en lisant lorsque je lis en choeur ) ...

5

J’aide celui qui lit par mon regard, par mon silence, mon écoute .. ...

6

Je mets les gestes qu’il faut ...

7

Je ne montre pas quand je me trompe mais je corrige ...

8

J’aide en silence et sans me faire remarquer l’élève en difficulté ...

9

Je pense à toujours bien me tenir car des gens me regardent ... Je n’oublie jamais que je lis pour le public qui m’écoute ..

10

Je n’oublie jamais que je ne suis pas tout seul à lire et que la réussite recherchée est la réussite de tous et non la mienne seulement ...

Lundi 5 Janvier 1998 Seizième lettre à la classe

Bonjour

Cette lettre doit servir aux contrôles ... que nous terminons aujourd’hui ...

D’abord, elle servira au contrôle de lecture compréhensive ...

Voici comment :

-Il faut répondre aux cinq questions suivantes qui concernent la lettre 15 :

Question 1 : En lisant la lettre 15 peux-tu dire, ce qu’est la meilleure classe du monde pour un maître ?

Question 2 : Et pour un élève ?

Question 3 : Peux-tu dire ce que nous allons faire au carrefour informatique ?

Question 4 : Pourquoi le maître était-il content de l’accueil que vous avez fait aux élèves professeurs lors de la visite du quartier ?

Question 5 : Pourquoi l’histoire de Jérémy est-elle drôle ?

Ensuite, cette même lettre servira au contrôle de Géographie :

Pour cela, il te faut dessiner une carte de France suivant le modèle ...

Indique sur la légende :

-La place des quatre points cardinaux : Nord, sud, est, ouest

-Les couleurs utilisées :

Bleu : mer, fleuves et rivières ...

Rouge : les frontières ...

Jaune : petites montagnes ...

Vert : les plaines ...

Marron les montagnes hautes ..

Trouve sur la carte en t’aidant des documents fournis :

Avec un point noir, quatre villes : Paris, Lyon, Marseille, Saint-Étienne

Avec un trait bleu, quatre fleuves : Loire, Seine, Rhône, Garonne ...

En jaune et marron six montagnes : Alpes, Jura, Pyrennées, Massif Central, Vosges, Massif Armoricain

Coloriée en vert deux plaines : Le bassin parisien, le bassin aquitain

Une année commence, 1998 ...

Très bonne année à tous, et bons contrôles.

Lundi 12 Janvier 1998 Dix-septième lettre à la classe

Bonjour ...

Nous nous retrouvons ce matin, après une absence, contre ma volonté, pendant quelques jours, car j’étais malade. Mais oui, ça arrive parfois que les maîtres soient malades ...

Je dois dire que je suis très content de vous retrouver, même si je suis encore un peu fatigué ... En effet, j’ai beaucoup pensé à chacun de vous pendant que j’étais chez moi ... Et j’espère que nous allons être très heureux ensemble chaque jour, et chaque instant de cette nouvelle année ..

Les contrôles que nous n’avons pas pu terminer à cause de mon arrêt, sont encore à finir. Les rencontres avec vos parents, pour établir les contrats d’alliance du second trimestre, pourront commencer, sans doute, Jeudi prochain ... et, au plus tard, Lundi après la classe ... dès que nous en aurons fini avec les contrôles ...

L’occasion pour moi de vous lire aujourd’hui les notes que vous avez obtenues jusqu’à présent, et de vous informer qu’il nous reste trois petits contrôles à faire, ou à finir ...

En géographie, tout d’abord, il faut situer, sur la carte, les éléments qui sont indiqués sur la lettre numéro seize.

En expression orale ensuite, il faut que chacun de vous prépare, dans sa tête, avec des éléments écrits au brouillon, s’il le souhaite, une histoire, vraie, ou imaginaire, qu’il va raconter à la classe. Il peut s’agir d’une histoire vraie, mais aussi d’une histoire tirée d’un livre ... Le récit ne doit pas excéder deux minutes ...

En lecture orale, enfin, il faut que chacun d’entre vous prépare un texte court à lire à la classe, oralement avec des gestes, si possible, on peut se mettre à deux pour faire une lecture en choeur. Le choix du texte est libre vous pouvez le choisir dans la B. C. D. ou la bibliothèque de classe.

Enfin, nous allons distribuer à l’orée de ce nouveau trimestre, du matériel nouveau, car il s’agit pour chacun de vous d’apprendre à travailler de plus en plus seul.

Vous aurez de nouveaux cahiers, et tableaux de couleurs, et pour chaque chose nouvelle nous expliquerons sa bonne utilisation.

Aujourd’hui, nous allons à la piscine, et nous espérons peut-être aller au carrefour informatique ...

Pensez que lorsque vous vous déplacez des gens vous regardent, et que d’autre part, il faut être prudent, des voitures circulent.

J’aimerais, pour conclure cette lettre, vous rappeler que le plus important est souvent caché ... et qu’il faut ouvrir grand son coeur et son intelligence, pour l’accueillir, en soi, grand ses yeux et ses oreilles pour le voir et l’entendre en chacun des autres ... Très bonne semaine à tous, et bons contrôles.

Lundi 19 Janvier 1998 Dix-huitième lettre à la classe

Bonjour ...

Vendredi soir, j’étais assez fatigué et triste. J’ai parfois l’impression qu’il ne faut cesser de répéter les mêmes choses, et que la meilleure classe du monde, ou, la bonne classe, tout simplement est vraiment très, très, très loin de nous.

C’est alors que j’ai parlé avec une de mes voisines qui est maîtresse d’école elle aussi, mais dans un village. Elle m’a rappelé une chose très importante : à l’école on n’apprend pas seulement beaucoup de choses mais aussi on doit réfléchir sur le sens des choses. Elle m’a alors expliqué que, dans sa classe, à l’étude, elle met souvent la radio que les élèves écoutent tout en travaillant.

L’autre soir, au cours d’une émission, un auditeur téléphonait au sujet de l’abolition de l’esclavage. Cette année, en effet, nous fêtons le second centenaire de l’abolition de l’esclavage. Cela signifie qu’il est désormais interdit dans le monde entier, dans n’importe quel pays de la planète terre, de vendre et d’acheter des êtres humains. Ce vieil homme qui parlait à la radio, était grand père. Il expliqua qu’il écrivait chaque année à l’école où vont ses petits enfants pour dire la même chose très simple : il ne suffit pas d’apprendre beaucoup de choses, encore faut-il donner un bon sens aux choses.

Par exemple : ces hommes qui vendaient des esclaves n’étaient pas des ignorants, ils étaient, pour la plupart, aller à l’école, comme d’ailleurs ceux qui parfois en ont exterminé d’autres au nom d’une prétendue race pure, ou d’une autre prétendue impure, comme nous le lirons dans le livre “mon ami Frédéric “. Ces hommes paraissaient même parfois, de loin, être très intelligents. On sait qu’Arthur Rimbaud (1854 -1891 ), un grand poète français, a tristement et malheureusement fini ses jours comme marchand d’esclaves.

Comme l’écrivit Michel de Montaigne (1533 - 1592 ), auteur français lui aussi très connu, il ne suffit pas d’avoir “ une tête bien pleine”, il faut encore avoir “une tête bien faite”. Souvenez-vous de ces choses.

Vendredi, j’ai reçu la visite de cinq anciens élèves actuellement au CM2, ils voulaient lancer de grandes actions “du coeur”, mais ils ne savaient pas quoi faire exactement. Finalement, ils ont décidé de mener trois actions.

Tout d’abord, ils vont recueillir des pièces jaunes pour les enfants malades qui et hospitalisés. Cette collecte est organisée nationalement. On peut aller chercher des maisons en carton à la poste. On met les pièces jaunes dans une petite maison, lorsque la maison est pleine, on la rapporte. On pourrait aller chercher une maison et la garder dans notre classe, par exemple.

Ces élèves ont également décidé de vous demander d’apporter à manger, des denrées non périssables. Celles-ci pourraient être distribuées soit au restos du coeur soit à une oeuvre qui s’occupe du tiers monde. En attendant elles sont déposées dans une boîte bleue dans le couloir du premier étage.

Enfin, ils ont dit que ce serait bien que vous fassiez des dessins pour les enfants d’Algérie, victimes des massacres. Il s’agirait de dessins de paix et de réconciliation, de pardon, envoyés à une école de là-bas. Là ce sont les cinq élèves qui sont venus dans la classe qui s’occupent de les ramasser directement.

Bonne semaine à tous ...

Lundi 26 Janvier 1998 Dix-neuvième lettre à la classe

Bonjour ...

Vendredi soir, la dame qui fait les ménages m’a fait un compliment, et cela m’a fait plaisir.

Elle m’a dit : “Votre classe est très bien rangée, jusqu’aux bureaux des élèves où il n’y a aucun papier qui traîne ” .

J’étais si content que je ne lui ai pas dit que nous avions passé toute l’étude à ranger justement car je voudrais tellement que la classe soit toujours aussi propre sans que nous ayons à ranger spécialement mais parce que chacun ferait plus attention.

Il y a eu, certes, ce compliment, mais aussi, comment l’oublier la visite au cinéma, pour voir le film de François Truffaut “l’argent de poche”, film réalisé en 1976 et qui met en scène des enfants qui vous ressemblent un peu parfois.

Je me suis bien souvenu, alors même que la dame me parlait, que les trois classes de l’école qui étaient dans la salle, n’ont pas toujours bien écouté les explications de l’animateur. Ces explications étaient très intéressantes, pourtant. Certains élèves, paraît-il, ont même sonné aux portes pendant le déplacement à pied jusqu’à la salle de cinéma.

C’est peut-être cela qui est le plus difficile, ce sont ces passages du meilleur au presque pire qui fatiguent tous les maîtres.

Souvenez-vous de la pierre qui fait des ricochets dans l’eau, elle ne parvient à gagner l’autre rive que parce que la vitesse qui lui est donnée est plus forte que son poids. Ainsi en va-t-il de la classe, si nous pensons trop à nous-mêmes, si nous nous retournons sans cesse à cause des problèmes que nous créons, nous nous alourdissons, et nous finissons par prendre l’eau, couler ...

Par contre, si nous nous laissions gagner par le mouvement, le désir de gagner l’autre rive, nous progresserions, et tout le monde, chaque enfant, pourrait se retrouver, l’année prochaine, en classe supérieure, au CM1.

Les maîtresses, Véronique et Élisabeth, nous ont préparé un très bel outil : les cahiers d’apprentissage de français. Il s’agit d’un cahier personnel où chacun doit travailler à son rythme. Cet outil ne pourra donc fonctionner que si chacun fait le maximum pour bien gérer son matériel, bien ranger ces choses, se prendre en charge, tout seul comme un grand, sans que personne n’ait à le lui dire.

Alors, faire la classe deviendra un plaisir de chaque instant, et chacun sera content d’aider les autres à bien travailler, à progresser, à réussir. Allons donc, et regardons toujours au devant de nous, afin que, comme la pierre lancée, nous prenions de plus en plus de vitesse, chaque jour une force plus grande, et cessons de nous arrêter pour des choses sans importance qui nous alourdissent.

Le voulez-vous ? Il suffit que vous le vouliez vraiment car je crois, je suis même certain, que vous en êtes tous capables.

Bonne semaine à tous ...

Lundi 2 Février 1998 Vingtième lettre à la classe

Bonjour ...

Vendredi soir, en partant, Mahfoud, m’a dit : “Maître, j’ai inventé tout seul des exercices pour mon cahier d’apprentissage.”

En réalité, Mahfoud, n’avait pas vraiment inventé ces exercices, il n’avait fait que les choisir dans son livre de grammaire. Mais c’est déjà très bien. Car ceci signifie qu’il a commence à bien comprendre le sens de ces cahiers d’apprentissage.

Dans ces cahiers, chaque semaine, en effet, le maître vous programmera un exercice dans chaque discipline : production d’écrits, grammaire, conjugaison, orthographe, vocabulaire. Mais une fois les exercices terminés, vous pouvez très bien vous choisir par vous-mêmes un exercice dans la discipline que vous jugez utile.

Il reste une question : Comment se programmer tout seul un exercice qui ne soit pas trop facile ni trop difficile, c’est à dire, un exercice que vous puissiez faire en lisant la leçon, et qui vous serve vraiment?

La réponse est assez facile, vous pouvez regarder les locomotives qui indiquent votre niveau supposé dans chaque apprentissage, et en déduire, après avoir consulté la table des matières, un exercice approprié.

Mais si nous continuons sur la lancée, rien n’empêche en effet, comme l’a exprimé peut-être involontairement, Mahfoud, d’inventer des exercices comme vous le faîtes déjà en mathématiques. Pour cela, il suffit que nous ouvrions une boîte d’exercices en français, destinée à la classe, et une autre avec les réponses, comme vous le faîtes si bien avec monsieur Tank. Êtes-vous d’accord ?

Il est vraiment difficile d’inventer des exercices, mais celui qui y parvient montre par là qu’il maîtrise vraiment la notion traitée. Dans le mot maîtrise, il y a le mot maître, donc, on peut dire autrement que celui qui y parvient commence à être un vrai petit maître.

Pour terminer cette lettre, je voudrais vous dire ma réflexion devant le livre que nous sommes en train de lire : “Mon ami Frédéric” de Hans Peter Richter.

Ce livre, vous l’avez vu, est normalement destiné aux enfants de plus de 11 ans.

Si je l’ai choisi, malgré tout, c’est qu’il parle de choses très importantes, et qu’il nous enseigne sur les atrocités du racisme, et de la discrimination, non à partir d’histoires inventées mais dans le récit d’une histoire vraie.

Ce livre comporte des passages difficiles à lire, et parfois, durs à supporter : Voulez-vous que nous continuions à le lire intégralement ou, préférez-vous que nous n’en lisions que des parties ?

Le professeur de musique qui travaille avec les grandes classes, m’a, dores et déjà dit qu’elle aimerait que vous fassiez au moins une chanson sur cette histoire. Êtes-vous d’accord ? Voulez-vous que nous essayions ? Bonne semaine à tous ...

Lundi 16 Février 1998 Vingt et unième lettre à la classe

Bonjour ...

Avez-vous passé de bonnes vacances de Février ? Je l’espère ...

Je suis passé Vendredi après-midi, dans l’école, j’ai trouvé un carreau cassé. Des gens étaient entrés dans la B.C.D. Fort heureusement, il semble que les visiteurs n’aient rien volé.

Alors,je me suis mis à rêver et je me suis dit que peut-être ces visiteurs ont-ils trouvé la boîte bleue, remplie de nourriture pour les enfants qui n’ont pas de quoi manger. Cette boîte était juste derrière la porte de la BCD. Un écriteau, posé dessus, indiquait la direction de la nourriture. Alors, peut-être ont-ils pensé qu’ils ne pouvaient prendre des choses à des enfants capables d’apporter tant de bonnes choses pour d’autres plus dépourvus qu’eux.

D’ailleurs, le temps est venu de faire le point sur nos trois projets “du coeur” présentés dans une lettre précédente :

-Nous avons rempli plus d’une maison cartonnée de pièces jaunes, pour les enfants malades. Ces pièces ont été apportées par Sébastien, à la poste, à la fin du mois de Janvier.

-Nous pourrons bientôt apporter la nourriture de la boîte bleue. Il suffit de trouver l’association destinataire : les Restos du Coeur ?

-Pour ce qui est des poèmes pour les enfants d’Algérie, certains ont commencé à en écrire. Il suffit de les stocker dans une enveloppe, de trouver une adresse d’une école, par exemple, puis de les envoyer.

En tout cas merci, d’avance, à tous ceux qui ont participé à ces actions.

Enfin, je vous propose le début de la chanson de Frédéric, que nous pourrions apprendre. À vous de la continuer.

Elle nous vint de l’ Allemagne

Elle descendit jusqu’ici

Quand des villes jusqu’aux campagnes,

La fureur était nazie ...

Des plaines jusqu’aux montagnes ...

On n’entendait plus qu’un cri ...

La terreur pour seule compagne ...

Alors, descendit la nuit.

Si nous lisons ce livre, c’est que je crois très important, à l’école, de préparer les enfants que vous êtes, à aimer la paix, et la fraternité entre tous les hommes, comme à travailler plus tard, quand vous aurez grandi, pour que jamais plus ne revienne un temps de haine et de guerre.

Très bonne semaine à tous ...

Lundi 23 Février 1998 Vingt-deuxième lettre à la classe

Bonjour ...

Je vous propose la suite de la chanson de Frédéric qui en est maintenant à un stade plus avancé. Vous pouvez proposer une nouvelle suite.

Elle nous vint de l’ Allemagne

Elle descendit jusqu’ici

Quand des villes jusqu’aux campagnes,

La fureur était nazie ...

Des plaines jusqu’aux montagnes ...

On n’entendait plus qu’un cri ...

La terreur pour seule compagne ...

Alors, descendit la nuit.

Notre ami Frédéric,

Tout petit enfant juif

Qu’elle fut longue ta nuit

Frédéric, notre ami ...

Notre ami Frédéric

Tout petit enfant juif

Tu aimais tant la vie

Frédéric, notre ami ...

L’histoire de Frédéric, que nous lisons en ce moment, se déroule dans des temps proches de la seconde guerre mondiale, entre 1939 et 1945 : six millions de juifs ont trouvé la mort dans cette guerre qui fit au total, plus de cinquante-cinq millions de morts, ce qui équivaut presque à la population d’un pays comme la France.Aujourd’hui, en 1998, vous l’avez sûrement lu dans les journaux, ou regardé à la télévision, on parle de possible nouvelle guerre, entre l’Irak et les États-Unis. Il semble, depuis hier, que la guerre sera évitée. Il n’y a sans doute rien de plus terrible qu’une guerre. Je crois qu’il faut toujours éviter d’utiliser la violence, contre d’autres hommes. Mais les hommes d’aujourd’hui, sauront-ils le comprendre ?

J’espère que vous saurez vous souvenir, quand vous serez grands, de la nécessité de toujours préparer la paix.

Les armes de destruction sont, d’ores et déjà, telles aujourd’hui, que les hommes ont la possibilité théorique de faire exploser la planète entière. Une telle possibilité est récente dans l’histoire de l’humanité. Elle date d’à peine trente ans.

Il faut absolument que les hommes et les femmes que vous serez plus tard, aient conscience de ces choses et soient des artisans de la paix en toutes circonstances.Au fait, avec Céline et Sébastien, nous sommes allés apporter une caisse bleue toute pleine de nourriture aux restos du coeur. Il nous reste encore le dernier projet à conclure, pour cette semaine. Ce projet est celui des poèmes pour les enfants meurtris de l’Algérie. Il faut que ces poèmes soient une invitation à la paix et non à la vengeance. Car si la violence appelle toujours la violence, la paix appelle toujours la paix. Très bonne semaine à tous ...

Mardi 3 Mars 1998 Vingt-troisième lettre à la classe

Bonjour ...

Il ne faut traverser une rue qu’après avoir regardé de chacun des deux côtés : Khalid, peu après la sortie de l’école, Vendredi à midi, a été renversé par une voiture. Ayant vu un copain de l’autre côté de la rue, il a voulu le rejoindre en courant et il a traversé sans regarder. Khalid s’est retrouvé à l’hôpital. Heureusement, lorsque j’ai téléphoné, Vendredi soir, pour prendre de ses nouvelles, son grand frère m’a dit, qu’après quelques examens, il avait pu revenir chez lui et qu’il n’avait rien de grave, finalement : juste une petite bosse sur la tête et une petite douleur au pied.

J’ai été touché par la spontanéité avec laquelle la plupart d’entre vous ont voulu lui faire des dessins. Chafik a apporté le soir chez son copain Khalid, les quelques oeuvres que vous aviez faites pour lui, et tout le monde a signé. J’ai bien remarqué que les élèves qui se disputent parfois avec Khalid, ont voulu participer, et étaient même les plus déterminés à s’appliquer. Alors l’histoire de Khalid pourrait être la parabole de notre classe.

Je voulais vous proposer de faire un bout de chemin ensemble, en cette année scolaire, un chemin dont nous nous souviendrions longtemps, un chemin de vie. J’espère parfois que nous saurons le prendre, car il me semble parfois que nous ne l’avons pas encore vraiment commencé, ou plutôt que nous passons trop de temps à soigner nos blessures au lieu d’avancer.

Le premier jour du retour des vacances de Février, souvenez-vous, Sébastien qui adore aller à la pêche avec son papa, nous a ramené une pierre plate. C’est que Sébastien se souvenait de l’histoire vraie que je vous avais racontée un matin du mois de Janvier. Il s’agissait de l’histoire des ricochets. Pour rejoindre l’autre rive, et ricocher sur l’eau, une pierre plate doit être lancée avec force et de manière horizontale, d’un geste brusque, un geste que les bergers connaissent par coeur. Une pierre, lancée à la verticale, ou même simplement dans un angle avec le sol trop important, même avec beaucoup de force, ne pourrait ricocher, et son propre poids l’enfoncerait au fond de la rivière.

Cette histoire de la pierre est un peu l’histoire de notre classe. J’ai l’impression que nous perdons beaucoup de temps à régler des problèmes de matériel, des problèmes de bienveillance, des problèmes d’écoute de la parole de l’autre, et, que dès lors nous tombons inexorablement au fond de l’eau, au lieu de rejoindre l’autre rive, c’est à dire, de progresser suffisamment pour être apte, en fin d’année, à ce que tous les élèves passent au CM1. Alors, le chemin que je voulais vous proposer en cette année scolaire, s’alourdit, se détourne et pourrait bien nous conduire à la plongée vers le fond. Alors, si nous ne réagissons pas à temps, il pourrait survenir la noyade.

Je le répète souvent : le plus important est caché, car nous ne pouvons montrer aux autres de manière parfaite ce que nous ressentons au fond de nous-mêmes. Il n’en reste pas moins qu’à certains moments ce qui est caché peut s’exprimer plus librement, et cela nous étonne parfois nous-mêmes. J’aimerais simplement que dans la classe, nous sachions plus souvent exprimer les bonnes choses qui sont cachées au fond de chacun, ainsi, non seulement, nous rendrions tous la vie plus facile aux autres, afin de mieux travailler, mais nous pourrions de ricochet en ricochet redevenir la meilleure classe du monde. Très bonne semaine à tous ...

Lundi 9 Mars 1998 Vingt-quatrième lettre à la classe

Bonjour ...

Vous avez lu dans le livre “Mon ami Frédéric” que les enfants qui marchent au pas, qui sont disciplinés , qui sont obéissants ne suffisent pas à faire une bonne classe. Il y a des images d’ordre qui trompent.

Dans l’époque trouble des années trente, lors de la montée du nazisme en Allemagne, dans les rangs des jeunesses hitlériennes, les enfants chantaient d’un même coeur, saluaient d’un même geste, un seul et même nom devant un seul et même portrait, un seul et même drapeau.

Mais l’équilibre de leur ordre se fondait sur la persécution des faibles et des opposants au régime et aux idées qui étaient les leurs. Ainsi procéda-t-on à l’extermination des enfants tziganes, ou juifs, ainsi élimina-t-on l’existence d’enfants handicapés, et des hommes épris d’un idéal de paix, de justice de liberté, ainsi voulut-on préserver une race pure et forte.

Car l’ordre apparent cachait le désordre de la haine instituée comme loi. Il n’y a rien de plus dangereux que le culte de la force qui méprise la faiblesse.

Il n’y a rien de plus dangereux que de croire que le mal c’est l’autre. Que le mal vient de celui qui est différent de nous. On appelle cela le bouc émissaire, ou, la bouc-émissarisation.

Il faut, au contraire, savoir combattre uniquement ce qui en nous, fait obstacle à la rencontre avec les autres, à l’amitié, à la solidarité avec le plus faible.

Souvenez-vous Vendredi soir, en fin d’après-midi, dans la classe il régnait un beau désordre. Certains d’enfants rouspétaient ne voulant plus recopier leur travail tant ils se disaient fatigués. C’est à ce moment qu’arriva la maman de Mickaël et elle attendit trop longtemps que celui-ci ait fini de recopier son travail.

J’étais moi-même de mauvaise humeur, irrité par tant de sotte volonté.

Mais au milieu de ce beau désordre, dans la classe, trônait un magnifique dessin du silence.

Farah et Cidem l’ont pris en photo. Ce dessin représentait la paix, avec un arc-en-ciel, une maison, des arbres. Lorsque la photo sera tirée nous pourrons l’envoyer en Algérie, avec les poèmes.

Oui, la paix fait parfois du bruit, elle ressemble parfois à un désordre, on y entend des cris. Mais elle continue inlassablement son chemin vers l’autre quel qu'il soit, pour lui dire une parole d’amitié.

Oui, le chemin de notre vie de classe, ressemble à une eau qui coule, qui bruisse, ou qui chante, qui fait même parfois lorsqu’il rencontre une forte rupture de terrain, des cascades. Mais finalement malgré les difficultés il continue sa route en direction de la pente. Un jour, sans doute, , comme l’enfant petit dont je vous avais raconté l’histoire en début d’année, arrivera-t-il au calme paisible de la mer, là même où l’horizon s’élargit à l’infini...

Lundi 16 Mars 1998 Vingt-cinquième lettre à la classe

Bonjour ...

Hier, Dimanche, était une journée d’élections. On votait pour élire des conseillers régionaux et départementaux. Notre école, toutes les salles de classe, notre salle de classe, pour l’occasion, étaient transformées en bureaux de vote. Il faut vous expliquer que la France dispose de cinq niveaux d’instances politiques. Chacun de ces niveaux comporte son élection propre.

Le premier niveau de gouvernement est celui de la municipalité, autrement dit : la ville. Il s’appelle le Conseil Municipal. La ville où nous vivons s’appelle Saint-Étienne. À la tête du Conseil Municipal se trouve le maire.

Le second niveau de gouvernement est le Conseil Départemental, ou Conseil Général, il est situé au niveau du département. Une moitié des conseils généraux ont été renouvelés, hier. Notre département, la Loire, est l’un des quatre-vingt quinze (ou quatre vingt-seize si l’on subdivise la Corse, en Corse du Nord et Corse du Sud) départements français, rangés par ordre alphabétique, et il porte le numéro quarante-deux. Chaque département est découpé en cantons. Les conseillers généraux sont les élus, pour chaque canton, dans cette assemblée.

Le troisième niveau de gouvernement est le Conseil Régional. Chaque région regroupe plusieurs départements. Le territoire français métropolitain comporte vingt-deux régions. Notre région est la région Rhône-Alpes. Dans cette région, outre le département de la Loire, nous trouvons l’Ain, le Rhône, l’Isère, la Drôme, l’Ardèche, la Savoie et la Haute-Savoie. Tous les conseils régionaux de France ont été renouvelés hier.

Le quatrième niveau de gouvernement est le niveau national. L’Assemblée Nationale, qui siège à Paris, est formée de députés élus pour chaque département. Il existe une seconde assemblée nationale appelée le Sénat et qui est constituée de membres élus par les grands électeurs. Les grands électeurs sont les membres élus des différentes assemblées.

Le cinquième niveau de gouvernement est le niveau européen. La France fait partie de l’Europe, et un Parlement Européen siège à Bruxelles en Belgique.

On peut ajouter, dans un sixième niveau, des instances internationales, comme l’Organisation des Nations Unies (l’ONU). Les représentants des Nations Unies ne sont pas directement élus par les citoyens de chaque pays, mais peut-être cela arrivera-t-il un jour ? Ils sont formés de représentants désignés par les différents gouvernements des différents pays de la planète.

Tout ceci est sans doute bien compliqué. Mais il est certain que le droit de vote a été acquis avec difficulté dans l’histoire. Et il exprime un progrès démocratique certain par rapport à un gouvernement qui serait imposé. Le vote permet à chacun de choisir parmi les hommes et les partis politiques en lisse, celui ou ceux par qui il souhaite, ou préfère, être gouverné.

La ville de Saint-Étienne nous propose de faire partie d’un Conseil Municipal d’enfants avec d’autres représentants qui seraient des élèves des autres CE2 de la ville. Voulez-vous en faire partie ? Si cela vous intéresse nous pourrions essayer de répondre à la sollicitation qui nous est faite. Pour cela, il faudra se désignent des candidats pour notre classe. Et procéder à un vote.

Lundi 23 Mars 1998 Vingt-sixième lettre à la classe

Bonjour ...

Le livre de Frédéric est vraiment très difficile à lire, trop difficile sans doute aussi à supporter pour des jeunes enfants comme vous. Je voulais vous montrer quelques aspects des horreurs du racisme d’état, tel qu’il sévissait dans l’Allemagne nazie, mais vous êtes trop petits, et vous avez droit à ne pas tout connaître, dans les détails de l’horreur, au moins. Nous allons, si vous n’y voyez pas d’inconvénients, sauter quelques passages du livre, pour en arriver bientôt, plus tôt, en tout cas que prévu, à la fin. Nous allons cependant continuer à étudier, en histoire, cette période, et je vous ai apporté aujourd’hui le livre album intitulé “Rose Blanche” qui parle d’une petite fille allemande découvrant par hasard, vers 1944, l’existence d’un camp de la mort, à côté de chez elle. Pour ce qui est de la chanson de Frédéric, nous avons composé ensemble le deuxième couplet et le deuxième refrain, les voici donc.

Tout commence par un regard,

Un mot qui résonne mal,

Tout commence par une histoire,

Somme toute assez banale ...

Et tout à coup vient la haine ...

Le bruit des bottes et la mort ...

La liberté qu’on enchaîne

Sans raison toujours à tord ...

Notre ami, Frédéric,

Tout petit enfant juif,

Vois tu venir la nuit ?

Frédéric notre ami ...

Notre ami Frédéric,

Tout petit enfant juif,

Qui écourte ta vie ?...

Frédéric, notre ami ...

Il nous resterait encore au moins un dernier couplet qui serait un rapprochement avec la situation aujourd’hui, autour de nous, dans le monde. En effet, le racisme n’est pas mort, malheureusement, et je crois important que vous en ayez conscience. Quels que soient les pays, les peuples, les ethnies, les cultures, il faut faire une place à chacun.

Il faut que chacun, librement, puisse choisir et exprimer sa religion, son opinion politique, le sens qu’il veut donner à sa vie, dans la mesure où il ne fait pas de mal à autrui. Les convictions personnelles sont une partie inaliénable de la personne humaine.

Aujourd’hui, il existe des droits internationaux pour préciser ces choses. L’ONU a ratifié les droits universels de l’homme en 1948. La charte des droits de l’enfant fut rédigée progressivement entre 1959 et 1989. Tous les pays signataires, pratiquement tous les pays de la planète, sont tenus de respecter ces droits. C’est pour cela que je me suis réjoui que certains d’entre vous se portent candidats pour le Conseil Municipal d’enfants auquel la Mairie nous invite à participer pour une durée de deux ans. Bonne semaine à tous.

Lundi 30 Mars 1998 Vingt-septième lettre à la classe

Bonjour ...

Cette semaine, il nous faut terminer les contrôles, puis nous serons en vacances de Pâques, ou de Printemps. Je vous propose la fin de la chanson de Frédéric. Ce n’est cependant encore qu’un brouillon que vous pourrez sans doute travailler chez vous pendant ce temps de vacances.

Que jamais ne recommence,

Les temps de guerres et de nuits,

Temps de haine et de violence

Quand les hommes volent la vie ...

Le sang le crie dans vos veines ...

Enfants de tous les pays..

Faîtes que jamais ne revienne

La mort au bout du fusil...

Notre ami, Frédéric,

Tout petit enfant juif,

Qui te pleure aujourd’hui ?

Frédéric notre ami ...

Notre ami Frédéric,

Tout petit enfant juif,

Tous amis pour la vie ...

Frédéric, notre ami ...

Il nous faut, je crois, dans la vie de tous les jours, apprendre le sens d’un mot fort sans lequel aucune vie n’est vraiment possible. Ce mot est pardon. Il faut savoir pardonner.

Avez-vous remarqué que ce mot en contient deux ?

Par donner, signifie en effet “par le fait de donner”, par don, signifie “par le don”. Donner à l’autre quel qu’il soit l’espace d’une liberté. Lui redonner une chance lorsqu’il a mal fait, lui pardonner lorsqu’il nous a fait du mal, c’est donner de l’espace à l’autre, lui donner de la vie pour qu’il vive.

Il faut aussi apprendre cependant à se pardonner à soi-même.

Les hommes ont du mal à pardonner, peut-être parce qu’ils ne se pardonnent pas suffisamment à eux-mêmes, ou, peut-être aussi, parce qu’ils oublient que nous avons tous beaucoup à nous faire pardonner.

Qui est parfait ? Nous ne faisons pas le bien que nous voudrions. Nous faisons le mal que nous ne voudrions pas, malgré nous. Avez-vous remarqué, que moi-même le maître, il m’arrive de me tromper, d’avoir un mot ou une attitude trop dure, vis à vis de l’un d’entre vous.

Moi aussi, donc, comme n’importe qui, j’ai besoin, comme chacun d’entre vous, de savoir demander pardon : le pardon est une nécessité vitale sans lequel nous ne pourrions vivre. Pendant ces vacances, pensez à pardonner, et à vous préparer ainsi à faire un super dernier trimestre.

Mardi 14 Avril 1998 Vingt-huitième lettre à la classe

Bonjour ...

Les vacances de Pâques, ou de Printemps se sont terminées, j’espère qu’elles se sont bien passées ... Avez-vous pensé à vous préparer à faire un super dernier trimestre, comme je vous l’avais demandé ?

Pendant ces vacances les musulmans ont fêté l’aïd, la fête du mouton. Il s’agit de commémorer le sacrifice arrêté d’Abraham qui vivait environ deux mille ans avant notre ère. La Bible raconte que Dieu lui avait demandé de sacrifier son fils Isaac ... Au dernier moment, Abraham reçut l’ordre de ne pas sacrifier son fils, mais un bélier qui se tenait dans un buisson. Le Coran reprend cette histoire. Les musulmans, en tuant le mouton, font mémoire de cet événement. Les chrétiens et les juifs ont fêté les Pâques juives et chrétiennes, qui cette année dans les deux religions, tombaient aux mêmes dates. Pour la religion juive, il s’agit à Pâque, Pessah, de célébrer la sortie d’Égypte où le peuple était exilé avant de s’enfuir par le désert conduit par Moïse, environ quatorze à quinze siècles avant notre ère. La nuit de la sortie d’Égypte, les gens du peuple hébreux avaient badigeonné les linteaux de leurs portes avec du sang d’un agneau sacrifié. Ils prirent un repas en hâte, et, s’évadèrent dans la nuit. Ils traversèrent le désert où ils vécurent quarante années avant d’entrer dans la terre de Canaan. Pour les chrétiens, la fête de Pâque célèbre la résurrection du Christ. Les chrétiens croient que Jésus qui fut crucifié, en l’an trente environ, ressuscita, au matin du troisième jour.

Donc, nous sommes devant trois religions du sacrifice. Les musulmans sacrifient un mouton en mémoire d’Abraham. Les juifs ne pratiquent plus de sacrifice depuis la destruction du temple de Jérusalem, en l’an soixante-dix de notre ère, car les sacrifices devaient être opérés dans le temple. Les chrétiens pensent que Dieu lui-même a offert son propre fils en sacrifice, c’est le sens de la mort et de la résurrection de Jésus fêtées à Pâque. Pour eux donc tout sacrifice est désormais inutile. J’espère, en vous expliquant ces choses, vous montrer qu’il existe des points communs entre ces trois religions, et aussi des différences ... et surtout j’espère vous aider à mieux comprendre le sens du monde dans lequel nous vivons, et les hommes et les femmes qui y vivent.

En France, on a fêté ces jours-ci, le quatre centième anniversaire de l’édit de Nantes, publié par le roi Henri IV en 1598. Il s’agissait d’un édit de tolérance entre protestants et catholiques, qui, bien qu’étant deux religions chrétiennes, se faisaient la guerre dans le royaume de France. À partir de l’édit de Nantes, les protestants eurent le droit de pratiquer librement leur culte. Mais en 1685, à partir de la révocation de l’édit de Nantes, promulguée à Fontainebleau, par Louis XIV, la religion protestante fut à nouveau interdite. Ceux-ci ne retrouvèrent totalement leurs droits que lors de la révolution française, à partir donc de 1789. En France, donc, aujourd’hui, la liberté de culte existe, et, chacun peut librement pratiquer sa religion.

Des problèmes de difficulté de cohabitation de gens de religions différentes persistent dans le monde. Cependant, ces jours-ci, en Ulster, l’Irlande du Nord, un accord a enfin été signé entre protestants et catholiques, qui eux aussi, dans ce pays, se disputaient et se battaient depuis des siècles. Il semblerait donc que, peu à peu, avec le temps, les hommes commencent doucement à comprendre, que rien n’est possible dans la haine ou la violence, le mépris ou le refus de l’autre. Très bonne semaine à tous.

Lundi 20 Avril 1998 Vingt-neuvième lettre à la classe

Bonjour ...

Nous abordons une semaine importante. Il s’agit de bien préparer la rencontre USEP de Jeudi après-midi. Les goûters sont à notre charge. Ce serait bien si chacun d’entre vous pensait à apporter des gâteaux ou des boissons. Ce serait super si les enfants de l’école de Gounod et la Terrasse, nos invités, étaient super contents de cette rencontre. Cela dépend de nous.

Pour cette rencontre nous allons faire des groupes de niveaux A, B, C, D, des plus habiles aux plus petits.

Il faut en effet que les rencontres soient équilibrées et permettent à tout le monde de s’exprimer.

Pour chaque niveau nous ferons des équipes 1 et 2 qui se rencontreront entre elles autour de quatre sports : hand, basket, foot, rugby.

Ainsi les enfants des trois écoles se mélangeront dans les équipes. Pour chaque rencontre, l’équipe qui gagnera marquera 3 points, l’équipe perdante marquera 0 point, en cas de match nul, les équipes marqueront 1 point chacune.

À la fin nous ferons le décompte des points. J’espère que, à l’issue de chaque partie, les gagnants de chaque rencontre penseront à applaudir les perdants et vice-versa.

Pour vous arbitrer, il y aura quatre maîtres : les maîtresses des deux classes, invitées, Raymonde, et Marcelle, plus Stéphane Tank et moi-même.

Avant Jeudi donc, il nous faudra préparer les dossards, A1, A2, B1, B2, C1, C2, D1, D2, pour chaque participant aux rencontres.

Nous allons de plus ce matin, maintenant que nous savons écrire les règles de jeu, écrire les règles de chacun des quatre sports, règles adaptées à notre rencontre USEP. Nous pourrons alors les envoyer ensuite aux deux classes.

Il reste cette semaine aussi à construire ensemble et à conclure les derniers contrats d’alliance.

Un gros effort doit être fait en grammaire, conjugaison, orthographe, en géométrie mesure également, par l’ensemble de la classe.

Des progrès importants ont été accomplis en lecture, en allemand, et en mathématique surtout.

Il faut bien s’appliquer dans ce dernier trimestre. Les élèves qui sont déjà venus signer leur contrat d’alliance, l’ont emporté chez eux. Ils l’ont affiché quelque part, et pourront ainsi le regarder de temps en temps pour s’en souvenir et le mettre en pratique.

Ils devront enfin le rapporter au mois de Juin, lors de la dernière rencontre où se décideront les passages en classe supérieure. Très bonne semaine à tous.

Lundi 27 Avril 1998 Trentième lettre à la classe

Bonjour ...

La rencontre USEP fut un vrai régal. Il faisait beau et le soleil semblait avoir pénétré jusqu’à l’intérieur de chacun de nous.

Alors, il faut surtoutet d’abord remercier vos parents, vos familles. Ils ont été plus que supers. Les gâteaux, les biscuits et boissons ont été distribués en abondance, jusqu’aux enfants des autres classes qui ont pu en bénéficier après la rencontre. Puis, il faut remercier nos invités qui ont été supers eux aussi.

Les deux classes invitées ont décidé de nous écrire pour nous remercier. Nous devrions recevoir la réponse dans les jours qui viennent. Des enfants des classes différentes ont échangé des adresses. Des liens d’amitié ont donc commencé à être tissés. Peut-être se poursuivront-ils au-delà de l’année scolaire ? Ce serait formidable.

Ilham m’a même déclaré tout doucement mais avec beaucoup de joie dans les yeux. “ Maître, je crois bien que c’est la plus belle journée de ma vie ... J’ai trouvé des copines ... on va s’écrire ...”

Au fait, Ilham, avais-tu remarqué que dans ton groupe il y avait deux petites filles malentendantes de l’école de la Terrasse ? Ce sont deux petites filles qui lisent plutôt qu’elles n’entendent, ce que nous disons, en regardant bouger nos lèvres. Au milieu des autres nous ne les avions pas remarquées.

Je vous remercie aussi tous et chacun pour votre comportement exemplaire en tout point pendant la rencontre, même si juste après le départ des invités, les comportements ont commencé à changer.

Entre autres petits problèmes, des enfants semblant oublier ce que le mot offrir veut dire, voulaient récupérer le reste de leurs boissons, parmi eux Sébastien. Sébastien s’est trouvé heureux et apaisé lorsqu’il a pu partager, à l’étude, le reste de la boisson qu’il avait apportée, avec les enfants de la classe.

Sans doute y a-t-il au moins autant de joie, au moins autant de plaisir, à partager qu’à prendre, à donner qu’à recevoir, à offrir qu’à recevoir un cadeau. Au fait, avez-vous remarqué que tout partage est une division qui devient multiplication ? Lorsque tu partages un gâteau en plusieurs parties, tu as bien divisé, mais en même temps tu as multiplié ton gros gâteau en plusieurs petits gâteaux et tu peux inviter tes amis à en profiter.

Il nous faut, à présent, relever les résultats, des différents groupes afin de les envoyer aux deux écoles. Nous pourrions en profiter pour leur envoyer dessins et poèmes parlant de cette journée, qu’en pensez-vous ?

Il s’agissait de notre deuxième rencontre USEP, si la première avait porté, souvenez-vous, sur le cross, et avait eu lieu à Gounod, la dernière rencontre devrait porter sur l’athlétisme, et, aurait lieu au mois de Juin à la Terrasse. À partir d’aujourd’hui, nous allons donc commencer en E.P.S. à nous entraîner pour l’athlétisme. Mais savez-vous exactement en quoi consiste l’athlétisme, quels types de sports, de disciplines, le composent ? Si vous ne le savez pas trop bien, vous allez donc, peu à peu, apprendre à le découvrir.

Très bonne semaine à tous.

Lundi 4 Mai 1998 Trente et unième lettre à la classe

Bonjour ...

La semaine qui s’ouvre va être tronquée, comme la précédente. Aux longs week-ends vont succéder les longs week-ends. Nous pouvons utiliser ce temps pour réfléchir et nous améliorer.

Notre année scolaire ressemble à la saison de foot de l’équipe de Saint-Étienne qui, à deux journées de la fin de la saison, doit encore lutter pour ne pas descendre de la deuxième division où elle joue actuellement.

Comme l’équipe de notre ville, nous avons eu des périodes meilleures. Mais que l’année fut globalement difficile ! Allons-nous cependant parvenir à faire les progrès escomptés, à redevenir la meilleure classe du monde,comme nous l’avons promis ? Pour cela il faut que chacun fasse vraiment ce qu’il peut et veille à donner le meilleur autour de lui.

Monsieur Tank vous a parlé de Gandhi (1869 -1948 ). Il vous a dit que Gandhi gagna pour son pays l’Inde, l’indépendance sans jamais prendre les armes, avec la seule force de ce qu’il appela la non-violence. Je vous ai parlé de Martin Luther King (1929-1968) qui fit avancer la cause des noirs en Amérique sans jamais, non plus, utiliser la violence, par ce qu’il appela la force d’aimer.

Tous deux sont morts assassinés. La paix n’est pas un combat facile. Et ni Gandhi, ni Martin Luther King, n’ont vu le parfait aboutissement de leur rêve.

Nous pourrions parler du français Jean Jaurès (1859 - 1914 ), socialiste et pacifiste. Il voulut s’opposer au déclenchement de la guerre entre allemands et français en 1914, mais mourut assassiné, lui aussi, à la veille de la première guerre mondiale (1914 -1918 ).

La mort a arrêté la vie de ces artisans de paix, mais non la marche de leurs combats. Il existe aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes qui se réclament de la paix, et qui disent qu’il faut bâtir ensemble, sans violence, un monde plus juste, plus humain, plus fraternel.

Il y a cent ans cette année que Ludovic Trarieux, avocat français, fondait la ligue des droits de l’homme. Les hommes ont des droits.

Je pense souvent que le droit est surtout pour les faibles, ceux qui n’ont personne pour se défendre, ceux qui n’ont pas de quoi se nourrir, se vêtir, recevoir une éducation, exprimer leurs convictions.

Pour tous les autres, ces droits supposent des devoirs. Il faut faire droit à l’autre, et cela c’est déjà exprimer son propre droit.

Dans cette année qui se termine progressivement, il serait bon que vous pensiez le droit en termes de devoirs également. La campagne électorale pour l’élection de nos représentants au conseil municipal pour enfants va bientôt s’ouvrir.

Que chacun de vous réfléchisse à cette chose.

Chaque droit est bon, mais il vaut surtout pour l’autre, celui qui est faible, il ne vaut pour moi que lorsque je rejoins cette situation de faiblesse. Lundi 11 Mai 1998 Trente-deuxième lettre à la classe

Bonjour ...

Imaginez que vous soyez un petit lutin semblable à celui de l’histoire de petit ours que je vous avais racontée au début du printemps ...

Imaginez encore que vous puissiez vous glisser dans la classe, dans l’école, partout, à l’improviste, sans que personne ne remarque votre présence ...

Alors, selon le moment où vous rentreriez en classe, ou que vous croiseriez les élèves, sur le chemin de l’école, selon les personnes que vous rencontreriez, le moment où vous les rencontreriez, vous pourriez vous croire en enfer, ou au paradis ... En effet, ce petit lutin, en retournant chez lui, pourrait dire des choses aussi différentes que celles-ci ...

Première visite : La nuit ...

“Cette nuit, je suis entré dans la classe du CE2 à Montplaisir, il y avait un très beau dessin du silence que personne n’avait effacé au tableau. Il représentait dans un coeur deux enfants côte à côte, un garçon et une fille. Ce dessin était rempli de couleurs, et le mot paix était partout, cette classe doit vraiment être la meilleure du monde ... “

Deuxième visite : La classe, dans un moment très difficile ...

“Je suis entré par hasard dans une classe, incroyable ... Deux enfants s’insultaient ... un autre refusait de travailler ... un troisième se moquait d’un autre qui ne savait pas faire son travail. Un dernier avait promis à un nouvel élève venu d’une autre école de l’inviter chez lui. Il lui avait même écrit cela sur un dessin. Cela avait même fait briller de joie les yeux de cet élève qui avait du mal à se faire des copains et qui se sentait comme un étranger. Mais lorsque celui-ci est venu pour demander si ce qui était écrit tenait bon, l’élève, qui pourtant, avait librement chez lui, sans que personne ne le lui demande, rédigé cette gentille invitation, a fait celui qui ne le connaissait plus. La nuit est descendu à nouveau dans les yeux du nouvel arrivant. Tant de choses m’ont choquées ... qu’il me faudra un certain temps pour les oublier ...”

Troisième visite, le chemin de l’école ...

“Sur le chemin de l’école j’ai croisé un garçon qui lisait un livre sur les planètes. Il avait emprunté ce livre à l’école. Il était enthousiaste, il avait décidé de le présenter à sa classe, comme il l’avait demandé à son maître. Un autre élève préparait sa campagne électorale, mais un troisième un peu plus loin pleurait car, disait-il, quelqu’un lui avait volé sa trousse. Une grande fille, du CM2, je crois, baissait les yeux, car personne ne lui parlait, les autres élèves de sa classe avaient décidé de ne plus lui parler et cela durait ainsi depuis plusieurs mois... Enfin, d’autres enfants, un peu plus loin encore, chantaient à un maître une chanson qu’ils avaient eux-mêmes inventée ...”

La vérité de notre école, de notre classe, me semble être davantage dans la dernière vision du lutin. Le meilleur et le mauvais s’y côtoient. Il nous faut faire un chemin, pour mettre en pratique ce que nous disons, faire attention au plus faible, pour que le meilleur, seul, reste parmi nous.

Parfois, le vendredi matin, j’accompagne mon fils, Thomas, à l’école. Un monsieur s’appelle Fred. Un peu simple d’esprit, il est très gentil avec tout le monde. Il se tient devant la porte de l’école, personne ne lui demande de partir. Il serre la main de beaucoup d’enfants, avant qu’ils n’aillent en classe, et leur souhaite simplement une bonne journée ...

Lundi 18 Mai 1998 Trente-troisième lettre à la classe

Bonjour ...

Vendredi après-midi, nous avions essayé une nouvelle façon de travailler. Chacun avait choisi de programmer des activités sur le plan de travail. Et jusqu’à trois heures ce fut presque parfait. Chacun travaillait. J’entendais dire de partout : “C’est super”. Je me demandais même comment tout cela marchait si bien. Seul, cependant, déjà, Mickaël n’arrivait pas vraiment à se mettre au travail et il fallait l’occuper sans cesse pour qu’il ne dérange pas les autres.

Puis, brutalement, tout à coup, après trois heures trente, de retour de récréation, ce fut terrible. Il faut dire qu’il faisait très chaud, très lourd, mais cela n’explique pas tout. Tout le monde semblait de nouveau avoir oublié son programme et il fallut reprendre la classe en main. Je dois m’excuser de m’être mis en colère, mais je n’ai pas su faire autrement : trois ou quatre enfants ne cessaient de rire méchamment, se moquant, et nous empêchaient délibérément de poursuivre notre travail.

Nous ne sommes une bonne classe que trop peu de temps, et bien trop souvent nous retombons, comme la pierre au fond de l’eau, cette pierre qui ne parvient pas à ricocher et qui s’enfonce, s’enfonce.

Ce week-end, chez moi, j’étais vraiment triste, à me demander ce qu’il fallait faire, pour que tout se passe bien ... C’est alors que j’ai retrouvé ce texte que Maxime qui était dans ma classe, voici deux ans, m’avait apporté, quelques jours auparavant : “J’ai écrit une chanson pour la paix, il ne manque que la musique ...” m’avait-il dit, en me remettant son texte sur du papier blanc...

Parcourons la terre, le monde et l’univers ...

Pour découvrir à la ronde

Les gens les plus pauvres ...

Les gens les plus malheureux ...

Et aidons-les, à devenir riche et heureux ...

Et si je pouvais les aider à vivre ensemble et en paix ...

Je le ferai

Mais malheureusement

Je ne suis qu’un enfant ...

Parcourons la terre, le monde et l’univers ...

Pour faire de l’univers,

Un monde sans guerre ...

Un monde sans haine

Un monde de rêve ...

Et si je pouvais les aider à vivre ensemble et en paix ...

Je le ferai

Mais malheureusement

Je ne suis qu’un enfant ...

Le texte de Maxime m’a un peu consolé. S’il m’a donné ce texte, c’est sans doute qu’après le temps passé, il a retenu quelque chose de son passage dans cette classe. Mais que la paix est difficile, et comme le dit Maxime, nous ne sommes peut-être finalement tous encore que des enfants.Très bonne semaine à tous. Lundi 25 Mai 1998 Trente-quatrième lettre à la classe

Bonjour ...

Maxime a enregistré sa chanson sur une cassette, il a même trouvé une fort jolie musique. Cette chanson est presque parfaite.

À peu de choses près, nous pourrions l’apprendre. Il reste quelques petits problèmes de “pieds”, â élucider.

Au fait, savez-vous ce que sont ces ”pieds” ? Ce ne sont pas des pieds pour marcher, mais des pieds qui font marcher ... la chanson.

Pour que la musique puisse être reproduite à l’exact, d’un couplet à l’autre, il faut que chaque partie de chacun des couplets, comporte le même nombre de syllabes. C’est ce nombre là qu’on appelle le nombre des pieds.

D’autres petites exigences sont nécessaires pour faire des chansons. En particulier, il faut que la structure, la composition des différents couplets, le rapport entre les rimes, c’est à dire, les fins de phrases qui ont le même son, et qui “chantent” alors avant même leur mise en musique, soient les mêmes également, d’un couplet à l’autre.

Alors, est-ce qu’à votre tour vous voulez faire des chansons ? On pourrait les joindre à notre envoi pour l’Algérie qui est toujours en train de s’enrichir.

Je vous propose une recette. Pour faire une chanson, il faut faire à peu près ceci ... cela ne marche pas toujours, mais cela peut vous aider.

1 Fermer les yeux ... et écouter ...les bruits et les silences autour de vous, en vous, au coeur de vous-mêmes, au coeur de chaque chose ...

2 Laisser venir à vous une idée, une musique, des paroles, alors les apprivoiser ...comme on apprivoise un ami.

3 Penser très fort à ceux à qui vous avez envie de faire plaisir ou de dire quelque chose avec la chanson que vous allez faire.

4 Trouver alors un refrain ... et sa musique viendra sûrement toute seule avec les paroles ...

5 Trouver alors un premier couplet ... et l’écrire sur une feuille de papier ... Une autre musique complétant la première viendra alors se poser dans le creux de votre oreille

6 Trouver d’autres couplets qui aient la même structure que le premier ... Vérifiez bien alors que vous pouvez les chanter comme le premier ..

7 Chanter, chanter, chanter ...

J’ai cassé ma guitare, en refermant la porte de ma voiture sur le manche, mais Mahfoud et Mickaël, que je remercie, m’en ont prêté une chacun. On va pouvoir mettre des accords sur vos musiques. Allez, au travail, très bonne inspiration, et très bonne semaine à chacun de vous ...

Jeudi 4 Juin 1998 Trente-cinquième lettre à la classe

Bonjour ...

Aujourd’hui, nous allons procéder à l’élection de notre représentant au conseil municipal pour enfants de la ville de Saint-Étienne. Ce représentant va, comme son nom l’indique, “représenter” notre école. Il est élu pour deux ans, jusqu’à la fin de son CM2 donc, c’est à dire le mois de Juin de l’an 2000. Ce mandat est très important, car il devra se faire le porte-parole de ses copains de l’école et du quartier dans des réunions où il sera au milieu d’autres enfants, d’autres écoles et d’autres quartiers.

Il faut donc que chacun de vous choisisse bien “dans sa tête”, et garde pour lui, sans en parler aux autres, pour ne pas les influencer, au moins jusqu’à la fin de l’élection, le candidat pour qui il va voter, parmi les six candidats en présence qui sont : Khaled, Chafik, Sébastien, Jérémy, Mickaël, Rizlène.

Pour nous aider à procéder à cette élection, en principe, ce matin, nous disposons de deux jeunes médiateurs, Zohra et Djamel. Ceux-ci récemment nommés par la mairie sont des personnes qui, sans doute, au cours des années qui suivent, pourront, entre d’autres choses, aider notre futur représentant élu, à bien préparer les réunions et à faire ensuite le compte-rendu de celles-ci pour les élèves, les parents, et les maîtres de l’école.

Comment voter ?

1- Chacun de vous viendra seul dans la classe pendant que ses camarades seront occupés, soit dans la cour, soit dans une salle voisine.

2- Il devra prendre une enveloppe et des bulletins, posés sur la table, au nom de chacun des candidats .

3 - Il passera ensuite dans l’isoloir et mettra un seul bulletin dans l’enveloppe, celui qu’il aura choisi. Attention : il est très important de ne mettre qu’un seul bulletin dans l’enveloppe, car autrement le vote serait déclarer nul. C’est à dire qu’il ne serait pas décompter. De même toute annotation ou gribouillage sur le bulletin annule le vote.

4 - Dans l’isoloir, chacun de vous sera seul. Personne d’autre que vous seul ne sera témoin de votre vote, que vous pouvez garder secret. Vous devez donc choisir tout à fait librement votre candidat.

5 - Ensuite, vous passerez devant une autre table où seront assis le maître, qui est président du bureau et ses deux assesseurs, qui sont deux élèves, non pas, en principe, l’un ou l’autre, candidats, et que vous avez choisis, hier, parmi les volontaires pour cette tâche.

6- Vous déposerez ensuite votre bulletin dans l’urne, après avoir présenter votre carte d’électeur au président et aux deux assesseurs. On vérifiera votre nom et vous devrez signer le registre de vote. Avant que vous ne votiez on prononcera votre nom, et lorsque vous aurez voté un assesseur dira : “a voté”. L’autre assesseur l’inscrira sur le registre. Le vote, en effet n’est cependant pas une obligation absolue et vous pouvez choisir de ne pas voter.

Il peut sembler un peu ridicule de procéder à tout ce rituel, car, dans la classe, tout le monde se connaît bien. Mais nous ferons toutes ces choses pour vous enseigner de quelle manière se passe un vote dans une ville ou un village. Il faut que tout se passe selon les règles pour que le vote soit juste et équitable et qu’il n’y ait pas de contestation ni de pression. Quand vous tous aurez voté, nous procéderons au décompte, et le maître apportera les résultats en mairie. Bonne journée et bonne fin de semaine à tous.

Élections au conseil coopérative des élèves de l’école : Note 1

Procédure de déroulement du vote et indications :

1 On choisit, parmi les candidats de chaque classe, deux noms. Une fille et un garçon. On passe dans l’isoloir où l’on écrit tranquillement les deux noms pour chaque élève de chaque classe. On ne communique pas aux autres élèves son choix tant que le dépouillement n’a pas été effectué. Toute erreur de nom, de nombre de noms portés, tout gribouillage rendant un nom illisible annule le vote.

Les assesseurs, un élève de chaque classe, font signer l’électeur sur la liste. Le bulletin mis sous enveloppe est ensuite déposé dans l’urne.

2 Pour chaque classe, l’élève qui aura reçu le plus de voix, fille ou garçon, sera élu. En cas d’égalité entre deux candidats c’est le plus âgé qui est élu. Le candidat arrivé en second sera suppléant.

3 Les enfants du cycle 2 (CP et CE1) votent pour leurs représentants. Ceux du cycle 3 votent pour les leurs. Au total donc, il y aura 10 élus : 5 filles (une fille par classe ) et 5 garçons (un garçon par classe ).

4 Le conseil coopérative invitera à chacune de ses réunions (en principe une fois par semaine ) les médiateurs (Zohra Djamel ) et les emplois jeunes (Sébastien, Samia, Céline ), ainsi que le représentant de notre école au conseil municipal pour enfants jusqu’en Juin 2000 (Chafik ). Il y aura toujours au moins un maître de l’école à ces réunions.

5 En principe, les élus le seront élus (sauf les CM2 pour qui le mandat s’achève en Juin 1998 ) jusqu’à la fin Octobre 1998 où nous procéderons à d’autres élections.

6 Le conseil coopérative d’école d’ici à la fin du mois de Juin : sera chargé de trois missions :

- Préparer si possible un temps fort d’ici la fin de l’année, avec participation des parents ....

- Organiser des rencontres dans la dernière quinzaine de Juin entre les enfants et leurs futurs maîtres, l’année prochaine.

-Lire et préparer en discussion avec les classes la rédaction d’un prochain règlement scolaire.

7 Il est très important de savoir qu’un délégué élu n’est pas un chef, il n’est pas celui qui décide pour les autres, mais celui qui sait écouter, et qui sert alors de lien, en faisant circuler les informations, entre sa classe et le conseil.

Lundi 8 Juin 1998 Trente-sixième lettre à la classe

Bonjour ...

Aujourd’hui, nous commençons les derniers contrôles de l’année. Ces contrôles vont décider de votre passage, ou non, en classe supérieure. Ils sont donc importants, et il faut vous appliquer à bien les faire. Cette lettre est destinée à vous les présenter.

1 - En contrôle d’orthographe réfléchie, vous devez, à partir de la feuille des homonymes, trouver d’autres exemples qui marchent pour l’emploi de chacun des différents mots. Si en plus vous pouvez, de temps en temps, rédiger une règle, ce sera très bien.

2- En contrôle d’éducation civique, vous devez, en vous aidant de la feuille distribuée, expliquant les procédures de vote, répondre aux questions suivantes.

a- À quoi sert l’isoloir dans la procédure de vote ?

b- Peux-tu écrire ton contrat d’alliance du trimestre précédent ?

c- Qui est notre élu représentant au conseil des enfants ?

d- Qui sont les dix élus, et les dix suppléants, du conseil coopérative de l’école ?

e- Quels sont les trois missions du conseil coopérative de l’école d’ici la fin de l’année ?

f- Quelles étaient les trois règles de la classe ? Penses-tu qu’elles étaient suffisantes ? Ont-elles toujours été respectées ? Pourquoi ?

-3 En contrôle de lecture orale, vous présentez oralement à la classe, et enregistrer, un morceau de lettre écrite depuis le début de l’année.

-4 En contrôle d’expression écrite, vous pouvez raconter, une bonne histoire vraie qui s’est réellement passée dans la classe, et qui vous semble importante de sens même si peu d’enfants l’ont vue. Comme celle de Chafik, par exemple, qui pleurait parce que Yacine, du CM1, lui avait, gagné, en trichant, disait-il, toutes ses billes, mais qui a fait confiance, malgré tout. Avec la seule petite bille à moitié cassée, qui traînait dans la poche du maître, il regagné toutes les billes perdues et même plus. Ou encore l’histoire de ce petit martinet, sorte d’hirondelle, qu’a trouvé Mickaël, dans la rue. Il l’a ramené à l’école. L’oiseau avait un oeil crevé. On l’a laissé dans la maison du vétérinaire du quartier qui nous a promis de nous donner de ses nouvelles. Malheureusement, il y a de très grandes chances pour que cet oiseau soit piqué et qu’il meure. Avez-vous de belles histoires à raconter sur la classe ? Ce serait bien car notre vie ne fut pas toujours facile.

-5 En vocabulaire, et utilisation du dictionnaire, vous pouvez chercher :

a - la définition que donne le dictionnaire du mot paix.

b - trois mots de la famille du mot paix.

c - à votre avis n’existe-t-il qu’une sorte de paix ? Expliquez ...

-6 En grammaire, vous pouvez chercher à inventer une phrase avec un groupe nominal sujet, (jaune), un groupe verbe (rouge), un groupe nominal complément (bleu). Dans le groupe nominal sujet, il devra y avoir un déterminant, (indiqué par la lettre D), un nom (indiqué par la lettre N), et un adjectif (indiqué par la lettre A). Indiquez alors le genre et le nombre du groupe nominal sujet.

-7 En conjugaison, vous choisissez un verbe du premier groupe que vous conjuguez au présent, à l’imparfait et au futur.

-8 En contrôle de lecture compréhensive tu essaies de te débrouiller seul pour ce contrôle, en lisant la lettre, pour faire tes contrôles, chaque fois que tu demandes une aide, cela est noté et enlève un point.

Très bonne journée et très bonne semaine à tous.

Lundi 15 Juin 1998 Trente-septième lettre à la classe

Bonjour ...

Je suis très content que nous ayons élu notre représentant pour le Conseil Municipal des enfants, et, que l’école ait élu pour la représenter, un conseil de coopérative des élèves, avec deux élus pour chaque classe, un garçon et une fille .

Chafik représentera l’école au conseil municipal des enfants jusqu’en Juin 2000. Il va falloir lui apprendre à écouter et devenir ainsi quelqu’un de très responsable.

Quant au conseil coopérative de l’école, avec ses deux représentants de la classe, Aziza, et Saïd, plus Chafik invité de droit, d’ici la fin de l’année, il aura trois missions :

-1 Travailler sur le règlement de l’école ... Ce travail sera surtout utile pour l’année prochaine ...

-2 Organiser, en principe Jeudi 25 Juin, en matinée, un moment où les élèves rencontreront leurs maîtres de l’année prochaine.

-3 Préparer un temps fort, Vendredi 26 Juin en principe, où les classes seraient mélangées, et où les maîtres, avec les emplois jeunes, organiseraient des projets. Les parents pourraient préparer des goûters et nous pourrions les partager ensemble entre 15 h 30 et 16 h 30. Certains ont parlé d’un lâcher de ballons. Mais ce n’est encore qu’une idée pour l’instant. Les ballons, et le gaz surtout, coûtent cher et nous ne savons pas si l’école pourra payer tout cela. Au cas où ce lâcher aurait lieu, on pourrait préparer des poèmes dans la classe, comme dans chaque classe de l’école, pour les envoyer.

Pour ces trois points, il faut que, comme toutes les classes, nous préparions des idées, et que nous les transmettions à nos délégués.

Il nous reste encore dans la classe, à terminer les contrôles, et à organiser à partir de Lundi prochain, les dernières rencontres avec les parents, pour un dernier contrat d’alliance, qui sera passé en prévision de l’année prochaine, où je l’espère vous serez tous en CM1.

Parmi nos projets, il reste encore à peaufiner notre envoi pour les enfants de l’Algérie. Nous avons une adresse, et ce serait bien que nous terminions cette semaine. Il reste aussi à travailler les dialogues, au cas où nous voudrions en présenter quelques uns le jour du temps fort, par exemple. On pourrait aussi continuer à travailler les chansons.

Il reste enfin une dernière rencontre USEP, en athlétisme, avec les écoles de Gounod et de La Terrasse. Elle aura lieu à La Terrasse.

À partir d’aujourd’hui, j’aimerais enfin que chacun constitue seul, ou à deux, son plan de travail. Que chacun prépare ainsi individuellement, ou en couple, au moins une demi journée.

Il reste encore à parler de la sortie à l’Étrat qui s’est fort bien déroulée Jeudi. Nous y avons rencontré d’autres classes. Malheureusement, en revenant, Mahfoud se battit avec Mehdi. Monsieur Tank dût même se fâcher pour les séparer.

En remontant en classe, Mahfoud écrivit sur le tableau du silence qu’il s’excusait auprès de Mehdi et lui demandait pardon. Cette nouvelle façon d’utiliser le tableau du silence est très intéressante. Peut-être cela va-t-il donner d’autres idées à d’autres enfants ?

Très bonne journée et très bonne semaine à tous.

Lundi 22 Juin 1998 Trente-huitième lettre à la classe

Bonjour ...

Cette semaine ne ressemblera à aucune autre ... Elle devrait constituer une sorte d’apothéose de l’année scolaire ...

-D’abord, à partir de demain soir à 16 heures 30, nous recevrons les parents pour parler des résultats des contrôles, des derniers contrats d’alliance, et des passages en CM1.

L’ordre proposé des passages est le suivant :

Mardi 23 Juin

16 h 30 Farah

16 h 45 Cidem

17 h 00 Jérémy

17 h 15 Saïd

17 h 30 Khaled

17 h 45 Mehdi

18 h 00 Ilham

18 h 15 Aziza

18 h 30 Mahfoud

18 h 45 Rizlène

19 h 00 Sofiane

Jeudi 25 Juin

16 h 30 Mickaël

16 h 45 Sébastien

17 h 00 Chafik

17 h 15 Khalid

17 h 30 Jihen

17 h 45 Ahmed

Si le jour ou la date ne vous conviennent pas, chercher à vous entendre avec un copain, ou une copine pour un échange, vous en avertirez les maîtres ensuite. Au cas où un échange s’avérerait impossible, parlez en avec les maîtres.

-Ensuite, Jeudi matin à dix heures trente, vous allez vous mettre en rang avec les CM1, et vous aurez une heure d’entretien avec vos futurs maîtres, à partir des questions que vous aurez posées.

-Enfin, Vendredi aura lieu la journée temps fort, avec des ateliers avec les maîtres des différentes classes. Vous choisirez votre activité parmi celle que vous proposeront les maîtres, Jeudi matin. Certains d’entre vous pourront choisir la ballade pique nique.

Ce jour là, à 15 heures 30, aura lieu un lâcher de ballons, avec les messages que vous avez écrits. Un hymne chanté par les enfants sera envoyé par haut-parleur, (peut-être le chant de Maxime ? ), au moment où les ballons décolleront vers le ciel.

Les mamans pourront apporter des goûters dans l’après-midi, et nous les partagerons ....

En fin de journée, les maîtres joueront un match de foot contre une sélection des élèves.

Pour parler de toutes ces choses le journal de l’école va sortir cette semaine. J’espère que vous saurez vous amuser, en étant agréables et gentils avec tout le monde.

J’allais oublier une dernière chose très importante : les envois pour l’Algérie, partiront cette semaine, j’espère que vous allez vous appliquez pour qu’ils soient les plus beaux possibles.

Très bonne journée et très bonne semaine à tous.

Lundi 29 Juin 1998 Trente-neuvième lettre à la classe

Bonjour ...

Cette lettre est probablement la dernière de notre année scolaire. La semaine dernière a tenu toutes ses promesses, et tous nos projets, ou presque, ont pu être réalisés.

-Le journal est vraiment très beau. Toutes les classes y ont participé.

-Les contrats d’alliance sont presque tous signés à l’exception de celui de Rizlène dont la maman doit passer à l’école, aujourd’hui à midi. Tous les enfants de la classe passent en CM1, mais il faudra mieux travailler l’année prochaine.

-Vous avez pu, comme chaque enfant de l’école, visiter votre classe de l’année prochaine et parler avec vos futurs maîtres. Monsieur Tank et moi-même avons demandé aux futurs élèves du CE2 d’écrire des lettres à la classe pendant les vacances. Nous vous demandons la même chose, à chacun d’entre vous, dans les contrats d’alliance. Ce serait une bonne façon de ne pas oublier l’école, de pratiquer la langue écrite, et également de préparer la rentrée où nous utiliserons vos écrits pour travailler et commencer l’année.

-Les ballons sont partis dans le ciel. Il ne reste plus qu’à attendre les réponses. Maxime a pu chanter son chant, au moment où les ballons s’envolaient, et des élèves du CM2 ont également interprété un chant de paix de Mickaël Jackson.

-Des élèves, des filles, du CM1, avec Rizlène et Aziza, de notre classe, nous ont présenté une très belle pièce de théâtre qu’elles ont préparées seules. J’y ai retrouvé des éléments de mise en scène se rapprochant de ce que nous avions fait l’année dernière avec la pièce sur la vie de Louis Braille. On retrouvait une intéressante alternance de chants, danses et jeu théâtral

-Les mamans ont apporté de très bons gâteaux pour la fête de Vendredi. Qu’elles en soient toutes remerciées. Il y en a eu largement assez pour tout le monde, et il en reste tout plein encore dans la salle des maîtres. En plus, comme promis, Jérémy nous a apporté la recette de la tarte aux abricots. Des élèves nous ont apporté des ingrédients, oeufs, farine, sucre en poudre, beurre, levure. Il ne reste plus qu’à trouver les abricots, nous pourrons donc essayer de réaliser ce gâteau aujourd’hui, ou demain.

-Le match de foot entre les élèves et les profs s’est soldé par la victoire des profs, 5 - 3. Mais les élèves ont vraiment très bien joué. Les commentaires de Nouri, Karim et Maxime qui étaient au micro, furent de très bonne qualité également.

Il reste cependant encore les envois pour l’Algérie : nous attendons seulement que la traduction des poèmes soit terminée par le papa de l’un d’entre vous. Nous avons encore appris ce week-end la très triste mort d’un homme de paix, le chanteur kabyle, Lounes Matoub qui a été assassiné. Nous espérons de tout notre coeur que la paix gagne tous les coeurs et gagne le monde comme une joyeuse épidémie, comme ce fut le cas dans l’école, Vendredi après-midi. C’est pour cela que nous envoyons ces poèmes, pour que la paix et le pardon, la raison et l’amitié, la vie et la joie, la confiance et l’écoute, l’amour de la vérité, la vérité de l’amour, entre tous les hommes fassent un chemin et gagnent tous les coeurs.

Tout à l’heure, commence le tournoi de hand ball, entre les CM1, les CM2, et notre classe, les CE2. Notre classe présente trois équipes, qui ont elles-mêmes choisi ainsi leur nom : les pirates, les poussins et les minimes. Pensez surtout à jouer fair-play.

Notre année scolaire a parfois été difficile, mais elle m’aura appris beaucoup de choses. J’espère que, vous aussi, avez appris beaucoup de choses. Je vous demande pardon si je n’ai pas tout su réaliser parfaitement. Cette fin d’année nous montre qu’il faut savoir attendre, patienter, toujours espérer, et garder pour le goûter, le meilleur pour la fin.

Je termine en vous laissant le dernier texte d’une chanson que Maxime du CM1 m’a apportée et qu’il a écrite tout seul : “Les trois mots qui finissent en é”.

Très bonne bonne semaine et très bonnes vacances à vous tous.

Les trois mots en é

Écoutez-moi, je vais vous dire

Les trois mots qui finissent en é

Écoutez-les :

Liberté

Égalité

Fraternité

Il faut les répéter

Les mots qui finissent en é

Ne faîtes pas comme un certain monsieur

Qui veut tous nous expulser.

Et si vous l’écoutez

Vous ne pourrez jamais

Vous rappeler

Des trois mots qui finissent en é

Écoutez les :

Liberté Égalité Fraternité

Il faut vous en rappeler.

Si j’ai écrit cette chanson

C’est parce que

Depuis quelques temps

Beaucoup de gens

Ont tendance à les oublier

Les trois mots qui finissent en é ....

Maxime

La paix est un chemin

La paix fait un chemin

Entre nos coeurs

Entre nos yeux

Entre nos mains

La paix est une source

Elle est un feu

Qui jamais ne s’éteint

La paix est un commencement

Et une fin

La paix

Le soleil donne du miel

Aux enfants malades

La paix c’est plus fort que tout

J’aime la paix

Je ne connais que la paix

Et la guerre, je ne la connais pas

Je ferai la paix tous les jours

Toujours

Le soleil de la paix

Le soleil donne du miel

Aux enfants malades

Le soleil est l’ami

De la paix

Le soleil est l’ami

De tout le monde

La paix c’est la paix

J’aime, j’aime, j’aime la paix

Silence, silence, silence la paix

Douce, douce, douce la paix

Fête, fête, fête la paix

Bonjour, bonjour, bonjour la paix

Le soleil

Le soleil prend son oeuf et de déploie sur la mer.

Am stram gram

Am stram gram pique et pique et colégram

Bourre et bourre et ratatam

Am stram gram pique dame ...

ALGÉRIE

LESOLEIL BRILLE POUR LES

GRANDS ET LES PETITS

EN DESSOUS DES PALMIERS

RIRE ET S’AMUSER

INTERDIT DE TUER

ET RÊVEZ DE LIBERTÉ

Je dis

Je suis

Quelqu’un qui

Vous aime bien

Enfants d’Algérie

Enfants de tous les pays

Tu es mon ami

Petit enfant d’Algérie

je t’aime plus que tu ne le croix

Et j’espère la vie

Pour tous les hommes

La paix c’est ton amie

Elle te dit toujours merci

Elle t’aime pour la vie

Merci de faire la paix

Il ne faut pas faire la guerre

parce que c’est triste ...

Il ne faut pas faire mourir les enfants malades

Il ne faut pas lancer des bombes ...

Il ne faut plus être triste

Il faut faire la paix

Le soir, il y a l’espoir que la paix descende sur tout le monde.

Le matin, il y a la tristesse déjà quand la violence recommence.

Le soleil est l’ami du monde

Le soleil est l’ami de l’Algérie

L’Algérie est l’amie du monde

L’Algérie est l’amie du soleil ...

Bonjour, je m’appelle Fatima

J’habite à Meknes

Toutes les villes que j’ai visitées sont très belles

Surtout la mosquée de Casablanca

Elle me plaît beaucoup et aussi j’aime bien la piscine de Meknes.

Et la plage de Rabat est très belle.

À Fès, il y a presque toujours la fête.

C’est génial le Maroc.

La paix c’est un arbre

La paix c’est un arbre

Cet arbre a mille petites branches

Ces branches sont pleines de fleurs

Chaque fleur donnera un fruit

Il ne faut pas tuer les arbres

C’est pour les enfants malades d’Algérie ...

Qu’ils vivent ...

Merci ...

Il ne faut jamais être méchant

Il ne faut jamais être méchant avec les autres.

Il ne faut jamais chercher la bagarre

Il ne faut jamais racketter les autres

Je vous souhaite à tous une bonne année 1998

Je fais un voeu pour la paix entre tous.

J’aime la paix

J’aime la paix de la paix

J’aime la vie de la vie

J’aime l’espoir.

La paix est une épée

Mais pas une épée de fer

Une épée de vie

La paix est un couteau

Une épée de silence et d’amour

Qui transperce la guerre ...

Qui déchire la haine ...

Pour faire naître la vie ...

La paix est pour tous

Pour l’Algérie

Hip hip Hourra

Oui, oui, te revoilà ?

Youpi ! Youpi ! Youpi !

Oui !

Qui est parmi nous ?

Ti ya ! Ti ya ! ho !

Dans sa petite auto

Hip hip hip hourra

Oui, oui, c’est moi ...

Oui, oui c’est toi

Te revoilà !

La paix ...

La paix c’est la paix

La paix c’est la paix

L’amitié c’est l’amitié

La vie c’est la vie.

Antoine Caballé