Annexes numéro 5. Bible et autodidactie

Extraits de : CABALLÉ Antoine.

Etudiant en Maîtrise des Sciences de l’Éducation n° 92 27 419. Année scolaire 1992/1993.

Université Louis Lumière Lyon 2

autodidactie aujourd'hui ?

ANNEXES

Mai, Juin, Juillet, Août, 1993

Directeurs de recherche : Gaston PARAVY et Guy AVANZINI.

Octobre 92- Juin 93.

Compte rendu des quinze interviews ... en quinze portraits.

Ne pleure pas

les rythmes

qui, apparemment se perdent :

rythmes des vents,

des eaux,

du frémissement des arbres,

du chant des oiseaux,

du mouvement des astres, du pas des hommes ...

Il y a toujours un musicien

ou un poète,

ou un saint,

ou un fou,

chargé par Dieu

de capter

les rythmes errants

qui risquent de se perdre. 3485

Portrait numéro 1. M. Raymond QUITAUD ou L’autodidacte confronté à l’université ...

M Raymond QUITAUD est né en 1924.

Souvenirs de l’enfance et surtout de l’école

Je me souviens davantage de l’école maternelle que de l’école primaire.

Mon père m’avait donné un train électrique quand j’étais petit pour Noël, il était venu à l’école maternelle pour faire marcher le train électrique devant les enfants.

C’est un souvenir inoubliable.

Le rapport à l’école primaire fut tout autre.

L’instituteur que j’ai eu en primaire connaissait mes parents et alors il voulait tellement que je réussisse qu’il m’en a fait voir de toutes les couleurs.

L’école primaire l’ennuyait, sauf l’histoire. Un jour l’instituteur s’est moqué de ses habits cousus par sa propre mère en désignant le corset qui tenait les culottes à tous les enfants.

Il est certain que l’instituteur croyait probablement bien faire, “me faire honte” , et me faire ainsi réagir et grandir. A l’époque, on ne s’embarrassait pas trop de considérations psychologiques.

Ce fut cependant, dit Raymond QUITAUD, l’épisode le plus traumatisant de ses souvenirs d’école, alors que le souvenir du train reste le meilleur de ceux-ci. 3486

Les modèles

Le modèle du grand père.

Le grand père paternel était illettré, il signait d’une croix, fit de ses mains une vitrine extraordinaire de beauté et de précision que les musées réclament à corps et à cri ; il était serrurier.

Le modèle du père.

Mon père décédé à 47 ans n’a cessé d’être un modèle pour moi.

Son père inventa en 1930 un système qui permettait en utilisant un fusil à canon superposé de choisir de tirer en premier avec le canon du haut ou celui du bas ; il eut en 1930 la médaille d’argent des inventeurs de la ville de Saint-Etienne ; il jouait de la mandoline, du violon dont il avait appris tout à jouer seul pendant la guerre de 14.

Il fut déporté en 1943 ; il est mort à Dachau en 1945. Il parlait également des langues étrangères qu’il avait appris seul : l’allemand, l’anglais, l’espagnol à cause d’une jeune espagnole qu’ils avaient accueilli à la maison pendant la guerre d’Espagne. Il commençait à apprendre même l’arabe quand il fut arrêté.

Il est décédé 16 Mai 1945... sa femme, ma mère, aussitôt est tombée malade et elle est décédée 20 ans plus tard sans jamais guérir Vers 1936, l’armurerie” capota” et il dut fermer son propre petit atelier. Mon père souffrit à cause de cela. Il était passionné de dessin artistique, également ; il suivit de 1936 à 1939 à l’école des beaux arts. Il travailla dans une petite usine de mécanique qui produisait des variateurs de vitesse pour les outils au quartier du soleil. Il travaillait le dessin industriel le soir pour arrondir ses revenus. Des amis de mon père avaient publié des tracts de réfraction à l’arrivée des allemands. Il devint alors, résistant à partir, au départ, d’une lecture d’un de ces tracts. Il fut à l’origine avec d’autres de la formation de l’armée secrète stéphanoise avec Dora RIVIERE et Lucien NEUWIRTH 3487 ...Son arrestation est douloureuse à raconter encore aujourd’hui ... Un mardi soir mon père avait une réunion avec des personnes de l’armée secrète et des officiers britanniques de l’aviation qui préparaient un parachutage dans la région.

Dès lors pour la famille commença l’angoisse, et l’attente. Ils ne reçurent qu’une lettre de Natshwiller en Alsace à côté du mont Saint Odile. Il passa successivement des prisons de Crouchy à Mont Luc à Lyon, à Fresnes, à Natshwiller à Dachau. A Natshwiller il fut mordu par un chien et ne guérit jamais vraiment. Il fut arrêté, pesant 80 kg ; il ne pesait que 37 kg au moment de son décès. Les américains le libérèrent, mais il mourut 17 jours après sa libération, sur le chemin du retour à Saint Etienne... D’après les dits de compagnons de détention il était très reconnaissant envers les russes dont il disait qu’ils partageaient le moindre bout de pain. “Si je rentre..., disait il à ses amis de détention,... j’ achèterais un terrain en Dordogne pour fouiller.”

C’était un homme dynamique, fort, toujours sur le qui vive : l’ homme des décisions immédiates.

Mme ROBERT.

J’avais quatre ans, elle était mon institutrice de maternelle, elle est partie juste après à la Châtre dans l’Indre...

Mais je ne l’ai pas oubliée. Il me semble que si je la rencontrais dans la rue je la reconnaîtrais.

Mon père correspondit plusieurs années avec cette dame, une fois qu’elle eût déménagée.

C’est avec elle qu’eut lieu l’épisode du train déjà relaté.

Mlle GONON

Ce fut une référence tardive de ma vie. J’ai rencontré en 1975 Mlle GONON lorsque je me suis occupé des musées foréziens avec ma femme.

A Montbrison elle organisait des colloques chaque année, elle m’ a ouvert les yeux sur le moyen âge et son histoire. 3488

Son fils Gérald

Moi, je ne connais rien à la philosophie contrairement à mon fils . Je ne sais pas du tout d’où peut lui venir ce goût.

Mon fils veut faire à fond tout ce qu’il entreprend..

Il ne faut pas faire mille choses mais à travers une chose approfondie on peut tout rencontrer, rencontrer toutes les autres...

Deux domaines d’autodidactie : les hobbies et le travail.

Je me suis formé absolument tout seul dans ces deux domaines.

Itinéraire professionnel :

J’ai commencé petitement...Il m’a toute ma vie manqué quelque chose pour démarrer bien.

Alors qu’il était à l’école professionnelle, il dut laisser tout tomber en 1943 , à l’arrestation de son père, pour aller travailler : il fallait bien subvenir aux besoins de la famille.

Il travailla à la S.C.E.M.M. 3489 devenue depuis Citroën, une usine de fabrication de moteurs d’avions, d’abord comme rectifieur, au montage moteur ensuite, puis mise au point moteur et enfin au dépannage moteur sur le terrain : cette progression se fit en cinq ans. Il quitta la S.C.E.M.M. en 48 à cause d’un empoisonnement du sang, dû au trichloréthylène.

Puis il entra à la demande du médecin du travail au bureau d’étude de Manufrance, il se remit alors au dessin industriel qu’il n’avait plus travailler depuis cinq ans. Là, il commença à travailler sur les dessins industriels qu’il avait abandonné depuis 1943, à la fin de l’école, de machine à coudre et de motos ..

Après deux ans à ce poste, il se jugea capable d’entrer dans un bureau d’étude et il entra à Automoto dans un bureau d’étude (50- 51 ).

Il commença là à travailler sur des bicyclettes avant de passer au secteur moto.

Il termina son travail à Automoto par une machine dont il avait dessiné toute la partie cycle, et qui ne put sortir qu’en trois prototypes ; alors Automoto ferma, en 1954.

Peugeot qui sortait une machine semblable de son côté interdit que celle-ci ne sorte pour des raisons commerciales. Au niveau salaire il était payé comme dessinateur du bureau d’étude. Son supérieur était un ingénieur et il travaillait sous les ordres directs de ce dernier... Il était lui-même responsable du banc d’essais et des essais en général.

Il essayait les motos, il partait avec son épouse, le vendredi soir, pour ne rentrer que le dimanche soir. Il partit travailler en 1958 là où il allait rester 25 ans, chez Victory qui fabriquait du matériel de mines des palans et toute sorte de gros matériel pour l’extraction du charbon.

Au départ il était intéressé par la petite mécanique par la mécanique de précision. Ce fut donc difficile, au commencement.

Il travailla comme chef projeteur pendant dix ans et il avait alors trois dessinateurs sous sa responsabilité. Il fut nommé ingénieur maison en 1968. Il suivit pendant des années des cours à l’école des mines, à Saint Etienne, les samedi après-midi.

Il termina donc comme “ingénieur maison” avec quatre personnes sous sa responsabilité. II visitait pour son travail différents salons portant sur la mécanique ; il faisait des essais, visitait aussi des mines et observait le matériel des concurrents.

Une idée de l’ingénieur d’étude et de lui-même, permit de faire un palan de moitié poids pour une résistance équivalente, ce fut son dernier travail avant la retraite en 83.

Le hobby principal : l’archéologie.

Le père, lorsqu’il allait vendre ses fusils, s’arrêtait en Dordogne et il allait visiter les chantiers de fouille. Il achetait des livres et était passionné par la préhistoire. Il en parlait à son retour à son fils, M. R. QUITAUD, qui vit s’éveiller alors, la passion pour l’archéologie, passion qui n’allait plus s’éteindre. En 1957, il répondit à une petite annonce dans le journal, et il rencontra des archéologues, autant de Roanne que du Forez ; ce qui allait donner naissance dans un premier temps à un groupe, puis à deux groupes distincts, qui existent encore.

Sa vie en fut transformée : l’amitié et l’enthousiasme unissaient les membres du groupe qui consacraient tous leurs week-end à la recherche. M. DELPORTE président, d’abord professeur d’histoire géographie puis conservateur du musée de Saint-Germain-en-Laye, éminent spécialiste de la préhistoire, président du groupe Forez Jarez les fit passer du cite préhistorique de Pic la violette à côté du cite Périgneux à Chaizieux, cite gallo-romain, car les cites préhistoriques sont rares dans la région stéphanoise.

Ils récoltèrent là des restes d’une mosaïque gallo-romaine, aujourd’hui au Musée de Montbrison, dont on avait simplement découvert quelques fragments en 1934 au fond d’un puits gallo-romain découvert par hasard. Les rapports avec la recherche officielle malgré la présence de M DELPORTE furent parfois difficiles.

De 1972 à 1978 la chapelle de Saint-Rambert sur Loire fut explorée par M. QUITAUD seul. Il retira plusieurs (23) sépultures et apprit seul à les étudier, à partir des livres. Cependant en 1978, la loi de 1941 qui interdit de fouiller les cites non urgents lui fut appliquée, par un nouveau directeur des antiquités. La direction des antiquités lui refusa donc à partir de cette date le droit de continuer les fouilles. On lui demanda de faire le relevé pierre à pierre des murs de la chapelle. Il prit cela pour une sorte de punition et abandonna. Ce relevé ne présentait aucun caractère d’urgence.

Depuis Septembre, à Moingt, des fouilles ont révélé l’emplacement de l’ancien palais de la ville. A l’époque gallo-romaine, Moingt était une station balnéaire avec des thermes. Cette découverte donne un sens à tout un ensemble de travaux entrepris depuis des années et auxquels il a participé.

Apprendre toujours apprendre

Si je devais résumer ma position en un mot sur ce que j’ai retenu de ma passion pour l’archéologie, mère de toutes les autres passions, je dirais que nous n’avons pas inventé grand chose à l’époque moderne, nous n’avons le plus souvent que prolongé et étendu à de nouveaux secteurs des découvertes très anciennes. On pourrait multiplier les exemples : le chauffage central, fut utilisé et probablement découvert par les romains, le tonneau, par les gaulois (un exemple d’une civilisation de l’intelligence de la science pratique et de l’outil approprié). Bien des inventions sont très anciennes, il ne faudrait pas penser que notre civilisation soit très supérieure aux autres du passé et peut-être même pour bien des choses aurions-nous beaucoup à apprendre. Aujourd’hui ce qui me passionne c’est l’ Egypte : On, ne connaît pas un dixième de la civilisation égyptienne. En France, en particulier, il existe très peu de spécialistes de l’Egypte. J’étudie actuellement depuis peu la lecture des hiéroglyphes. La conjugaison égyptienne me pose beaucoup de problèmes.

Pourquoi je cherche

Je cherche, dans l’activité archéologique, à trouver des gens qui me ressemblent un peu qui ont en tout cas la même affinité que moi pour la recherche du passé des racines de l’humanité nos racines.

Je suis curieux et je veux comprendre par moi-même, je ne veux pas qu’on comprenne à ma place. Ce qui me passionne dans l’archéologie ce sont ses deux aspects : lectures et études d’une part, et le fait de toucher de palper ce que je cherche, d’autre part. En regardant une photo ou une pierre il faut savoir lire une histoire les traces du passé. Effectivement lorsqu’il me montre des pierres ou encore des silex ou des photos Monsieur QUITAUD m’explique des choses que je ne saurais lire sans ses yeux. Il décrypte en effet des traces sur le terrain, et maints détails vestiges ou signes d’un passé. Mille autres détails qui échappent à l’oeil non exercé.

Ma démarche

Je considérais ma recherche comme une énigme policière à résoudre.

Il faut, à chaque fois, être prêt à tout remettre en cause.

Devant l’objet nouveau, je me demande toujours le pourquoi et le comment. Je me sers des hypothèses d’école mais j‘essaie d’envisager toute autre hypothèse.

L’histoire reste toujours très fragmentairement connue.

Le moindre petit élément peut tout remettre en cause à chaque instant.

A Chaizieux, par exemple, la découverte récente de silex travaillés, bouleverse d’un coup les connaissances que l’on avait après dix-huit ans pourtant de recherches ininterrompues.

Aujourd’hui on sait par cette simple découverte que le site remonterait bien avant le 1° siècle avant Jésus-Christ, époque gallo-romaine, à laquelle on datait jusqu’alors l’existence du site.

On parle à présent peut-être de 2500 ans avant Jésus-Christ.(?)

Toute théorie est toujours donc à revoir. C’est toujours ” peut-être”.Lorsque nous affirmons quelque chose comme étant irréfutable nous nous construisons un plan avec des oeillères et on ne regarde plus à côté. 3490

En conclusion il faut être honnête logique et ouvert aux autres.

... et celle des étudiants.

Pour mener cette recherche fondamentale qui est la mienne et qui n’est pas à la portée immédiate des étudiants, il faut avoir des connaissances livresques que les étudiants n’ont pas et qu’il faut leur faire acquérir. Il faudrait que les étudiants sachent avant d’apprendre. C’est bien sûr impensable.

Ma formation ce sont les livres et ensuite vient la pratique sur le terrain.

Les universitaires eux ne communiquent pratiquement pas leur savoir. L’université conserve pour elle-même et ceci est très dommageable. On en arrive au paradoxe d’un savoir initiatique : les professeurs ne communiquant pas aux étudiants les livres qu’ils connaissent. 3491 Le professeur d’université est souvent bloqué par son enseignement. L’exemple d’un ami qui n’a jamais pu mener à terme sa thèse depuis qu’il enseigne est significatif sur ce point. L’universitaire ne veut pas s’encombrer de choses qui ne sont pas en rapport direct avec ses connaissances. Le savoir transmis est souvent incompréhensible il manque un étalonnage. Il faut expliquer le pourquoi qui éclaire le comment et le savoir alors qu’à l’université le contenu tout puissant prime sur la démarche et l’annihile. Il faudrait exactement le contraire.

Partant de la fouille, paradoxalement, je suis amené à conduire les étudiants à la rigueur et, moi qui n’est pas de diplômes universitaires, à élargir le champ de leurs connaissances.

La démarche fondamentale ne sépare pas le pourquoi du comment.

D’un point de vue de départ partent toujours tout un tas de ramifications .

Ce n’est jamais une droite ligne.

Aucun savoir n’est séparé des savoirs des choses et des êtres qui l’entourent et lui donnent sens. Y COPPENS professeur au Collège de France au dessus de l’université est simple et logique il explique simplement et chacun comprend.

Bien souvent, au contraire, l’université :

- est initiatique ...

-cultive le secret ...

-cultive le dogme

-morcelle les savoirs en spécialités et surtout spécialistes s’ignorant les uns des autres.

Tout est lié : la pratique la théorie et le geste et la pensée.

Il faut réconcilier tous ces aspects que nous ne pouvons pas contourner de toute façon.

Universitaires et amateurs autodidactes

M. DELPORTE, un grand ami, homme très estimable par ailleurs, et que j’estime vraiment ne connait et ne s’intéresse à rien d’autre qu’aux silex et à leur technique de fabrication ...

Il reste dans la sphère de l’étude préhistorique et ne veut pas savoir ce qui s’est passé après.

L’autodidactie (ou autodidaxie) oblige à réfléchir sur tout ce qui nous entoure et à avoir une réflexion personnelle et une démarche construite par soi-même . Il existe une opposition entre universitaires et amateurs.

Ce que je reproche à l’archéologie moderne et universitaire :

- ne va pas aller au bout de ses démarches

-d’être trop morcelée en catégories hétérogènes et séparées les unes des autres,

- elle ne cherche pas à faire communiquer le goût de l’archéologie le mystère du passé et de l’histoire.

L’université n’encourage donc pas les jeunes à s’investir.

Cependant quelques professeurs présentent une exception. Un tel, tout en étant professeur à l’université, rapprochait, cependant, chaque découverte de la dimension humaine qui l’accompagnait; Cette personne, il faut le préciser, commença comme archéologue de terrain, et c’est sans doute pourquoi il savait communiquer sa passion. Il ne faut pas se borner à apprendre mais avoir la conscience de pourquoi nous apprenons. Je regrette que le personnel enseignant ne soit pas plus proche de ses élèves.

Il manquait un peu d’humanité à beaucoup de professeurs d’université que j’ai rencontrés. Paradoxalement les jeunes ont reçu une science mais ils n’ont pas été formés à la rigueur du raisonnement.

Face, par exemple, à une céramique trouvée, un étudiant archéologue moderne partirait de ses connaissances classerait la céramique à partir d’un simple raisonnement hypothético-déductif.

Moi j’irais plus loin. Les étudiants universitaires prennent toute parole professorale comme ” la parole d’évangile “ ils acceptent ce qu’on leur a enseigné sans chercher à le remettre en cause. Du coup il peut y avoir des erreurs historiques graves car l’on se refuse à voir les remises en question. Il ne faudrait pas avoir peur de la contradiction. L’université cherche sans cesse à éviter la contradiction pourtant féconde et indispensable au profit d’une version officielle.

L’université devrait davantage dire : “l’histoire c’est peut être ceci ou cela”.Elle devrait être moins affirmative plus cohérente avec la rigueur la logique et l’honnêteté scientifiques. La notoriété que la recherche confère détourne le chercheur de sa recherche pour le rendre sensible à l’effet produit.

Ceci est très préjudiciable. Ce sont les hommes qui trouvent toujours et l’université n’est là que pour permettre que ces découvertes se rencontrent s’échangent se partagent.

L’universalité. Rigueur et convivialité.

Dans la démarche de recherche authentique on retrouve toutes les questions sur le pourquoi et le comment. C’est un démarche universelle car elle rejoint les questionnement fonciers de l’existence..

Tout savoir mal communiqué ou incommunicable est-il encore universel, même s’il est universitaire ?

Le cheminement de la recherche, la méthode d’investigation sont très importants il permettent de relier l’archéologie et toute science à toutes les autres.

Je ne comprends pas qu’on puisse garder son savoir pour soi-même...

L’autodidactie donne une vue générale et nous conduit toujours plus loin qu’une spécialisation, ne serait-ce que par la motivation qui la cause et les questions qu’elle pose.

Le coup d’arrêt

Le coup d’arrêt de la chapelle de Saint-Rambert a été ressenti comme une privation totale de liberté. L’ordre de dessiner un vieux mur, pierre à pierre, fut reçu comme un camouflet. Ce qui serait normal pour un mur gallo-romain qui présente une construction typique que l’on peut dessiner d’après photographie, mais pour un mur classique d’une époque comme celui-ci qui fait quatre mètres de haut, huit mètres de long j’ai pris cela comme une punition.

C’était un ordre sans aucune explication.

Un mois après mon départ une jeune chercheuse reprit les fouilles sous la direction de M. Reynaud. Elle a fait un très gros travail. Il faut le reconnaître. Elle ne m’a jamais envoyé ses travaux alors que pendant trois semaines, elle avait assisté à mes recherches, je lui avais transmis tous mes documents. Elle ne m’a jamais, non plus, invité à rechercher avec elle. C’est pourtant moi qui aie eu initialement l’idée de ce chantier, personne n’avait idée de fouiller dans cette chapelle. Elle a obtenu l’autorisation que je n’avais pas osé demander de fouiller à l’extérieur de l’enceinte. Du coup, la découverte qu’elle fit de sarcophages du 7° siècle vieillit l’emplacement chapelle que j’avais daté du 10° ou 11° siècle. Je n’en veux à personne, mais un sentiment de frustration m’a longtemps habité et j’ai beaucoup souffert, inutilement je crois.

Exploitation du travail par d’autres ; souffrance d’un manque d’un reconnaissance :

Au moins dix fois, des étudiants ont utilisé mes travaux mes idées et ne m’ont pas mentionné ni même montré leurs travaux universitaires. Je ne suis pourtant pas intéressé par moi-même n’empêche que je fus à chaque fois très déçu.

Entre ethnologie et archéologie.

J’ai toujours recherché le passé de ces civilisations dont nous présentions le mode de vie au quotidien lorsque je faisais des expositions.

L’ethnologie n’est pas une passion au même degré que l’archéologie.

Le plan archéologique m’aidait à comprendre l’ethnologie et enrichissait le regard que je pouvais avoir. En fait ethnologie et archéologie sont inséparables.

L’archéologie industrielle.

Les difficultés de la vie actuelles ont ouvert une nouvelle branche qui m’intéresse beaucoup c’est l’archéologie industrielle. Partant des archives on a pu remonter l’histoire de sociétés telles Manufrance ou les mines pour trouver dans leur histoire les raisons de leurs difficultés actuelles.

Collaboration et complémentarité entre techniques anciennes et sciences modernes :

L’ethnologie, en mettant en évidence l’étude des choses et des objets familiers, leurs évolutions dans le temps leur utilisation jusqu’à l’évolution actuelle permet de retrouver les techniques anciennes et parfois leur intégration dans l’industrie....Lorsque les sciences modernes peuvent ainsi s’appuyer sur des savoirs ancestraux nous obtenons des choses extraordinaires... 3492

La céramique en fournit un exemple : autrefois, les céramiques étaient fabriquées par des méthodes dites au colombin...On l’enroulait sous forme de serpents enroulés en spirales successives les unes sur les autres jusqu’à former la forme désirée, puis on lissait à la main...Pour chauffer on utilisait le feu de braise....

Ensuite on a utilisé le tour de potier et le four de cuisson qui a suivi des évolutions successives jusqu’à devenir aujourd’hui le laboratoire... Cette évolution des techniques de cuisson n’a cessé de s’améliorer... Les gallo-romains connaissaient deux techniques de cuisson : La technique oxydante à four ouvert qui donnait un matériau beige rosé et la technique réductrice à four fermé qui donnait un matériau de couleur noire...

L’incorporation de minéraux affinés permettront de produire des faïences et des porcelaines qui n’apparaîtront que vers la fin du moyen âge par les chemins de l’orient (les chinois connaissaient cela depuis longtemps)...

Aujourd’hui les techniques modernes permettent d’étalonner à partir d’une rationalisation systématique ces savoirs ancestraux... 3493 En occident les premières céramiques vernissées apparaissent au temps des gallo-romains...Les engobes rouges orangées qui caractérisent la céramique dite sigillée sont de cette époque...On produisait cette engobe à assez haute température dans le four par oxydation d’une argile très finement obtenue par déposition dans l’eau dans laquelle après moulage les vases étaient plongés...

Une réaction chimique produisait un enduit vitrifié et la présence d’oxyde de fer dans cette argile produisait la teinte orangée...

Aujourd’hui on peut expliquer la réaction chimique qui produisait un tel effet les gallo-romains l’avaient découverts par l’expérience...

Des travaux actuels ou récents :

L’inventaire des pièces gallo-romaines frappées à l’atelier monétaire de Lugdunum (Lyon)

C’est le travail qu’a entrepris M. R. QUITAUD depuis 1990... reprenant un travail qu’un ami M. RENAUD, décédé en 1971, avait ébauché mais n’avait pas pu mener à son terme... Il essaie ainsi de mettre à la disposition de son club d’archéologie un ouvrage récapitulatif qu’il a pratiquement terminé... Il existe un ouvrage représentant 12 volumes sur l’atelier monétaire de Lugdunum, de Bastien mais il est d’un prix inaccessible...(700 francs l’unité).

M R. QUITAUD a réuni les types de monnaie sur un tableau spécial par empereur Romain...

Il utilise pour cela un code universellement 3494 admis ...

Il a travaillé à partir de l’épluchage des catalogues des salles de ventes de monnaies anciennes...“Ici j’ai travaillé pour les générations futures... 3495

M. R. QUITAUD a publié récemment en trois exemplaires un essai de fichier archéologique concernant les sites de la plaine du Forez du sud du département de la Loire du seuil de Neulise, à la vallée du Rhône.

Ce travail de rassemblement, modeste (dit-il), de documents, fut entrepris en 1959 ...

Il a abouti en 1988 à un recueil de fiches que M. R. QUITAUD a transposé depuis sur son ordinateur...

Il s’agit d’une synthèse des choses répertoriées que M. R. QUITAUD espère voir un jour être utile à des chercheurs universitaires...Ce travail permet, entre autre, d’esquisser une carte du département et pourrait orienter des recherches futures...

Une correspondance entre le calendrier républicain et le calendrier grégorien...

M. R. QUITAUD a remarqué que ses petits enfant, à l’école, devaient lire des dates d’histoire sans avoir la correspondance entre les deux calendriers. Le calendrier républicain fut utilisé de 1791 à 1805.

Alors M. R. QUITAUD a constitué aujourd’hui une correspondance exacte entre les deux calendriers.

Ce travail, récemment et rapidement mené, est pratiquement terminé...

D’autres hobbies :

L’aéromodélisme

En 1939, il travailla, pendant les vacances scolaires, chez un grand oncle canonnier. On utilisait des baguettes en bois pour “mettre à la côte” le canon des fusils.

Il construisit un petit avion avec cela. Cela lui donna l’idée de faire de l’aéromodélisme dont il lança sur Saint-Etienne l’activité par la participation avec des amis au lancement local au niveau d’un quartier d’un club qui s’intégra au centre social à la création de celui-ci au début des années soixante. Il a arrêté cette activité depuis cinq ans.

La musique

Jusqu’en 1938, il étudia le hautbois au conservatoire de Saint Etienne, mais le professeur ne comprenait pas qu’on puisse faire autre chose que de la musique.

Il arrêta donc, car il ne pouvait consacrer tout son temps à celle-ci, en particulier à cause du certificat d’études.

En 1944, il reprit la musique, en prévision de l’incorporation à l’armée, et il se mit au saxophone, mais finalement faisant partie de la classe 44 il fut exempté.

Il rejoignit l’orchestre Yves ROGER et y joua pendant trois ans avant d’arrêter.

“On ne peut pas tout faire y a rien à faire “ .

Un copain de la S.C.E.M.M., rectifieur, comme lui, fut son professeur de saxophone, pendant toutes ces années.

La géologie

Il a, toute sa vie, ramassé des pierres qu’il collectionne et dont il connait les caractéristiques d’après les livres...

Il a transmis cette passion à ses enfants qui savent encore aujourd’hui au premier coup d’oeil reconnaître une pierre d’intérêt géologique.

Les outils pour apprendre...

Les livres

Il faut beaucoup lire.

J’ai tellement de livres pour l’archéologie spécialement que je ne sais plus ce que j’ai .

Je suis en train de répertorier sur ordinateur mes livres.

J’en ai beaucoup prêté tous ne me sont pas revenus.

Le choix du bon livre.

Le bon livre le livre utile c’est le livre technique.

Ca peut être l’étude de l’objet que l’on trouve...

Ca peut être une étude technique sur la fabrication de tel ou tel objet.

Au sujet du livre de LEROI-GOURHAN “ Les racines du monde “ 3496

Gérald son fils lui a remis ce livre qu’il a lu avec empressement car il a beaucoup d’admiration pour l’auteur 3497 qui est un préhistorien connu qu’il a rencontré il y a quelques années...

Il a trouvé ce livre trop philosophique et de son avis très problématique...

Il ne faut pas mélanger les genres : la recherche doit être rigoureuse toute interprétation philosophique sur la façon de penser et de vivre des ancêtres ne peut être présentée que comme une hypothèse...

Je pense par intuition et m’appuyant sur quelques connaissances que l’auteur se trompe dans l’interprétation qu’il donne des pratiques de la vie préhistorique ancestrale ... 3498

L’ordinateur.

Depuis trois années, M. R. QUITAUD dispose d’un ordinateur. Un de ses fils l’a initié dans la partie. Il remplace le stylo ou la machine à écrire, mais il a également permis un reclassement des nombreuses fiches constituées au cours d’années.

“Il est mon compagnon.”

Cet ordinateur lui a permis de classer ses documents de faire son courrier. Il n’envisage plus vraiment de travailler sans lui.

Portrait numéro 2. M. Charles MANGEOL ou L’autodidacte et la loi du marché.

Charles MANGEOL né en 1949 à Saint Etienne..

Enfance et famille :

Il est l’aîné de 5 enfants (3 garçons, 2 filles).

Aujourd’hui célibataire, logé chez ses parents il prépare sa maison pour y vivre seul ...

L’école

A l’école, il fut plutôt mauvais élève avec de grosses difficultés d’orthographe surtout ...

Après avoir commencé dans une école privée, il rejoignit le service public et l’école laïque à la Jomayère où, dès son arrivée, il fut mis à l’écart comme venant d’un pensionnat libre catholique. D’où un traumatisme supplémentaire...

A la Jomayère, les enfants n’étaient plus les mêmes, le milieu y était à l’époque un peu plus populaire.

Il y reçut alors l’éducation de la rue. Les expressions devenaient plus vulgaires par exemple un cartable devient une” bauge”. C’est un souvenir marquant de Charles.

Il échoua le certificat d’étude...

L’école ne lui déplaisait pas forcément ... mais cela n’empêchait pas l’échec contre lequel il ne luttait pas vraiment, par manque de conscience de l’ intérêt qu’il pouvait bien y avoir à réussir.

Ce n’était pas vraiment de la mauvaise volonté, dit-il ... Mais, chaque fois ou presque qu’il prenait la résolution de travailler, il était aussitôt capté par d’autres intérêts qui venaient distraire son attention . L’ activité non scolaire revêtait alors à ses yeux plus d’intérêt. Exemple : il décidait de faire son travail à la maison, se mettait en place quand, au dernier moment, dessiner devenait l’urgence et captait toute son attention.

Il a depuis la naissance un “ méga côlon”, qui occasionnait dans l’enfance, des maux de ventre imprévisibles et intenses suivis de relâchements. Ses parents l’avaient signalé au directeur qui n’ a jamais transmis l’information aux instituteurs...

Il souffrit de brimades dues à cette incontinence.

“J’étais systématiquement puni en public pour cela par les institutrices de l’école privée en particulier...”

“D’où l’émergence d’une personnalité en parallèle...de rêves d’évasions que je retrouverais plus tard en m’intéressant aux bateaux...”

Il alla en 4° d’accueil... il échoua au bac...

Puis il se dirigea vers les Beaux Arts

Il découvrit là, les artisans et s’intéressa à leurs travaux...

La saveur et le goût de l’artisanat, de choses dont il lui faudra plus tard des années pour approfondir les techniques deviennent alors la source d’une motivation toute nouvelle...

Il s’intéresse ainsi, dans un premier temps, à l’aquarelle et au fusain.

Débuts professionnels

Avec un ami rencontré à l’armée il va créer une maison artisanale sans objectif précis autre que la recherche de la qualité artisanale dans le Lot à Saint CYRQ la Paupie entre Cahors et Cajard...Ils rencontrent SUB ferronnier célèbre qui les influence... Il y reste jusqu’à 23 ans.

Le nautisme

Après un retour à Saint Etienne et un travail pendant une dizaine d’années dans les artisanats les plus divers en chaudronnerie ( tuyauterie soudure fonderie ), mon beau frère qui est charpentier me donne le goût et m’initie à la construction des bateaux.

Je m’installe alors dans le midi de la France... On s’associe de 1978 à 1982.

Le bateau est un microcosme dans lequel on fait entrer un macrocosme de qualités de techniques d’inventions d’ingénieries...

Ce qui m’intéresse c’est de recréer un monde à ma portée en utilisant un maximum de choses...

Dans le nautisme il y a un exotisme...

Cet exotisme se retrouve aussi par rapport à la pratique et à l’éthique professionnelle. A Saint Etienne ce qui compte c’est le délai et le prix...

Dans le nautisme artisanat de luxe... c’est la qualité pure ; le délai et le prix n’ont plus la même valeur....

L’accident

En 1982, un accident de la route va interrompre son travail et une longue rééducation d’une année va s’en suivre...

Une remise en cause s’en suit : il se dit : “Je vais repartir à zéro”...

Il retourne à Saint Etienne...

“Je vais tenter de mettre en place ce que j’ai appris dans le midi, à Saint Etienne ...”

Il entre en contact avec les chambres de commerce...

Depuis 1982

L’investissement technologique, la recherche, pour un artisanat contemporain au service d’un artisanat traditionnel l’intéressent. Il crée une société en 1985 qui “capote” en 1990. Depuis il travaille sur commande à nom propre.

Aujourd’hui

C’est une pose...

“Je résous des problèmes personnels d’organisation avant de repartir...”

Demain

Le projet final c’est la mise à l’eau d’un bateau...dont j’ai commencé l’étude.

Et puis, partir sur la mer...”

La déposition d’un brevet...

J’ai déposé un brevet pour le formage d’une coque de navire piloté par un ensemble de machines informatiques ...

Ce que j’ai inventé est performant technologiquement mais difficilement rentable dans une perspective de rentabilité commerciale immédiate...

J’ai pu, en 1983, travailler avec un universitaire pour réussir la déposition de ce brevet...

Ce fut une complicité entre nous assez extraordinaire...

Il a fini par comprendre, à la fin, l’utilisation que je voulais faire de la courbe de Béziers dont il m’expliquait les caractéristiques mathématiques...

Il n’a compris qu’une fois mon travail terminé ... sur ce point, nous étions à égalité... Cet exemple évoque un type de collaboration possible entre l’artisan et le chercheur.

L’industrie a la possibilité aujourd’hui de recevoir les fonds ... là où les universités jusque là les recevaient dans la recherche technologique...

Cette sorte de révolution épistémologique de la recherche, révolution historique récente (début des années 80), a permis cette collaboration inimaginable ou difficilement réalisable quelques années plus tôt...

On retrouve ainsi aujourd’hui des idées très modernes mariées avec des techniques anciennes, et cela donne des choses très performantes...

Exemple : le découpage au jet d’eau fait la relation entre la connaissance ancestrale du jet d’eau et les découvertes les plus modernes en robotique sont utilisées chez Renault...Une buse en céramique résiste et permet l’utilisation de grosses pressions pour l’obtention d’un jet d’eau précis et infiniment fin...

Un robot pilote le jet qui redécoupe les portes et les fenêtres à partir de la forme monolithique initiale..

Les qualités de la céramique, découverte ancestrale, se marient donc avec le fin du fin de la technique la plus moderne.

Cela permet de réaliser des carrosseries à partir de moulages de fibres de verre ou carbone remplaçant la tôle, et dirigées. Alors qu’autrefois, par emboutissage, on ne dirigeait pas, on déformait ...

Les conséquences de ces applications conduisent vers une conformité plus grande des produits au regard d’un cahier des charges européen ou international exigeant de plus en plus le zéro défaut.

Lectures et sources d’informations

Je lis beaucoup de revues spécialisées pour me tenir au courant des évolutions techniques les plus récentes ...

Je ne lis pas de romans ...

Cependant “la technique” la plus ancienne pour apprendre reste le compagnonnage et les informations directes auprès des artisans eux-mêmes ...

L’artisanat et la dure loi du milieu professionnel

...Mais pour vivre il ne suffit pas d’inventer, d’investir de travailler, d’innover, encore faut-il rentabiliser.

Il faut donc savoir se battre pour, par exemple, récupérer les impayés...

Il faut être un battant ... pour répondre à la dure loi du marché.

C’est féroce ...

Le choix c’est d’être féroce ou de se retirer ; je crois que j’ai préféré me retirer aidé en cela par les circonstances bien difficiles il est vrai.

Dans l’artisanat, nous n’avons pas assez de temps pour la documentation relative à la recherche et rentabilisation du marché, nous sommes trop pris par la production directe nous sommes donc affaiblis par rapport à l’entreprise en général qui peut davantage répartir les rôles entre ses employés et rationaliser son travail ... L’orientation y est différente : celle de l’artisan est de s’adresser souvent à des parts de marché étroites représentant un lourd investissement pour un résultat aléatoire et rapidement périmé.

Résultat : nous sommes souvent perdants par rapport aux entreprises très bien équipées.

Intérêts

L’école n’a pas cassé mes centres d’intérêts ; elle ne les a pas encouragés non plus.

Les centres d’intérêt étaient multiples au départ ... avant une sélection nécessaire due à la recherche de la qualité progressivement imposée par l’existence ...

Ma grand mère disait : “36 métiers 36 misères ...”

A partir des études effectuées aux “Beaux Arts “ toute l’activité artisanale dans sa globalité deviendra son centre d’intérêt...

Ce qui m’intéresse c’est la beauté qui devient réelle qui se concrétise...qui se fait acte...

“Pour moi apprendre et faire c’est la même chose ...

On me disait : “Ne touche pas le tourne vice tu vas de le planter dans la cuisse”...

L’intérêt fascinateur était dans le fait de braver l’interdit dans la soif de découverte...

Ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est de juxtaposer des techniques anciennes tirées de l’artisanat avec des découvertes universitaires...Ce serait de faire entrer en complémentarité patrimoine et recherche...

Je me remets à l’aquarelle pour l’expression plus pure aujourd’hui par besoin de rééquilibre...

L’intérêt ressenti est personnel la démarche aussi est personnelle mais il ne faut pas confondre ce qui est personnel à chacun avec l’individualisme...

La démarche d’apprentissage s’oppose à celle de la production et celle de la vente.

La recherche est indispensable car autrement on ne fait que du “pseudo”. (dixit)

Il faut agir par tâtonnement...mais en même temps il faut se documenter ...

Exemple :

Le tâtonnement ne me permettait pas de trouver le truc qui sur les quatre faces d’un barreau forgé permet de faire quatre motifs différents ... Il reste toujours la quatrième face sur l’enclume...Il y a une astuce que l’on m’a donnée ...

Avant je faisais du “pseudo” car je ne connaissais pas le truc qui me permettait de ne pas abîmer la quatrième face ...

La difficulté à contourner est toujours présente, c’est le rôle et le propre de toute entreprise artisanale à chacune de ses étapes ...

Cette progression vers l’objet final aboutissant à la faisabilité est éminemment concrète....

Induction déduction sont les caractéristiques de ma démarche toujours à la fois très simple et très concrète ...

Dans l’entreprise artisanale au niveau technique une solution est toujours possible ...Ce n’est pas la même chose pour ce qui concerne la partie financière de l’entreprise ...

Quand il manque cent francs ils ne peuvent pas s’inventer ...

Dans un contexte de compétitivité l’erreur est une faute dans le travail artisanal l’erreur est source de perfectionnement. 3499

On n’a plus le droit à l’erreur dans le domaine de la gestion contrairement à celui de la création ...”

Autodidacte ?

L’autodidactie , dans la mesure où ce terme peut être employé, est davantage appropriée au savoir -faire qu’au domaine du savoir en général.

La faisabilité est la valeur ultime et sanction de toute démarche autodidactique artisanale ou autre. Contrairement à la recherche fondamentale pure qui n’a pas cette contrainte. 3500

Il ne faudrait pas que cette démarche autonome soit cependant synonyme d’orgueil ... En effet, nul ne peut se proclamer autodidacte, et toute autodidactie n’est que relative tant nous apprenons toujours de quelqu’un d’autre.

Le diplôme d’autodidacte n’existe pas et n’existera jamais...et surtout, il ne faut pas envisager de diplômes en ce domaine ... Ce serait une contre nature ... L’autodidactie étant précisément l’espace d’apprentissage extérieur à la reconnaissance institutionnelle.

Dans la démarche de l’autodidacte il n’y a pas d’esprit de compétition ni de comparaison, au contraire tout copiage est utile pour apprendre et progresser, à l’école le copiage est sanctionné....

Tant que nous sommes autonomes nous ne sommes jamais pénalisés en tant qu’autodidactes...mais la rencontre avec le monde social est toujours douloureuse...

Par exemple, je serais intéressé pour devenir salarié, mais comme je n’ai pas de diplômes je ne puis trouver d’emplois sur ma qualification véritable, dans une entreprise...Nous sommes toujours ” marchandés” en tant qu’autodidactes...

J’ai eu des opportunités pour travailler dans l’éducation des jeunes...mais une question géographique a empêché cette opportunité de se réaliser...

Je n’ai pas accepté des propositions dans un centre de formation comme au Bardot Lycée Technique parce que j’étais sous payé et que je ne voyais pas l’intérêt d’une telle entreprise...

Donc le caractère autodidactique de ma démarche se marie mal avec certaines contraintes et exigences venues et imposées par le contexte traditionnel qui ne la prend que difficilement en compte.

La formation professionnelle :

Les entreprises de réinsertion sont de la supercherie : il n’y a pas de philanthropie possible dans le monde de l’entreprise.

Les idées sur l’école :

L’école devrait être une structure au service des hommes et non le contraire...

Aujourd’hui elle nous dit trop souvent :

“ maintenant c’est trop tard, vous n’avez pas de diplômes ...”

...alors qu’elle devrait à chaque instant permettre des opportunités...

Je n’ai jamais eu un prof qui se soit penché sur une difficulté à résoudre ...par contre j’en ai vu me féliciter quand je savais faire ...

Les diplômes sont très coupés de la réalité, ils sont des insignes déterminants une valeur de prestige avant tout. Aujourd’hui j’ai l’impression qu’on crée des diplômes pour justifier des études... Il n’y a pas de qualification précise... On dit aux jeunes qui sortent de l’école “Allez et sachez vous vendre “ D’où florès de curriculum en un seul genre, listing des stages et des diplômes et non d’un parcours et de références professionnels..

Les curriculum vitae sont des mots alignés et rien d’autre surtout lorsqu’ils se situent en début de carrière Ils créent un décalage entre image et réalité...

Ce qui compte c’est de paraître ...

Alors on “gonfle”...Lorsqu’il s’agit d’un diplôme directement technique et professionnel on sait à quoi s’en tenir... Malheureusement ceci est de moins en moins fréquent...

L’école n’apprend pas le tâtonnement et les possibilités de diversification de centres d’intérêts nécessaire à toute démarche d’apprentissage au contraire ceux-ci sont refoulés comme une tare. ...

Elle développe la vitrine l’apparence...Liée à la spécialisation outrancière l’efficacité est son maître mot mais de quelle efficacité parle-t-elle ?...

Modèles :

Le modèles pour moi, n’était pas la personne elle-même mais ce qu’elle produisait...

L’esprit de famille est une émulsion qui favorise le climat et l’enthousiasme nécessaires à l’autodidacte.”

Le grand père (le père de sa mère) :

Ancien de la guerre 1914-1918.

Premier ouvrier de France par la réalisation d’un chef d’oeuvre...

Ajusteur mécanicien de métier ... il fut un homme d’atelier...

Il avait en plus du certificat d’étude, un CAP obtenu par cours du soir.

Le père eut une formation scolaire relativement importante pour son époque...

Il alla à Sainte Barbe jusqu’à 20 ans (lycée technique où l’on étudiait le latin et l’anglais).

Il fut au début négociant en charbon reprenant l’entreprise de son père..

Il vécut la transition du passage du cheval comme moyen de transport à celui des camions....

Le rapport entre l’homme et le cheval était très fort ...

Le cheval n’était pas un outil de travail simplement...

Cet amour pour le cheval restera toute sa vie comme une nostalgie du passé et d’un style de vie privilégiant la qualité ...

Il devint ensuite un entrepreneur de travaux publics ...

Il fut un homme de chantier...

Il n’a pas vu venir les remises en question que proposaient la modernité, il n’a pas su s’adapter et sortir véritablement d’un fonctionnement routinier traditionnel ; il n’a pas voulu non plus. ...

Il vendit son affaire en 1966 ...

Dans un premier temps il aida sa mère, ma grand mère, dans un négoce de charbon ...

Mais là encore, il s’appuiera sur le passé. L’avenir restera encore, selon sa même conception des choses, absent de ses investissements, de ses projets.

Son seul critère était l’exemple ... il n’essayait pas de changer, d’innover, mais de reproduire ...

Sa détermination se faisait toujours par rapport à un passé ... et non par rapport à l’avenir ...

D’où des difficultés croissantes qui iront, après des emplois de représentants et de responsable d’un service transport dans une entreprise de gaz, ... jusqu’à un licenciement à 52 ans en 1975 et une situation de chômage avant une retraite anticipée ...

Les volets de la vie professionnelle, pour lui, se sont fermés en 1975 ...

Grâce à mon père et à mon grand père j’ai eu le goût du travail bien fait et la fascination des outils ...

Portrait numéro 3

M. Christian PRATOUSSY

ou

L’autodidacte révélé tardivement ...

Christian PRATOUSSY est né en 1958 à Lyon

Un curriculum vitae rapide mais commenté

Son père a quitté le Lot natal pour rejoindre Lyon ...

Il travaille à la SNCF et de promotion en promotion va parvenir à un poste de cadre ...

Sa famille est très unie, il a une soeur ...

Il est bon élève en primaire bon en secondaire puis peu à peu moins bon ...

Il passe un bac C...Il se souvient d’une passion pour le Lot et pour la lecture ...

Il essaie math Sup : échec...

Puis il passe un diplôme supérieur en technologie ... qu’il obtient en 1979 dans le génie mécanique.

Il se marie en 1984 ; il n’a pas d’enfants ...

Après avoir travaillé dans le commercial pendant plusieurs années il quittera son emploi ... en même temps que plusieurs de ses collègues ... pour désaccord avec le patron.

Après plusieurs autres emplois divers ...

Il suit une Session d’Etudes Approfondies (S. E. A. ) qui lui permet une clarification de ses motivations... “à l’assistance des hommes dans la limite de leur liberté de conscience...”

On l’oriente alors vers une formation d’enseignant ... Il obtient un poste de professeur auxiliaire en technologie dans l’enseignement secondaire.. Il s’inscrit alors en licence des Sciences de l’Education... et postule au rectorat pour un poste de professeur ...

Il passe un licence en 92 avec, pour support méthodologique à son travail, une étude sur le mémento outil didactique professionnel ....

En 92/93, tout en suivant une maîtrise en sciences de l’Éducation, il s’inscrit en licence d’études théâtrales.

Le modèle

Le modèle reste Jean VILAR ...”Je suis Don Quichotte et Jean VILAR est mon Amadis...”

Jean VILAR, comme son père, a quitté le modèle et le terreau familial pour faire fortune ailleurs....C’est ce que Christian cherche d’une certaine façon à réaliser un peu comme Don Quichotte il quitte son terreau pour partir vers une conquête : une Dulcinée.

Le théâtre

La passion du théâtre lui vint fortuitement lorsque sa soeur l’invita en 1982 à aller voir deux pièces de DIDEROT“Jacques le fataliste” et ” Le neveu de Rameau” ...

Le théâtre exprime une vérité...La vérité du théâtre m’intéresse plus que la réalité...C’est que la réalité est toujours neutre ... seul le théâtre exprime une signification ...

Il fondera, après avoir suivi plusieurs stages de formation, sa propre troupe, Amadis, du nom du chevalier qui sert de modèle inaccessible à Don Quichotte; le chevalier à la triste figure...

Il cessera toute activité théâtrale, suite à des difficultés rencontrées par la troupe et lui-même (difficultés d’ordre relationnel surtout) en 88....

La juxtaposition de la vérité et de la réalité peuvent s’exprimer autrement :

Il s’agit d’une opposition entre signifiant et signifié... En termes de sémiotique le théâtre est du domaine du signifié, la vie du signifiant... 3501

La terre; le goût de la terre...

Il aime travailler le jardin ...

Depuis qu’il le fait il retrouve, dit-il, ses gènes et ses atavismes héréditaires ancestraux...

Il n’avait jamais fauché l’herbe de sa vie, mais dès qu’il a décidé de faucher la pelouse de sa maison, il a trouvé comme par miracle les gestes du faucheur, naturellement ...

Il retrouvait ainsi une communion parfaite avec la terre ...

Le mémento

1/

Il écrivit un journal intime dans l’adolescence ...

2/

Il retrouva le besoin d’écrire à cause de la difficulté que lui occasionnait la gestion de sa troupe de Théâtre. Il prendra alors exemple sur Jean VILAR ... qui écrivait lui-même un mémento lorsqu’il dirigeait le TNP. C’était pour le théâtre.

3/

Il utilise le journal mémento comme outil auto didactique pour l’entrée dans la profession d’enseignant et il en fait son mémoire de licence.

Le journal de recherche proposé par Georges PIATON lui sert de base pour son travail...

4/

Le fait de donner à lire son travail d’écriture modifie celle-ci ...

Aujourd’hui Philippe MEIRIEU lit son journal ...

Récemment; un devoir rendu à l’université a été cité par le professeur pour sa qualité littéraire. C’est une revanche par rapport aux mauvaises notes de l’école : il avait eu 5 à l’examen de français au bac ... Christian attribue ces progrès au mémento qu’il écrit donc depuis plusieurs années ...

5/

Il éprouve le besoin d’un autre niveau d’écriture...pour lui-même...d’intimité plus profonde... Il a l’impression d’écrire avec le lecteur par dessus l’épaule et du coup il s’arrête. Prendre conscience de l’attention soutenue du lecteur vis à vis des arguments que je présente m’oblige à les raisonner et déplace du coup le centre d’intérêt de l’écriture.

Exemple : pour moi l’apprentissage de la technologie est inutile cela va de soi et ne se discute pas. A l’écriture pour les autres l’argumentation rhétorique m’empêche d’aller au bout de mes sentiments.

6/

Écriture quotidienne depuis quelques mois sur un petit carnet. ( 2 /3 phrases par jour), il s’agit d’un petit vécu : “ j’en suis là, ici maintenant “.

7/

Depuis trois ans, il écrit un journal agricole : narration des travaux au jardin, la date des semis, notes sur l’évolution de la pousse jusqu’à la la récolte. Il se sert de l’agenda du jardinier “terre vivante”.

Le rapport au savoir

Je suis très avide et surtout curieux de connaître beaucoup de choses ...

L’écriture, le mémento jusqu’à son interruption, et la lecture, ont constitué l’outil et l’aliment essentiel de sa recherche ...

En complémentarité, le théâtre et l’enseignement sont les lieux de l’expérience existentielle tournée vers l’autre.

Le jeu

L’espace proposé par le jeu est celui qui est le plus intéressant ...

Il est créateur d’apprentissages de connaissances et d’intelligence. Entre deux pièces l’encastrement n’est possible que s’il y a un jeu dit-il...

Si le bloc est solidaire aucune modification aucun mouvement n’est possible en dehors d’une rupture. Le signifié YHVH (Dieu dans la culture juive ) ne devient vraiment signifiant pour chacun, que si chacun l’habite avec les voyelles qui lui sont propres. 3502 Prenons encore l’exemple du misanthrope de Molière. A sa création cette pièce est une comédie avec un personnage ridicule tenant double langage (Alceste).

A la période romantique Alceste devient un modèle. ( L’individu seul détient la vérité contre la société. )

Aujourd’hui le travail à partir du signifiant dans les oeuvres de MOLIÈRE grâce aux multiples référents culturels (cf Charles A. PEIRCE) 3503 suscitant maintes interprétations d’une même oeuvre, favorise la diversité des signifiés.

Face à une liberté laissée par l’auteur vis à vis du signifié, le spectateur est d’autant plus disponible pour construire son propre sens. L’apprenant se construit un signifié avec une meilleure appropriation (mieux qu’avec un signifié imposé par un enseignant).

Les deux mondes

Il s’agit bien de deux mondes séparés qui s’affrontent...

Le monde de la réalité...la vie...

Le monde de la vérité... le jeu existentiel vise la recherche de vérité ; il est le lieu de l’expression de la liberté personnelle, le lieu de la découverte du sens de la vie ...

Christian nous propose alors un double schéma explicatif opposant PEIRCE et SAUSSURE.

Portrait numéro 4

M. Gerrit Hendrik KAPPERS

ou

L’autodidacte et la force d’opinion ...

G.. H. KAPPERS né à Winterswijk Pays Bas en 1924.

Itinéraire scolaire:

Fait exceptionnel pour les Pays Bas, surtout à cette époque : en 1926, à tout juste 2 ans il entre à l’école maternelle ...

25 élèves environ étaient dans la classe...”On y passait beaucoup de temps à jouer.”

Sa mère le portait à l’école, à bicyclette.

Il y avait déjà la religion comme discipline scolaire.

Il n’avait “pas d’objections” (dixit) à l’école.

Il dit avoir beaucoup appris de son point de vue à l’école primaire surtout.

“Je prenais même un grand plaisir à faire mes devoirs le plus rapidement possible”.

A la middle class il passa un Mulo B, (plus extensif que le MAVO).

(Comparable au niveau du Brevet élémentaire.. en France).

Itinéraire professionnel :

1940 Il devient “typing”, autrement dit : “secrétaire dactylo dans un bureau de copies”.

1942 Dans un bureau de distribution de tickets rationnement.

1942/1944 Il travaille dans une entreprise de commerce de bois.

1944/1947 Usine de chaises à Winterswijk.

1947/1952 Au bureau de son père comme secrétaire.

1952/1976 Utrecht dans le bureau d’un expert comptable

1976/1990 Il travaille désormais dans sa propre entreprise de conseil en gestion d’entreprises ...

Du besoin d’apprendre toujours tous les jours...“j’aime apprendre...”

Il ne cesse, depuis 1952 spécialement, de se documenter et de se mettre à jour sur les questions fiscales et financières .

J’aime apprendre.

Je dois apprendre pour aller plus haut dans la société, dans la responsabilité comme dans la promotion économique ...

J’ai toujours suivi une évolution ascendante .

J’apprends en fait tous les jours.

Gagner plus d’argent est aussi une motivation pour apprendre.

En fait, j’ai appris beaucoup choses de moi-même.

Pour le travail, il m’a fallu étudier le système financier total de la Hollande avec remises à jour fréquentes.

Comment marche l’entreprise ? Comment fonctionne-t-elle ? Voilà les questions permanentes que je dois me poser pour mon travail de conseiller en gestion.

Cela conduit à des réflexions profondes pour comprendre “ce qui meut les personnes ce qui permet le développement social et personnel” .

Dans mon travail, je suis conduit à émettre des avis et des conseils donc des opinions, apprendre c’est voyager d’une opinion à une autre à partir d’une conviction toujours personnelle ...

De la motivation :

J’ai toujours voulu atteindre quelque chose de plus que ce que mes parents avaient atteint.

J’ai donc toujours considéré qu’apprendre est une occasion de s’élever socialement..

La science de base à tout développement et à toute science est la curiosité ...

La curiosité est un état permanent qui se suffit à lui-même . ..

Le besoin de comprendre par soi-même “comment cela peut-il marcher...?” est celui qui conduit l’enfant à “ouvrir” l’objet qui attire son attention au même moment où il observe son fonctionnement...

La curiosité contient en elle-même ces deux aspects qui interagissent sans cesse...

observer et agir ...

La curiosité fait part entière du ” raisonnement basique ou fondamental”... , elle en est un préliminaire et une sorte d’aboutissement, en ce qu’elle conditionne son ré-investissement, elle en constitue donc le moteur en quelque sorte.

Je reste toujours très curieux ...

Les modèles ?

Dans l’enfance, le père et la mère de G. H. KAPPERS, sont, pour lui, les modèles.

Ils aimaient lire, ils lisaient beaucoup de livres, des journaux et des revues ...

La curiosité pourrait, dit-il, lui venir de là ...

Plus tard, son patron, entre 1957 et 1962, fut aussi un modèle sur le plan professionnel. Il savait beaucoup de choses concernant le travail.

“ J’ai appris cent pour cent de mon travail à ses côtés.”

Les influences

Bien qu’ayant, aujourd’hui, pris quelques distances avec elle, je dois reconnaître que l’église presbytérienne, dans laquelle j’ai été élevée a eu une influence déterminante dans le développement de ma personne et sans doute aussi de mes idées.

En prônant le sacerdoce universel, elle invite chaque communauté à prendre les décisions au plus bas ...

Les protestants sont donc exercés à avoir leur propre opinion ils sont indépendants et autonomes...

Les idées sur l’éducation...

L’éducation devrait consister à apprendre, à ne jamais faire partie de la majorité silencieuse...

A rechercher pour soi-même, comme pour les autres, quel est ” l’intérêt-bien-compris” qu’il faut poursuivre....Les enfants doivent être éduqués dans le sens de rechercher en premier lieu quel est leur intérêt-bien-compris...dont ils découvriront progressivement qu’il est aussi l’intérêt-bien-compris d’autrui...

La compétition de la vie se chargera, plus tard, de les éduquer aux durs combats de l’existence...

Il y a un temps pour tout : la petite enfance et l’enfance sont un temps pour travailler à la fondation de la personne et de sa pensée indépendante et personnelle...

I l faut se mesurer avec soi-même avant de se mesurer aux autres...

Il faut donc conduire l’enfant à accéder à une pensée autonome et indépendante...

A ce sujet, je ne crois pas que l’autodidactie (ou autodidaxie) constitue une garantie pour une telle pensée...

Il faut s’appuyer sur le “Fondemental thinking” que je développe ultérieurement...

Il faut encourager très tôt les enfants à donner et émettre leur opinion devant qui que ce soit...

La base doit être apprise à l’école primaire...

C’est là que je puise, le plus fréquemment encore aujourd’hui, mes références..

Lire écrire compter et la pensée logique ... telle sont les priorités que devraient poursuivre l’école primaire....

Lorsque je rencontre dans mon travail un jeune homme tout juste sorti de l’université, je suis surpris à chaque fois par le décalage entre le savoir théorique et son application ...

I l faut conduire l’individu à ramener chaque problème complexe à une question plus simple, de type logique et mathématique : 1+1=2

Les problèmes les plus complexes se subdivisent en de simples questions concrètes qu’il faut savoir distinguer puis résoudre ...

Bien souvent le simple fait de poser la bonne question induit à la résolution du problème..

Le raisonnement de base est toujours le même et d’une simplicité désarmante...Il peut être très tôt acquis ...

L’intelligence n’est donc pas ni une abstraction ni abstraite, mais au contraire concrète par excellence ...

Le but, autrement dit, de l’éducation est de permettre l’émergence d’un vrai être humain.

Fondamentalement, je pense que chaque personne possède en elle même les éléments pour devenir un vrai être humain mais elle ne les exprime pas en totalité ...

Je rêve d’une “Basic School” (école fondamentale) ou chaque enfant existe par lui-même apprend à comprendre par lui-même tout en développant sa curiosité et son intérêt pour les autres...sachant et rappelant si besoin en est que l’objectif de cette école n’est pas de former des savants au sens scientifique du terme de vrais êtres humains “réel human being”.

Il me parait important d’agir sur cette école primaire car elle est au commencement et joue donc un rôle essentiel ...

Le travail une mise en oeuvre et en acte de la pensée

Tous les principes que j’énonce se matérialisent dans mon travail comme aussi dans ma vie.

Je transforme par exemple les problèmes les plus abstraits en une série de problèmes très concrets...

Il y a une “fécondation mutuelle” et une interaction entre ce que je pense et ce que je vis chaque jour...

Je devais par exemple un jour pour résoudre un problème appliquer une fonction logarithmique ... pour comprendre les logarithmes que j’avais entrevus à l’école mais dont j’avais oublié la signification j’ai été conduit à décomposer la question complexe qui se posait à l’entreprise en question en une série de questions simples de type 1+1=2...

Ainsi dans mon travail lorsqu’un problème est complexe et difficile à résoudre je le décompose en une série de problèmes d’une simplicité enfantine...La solution vient alors d’elles même... 3504

The fondemental thinking” ou la pensée fondamentale...une idée personnelle...

La pensée fondamentale ou le bon sens fondamental constituent de mon point de vue la base d’un mode de penser indépendant... 3505

Les questions basiques de ce type de pensée sont les suivantes :

Pourquoi ?

Qui ?

Quoi ?

Comment ?

Quand ?

Très souvent, on ne retient qu’une voire deux des champs que ces questions proposent, alors qu’il faudrait systématiquement jamais n’en omettre aucun ...

Cela ne signifie pas qu’il faille sans cesse investir profondément chacun de ces cinq champs.

Il se peut que la question posée ne présente aucun intérêt tant la réponse est évidente : il faut néanmoins la poser, car il peut toujours nous être révéler des surprises et des découvertes bouleversantes au sens concret du mot tant pour notre attitude que pour notre démarche.

Il ne faut pas séparer “faire” et “penser “ autrement, vous ne ferez jamais que des moitiés d’homme....

Cette démarche, n’est pas une matière à enseigner dans une discipline scolaire particulière, mais fait partie de l’étude de chaque matière ...

Même les questions religieuses et la lecture de la Bible peuvent se traiter dans cet esprit...

Elle nous conduit à savoir que nous ne sommes pas séparés de la réalité...Et que plus l’individu développera sa propre opinion des choses plus il sera conduit à faire corps avec cette réalité et à ne pas s’en extraire...contrairement aux dérives d’un certain intellectualisme...

La discussion...

La discussion me paraît être un moyen important pour contribuer à l’émergence d’une personne qui ait une pensée indépendante....

Dans ce domaine je n’ai pas de modèle précis ...

La discussion est un jeu ...

La vie n’est pas à prendre trop au sérieux non plus ...

Dans la discussion ce qui m’importe c’est de gagner ...

Souvent il m’est arrivé de changer d’opinion grâce à une discussion ...

Cependant je ne le montre pas au moment même de la discussion ...

Je ne reconnais mon changement d’opinion que plus tard ...

Dans cette perspective il peut être paradoxalement avantageux de perdre une discussion. .. On apprend ainsi quelque chose ...

Il est important de ne pas changer de comportement fondamental quelle que soit la personne à qui nous nous adressons ...Je ne change pas d’attitude ni de comportement que je m’adresse à la dame de ménage ou au président d’une entreprise cliente ou qui que soit d’autre ...

Cependant cette attitude unifiée est une conquête de la volonté et de la maturité ...

Je n’ai atteint à cette attitude que progressivement et sur le tard ...

Pour la technique de la discussion comme aussi pour la capacité de raisonner logiquement, je dois beaucoup au club de “jeunes gens de l’église calviniste” dont ma famille était membre dans ma jeunesse ...

Jusqu’à 12 ans dans “l’union des enfants calvinistes” :

“Gereformeerde knapenvereniging”

Après 12 ans dans l’association des jeunes gens du calvinisme fondamental :

”Jongelingsverininging op gereformeerde Grondslag”

Cette dernière association ne dépendait plus du pasteur ,elle élisait son propre bureau, secrétaire et président, et disposait ainsi d’une autonomie de gestion...

Nous n’avions cependant pas de leaders attitrés...

Ces clubs ont été fondés dans les années 1850...

Il en existait de ce même type dans d’autres structures que les églises mais ils étaient particulièrement développés dans les églises protestantes.

Déjà mon père avait fait partie de ce genre de clubs très typiques de la Hollande...

Malheureusement ces clubs disparaissent peu à peu...

C’est dans ces clubs que nous apprenions à penser...

J’appelle la “calviniste sauce” par une expression personnelle ce que je reconnais chez certains parlementaires issus des mêmes clubs que moi dans mon enfance...

Il se dégage de leurs discours une réflexion à la fois substantielle et logique.

Nous apprenions aussi à rédiger des “scripts” où nous devions savoir argumenter un point de vue et le défendre seul face à tous les autres...

Dans ces scripts qui pouvaient prendre souvent pour point de départ la Bible, il était nécessaire de conclure par un aspect évoquant les conséquences concrètes de notre développement...

Le plan classique était le suivant : thèse antithèse puis une synthèse appliquée à aujourd’hui, ici et maintenant ... La contradiction est toujours nécessaire et elle permet de fortifier les personnes et de préciser voire d’ajuster les opinions propres de chacun...

L’histoire :

J’ai une passion pour l’histoire..

L’histoire traite des racines ... et rejoint l’universel des origines...

La curiosité qui conduit à s’intéresser à l’histoire est donc la curiosité pour la curiosité elle-même ...

La plupart des choses que nous pensons sont déjà advenues dans l’histoire et le passé... Si le monde est en évolution constante il existe donc des permanences ; c’est ce rapport entre ce qui est permanent et ce qui évolue qu’il m’intéresse d’étudier plus que l’anecdote proprement dite, bien que bien des anecdotes soient justement très instructives sur le point que je viens d’évoquer ...

L’histoire est, en fait, une question de temps ...

Et une optique qu’il ne faut jamais occulter pour comprendre...

Se pencher sur elle relativise les faits d’aujourd’hui...

Elle me conforte dans l’idée qu’il faut savoir donner une opinion et si besoin savoir en changer...

La question éthique ou l’intérêt bien entendu de l’autre et de moi-même...

La notion d’” intérêt-bien-compris”...

Si j’étais le seul être humain existant alors la notion de bien de mal ne serait qu’une entité abstraite ...C’est la présence de l’autre qui fait que la question devient concrète et réelle.

Le monde est très petit :

Ce qui est l’ “intérêt-bien-compris” de l’homme occidental, par exemple, est bien le problème du développement des pays en voie de développement.

Je ne veux pas partir d’une préoccupation d’ordre altruiste ni même éthique...

Je crois simplement que le raisonnement fondamental tel que je l’ai défini aboutit naturellement par simple déduction au fait que ce qui semble bon pour moi mais porte tord à autrui n’est pas en conséquence bon pour moi et me conduit à un certain altruisme par révision de ma position initiale...

L’éthique est une préoccupation issue d’un réalisme ...

Le fléau majeur, en ce domaine, est de mon point ,de vue la jalousie ...

L’homme jaloux est un homme qui s’ignore et se méprise lui-même ...

L’homme qui s’oublie lui-même pour espérer devenir un autre, le supplanter voici que survient la jalousie... C’est le voisin qui devient l’objet de convoitise et qui conduit la personne à s’oublier...

Que de dégâts sont issus et produits simplement par le fait de la jalousie...

Ma mesure doit demeurer ma mesure je ne dois pas vouloir avoir plus parce que tel ou tel a plus que moi...

A chacun selon son intérêt bien compris pourrait être ma devise sachant que l’intérêt bien compris de chacun est aussi en bout de compte l’intérêt bien compris de tout autre que lui-même...

En fait de mon point de vue l’éthique n’est pas a priori mais elle résulte d’un processus et d’un développement intelligent de la personne...

Les questions au sujet de ce qui est bien et de ce qui est mal n’existent pas en dehors de la condition humaine...

Il ne s’agit donc pas de choses abstraites et extérieures à notre humanité, à chaque être humain...

Il convient donc de les traiter comme des choses concrètes...

L’être humain doit décider par lui-même de ce qui, à ses yeux, est bien ou mal...

Il s’agit donc bien, là encore, d’une expérience existentielle que l’on ne peut pas occulter ni atrophier...

Cela doit provenir de la personne elle-même...

L’éducateur peut donner des éléments de base, mais il ne convient pas de faire une liste de ce qui est bon et de ce qui est mauvais...

Il n’y a pas, de mon mon point de vue, à ce sujet, de formule abstraite pour dire ce qui est bien et ce qui est mal..

On ne peut qu’aider un petit d’homme à découvrir par lui-même ce qui est bon et ce qui est mauvais....

La question de l’opinion

L’opinion est donc un fait, en même temps qu’un besoin vital de la personne humaine, et cela dès l’enfance.

Si ce besoin est nécessaire vital il est aussi nécessaire et vital d’avoir une opinion que de savoir en changer...

Mon opinion peut et doit souvent changer.

Il est néanmoins important d’émettre une opinion...c’est un besoin existentiel; pour se situer au milieu des autres par rapport à soi-même et dans une évolution donc une histoire .

Le droit à l’erreur pour soi comme pour les autres est fondamental à reconnaître pour progresser...

La société et nous-mêmes sont en constante évolution il est donc nécessaire que les opinions changent... c’est une nécessité pratiquement organique ...

J’ai ressenti ce besoin dès ma jeunesse...

Je reste intéressé par le mode de penser indépendant...

Un individu qui ne pense pas par lui-même n’est pas à proprement parler une personne... en tout cas pas une personne révélée à elle même.

Malheureusement la plupart des hommes sont effrayés à l’idée de devoir émettre une opinion différente que l’opinion commune...On n’aime pas sur ce sujet se distinguer...

Je crois que l’éducation peut modifier cet ordre des choses...

Vous me demandez un exemple d’une opinion fruit d’une pensée indépendante ?

La voici :

Depuis 1989 et la chute du bloc de l’Est, nous assistons à un rupture” épistémologique” d’avec le mode de pensée et de valeurs qui étaient les nôtres hier encore ...

une telle rupture rend caduques toutes les mesures du passé ...

Il faudrait un nouveau congrès de Vienne (1814) pour redéfinir les règles du jeu comme entre autre une redéfinition du rapport entre état et nation pour régler les questions qui se posent à l’Europe aujourd’hui.

Les mesures prises aujourd’hui ne sont pas adaptées car c’est la règle du jeu qu’il faut changer...

La Yougoslavie est au pied de notre lit ...

C’est une grande préoccupation pour moi aujourd’hui ...

Je suis préoccupé même si cela est moins original par la montée du racisme et de l’antisémitisme...et des nationalismes qu’il ne faut pas confondre avec l’amour légitime pour sa patrie ...

Le nationalisme, c’est considérer un peuple une race une culture supérieure aux autres, ce qui est criminel en soi ...

Portrait numéro 5

M. Haouès ZIAINA

ou

Autodidacte pour réussir ...

Haouès ZIAINA.

né en 1961 à Saint-Etienne...

A la maison nous étions neuf enfants (six garçons et trois filles). Avec les parents, nous étions onze à la maison, je suis le troisième et les deux aînés sont nés en Algérie... Tous mes frères et soeurs sauf les deux derniers(18/20 ans) qui sont en attente, ont du travail...deux frères sont universitaires, un est prof.

Itinéraire scolaire... et professionnel

Jusqu’en CM2 j’ai été un assez bon élève avec de bons rapports avec l’instituteur et les adultes en général... Le livre de Azouz BEGAG “Le gône du Chaâba” 3506 me rappelle mon entrée traumatique en 6°... Parcours normal jusqu’à la fin de 5°... Je n’avais pas redoublé jusque là...on m’a cependant “réorienté” en fin de 5°. Je fus alors dans un Lycée technique à l’annexe du Mont. J’entrai en comptabilité. .. Je n’avais plus de repère je ne travaillai plus ; j’étais déçu d’être dans cette école ... Un an plus tard, je fus réorienté encore au Lycée Enseignement Professionnel du Bardot en première année de CAP mécanicien.. Mon père fut alors très déçu par moi, car j’étais le premier de ses enfants à être né en France il fondait beaucoup d’espoirs sur moi. C’est alors qu’un prof me “récupéra” ; par l’attention qu’il me portait, il sut me remotiver. Je devins un bon élève mais j’échouai inexplicablement -le trac ?- mon CAP.

Mon père consentit alors des efforts financiers et me fit entrer à l’école Privée des cours Pigier où je préparai un BEP comptabilité que je ne menai pas à terme par manque de motivation, de niveau, et de pédagogie sans doute des enseignants. J’étais, parmi des enfants d’une autre classe sociale, peu dans mon élément. Alors, je me rendis compte que je venais de faire un “sale coup” à mon père et à toutes ses espérances fondées sur moi... Il voulait que je sois ingénieur... Je devançai de moi-même l’appel en me rendant sans que personne ne le sache au consulat, et je partais au service pour deux ans, en principe... Je fus réformé au bout d’un an : j’étais dans une section sportive et j’eus des problèmes à un genou... L’expérience de l’armée fut douloureuse... Revenu en France, après une semaine je trouvais un travail dans une usine de mécanique. A partir de là le modèle du père s’installa , ma vie fut transformée, je travaillais beaucoup d’heures je doublais même parfois au noir certains postes...

Je fus licencié économique, au chômage je découvris le centre social de Villars où j’encadrais une activité bois...

A partir de là, domaines scolaire et professionnel vont s’enchevêtrer ...

Le modèle du père :

Mon père fut prisonnier en 1940, puisqu’il était en train de faire son service militaire avec la France... Il s’évada du camp en 44, et fut réfugié chez un paysan allemand qui le protégea quelques années même après la guerre .. Il revint en France puis, vécut entre Algérie (Wilaya de Sétif ) et France (Saint-Etienne) ... Il s’est installé définitivement en 55 en France ; il a travaillé dans la métallurgie... Nous l’avons rejoint en 60 ... Il travaillait aussi beaucoup au noir comme manutentionnaire et arrondissait ainsi ses revenus... Il a toujours pensé que donner une bonne éducation passait par une aisance matérielle minimale... Nous n’avons jamais manqué de rien : chaque année nous passions ensemble deux mois complets en Algérie. Mon père parle trois langues : anglais allemand et écrit le français... A l’armée il a appris à lire et à écrire... Depuis qu’il est à la retraite, il continue à s’occuper, il a soixante quinze ans... Je discute beaucoup avec lui... Il me donne des conseils de sagesse et d’attitude générale très simples et profonds... “Ne te perds jamais ta personnalité, marche la tête haute “ “Ne frappe jamais quelqu’un à terre “ “Il est normal que tu grimpes socialement mais ne monte jamais sur la tête des autres...”

Ses conseils sont ma ligne de conduite partout : au travail, à l’université, au football, en famille...J’y pense tous les matins ...Je les ” révise” sans cesse... Je ne fais pas de distinction de principe entre les lieux et les gens qui m’entourent... La personne doit être une, entière et humble ...

D’autres modèles

L’instituteur du CM qui me gardait après la classe pour m’expliquer les choses que je n’avais pas compris ... plus qu’un modèle fut une sorte de tuteur sur le chemin de l’école.

En CAP de mécanique générale le prof qui me “récupéra” alors que j’étais au plus bas quant à la motivation scolaire et dont j’ai déjà mentionné l’action, fut un modèle également ; il était lui-même un autodidacte issu du monde ouvrier.

Il me gardait le soir après les cours pour me parler de lui-même et de son parcours : “rien n’est jamais perdu est la phrase qui résume le plus ses propos bienfaisants pour moi...

Apprendre aujourd’hui ....

Pour les jeunes, issus des quartiers, s’ouvrait en 83, une entré au DEFA 3507 par concours

“C’est la chance de ma vie...” me dis-je.

Je préparais avec le directeur du centre social et réussissais l’entée...

J’ai travaillé beaucoup pour rattraper mon retard scolaire et en trois ans et demi je réussissais...Il s’agissait d’une formation par alternance...

En 87 je prends la responsabilité du secteur jeune au centre social de Montchovet, je crée ce secteur...

De 83 à aujourd’hui , entant qu’auditeur libre ou étudiant inscrit en fait je n’ai pas cessé de suivre l’université.... En 90 je m’inscris en maîtrise professionnelle, DSTS 3508 ... dont j’ai obtenu la licence en Mars 92...

La motivation pour apprendre et pour réussir...

J’apprends pour réussir et rattraper le temps perdu...

Ce qui me pousse c’est la recherche d’un statut social différent reconnu par les critères sociaux aujourd’hui reconnus...

Depuis 83, j’ai de plus en plus soif de culture et d’apprendre...

Je veux être le plus complet possible sur tous les sujets sociaux économiques politiques...

Tout m’intéresse...

Cet intérêt n’est allé que croissant, je ne crois pas que je vais m’arrêter...

Je veux sans cesse réussir des diplômes formations complémentaires... toujours dans la perspective d’être mieux reconnu socialement.

Liaison entre travail et études aujourd’hui :

Je peux dire, en menant les deux de paire que je travaille pour étudier et j’étudie pour mieux travailler...

Liaison entre opinion et savoir :

Plus j’apprends, plus paradoxalement mon opinion se forge de façon plus engagée et simultanément en prise à des doutes plus grands...

J’ai le réflexe d’analyser le point de vue contraire au mien et de ne pas le rejeter de prime abord, mais d’en tirer les aspects positifs...

L’engagement :

Mon engagement ne cesse de se préciser tant dans le travail que dans le “jeu” politique en faveur du mouvement écologiste sur des thèmes précis comme environnement et citoyenneté les banlieues.

Le sport :

J’ai toujours fait beaucoup de sport que je mène comme me études avec sérieux et discipline...

C’est une façon de rencontrer d’autres de se connaître soi-même de se mesurer...

Le sport est un axe de ma pratique éducative auprès des jeunes...

L’éducation, mes idées :

Les premières années de la vie sont déterminantes, jusqu’à l’entrée en 6°...

Mais la volonté peut déplacer et renverser des montagnes ...

Portrait numéro 6

M. Henri OUDIN

ou

Autodidacte par opportunité

Henri OUDIN, marié mais vivant séparé, a deux enfants et un petit enfant ...

Le 18/12/92

Cursus

Né en 1942 à Saint Etienne rue Crozet Boussingault.

Ecole primaire et maternelle laïque.

Il entre ensuite à Sainte Barbe à l’école privée des frères (Lycée Technique).

En 1960, il est P1 chez Auto moto où il travaillait 52 h par semaine. Il avait pu obtenir cet emploi, après une recommandation de Lycée Sainte Barbe.

J’ai failli partir en Algérie pour quelques mois ; je m’étais juste marié et je suis resté 14 mois en France .

Je suis retourné à Auto moto, après le service militaire, je perçais des châssis pour des compresseurs.”

En 1963 , je rentrai à Manufrance.

J’ai réussi l’essai grâce à des collègues d’ateliers.

J’étais rectifieur.

De 63 à 68 j’ai beaucoup appris. J’ai milité à la Confédération Générale des Travailleurs.

J’ai passé en 67 le CAP de moniteur d’Auto Ecole.

Je sentais que Manufrance 3509 était à bout de souffle.

J’ai pendant un an, mené les deux de front : L’auto école et Manufrance.

Les événements de Mai 1968 sont arrivés sur ces faits ce fut un nouveau tournant dans ma vie .

En octobre je suis rentré à l’Institut Universitaire Technologique 3510 comme technicien, par un copain qui m’a dit qu’il était une place vacante au département génie électrique. Je suivais parallèlement des cours du soir en mécanique industrielle.

Je préparais le concours d’entrée à l’Ecole Normale Nationale d’Apprentissage 3511 à Villeurbanne.

Je faisais des maquettes pour les professeurs, je surveillais des examens les jeunes et les professeurs m’aidaient à trouver les réponses aux exercices de maths des cours du soir.

Je donnais aussi des cours pratiques de mécaniques.

A la deuxième tentative j’ai réussi au concours d’entrée à l’ENNA.

J’ai quitté l’’IUT en 1973, il y avait trois épreuves importantes : dessin français (ce qui m’a rattrapé) et technique d’atelier (cette dernière épreuve durait trois jours).

Je suis allé faire mon stage d’application dans un Lycée professionnel à Colombe en 1974.

J’ai beaucoup appris d’un collègue de Nantes en pédagogie, il m’a initié par des tas de petits conseils. J’ai passé le certificat d’aptitude à l’enseignement technique en 1975.

Après avoir été nommé au Lycée Professionnel de Benoît Fourneyron je suis devenu prof d’affûtage

car personne ne voulait de ce poste et cela m’a finalement bien arrangé. J’ai trouvé une similitude avec le métier de rectifieur que j’avais fait à Manufrance. Un collègue encore m’a beaucoup aidé et m’a donné une formation sur le tas.

Aujourd’hui

En 1985, le proviseur, par hasard, m’a proposé un poste nouveau : Animateur Jeunes En Difficultés. 3512

Sentant que le secteur mécanique allait bientôt disparaître j’ai dit “oui”.

Le but de ce poste est d’intervenir auprès des jeunes en difficulté dans l’enseignement technique dans toute la région Rhône Alpes. Nous avons créé en 1986 1987 le Projet d’Action Régional de l’Insertion 3513 qui s’est arrêté faute de financement et à cause de problèmes à l’échelon supérieur.

“Notre chef à Paris” (le service de la sous direction de l’ insertion et à l’orientation) est remis en cause, il va encore falloir s’adapter à autre chose.

Dans ces fonctions très différentes il m’a fallu toujours me réadapter et apprendre.

La remise en cause est toujours difficile. Le plus difficile c’est la formation à la communication et l’animation. C’est un travail de fourmi que je fais.

Je ne suis pas très reconnu mais je crois être bien aussi efficace qu’un universitaire.

L’importance de la maîtrise du verbe est très grande pour la reconnaissance par les autres.

Je suis un homme de terrain, je n’ai pas ces qualités.

C’est parce que j’ai changé de boulot que j’ai dû me former et non l’inverse.

J’ai des copains qui m’aident ...J’ai toujours trouvé ce qu’il me fallait quand il le fallait.

Les effets de manchette comptent dans notre profession pour la promotion.

C’est un peu le théâtre guignol, moi je travaille pour les jeunes ; c’est ma motivation principale.

Mes idées :

L’école est incontournable pour les classes ouvrières.

Le jeune est plus armé lorsqu’il a toutes ces facettes : adaptabilité, savoir général, confiance en lui-même capacité de création.

Le péril de demain c’est le péril économique c’est terrible ce qui s’abat sur la jeunesse.

En ce qui me concerne je suis globalement content car au vu de mes compétences j’ai bien réussi surtout lorsque je vois les potentialités étouffées de mes collègues.

Je vais sans doute terminer avec l’indice de certifié, de quoi me plaindrais-je ?.

Je crois qu’il faut être solidaire des hommes.

Je crois que les jeunes sont plus idéalistes et sincères que les adultes.

Mes hobbies :

J’aime particulièrement la pêche à la mouche. C’est une manière de respecter la nature et de l’aimer. J’aime le club où je rencontre des adeptes comme moi.

J’apprécie ces moments de tranquillité de retour sur moi-même.

Le jardinage est aussi un moment et un lieu de détente. Je tiens dans ce domaine mon savoir-faire de mon père. Je me repose en travaillant ainsi de mes mains... Tous les week-end je vais à la campagne où je peux travailler.

Le bricolage. Ce n’est pas une passion mais une nécessité . Je me débrouille cependant. J’ai ainsi pu restaurer, de mes mains, la maison où je loge actuellement.

La télévision. J’aime suivre les informations, particulièrement les informations économiques.

Je suis intéressé par tout ce qui touche la vie du pays.

Portrait numéro 7

M. Alphonse IGLÉSIAS

ou

Autodidacte par opposition ...

Alphonse IGLÉSIAS né en 1951

Les parents et la famille leurs influences :

Fils de réfugiés économiques espagnols, il est le dernier d’une famille de cinq enfants.

Il est placé à la DDASS 3514 très tôt, à la naissance, mis en dépôt pour des raisons économiques, (termes officiels).

Il rendra dès lors des visites à sa famille assez régulièrement, deux fois par an, mais il restera en orphelinat. Il voyagera d’orphelinat en maison de redressement jusqu’à 18 ans. “Je ne me rends pas, alors, dans mon esprit, chez mes parents mais chez des bienfaiteurs.”

Ses parents sont décédés, il y a quelques années, alors son unique et dernier lien familial est son plus jeune frère. Il est père d’une petite fille qu’il élève seul.

Il ne sait pas ce qu’est la vie de famille en dehors de l’amour qu’il éprouve pour sa fille...

Enfance :

Il se souvient d’un fameux hiver 1956 : il a cinq ans il marche au pas cadencé dans la rue froide et triste ... Le rapport à l’école : plus que difficile douloureux, très douloureux même. Au sortir de la primaire on l’envoie en 6° au lieu d’une 4° T, ce qui entraîne en lui une vexation salutaire, car tout un désir de réhabilitation sociale, liée à une soif de justice a semblé partir de cet événement . Il déchire en 5° les tests. Il va jusqu’au brevet 3515 qu’il finit par réussir.

Le goût d’apprendre dans l’enfance :

Il a voulu continuer les études plus loin, pour fuir une situation de départ.

Il a vécu chaque échec à la fois comme une frustration et comme une motivation supplémentaire pour repartir. Ce goût ne semble pas premier il vient après le goût d’être ” "re-connu" ; il s’est agi de survivre.

Les modèles dans l’enfance :

Il a beau fouiller dans sa mémoire il ne trouve pas de modèle positif l’ayant influencé, il prétend devoir toujours se construire contre ceux qui l’ont éduqué. Il s’agira donc pour lui d’anti-modèles qu’il faudra dépasser. Il reconnaît cependant que la discipline de l’orphelinat religieux, si elle fut pour lui très difficile, lui donna le cadre suffisant pour lui permettre de se révolter plus tard contre le cadre imposé lui-même, et donc de réagir et de se construire par répercussion en opposition ...

Adolescence :

Continuum par rapport à l’enfance ?

A l’orphelinat il fut un leader. Délinquant mineur, il fera deux centres de redressement. Il affirme un refus de la norme.

Le goût d’apprendre à l’adolescence :

Le goût d’apprendre est toujours subordonné, à cette époque, au désir de réussir et de se réhabiliter. Cependant progressivement cette réussite s’investira d’une qualité éthique très progressivement il ne s’agira plus bientôt de réussir n’importe quoi et à n’importe quel prix. La qualité de la reconnaissance sociale rattrapera la nécessité à tout prix de celle-ci.

Les études pendant l’adolescence :

A 18 ans, il prépare et réussit un concours d’entrée dans un Lycée Travaux publics à Egleteon appartenant à la fédération des travaux publics et préparant au diplôme permettant de travailler dans les travaux publics. Il travaille quatre mois avant de devoir partir pour le service militaire.

Les modèles dans l’adolescence :

Toujours et longtemps les anti-modèles vont dominer, mais ceux-ci le conduisent progressivement à l’altruisme. A 17 ans la réussite d’un BAFA 3516 va orienter une deuxième direction de développement de sa personnalité. Ce qui devient important, dès lors, c’est de penser aux autres de porter secours aux plus faibles. Il passe un diplôme de secouriste et réussit, à 17 ans : “J’ai tellement souffert que soulager la souffrance des autres devient l’exutoire de ma propre violence.”

Age adulte

Continuum par rapport à l’adolescence, indiscutablement.

Pendant le service militaire, il devient formateur VAT 3517 en Guyane. Il forme des jeunes à des CAP de conducteurs d’engins et de mécaniciens chez POCLAIN.

Dès lors deux personnalités se développent le professionnel et l’amateur : Le professionnel travaille pour gagner sa vie et l’amateur se dévoue de plus en plus pour autrui à travers le secourisme et l’animation.

De retour du service, il devient, à Montélimar, vendeur et fait des démonstrations d’engins. Il devient militant au PS en 1974.

Dans un centre social il devient responsable pendant deux années du secteur jeune et noue un très bon contact avec les “loubards”.”J’ai connu leurs questions je les comprends naturellement, je sais leur parler. “

Pendant deux ans au ” Corbier” (station de ski), de 1976 à 1978, il sera ensuite responsable de l’animation commerciale.

Il prépare et réussit un DEFA. De 1980 à 1991 il devient animateur socioculturel en maison de quartier qu’il dirige. Au bout de 12 ans il démissionne, “écoeuré” par la politique, dit-il. En 1991 il passe le concours académique niveau DEUG de l’ Ecole Normale. Il est admis 50° et devient dès lors instituteur stagiaire. Il s’inscrit simultanément en Licences de sciences de l’Education.

Le métier d’instituteur est un choix délibéré, il passe de 10 000 F à 6 000 F par mois.

Il remplit parallèlement des fonctions de formateur en secourisme à un niveau important.

En tant qu’instituteur il va sans cesse porter son attention sur l’erreur en priorité. L’erreur est porteuse de remises en cause et d’apprentissage. Il donnera plus de points à l’élève qui a su corriger beaucoup d’erreurs qu’ à celui qui en reste à son travail initial pourtant à peu près sans erreurs.

Il se sent enfin de rencontrer dans ses lectures des compagnons de route (Karl ROGERS ) et même en chair certains d’entre eux ; il les reconnaît en Philippe MEIRIEU ou Michel DEVELAY qu’il considère un peu comme ses protecteurs. Il se souvient alors d’une soeur du bocage directrice de la maison de l’enfance ou d’un frère à l’internat et les reconnaît a posteriori également comme les protecteurs de son enfance qu’il n’avait pas su reconnaître, alors qu’il était petit.

Un livre résume sa philosophie de l’existence : “L’éloge de la fuite” ouvrage de LABORIT 3518 . Il ne supporte pas l’équilibre affectif trop durable sans doute parce qu’il ne l’a pas connu. Il ne cherche son salut que dans la fuite.

Etudes à l’âge adulte :

Ce qui l’intéresse aujourd’hui : Toucher un maximum de gens pour leur transmettre un minimum de connaissances pour infléchir leur destin.

J’ai un projet confus d’éducation populaire. Il faut rendre explicite l’implicite. Ce qu’il fait il le fait toujours avec le plus de sérieux possible.

Comment apprends-tu ?

Je suis un produit du système et non de la famille.

J’ai appris très tôt que si les gens jouent avec les mêmes cartes au jeu de la vie ils n’y jouent pas avec les mêmes règles. Les cartes ce sont les personnes les événements les choses dites etc.. Les règles dépendent de la classe sociale de la personne... Ainsi certains jouent à la bataille tandis que d’autres jouent au poker d’autres enfin au Rami. A chaque étage pour une même carte les points sont supérieurs. Apprendre c’est décoder et connaître les différentes règles savoir et pouvoir en jouer lorsque cela est utile. Il faut sortir de l’aléatoire jeu de bataille où tout ne dépend jamais que du sort il faut devenir stratège et tacticien ...

La soif d’apprendre pour apprendre ne vint que progressivement s’ ajouter à ce désir de place dans le jeu social. Elle ne s’y est jamais substituée totalement,elle apparaît même très tardivement.

La place du livre ?

Inexistante jusqu’à l’âge adulte ... Certains livres techniques l’intéressaient en particulier au moment de l’adolescence. Y succéderont les ouvrages politiques et enfin ceux de connaissance.

La place de l’écriture ?

Il ne prend que des notes rapides et il ne rédige vraiment que depuis son passage en Licence des Sciences de l’Education.

La place de la langue orale ?

Elle est prédominante depuis la toute petite enfance. Il cible très vite les enjeux des situations, la langue orale sert à être percutant, dit-il ; il fut un très bon vendeur.

Portrait numéro 8

M. Michel DELCOURT

ou

Autodidacte en butte au principe de réalité

Michel est né en 1951 de parents psychologues, il est l’aîné d’une famille de 5 enfants ...

Enfance

Ses parents sont psychologues.

La psychologie, dans les années 50, reste une science encore peu reconnue et non encore installée. ...

Son père et sa mère sont catholiques pratiquants ; ce détail a son importance nous le verrons par la suite. Michel ne sera pas un élève brillant, il est gauche et malhabile, il préférera la lecture l’écriture et la peinture aux activités scolaires. Il double son CP, alors que son frère cadet de deux années plus jeune que lui saute une classe et se trouvera donc dès lors au même niveau scolaire que lui jusqu’en troisième. Il vit très mal cette rivalité avec son frère très scolaire et particulièrement brillant. En 6° on les sépare à l’initiative des parents le frère cadet va en Lycée et lui en Collège...

Il lit beaucoup et parcourt les livres de son père à la bibliothèque familiale... Ainsi à 12 ans il a lu certains ouvrages de FREUD, BERGSON ou KIERKEGAARD parmi d’autres auteurs qui ne sont pas en principe pour son âge...

Il se révèle, à partir de la 6 °, comme un assez bon élève en composition française où il développe son imagination sans borne. En peinture, il fait preuve d’originalité ; en histoire de l’antiquité, il lui arrive de reprendre le professeur lorsqu’il juge que celui-ci fait des erreurs. Il n’est toujours pas très brillant en mathématiques et son niveau d’orthographe reste désespérément faible ...Il n’aime pas le sport et il cultive le plaisir des discussions avec quelques amis élus, il aime par dessus tout les discussions duelles, plutôt que les grands groupes. Globalement dès lors, tout en n’étant plus vraiment mauvais élève, il n’est toujours pas un élève brillant. Il est de plus très timide en classe.

Ses parents l’inscrivent alors aux Eclaireurs De France où il devient rapidement chef de patrouille et vit des camps heureux, et particulièrement pendant les vacances d’été.

Les jeudis, puis les mercredis, il suit des cours de peinture et suit une activité par l’expression artistique. Ces activités extra scolaires contribuent à son épanouissement.

La rupture à l’adolescence

Trois événements vont précipiter une forte dépression, à l’entrée dans l’adolescence.

1/ L’échec au Brevet Élémentaire puis au Baccalauréat ...

2/ Le passage en fin de 3° du collège familial au Lycée plus grand où il se sent perdu ... il s’en suit la perte de ses appuis affectifs (professeurs et camarades de classe, surgit cette année là, la séparation d’avec son meilleur ami qui a réussi le concours d’entrée à l’école normale.).

3/ La rencontre littéraire avec les oeuvres de LANZA DEL VASTO 3519 prophète de la non-violence et disciple de GANDHI qui prône le retour à une vie naturelle, en radicale rupture avec la modernité, et qui fonde les communautés de l’arche où les membres communautaires vivent en famille dans la vie la plus naturelle du travail de leurs mains. Comme GANDHI, LANZA DEL VASTO prône l’égalité en valeur de toutes les religions. Cet auteur va éclipser tous les autres et jouer malgré lui le rôle de gourou. Michel aura longtemps tendance à l’idéaliser. Un autre auteur le marque, à partir de l’année de terminale : il s’agit de Marcel LÉGAUT 3520 ancien professeur de mathématiques vivant retiré comme berger et que son professeur de philosophie M DUBOIS lui fait rencontrer et avec qui il gardera jusqu’à sa mort en 1990 des échanges épistolaires. Il rendra visite régulièrement au patriarche dans sa bergerie. Michel sombre alors, par certains de ses écrits, dans un certain ésotérisme mystique.

La chute

Les deux modèles, LÉGAUT et LANZA DEL VASTO, sont pour lui inaccessibles ; et il ne peut accéder, malgré ses efforts, à imiter leur exemple ; cette période correspond au début de ses problèmes. L’échec au bac précipite sa chute...Il fait des fugues rêvant de retrouver une vie idéale proche de Dieu. Très marqué par la foi en Dieu, sa spiritualité semble le conduire progressivement à la rupture avec la réalité et il devra séjourner en hôpital psychiatrique. On le considère comme victime d’un délire mystique. Au fur et à mesure qu’il verra ses frères et soeurs réussir et s’installer dans l’existence, il mesurera la distance qui l’en sépare.

Une vie assistée en marge

Dès lors il va voyager de centre en centre de réadaptation ...Où il séjourne encore aujourd’hui ...où depuis quelques années il semble néanmoins avoir retrouvé un équilibre.

Il suit un traitement qu’il ne peut rompre de lui-même sans provoquer des effets secondaires importants. Il continue de vouer un amour secret pour la lecture, plus ou moins combattu par ses psychothérapeutes successifs. Il lutte et ne parvient pas à se défaire totalement de son goût pour l’Orient .

Il milite dans des mouvements pacifistes contre l’armement, et contre la torture ou pour l’amnistie des détenus d’opinion. A chaque fois, qu’il a cru pouvoir s’en sortir définitivement il a été rappelé à nouveau à sa faiblesse ; il croit ne plus pouvoir s’en sortir tout à fait seul, apparemment, et a besoin d’être assisté. Parallèlement il rejoint des communautés chrétiennes et redécouvre la Bible qu’il reconnaît comme le livre inspiré majeur. Son combat prend son sens dans le partage des souffrances avec les plus démunis et contre les agressions d’une spiritualité désincarnée.

Écrire

Pendant toutes les longues années de plongée dans le désert il écrira à des amis. Ses lettres lui serviront de repère. Cette fidélité épistolaire est d’importance car elle lui a empêché, dit-il, de sombrer. Parmi ses correspondants Marcel LÉGAUT tiendra une place importante. L’écriture pour lui-même est très difficile et, sans cesse, il subit la tentation ésotérique qu’il repousse mais qui s’immisce sans cesse pour finir par disparaître définitivement depuis quelques années. Il se dit très orgueilleux et rêvant depuis longtemps d’être le grand écrivain un grand homme. Il situe même ici la cause de sa maladie.

Lire

Il lit “en résidence surveillée”. Il doit signaler tout nouvel ouvrage à ses thérapeutes. Il est tenté par l’histoire des religions mais il craint toujours que cela lui fasse plus de mal que de bien.

L’équilibre

En fait, toute sa vie semble tenir dans cette recherche d’un équilibre entre ses pensées et la foi d’une part et ses actes d’autre part. Il se reconnaît comme un être disloqué que les épreuves de l’existence ont encore fragilisé. Sa maladresse manuelle son incapacité à gérer lui-même totalement, et ses affaires propres le rendent très fragile, et éclaté entre une spiritualité généreuse et un concret qui s’acharne à lui dévoiler son égocentrisme et ses limites.

La prière

Peu à peu, elle lui donne le sens de l’équilibre et de l’incarnation dans le concret; elle l’oblige par l’intercession par l’entrée dans le regard de Dieu à sortir de son propre monde égocentrique et de sa prison.

L’incarnation

C’est ici le sens de son existence. Retrouver Dieu dans l’incarnation manifestée en Jésus Christ seul.

Cette soif d’absolu doit trouver sa résorption dans le monde et dans les combats de ceux-ci. Chaque fois qu’il revient à l’évidence de cette quête première, il se sent consolé et reprend des forces.

Le doute sur soi-même.

Les épreuves de l’existence l’ont conduit à douter de lui-même et cette souffrance est très grande. Il doute de ses propres aptitudes créatrices auxquelles il croit avoir trop cédé.

La fidélité.

Malgré les épreuves il est resté fidèle à ses parents et à ses proches dont il est très reconnaissant de la patience envers lui. Fidèle aussi à ses amis à ses passions qui l’ont dévorées mais qu’il regarde désormais sans amertume en essayant de prendre ses distances.

Ce qu’il a appris d’essentiel

Dans cette extrême faiblesse où il se trouve il dit avoir appris le sens des choses et des personnes humbles et le goût pour celles-ci. Il se réjouit de pouvoir aider là où il se trouve ses compagnons d’infortune car il a traversé ce qu’ils traversent et donc il les comprend. De l’attirance pour le savoir savant référent il est passé au goût pour les choses révélées aux enfants et aux simples et cachées aux intelligents et aux sages. 3521

Portrait numéro 9

M. Anton CABALLÉ

ou

L’autodidacte réconcilié...

Anton CABALLÉ est né en 1912 à Mas Roig, Catalogne Espagnole...

Enfance :

Il restera toujours très attaché à son enfance. Fils de famille nombreuse, il reconnaîtra toujours puiser dans son enfance, des souvenirs très profonds, et ancrés au coeur de lui-même dont il a tiré quelques écrits. Malgré la pauvreté, son enfance, au début du siècle, est une enfance heureuse.

L’école primaire :

Il ira à l’école de 5 à 9 ans ; juste suffisamment pour savoir lire et écrire...

Ensuite, il va devoir commencer à travailler après avoir déménagé et quitté la province de Tarragone pour la banlieue de Barcelone...

Le maître d’école, très pauvre à l’époque, l’a très peu marqué. Il comptait sur le monitorat des aînés ;

il ne prenait jamais la parole ou presque ...

Le père et la mère :

Son père fut un enfant terrible qui quitta la maison familiale, à sept ans, (fin du dix neuvième siècle), pour aller vivre dans la montagne avec les bergers dont il recevra l’éducation...

Celui-ci, n’apprendra donc jamais à lire ni à écrire... ce qui dans la Catalogne de l’époque est très rare... Cela ne l’empêcha de gagner de nombreux concours régionaux d’échecs et de mener une vie professionnelle relativement normale... Sa mère lisait et écrivait assez bien...

Le goût pour la nature lui a sans doute, en partie, été transmis par son père, qu’il accompagnait dès son plus jeune âge dans les travaux des champs ...

L’avia Maria

La grand- mère maternelle, “avia Maria”, racontait des contes au coin du feu, à ses petits enfants, il tire peut-être de ces moments son goût pour la poésie et la littérature ...

Le fou du village :

Un jour celui qu’on nommait le fou entra dans l’église alors que le prêtre lisait les évangiles . Il dit alors “Esto es verdad...” (cela est vrai ) et il répéta cette phrase plusieurs fois très fort dans l’église... avant d’en être expulsé.

Plus tard, lors de la “conversion” il se souviendra de ce témoignage du “fou” .. Le seul à avoir témoigné lors de sa visite à l’église et qui justement fut mis dehors...

Le rapport à la culture dans sa famille lors de l’enfance :

Il aimait lire...dès la prime enfance ...

Dans sa famille il eut très tôt le statut de celui qui savait, mais lui savait qu’il ne savait pas grand chose...

Les cours du soir :

A quatorze ans aux ” Ateneus “, coopératives scolaires, il suit des cours... et il se perfectionne dans les mathématiques, les règles de grammaire, les problèmes ...

La motivation pour apprendre :

Dans l’enfance, la conscience donc d’avoir une culture bien petite et le désir d’aller en Amérique plus tard, furent une première motivation pour apprendre...

Ensuite, l’ambition d’être écrivain, enfin l’ambition d’être professeur ou instituteur, ambitions que la guerre malheureusement brisa...

Aujourd’hui, le rapport à l’étude est avant tout une rencontre avec Dieu et les hommes.

La lecture :

Il trouve, à quatorze ans, en rangeant les cartons d’une fabrique de carton où il travaillait en temps que manoeuvre... dans son travail... “les travailleurs de la mer...” de Victor HUGO. La lecture de ce livre fut déterminante... Il eut comme une rencontre première et déterminante avec les livres, et, particulièrement avec la littérature française et russe ...

Il achetait ainsi de fil en aiguille des livres d’auteurs, suivant un itinéraire personnel. “Le dictionnaire philosophique” de VOLTAIRE fut une de ses premières lectures. Puis les lectures d’auteurs français, anglais et grecs (la République de PLATON) ou russes.

En lisant je notais ce qui me paraissait intéressant, qui me paraissait être vrai, et le notais ensuite sur des carnets. Lorsque je lisais un livre je lisais en profondeur, plusieurs fois (trois ou quatre pour certains)

Les idées sur l’éducation :

La République de PLATON m’a beaucoup marqué pour les idées sur l’éducation ... On y trouve des réflexions de base, quant à la place de l’homme dans la société, la justice, et l’état.

ROUSSEAU m’a marqué malgré des choses que je trouvais déjà très contestables...

Je me souviens que ROUSSEAU disait dans l’Emile: “ les hommes ont besoin d’être éduqués mais quelques uns d’entre eux s’éduquent tout seul.” Peut-être fais-je partie de cette catégorie, bien qu’on n’apprenne jamais rien , seul.

Montaigne, dans les essais, donne des préceptes très justes sur la place de l’adulte, celle de l’enfant la nécessaire dépendance et le nécessaire liberté de l’un par rapport à l’autre.

Des maîtres :

Je n’ai pas à proprement parlé de maîtres ...

J’ai beaucoup admiré Victor HUGO lorsque j’étais enfant ; puis, peu à peu, j’ai compris qu’aucun homme n’est une perfection...

J’ai beaucoup d’estime dans le monde des poètes pour des hommes comme Antonio MACHADO et Mario MANENT (poète catalan). Je ne dissocie pas l’homme de son art ...

La langue catalane

A dix-huit ans, lui vint l’idée de “se mettre au catalan”...

Cette langue que toute la Catalogne parlait et parle encore, aujourd’hui, à l’époque, n’était encore que peu connue sous sa forme écrite ... malgré une renaissance littéraire de la langue, à partir du XVIII° siècle. Il suivit donc des leçons des livres d’exercices "auto-corrigés" pour des autodidactes...

Puis il suivit des cours du soir dans un village voisin (San Féliù).

Il trouve alors un ami,- (Luis AMIGO de son vrai nom (!)) amigo veut dire ami - et tous les deux apprennent le dimanche matin se promenant dans un jardin.

Ils parlent ensemble pendant des heures de ce qui va les passionner...

Lui aussi était autodidacte et avait une culture générale appréciable...“Au départ cet ami était plus cultivé que moi mais il dut interrompre ses études...plus tôt que je ne le fis... “

La motivation pour la langue catalane:

La conscience très précoce d’un besoin d’expression littéraire qui ne pourrait véritablement s’exprimer que dans la langue maternelle ne fit que grandir au fur et à mesure des années...

La préparation du Batxillerat :

Lorsque survint la République ( 1932 ), le service militaire passé, des facilités furent données pour accéder au Bac...(batxillerat)

Ils entamèrent, AMIGO et lui, des études dans la perspective de réussir le bac et de devenir ainsi plus tard professeurs ...

...de maçon il devint donc berger en étudiant... Malheureusement la guerre éclata en 1936 et les études durent alors être arrêtées après le coup d’état de Juillet 1936 (FRANCO)...

Dans l’armée républicaine toute à reconstruire, on ouvrait une école de guerre pour officiers...

Il en profita alors pour s’inscrire... et travailla intensivement les mathématiques...

Survint la défaite de la République et de la démocratie et l’exil qui interrompirent brutalement le temps des études :” Alors commença pour moi l’école de la vie. “

L’écriture :

Il commença vraiment à écrire ses premiers poèmes juste avant la guerre d’Espagne (1936/1939)...

Il se voyait écrivain... et si cela devait survenir cela devait être en langue catalane.

Il gagna des concours de poésie, entre autres les jeux floraux de la langue catalane en 1947 à Londres, en particulier.

La voie professionnelle

J’ai dû donc apprendre par moi-même... puis renoncer ensuite, à cause des événements politiques à mes projets d’écrivain ou d’enseignant. Ce fut un chemin parfois difficile, mais je suis parvenu en France, à obtenir la fonction de conducteur de travaux- à partir de 1955- après avoir été chef de chantier - à partir de 1948 - , maçon et même manoeuvre à mes débuts.

Je me formais seul à partir de livres et d’expérimentations directes..

Un exemple de travail autodidactique sur le plan professionnel :

En 1955, il fut chargé de la construction à Saint-Etienne d’un garage collectif : le premier de ce type dans la ville. Après avoir visité les premiers garages de ce type qui existaient à Lyon il put se rendre compte qu’un problème se répétait sans cesse : les rampes de passage d’un étage de garage à l’autre étaient toutes insatisfaisantes... Du fait de la conjonction du virage et du fort dénivelé, les voitures à leur passage “frottaient” le sol ...Il fallait concevoir une pente progressive techniquement irréalisable en maçonnerie. Il étudia donc seul la question que les architectes ne s’étaient pas posée... Avec du plâtre il construisit des modèles de rampe respectant le dénivelé et le volume de virage... il acheta ensuite des voitures miniatures avec des roues à suspension... A force de tâtonnements, il obtint un résultat dont la réussite se vérifiait sans cesse... Il suffisait de diviser le virage en trois parties : la première et la dernière seraient à moindre pente ... Il opéra ainsi une proportion correspondant à une règle de trois qui permettait à tout coup une réussite...On vint observer d’un peu partout son travail ... Il remarqua dans les années suivantes la généralisation de ce type de procédé sans qu’il puisse savoir s’il y avait contribué. Il pense davantage qu’il avait rejoint ainsi la découverte d’autres tâtonnements ou calculs qui par d’autres procédés sans doute, aboutirent au même résultat.

Publications à l’âge mûr :

Aujourd’hui, j’ai publié deux livres en langue catalane - poésies pour enfants et pour grands - parus sur le tard, le troisième, sur l’enfance, et le quatrième pensées et poèmes, pratiquement terminés...Ces parutions ont longtemps été retardées par la censure franquiste et l’interdiction de publier dans la langue catalane qui sévit très fort de 1939 au début des années 60, avant de disparaître progressivement totalement aujourd’hui et depuis la démocratie

Un livre est une chose sérieuse ...

Il est beaucoup moins important d’écrire beaucoup et d’être reconnu que d’écrire quelque chose qui soit profond et témoignage authentique....

La plate-forme (la soléra)

Cette plate-forme était au sommet d’une falaise, de là enfants, nous aimions regarder le monde.
C’était un moment particulier de “retrouvailles” avec moi-même face à face avec la nature ... Aujourd'hui ce moment se fait de façon plus intime et personnelle avec Dieu dans la prière . Je me souviens très fort de la première rencontre avec moi-même, assis sur une falaise dans mon enfance à contempler un paysage...

Un mystère : le face à face avec l’éternité... La conscience de l’existence d’un être transcendant, la conscience également de la propre existence de soi-même dans l’univers comme un être petit certes mais unique cependant ; le sentiment d’éternité m’envahissait... Un dimanche après-midi avec CORNETTA (mon compagnon de jeu), et d’autres amis, nous discutions de chose et d’autre...

Un petit a dit alors : “ La fin du monde arrivera mais nous resterons pour levain...”

La Bible :

A l’école, on nous lisait quelques épisodes de la Bible...

Plus tard ma soeur apporta des évangiles de la fabrique de carton...Je les lisais très peu mais toujours avec le sentiment de rencontrer une vérité profonde...

Je ne fis ma communion qu’un peu tardivement. Une dame s’occupa alors de moi, elle s’appelait RAMONA et alors je lus un livre racontant la persécution des premiers chrétiens.

Plus tard, après l’écoute d’une prédication à Sens (Catalogne) et de choses entendues sur Rome et la nécessaire dépendance par rapport à elle, je pris de la distance peu avant la proclamation de la république espagnole (1931) avec l’église Catholique. Il s’agissait moins en fait d’une rupture que d’une prise de distance. Je ne rompais pas de fait, ni avec Dieu, ni avec la foi chrétienne, même si cela n’était pas alors toujours au centre de mes préoccupations.

C’est en France, passant devant le temple protestant, que nous entendîmes, ma soeur, mon beau frère, un ami, et moi, des chants ... nous entrâmes dans l’église. Nous apprîmes ensemble la langue française par la lecture de la Bible. Ce fut comme une consolation lente et sûre qui nous venait, alors... dans ces moments d’épreuve d‘exil et de souffrance. C’est ainsi que progressivement nous sommes entrés dans l’église Protestante. Aujourd’hui la lecture de la Bible est devenue quotidienne, ou presque, elle ouvre un dialogue permanent entre Dieu et moi-même et les hommes, une prière et une louange incessamment renouvelées....La Bible est cette parole inspirée que Dieu nous adresse et qui mystérieusement de mille façons toujours nouvelles nous parle et nous enseigne... Je me sens chrétien avant tout, j’ai des frères et soeurs catholiques avec qui nous avons travaillé à l’aumônerie des hôpitaux. La question de l’unité de l’église est fondamentale et me préoccupe. L’église est une en effet, selon la prière exaucée du Christ lui-même comme Jésus l’a demandé au Père : “Qu’ils soient un comme nous sommes un” ; même si, nous les hommes, nous ne savons pas le voir, l’unité de l’église est non seulement possible, mais d’ores et déjà accomplie, par la prière de Jésus et en sa personne.”

Mémoire et souvenir...

J’ai gardé un grand souvenir du village des anecdotes et personnages de ma petite enfance : le Mas Roig que j’ai quitté à l’âge de neuf ans... Pour moi “se souvenir “un peu comme l’invitation qu’en fait l’Eternel au peuple d'Israël à travers la Bible n’est pas une nostalgie simplement, mais un envoi vers la rencontre avec Dieu et le sens des choses ...

La poésie permet de rendre présent et vivant aujourd’hui, et rempli d’enseignements, le passé...

Portrait numéro 10

M. Théo FRANTZ

ou

L’autodidacte insoumis ...

Théo FRANTZ né en 1958 à De Meern, Pays Bas...

L’itinéraire scolaire et professionnel

J’ai suivi l’école primaire dans une école catholique...J’ai arrêté à 19 ans... Je suis entré dans un institut pour devenir instituteur... Et alors que tout le monde paraissait content de mon travail et mes leçons pratiques auprès des enfants étaient jugées satisfaisantes, j’ai décidé d’arrêter. On m’a dit que l’on garderait ma place si je revenais mais je n’étais pas intéressé...

J’avais l’intuition que je devais partir... Je voulais aller à l’école d’art dramatique quand je trouvai du travail dans une compagnie de théâtre pour jeunes gens... et c’est ainsi que tout a commencé : Deux ans plus tard, je fondais ma propre compagnie et j’écrivais ma première pièce... Depuis j’ai écrit plus de dix pièces de théâtre pour la jeunesse. L’une d’entre elles est publiée dans une collection pour la jeunesse et déjà traduite en langue russe ...

L’enfance :

En fait, j’avais le désir secret et profond de me distinguer des autres...d’être spécial... J’étais un enfant très égocentrique... Je me croyais tellement le centre du monde que j’avais très souvent le sentiment que le moindre de mes actes se répercutait sur le monde entier... Je me croyais être la cause, à cause de mes agissements inconséquents, des malheurs du monde entier... C’était terrible... J’étais très sensible...On ne peut pas parler donc, me concernant, d’une enfance heureuse. J’avais le sentiment que personne ne me comprenait... A quatorze ans, j’eus même l’idée d’en finir avec la vie... Je croyais pouvoir tenir le monde dans mes mains... Il s’agit peut-être d’une première approche nécessaire dans la voie qui conduit à s’exprimer et à se connaître soi-même... J’étais un enfant fugueur...J’aimais beaucoup chanter... Chaque matin je me levais avec une nouvelle chanson dans la tête... Parfois il s’agissait d’un air que je “composais” mais plus souvent il s’agissait de chansons en vogue...J’eus mon premier disque alors que j’avais douze ans...quelle joie !

Les parents les frères et soeurs :

J’avais des parents très affectueux et nous étions une famille relativement nombreuse...(trois garçons dont j’étais le plus jeune et une soeur plus jeune que moi...). Mais je doutais perpétuellement d’être vraiment aimé... L’amour est toujours une synthèse entre deux points de vue : le problème c’est que j’avais tant de mal à m’extraire du mien, qu’envisager la synthèse était au-dessus de mes forces...

L’école :

“Je déteste l’école”. Je la trouve beaucoup trop sérieuse et normalisante... Tout à coup une tasse est une tasse et non plus un chapeau... Moi j’avais toujours vingt et une réponse (dixit)mais une seule était bonne... J’étais trop créatif pour la discipline scolaire... L’école nous apprend à garder sa fantaisie pour les loisirs mais après elle nous condamne à l’adaptation...

Les maîtres :

Je n’ai pas de maître véritable...J e me considère comme un entonnoir...Je ne fais que redonner ce que je reçois par ailleurs...

Le théâtre :

C’est une vocation relativement tardive...En tout cas absente dans mon enfance. J’avais quinze ans lorsque le théâtre commença à m’intéresser... Ma première rencontre avec le théâtre fut presque providentielle... En revenant de l’école je m’assis dans le train sur “Hamlet “ de Shakespeare que quelqu’un avait laissé semble-t-il... Je n’allais pas lire ce livre tout de suite... Mais ce fut comme une prise de conscience mystérieuse et providentielle que le théâtre existait et que l’on pouvait écrire pour lui... C’est après cet événement que je décidais de m’inscrire au club de théâtre de mon collège...Le théâtre c’est la sublimation de la vie...La sublimation est toujours plus vaste que la vie elle-même... La vie est plus complexe que le théâtre toujours... Finalement le théâtre n’est qu’une mise en scène de la vie...

L’écriture

J’ai été conduit à écrire pour le théâtre par la nécessité au moment de la création de ma première troupe avec les acteurs de la première troupe où nous avions joué... il nous fallait bien une pièce pour jouer...J’ai toujours eu une écriture laborieuse.. A posteriori il me semble que mes premières pièces étaient très descriptives et mauvaises...Je suis certain d’avoir progressé au fil des pièces...

La réécriture ?

Je ne veux plus réécrire une pièce après coup... J’ai voulu le faire lorsqu’il s’est agi de publier “Stéphane”. J’ai voulu expliciter des éléments qui étaient implicites.. Je me rends compte que ce fut une erreur. J’aurais dû laisser la pièce telle quelle... Je crois à présent que tout oeuvre s’inscrit dans un temps et qu’il s’agit toujours d’une erreur que de vouloir “rectifier le tir” après coup...

Un “problème existentiel”

J’ai un problème existentiel : autrefois je n’écrivais que pour le plaisir... Or, je commence à me prendre au sérieux et à accorder de plus en plus d’importance aux choses que je pose - ou que je ne pose pas- sur le papier ... C’est une sensation étrange qui me chagrine ... Je la constate sans pouvoir rien y faire ... Tout se passe comme si j’étais de plus en plus conscient sans que je puisse dire de quoi au juste ...Je suis conscient d’une conscience qui ne cesse de grandir en moi, c’est tout ce que je peux en dire ...

De l’égocentrisme (toujours)

Lorsque j’en aurai fini avec mon égocentrisme, alors je n’écrirai plus.

Du général au particulier :

Ce que j’écris n’est jamais global mais toujours particulier ... L’ancrage des thèmes de mes pièces ne sont pas dans les grands problèmes de société ... mais dans l’observation quotidienne des hommes...

Il se trouve que certains y retrouvent les problèmes de la société et de la jeunesse d’aujourd’hui..

Je ne fais qu’envoyer une petite bulle de savon. ... Mais dans cette petite bulle que j’envoie il y a tout le pouvoir inscrit dans chaque autre bulle que chacun peut envoyer ...

La critique :

Je ne sais pas si je comprends le monde mieux que lorsque j’étais enfant mais j’ai le sentiment ,qu’à l’inverse, chaque jour davantage de personnes me comprennent et cela est plutôt agréable ...Les critiques sont en général trop sérieux ...

Leurs avis, lorsqu’ils sont négatifs, me font de moins en moins souffrir, mais me mettent en mouvement pour mieux comprendre.

La lecture :

J’ai toujours aimé lire ...

Je lisais déjà beaucoup de livres quand j’étais petit ...

Je lis chaque jour davantage ...

Il est toujours intéressant pour un auteur de lire ne serait-ce que pour se situer et réfléchir à comment construire une pièce ... Je lis avec davantage de questions et de conscience qu’il y a quelques années...Autrefois je lisais comme une éponge qui pompe tout ce qu’elle reçoit.. A présent ma conscience joue chaque jour davantage un rôle de filtre...

Le thème des pièces :

Le thème majeur et finalement unique de mes pièces est celui de la responsabilité envers soi-même....

Dans mes pièces il y a les questions auxquelles je ne saurais trouver de réponses.

Si j’avais la réponse je n’écrirai pas ...

De la frustration :

Il y a toujours une frustration qui en fait est conductrice et génératrice d’évolution future...

Je souffre de ne pas avoir trouver les mots pour dire l’indicible ...

L’intuition et la curiosité :

Je tiens l’intuition comme essentielle pour la compréhension des choses ...

C’est elle qui mariée avec la curiosité naturelle n’a cessé de grandir dans ma vie par des chemins extérieurs aux chemins scolaires ...

Ma curiosité a grandi dans un monde parallèle à l’école ...

J’ai été influencé par les idées du psychanalyste JUNG 3522 qui voit dans l’inconscient un réservoir de vie ... Aussi ai-je foi en la vie ...

L’objectif...

Il faut saisir la vie aussi haut que possible ... Alors toute vie peut devenir semblable à celle de mère Térésa. J’essaie de prendre chaque chose de la vie de la passer par mon entonnoir et d’en rendre le meilleur que je puisse en rendre...

La Bible dit ses choses mais il faut s’en saisir et les sentir par soi-même pour les comprendre...

De l’originalité

J’ai appris progressivement que l’important est de penser par soi-même...

L’originalité est cependant souvent ” sur-évaluée “ dans le monde artistique...

Ce papier que je tiens dans la main va tomber vers le bas...c’est ce que disent la majorité des gens et ils ont raison...Il ne devient intéressant de dire qu’il va monter vers le ciel que si cela doit effectivement se réaliser ce qui dans le cas précis s’avère faux donc inutile...L’originalité n’est pas une preuve de vérité... Nous n’écrivons rien de bien nouveau. Toute oeuvre humaine ne fait que dire autrement des choses bien simples et primaires... C’est le même objet qui est regardé seul change le point de vue...la perspective sera nouvelle et c’est déjà beaucoup.

Pourquoi j’écris ?

Je n’écris que pour exprimer une part de moi-même qui a besoin de sortir de moi-même pour s’exposer aux regards des autres...Je crois ce besoin universel et existant en chaque individu...

Chaque homme est conduit d’une manière ou d’une autre à “mettre en oeuvre “ hors de lui-même quelque chose de lui-même qu’il se sent pousser à donner aux autres...Cela ne touche pas que le domaine artistique....

De l’éducation à la responsabilité :

Même les enfants doivent être éduqués à la responsabilité...

Lorsqu’un enfant voit, par exemple, pleurer sa maman, il se passe quelque chose d’essentiel, comme une expérience de sa propre responsabilité profonde...Cela n’est pas négatif en soi...Au contraire...

Trop souvent l’éducation cherche à stériliser les expériences de vie de l’enfant, de les neutraliser en quelque sorte...Alors que ce sont les expériences fortes qui sont constructives. ..

De l’opposition entre responsabilité et expression naît l’expérience et la maturation humaine... C’est de cette contradiction que naissent les pièces de théâtre que j’écris comme je le crois toute authentique “oeuvre “ humaine...

Quelques idées sur l’éducation :

L’éducation ne propose, le plus souvent, qu’un seul gant pour la main de l’enfant ... Avec une moufle, il devient difficile de faire de la couture ... L’enfant en réalité a besoin de plusieurs gants. Le problème particulier de l’éducation scolaire, est que ce gant non seulement est unique et exclusif, mais de plus il s’agit d’un gant de fer.

Agir et penser ne sont qu’un seul et même processus ; une réponse est toujours une réponse intéressante en soi ... Elle n’est jamais fausse ... Elle se rapporte toujours à une vérité.

La frustration était très grande pour moi, à l’école, du fait qu’à la question posée une seule réponse était possible ou en tout cas reconnue comme valable. Dans nos sociétés nous sommes élevés à donner des réponses. Il serait intéressant d’élever les enfants dans le sens des questions à poser que des réponses. Ce sont les questions qui sont humainement créatrices davantage que les réponses.

Portrait numéro 11

I.

ou

L’autodidacte confortée ...

Elle est née en 1947 ...

Enfance familiale

Elle a eu une enfance mouvementée ; elle est l’aînée d’une famille de trois enfants ...

Père d’origine franco italienne, CRS ... décédé en 1988.

Mère pied noir (décédée en 91 d’un SIDA d’origine transfusionnelle) fera un voyage éclair à Oran pour la naissance de I...

Selon la typologie de LAUTREY, I décrit son milieu familial comme “aléatoire” 3523

Parents à la fois inséparables et souvent en querelle ... Désunis mais inséparables, (nombreuses instances de divorce) ... elle a souffert de ce climat familial instable et orageux ... comme des troubles dûs à de nombreux déménagements successifs ...(Roanne jusqu’à 8 ans Uzès jusqu’à 18 ans Rive de Gier jusqu’à 1968 ...)

Après avoir échoué au bac en 1966 elle le réussit en 1968 , elle vit quelques mois en Allemagne puis aux Pays Bas pour fuir le milieu familial ...

Vie familiale adulte...

Elle épouse un futur professeur d’université en sciences économiques en 1970.

Ils ont deux enfants ”solides et gais” : une fille qui passe son bac cette année et un garçon élève ingénieur Une séparation officielle avec le mari avec lequel elle entretient des relations calmes et affectueuses ... intervient en 1980 ...”nous n’avons jamais divorcé en tant que parents” ...

“J’ai tenu à assurer à mes enfants, malgré le divorce, une grande stabilité de lieux et de vie. “

Scolarité

Ecole primaire

Elle se déroule de façon assez agréable elle se définit comme une enfant kinesthésique 3524 pleine de vie qui est intéressée par tout ce qui présente un caractère concret : les sciences naturelles les disciplines artistiques et sportives...

La littérature l’attire par le pouvoir d’évasion qu’elle propose.

Elle dévore des livres ...Et les institutrices de l’école primaire l’aiment beaucoup...

Ecole secondaire

Commencent les problèmes en 6° avec un professeur de mathématique qui la “persécute “ en se moquant d’elle devant les élèves et la traitant en tête de turc ...En même temps lors de la même année elle découvre un professeur de français qui parle une autre langue que celle qu’on parle chez elle. Elle prend conscience du décalage entre la langue de sa maison et l’existence de la langue élaborée pour laquelle elle éprouve une attirance. Il s’agit de la langue de l’école 3525 .. A partir de là se développe un sentiment d’infériorité de manque de confiance en soi pour toutes les activités intellectuelles ....

Après un premier échec dû à un évident manque de confiance, elle réussit le bac en 1968, (elle porte cette date comme une excuse dont elle se justifie )...

Elle suit un peu la fac d’allemand entre 1968 et 1970, passe en 1969 un certificat de traduction ; mais certaine d’avoir échouée ne se présente qu’à la première épreuve... elle n’apprendra que plus tard que sa note était correcte ...Elle avait même caché à ses amis qu’elle ne s’était pas présentée ...Un manque d’adéquation dit-elle entre faculté et désirs est la cause de ses tourments à l’époque...

Vie professionnelle

Elle “entre” à l’éducation nationale en 1970 comme institutrice auxiliaire...

En 73 elle suit son mari en Asie du Sud-Est où elle exercera comme professeur, puis exercera un travail d’alphabétisation ... Après la séparation d’avec son mari en 1980 elle commence l’enseignement spécial ... Elle suit un stage à Clermont Ferrand en 1985 et devient institutrice spécialisée. Depuis cette date, elle n’a cessé d’exercer ce métier jusqu’à aujourd’hui où elle entame un congé mobilité...

Pédagogie et bricolage :

Je ” bricole “ à la maison comme dans la pédagogie, “avec joie et conviction ...” J’ai la sensation de confiance en mon intuition que tout ce que j’entreprends de mes mains ne peut que réussir ... La pédagogie “centrée sur le sujet” m’’intéresse de plus en plus .

“J’ai la croyance que la foi dans les capacités des élèves peut soulever des montagnes.”

Lecture :

Elle a toujours beaucoup lu ... Elle cherchait, dans l’enfance, dans les livres, des réponses à ses questions d’abord dans l’évasion. Elle aimait les histoires où les héros s’en sortaient malgré les difficultés. A partir de 1970 en particulier et le début de son activité professionnelle elle se plonge dans la lecture de livres pédagogiques ; entre autres elle se souvient avoir été marquée par BEAUDELOT ESTABLET et BOURDIEU PASSERON qui paradoxalement malgré l’aspect très critique sur le système scolaire capitaliste de reproduction sociale qu’ils développent n’anéantissent pas son goût de l’enseignement, au contraire. Ces influences ne seront pas les seules, elle restera toujours intéressée par la littérature au sens large. Elle se souvient avoir été marquée très fortement par “le journal” de Anaïs NIN 3526 .

Elle trouvera dans ses lectures un renforcement progressif de l’idée que seule une pédagogie centrée sur le sujet peut permettre l’émancipation des personnes. .

Dans son enfance elle écrivait des histoires mais elle n’écrit plus .

Une capacité à “modéliser” 3527

En ce qui concerne son aptitude langagière, elle la doit, dit-elle, à une capacité à modéliser (qu’elle ne mesure que tardivement). Deux professeurs sont déterminants :

Un professeur de philosophie dont le charisme emporte ses élèves vers “des désirs auxquels ils ne croyaient pas”. Il s’intéresse tout particulièrement à elle et s’attache à lui apprendre à mettre de l’ordre dans “ses richesses livrées en vrac”. C’est à cette époque qu’elle situe un début de confiance dans sa capacité à penser.

Un professeur de français dont la rigueur et l’exigence sont pour elle des modèles. Elle l’admire pour sa capacité à être à la fois exigent et compréhensif avec ses élèves. Elle le retrouve 18 ans plus tard et éprouve un réel bonheur à être”souvenue” reconnue et félicitée pour ce qu’il voit et il comprend d’elle.

Reprise des études :

En 1977 et 1978, elle suivit de secours en fac de psychologie, comme auditeur libre...

Elle avait tellement intériorisé l’échec scolaire qu’elle croyait que les diplômes n’ étaient pas pour elle...Elle entame une licence en sciences de l’éducation en 1991 seulement, et poursuit en maîtrise cette année ...

Mais c’est pour trouver un emploi dans sa qualification, la PNL 3528 , qu’elle a sollicité et obtenu un congé mobilité, pour l’instant ce projet se traduit davantage par des difficultés rencontrées que par des ouvertures efficientes.

La Programmation Neuro Linguistique (PNL)

Depuis cinq ans (1987) elle se forme à la Programmation Neuro Linguistique ( dont elle devient patricienne 3529 en 1991 ).Elle considère la PNL comme un outil qui peut être efficace mais non dit-elle comme une panacée ou un substitut à la recherche pédagogique .Inscrite dans la mouvance des recherches psychologiques américaines, plus particulièrement celles de l”école de Palo Alto 3530 la PNL a été utilisée à des fins thérapeutiques, puis appliquées au champ de l’entreprise et du développement personnel.

Les trois termes Programmation Neuro Linguistique donnent une entrée pour une définition 3531 :

Programmation : l’idée est ici que l’intelligence et le comportement fonctionnent comme les ordinateurs par programmation que chacun se fait à lui-même. L’idée de base par analogie avec l’informatique : nous avons tous un cerveau le matériel en informatique (hardware) et un système nerveux . Ce qui change ce sont les programmes (software) dont nous disposons pour nous servir de ce matériel.

Neuro : Cette capacité à nous programmer repose sur notre activité neurologique.

Linguistique : parce que le langage structure et reflète la façon dont nous pensons. En empruntant à la linguistique, GRINDER et BANDLER 3532 ont étudié les relations entre langage et pensée et ont transposé ces connaissances dans le domaine pratique de la communication.

Il s’agit donc d’un ensemble de techniques qui intègre les découvertes liées à la connaissance du cerveau (SPERRY) aux approches systémiques (BATESON, ERICKSON) aux recherches en linguistique ( WATZLAWICK ). C’est un ” outil de changement “ puissant rapide (nous dit I) pour psychothérapies formation des vendeurs, de formateurs, négociateurs, particuliers ... (etc...)

Le comment est ici plus important que le pourquoi ; il s’agit de pratiquer des exercices.

Le processus est ici plus important que le contenu : il s’agit de repérer affiner corriger compléter nos comportements.

L’observation est ici plus importante que la signification : il s’agit d’être centré sur ce qui se passe

Les ressources sont ici plus utiles que les limites : il s’agit de trouver le passage, de contourner les obstacles.

Il s’agit donc de modéliser l’excellence ... partant des travaux de CHOMSKY mettant en évidence deux niveaux de structuration du langage : la structure de surface -la communication courante- et la structure profonde qui constitue un métamodèle, les deux reliés par les filtres universels de modelage. En effet le métamodèle subit trois types de violation dans le passage à la structure de communication de surface, (généralisation, omission, distorsion,)...

La PNL ne s’intéresse qu’au comment au processus de communication et d’apprentissage, elle ne dit rien sur le pourquoi des choses, et l’éthique.

Par la PNL il existerait sept niveaux d’entrée dans le psychisme, qui sont toujours ainsi ordonnés :

( environnement comportement capacité croyance identité spirituel, et “le life teem” (que nous osons traduire par “ grouillement de l’ existence”).

Se distinguent également sept étapes dans “un processus projectif” :

1/ Choisir un objectif (attention un projet n’est pas un objectif)

L’objectif est

-réaliste

-précis positif

-dépend du sujet ...

2/ Définir les critères de cet objectif

Qu’est ce qui est vraiment important pour le sujet ?

Qu’est-ce que la satisfaction de ces critères va apporter ?

Quels sont les bénéfices pour le sujet ?

3/ Projection dans le futur

Quels signes concrets font ou feront pressentir au sujet qu’il a réussi...

Que voit-il ?

Que se dit-il ?

Qu’entend-il ?

Que ressent-il ?

4/Identifier les obstacles, internes et externes, perçus :

Qu’est-ce qui empêche aujourd’hui de réaliser cet objectif ?

Quelles sont les difficultés réellement rencontrées ?

5) Vérifier les conséquences possibles (internes externes)

Le sujet risque-t-il de perdre quelque chose ?

Cette perte est-elle importante ?

L’objectif est-il cohérent avec la perception qu’a le sujet de lui-même ...

6/ Quelles sont les ressources du sujet ?

A-t-il besoin d’autres ressources, lesquelles ?

7/ Un pont vers le futur

Quel est à partir de maintenant la plus petite étape et la plus proche dans le temps qui vous permettra de vérifier votre engagement vers cet objectif ?

Une question à la pédagogie française.

Un des problèmes que I soulève est celui de la non-reconnaissance par l’ école de techniques d’analyses de découvertes pédagogiques centrées sur le sujet ( la P. N. L., l’analyse transactionnelle, les techniques corporelles ... ). I considère les travaux de CHANGEUX 3533 “, puis la prise en compte pédagogique et didactique de Hélène TROCMÉ-FABRE” 3534 , les travaux de VERMERSCH, de toute première importance mais malheureusement trop ignorés ... Ces ouvrages peuvent introduire à partir des observations des chercheurs spécialement par la biologie ou la linguistique, à reconsidérer complètement les approches classiques de l’apprentissage. 3535

Cependant, elle dit avoir fait des rencontres passionnantes à l’lnstitut des Sciences et Pratiques de l’Education et de la Formation.

La bulle de savon

I emploie ce terme pour dire la conscience d’être et d’exister qu’elle situe dans l’inconscient. ... cette conscience reste vierge et comme épargnée de toutes les blessures affectives de l’existence.

C’est dans sa bulle de savon dit-elle qu’elle s’est toujours retrouvée et qu’elle a puisé ses forces ses motivations son élan vital....

L’idée que cette fragilité n’est qu’apparente, qu’il y a paradoxalement une force immense que je ne mesure pas mais qui est de l’ordre de la croyance. Cette métaphore de la bulle de savon est comme le lien matérialisé avec l’au-delà”. Les religions sont vécues comme des dogmes dans lesquels je ne me retrouve pas. Je regrette -mais je comprends- pour les personnes enfermées dans leurs dogmes qu’elles n’aient pas eu l’occasion de sentir en elles mêmes, par elles-mêmes.

Portrait numéro 12

M. Nordine BOUNDAOUI

ou

L’autodidacte en quête de lui-même ...

Nordine BOUNDAOUI est né en 1967 à Saint Etienne

Pays d’origine Eldjaïr

Famille nombreuse cinq soeurs les filles sont plus âgées.

Enfance et adolescence.

Il habitait au Bouchet cité urbaine dans la commune du Chambon Feugerolles, au bord de la forêt, il se souvient d’une enfance heureuse et entourée de l’affection familiale.

Assez bon élève en classe, il se souvient surtout d’avoir brillé en maths, en sixième, avant de basculer dans l’anonymat moyen.

Il se sentait proche de la nature. Il fut donc orienté vers un lycée agricole mais il refusa de s’y conformer car il cherchait autre chose. Il fit une première S et réussit un Bac A.

En faculté, il suivit pendant deux ans en littérature, un an en histoire : échec aux examens par manque de concentration ...

Son père avait un jardin, il l’accompagnait souvent, c’est là que le goût de la nature est né...

Les professeurs, les animateurs l’emmenaient dans des balades qui ont renforcé ce goût de la nature avec laquelle je me sens de plus en plus en osmose.

“L’univers c’est le grand temple de Dieu.. Enfant j’étais rêveur doux mais dynamique et combatif, je me revois et me situe un peu comme un martien dans mon quartier de gosses dont beaucoup étaient issus comme moi de l’immigration. J’avais une grande soif d’affection, j’étais un peu à part des autres du fait peut-être que j’étais le seul garçon de ma famille.”

Lire c’est important pour s’enrichir des autres.

Commence et se découvre le goût des histoires racontées, en camp de jeunes, à 14 15 ans...

“Je lis peu mais bien. “ Il analyse profondément toute lecture. Il a fait du théâtre des chansons à partir de pièces créées ... Il a publié, à compte d’auteur, un recueil de poèmes ...

Ecrire c’est retrouver l’enfance

Dans l’écriture je cherche à faire passer ma vision du monde mon imagination mes idées mes sentiments...

Je retrouve les contes traditionnels du Maghreb qu’on me racontait dans mon enfance.

Je m’inspire des contes philosophiques de VOLTAIRE....

Je voudrais par l’approche sensible et la parabole transmettre aux enfants surtout quelque chose comme une vision du monde, un espoir aussi...

Quand j’écris je pense donc aux enfants...et à mon enfance qui fut si heureuse et dans laquelle je puise ... Je parle comme l’enfant, à cet enfant symbole d’innocence de fraîcheur de douceur que j’étais et qui reste au fond de moi-même...

La nécessité de devoir être reconnu ...

Je n’écris pas pour moi seulement mais pour être lu et reconnu...

Je ne crois pas cependant que la reconnaissance sociale suffise.

La véritable noblesse est dans le coeur ; elle ne se décrète pas par la société ; elle se vit..

Il y a une bataille en moi-même, tous les moyens bons sont bons pour une fin positive.

mais la fin ne justifie pas les moyens.

Le piège de l’ambition de la réussite....

Mon erreur : avoir quitté l’école d’agriculture, j’étais interne, je regrettais trop ma maison...

Je voyais très grand dans ma tête.

Je ne reproche rien à mes parents, je voulais faire de mon mieux.

Je voulais même, s’ils ne me le demandaient rien, réussir, car ils méritaient que je réussisse quelque chose de beau au delà de mon égocentrisme.

Je voulais, par l’école, rendre service à l’Algérie.

Mes aspirations étaient cependant tenues secrètes de tout le monde.

Penser personnellement et fondamentalement

Dans la discussion N. BOUNDAOUI dit son intérêt pour la réflexion globale et personnelle sur les problèmes sociaux du temps. Il exprime une opinion.

La culture traditionnelle protège les enfants mais ne les prédispose à sortir du cocon familial ni à faire des projets.

Le XXI° siècle sera celui de l’émulation et de la compréhension.

Il faut sortir du système de la compétition à tout crin du monde contemporain dont j’ai moi même été la victime en refusant un brevet de technicien agricole en aspirant à toujours mieux à toujours plus haut...

La spiritualité dégagée des dogmes encore trop égoïstes et étroits de toutes les religions est trop évacuée à l’école.

J’ai été parfois trop sûr de moi, je le regrette. On ne peut apprendre tout seul.

La symbiose organique des plantes nous montre de manière imagée que nous ne pouvons pas vivr les uns sans les autres. L’ homme est la seule créature qui soit un prédateur pour lui-même. Les êtres bons sont faibles et fragilisés.

Les influences.

Khalhil GIBRAHN 3536 l’a intéressé.

IBN ARABI (1165-1241) mystique, prônant l’unité de l’être inspiré, à la fois, par la Bible et le Coran voyageur errant des XII° et XIII °siècles en pleine apogée de l’Islam disait l’égalité des religions m’intéresse particulièrement et m’a marqué par sa finesse aussi ...Il croyait en la transcendance et l’immanence de Dieu qui est en toute chose et par delà toute chose...

Arthur RIMBAUD ” malgré le fait qu’il ait fui la France et mal tourné” l’a aussi influencé.

Entre Europe et Maghreb

Je pense beaucoup et souvent au Maghreb. L’occident et l’orient se partagent mon coeur.

Je suis à la fois très déchiré et très sôr de mon dentité, et je jongle et m’accorde avec cette déchirure qui est source de richesse

... Le droit à la différence est essentiel ...

Il est lié au droit à la ressemblance tout aussi important ...

...Le droit à l’identité propre l’est tout aussi en fait il est fondateur des autres droits...

Il serait bon de faire se rencontrer toutes les cultures en les valorisant mais je ne sais trop comment ; peut-être par l’éducation et l’action de l’Etat visant à sauvegarder les racines et le patrimoine...

La tension entre passé et futur est essentielle on ne peut pas viser les étoiles sans prendre appui des deux pieds sur la terre, le futur c’est peut-être notre passé... ...Notre époque, plus que toute autre, souffre de cette contradiction entre passé révolu des intégrismes religieux et autres et l’avenir aseptisé robotisé informatisé d’une normalité tout aussi désintégrant...

LEVI STRAUSS dans une émission “apostrophes” disait avoir la nostalgie du passé et qu’il rêvait parfois de vivre dans une époque aujourd’hui révolue où foisonnaient et se côtoyaient des cultures très diverses très riches et multiples... Nous sommes tous en quête de racines d’authenticité profonde et d’originalité vraie... Si le système scolaire m’avait permis de connaître ma propre culture maghrébine j’aurais sans doute moins été attiré par elle plus tard...

Une question pour aujourd’hui.

La question de Nordine :

Comment faire pour intégrer ma personnalité dans le monde social tel qu’il est sans renier les fondements de celle-ci ?

Comme pour beaucoup de jeunes de sa génération, pour lui, l’avenir semble incertain.

Il se sent pourtant prêt pour la grande bataille de la vie.

Portrait numéro 13

M. Patrick B.

ou

L’autodidacte dans la course à handicap ...

Né en 1957 à Londres 3537 , il reste deux mois dans cette ville, et puis sa mère signifie en Novembre 57 un abandon explicite et le dépose 3538 à l’assistance publique. Son père est africain blanc du Sud il était boxeur international poids mi-lourd, “Tom D 3539 dont la mère était anglaise et son père était d’origine néerlandaise; il n’a jamais connu son père ...

Enfance

A la naissance j’ avais une polio arthro gryposis d’origine intra-utérine très grave due à l’état de santé très fragile de ma mère (absorption de médicaments, dépression du fait semble-t-il de la non reconnaissance du père ...)

Ma mère 3540 fit un comas de trois mois en cours de grossesse ... On lui dit à ma naissance que l’enfant n’allait pas vivre.”

Un irlandais infirmier devint alors mon parrain car il fallait vite baptiser l’enfant avant qu’il ne meure ... Et c’est lui qui me donna le nom de Patrick (patron de l’Irlande) ...

A deux mois je rentre aux hôpitaux de Saint Vincent de Paul.

Là, la priorité est aux soins ... je vis ...c’est un miracle.

Je vais d’hôpitaux en maisons de repos je subis beaucoup d’opérations chirurgicales (30 opérations environ entre 3 mois et 17 ans)... Grâce à ces opérations, j’ ai aujourd’hui une autonomie de déplacement malgré un handicap évalué à 80 %.

On lui fait un passer un test QI bien en dessous de la moyenne où il est assimilé à débile léger à l’âge de 5 ans environ. On décèle une forte capacité au travail manuel. A huit ans commence vraiment l’école en même temps qu’un placement en famille nourricière rurale.

J’y restai jusqu’à 17 ans ...Cette famille a accueilli 25 placements en tout. J’ étais le 17 ° ...Je suis très reconnaissant de ce qu’ils ont fait pour moi, mais ils n’ont jamais été ma famille. J’ allais alors enfin à l’école communale. Je me déplaçais dès lors avec des cannes et un appareillage orthopédique “lourd”. A l’école je travaille bien,j’ai soif d’apprendre, je passe en trois mois du CP au CE1. Un désir d’apprendre de toucher de crier de vivre explose en moi à cette époque ... Je suis considéré comme caractériel, après avoir été isolé pendant les premières années de ma vie. Je découvrais alors la vie, la nature, les animaux, la signification de l’interdit. “J’étais une boule de feu ”. On ne savait pas comment me prendre. Il y avait un tel déséquilibre affectif que je n’acceptai de répondre qu’à la gentillesse et la douceur jamais à l’injonction. C’est un comportement typiquement abandonnique.”A 13 14 ans je suis en CM2. Je suis placé en centre orthopédique spécialisé pour terminer les opérations médicales des membres inférieurs avant la fin de croissance.

Pré adolescence et adolescence Dans ce centre je fais une 6 ° couché en chariot de Berk. Je rencontre une soeur Jeanne Marie dont je ne sais qu’à la fin du séjour qu’elle est soeur ... Elle m’aspire vers le haut elle me fait confiance elle est une présence sensible intelligente qui me révèle une part cachée de moi-même. En 5 ° je vais dans un collège à Dornes dans la Nièvre 5° transition 4° aménagée, 3° aménagée. J’ avais une grande envie d’apprendre l’anglais car je savais que j’ étais né en Angleterre. J’ allais même en cours normal d’anglais quelques heures par semaine en 4 ° 3 . Je réussis alors le Brevet élémentaire à 18 ans du premier coup avec 16/17 de moyenne : Je fus le seul de la classe à réussir. C’est une grande joie. Je raflais tous les premiers prix, je voulais toujours être le premier et j’ étais le premier des classes de transitions. Dès lors je fus placé par la DDASS au foyer de Jeunes de travailleur. En 2 ° à Nevers, au Lycée dans une seconde normale, et je réussis un bac B à l’oral à 21 ans. A l’université, je préparai une licence mais je m’arrêtai avant le DEUG, une vie différente commençait .

A l’envie d’apprendre succéda l’envie de profiter de l’existence.

Je me politisais, je jouais de la guitare, plus pour me distinguer et pour me mettre en valeur, et je choisis de passer un DEFA. 3541 Il va à Port-More en Normandie en internat et réussit à l’examen.

Vie professionnelle de l’animation à l’éducation.

Je m’orientai donc vers l’animation à une époque où après des années à chercher une reconnaissance par le travail scolaire, je commençai à chercher celle-ci dans le chant et le jeu à la guitare entre autre. Je dirigeai, pendant quatre années un centre de loisirs à Tonnère dans l’Yonne. Je quittai ce centre pour travailler à Compiègne dans l’accompagnement en milieu ouvert de jeunes adolescents. Aujourd’hui, je travaille au centre Rimbaud à Saint Etienne dans la prévention de la toxicomanie. J’ai donc peu à peu basculer de l’ animation de groupe et la gestion des loisirs, à l’accompagnement personnel du jeune. Je passe progressivement de l’animation à l’éducation.

Apprendre ?

J’ai toujours voulu apprendre pour vaincre un handicap sortir de la “norme” du handicapé, être quelqu’un. J’ai toujours par défi voulu faire plus que ce qu’on me proposait et démontrer que je valais plus que ce qu’on m’accordait. Ce besoin de me singulariser m’a rendu pendant des années très défiant vis à vis des livres. Je ne lisais que le strict nécessaire à l’école. Le principal de mon énergie était consacrer à me faire reconnaître. Lorsqu’à la fin du CM2 on me dit de travailler pour être cordonnier qui est la profession classique des handicapés polio je demande à poursuivre plus loin. Lorsqu’après le Brevet élémentaire on m’oriente vers une école de secrétariat comptabilité, je demande à poursuivre en 2°. Lorsqu’après le bac on me conseille de poursuivre par un BTS toujours en comptabilité, je demande à faire l’université. Le besoin d’être reconnu m’a toujours poussé. Aujourd’hui, mon salaire me permet de ne pas percevoir mes allocations handicapé et c’est une victoire sur moi-même qui m’apporte beaucoup.

Modèles de l’enfance.

A Saint Vincent de Paul à 5 ans “madame T ” probablement psychothérapeute, une infirmière madame T qui lui apportait des cadeaux qui lui enleva la phobie de l’eau et des baignoires. Je me sentais compris aimé, digne d’intérêt 3542 . Le maître d’école de la communale M. F d’origine pied noir.

Il fut le premier à entrer en conflit avec lui. Il représentait l’autorité et je lui opposais ma souffrance.

M. H et madame H substitut familiaux qui nous élevaient à la dure. Le directeur de la DDASS, M L handicapé lui aussi, déhanché de la jambe droite, et sa femme qui m’avaient pris en affection. Un jour il lui dit : “On ne fera peut-être pas de toi un ministre mais on fera quelque chose de toi.” “ Du coup j’ai eu envie d’être ministre.” Il représentait le rapport à la loi du père. Il posait les valeurs et les jalons.

Modèles de l’âge de la pré adolescence.

Soeur JEANNE MARIE : je la considérais comme un transfuge maternel du savoir.En 5 ° transition, monsieur M. le professeur fut très influent. Un prêtre que j’aimais beaucoup, j’étais pendant toute l’enfance très croyant et enfant de coeur, fut malgré lui, alors que j’avais 15 ans, à l’origine de ma crise d’athéisme. Lorsque je lui demandai si Dieu était amour comment avait-il pu permettre mes malheurs, il me répondit : “Heureux ceux qui souffrent, ils régneront à côté de Dieu.” Cette réponse qu’aujourd’hui je juge finalement pleine de consolation eut le don de me révolter.

A l’âge adulte, encore des modèles.

Pierre et Dany L, lui-même éducateur, père et mère adoptifs de cinq enfants qui m’accueillirent trois semaines chez eux alors que j’arrivai à Saint Etienne après une période de chômage.

Ecrire

Depuis la rencontre avec ma mère nous nous écrivons beaucoup et je me suis mis à écrire, des poèmes pour moi-même également. Ce fut une découverte d’une nouvelle dimension. Jusque là je préférai apprendre par le contact direct avec la vie.

Lire

Je commence à lire également aujourd’hui. Est-ce le signe d’un nouvel équilibre qui me permet d’affronter la pensée des autres sans plus craindre d’y rester enfermer.

La recherche

Je commençai mes recherches en 1983 ; la DDASS me donna le nom date de naissance et lieu de naissance. Je savais seulement qu’elle était vivante, car elle n’était pas mentionnée sur le registre d’ état civil comme décédée. Ce fut un grand soulagement.

Ce fut ensuite une démarche de reconstruction, il fallait être prêt à renoncer à elle en cas de rejet. Je ne retrouvai ma famille qu’à l’âge de 33 ans. C’est comme une nouvelle naissance.

Les retrouvailles

En 1989 les retrouvailles furent une grande émotion indicible ... Lorsque je dis, au premier coup de téléphone, à ma mère, que je lui avais pardonné, elle se sentit libérée d’un poids énorme et le dialogue put s’installer.

Depuis, elle m’ écrit et je lui réponds, et nous nous voyons assez souvent, j’ai déjà plus de 300 pages de lettres d’elle.” Patrick parle de renaissance, pour lui comme pour sa mère, qui grâce à ces retrouvailles a pu renouer avec une partie de son histoire qu’elle avait occultée.

A partir de là, rien n’est plus comme avant, ni pour elle ni pour lui ni pour la famille.

Une famille !

Patrick fut dès lors intégré accepté dans la famille, qui après l’émoi d’une telle nouvelle, chavira dans une joie partagée ... Des problèmes demeurent cependant avec le mari de sa mère homme illettré qui voit en Patrick une résurgence d’un passé qu’il voudrait tenir enfermé. Il est difficile à convaincre il reste une ombre douloureuse au tableau du présent de la vie de Patrick. Patrick ne désespère pas cependant de le convaincre un jour de lui ouvrir sans problème les portes de sa maison.

La grâce

Depuis ces événements, je retrouve progressivement la foi. J’ai pu dire récemment à une amie, pour la première fois depuis l’adolescence, que je croyais en Dieu. C’est toujours très difficile à dire mais je crois vraiment que cette présence donne un sens à ma vie.

Conclusion :

Un refus permanent d’être exclu, marginalisé, reclus, la recherche d’une identité m’a toujours mobilisé ainsi que la quête de ma mère que j’ai poursuivie et cherchée chez d’autres, jusqu’à la retrouver vraiment en elle-même. Je mesure aujourd’hui combien le milieu médical qui s’est occupé de moi fut en fait d’avant garde. En me valorisant en me donnant confiance, il a su faire émerger ma personnalité. Peu à peu une carapace s’était construite en moi pour exister et pour me faire reconnaître comme un être normal. L’envie et la force de détruire cette armure pour se construire et reconstruire, sorte de psychanalyse sauvage m’a été donnée, en temps voulu. Aujourd’hui je me sens neuf la course à handicap se termine je commence une vie nouvelle, autre et ouverte ; une porte s’ouvre.

Portrait numéro 14

M. Noël P.

ou

Autodidacte ... en cultivant son jardin ...

Noël P. est né en 1935.

Il vécut sa prime enfance à Saint Héand, un petit village de la banlieue stéphanoise, les grands parents avaient une une petite ferme. Son père avait un atelier, il était armurier façonnier, mais il entra à l’usine en 1936, son atelier ayant fait faillite. Il s’en suivit un déménagement à Saint-Étienne et le début d’une vie citadine.

Il eut le certificat d’étude à 14 ans. Il entrait ensuite à l’école professionnelle où il apprit le métier de fraiseur, il passa un brevet professionnel par les cours du soir. Il s’en suivit une vie professionnelle sans histoire.

A l’école primaire, à Saint Héand, l’instituteur faisait les leçons de choses dans le jardin. “On plantait, on semait, on récoltait ...” A partir de 12 à 13 ans, à Saint-Étienne, son père l’emmenait au jardin ouvrier. 3543

J’étais son manoeuvre en quelque sorte, j’apprenais en le regardant faire je n’avais pas toujours envie d’y aller mais il m’ordonnait de l’accompagner,alors je le suivais.

Peu à peu le goût est venu. Je regrette un peu que mes propres enfants ne fassent pas eux le jardin.

Aujourd’hui les moeurs ont changé, les enfants font des études plus longues, et la discipline familiale est bien moins sévère.

Lorsque j’eus enfin, mon propre jardin, tout était prétexte à y aller. Je m’y rendais même pour casser du bois certains samedi après le travail.

Aujourd’hui , depuis quelques années, j’ai mon propre jardin, autour de la maison. Cependant, pour moi, je dois le dire : le véritable jardin reste toujours celui des jardins ouvriers.

Entre camarades de travail on s’entraidait. C’était un apprentissage mutuel, un compagnonnage permanent.

Ce que je trouve dans mon jardin et qui m’apaise :

Un espace pour rêver et pour travailler pour planifier et pour essayer. C’est une sorte de dérivatif nécessaire qui ôte le stress.

Ici, l’enjeu n’est pas vital échec ou réussite, cela n’engage à rien d’essentiel, les conséquences sont toujours réparables.

On retrouve un équilibre, un espace pour réfléchir.

On est son propre chef, et seuls les intempéries nous commandent.

Ma plus grande satisfaction c’est de voir grandir : je n’aime pas trop cueillir, je le fais parce qu’il faut bien, mais je suis heureux de voir grandir mon jardin. C’est un lien avec la vie : essentiel.

La satisfaction de faire quelque chose d’utile.

L’observation des détails qui des insectes aux plantes font que notre terre grouille de vie.

Enfin on ne cesse d’apprendre, quand je me promène j’observe les jardins des autres, ils sont parfois plein de trouvailles que je réutilise.

Ce qu’on apprend n’est pas toujours dans les livres. Je n’ai qu’un livre de jardinage que je n’utilise que lorsque j’en ai besoin, lorsqu’une question se pose à laquelle je ne puis répondre. Je sème par exemple toujours en lune nouvelle.

Je ne sais pas trop bien parler de ce que j’aime.

Le jardin c’est une part de nous-même qui continue de vivre quand nous ne sommes pas là. Quand je rentre à la maison, après quelques jours d’absence, ma première visite, mon premier regard, sont pour le jardin.

Portrait numéro 15

Mme Marie Marguerite J.

ou

Autodidacte ...

en faisant bouillir la marmite

Lorsque j’ai interviewé Marie Marguerite bientôt centenaire, sa fille Monique 54 ans institutrice me fit cette remarque préliminaire :

Apprendre c’est toujours une histoire de rencontres, apprendre c’est faire la bonne rencontre au bon moment.

Cette rencontre avec Marguerite Marie arrive en bout de course de ces interviews numérotés dans l’ordre chronologique de leurs déroulements. Ces interviews qui avaient commencé avec M. QUITAUD autodidacte reconnu, connu comme tel, se terminent avec un jardinier et une cuisinière, deux personnes du commun. Comme un symbole de mon cheminement : l’autodidactie qui pouvait m’être apparue, au principe, comme une singularité particulière, finit par devenir à mes yeux une généralité universelle. Oui apprendre c’est toujours rencontrer, et rencontrer c’est la quête permanente de la personne du premier souffle jusqu’au dernier.

Marie Marguerite est née avec le siècle le 3 Avril 1900 à Chazelle sur Lyon entre Lyon et Saint Étienne célèbre pour être le siège de l’industrie du chapeau. Sa mère était garde barrière et son père, employé des P L M; (Paris Lyon Méditerranée, cette compagnie fut l’ancêtre de la SNCF pour le Sud Est de la France ...). La profession des parents va conduire la petite famille de “maisonnette” en “maisonnette 3544 ” à quelques déménagements toujours dans le Forez. Elle était la troisième de sept enfants. Elle eut elle-même cinq enfants, après s’être mariée sur le tard (31 ans), elle perdit son mari en 1958, depuis tous les jours, elle pense à lui. Je l’ai interviewée à propos de la cuisine car, malgré son âge, Marguerite Marie, qui vit avec sa fille Monique restée célibataire, fait toujours la cuisine de la maison. Elle est en fait un fin cordon bleu. Elle s’applique dès qu’elle en trouve le temps à essayer des recettes dans des livres ou les revues que lui apporte sa fille. D’où lui vient ce goût pour la cuisine ? Comment est-il né ? Comment a-t-elle a appris ? Laissons la raconter quelques anecdotes.

A 12 ans, une fois réussi mon certificat d’études, je fus placée à la louée 3545 dans une ferme. Cette ferme était occupée par un couple et cinq enfants,dont deux en bas âge dont je m’occupais toute la journée. Le plus souvent malgré mon jeune âge, il m’appartenait de préparer le repas de midi. C’est sans doute ici que j’ai appris à faire la cuisine toute seule ou presque.

Je me souviens plus particulièrement de l’épisode “des pommes de terre retournées”. La patronne m’avait dit : “Tu feras cuire des pommes de terre.”Un drame pour moi : Chaque fois les pommes de terre qu’on faisait cuire dans du saindoux s’écrasaient quand on les retournaient à la fourchette dans la poële. Ce jour là, au risque de tout faire tomber par terre, mais il n’y avait personne à la maison, je pouvais donc le tenter, ni vue ni connue, je décidai de faire tourner la poële. C’est depuis ce jour que j’ai pris le coup de main...et que je sais faire tourner ...les crêpes...

Entre 1916 jusqu’à 1931,(l’année de mon mariage ), je fus placée comme bonne chez un gros minotier de la région de Montbrison, nous mangions très souvent du poulet. Le jus n’était pas très réussi, un jour je décidai de mettre de l’arôme “Patrel “ qui n’était pas prévu en principe à cet effet. Je mis des oignons grillés pour lier le tout. Et chacun me félicita. Depuis j’emploie cette recette chaque fois que je fais du poulet.

Je préférais faire la cuisine au fourneau comme autrefois. Certains plats gagnent à être mijotés le plus longtemps possible, 24 h au moins, par exemple des soupes potages et des tripes spécialement celles à la mode de Caen que mes enfants trouvaient délicieuses. L’arrivée des cuisinières modernes ne permet plus ce travail très lent de la mijotée à feu doux. C’est dommage.

Le premier plaisir de la cuisine c’est le marché, choisir le bon produit à bon marché auprès du bon fournisseur.

A ce sujet j’ai mes habitudes et je n’en déroge pas.

Dans les fêtes de famille, c’est encore moi qui fais la cuisine ou qui en “dirige les commandes “.

Marie Marguerite a toujours été une femme très débrouillarde pour se tirer des situations les plus difficiles. Est-ce parce que très tôt des responsabilités lui ont été confiées ?

Pendant la guerre je devais faire mon savon moi-même.

En ce temps de pénurie, avec le coton des sacs de farine, que j’effilai, je fis des culottes pour mes filles 3546 .

Ce fut très dur : Je me souviens d’avoir dû peser la part de pain de mes enfants avant d’aller à l’école tant le rationnement était difficile.

Cela m’a fendu le coeur, mais je l’ai fait.

Quelques mots pour justifier du titre de chaque portrait :

L’autodidacte confronté à l’université.

Pour M. Raymond QUITAUD l’Université est symbole du savoir sacralisé. Les groupes de chercheurs amateurs, de convivialité, d’un savoir partagé et d’une communauté humaine et solidaire.

L’autodidacte et la loi du marché.

Gérard MANGEOL est en butte à la rentabilisation de ses recherches, de son travail. Comme R. QUITAUD, il est amoureux d’une pureté du geste artisanal alliant faisabilité rigueur et esthétique.

L’autodidacte révélé tardivement.

Une première rencontre de Christian PRATOUSSY, adolescent, avec le théâtre, lui ouvre un monde autre insoupçonné et provoque même une certaine inadaptation professionnelle. Une seconde rencontre avec la terre par le jardin, simultanément aux Sciences de l’Éducation et le métier d’enseignant augurent d’un renouvellement. Il renaît à son avenir en retrouvant ses racines.

L’autodidacte et la force d’opinion.

G. H. KAPPERS pense toujours que la force d’opinion est incontournable et constitutive de la personne. Idées personnelles sur ” l’intérêt bien compris de l’autre”, et “ The fondamental thinking”.

Autodidacte pour réussir.

Haouès ZIAINA, étudie pour réussir ; le modèle de son père est très influent, ainsi que le désir de porter des valeurs humanistes d’une culture à l’autre, de l’autre à l’une.

Autodidacte par opportunité.

Ce qualificatif n’est pas à lire avec une connotation négative. Le bon sens et l’esprit d’anticipation conduisent Henri à saisir une opportunité pour devancer, par exemple, un licenciement probable ; le contraignent à poursuivre chaque fois, plus loin, son cursus. Rejoignant Haouès, la motivation est davantage sociale que didactique, même s’ il cherche, lui, plus une adaptation qu’une promotion.

Autodidacte par opposition.

Alphonse IGLÉSIAS dit se construire à partir des anti-modèles de son enfance d’enfant abandonné. Aujourd’hui, il semble, à partir d’une sublimation positive et altruiste, puisée dans des rencontres, s’ inverser les données d’une vie qui reste, à ses yeux, un combat : il la compare à une partie de rami.

Autodidacte en butte au principe de réalité.

Michel DELCOURT semble s’être brûlé les ailes à des lumières trop vives qu’il voulait atteindre et rejoindre. La rencontre avec le Christ réconcilie l’homme avec la réalité dans une tension nouvelle.

L’autodidacte réconcilié.

Anton CABALLÉ est réconcilié dans son geste et sa pensée par une longue existence et une foi confiante. Tout se relie par la prière.

L’autodidacte insoumis.

Théo FRANTZ est un créateur qui se construit dans cette insoumission radicale aux normes, qui retrouve, à partir de l’expression, le lieu d’une responsabilité grandissante.

L’autodidacte confortée.

Il y a, dans la démarche de I, elle, à qui aucune entreprise manuelle n’a jamais résisté, la recherche d’une reconnaissance de ses capacités intellectuelles. Aujourd’hui, progressivement, cette reconnaissance semble venir, surtout de la part d’elle-même, vis à vis d’elle-même.

L’autodidacte en quête de lui-même.

Nordine BOUNDAOUI, entre deux cultures qu’il veut réunir, en quête de lui-même plus que de reconnaissance, exprime des idées intégralement originales sur le monde, le savoir, l’homme, la vie. L’autodidacte dans la course handicap.

On retrouve chez Patrick B. un besoin de reconnaissance, semblable à celui de Alphonse, mais ici il existe une circonstance sinon plus objective, un handicap, reconnaissable à l’oeil nu. Abandonné à la naissance il retrouve, en même temps que sa mère et le fil de sa vie, une pacificatrice, foi en Dieu.

Autodidacte en cultivant son jardin.

Noël P. n’est pas Zadig. Il n’en vient pas à cultiver son jardin, après avoir tout épuisé de ses aventures et découvertes en ce bas monde. Il retrouve là ses racines et les autres, il préfère voir grandir que cueillir; car, cultivant son jardin, il plonge dans la réalité des choses, il puise à une sève.

Autodidacte en faisant bouillir la marmite

Marie Marguerite, un peu comme Noël P., fait très bien ce qu’elle n’a jamais appris à l’école. Ici c’est par la mise en situation de responsabilité qu’elle semble être née à l’équilibre et à la responsabilité.

En conclusion à la première partie, en introduction à la seconde.

Quinze portraits ont donc été présentés selon, à peu de chose près, l’ordre chronologique de leur constitution 3547 . Cet ordre n’est pas sans intérêt. En effet, peut se lire ainsi implicitement l’évolution de l’idée même de l’autodidactie qui fut le centre d’intérêt de cette recherche. Commencée par des autodidactes reconnus elle se termine par une réflexion sur le geste autodidactique commun à tout un chacun. Ces entretiens étaient vraiment des entretiens sous forme de questions réponses sans véritablement une organisation autre qu’une certaine constance dans les thèmes abordés : modèles, communication des savoirs avec d’autres etc ... C’est à dire que ma propre évolution sur la perception de la question infléchissait les questions posées, et donc la nature même des réponses. C’est à dire aussi que la nature des réponses pouvait infléchir le type des questions posées.

L’écriture a été faite a posteriori et présentée autant que possible aux personnes interviewées qui y ont porté parfois quelques corrections.

Les personnes interviewées sont donc, nous l’avons dit, issues de deux “fournées”.

Constituant la première “fournée”, des personnes qui ont participé à la collection arc-en-ciel : matière du mémoire de Licence. Pas à proprement parler des autodidactes mais des témoins ayant participé à un “geste pédagogique commun”. L’intérêt ici est le rapport entre singularité et projet commun né lui-même, d'une certaine manière, d’un geste autodidactique. Ces interviews, au nombre de neuf, furent réalisées en été 1992 et vont être rendues compte dans la partie qui va suivre.

Juin Juillet 92

Notes
3485.

Dom HELDER CAMARA “Mille raisons pour vivre “ Seuil Paris 1980 ; 121 pages , (p.98).

3486.

Nous retrouverons cette image contrastée de l’enfance, entre l’instituteur du primaire M. LEFEBVRE, et l’institutrice de maternelle Mme ROBERT, dans l’opposition entre le monde universitaire ou le savoir institué “scolairement “ et les amis du groupe archéologie. Cette opposition se retrouvera tout au long de l’itinéraire de M. R. QUITAUD pour qui, apprendre et enseigner procèdent d’un même acte de convivialité et, pour qui encore, les rigueurs institutionnelles resteront insondables et mystérieuses, références guère contournables en même temps que porteuses d’une certaine sclérose .

3487.

Deux” figures” majeures de la résistance stéphanoise. Lucien NEUWIRTH est encore aujourd’hui sénateur et conseiller régional.

3488.

Un livre sorti dans ces années-là, a révolutionné le regard sur cette époque de l’histoire et fut un best seller :

“Pour en finir avec le Moyen -Âge” de Régine PERNOUD Seuil Points histoire Paris ... 1979

3489.

Société de Construction Exploitation de Matériel Moteurs

3490.

La théorie deviendrait alors idéologie

3491.

Université possède la même racine qu’universel ; paradoxe !

3492.

Dans ce cas les deux approches se nourrissent l’une l’autre l’une fournissant la matière l’autre la systématisation permettant entre autre l’exploration systématique des possibles.

3493.

Dans ce sens nous pouvons dire que le tâtonnement empirique des anciens a permis la connaissance foncière sur laquelle la technologie moderne peut s’appuyer pour rebondir.

3494.

Voir dans la rubrique “ Annexes des annexes” en fin de ce document la reproduction que fait M. QUITAUD pour son groupe archéologie de ce code universel de classification des pièces de monnaie.

3495.

Remarquons ici l’intérêt pour la préservation ou la construction du savoir commun .... Notons au passage que la motivation pour les recherches menées sont à chercher dans la fidélité en amitié parfois un besoin ressenti profondément, jamais dans une prescription autoritaire d’un groupe de recherche plus conventionnel . Trois niveaux d’ouverture et de recherche d’utilité pour les autres :

-Le plan du groupe direct des compagnons de recherche, du groupe archéologie,

-Une mise à disposition par rapport au groupe universitaire,

-Une ouverture enfin sur le monde quotidien de tous les jours et les manques que M. QUITAUD note dans l’enseignement de l’histoire de ses petits enfants.

3496.

“Entretiens avec C. H. ROCQUET” Belfond 1982 256 p

3497.

Auteur également d’un ouvrage chez le même éditeur “Le geste et la parole”

3498.

Nous verrions se distinguer, comme par profil, deux types de découvertes, celle qui exprime le subjectif d’une pensée celle qui révèle l ’objectif d’ une observation. Le problème est que la part subjective dans les deux cas est très présente. L’objectivité ne peut faire l’abstraction du regard porté, depuis la théorie de la relativité de EINSTEIN, même les observations des sciences physiques sont considérées comme telles, à plus forte raison donc, dans les sciences de l’homme .. . Alors comment distinguer encore les unes des autres, sciences dures et sciences molles observations à caractère objectif et observations subjectives ? Il nous semble puisque la distinction n’est plus de mise qu’elle ne serait plus à faire, mais que toute démarche authentique, rigoureuse et honnête devrait commencer par ne point éluder ses a priori dans l a mesure même du possible et exprimable. I l s’agirait donc d’une partie intégrante de la démarche et non d’une simple fantaisie. Ne connaissant, ni la préhistoire, ni la qualité du livre de LEROI-GOURHAN, je ne peux me prononcer sur ce sujet pour dire si cette élucidation y est, dans ce cas, effectivement suffisante.

3499.

Ici, l’erreur devient faute ; là, elle était éducative. Opposition (irréductible ?) entre les lois de l’ économie et de l’ éducation.

3500.

Charles MANGEOL rejoint ici ALAIN et BACHELARD ; voir document principal .

ALAIN “Humanités” PUF Paris 1960 ; réédition ; (224 pages).

BACHELARD Gaston "La formation de l'esprit scientifique" édition J Vrin . Paris 1989 (14° édition ) ; (252 pages).

3501.

En fait, tout n’est peut-être pas si simple : le théâtre est certes du côté du signifié (le texte, la mise en scène, l’interprétation des acteurs ... sont des signifiés au sens sémiologique du terme), mais ce signifié se présente pour le spectateur comme un signifiant. Pensons à Ariane MNOUCHKINE directrice du théâtre du Soleil, et aux mises en scène (spécialement 1789) conçues comme des scènes de la vie quotidienne se déroulant simultanément, et dont le spectateur doit faire le choix subjectif de sélection et d’interprétation. Le théâtre est certes un signifié, mais comme toute oeuvre d’art, il permet plusieurs lectures, alors ne serait-il pas plus juste de dire que le théâtre propose à partir d’un signifié élaboré sous la forme d’un signifiant, des signifiés multiples ... se reporter, à la page 26, à ce que dit Christian PRATOUSSY au sujet du misanthrope et de l’évolution des interprétations successives de cette même histoire ...

3502.

Marc Alain OUAKNIN “ Concerto pour quatre consonnes sans voyelle “

En sous titre : “Au delà du principe d’éternité.” chez Balland 1991 372 pages

3503.

PEIRCE C. S. “Textes fondamentaux de sémiotique” traduction de l’américain. Méridiens Klincksieck Paris 1987 128 pages. Il est peut-être significatif que Christian mentionne PEIRCE (1839/1914) ( qui outre avoir été le créateur de la sémiotique (voir le tableau) a travaillé dans la proximité du pragmatisme de la philosophie W. JAMES (1842 1910) et du père des méthodes actives qu’est J. DEWEY (1859/1952); l’école de la philosophie pragmatique se distingue par le refus de lire la pensée en dehors de sa concrétisation qu’est l’action. Dans ces apprentissages hors norme la liaison entre l’acte et la pensée se devait de toute façon d’être posée autrement. Pour W JAMES la réussite et l’utilité sont les critères de vérité tout autant dans l’expérience religieuse et la connaissance scientifique. Il n’est pas inintéressant de noter ces parentés.

3504.

Je ne puis m’empêcher de penser au “Dictionnaire des mathématiques élémentaires” de Stella BARUK Seuil Paris 1992 (1323 pages) qui réduit toutes les difficultés des questions mathématiques traitées dans les programmes scolaires à des questions simples.

Formé par le livre de Stella BARUK cité par Philippe TERRAIL (in “le nouvel observateur” l’article”les maths en kit” 31 Décembre 1992 p. 59 ), un architecte dit : “Il y a une distance énorme entre le point de vue de l’enseignant et celui de l’élève... Leurs évidences ne sont pas les mêmes. Au départ, l’élève tente toujours de fabriquer un sens mais, quand ça ne colle vraiment pas, il finit par y renoncer. Peu importe que ça ne veuille rien dire, du moment que ça marche. Par rapport à ce mode de fonctionnement il n’est pas révolutionnaire de penser que ce qui n’a pas de sens n’est pas mathématique. Mais cela suppose une mise en débat des deux points de vue. Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un de partager votre point de vue sans accepter un minimum de débat. Et là vous commencez enfin, à faire des mathématiques”.

3505.

K. S. KAPPERS semble rejoindre

Bertrand RUSSELL “La méthode scientifique en philosophie”. Petite bibliothèque Payot Paris 1971 250 pages.

(1° édition française 1928 chez Vrin.)

3506.

“Le gone du Chaâba” Azouz BEGAG Editions du seuil 1986 Paris ; 243 pages; Dans cet ouvrage plein d’humour et de chaleur humaine, Azouz BEGAG auteur d’origine algérienne, immigré de la deuxième génération, qui vécut son enfance dans la proche banlieue lyonnaise, montre, entre autre, à quel point, il eut honte de sa mère venue l’attendre à la sortie des classes, et comment il fit mine de ne pas la connaître pour ne pas perdre la face devant ses amis...

Il montre aussi comment les attentions des professeurs pour prendre en compte sa différence avaient le don de l’exaspérer, lui, ne voulait être considéré, que comme un élève parmi les autres. ..

3507.

Diplôme d’Education et Formation d’Adultes.

3508.

Diplôme Supérieur de Travailleur Social

3509.

En effet Manufrance devait déposer son bilan, quelques années plus tard.

3510.

On dit aussi IUT

3511.

On dit aussi ENNA

3512.

On dit aussi AJED

3513.

On dit aussi PARI

3514.

Direction départementale de la protection sanitaire et sociale.

3515.

Brevet d’Etudes premier Cycle Secondaire.

3516.

Brevet d’Animateur et Formateur d’adultes.

3517.

Volontariat Assistance Technique

3518.

LABORIT Henri “L’éloge de la fuite” Laffont Paris 1976 ; (240 pages).

3519.

Michel connaît parfaitement l’oeuvre de LANZA DEL VASTO, et il fut particulièrement marqué par “La trinité spirituelle” (Denoël 1971 Paris 210 pages). Dans cet ouvrage LANZA DEL VASTO y définit la raison comme formée de trois principes ( p 62) :

“Le principe d’unité

“Le principe de Communication”

Le principe d’Universalité.”

Il différencie d’autre part :

“La Raison Intellective, c’est la logique

La Raison Sensible, c’est l’Esthétique

La Raison Active enfin, c’est l’Éthique” (p. 63)

LANZA DEL VASTO lance un réquisitoire très fort contre la modernité et les philosophes de celle-ci ...

3520.

Marcel LÉGAUT garda un cercle d’intimes et d’amis “les amis de Marcel LÉGAUT “ , et continua de publier des ouvrages jusqu’à sa mort récente .

On peut lire : LÉGAUT Marcel “Intériorité et engagement” Aubier Montaigne Paris 1977 ; (252 pages).

3521.

Lire l’évangile de Luc X 21 ou Matthieu XI 25

3522.

Carl Gustav JUNG (1875/1961). JUNG rejoint en partie ADLER (1870/1937),tout comme lui, ancien élève de FREUD. Il refuse d’attribuer à la libido un caractère exclusivement sexuel, mais y voit le lieu de l’émergence d’une universelle conscience.

3523.

LAUTREY Jacques (cité par I) dans “ Classe sociale milieu familial intelligence” 1° édition en 1980 PUF Paris( 283 pages.) définit trois types d’éducation familiale, la première est coercitive la seconde est souple la troisième est aléatoire ou laxiste...

3524.

Selon la typologie de Antoine De La GARANDERIE (cité par I) du VAKOG -Visuels, Auditifs. Kinesthésiques : cette dernière catégorie comprenant les Olfactifs et les Gustatifs

3525.

I . dira se souvenir de ce professeur de français plus tard au moment où elle va reprendre des études et en particulier lorsqu’elle va commencer son entrée dans la PNL

3526.

Au même titre que Françoise SAGAN, Anaïs NIN par son célèbre journal, fait figure de symbole d’une nouvelle idée de la femme libre et indépendante, pour les générations féminines de l’après guerre “Ce que j’ai à dire (...), est tout à fait distinct de l’art et de l’artiste. C’est la femme qui veut parler. Et ce n’est pas seulement la femme Anaïs qui veut parler. Je dois parler au nom d’un grand nombre de femmes. A mesure que je me découvre, je sens que je ne suis qu’une parmi tant d’autres, un symbole. Je commence à comprendre, les femmes d’hier et d’aujourd’hui. Celles du passé, privées de la parole, qui cherchaient refuge dans des institutions muettes, et celles d’aujourd’hui, toutes livrées à l’action, qui copient les hommes. Et moi entre les deux ...” Le journal d’ Anaïs NIN “(1931-1934) p7 (introduction par Gunther STUHLMAN en date de Octobre 1965 où elle est citée par l’auteur ). Stock 1966 510 pages

3527.

Ce mot est utilisé par I. elle entend par là ”prendre modèle sur”

3528.

Programmation Neuro Linguistique.

3529.

Diplômée de l’école privée du centre européen de Recherche et de formation de la PNL.

3530.

Palo Alto en Californie,-célèbre par les travaux de WATZLAWICK auteur de “Pragmatics of human communication” mettant en évidence le double bind dans la relation inter individuelle dans de petits groupes suite aux travaux de Grégory BATESON mettant en évidence ce type de relation à double message contradictoire avec un des parents dans le développement de la schizophrénie.

3531.

A partir d’un document extrait de l’ouvrage de Alain CAYROL et Josiane DE SAINT-PAUL Inter éditions 1984

3532.

les fondateurs de la P N L en 1975 à Palo Alto : le linguiste J GRINDER et le mathématicien psychologue R BANDLER...tous deux psychologues

3533.

Jean Pierre CHANGEUX “L’homme neuronal” Ed. FAYARD Paris 1983 379 p.

3534.

Hélène TROCMÉ FABRE “J’apprends donc je suis” Introduction à une neuro-pédagogie” Ed. Organisation 1987, 276 p

3535.

“Les sciences de l’homme sont à la mode. On parle et on écrit beaucoup, que ce soit en psychologie, en linguistique ou en sociologie. L’impasse sur le cerveau est, à quelques exceptions près, totale. Ce n’est pas un hasard. L’enjeu paraît beaucoup trop important pour cela. Cette négligence délibérée est cependant de date relativement récente. Est-ce par prudence ? Peut-être, craint-on que les tentatives d’explication biologique du psychisme ou de l’activité mentale ne tombent dans les pièges d’un réductionnisme simpliste ? Alors on préfère déraciner les sciences humaines de leur terreau biologique. Conséquence surprenante: des disciplines au départ “physicalistes”, comme la psychanalyse, en sont venues à défendre, sur le plan pratique, le point de vue d’une autonomie quasi complète du psychisme revenant à leur corps défendant au traditionnel clivage de l’âme et du corps.” Jean Pierre CHANGEUX 1983 page 8

3536.

GIBRAHN Khalhil “Le prophète” Albin Michel Paris 1991 ; (130 pages). Nouvelle édition.

3537.

Sa mère travaillait au paire à Londres ...

3538.

Le terme juridique est abandon explicite, d’où le fait de ne pas être adoptable tout de suite lorsque Patrick eut un an elle fut contrainte à signifier l’abandon avec une souffrance indicible ...

3539.

Ceci n’est que phonétique.

3540.

Elle s’est mariée en 1959 et a aujourd’hui 5 enfants ...

3541.

Diplôme d’Etude Fonction d’Animation.

3542.

Il était considéré comme un cas clinique il faisait l’objet de l’attention toute particulière des équipes médicales et psychologiques.

3543.

Il s’agissait des jardins du Père VOLPETTE, un prêtre qui, dans le quartier de Saint-François, à la fin du siècle dernier, acheta et louait, pour des prix modiques, des parcelles à la disposition des ouvriers. Ces jardins existent toujours à Saint-Étienne.

Noël P. reçoit toujours le journal de l’association, le prix actuel pour la location d’une parcelle est de 100 F par an.

3544.

C’est ainsi qu’on appelle la maison à côté du passage à niveau.

3545.

Expression locale signifiant : un statut de pensionnaire, d’aide à tout faire. Marie Marguerite retournait le dimanche seulement chez elle.

3546.

Elle travailla pendant trois ans, à la fin de ses études scolaires, dans un orphelinat où elle devait essentiellement coudre . Elle avait appris la couture à l’école communale.

3547.

Pour des raisons techniques, le portrait de Théo FRANTZ n’est pas à sa véritable place. Il pourrait se situer à la place du portrait numéro 5. Parfois, certains entretiens se sont chevauchés dans le temps. Les interviews de Théo FRANTZ et G. H. KAPPERS ont été effectués en langue anglaise et ont donc demandé une traduction personnelle, un temps prolongé de rédaction.