12 La question de la précocité d’une pensée” philosophique “

Très souvent, comme nous l’avons vu, ANDERSEN conduit l’enfant à des questionnements philosophiques sur le rapport entre raison et sentiment, par exemple. Une école du dialogue et de la conviction où chacun exprimerait craintes et certitudes personnelles, où très tôt la question du pourquoi “fondement de la question philosophique” serait sollicitée par l’adulte auprès des enfants, est invitée donc à voir le jour. La lecture des contes conduit à ne plus considérer la question du pourquoi comme une question strictement privée même si chaque réponse reste forcément personnelle, mais invite au contraire les uns et les autres à prendre en compte cette préoccupation comme une réalité incontournable ne serait-ce que pour comprendre l’oeuvre et le personnage mais aussi aider à donner sens à notre existence. Une telle question posée dès l’école primaire conduirait chacun : enfants et maîtres à un tout autre regard vers l’extérieur de l’école comme sur son intérieur, à revoir la distinction entre privé et public autrement dit particulier ou singulier et universel 3615 l’un se fondant désormais sur l’autre et réciproquement.

Notes
3615.

Les principes de justification tels qu’ils sont perçus par Laurent THÉVENOT et Luc BOLTANSKI et l’opposition devenue classique par exemple entre le principe éthique- l’universel et la valeur- et le principe domestique - le particulier le familial - serait à mettre en cause radicalement. L’universel serait dans le particulier de chaque démarche et dans sa singularité. Voir Luc BOLTANSKI et Laurent THÉVENOT ”De la justification les économies de la grandeur” Gallimard Paris 1991.