Annexes numéro 8. Célébrations chrétiennes

Prédication pour Marine en l’église réformée de Saint-Étienne

Maison de l’amitié

Pour la demande d’entrée en communion de Marine 11 ans

maman catholique

papa protestant

Daniel III 1 à 24 Le 12 Décembre 95

La Bible ne nous apprend pas seulement beaucoup de choses sur Dieu et sur l’homme, mais elle nous révèle Dieu et l’homme dans une histoire, l’histoire de l’alliance que nous avons évoquée dans ce culte, depuis Noé que les enfants de la catéchèse ont étudié, jusqu’à nous ici rassemblés à cause d’elle pour l’accueil de Marine , histoire que je vais retracer ici, très rapidement.

Dieu créa l’homme, homme et femme, à son image, comme une image de lui-même, nous dit le livre de la Genèse. Cela signifie donc que l’homme fut créé à la ressemblance de Dieu. C’est donc important, essentiel, un homme, une femme.

Mais l’homme s’est séparé de Dieu, il a voulu goûter au fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’homme ne pouvait rien comprendre au bien et au mal sans Dieu, il n’était que l’image de Dieu, il n’était pas Dieu lui-même et il s’est retrouvé nu, et il a eu honte, et il a succombé dans le péché, la mort le meurtre, le malheur.

Alors Dieu a décidé d’intervenir,car Dieu ne cesse de chercher l’homme.

Noé était un homme sur qui il pouvait compter. Et Dieu décida de tout recommencer à zéro avec lui.

Au temps du déluge, Noé participa à la survivance du monde, en mettant dans son arche un couple d’animaux de chaque espèce comme Dieu le lui avait demandé.

Et Dieu fit alliance avec Noé. L’arc-en ciel en est le signe.

Noé qui n’était pas un héros, mais homme écoutant et se confiant en Dieu reçut une parole, une promesse :

“Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur , l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne passeront pas.”Genèse VIII 22

Dieu a fait le premier pas.

Il a eu pitié de l’homme, il a posé en quelque sorte sur le monde ancien, les prémices d’un monde nouveau, d’une terre nouvelle, assorties d’une parole, promesse qu’il a tenue jusqu’à aujourd’hui.

Et tous nous savons que le monde n’est pas un désordre ambulant, mais que le jour se lèvera après la nuit, et que les semailles et les moissons, le froid et la chaleur, les saisons se sont succédées, se succèdent et se succéderont de partout sur la terre, sans que nous ayons rien à faire pour cela, par pure grâce.

Nous avons reçu comme un premier héritage, comme un signe, cette alliance faite avec Noé. Nous avons reçu en retour une première foi toute naturelle inconsciente, presque indicible, que tout être vivant possède, pour laquelle nous n’avons rien à faire, qui nous est comme donnée en naissant.

Nous vivons tous en effet, que nous nous disions croyants ou incroyants sur cette même terre, don de Dieu. L’arc-en ciel et la colombe sont aujourd’hui pour tous des signes, signes de paix. Ces signes nous viennent de l’histoire de Noé que nous raconte la Bible.

L’ordre naturel des choses est installé dans le monde par la création, certes, mais comme visité une première fois par Dieu par cette alliance, cette promesse adressée à Noé. Mais le Dieu vivant ne s’est pas contenté d’un seul premier pas, qui pourtant déjà nous assure d’une possibilité d’existence et d’un élan vers la vie. Dieu s’est engagé de plus en plus pour arracher l’homme à la mort. Cette alliance a été précisée et renouvelée avec Abraham à qui Dieu promet une descendance nombreuse et une terre, puis à travers Isaac, Jacob le peuple d’Israël, jusqu’à nous.

Puisque c’est l’homme lui-même qui est créé à image de Dieu, Dieu interdit à l’homme de se faire une image de lui et d’ adorer cette image comme s’il s’agissait de Dieu. Car Dieu est vivant, il ne peut être l’image d’une image.

Dieu a donc choisi d’inverser les choses et de se révéler lui-même dans l’histoire des hommes, l’homme ne pouvait rien connaître au bien et au mal sans lui, alors c’est lui Dieu qui l’enseignerait.

À Moïse, entre, selon différentes conclusions d’études, mille deux cents et mille cinq cents cinquante ans avant Jésus Christ, fut révélée la loi. “Je mets devant toi le bien et le mal, la vie et la mort, choisit la vie “ dit encore Dieu. Mais Israël était un peuple bien ordinaire, et en cela nous lui ressemblons complètement. Si son Dieu est tout différent des autres dieux, ce peuple eut du mal à le comprendre, à suivre ses instructions, il voulait tellement ressembler aux autres peuples.

Ainsi, la promesse faite à Abraham, d’un pays et d’une descendance, tarda à s’accomplir. Israël gagna des victoires, mais enregistra aussi des revers, et une partie de sa population fut dispersée parmi les nations voisines, il y a en particulier une partie de la population déportée dans la puissante Babylone.

Le texte qui a été mimé par les enfants sur une lecture de Christophe AMEDRO est celui qui raconte l’histoire justement de trois jeunes hébreux Hanaya, Michael, et Azarya (Schadrac, Méschac, Abdel Négo dans leur nom babylonien) qui refusent de se prosterner comme devaient le faire tous les fonctionnaires du puissant Nabuchodonosor devant une statue en or.

Ces trois hommes étaient obéissants sans doute en toutes choses, des fonctionnaires modèles peut-être, mais il est une seule chose qu’ils ne pouvaient pas faire : confondre le Dieu vivant avec une statue fut-elle en or. Par la loi Dieu avait mis devant l’homme une perspective nouvelle de discernement entre le bien et le mal, la vie et la mort, comme Hananya Michael et Azarya obéirent et mirent leur confiance en Dieu, ils furent délivrés du feu.

Venons en au texte de l’évangile qui se situe justement du temps de Jésus. Bien longtemps après Noé, donc.

Les sadducéens étaient des hommes intellectuels rationnels qui ne croyaient pas à la résurrection. Ils scrutaient pourtant la loi révélée à Moïse mais ne croyaient guère aux prophètes. Pourtant comme le pria saint François d’Assise, “ Donne moi de ne pas tant chercher à être compris qu’à comprendre” il est bon de chercher à comprendre. Alors, pourquoi les sadducéens ne comprennent-ils donc rien tout en cherchant à comprendre ? Ils posent une question à Jésus comme pour le faire chuter. “ De qui cette femme sera l’époux, elle qui a épousé successivement les sept frères morts successivement, sans laisser d’enfants, puisque la loi de Moïse ordonne à la femme qui a perdu son mari d’épouser un frère de la famille de son mari défunt ? “ demandent-ils à Jésus.

Sans doute que, comme Nabuchodonosor qui vivait cinq cent années plus tôt, dans l’épisode du livre de Daniel mimé par les enfants, ces sadducéens ramènent Dieu, le Dieu vivant à une idée, même racine en grec que le mot idole. L’idole n’est pas ici de pierre mais contenue dans la froide arithmétique logique de leurs propos. En ramenant Dieu à leur image, leurs idées, leurs idoles, ils veulent faire de Dieu une image de l’homme.

Ces sadducéens sont prisonniers de leurs idées, leurs idoles, leurs images ... sans l’espérance du royaume. Pour employer une métaphore photographique, ils ne s’intéressent qu’au négatif d’ une photo dont le positif serait à jamais perdu ! Ils regardent la loi mais ils la regardent du seul côté de l’homme. Ils en oublient l’alliance. Un négatif de photo ne donne pas à voir l’arc-en-ciel. Pour le voir il faut attendre la fin du développement, ou connaître déjà le paysage.

Notre condition terrestre se termine inéluctablement par la mort. Alors l’espérance ne serait qu’illusion, absence mensonge. Leur logique semble irréfutable : là Jésus sera coincé pensent-ils.

La réponse du Seigneur est adroite et claire, intelligente bien sûr et pleine de bienveillance, exempte de colère. Il ne condamne pas ces hommes. “A la résurrection les hommes ne peuvent plus mourir car ils sont pareils aux anges, ils sont fils de Dieu puisqu’ils sont fils de la résurrection” “Moïse lui-même l’a indiqué dans le récit du buisson ardent quand il appelle le Seigneur, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,” Ce n’est pas Dieu qu’il faut construire à notre image, les sadducéens avaient mal lus le livre de la Genèse, c’est Dieu qui a fait l’homme à son image, à sa ressemblance, ce qui veut dire tout autre chose.

“Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, car tous sont vivants pour lui” conclut Jésus.

La pédagogie de Jésus est vraiment admirable qui s’appuie sur la référence même des sadducéens : Moïse et la loi. 4

La Résurrection et la vie sont bien le centre , le coeur de notre Espérance. Et Jésus a comme toujours parlé et agi, acte et parole ne font qu’un en lui. Jésus ressuscita Lazare, et la fille de Jaïrus avant de ressusciter lui-même, à l’aube du troisième jour.

Il invite à regarder la photo du bon côté du révélateur, et non pas à partir de nos idées, de nos images, de nos idoles, comme le négatif de photo qu’on étudierait sans jamais nous référer à la photo véritable nous ne comprenons vraiment son message, nous en distinguons ces nuances qu’une fois la révélation terminée si nous laissons agir le révélateur jusqu’au bout.

Sans le révélateur de l’espérance du Royaume de Résurrection et de la vie, nous serions comme ces sadducéens sans espérance. Ce révélateur c’est Jésus.

Car Dieu avec Jésus s’est engagé beaucoup plus fort encore, beaucoup plus loin pour nous arracher à la logique de la mort. La révélation de Dieu s’accomplit en lui. Désormais c’est par Jésus que nous regardons le monde. Jésus est plus que l’image de Dieu, il est Dieu lui-même pour nous. Alors,nous ne sommes plus que des images de Dieu, mais appelés ses enfants, ses fils, ses amis. Jésus n’est pas une image de l’homme non plus il est l’homme. Tout à fait Dieu, tout à fait homme. Lorsqu’il donne sa vie pour nous, nous passons de la création première à une création nouvelle. Notre foi naturelle que nous avions évoquée, n’en sort pas annulée mais accomplie, fécondée. Par Jésus Christ, nous commençons à comprendre et à aimer les choses comme Dieu lui-même voit et comprend les choses.

La loi révélée à Moïse aidait à mieux comprendre entre le bien et le mal, la volonté de Dieu. Mais voici que, par Jésus, la loi s’écrit dans notre coeur, nous ne sommes plus seulement appelés à obéir mais à communier ensemble avec Dieu en Jésus Christ, ce qui est l’accomplissement de l’obéissance.

Et voici que nous entrons en communion avec l’alliance faite avec Noé. Avec le jour qui se lève gratuitement sur tous les hommes. Ainsi, nous n’aimons plus seulement nos enfants, nos proches, nos amis, mais nous bénissons et prions pour nos ennemis, ceux qui nous maltraitent. Les enfants de la Résurrection seront comme des anges dit Jésus, ils n’auront ni mari ni femme, pouvons nous imaginer ce que sera le Royaume de plénitude ? Sachons qu’Il vient. Son Amour dépasse toutes nos mesures étriquées.,dépasse toutes les Espérances.

Je suis la résurrection et la vie dit Jésus, et la résurrection n’est plus une hypothèse, une spéculation mais une personne, Dieu homme, homme Dieu, à la fois, Jésus par qui s’ouvre le chemin nouveau qui désormais nous fait passer de la mort à la vie.

La résurrection de Jésus eut lieu un dimanche, premier jour de la semaine juive. Le dimanche n’est que le premier jour de la semaine, dans la semaine juive, non pas le dernier, mais le premier augure d’un chemin nouveau..

Dimanche, aujourd’hui,le jour où tout commence.

Tout commence donc par la résurrection, là où nos idoles sont renversées, elle nous transporte du côté d’une réalité transfigurée.

“Un arbre en fleurs et un rossignol étaient amoureux l’un de l’autre. Hélas ils avaient beaucoup de peine à vivre leur amour. Le rossignol reprochait à l’arbre d’être raide comme une souche ; l’arbre reprochait à l’oiseau de trop s’agiter. Mais le rossignol et l’arbre s’aimèrent encore plus et le rossignol s’agitait moins et faisait attention aux désirs de l’arbre ; l’arbre essayait de bouger un peu plus et de répondre aux désirs de l’oiseau.”

Et le miracle arriva. L’arbre se mit à voler, et l’oiseau fleurit.

Cette histoire qui nous vient d’extrême orient, m’a fait penser à Marine à ses parents, Jean Marc, protestant, Anne, catholique, leur amour aussi a permis un miracle.

L’église protestante et l’église catholique, longtemps ont été séparées, se sont combattues, peut-être un peu prisonnières de leurs images, leurs idées, leurs idoles dans lesquelles les hommes croient enfermer si facilement Dieu.

Mais aujourd’hui, par la lumière de la résurrection, par le chemin de l’alliance, une porte nouvelle semble commencer à s’ouvrir.

Que Marine, comme d’autres avant elle, soit accueillie dans deux églises est comme un miracle (un signe en langage biblique) inimaginable il y a une ou deux générations à peine, comme cet arbre volant et cet oiseau fleurissant.

Que Dieu Amour, en Jésus, nous enseigne encore et encore les voies de sa volonté. Alors je le crois d’autres miracles viendront. Amen.