La présentation de Noël des catéchumènes (enfants entre huit et onze ans) de ESSERTES (Canton de Fribourg en Suisse) Église réformée calviniste le 20-12-96 ”Depuis plus de quatre mille ans”

Loïc : Noël, c’est la fête de la naissance, de l’incarnation de Jésus-Christ, Fils de Dieu notre Seigneur et notre Sauveur.

Cette naissance n’a pas eu lieu par hasard n’importe où et n’importe quand. Et Marie et Joseph non plus n’ont pas été choisis par hasard. Nous venons de chanter : “Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettaient les prophètes....” Et c’est vrai 3721 ! Tout au long de l’histoire du peuple juif qui nous est contée dans l’Ancien Testament , les prophètes ont annoncé et espéré la venue du Fils de Dieu. Tout au long de cette histoire dramatique, de Moïse à Siméon, tous les Juifs justes et pieux attendirent le Messie, l’envoyé de Dieu qui devait sauver Israël. Et en relisant cette histoire nous voyons qu’elle est pleine de prophéties qui annonçaient jusque dans le détail ce que devaient être la personne et l’oeuvre de Jésus.

François : Deutéronome chapitre 18 versets 18 à 20

Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi; je mettrai mes Paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je leur commanderai. Si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui en demanderai compte.”

Loïc : Sautons les siècles. Le prophète Daniel reprend la prophétie de Moïse et la précise. L’homme annoncé viendra pour régner.

Isabelle : Livre de Daniel chapitre 7 versets 13 et 14

Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme; il s’avança vers l’Ancien des jours et on le fit s’approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations et les hommes de toutes les langues le servirent.

Loïc : Mais Daniel ne s’en tient pas là. Il nous apprend autre chose encore sur l’homme qui doit venir pour régner: il révèle que son règne n’aura pas de fin.

Céline : Livre de Daniel, fin du chapitre 14

Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit.

Loïc : Cet homme sera aussi plus qu’un homme. C’est Ésaïe qui fit cette prophétie prodigieuse : cet homme sera en même temps Dieu.

Dominique : Livre d’Ésaïe, chapitre 9 versets 5 et 6

Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule; on l’appellera, Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix.”

Loïc : Et la prophétie continue de se préciser 3722 . Le prophète Michée nous apprend le lieu de son origine et de sa naissance.

Isabelle : Livre de Michée chapitre 5 verset 1

Et toi, Betlhéhem Ephrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi, celui qui dominera sur Israël,et dont les issues sont dès les temps anciens, dès les jours de l’Éternité.

Loïc : Cette dernière phrase nous en dit encore plus : l’homme qui doit venir et qui dominera le monde existe de toute éternité. Et qui seront son père et sa mère ? Là encore l’Ancien Testament ne nous laisse pas dans l’ignorance. Son Père sera de la maison de David, fils de Jessée, qu’on nomme aussi Isaï.

François : Livre d’Ésaïe chapitre 11, verset 1

Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï, et un rejeton naîtra de ses racines.

Loïc : ... et au fil des siècles, les générations se suivirent dans la maison de David, d’Isaï jusqu’à Joseph, le charpentier, comme saint Matthieu nous l’explique dans le premier chapitre de son Évangile. Et pour la mère de Jésus, c’est encore Ésaïe qui nous annonce le miracle :

Céline : Livre d’ Ésaïe chapitre 7, verset 14

C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe,

Voici, une vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils,

Elle lui donnera le nom d’Emmanuel.

Dominique : Il y a bien encore d’autres prophéties dans l’ancien Testament, des prophéties qui annoncent les moments essentiels de la vie de Jésus, ses miracles, ses souffrances, son sacrifice et sa résurrection. Mais aujourd’hui nous voulons simplement mettre nos voix dans la voix des anges et chanter tous ensemble la naissance de Jésus. Cette naissance a vraiment eu lieu il y a environ deux mille ans.

Tous ensemble : Joyeux Noël !

Une autre présentation De Noël

selon la tradition catholique de la crèche

de l’auteur napolitain

CONSOLO Vincenzo

texte écrit pour l’animation de la crèche théâtre :

“La crèche de Sicile “

d’Angela TRIPI 1° présentation à Paris le 1° Décembre 1995, suite à l’avant première à l’église Montevergine de Palerme,

texte dit par Claudia CARDINALE.

”Le coeur de la Sicile”

traduction d’après Maurice DARMON

Une aube d’un bleu intense, à gauche de la crèche, révèle une place

dont les contours dessinent les monuments variés et précieux. l’or de l’aurore fait resplendir les reliefs, les émaux, les couleurs éclatantes. À la musique, qui est comme l’écho de la tranquillité de la nuit qui s’achève à peine, succèdent brutalement les voix, le barouf d’un marché populaire.

NARRATRICE

Mais où sommes-nous ? Orient ou Occident ? Sommes-nous en Arabie ou en terre chrétienne ? Athènes, Rome ou Samarkand ? Quelle est cette confusion des monuments, cette Babel d’époques, de styles, de langues ?

Quel est ce théâtre où le temple dorique voisine la demeure du calife, où le château normand touche le palais castillan, où la rigueur classique se mêle aux entrelacs du baroque ?

Mais oui, nous sommes dans l’île de la Méditerranée où ont jeté l’ancre tous les navires colons et marchands, où se sont croisés tous les vents de l’histoire. Nous sommes dans la Sicile de Syracuse, d’Agrigente et de Palerme. Voyez les forêts d’oliviers, les jardins d’orangers Et ces champs de neige, et ces déserts, et ces enfers de souffre, et ces volcans de feu! La beauté et l’horreur se côtoient. Les enfants chantent, la dynamite explose, on offense l’innocence, on assassine la justice ...

Mais est-ce la Sicile que je parle, ou est-ce du monde entier ? Oh malheur ! Détresse ! Je ne suis plus qu’une mère sans larmes, je me pelotonne dans mon châle en cet hiver tout noir.

Une musique de violons, de cornemuses, des pipeaux, des guimbardes, des cordes, à grelots vient d’un groupe de musiciens plantés à droite de la crèche au pied d’une maison.

Oh, cette musique ... cette musique ... Elle a accompagné mon enfance. C’est la neuvaine de Noël. Les musiciens venaient jouer sous les balcons, derrière les portes. Et nous, petits enfants, nous étions là à rêver, à contempler, émerveillés, la crèche avec les anges, les moutons, les bergers, le ciel de carton, les étoiles de papier, la neige de farine. Je sens encore l’odeur de la mousse, et celle des écorces d’oranges ; j’entends encore le tintement joyeux des cloches, la voix du chanteur aveugle ... Il n’y avait pas alors, ou bien n’y aurait-il jamais la mélancolie du souvenir ?

Une tarentelle éclate tandis que la narratrice évoque des dialogues du passé.

-Eh, maestro Peppe, prenez. Du pain, des noisettes et des figues sèches. Je ne peux rien vous donner d’autre - disait une femme.

- Que Dieu vous récompense ! Joyeux Noël ! Joyeux Noël ! répondait le chanteur aveugle.

_Hola musiciens, moi aussi je veux la Neuvaine. Et je vous paye en thalers d’argent - disait un autre plus riche.

Mais ils jouaient et chantaient pour tous, pour les riches et les pauvres, ils jouaient et chantaient pour les enfants et les vieillards. Pour tout le monde était leur chant.

CHANTEUR AVEUGLE

Réjouissez-vous, pâtres,

Ores qu’est né le Messie,

Dans Bethléem, loin de tout âtre

Aux bras de Marie

À la Sainte et pieuse nouvelle

Les pauvres pastoureaux

Partirent en kyrielle

Avec les malheureux pailleaux.

Pipeaux et musettes

Vers la grotte les portèrent

Et moult chansonnettes

À Jésus chantèrent.

NARRATRICE

C’est le travail de chaque jour, la fatigue de l’homme, la voix des braves gens. Les autres, ils complotent dans l’ombre, ils répandent la terreur, ils sèment la mort. Il faudrait un gigantesque pêcheur, un saint Michel contre le dragon, il faudrait un grand miracle.

L’Ange apparaît, sortant de la mer, dans une lumière fulgurante.

ANGE PÊCHEUR

Je suis l’Angelot du Seigneur ...

Je vous dis la nouvelle,

Je vous dis le miracle,

Je vous dis le divin bonheur.

Après ce chant, le monde redevient réel, avec ses couleurs ses bruits. Un charretier marche aux côtés de son cheval.

CHARRETIER

Ce soir, à la clarté de la lune

Je vis à l’arbre les premières figues ...

Quand j’y montai, la digue-digue

Cassa la branche et n’en prit aucune

(Parlé)

Ah petit voleur, canaillou gredin Tu vas voir; je vais te rattraper, t’empoigner, te déculotter.

Tandis qu’ils disparaissent surgissent deux autres garnements qui entreprennent de voler les paniers de fruits.

PREMIER GARçON

Vite, vite, avant que le charretier revienne. Tiens les oranges, les mandarines ; voici les cédrats, les citrons doux.

DEUXIÈME GARçON

Prends les figues de Barbarie, les grenades ..

PREMIER GARçON

Attention, attention, le charretier arrive, il arrive sauvons-nous.

CHARRETIER

Chenapans. Quelle ville ! Ils tètent encore leur mère qu’ils volent déjà.

Hue avance, avance, mon petit cheval. Mais ne fais plus sonner tes clochettes. À moi, il m’est passé l’envie de chanter.

NARRATRICE

Carusi, ragazzi ... Il y en a tant et tant. Ce sont ceux des quartiers pauvres de Palerme. Les enfants de la déchéance et de la misère. Ils apprennent tout seuls à marcher, à se protéger des rats, à se battre contre des couteaux.

Ils sont beaux et innocents ! Beaucoup s’en tirent.

Les autres- Que Dieu nous garde !- deviennent féroces, ennemis de toute justice, de toute loi.

La lumière rousse marque le crépuscule. Le soleil descend derrière les colonnes d’un temple grec et incendie les champs, les maisons, les personnages.

C’est l’heure douce ; le labeur est fini ; on retourne vers les maisons ; on attend la nuit qui apaise et console. L’air s’imprègne du parfum des arômes, des légumes sur le feu, du pain dans le four, du lait frais tiré.

PREMIÈRE PAYSANNE

Quel ciel étrange nous avons ce soir !

DEUXIÈME PAYSANNE

Regardez, il semble que le soleil ne veut pas se coucher.

BERGER

On dirait un éclair figé, la queue d’une étoile ... Mais que signifie ce prodige là ?

Une roche a tourné sur elle-même, révélant la chapelle d’une église somptueuse mais à moitié détruite. Tous sont là : Marie Joseph et l’Enfant, bergers, petits voleurs et musiciens.

NARRATRICE

Dans le fracas suspendu, dans le rire qui s’éteint, dans les larmes étanchées, dans la blancheur blafarde du milieu de la nuit illuminant cette île inquiète, voici que se répète l’événement sacré: Elle renaît l’indispensable espérance. Elle naît une fois encore pour aider ce monde de douleur, ce monde privé de paix.

Moi mère de bons enfants et de fils perdus, je dénoue mon châle et, dans cette lumière miraculeuse, je me baigne et je me console.

PREMIER GARçON

Voici des oranges, Jésus Enfant, et puis des mandarines et des cédrats et des citrons doux.

DEUXIÈME GARçON

Et voici des figues de Barbarie et des grenades.

PREMIER GARçON

Nous les avions volés au charretier. Maintenant nous les lui rendons. Pardonnez-nous. Nous ne voulons pas être des voleurs.

CHARRETIER

Allez, petits polissons, nous vous pardonnons. C’est Noël.

NARRATRICE

Le voilà le prodige : c’est le sourire de l’Enfant de Bethléem, celui des bambins de Palerme, celui des enfants de tous les lieux du monde.

C’est l’amour, c’est la paix. Il est toujours présent et toujours nouveau le message éternel de Noël.

Notes
3721.

Note personnelle : En fait, faut-il sans doute comprendre le décompte du temps depuis la promesse faite à Abram il y a environ quatre mille dans livre de la Genèse XII 1 à 3 L’Éternel dit à Abram : Va t’en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.” Cette promesse est rappelée en Genèse XXII 17 (au moment du sacrifice arrêté d’Isaac ) “une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel et le sable qui est sur le bord de la mer” et XXVI 4

3722.

Note personnelle : Nous ne suivons pas ici l’ordre chronologique.