3) Ce que deviennent les enfants

C’est le même Valentin Smith qui écrit :

‘« La véritable position morale des enfants trouvés dans le monde, c’est tout naturellement la même que celle des habitants de la campagne, de la vie desquels ils vivent tout entiers, sans qu’aucun préjugé flétrissant vienne jamais arrêter leur marche, dans le tribut de travail qu’ils paient à la société. » 122
Tableau 10 : âge moyen des enfants abandonnés et part des moins d’un an (Loire, 1882-1942)
Roanne Montbrison St Etienne département
  âge moyen + 1 an âge moyen + 1 an âge moyen + 1 an âge moyen + 1 an
1842 2m 6j 3,4 % 3j 0 2 !j 1,7 %    
1852 6m 1j 20 % 2j 0 1a 4m 16j 24,4 %    
1862 4m 21j 9,8 % 0j 7,4 % 2m 29j 4,7 %    
1872 8m 24j 13,1 % 4m 2j 6,4 % 6m 13j 11,4 %    
1882 3a 9m 6j 62,5 % 2a 9m 24j 36,3 % 1a 5m 23j 34,7 %    
1892 1a 4m 21j 25,5 % 2a 2m 14j 35,3 % 2a 11m 2j 41,4 %    
1902             1a 7m 2j 26,2 %
1912             2a 1m 28j 33,3 %
1922             2a 8m 11j 30,1 %
1932             3a 9m 19j 50,9 %
1942             3a 1m 14j 39,6 %

Les enfants sont abandonnés jeunes jusqu’en 1872 (Tableau 10) ; leur âge moyen augmente fortement ensuite. Mais la part des moins d’un an reste globalement majoritaire. Le poids respectif des filles et des garçons ne paraît pas très significatif ; il est à peu près équilibré (Roanne 43,8 %, Montbrison 51,9 %, Saint-Etienne 50,9 % de filles entre 1842 et 1892, et 44,6 % pour l’ensemble du département à partir de 1902). On peut donc difficilement lire une quelconque faveur pour l’un ou l’autre sexe dans la constitution du corps des pupilles.

On passera sur les noms donnés au moment de l’abandon. Quelques incongruités sont inscrites sur les registres, des calembours par exemple, et surtout le récit de la Genèse divisé en syllabes, chacune devenant patronyme, entre mai 1857 et juillet 1858 123 . On comprendra que l’officier d’état civil, le pourtant sérieux adjoint Bougy 124 , ait eu besoin d’un peu d’imagination pour trouver plusieurs centaines de noms. Et après vérification ponctuelle dans les registres d’état civil, il apparaît que lorsque le nom de naissance est connu, c’est celui-ci qui est utilisé dans les actes 125 , ce qui rend limitées les conséquences de telles facéties. Le nom d’hospice a donc une utilité très relative : nom d’usage pour l’enfant pendant sa minorité, afin de protéger ses origines peut-être ? Il n’existe pas en tout cas pour les documents officiels. On trouvera cette litanie réjouissante en annexe 126 .

On peut voir dans l’augmentation de l’âge moyen des enfants abandonnés une des explications concernant la baisse de leur mortalité. Par ailleurs cet âge assez élevé confirme qu’il ne s’agit pas d’abandons de circonstances, mais bien d’actes de dernier ressort et dus à des circonstances extérieures ; sans quoi il eût été plus simple, et moins déchirant, de déposer l’enfant plus tôt, dès son plus jeune âge, avant d’avoir eu le temps de s’y attacher.

Tableau 11 : lieu (commune, canton) du premier placement des enfants abandonnés (Loire, 1882-1942)
Hospice Roanne Hospice Montbrison Hospice Saint-Etienne département
Saint-Priest-la-Prugne (canton de Saint-Just-en-Chevalet) 21,2 % Saint-Didier-sur-Rochefort (canton de Noirétable) 9,7 % Rochepaule (Ardèche, canton de Saint-Agrève) 7 % Saint-Martin-la-Sauveté (canton de Saint-Germain-Laval) 7,5 %
Saint-Just-en-Chevalet 11,9 % Saint-Laurent-Rochefort (canton de Boën) 8,6 % Yssingeaux (Haute-Loire) 5,2 % Saint-Just-en-Chevalet 6,5 %
Laprugne (Allier, canton du Mayet-de-Montagne) 9,8 % Montbrison 8,1 % St Etienne 5,1 % Saint-Romain-d’Urfé (canton de Saint-Just-en-Chevalet) 5 %
Saint-Bonnet-des-Quarts (canton de La Pacaudière) 6,2 % Saint-Bonnet-le-Courreau (canton de Saint-Georges-en-Couzan) 7,5 % Sauvain (canton de Saint-Georges-en-Couzan) 3,8 % Saint-Didier-sur-Rochefort (canton de Noirétable) 4,2 %
Saint-Romain-d’Urfé (canton de Saint-Just-en-Chevalet) 5,7 % Chalmazel (canton de Saint-Georges-en-Couzan) 7 % Labatie-d’Andaure (Ardèche, canton de Saint-Agrève) 3,5 % Grézolles (canton de Saint-Germain-Laval) 3,8 %

Le premier placement est rural (Tableau 11), les placements dans la ville où se situe l’hospice étant dus souvent à une attente avant placement pour raisons de santé. On retrouve les zones d’influence signalées plus haut, et la faiblesse des pourcentages montre une grande dispersion des placements, dans des bourgs ou des hameaux proches de ceux-ci.

On ne s’étonnera pas trop de l’omniprésence des zones éloignées des plaines et des grands centres ; le placement est une affaire de marges. Parce que la ville est réputée mauvaise et immorale, mais aussi parce qu’il faut trouver des nourrices se satisfaisant des tarifs de l’Administration, lesquelles sont surtout installées dans des lieux où la concurrence en ce domaine est faible. La plupart des petites villes et villages cités sont donc situés dans la montagne : Monts de la Madeleine, Bois-Noirs, Monts du Forez, Pilat 128 .

La chose est ancienne, et remarquablement stable ; on aurait sans doute pu faire la même description quelques dizaines d’années plus tôt. En 1838, en réponse à des questions du ministère de l’Intérieur sur le placement des enfants trouvés et abandonnés, le préfet de la Loire indiquait déjà que les enfants de l’Hospice de Montbrison sont le plus souvent nourris et élevés à la campagne, « où ils se fixent assez généralement. Ils augmentent ainsi le nombre des agriculteurs, parmi lesquels ils rencontrent souvent des bienfaiteurs. » A Roanne et à Saint-Etienne, les enfants sont placés en nourrice dans l’arrondissement ou les départements limitrophes, puis employés aux travaux agricoles soit par ceux qui les ont élevés, soit par d’autres qui les prennent comme domestiques 129 .

Le système du placement rural n’est d’ailleurs en aucun cas une originalité de l’Assistance publique, mais bien quelque chose de très général. En témoignent les placements organisés par le pasteur Louis Comte avec l’Œuvre des Enfants à la montagne lancée en 1893. Ce sont vite des centaines d’enfants, de Saint-Etienne d’abord, qui partent un mois et demi chez des paysans de Haute-Loire, loin de « la fournaise ardente dans laquelle ils se consument, pour les transporter au milieu des grands bois, dans les prairies et sur les cimes. » 130 Sur la carte des placements des enfants établie par Marie-France Marcuzzi 131 figurent quelques communes également fréquentées par des pupilles de l’Assistance : Saint-Romain-Lachalm, Chenereilles, Saint-Jeures, Araules, Faÿ-le-Froid ou Labatie-d’Andaure.

De même, la consultation des registres d’enfants placés par l’Œuvre Grancher de protection contre la tuberculose 132 entre 1920 et 1974 fournit des indications proches. Les communes où résident les familles d’accueil sont là aussi comparables à celles que fréquentent les pupilles de l’Assistance, dans la Loire, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme : Araules, Estivareilles, Le Mazet-Saint-Voy, Saint-Bonnet-le-Château, Saint-Hilaire-Cusson-la-Valmitte, Saint-Nizier-de-Fornas, Usson-en-Forez pour reprendre les plus fréquemment utilisées.

Même si ces associations peuvent davantage que l’Assistance publique jouer la diversité en quittant les limites du département, l’idée de base est la même : rattacher ces enfants à des racines que la vie citadine leur a fait oublier, et les faire bénéficier de tout ce que la campagne offre à profusion : bon air et espace. L’Assistance publique comme l’Œuvre Grancher (avant la Deuxième Guerre) voient d’un bon œil leur maintien sur place, comme employés et non plus comme enfants en nourrice. La contagion dont il faut préserver les enfants n’est pas seulement physique mais morale :

« Socialement, l’enfant sain, enlevé aux dangers d’un logis sombre et malsain, infecté de tuberculose, et placé pour une longue période de sa vie dans une bonne maison, en plein air, avec une nourriture abondante, devient un être nouveau, se développe physiquement et moralement. Il arrive plein de vigueur au seuil de l’adolescence, et peut alors choisir entre la vie des champs ou le retour à la grande ville. » 133

Quant à Louis Comte, il écrit, lyrique :

‘« Et qui dira les gains moraux que nos jeunes amis rapportent de leur séjour au milieu de cette honnête et laborieuse population du Velay ? Qui pourra jamais mesurer l’élargissement de leur horizon intellectuel ? Qui pourra jamais peser le degré d’initiative qu’ils ont atteint en menant une vie libre, au grand air ? Qui saura calculer le capital intellectuel et moral qui s’est cristallisé, en ce mois et demi, dans le cerveau et la conscience de nos petits montagnards ? » 134

Sans compter évidemment les gains de santé, mesurables et présentés aussi au bilan : un gain moyen par enfant de 1,6 kg et des factures ridiculement faibles chez les médecins et pharmaciens de la Haute-Loire. Il reste enfin cet espoir, ouvertement caressé, d’un rapprochement entre la population de la ville et celle de la campagne, avec un gain non seulement moral et social mais aussi des conséquences très concrètement économiques : en période de chômage, l’ouvrier se souviendra qu’il peut trouver l’été un travail chez des agriculteurs qu’il connaît. L’ouvrier d’usine se refera la santé dans un sain travail de plein air, et le paysan profitera de cette main-d’œuvre providentielle en période de grands travaux.

‘« A un autre point de vue, n’est-il pas à souhaiter que les populations des villes et celles des campagnes se pénètrent de plus en plus, afin qu’elles comprennent bien l’étroite solidarité qui relie leurs intérêts et qu’elles arrivent à cette conception très haute des choses qui montre l’unité parfaite d’aspirations qui doit exister entre toutes les catégories du corps social ? » 135

Sans doute, on n’a jamais demandé à l’Assistance publique d’adopter une vision aussi révolutionnaire, et puis les placements de Louis Comte sont volontaires et saisonniers. Il n’empêche que cette vision d’une campagne saine, pure et régénératrice est commune à la plupart des œuvres s’occupant de placement d’enfants, et que dans ce havre c’est le placement familial qui est privilégié ; cette vision d’ailleurs perdure jusque dans les années 1970 avec l’Œuvre Grancher.

Les placements à treize ans, au moment où cesse le versement de la pension et où le pupille commence à travailler, confirment cette ruralité revendiquée (Tableau 12). Et là aussi, la faiblesse des pourcentages dénote une grande dispersion des lieux de travail.

Tableau 12 : placement des pupilles de l’Assistance publique à 13 ans (Loire, 1902-1942)
Loire (1902-42) %
Saint-Etienne 6,1
Saint-Romain-d’Urfé 5,1
Saint-Just-en-Chevalet 4
Roanne 3,3
Saint-Priest-la-Prugne 3
Crémeaux 2,8
Les Salles 2,8
Saint-Martin-la-Sauveté 2
Verrières-en-Forez 2

On retrouve également l’aspect montagnard du placement, mais le poids des villes de Roanne et de Saint-Etienne montre que l’Assistance publique cède aux nécessités du temps, et admet des apprentissages de nature plus industrielle. De même les placements sont limités au département. La facilité de surveillance l’explique, comme la nécessité pour une organisation départementale de se limiter à ses administrés 137 .

Dans quelques cas même, il est question de poursuite d’enseignement ; rarement : on relève un garçon sur le point de devenir instituteur quand il s’engage dans l’armée en 1910 (quand il fait des bêtises pendant sa scolarité, l’inspecteur le menace de le placer dans une ferme…), et entre 1902 et 1942 (année de naissance des pupilles) un instituteur, une institutrice, une greffière d’huissier et un garçon qui, après l’Ecole pratique de commerce et d’industrie de Roanne, entre à l’école de Rochefort sur Mer (mécaniciens de l’aviation). Il y a aussi quelques passages en Ecole primaire supérieure ou en collège technique, mais nous n’avons rien relevé concernant un enseignement secondaire (et a fortiori supérieur) général. L’Assistance, au nom sans doute de l’intérêt général et financier du service, n’a pas pour fonction de susciter des étudiants : d’honnêtes travailleurs sont plus utiles au pays 138

Cela au besoin se fait à coup d’instructions officielles : dans les années 1920, la règle édictée est de favoriser les placements agricoles, et tel pupille qui veut faire un apprentissage de menuisier se le voit refuser « en raison de la pénurie de main-d’œuvre agricole ». La loi plus ancienne 139 avait dû être, ici ou là, oubliée.

Notons à ce propos que les pupilles sont sont strictement soumis à l’obligation scolaire ; le travail ne peut pas commencer avant le certificat d’études, mais le plus souvent il débute immédiatement après. La règle est de suivre les cours de l’école publique du bourg, même si dans quelques cas, une dérogation est accordée pour fréquenter l’école privée, soit que ce soit la plus pratique : la plus proche, ou la seule (le cas se présente en Haute-Loire), soit qu’elle corresponde mieux à l’instruction « très soignée » et « chrétienne » que la nourrice entend dispenser 140 .

Dans un cas au moins, la fréquentation des écoles privées devient objet de scandale public. Le député de Roanne, Honoré Audiffred 141 , s’en inquiète auprès du préfet, demandant en décembre 1885 si les enfants de l’hospice de Roanne placés à Laprugne (Allier) et dénoncés en novembre comme fréquentant « les écoles libres congréganistes de cette commune » y sont encore. Apparemment, l’inspecteur, saisi, n’avait pas réagi, et il avait fallu s’adresser à l’échelon supérieur, la préfecture.

Il semble bien que le préfet précédent avait donné son accord, ce qui peut expliquer les lenteurs de l’administration à revenir en arrière ; c’est sans doute pour cette raison que son successeur préfère demander l’avis du ministre de l’Intérieur avant toute décision, tout en donnant son avis sur la situation : il serait « illogique de voir l’Etat, chargé de l’entretien et de l’instruction des enfants assistés, envoyer ces enfants, non dans ses propres écoles, mais dans des écoles privées. » 142 On supposera que cette affaire, qui faisait tache au beau milieu des lois Ferry, a fait long feu ; il n’en est ensuite plus question dans les archives.

Le nombre moyen de familles où l’enfant est successivement placé est faible : entre 1 et 2 jusqu’en 1892, 4,5 à partir de 1902, mais concernant alors surtout les placements professionnels (1,7 jusqu’au certificat d’études en moyenne, et donc le reste après treize ans, lorsque le travail devient possible), preuve que l’image de l’attachement des nourriciers à l’enfant est réelle. A l’occasion, l’inspecteur se laisse d’ailleurs aller à un peu d’attendrissement : « Enfant de la maison » note-t-il parfois pour décrire la situation des pupilles au retour de ses tournées, ou encore « considéré comme de la maison ». Dans un cas même, il note :

« Cette fille sera peut-être l’héritière de ses parents nourriciers qui n’ont point d’enfants ; si cela arrive, elle hériterait d’une dizaine de mille francs. »

Il notait déjà à sa visite précédente : « N’a pas de gages mais a toute liberté dans la maison où elle est fille unique. » 143

Le modèle familial connaît son aboutissement dans les adoptions de pupilles, rares cependant : trente-quatre après 1902, soit 4,6 % de notre échantillon.

Sans surprise, les professions des pupilles également sont principalement agricoles (Tableau 13) ; et là aussi la tendance est plus nette à Montbrison. Elles sont souvent subalternes, comme le montre le poids des bergers et domestiques. Toutefois, une petite concession est faite à l’industrie à Saint-Etienne (aux 3,7 % de dévideuses, on peut ajouter 4,2 % d’ouvrières en dentelle et en soie).

Après 1902, les artisans font une entrée remarquée : boulangers, mais aussi quelques menuisiers et mécaniciens, un cordonnier, un ébéniste, deux électriciens… On compte quelques mineurs aussi, et des ouvrières du textile (tissage, bonneterie). L’éventail est socialement plus large, à la marge : un chef d’entreprise (décolletage), un contremaître en bonneterie et… un gendarme.

Tableau 13 : profession des pupilles de l’Assistance publique, Loire 1882-1942 (%)
Hospice Roanne Montbrison Saint-Etienne département
domestique 35,9 berger(ère) 53,2 berger(ère) 38,9 bonne 21,8
berger(ère) 30,1 domestique 22,6 domestique 8,4 ouvrier agricole 144 28,4
cultivateur 145 18,9     cultivateur 146 20 boulanger 3,3
        dévideuse 3,7    

Par rapport aux professions des mères, peu de progression ; l’Assistance publique ne prétend pas être un ascenseur social, mais fournir à la société, et si possible à l’agriculture, des ouvriers.

On voit peu de condamnations chez les pupilles, sinon quelques cas après 1902 dont celui d’un garçon condamné à la dégradation et à la confiscation de ses biens après la Libération (il s’était engagé dans la LVF) et deux vols dont un qualifié. Il n’y a guère plus d’envois en correction : un à Brignais, un au Val d’Yèvre, trois dans un Bon Pasteur, quatre à Mettray 147 .

Evidemment, la famille reçoit chaque année une « vêture », marque extérieure et visible de la différence de l’enfant, peut-être source de remarques ou de quolibets, surtout lorsque le pupille est dans un groupe, à l’école par exemple 148 . Mère passable, l’Assistance publique donne donc aux enfants l’essentiel : une famille et un travail. Elle accompagne, habille 149 et soutient. Elle récompense au besoin (prime à l’occasion du certificat d’études 150  : à l’enfant, l’instituteur et la famille, prime de bons soins en cas de placement continu chez les mêmes nourriciers, suppléments financiers en cas de maladie et de « soins coûteux », dot au mariage, et pas seulement aux filles, envois d’argent, pas toujours pris sur leur livret de Caisse d’Epargne, aux conscrits). Mais elle ne va guère plus loin, et laisse au hasard ou aux capacités particulières de l’enfant (et à l’occasion à l’attachement de leurs parents nourriciers) le soin d’en faire plus. Et si le cas peut se présenter, il reste rare et marginal.

Notes
122.

ADL X135, Rapport fait au Conseil général de la Loire le 24 août 1838 au nom de la Commission chargée de l’examen des questions relatives aux Enfants trouvés, op. cit., p. 56. Et p. 65.

123.

AMSE, 3Q54.

124.

BOUGY Pierre, né le 10 septembre 1800, décédé le 11 novembre 1877, conseiller municipal le 6 mai 1852, nommé adjoint (décrets impériaux) les 14 juin 1855 et 14 juillet 1860, conseiller municipal (élu) le 4 août 1855 ; cesse ses fonctions d’adjoint le 26 août 1855.

Seconde fiche : quincaillier (rentier, 5 rue du Grand Moulin—1860), né à Saint-Etienne le 8 septembre 1800, élu le 14 juillet 1846 en remplacement de Tézenas, conseiller sortant (5e section), élu le 30 septembre 1850 (élection complémentaire, 4e section), nommé adjoint par décret présidentiel du 13 mai 1852 en remplacement de Chatard, démissionnaire, nommé 4e adjoint par décret présidentiel du 29 juillet 1852. Chevalier de la Légion d’honneur (1862).

Source : AMSE, fichier biographique des élus stéphanois

Il signe les arrêtés à partir du 6 juin 1852. L’adjoint Bougy se trouve malgré tout un peu en porte-à-faux avec la législation, qui depuis 1812 recommande de « rejeter avec soin toute dénomination qui serait indécente ou ridicule ou propre à rappeler, en toute occasion, que celui à qui on la donne est un enfant trouvé. » Anne Lefèbvre-Teillard, Le nom, droit et histoire, Paris, PUF, collection Léviathan, 1990, 247 p., p. 171 (circulaire ministérielle du 30 juin 1812).

125.

Après vérification dans les registres d’état civil (AMSE, 2MiEc143, naissances) de 18 enfants abandonnés de 1853, 16 figurent au registre, sous leur nom d’état civil et non celui donné par l’hospice ; 14 ont comme témoins de déclaration à l’état civil les mêmes personnes : Antoine Bory et Baptiste Rival, employés à l’hospice ; 11 ont été déclarés par Jeanne Louvet, accoucheuse rue Royale, 55 ans.

126.

Annexe 5.

127.

Hospices de Roanne, Montbrison et Saint-Etienne : 1842-92, ensemble du département : 1902-42. Seuls les cinq pourcentages les plus importants ont été retenus.

128.

On peut supposer que l’absence d’enfants placés dans les Monts du Lyonnais est due à l’existence à Roanne d’une agence du service des Enfants assistés du Rhône, transférée à l’Arbresle dans le courant des années 1930 : AMR, 1Q66, Rapport du directeur des services d’Assistance au maire de Roanne A. Sérol, 4 mai 1938. En 1933, dans la liste des prix de journée d’hospitalisation applicables à partir du 1er janvier 1933, la Commission administrative des hospices civils de Roanne prévoit un tarif spécifique pour les Pupilles du Rhône : AMR 1Q11.

129.

ADL, X135

130.

Louis Comte, Œuvre des enfants à la montagne, Saint-Etienne, Bureau du Relèvement Social, 1902, 79 p., p. 33.

131.

Marie France Marcuzzi, Louis Comte et l’Œuvre des Enfants à la montagne, une entreprise pionnière à l’aube du XX e siècle, Saint-Etienne, mémoire de maîtrise en Administration économique et sociale, Service Universitaire de la Formation Continue, 1994, 190 p., p. 77.

132.

ADL 81J22 et 23.

133.

ADL 81J11, notice sans date mais insérée dans le compte-rendu de vingt ans d’activité de l’Œuvre Grancher (1936). A cette date, les enfants restés à gage après 13 ans chez leurs nourriciers sont, sur notre échantillon, un peu plus de 25 %. Pour l’essentiel, les autres ont été repris par leur famille : le maintien à la campagne est donc bien une façon de trouver une famille de substitution. La même notice émet l’espoir que ces enfants « feront souche de paysan ou de paysanne », mais rien ne nous permet de confirmer (ou infirmer) la chose.

134.

Louis Comte, op. cit., p. 40.

135.

Louis Comte, op. cit., p. 54.

136.

Pour la période précédente, les fiches où cette rubrique est complétée sont trop peu nombreuses pour donner un résultat utilisable.

137.

ADL X81, registre d’enfants assistés placés dans divers départements : entre 57 en 1937 et 94 en 1944, à peu près équilibrés par les pupilles placés dans la Loire dépendant d’autres départements : entre 60 en 1938 et 98 en 1940. C’est finalement très peu par rapport aux milliers de pupilles dépendants du service.

138.

Comme le fait remarquer Claude Lelièvre, Histoire des institutions scolaires, 1789-1989, Paris, Nathan, 1990, 238p., p. 122, « ce que les républicains, Ferry et Goblet, instituent, ce n’est pas l’école unique mais l’école du peuple : l’“ordre du primaire“, sublimé et renforcé par le primaire supérieur. Une autre école (l’“ordre du secondaire », avec ses classes élémentaires) est réservée aux couches sociales privilégiées : elle dispense une culture générale qui concourt aux emplois de hauts cadres de l’Administration et de l’industrie, elle permet l’accession aux professions libérales ».

139.

C’est une loi du 27 juin 1904 qui est invoquée en janvier 1920 par l’inspecteur, pour refuser à un aveugle de guerre la pupille qu’il désirerait prendre à son service, dans un emploi de bonne certes, mais en ville, et ce malgré l’appui d’un député…

140.

ADL 1204W387, on est toutefois en 1942…, et le cas est unique dans notre échantillon.

141.

Jean Joly (Dir.), Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), Paris, PUF, 1960, p. 410-411 ; à noter que, de républicain modéré, il glissera vers le modérément républicain : son adversaire habituel à la députation est le socialiste Augé, maire de Roanne ; aux législatives il soutient le candidat conservateur Joannès Déchelette dans la circonscription voisine de la sienne, contre Jean-Morel qui sera ministre d’Aristide Briand en 1910-1913.

142.

ADL X135 ; déjà en mai 1885 le maire de Laprugne avait insisté : les mères nourricières préfèreraient qu’on leur retire l’enfant, plutôt que de l’envoyer à l’école communale. Et l’instituteur donnait un chiffre en février : sur douze enfants placés par le département, il n’en voit que deux… Le dossier concerné ne donne toutefois pas le fin mot de l’histoire.

143.

ADL, X138, X144, X145.

144.

Ensemble : domestiques agricoles et ouvriers agricoles.

145.

Y compris domestiques cultivateurs.

146.

Y compris les ouvriers agricoles.

147.

Hors fiches concernant les enfants moralement abandonnés. Les traces de pupilles de l’AP sont également rares dans les dossiers de jeunes détenus dépouillés : nous avons relevé un cas, celui d’un jeune homme « placé en domesticité » par l’AP, et qui a volé 80 francs chez son patron : il a 15 ans et est envoyé en correction jusqu’à 18 ans à la colonie de Saint-Maurice (ADL, 1Y152).

148.

Jean-Pierre Renault, Une enfance abandonnée, Jean Genet à Alligny-en-Morvan, récit, Paris, la Chambre d’échos, 2000, 111p., p. 36 : « Il comprend maintenant pourquoi il ne porte pas le même nom que sa mère, Régnier-Genet , pourquoi il porte ce collier d’os blanc et cette médaille qu’il prenait pour un bijou, une parure étincelante, et ces vêtures identiques pour tout enfant trouvé. Sans le savoir, l’enfant a tout compris. Il n’est pas comme les autres. »

A notre connaissance, l’usage de la médaille, sur collier ou bracelet, n’était pas pratiqué dans la Loire, ce que l’Administration centrale a parfois critiqué (ADL X135, 30 novembre 1841, lettre du préfet aux administrateurs de l’Hospice de Saint-Etienne : « Après inspection du service des enfants trouvés et abandonnés dans le département par ordre du Ministre de l’Intérieur, il apparaît que les enfants de l ‘hospice ne sont munis ni de collier ni de boucle d’oreilles, malgré les instructions »…). Toutefois, il en est question dans l’arrêté d’octobre 1843 créant le service des Enfants assistés, et déjà en 1835 au moment de la tentative de déplacement des pupilles. Cf J. Barou, op. cit., p. 36.

149.

Dans un dossier, on trouve la liste suivante des habits fournis, selon l’âge :

Layette : 6 chemises de toile blanche (2m d’étoffe), 12 drapeaux en toile blanche de 0,80m (11m d’étoffe), 4 langes molleton (3,70m d’étoffe), 1 lange barré (1m), 2 tabliers cotonne (1,35m), 2 corsets pilou (0,71m), 2 corsets doublés d’indienne (0,70m), 1 robe pilou (1,50m), 1 robe indienne (1,50m), 2 coiffes piqué (0,50m), 3 coiffes indienne ou cretonne fine (0,70m), doublure futaine (1,50m), 1 paire de bas de laine, 1 paire de bas de coton, 1 fichu entier

1 re et 2 e vêture (enfants de 1 à 3 ans) : 4 chemises de coton écru (5m), robe pilou (1,80m), robe cotonne (2m), 3 tabliers cotonne (2,50m), 2 coiffes mérinos (0,80m), coiffes brillantes (0,40m), doublure futaine (1,50m), 3 mouchoirs de poche, 2 paires de bas de coton, 1 paire de bas de laine, 2 fichus

3 e vêture (enfants de 3 à 4 ans) : Garçons : 4 chemises oxford croisé (5m), veste, pantalon et gilet de drap, 2 nuances (1,50m) et en velours (2,50m), doublure futaine (2m), 3 mouchoirs de poche, 2 cravates, 2 paires de bas de coton, 1 paire de bas de laine, 1 casquette, 1 bonnet de coton, 3 mouchoirs de poche, Filles : 4 chemises coton écru (5m), robe foulé (3,30m), robe cotonne (2,60m), 3 tabliers cotonne (2,80m), doublure futaine (2m), 2 fichus, 2 bonnets noirs (0,80m), 1 bonnet blanc (0,40m), 2 paires de bas de coton, 1 paire de bas de laine, 3 mouchoirs de poche ; identique pour les 4e (4-5ans), 5e (5-6ans), 6e (6-7ans), 7e (7-8ans), 8e (8-9ans), 9e (9-10 ans) mais les métrages augmentent.

10 e vêture (10-11 ans) : Garçons : 4 chemises oxford croisé (6,50m), veste, pantalon, gilet en drap noir (2,30m), Filles : 4 chemises de toile 0,80 (6,50m), le reste sans changement

pour les 11e et 12e vêtures, 1 paire de souliers ; chaque année, prime de 1,50 francs pour chaussures

150.

30 francs ; c’est le premier versement fait sur le livret de Caisse d’Epargne qui accueillera le gage des pupilles.