Ce type d'organisation, structuré comme un monde clos, qui entreprend et semble ici réussir une conciliation entre production et (une certaine) répartition du profit issu de cette production, reste rare. Un observateur de la vie économique et sociale du bassin stéphanois, le pasteur Louis Comte, y voit une raison prépondérante : si les grandes entreprises n'ont pas fondé davantage d'œuvres, « cela tient, en grande partie, à ce que leurs ouvriers, les mineurs exceptés, qui habitent en général des quartiers spéciaux, sont disséminés au milieu d'une agglomération considérable et que, dès lors, il leur serait bien difficile de se grouper autour de leur usine ou de leur exploitation pour profiter des avantages que procurent les institutions philanthropiques » en question 349 . Il s'étonne également d'ailleurs du peu d'œuvres organisées par les particuliers destinées au « développement intellectuel et moral des classes laborieuses », et hésite à y comptabiliser les sociétés de musique, de gymnastique et de tir, qui ne sont que lointainement émancipatrices. Pourtant,
‘« cette population serait accessible à tous les sentiments généreux qu'on essayerait de lui inculquer. Mais, il faut bien le reconnaître, la classe ouvrière est moralement abandonnée et ceux qui appartiennent aux classes non pas dirigeantes mais responsables se tiennent systématiquement à l'écart. (...)’ ‘Peut-être est-ce à ceux qui ont beaucoup reçu qu'il appartient de donner beaucoup, c'est-à-dire de faire les premiers pas en vue d'un rapprochement qui aurait pour résultat de faire disparaître bien des malentendus et de créer un nouvel état d'esprit, une nouvelle mentalité chez les patrons et chez les ouvriers qui se manifesterait par une confiance réciproque et qui aiderait à l'avènement d'un nouvel état de choses dans lequel l'association ou la coopération pour la vie remplacerait la lutte pour l'existence. » 350 ’Louis Comte, « Situation économique et sociale du bassin houiller de la Loire », in Association Française pour l’Avancement des Sciences…, op. cit., tome 1, p. 347-369, p. 366.
Louis Comte, art. cit., p. 368-369. Ce passage montre bien cet idéal du « christianisme social » dont le pasteur Comte est un ardent promoteur à Saint-Etienne, et ailleurs, et dont les œuvres sociales de chez Holtzer peuvent donner une idée des applications.