3) Le Refuge, de la « maison de correction » au foyer de jeunes travailleuses

Le couvent du Refuge du Sauveur est présenté par Mathilde Dubesset et Michelle Zancarini-Fournel comme le parangon du « couvent-ouvroir, substitut de la puissance paternelle » 410 . Sa remarquable longévité paraît due à un rare sens de l’opportunité.

Le 2 mai 1838, la sœur Saint-Polycarpe, Supérieure du Refuge du Sauveur, écrit ainsi au maire de Saint-Etienne, annonçant l’ouverture 411 de son établissement à la suite de celui déjà installé à Lyon par les sœurs de Saint-Joseph :

‘« L’institution que je viens fonder à Saint-Etienne a pour but de receuillir dans la maison de Tardy toutes les filles que la misère a conduites à la débauche et qui mènne publiquement une vie déréglée. » ’

Elles y seront nourries et entretenues gratuitement. Grâce aux ateliers, limités au « genre d’ouvrages auxquelles des femmes peuvent se livrer », elles pourront acquérir le goût du travail et d’une conduite régulière, et perdront celui du vice. Ainsi pourra-t-on rendre à la société, où désormais elles auront leur place, « tant de personnes qui en sont maintenant repoussées à si juste titre. » Après enquête publique, il est autorisé par ordonnance royale du 26 novembre 1840.

Le travail est opposé à la débauche ; c’est un idéal moyen de rédemption : schéma classique, et moral évidemment s’agissant d’un établissement qui repose sur le modèle conventuel.

Le travail des pensionnaires est du reste le principal moyen d’existence du Refuge ; en 1867 son produit couvre même largement les dépenses de l’établissement 412 . Il connaît un certain succès : de trente-deux en 1840, ses pensionnaires sont au nombre de soixante-dix en 1867, pour dix-huit religieuses. Le taux d’encadrement est donc remarquable (une religieuse pour quatre pensionnaires), comme la stabilité de l’effectif, quatre-vingt-six en 1906 413 .

Le Refuge se trouve cependant en butte à l’hostilité et doit faire face non seulement, comme bon nombre d’établissements comparables, à une mise à sac en 1848, mais aussi à des accusations relayées par la presse parisienne en 1847 414 , de séquestration et de torture. Par séquestration, on entend le maintien dans l’établissement de jeunes filles entrées contre leur gré, à l’instigation de dames patronnesses faisant parfois peu de cas de l’avis des parents. L’accusation de torture fait référence à un usage excessif du cachot et du « corset de force », et à des punitions ressemblant fort à des séances d’humiliation publiques.

La Démocratie Pacifique du 17 octobre 1847 cite ainsi deux corsets, comparables à une camisole de force, l’un de grosse toile, moins douloureux, pour les jeunes filles qui ne sont pas au cachot, et l’autre — c’est le « corset de force » plus particulièrement dénoncé — qui « descend à peu près à mi-cuisse, les manches en sont très longues ; quand il est attaché la victime a les mains un peu croisées sur le ventre, elle ne peut prendre à boire ni à manger ; quelquefois cet instrument trop serré meurtrit les chairs et cause des plaies. » La détenue reçoit dans le cachot de l’eau et de la soupe mais, ses mains étant entravées, elle ne peut se nourrir seule et doit attendre qu’on la fasse manger, « comme les petits enfants ». Par surcroît, elle doit porter « une coiffe dont les attaches [lui] passent dans la bouche, comme le mors des chevaux. »

Le cachot est minuscule (un mètre cinquante sur deux mètres 415 ) mais presque neuf et doté d’un plancher : « On l’a construit parce que l’ancien était tout bonnement bâti sur le sol humide et que plusieurs de ces prisonnières, qui cependant n’ont jamais paru devant la justice, y ont contracté des infirmités incurables. » Une séance enfin est relatée, où l’ensemble des pensionnaires a été conduit « en présence de quelques indociles, qui avaient chacune une grosse chaîne en fer passée autour du cou en forme de cravate, et venant s’attacher derrière le dos ». Elles sont couchées sur les carreaux, le visage caché dans un linge, les cheveux épars, « et toutes leurs compagnes furent obligées de défiler en sautant par-dessus leur corps. »

Dans l’ensemble, l’enquête qui suit confirme ces accusations, malgré les dénégations de la Supérieure et la tentative de l’aumônier de minimiser les faits. Une quinzaine de pensionnaires est interrogée, mineures pour la moitié 416 . Les bâtiments, ceux de l’ancien château dit de Tardy, sont dits peu adaptés à leur nouvel usage ; ils ne peuvent cependant guère être améliorés faute d’argent. On concède que le cachot, étroit et obscur, où la jeune fille est enfermée revêtue d’un corset qui empêche l’usage des mains, y compris pendant les repas, a peut-être été trop utilisé. Cet usage doit être blâmé, et interdit. Quant aux admissions par ruse d’enfants dont les parents se conduisaient mal également, ne pouvant de ce fait donner un accord éclairé à leur enfermement, le procureur dit y avoir mis bon ordre. Pour les autres, placées au Refuge par leurs parents au titre de la correction paternelle, on ne peut évidemment parler de séquestration. Ni les horaires 417 , ni l’alternance de travail et de prières, ni la stricte clôture qui interdit tout contact avec l’extérieur ne sont condamnables. En fait, les services rendus par l’établissement conduisent à passer sur ses excès : « Cette maison est d’un grand secours surtout à Saint-Etienne, atelier plutôt qu’une ville, qui renferme une grande population ouvrière où la démoralisation s’aggrave chaque jour. » 418

On ne saurait cependant, même si c’est tentant, en déduire que la cruauté de la punition est justifiée par la grandeur du vice qu’il faut combattre, en vertu de l’adage qui voudrait que la fin justifiât les moyens. Après tout, on peut parfaitement relier ces pratiques coercitives aux mortifications physiques associées à une certaine piété ; le religieux qui bride et violente son propre corps peut-il objectivement mesurer la douleur, surtout psychologique, de l’autre, fût-il un enfant ? On est finalement proche ici des mauvais traitements qui vaudront en 1903 un procès au Refuge de Tours, et où Pascale Quincy-Lefèbvre voit un excès de l’esprit de pénitence des religieuses, voulant appliquer les macérations préconisées par les grands mystiques, non seulement à leur propre personne, mais encore à celle de leurs pensionnaires 419 . C’est en quelque sorte une dérive du modèle conventuel ; un demi-siècle plus tard toutefois, le jugement de l’opinion est différent, et l’on aboutit à un procès.

Pour autant, le Refuge conserve donc une valeur en quelque sorte d’usage, parce qu’il a fait la preuve de son efficacité, y compris auprès de ses propres pensionnaires : certaines, prenant le voile, ont désiré y rester. Entre 1838 et 1847, sur cent cinquante-neuf jeunes filles reçues, dix sont décédées, cinquante-neuf sont sorties, vingt et une ont été placées en atelier (la distinction entre ces deux dernières catégories laisse entendre qu’elles y ont été placées par le couvent, qui maintient sur elles une certaine surveillance), vingt-deux enfin sont devenues « Magdelaines » 420 .

Un nouveau règlement est cependant publié en 1853, avec l’approbation du cardinal de Bonald 421 . C’est une réponse aux événements de 1848, puisque le travail de la soie est désormais exclu explicitement, afin sans doute de ne plus ouvertement paraître concurrencer les ouvriers luddistes ; on insiste désormais davantage sur la formation initiale (lecture, grammaire, écriture) et religieuse (catéchisme). L’« ouvrage manuel nécessaire aux jeunes personnes » ensuite enseigné reste dans le vague. On peut cependant voir dans l’interdiction du travail de la soie une mesure purement conjoncturelle et transitoire, dans l’attente de jours meilleurs, puisqu’elle est limitée par un « pour le moment » (article 3).

C’est aussi une réponse aux accusations de la presse, puisque les horaires sont un peu précisés (début de la journée à 7 heures, au lieu de 4 ou 5, et coucher à 19 heures), même si on ne sait pas clairement s’il s’agit du lever ou du début de la journée de travail. Des récréations suivent les repas de midi et du soir. Les pensionnaires assistent chaque jour à la messe et récitent le chapelet pendant le travail : la précision du nouveau règlement renforce aussi sa tonalité religieuse (article 4). Les punitions sont officiellement réduites à la seule exclusion, laissant sans doute dans l’ombre quelques mesures intermédiaires comme la réduction ou la privation de récréations ou de nourriture. En contrepartie est désormais évoquée une forme de récompense, plus proche du pécule que du salaire : « les jeunes personnes » reçoivent 100 francs et un trousseau après quatre ans de présence, 200 francs après six ans, 300 francs et le trousseau après huit ans, afin de faciliter leur établissement (article 6). Une exclusion prématurée empêche évidemment toute récompense. Le « si elles en sortent » de l’article 5 laisse entendre qu’un avenir peut également être fait aux jeunes filles à l’intérieur de l’établissement, même si leur statut n’est pas précisé : plus proche de la converse chargée des tâches communes (la « Magdelaine » déjà évoquée) que de la religieuse de plein exercice, vraisemblablement.

La confiance des autorités lui reste acquise, et la Ville de Saint-Etienne, depuis 1877 jusqu’en 1907 au moins, subventionne régulièrement l’établissement, contre la possibilité d’un placement annuel de quatre jeunes filles de la commune sur demande de leurs parents 422 . Le Refuge peut accueillir, même si la chose paraît marginale, des jeunes filles condamnées à la correction par le tribunal. C’est en tout cas ainsi qu’en août 1838 y entre Benoîte Roure, 12 ans, condamnée à la correction jusqu’à seize ans. Sa pension est prise en charge par le ministère de l’Intérieur, jusqu’à sa sortie le 6 mars 1842, jour de son seizième anniversaire. Le sous-préfet de Saint-Etienne a bien essayé de la faire rester plus longtemps, ses parents étant « dans une position telle que cette enfant serait entourée d’exemples de nature à la faire retomber dans le mal », en faisant pression sur eux pour autoriser ce placement et en cherchant apparemment une personne charitable prenant en charge la pension, mais sans succès 423 . C’est le seul cas recensé de placement par l’autorité judiciaire 424 . Les autres relèvent de la correction paternelle, avec accord des parents donc et en principe sur leur demande, même si on a vu que parfois cet accord pouvait être, sinon contraint, du moins arraché par la pression.

Un état de 1885 425 cite douze jeunes filles (dont deux sœurs) entre onze et vingt ans placées par l’intermédiaire de la Ville. Trois proviennent de familles monoparentales : deux femmes séparées, une veuve. La profession de quelques chefs de famille est indiquée : un commis voyageur, deux mineurs, un tailleur 426 . Le père des deux sœurs est noté comme possédant une résidence inconnue en Italie, ce qui ressemble fort à un abandon. La situation de Rosine Allary 427 , dix-sept ans, admise en février 1891 confirme l’impression générale : son père, cantonnier, nourrit des inquiétudes sur la conduite de sa fille, sa femme est malade, il ne se sent pas capable d’exercer sur son enfant la surveillance nécessaire, et sa situation ne lui permet pas de prendre contre elle d’autres mesures que l’internement.

Ce sont donc des familles modestes et fragilisées qui ont recours au Refuge, ce qui rejoint la situation de bon nombre de celles qui pratiquent la correction paternelle. On peut même penser que l’admission au Refuge, moins mal vécue que l’envoi de l’enfant en prison, a pu faciliter la décision. Et contrairement à l’incarcération, la durée du séjour peut être longue : sur la liste de 1885, une jeune fille est dans l’établissement depuis septembre 1882 : deux ans et demi. On ne dispose cependant de renseignements que sur une dizaine de pensionnaires, celles qui sont placées par l’intermédiaire de la Ville, et rien n’est dit des soixante autres. Mais quelques demandes de renseignements permettent de penser que cette image peut être étendue.

Alors que le recrutement des pensionnaires se maintient, autour de soixante-dix ou quatre-vingts 428 , celui des religieuses tend à se tarir, par crise de vocation sans doute dans un domaine aussi particulier. Elles ne sont plus de dix en 1907. Cela ajouté au recul de la correction paternelle observé après la guerre de 1914, dont la faveur nous l’avons vu est faible jusque dans l’administration, permet d’expliquer pourquoi l’établissement connaît une situation difficile après la Première Guerre Mondiale.

Déjà, les lois scolaires aidant et faute désormais d’enseignement (congréganiste) dispensé sur place, l’âge d’admission avait dû être fixé à treize ans, compensé par l’engagement des parents de laisser leur fille jusqu’à vingt et un ans 429 .

C’est sans doute pourquoi en 1926 le Refuge se transforme en Foyer de jeunes filles. Une notice de mars 1926 le décrit comme une « maison de famille »recevant les jeunes filles isolées venues travailler à Saint-Etienne ou n’ayant pas de familles, et qui leur donne nourriture et logement. Il compte alors quatre-vingt-dix pensionnaires et quatorze femmes provenant de l’ancien Refuge, « ces dernières âgées ne peuvent gagner leur vie. » 430 La référence à la religion et au travail demeure : les sœurs restent à la tête de la maison, et les pensionnaires peuvent recevoir des leçons de couture et de broderie 431 . Mais elles travaillent à l’extérieur et paient pension. On se rapproche du modèle des Patronages.

Il ne paraît pas y avoir eu de lien direct avec la mise en œuvre de la loi de 1912 sur les tribunaux pour enfants, laquelle ne supprime pas la correction paternelle 432 , et a localement du mal à être appliquée dans ses prescriptions les plus novatrices, même si une coïncidence existe entre la loi et le déclin du Refuge. Il semble plutôt que l’inertie qui caractérise l’application de la loi justifie le maintien de l’établissement, au sujet duquel un certain consensus paraît s’être rapidement installé. Comme le recours constant aux placements par la Justice en établissements de correction (Bons Pasteurs, Sacuny, Mettray…), la faveur dont jouit durablement le Refuge est plutôt l’indice d’une préférence pour les solutions traditionnelles et sanctionnées par l’habitude, et d’une certaine résistance au changement. Sans compter que la proximité peut donner l’impression d’atténuer la gravité ou la durée du placement.

La proximité et les besoins locaux ne peuvent cependant seuls expliquer le maintien de telles œuvres, comme le montrent les cas de la colonie des Trouillères puis du Sauvetage stéphanois.

Notes
410.

op. cit., p. 23-26, cette citation reprenant le titre de leur chapitre. Les documents concernant le Refuge sont aux AMSE 2Q48, d’où proviennent les citations suivantes.

411.

Jean Pralong, Yves Delomier, La Charité, de l’hospice à l’hôpital gériatrique ; 300 ans de l’histoire hospitalière à Saint-Etienne, Saint-Etienne, Le Hénaff, 1983, 155 p., p. 59-60, citent l’existence à la Charité de « filles de la Providence ». Pour le curé Guy Colcombet, il s’agit d’y accueillir soit des orphelines, soit des filles de mauvaise vie repenties, les deux groupes étant séparés. Une maison particulière, dite le Refuge, est construite grâce au legs de 1000 livres laissé par Isaac Molin en 1692-1693 ; le Refuge existe encore en 1808. Rien ne permet de signaler une continuité entre les deux établissements, sinon la similitude des noms et, pour partie, de la clientèle.

412.

Produit du travail : 16 067 francs, dépenses : 15 403 francs.

413.

En 1906, dix religieuses encadrent soixante-seize pensionnaires, dont trois enfants (moins de quinze ans) et trois femmes de plus de soixante ans : ces dernières n’étant pas des religieuses, comptabilisées à part, sont sans doute d’anciennes pensionnaires restées dans la maison.

414.

AN BB181456, repris dans Mathilde Dubesset et Michèle Zancarini, op. cit., p. 24-25. Les dénonciations du journal parisien La Démocratie Pacifique du 17 octobre 1847 ne concernent pas seulement le Refuge de Saint-Etienne, mais également des couvents lyonnais du même genre. Selon le procureur général de Lyon (lettre au Garde des Sceaux, 19 octobre 1847), elles auraient été reprises du Censeur, journal radical de Lyon, du 14 septembre, et récusées par l’Union de Saint-Etienne. Etrangement, les documents conservés aux AMSE ne font pas état de ces accusations, ni de l’enquête qui y fait suite, signe d’une certaine connivence de la municipalité avec l’établissement, ou parce que les événements de 1848 ont davantage marqué les esprits ? On peut pourtant voir dans les destructions de 1848 une suite du désaveu de telles maisons dans une partie de la population, comme le laisse entendre avec une certaine clairvoyance le procureur général de Lyon (lettre au Garde des Sceaux, 29 octobre 1847), réticent à l’idée de prescrire une enquête dans les établissements lyonnais incriminés : « Dès que l’on connaîtra les préoccupations de la justice à ce sujet, les passions s’en mêleraient, les colères de la population du moins de la partie la plus turbulente de la population s’exalteraient, et Dieu sait les résultats que nous aurions à prévenir, sinon peut-être à déplorer. »

La Démocratie pacifique est le journal du fouriériste Victor Considerant, paru en quotidien d’août 1843 à mai 1850, puis comme hebdomadaire d’août à septembre 1850. Voir la notice de Victor Considerant dans Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 1re partie (1789-1864), tome 1, Paris, Editions Ouvrières, 1964, 491 p., p. 448-450.

415.

« 4 à 5 pieds de large sur 6 à 7 de long, tout au plus ».

416.

AN BB181456, Enquête sur l’Etablissement du Refuge, 20 septembre 1847.

417.

Lever à 4 heures en été, 5 heures en hiver.

418.

31 octobre 1847 : Bouchetal-Laroche, procureur du Roi, au procureur général de Lyon. On notera l’atténuation progressive des faits relatés, de l’enquête de police au rapport du procureur, puis dans le compte-rendu du procureur général à son ministre de tutelle, qui va jusqu’à parler de faits inventés ou travestis…

419.

Pascale Quincy-Lefèbvre, op. cit., p. 217-218 et 221-222. Les pratiques disciplinaires sont très comparables : « croix de langue » sur le sol, bouse de vache (ou terre) sur les joues, séjours en cellule, passage sur la paillasse des morts, camisole de force, tonte des jeunes filles, douche froide. La volonté d’humiliation est presque revendiquée comme principe de correction par la Sœur Marie Sainte-Rose, principale accusée. Le roman de Zola, Vérité, est rédigé en 1901 et publié en 1902 ; il est donc presque exactement contemporain de ce procès, où l’on pourrait voir une explication à la haine qu’il voue aux Bons Pasteurs, fonctionnant sur le même modèle que les refuges.

Toutefois, la sévérité constatée peut être relativisée ; Pierre Deyon rappelle début XIXe siècle la volonté d’étendre la prison cellulaire aux enfants, et les cagoules, masques et autres capuchons envisagés pour empêcher la communication durant les promenades. Pierre Deyon, Le temps des prisons, essai sur l’histoire de la délinquance et les origines du système pénitentiaire, Paris, Editions Universitaires, 1975, 197 p., p. 124-125.

420.

AN BB181456, 31 octobre 1847, rapport du procureur du Roi Bouchetal-Laroche au procureur général. C’est la seule référence explicite à ce qui existe également dans les Bons Pasteurs, où les Madeleines vivent en vase clos à l’intérieur du couvent, sans se mêler véritablement aux religieuses, comme si leur repentir ne pouvait être complet. Voir Henri Gaillac, op. cit., p. 116. Les règles des ordres de Notre-Dame du Refuge et des Bons Pasteurs, sont proches, et d’autres établissements ont pris des noms comparables, devenus en quelque sorte des noms communs, sans se rattacher à ces congrégations (voir Henri Gaillac, p. 113 et suivantes et, à sa suite, Pascale Quincy-Lefèbvre, op. cit., p. 209-210).

421.

Avec signature autographe et sceau de l’archevêque de Lyon.

422.

13 mai 1907, lettre du maire au procureur ; la subvention annuelle est de 1000 puis 1250 francs. Le Refuge est également un des bénéficiaires du legs H. de Sauzéa, qui lui réserve en 1882 une rente annuelle et perpétuelle de 500 francs.

423.

Sans succès apparent, mais les termes des courriers sous-préfectoraux sont passablement obscurs…

424.

Mais un bordereau d’élimination du 25 novembre 1947 est passé par là, ne laissant ainsi subsister qu’une seule demande de placement par l’intermédiaire de la mairie. Rien ne dit que l’élimination n’a concerné que cette catégorie de pensionnaires…

425.

Reproduit en Annexe 12.

426.

Tailleur à la Charité : malade, ou employé ?

427.

Seul cas précis d’admission subsistant, pour les raisons évoquées ci-dessus.

428.

ADL X104. Une enquête de 1893 indique, pour dix religieuses et cent vingt lits, une fille de moins de quinze ans, soixante de quinze à vingt ans, trente de vingt à quarante ans, trois de quarante à soixante ans et une de plus de soixante ans ; en 1894 ces chiffres sont respectivement de neuf, soixante-quatre, vingt-huit, deux et une ; en 1895 de neuf, soixante-quatorze, vingt-huit, deux et une. En 1898, il est question de huit enfants et quatre-vingt-quatorze adultes, mais il semble qu’est considéré comme adulte tout personne de plus de quinze ans… La présence de pensionnaires ayant dépassé l’âge de la majorité est ancienne.

429.

Lettre du maire de Saint-Etienne, 19 août 1910 : « Il n’admet que les jeunes filles ayant 13 ans accomplis (condition indispensable puisque les pensionnaires ne reçoivent plus aucune instruction scolaire, et étant donné que les dispositions de la loi du 2 novembre 1892 sont applicables à l’établissement). » La loi citée concerne le travail des enfants, des filles mineures et des femmes dans les établissements industriels. Les lois sur l’enseignement et les congrégations ne sont pas forcément cause de la fin de l’enseignement au Refuge, qui paraît récente au moment de la rédaction de cette lettre, et l’âge fixé surtout dû à l’assimilation de l’établissement à un « établissement industriel »…

Toutefois, lors d’un placement au Refuge par le Sauvetage de Saint-Etienne, la limite de treize ans est déjà énoncée, en 1894.

430.

Pour lesquelles une subvention municipale de 1450 francs continue d’être versée. Note du 27 mars 1936. Cela paraît confirmer la possibilité pour les jeunes pénitentes de rester au Refuge après leur majorité.

431.

Une notice sans date, reproduite en Annexe 12, laisse supposer le passage par un état intermédiaire, une sorte de pensionnat, l’ « Œuvre des jeunes apprenties sous le patronage de Saint Joseph », ouvert aux jeunes filles à partir de 13 ans et ajoutant aux cours de lingerie, broderie, coupe, un enseignement religieux (catéchisme, histoire sainte), afin d’en faire « des Maîtresses de Maison accomplies » et des mères « capables d’élever une famille avec des principes religieux et une piété éclairée, sachant aussi donner à leur foyer le bien-être et le bonheur par leur savoir-faire et leurs qualités aimables. » L’apprentissage est prévu pour durer trois ans. Il n’est plus question officiellement d’accueillir des jeunes dépravées, mais on n’en est pas encore au foyer de jeunes filles. Peut-être est-ce la réponse du Refuge aux lois sur les congrégations enseignantes. Il n’empêche qu’une lettre du maire de Saint-Etienne à celui de Panissières parle encore le 10 octobre 1912 d’un établissement destiné aux jeunes filles « dont la conduite laisse à désirer »…

432.

Atténuée dans sa portée par le décret-loi du 30 octobre 1935, elle ne s’efface qu’avec l’ordonnance de 1958. Voir Philippe Chaillou, Le juge et l’enfant, Toulouse, Privat, 1987, 145 p., p. 76-77.