1) Portrait d’un activiste

Pierre Louis Frédéric Comte est né le 9 juin 1857 à Avéjan (Gard), près de Saint-Jean-de-Marvejols, dans une famille paysanne. De sa triple origine paysanne, méridionale et huguenote, il réunit selon Idelette Chapelle les caractéristiques : « l’éloquence, la fougue, l’imagination et la passion politique comme celle de la justice », associées à « un amour du peuple — rural ou citadin — qu’on pouvait qualifier d’illimité. » 468

Après des études de théologie à Paris, Montauban et Genève, il passe quelques années à Nîmes où, nous dit Elie Gounelle, il est considéré comme « trop… socialisant ». Elie Gounelle insiste aussi sur le rôle de son épouse :

‘« Femme de tête, qui s’assimilait les doctrines économiques, par exemple le coopératisme, et même les doctrines philosophiques les plus élevées (elle était disciple enthousiaste du philosophe Charles Secrétan) ; femme de cœur surtout, qui seconda son mari dans l’Eglise et dans toutes ses entreprises, qui fut sa secrétaire et sa collaboratrice inlassable. » 469

Par décret présidentiel du 1er janvier 1885, Louis Comte, bachelier en théologie, ancien suffragant du pasteur Grotz à Nîmes, est nommé à Saint-Etienne en remplacement du pasteur Enjalbert nommé lui à Nîmes 470 . Le voici donc parti à la conquête de ce « pays noir » et ouvrier qu’est Saint-Etienne, vivant sa fonction de pasteur à sa manière, originale et, selon Elie Gounelle, « laïque, démocratique, variée, prophétique et surtout sociale… » 471

Dans son sermon d’installation, le 18 janvier 1885, il commente le Sommaire de la Loi (Matthieu, XXII, 37 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme et de toute ta pensée, et tu aimeras ton prochain comme toi-même »), donnant d’entrée la conception qu’il a de son ministère, et sa vision très large et temporelle de son prochain :

‘« Je suis las, en vérité, d’entendre des chrétiens soutenir qu’il faut bien se garder d’introduire la religion dans les questions sociales où elle pourrait risquer sa dignité. »’

Pasteur social donc, il met rapidement en actes ses principes. Invité à Rive-de-Gier le 3 juillet 1886 à donner une série de conférences, il fait salle comble. A la seconde, est décidée la création d’un Comité d’études et de libre recherche 472 de huit puis seize membres, presque tous ouvriers, sous la présidence de M. Hutter (qui ne l’est pas). Preuve de leur succès, les réunions publiques de ce Comité sont en butte à l’hostilité des débitants de boissons : la concurrence est sérieuse… En sortent aussi une bibliothèque populaire, un bataillon scolaire de cent dix-neuf garçons que Gounelle compare aux Eclaireurs de France, un Sou des écoles laïques, une société, la Famille, destinée à favoriser l’épargne des jeunes garçons et filles, une boulangerie coopérative…

Louis Comte s’implique dans bon nombre de combats politiques et sociaux à Saint-Etienne. Il est en 1899 des fondateurs du quotidien la Tribune Républicaine 473 , sert à la même époque de médiateur dans une grève de mineurs à la Talaudière, ou facilite les contacts entre patrons et tisseurs en grève. Il est aussi franc-maçon 474 .

Il fait également partie en 1898, en pleine Affaire Dreyfus, des fondateurs de la section stéphanoise de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen, dont il est un temps secrétaire. Le 28 août, le Consistoire de l’Eglise réformée reçoit d’ailleurs un avertissement écrit du préfet, lui demandant de faire adopter à Comte une attitude plus discrète et conforme à la fois à son état de pasteur et de fonctionnaire. Mais ce dernier refuse de céder, et s’il consent, comme fonctionnaire, à se faire moins actif, il a soin de préserver sa liberté de parole et de conscience, se réservant le droit de faire connaître son opinion sur l’affaire Dreyfus, « en dehors du cadre officiel de ma fonction, chaque fois que ma conscience m’en fera un devoir. » 475 Cette démarche est signe que Comte, possédant une tribune et l’éloquence pour en tirer parti, peut avoir un écho dans l’opinion.

Et son activité dreyfusarde continuant, à la suite d’une réunion publique tenue le dimanche 26 février 1899, à l’heure du culte, et où a lieu une empoignade entre l’orateur de Pressensé et l’avocat Germain de Montauzan 476 qui dénonce « une conspiration cosmopolite de vendus payés par l’or des étrangers », Louis Comte voit son traitement suspendu par le ministre des Cultes 477 . Les félicitations affluent, les dons et les propositions de carrière également ; six cents pasteurs se cotisent pour compenser ce traitement perdu, et les 6000 francs reçus sont distribués par Comte à diverses œuvres. Ils permettent notamment la construction de la salle annexe du Temple de la rue Elisée Reclus (actuelle « Salle Louis Comte », comme il se doit). La mesure disciplinaire est levée le 29 juin 1899 par Waldeck-Rousseau, qui conseille au président du Consistoire d’user de son influence pour éviter désormais à Comte « de compromettre son ministère dans des manifestations quelconques. » 478

3- Sauvetage de l’Enfance, monument à Louis Comte, place Louis Comte à Saint-Etienne
3- Sauvetage de l’Enfance, monument à Louis Comte, place Louis Comte à Saint-Etienne

On le voit également féministe, adepte public du vote des femmes auquel il consacre plusieurs conférences 479 .

Partisan de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, ce qui n’est pas sans conséquences sur les divisions qui naissent alors au sein du protestantisme stéphanois, Louis Comte a également une activité d’ampleur nationale, en particulier comme un des animateurs du Christianisme social qui apparaît en France dans les années 1880, comme rédacteur également de la Revue du Christianisme social qui paraît à partir de 1887.

Parce qu’il considère qu’un pasteur ne doit pas réduire son rôle social à l’exercice d’une trop ordinaire philanthropie, il affirme que prêcher l’Evangile ne peut être dissocié d’un combat en faveur des réformes économiques qui seules assureront aux ouvriers de nouvelles ressources, en temps comme en biens de consommation. D’où une doctrine économique fondée sur la coopération, avec quelques ouvertures vers le socialisme humaniste d’un Benoît Malon. Par ce « collectivisme individualiste » ou « socialisme coopératif », il entend concilier le socialisme et l’individu, la solidarité et la liberté, la puissance de l’Etat et la conscience personnelle. Nous en avons vu l’illustration à propos de la mutualité et des coopératives, mais il complète ses positions, opposées, donc, au marxisme, en proclamant « allons au peuple ! » et en prônant une « pénétration des classes ».

Il l’illustre fort joliment à propos de cette grève des tisseurs où, ménageant dans son bureau des entrevues — très courtoises — entre patrons et ouvriers, il leur explique :

‘« Vous êtes comme deux amoureux. Vous ne pouvez pas vous passer l’un de l’autre : vous vous imaginez qu’il y a entre vous incompatibilité d’humeur, et dès qu’on vous met en présence, qu’on vous oblige à exposer vos griefs, vous vous apercevez qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat et que votre brouille n’a d’autres causes que de ridicules malentendus. Embrassez-vous. »’

Dans le même mouvement, il réclame des lieux de rencontres (des « chambres mixtes de consultation ») où patrons et ouvriers pourraient parler avant que de se combattre : de l’utilité de la métaphore conjugale pour contrer la lutte des classes…

Dans les mêmes milieux et à la même époque que le christianisme social naît la Ligue de la Moralité publique, dont Louis Comte est également un des animateurs 480 . Dès son arrivée à Saint-Etienne il en crée une section locale. En 1893, c’est sous sa responsabilité qu’est publié le premier numéro du Relèvement Social, le mensuel de la Ligue. Même si elle est issue de « ce qu’il y a de bon dans le puritanisme huguenot », c’est avec une neutralité scrupuleuse et une volonté d’union 481 que la Ligue de la Moralité publique combat les images obscènes, l’alcoolisme, et rejoint les positions de la Fédération abolitionniste sur la prostitution, tout en débordant sur la défense des droits civils et civiques des femmes 482 .

Saint-Etienne reste cependant un lieu d’application de ces principes. Au nom de la neutralité, une entente y a lieu avec la Ligue catholique de la protection de l’enfance contre les images obscènes. Mais c’est surtout par la Fraternité protestante, dans le quartier du Soleil, que son action s’inscrit dans les mémoires et le paysage stéphanois 483 . Dans ce quartier où réside une communauté protestante importante, très largement ouvrière et originaire de la « Montagne » du sud de la Haute-Loire (Le Mazet-Saint-Voy, Le Chambon-de-Tence), Louis Comte fonde en 1895, au 102, rue du Soleil, une Solidarité, quelque chose comme un pôle d’évangélisation des ouvriers et notamment des mineurs, sous le nom de Fraternité protestante du Soleil. Conçue comme un lieu de rencontre, elle accueille une école du jeudi mixte (où les enfants catholiques sont admis), une garderie, une section de la Croix Bleue (ligue protestante contre l’alcoolisme), des conférences du soir, et le culte à l’occasion le dimanche soir. Elle est confiée à la direction du pasteur Ebersolt. Minée par les divisions, elle tombe en sommeil en 1905, à la suite de la loi de Séparation, mais sera relancée par le pasteur Elie Gounelle, ancien animateur de la Solidarité de Roubaix, au début des années 1920 : en 1921, la « Fraternité immobilière » achète le bâtiment de l’ancien Café du Soleil, à la réputation douteuse. Dans cet ancien lieu de débauche renaît un pôle de moralisation…

Ecoutons encore Elie Gounelle, exposant une forme originale de prophylaxie de la quiétude bourgeoise :

‘« Pour se consoler, pour se remettre d’aplomb après certaines critiques, certaines déconvenues, certains découragements, nous avons, me disait Comte, un remède infaillible : une randonnée de visites dans les taudis du Soleil ou de Beaubrun ! (…) Bourgeois, étudiants et pasteurs, la recette est à noter : ne craignez pas le dosage élevé des visites populaires. »’

Louis Comte ne répugne pas à ce travail discret et quotidien, quitte à passer de la simple visite à l’action, comme lorsqu’il prend sur lui (au mépris de la loi mais non sans en avoir avisé le procureur) de faire enlever des meubles dans un appartement dont l’occupant avait chassé sa femme, pour les remettre à cette dernière qui n’avait plus rien pour se coucher. On retrouve ici tout ce qui fait l’Œuvre des enfants à la montagne : la lutte contre les taudis, et le souci des enfants joint à celui de faire reculer la mortalité infantile.

En témoigne aussi cet article publié en novembre 1920 dans la Tribune Républicaine sous le titre : « Le massacre des innocents ; une visite dans les taudis de Saint-Etienne ; Sauvons l’enfance ! » 484 . Dans une pièce minuscule dont l’unique fenêtre donne sur une cour petite, obscure et sale, quatre enfants âgés de dix ans à quelques mois sont restés pour se garder mutuellement, au lieu de jouer dehors. On est jeudi, leur père travaille et leur mère est allée laver.

«  Ils sont là dans une atmosphère lourde, empuantie, ne pouvant pas même apercevoir un coin du ciel bleu. Pauvres plantes étiolées qui poussent dans une cave, n’ayant pas même la possibilité de respirer un peu de ce bon air qui appartient à tout le monde, et qui, par suite de la crise du logement, sera bientôt aussi cher et aussi rare qu’un vin de cru. »

Il meurt le 30 mai 1926, après avoir vu son action célébrée et reconnue, et sa personne récompensée par la charge (pas du tout honorifique) de secrétaire général de l’office départemental des pupilles de la Nation (1921) et la croix d’officier de la Légion d’honneur (1920) 485 . Le provocateur a su séduire et entraîner ; il a désormais sa place et sa statue à Saint-Etienne.

Notes
468.

Idelette Chapelle, La vie et l’œuvre de Louis Comte, 1857-1926, Le Chambon-sur-Lignon, Société d’Histoire de la Montagne, 1986, 18 p. Idelette Chapelle, d’ailleurs forte de ses liens de parenté avec Louis Comte, a largement repris un numéro spécial de la Revue du Christianisme Social : Elie Gounelle, La vie et l’œuvre de Louis Comte, pionnier de la Moralité publique et fondateur de l’Œuvre des Enfants à la montagne, Saint-Etienne, Editions du Christianisme Social, 1947, 247 p. Elie Gounelle est le successeur de Louis Comte à Saint-Etienne. Sauf indication contraire, les citations qui suivent proviennent de l’un de ces deux ouvrages.

469.

Sur les mouvements dans l’école économique française de l’époque, et particulièrement le coopératisme de Charles Gide, voir la jolie thèse de Ludovic Frobert, L’économie de l’homme raisonnable, une relecture du développement contrarié de l’hétérodoxie française du premier tiers du XX e siècle, thèse de Sciences Economiques présentée sous la direction de Pierre Dockès, Université Lumière-Lyon 2, 1994, 340 p., p. 94 et suivantes. La proximité du coopératisme avec Jaurès, et plus largement sa dimension citoyenne, est développée p. 101. Le rapprochement est facile avec Louis Comte et son « collectivisme individualiste ».

470.

ADL V720.

471.

Peut-être même un peu trop, encore que Saint-Etienne ne soit pas Nîmes, d’après la remarque désabusée du Conseil Presbytéral : « L’Eglise de Saint-Etienne a souffert, jadis, des activités multiples déployées par un de ses anciens ministres qui fut pourtant un grand pasteur. Le Conseil voudrait éviter le retour de ces errements. » Conseil Presbytéral de l’Eglise Réformée de Saint-Etienne, registre 1922-1948, séance du 24 juin 1941.

472.

ADL 28M4 : Louis Comte est un esprit curieux ; on le trouve en 1888 parmi les membres de la Société d’astronomie et d’études scientifiques de Saint-Etienne, avec le Dr Cénas d’ailleurs.

473.

Avec Alphonse Gintzburger (ADL MSup 821), le Dr Fernand Merlin (ADL MSup 822), Louis Soulié, le tout dans la mouvance radicale et avec le soutien de Waldeck-Rousseau, sénateur de la Loire.

ADL 10M121, rapport du commissaire spécial des chemins de fer, 1er mai 1899, reprenant les informations de son « indicateur particulier socialiste » : « On m’annonce (…) l’apparition pour prochainement d’un grand journal radical du matin, sous la direction du pasteur Comte, de Saint-Etienne, qui a, m’assure-t-on également, l’intention de se présenter à la députation dans le Gard. Le nouvel organe a 200 000 francs de capitaux, sans compter une imprimerie. C’est donc relativement sérieux. Il sera nettement Dreyfusard et révisionniste. » Au moment de sa suspension de fonction (voir page suivante), Comte a donc envisagé un temps une carrière politique.

474.

Marie-France Marcuzzi, op. cit., p. 31 : entré le 21 mars 1896 à la loge l’Industrie de Saint-Etienne, il démissionne en 1905.

475.

ADL 10M119. Voir aussi 10M121 : en préparant la veille la réunion de la Ligue des Droits de l’Homme qui doit accueillir de Pressenssé le 26 février 1899, il est prévu une quête destinée pour moitié à un « protégé » de Comte : un homme détenu injustement à Bellevue, inculpé de vol, avec une femme et un enfant malades, sur la foi d’un témoignage vague.

Le Bureau de la LDH se compose en janvier 1899 de : Menut, avoué, président ; Dr Cénas et Sagnol, représentant de commerce, ancien conseiller municipal, vice-présidents ; Tiblier, représentant de commerce, ancien conseiller municipal, trésorier ; Soulier, secrétaire. En février 1899 : Menu, président, Sagnol, vice-président, Comte, secrétaire.

476.

ADL 10M122 ; l’avocat Germain de Montauzan est membre, avec ses collègues Tézenas du Montcel et René Peuvergne, de la Ligue de la Patrie française (6 octobre 1899, rapport du commissaire central de police de Saint-Etienne).

477.

La Loire Républicaine du 27 février relatant les incidents montre Louis Comte en conciliateur, retenant Pressensé qui s’avance vers Germain de Montauzan… La décision de suspension est annoncée dès le lendemain de cette réunion, et appliquée le 11 mars : le mandat à verser à Comte le 1er avril ne comprend que son traitement du 1er janvier au 27 février inclus. Voir en Annexe 18 le rapport de police sur une réunion de la Ligue des droits de l’homme, où Louis Comte revient sur sa suspension (10 mars 1899).

478.

ADL 13M4 ; l’initiative en revient au préfet, qui dès le 4 juin suggère ce « geste d’apaisement ».

479.

ADL MSup 516 et MSup 562, conférences du 16 mars 1912 à la Bourse du travail de Saint-Etienne, du 6 décembre 1913 à l’hôtel de ville de Firminy et du 14 janvier 1914 au Théâtre municipal de Montbrison sur « La femme, ses droits, ses devoirs », pour l’Union française pour le suffrage des femmes. En Annexe 19 figure le texte d’une conférence prononcée à la Bourse du travail de Saint-Etienne le 16 mars 1912 sur « Les droits de la femme ».

480.

ADL 13M1 : Louis Comte, au cours d’une réunion publique le 16 février 1888 à l’école de la rue des Chappes, sous les auspices de la Ligue française pour le développement de la moralité publique, s’écrie ainsi, devant 200 personnes : « Vous avez aussi des Romanciers, comme l’auteur de Nana et ce parjure qui dernièrement est allé à Rome baiser la mule du pape, qui font vendre, à la porte des écoles leurs œuvres en livraisons où sont racontées avec détails les scènes les plus hideuses et les turpitudes les plus honteuses. » L’Affaire Dreyfus le fera changer d’avis sur Zola…

481.

ADL 13M7 : on voit ainsi Louis Comte présider une conférence à la Bourse du travail le 24 janvier 1909 où intervient Albert Nast, avocat à la cour d’appel de Paris, qui parle au nom du Sillon contre le jeu, l’alcoolisme, la publicité des exécutions capitales, la pornographie, le néo-malthusianisme…

482.

Alain Corbin, Les filles de noce, misère sexuelle et prostitution aux XIX e et XX e siècles, Paris, Aubier-Montaigne, 1978, 571 p. Louis Comte y est cité : p. 257 (note 331), p. 411 et p. 454, où l’on voit le Relèvement Social évoluer, en raison de cette ouverture à tous les adversaires de la prostitution réglementée quelles que soient leurs opinions politiques, vers la défense de l’union libre et la dissociation entre le mariage légal et la famille (ce qui est paradoxal pour un pasteur…). Sur le féminisme, nous avons déjà signalé les liasses ADL MSup 516 et 562 (où le dossier Féminisme est étrangement joint à des documents sur la contrebande d’armes…), où l’on trouve le compte-rendu d’une conférence de Maria Vérone en avril 1913. La Tribune Républicaine en fait le compte-rendu le 11 avril en remarquant que si la femme « réclame des droits civiques, ce n’est pas pour déserter sa fonction d’épouse et de mère. Bien au contraire, si elle réclame le bulletin de vote, c’est surtout pour lutter contre les deux périls qui menacent la famille, la race : l’alcoolisme et la guerre. » Ce texte qui montre le droit de vote comme porteur de devoirs, et surtout celui de prévenir l’alcoolisme et la guerre, est en parfaite conformité avec les idées de Louis Comte, et pourrait avoir été écrit par lui.

On le voit néanmoins (ADL 13M1) prôner la responsabilisation des femmes par la conquête des droits civils, pour augmenter l’autorité de la femme mariée et permettre à la femme non mariée de subvenir à ses besoins. Il est favorable également à l’autorisation de la recherche en paternité, pour limiter le « libertinage » et responsabiliser aussi les hommes…

Car si Louis Comte est bien féministe, il est tout sauf permissif…

483.

Jean-Paul Burdy, op. cit., p. 225-226.

484.

Reproduit en Annexe 19.

485.

ADL MSup 821. Chevalier en 1920, officier en 1926, sur le contingent du ministre du Travail et maire de Saint-Etienne Durafour. Les premières demandes datent de 1912. Son dossier (AN LH579/65) donne d’autres facettes de son action en faveur des enfants, relevant par exemple que pendant la guerre de 1914-1918, il a placé sept cents enfants alsaciens de la vallée de Thann et de Mulhouse, et plusieurs milliers d’enfants des régions envahies, dans la Haute-Loire, là même où l’Œuvre des Enfants à la Montagne place ses protégés, mais également où pendant l’Occupation la population de la région du Chambon-sur-Lignon dissimulera de nombreux enfants juifs : la pratique de l’hospitalité y est singulièrement ancrée.