III. La Colonie agricole et industrielle de Saint-Genest-Lerpt

La colonie de Saint-Genest-Lerpt, fondée par l’abbé Rey en 1865 à proximité de Saint-Etienne, a pendant cinquante ans drainé des enfants de toute la France (et parfois même de l’étranger). Issue de la Société de Saint-Joseph, qui a également dirigé les colonies de Cîteaux et Oullins, elle en a perpétué l’œuvre après sa dissolution en 1888, grâce à la ténacité, parfois irritante, du père Claude-Marie Cœur.

Le souvenir s’en est en grande partie perdu, parce que les bâtiments ont été repris par le conseil général : le Foyer départemental de l’enfance a effacé les traces de la Maison paternelle ; une maison de retraite a ensuite occupé les lieux jusqu’à une date récente.

Les bâtiments sont actuellement inoccupés. La seule trace visible de la colonie est le nom d’une voie secondaire qui y conduit : le « chemin des bleus », surnom des anciens colons…

Nous avons eu la chance de pouvoir utiliser les papiers personnels du père Cœur, directeur de la colonie de 1879 à 1912, déposés aux Archives départementales de la Loire. Les conditions de consultation n’ont pas forcément été idéales, en raison de leur absence de classement, mais elles permettent l’utilisation de nombreuses pièces inédites, éclairant le fonctionnement de l’œuvre comme la personnalité de son directeur 517 . Il va de soi cependant que ces documents, qui peuvent dans certains cas apparaître comme destinés à une justification a posteriori — c’est le cas notamment des lettres d’anciens pensionnaires, classées parfois avec des pièces de procédure comme preuves de l’excellence de la maison —, doivent être lus avec une certaine prudence.

Notes
517.

ADL, cote générale 85J, sans autre précision faute de classement au moment de la consultation des pièces concernées. Certaines ont pu d’ailleurs nous échapper en raison même de cette absence de classement. Nous remercions ici M. Denys Barau qui nous en a facilité l’accès, les magasiniers qui ont pris la peine de descendre à la demande les liasses, et la famille Mermet qui, propriétaire de ce fonds familial, nous en a autorisé la consultation. Le père Cœur est en effet décédé le 3 avril 1926 chez Mermet à Saint-Chamond, et a fait de Marie Mermet sa légataire universelle ; c’est Louis Mermet qui le déclare à l’état civil le lendemain.