b) de nombreux projets, avortés ou esquissés, de nouvelles maisons

Dans la continuité de ses efforts dans le domaine du recrutement, il semble que le père Cœur a toujours caressé l’espoir d’étendre l’œuvre, sans jamais y réussir. Pourtant son caractère, loin de s’en aigrir, paraît avoir longtemps gardé son enthousiasme.

Alors même qu’il est encore à Cîteaux, il paraît envisager la reprise d’une maison d’enfants dans le Cantal 601 . Deux ou trois frères de Saint-Joseph 602 sont ainsi envoyés en août 1878 à la Maison de famille de la Forêt, canton de Montsalvy, Cantal, pour examiner les possibilités de reprise et d’extension de l’établissement, à la demande de son directeur le père de Sarraustre. Il est également question d’un noviciat, sans qu’on sache trop s’il serait propre à cette maison, ou destiné à doubler celui que la Société de Saint-Joseph possède déjà à Cîteaux. A vrai dire, dans la mesure où l’essentiel des informations provient de courriers où il faut les débusquer, il est difficile d’avoir une vue d’ensemble du projet.

Le père de Sarraustre semble de plus avoir entrepris cette démarche sans en référer au Conseil de son œuvre, d’où une certaine fébrilité de sa part à la voir aboutir. On entrevoit cependant qu’il s’agit d’une maison ouverte aux orphelins, qui entend par la vie agricole les détourner des tentations urbaines, ce qui laisse supposer qu’ils les ont connues voire appréciées, et que leur placement a quelque chose d’une sanction.

Assez vite cependant, les démarches tournent court. Les émissaires du père Cœur le dissuadent de se lancer dans la direction de cet établissement qu’ils jugent voué à la ruine, et lui-même tarde trop à se rendre sur place pour que seuls des contretemps en soient la cause. Tout a l’air fini en janvier 1879, au grand désespoir du père de Sarraustre.

En 1886, avec le soutien de l’abbé Fusey, aumônier d’un orphelinat de Dijon, paraît avoir été envisagée la création de la « Maison paternelle de Dijon-Préville », école destinée, si on en croit un projet de brochure présentant ses buts et son organisation, à faire face à la dégénérescence morale due au système d’enseignement en cours (parce qu’il est laïque, ou parce qu’il fait trop peu de place à l’aspect pratique et professionnel ?), grâce à une association du travail manuel (soit artistique : sculpture, marqueterie, soit agricole : horticulture, viticulture) et des études théoriques. Le projet paraît original, mais reste sans suite 603 .

En 1887, le neveu de MM. Bouchetal Laroche et Gérin, bienfaiteurs de la colonie de Saint-Genest, signale un domaine à Sury-le-Comtal où le père Cœur pourrait faire du bon travail. Il s’agit de la propriété du marquis d’Aubigny, aux portes de Sury, dotée de multiples avantages : sol fertile, irrigation aisée, climat sain, carrière de chaux hydraulique. Auguste Gérin aurait jadis envisage d’y installer un orphelinat, mais en aurait été dissuadé par les prétentions du marquis. Aucune suite ne paraît être donnée à cette affaire.

Une autre du même genre, non datée mais présentée comme destinée à remplacer Oullins 604 ce qui permet d’avancer une date proche de 1888-1889 605 , concerne les terres et le château du prince Respighosi à Saint-Vincent-de-Boisset. Il y est question de transformer les « jardins anglais » en cour de récréation, et de précautions concernant le mode de mise à disposition : préférer en raison de la situation politique un bail de 99 ans, avec faculté d’achat à un prix fixé dès la signature, et dédite possible en cas de dissolution de la société. Deux gros problèmes sont soulevés : l’éloignement de Lyon, berceau de l’œuvre et qui pourvoit à son fonctionnement, et la volonté du prince propriétaire dont on n’est pas sûr qu’il consente à la location, auquel cas il faudrait trouver 600 000 francs pour l’achat. Là non plus, il ne paraît pas y avoir de suite.

L’affaire du Meix-Tiercelin va plus loin. En 1897 sont publiés les statuts de la Société anonyme des Orphelinats agricoles 606 qui associe Pierre-Jules Soufflot, le marquis de Gouvello, le père Cœur, le séminariste Morin et Melle Masson. Chacun y fait un apport en nature, et reçoit en proportion une part des actions de la société ; ce sont des terres et bâtiments, pour la plupart situés sur la commune du Meix-Tiercelin, Marne 607 . Mais il ne s’agit que de la liquidation d’une affaire plus ancienne.

L’initiative paraît en revenir à Marie Delphine Masson qui achète des terres au Meix-Tiercelin en 1884, et envisage d’y installer quelques jeunes filles qu’elle a recueillies. Considérant que la région y est propice, elle signale au marquis de Gouvello les possibilités d’y fonder un orphelinat agricole, lequel, convaincu, acquiert à son tour le château du Meix, des terres, et encourage Melle Masson à étendre de son côté ses propriétés.

Un projet de brochure, sans doute rédigé à ce moment par Melle Masson, montre que son but dépasse les seuls enfants et s’apparente à une sorte de croisade, propre en effet à séduire le très catholique marquis et ses amis, dont Cœur un peu plus tard. Elle y montre le caractère ancien de l’implantation religieuse, cite le monastère du Tiers Ordre franciscain fondé au Meix-Tiercelin en 1221, et déplore le dévoiement récent des mœurs, dans cette région comme ailleurs, la limitation des naissances, la désaffection des églises, la montée du célibat. Pour elle, la réponse passe à la fois par l’implantation de nouvelles congrégations religieuses et l’initiation à l’agriculture, au maraîchage et aux travaux manuels de jeunes filles et garçons abandonnés :

‘« Cette chrétienne et laborieuse génération pourrait au moins, par des alliances morales et parfaitement assorties, répondre aux besoins des campagnes et des villes en les régénérant. »’

On retrouve là les intentions déjà affichées par l’abbé Delajoux. Il s’y ajoute la jolie image de la demoiselle de combat, élevant orphelins et orphelines dans l’amour de la religion et du travail, pour ensuite les marier et en faire l’outil d’une reconquête catholique de la France. Un peu entremetteuse sans doute, mais c’est Dieu qui le veut…

Le Meix est pour elle le lieu idéal pour commencer ce combat : l’air est salubre, les malades recouvrent la santé, l’enfant se développe rapidement et la plupart des jeunes gens ont une « taille gigantesque » (due selon elle aux phosphates présents dans le sous-sol), les maladies de poitrine et les épidémies ne peuvent se développer. Les terres ont une fécondité inégalable (« une fontaine à grains »), mais ce caractère si lucratif des terres a son pendant puisque la région « offre déjà aux juifs et aux spéculateurs clairvoyants de très grands avantages » : il faut faire vite pour ne pas laisser la place aux ennemis de la religion…

Une seconde version du projet de brochure 608 , toujours pas datée mais plus complète, reprend les mêmes idées, complète les avantages de l’implantation au Meix et insiste davantage sur l’ancienneté de l’installation des hommes et des religieux sur place et l’excellence des anciens propriétaires des lieux (la propriété a appartenu à Louis Becquet, ministre et parent du maréchal de Mac Mahon 609 ). Marie-Delphine Masson y résume également ses démarches, en direction des milieux catholiques et singulièrement de la société des Orphelinats de France 610 .

Le père Cœur 611 est appelé à l’aide en 1887 : il acquiert quelques terres, un moulin, fait construire un bâtiment important à proximité du château, et envoie sur place un prêtre et quelques frères : l’abbé Giraud, fraîchement ordonné et qui paraît vouloir entrer dans la congrégation de Saint-Joseph, et les frères Clément, Sabatin, Théodor, Antoine et Augustin ; d’autres y passent un moment : les frères Sylvain et Pierre, pour combler les défections qui à l’occasion se produisent.

Des enfants suivent, qui ont pour fonction d’aider à la mise en valeur des terres et à l’installation des bâtiments, à partir d’octobre 1887 ; ils seront jusqu’à onze, orphelins, enfants assistés ou placés à Saint-Genest par des particuliers. Leur âge, entre onze et dix-neuf ans, montre bien qu’ils sont là pour travailler 612 .

Il est aussi question de l’arrivée d’une religieuse en juillet 1888. L’abbé Giraud esquisse à ce moment-là un règlement religieux quotidien pour la petite communauté qui se constitue : prière et méditation le matin, messe avant le déjeuner, lecture pendant le repas (Imitation de Jésus-Christ au déjeuner, Nouveau Testament au dîner, vies des saints au souper), lecture spirituelle le soir avant une réunion sur les travaux du lendemain, puis prière et chapelet.

Cœur, nous l’avons vu, investit personnellement dans l’affaire, mais y implique aussi ses soutiens stéphanois. Un relevé des dons faits entre octobre et décembre 1889 relève quelques noms déjà entrevus, ou que nous reverrons autour de l’abbé Cœur : Fernand Philip, Constant Balaÿ et Mme Serre-Balaÿ, Courbon-Lafaye, Joseph Palluat de Besset, Philippe Peuvergne, Giron, Pinaz, Auguste Gérin, pour un total de plus de 7 000 francs 613 .

Mais la petite communauté doit faire face à l’hostilité du pays 614 et du curé du village qui peut-être craint la concurrence d’une nouvelle communauté religieuse, au découragement de certains de ses membres, à des querelles internes aussi (l’un se plaignant de l’incapacité du prêtre qui fait figure de supérieur, à mener des hommes, l’autre des ambitions personnelles de tel ou tel) qui mènent à des défections : le père Giraud s’en va en juillet 1888, remplacé par le père Clément qui lui-même ne tient guère plus d’un an. Les frères aussi font régulièrement part de leur découragement, et reprochent à Cœur de beaucoup promettre sans véritablement concrétiser et surtout sans vouloir venir sur place où il pourrait relancer les choses. La cohabitation avec Melle Masson paraît elle aussi conflictuelle, et les brefs passages du marquis de Gouvello, ravi de disposer d’un nouveau domaine pour inviter ses amis à la chasse, n’arrangent rien.

Il semble d’ailleurs que les enfants non plus ne restent guère ; il ne paraît plus y en avoir en janvier 1889. Et du coup l’essentiel des occupations du petit groupe se résume vite à la mise en valeur des terres, leur culture et la vente des produits. Quelques responsables des orphelinats agricoles prélèvent des volailles pour leur propre consommation. On parle d’élevage de moutons. Une partie des terres semble même louée à un fermier des environs.

La tentative d’installation au Meix est parallèle à des remous dans la congrégation de Saint-Joseph, et l’on peut penser qu’il s’agit pour les frères qui entendent se libérer de la tutelle des prêtres qui dirigent la Société, d’un embryon de congrégation autonome qui ferait scission. La stagnation du projet ajoute sans doute à leur rancœur.

En mai 1890, plusieurs notes et rapports du père Cœur à la Société des Orphelinats agricoles montrent qu’il commence à prendre ses distances. Il regrette d’avoir trop investi (près de 60 000 francs, dont il souhaite récupérer une partie), et s’il insiste encore sur la nécessité de travaux d’aménagement, notamment pour développer les avantages présentés par le moulin et le cours d’eau dont dispose la propriété 615 et qui pourraient permettre d’établir une industrie pour occuper les enfants l’hiver et former ceux qui auraient des aptitudes particulières, on sent qu’il n’y croit plus vraiment. Le Meix, dit-il, ne sera jamais un orphelinat important : les terres sont pauvres, trop morcelées, et il reste beaucoup de travaux à faire pour finir le bâtiment principal. Il propose de mettre en bois les terres trop éloignées, de n’exploiter directement que les plus proches, et d’en louer une partie ; il presse au développement d’une industrie telle que tournage sur bois ou métal, brosserie. Il paraît ensuite se désintéresser de la question, parce que ses associés sans doute rechignent à continuer les investissements que lui-même dit ne plus pouvoir engager.

Par impréparation ou manque de moyens affectés à ce nouvel orphelinat, on reste loin des grandes ambitions de départ (en mars 1888 : les enfants vivent « une vie toute bestiale » ; en juillet : manque d’une direction spirituelle, la population s’étonne d’un tel abandon…). Tout cela joint à la nécessité pour Cœur de rendre à Cîteaux des comptes sur les fonds investis au Meix, conduit à un abandon du domaine. Saint-Genest ne paraît plus s’en occuper après 1890, même si les propriétés, sans doute désormais classiquement exploitées, conduisent Cœur à demeurer actionnaire de la Société des orphelinats agricoles ; il sera convoqué aux Assemblées générales jusqu’en 1917 au moins.

C’est sans doute grâce à ses relations avec le marquis de Gouvello et l’œuvre des Orphelinats agricoles que Cœur reçoit par la suite de nombreuses demandes de fondation, de reprise d’orphelinats ou de fourniture de frères. Aucune n’a de suite, faute sans doute de personnel disponible à fournir 616 , mais montre que le père Cœur possède une réputation propre à susciter de telles demandes.

En avril 1886, l’abbé de Suyrot, membre de la Société des Orphelinats agricoles, recherche une congrégation pour prendre la direction de son orphelinat de Melay-de-la-Court, en Vendée. Il accueille trente-huit garçons sur 40 hectares, dispose de cinq religieuses, mais a des problèmes avec l’Académie qui refuse à l’une de ses sœurs l’autorisation d’enseigner.

Entre février et mai 1888, un courtier en vins installé à Saint-Bel, près de L’Arbresle, Claudius Planus, propose de lui vendre sa propriété pour installer un orphelinat agricole.

Le 15 septembre 1888, le curé de Gioux (Creuse) rappelle la promesse qui lui a été faite de venir en aide à son orphelinat agricole, installé sur les terres du marquis de Braches. Cœur le fait lanterner jusqu’en avril 1899 avec des promesses répétées de lui fournir deux, puis un frère ; le marquis suit, puisque aucune autre congrégation ne lui a laissé espérer de personnel.

Le 20 septembre 1888, le marquis de Dion 617 , ami de Gouvello et membre de la Société des Orphelinats agricoles, veut en créer un sur ses terres : il demande, avant la Toussaint prochaine, un directeur et quatre ou cinq frères pour en commencer l’installation. Sur le modèle de l’orphelinat de Mgr de forges qu’il a visité, il propose un fermage à mi-fruit, sur plus de 40 hectares.

En février 1889, Mgr de Forges rappelle à Cœur qu’ils doivent discuter d’une prochaine installation dans sa propriété de la Bousselaie. Il fait l’éloge de son implantation, à la jonction de trois départements de la Bretagne, pays fécond en vocations sacerdotales ; le village voisin compte treize prêtres vivants, et sa propre paroisse sept. Par une lettre du 29 juillet, il renouvelle son invitation à se rencontrer en Bretagne au début du mois d’août. En septembre, Mgr de Forges parle encore de céder à Cœur l’exploitation de son domaine, les Tertiaires franciscains y étant trop « endormis », et lui fait à nouveau miroiter les nombreuses vocations dont il pourrait disposer sur place 618 .

En septembre 1886, c’est un procureur de Sion qui encourage Cœur à venir s’installer en Suisse, après lui avoir promis de nouveaux pensionnaires pour Saint-Genest. Il semble faire suite à une visite du père Cœur chez lui à l’occasion de laquelle ils ont pu voir une propriété dans le Valais et en propose aussi d’autres dont il est chargé de la vente : 300 hectares ici, plus de 40 là…

Plus alléchante, en tout cas plus proche, est la proposition faite en décembre 1885 par le propriétaire d’une tuilerie de Roanne (usine de Fontval, quartier Saint-Louis), E. Dumont au père Rebos, l’adjoint du père Cœur, après une visite de Saint-Genest. Il a l’air de vouloir abandonner son activité et souhaite en laisser le bénéfice à un ordre religieux, ce qui ressemble fort à un acte de défiance envers le régime politique en place 619 . Il expose un projet alléchant : un atelier en parfait état de marche, de l’espace pour y annexer une activité agricole, la possibilité d’augmenter le bénéfice en remplaçant une partie des ouvriers par des frères ou des jeunes gens (pas ou peu payés) ou en augmentant la production. Ses cartons sont pleins de découvertes permettant d’améliorer l’usine et de lui assurer « une supériorité incontestable ». En faisant des pensionnaires des ouvriers et contremaîtres en céramique, il serait facile de reprendre d’autres usines au moment où elles péricliteraient face à une telle concurrence…

Notes
601.

ADL 85J, dossier La Forêt.

602.

Sous les noms de frère Amable, Jérôme et Jean-Marie ou Claude-Marie. Il est possible que le frère Amable ait été sur place plus tôt : des lettres de lui figurent au dossier, de décembre 1876 et août 1877, mais qui n’ont pas été expédiées de la Forêt.

603.

ADL 85J.

604.

ADL 85J. Le rapport en question porte au dos, au crayon : « Projet de Saint-Médard d’Oullins ».

605.

Dominique Dessertine, op. cit., p. 35 : évacuation de Sacuny le 22 juillet 1888, premier pensionnaire du Sauvetage dans les lieux le 12 mars 1889.

606.

Société anonyme des Orphelinats agricoles, statuts, Imprimerie de l’école Saint-Joseph de Cîteaux, 1897, 31 p.

607.

ADL 85J. Soufflot : une ferme de 60 hectares, une ferme et 8 hectares de terres sur la commune de Crain, Yonne (soit 75000 francs, ou cent cinquante actions) ; Gouvello : une propriété de 10 hectares au Meix-Tiercelin (34 000 francs, ou soixante-huit actions) ; Cœur-Morin ensemble : une maison construite sur un terrain de la propriété Gouvello au Meix-Tiercelin (20 000 francs, ou quarante actions) ; Morin seul : 58 hectares au Meix-Tiercelin (7500 francs, ou quinze actions) ; Melle Masson : 11 hectares au Meix-Tiercelin et 22 hectares ailleurs (12 500 francs, ou vingt-cinq actions). Soit deux cent quatre-vingt-dix-huit actions. Il en reste cinq cent six à placer avant que la Société ne soit valablement constituée ; on compte parmi les premiers souscripteurs quelques aristocrates : le lieutenant-colonel (ER) Delachasse de Vérigny, Louis Albert Lévesque de Champeaux, vicomte de Verneuil, le chanoine de Suyrot, le comte Guy de Polignac.

608.

ADL 85J, pour les deux projets de brochures et l’ensemble des pièces et courriers concernant le Meix-Tiercelin. La seconde brochure comprend quelques pages en plus de la première, avec une autre signature : celle de Marie Delphine de Saint-Martin. Il est possible que ce soit Melle Masson usant d’un autre nom (celui de sa mère ou d’un ancêtre quelconque ?) pour insister davantage sur la filiation qu’il faut rétablir en s’installant au Meix.

Le père Cœur a gardé beaucoup de documents sur cet épisode, soit pour une éventuelle justification, soit en signe de déception au vu de l’échec rencontré après beaucoup d’efforts et de dépenses.

609.

« Les vieillards du pays parlent encore de leurs jeux enfantins avec Maurice de Mac Mahon , sous les allées séculaires, qu’aucun rayon de soleil ne pouvait percer »

610.

« Une propriété qu’habitait un ancien membre de l’Université, Monsieur Laurent , parent de Royer-Collard [né à Sompuis, dans l’arrondissement duquel se trouve le Meix-Tiercelin, fondateur du doctrinarisme qui entend théoriser la politique du juste milieu, opposée à la fois à la souveraineté du peuple et au droit divin] et descendant d’une famille ennoblie par Louis XIII, fut acquise pour donner un plus grand développement à un orphelinat de jeunes filles. Cette institution modeste, consacrée à Sainte Marie et à Saint Bernard, avait pris naissance à Paris chez une descendante [Melle Masson elle-même, d’où peut-être ses variations de patronyme] de la famille du Saint, qui fut choisi comme arbitre pour établir les droits des Moines du Meix Tiercelin.

En voyant de vastes contrées désertes et d’immenses domaines vendus le tiers de leur valeur, un proche parent de Monsieur Laurent , ancien volontaire aux Zouaves Pontificaux, pour répondre au désir de sa famille et à son propre vœu, conseilla de substituer à l’œuvre naissante des jeunes filles un orphelinat de jeunes garçons.

Au XII e siècle déjà les Religieux de l’Abbaye des Toussaints de Châlons avaient créé au Meix Tiercelin une exploitation agricole. Faire revivre cette œuvre après tant de siècles écoulés semblait être une tâche délicate et lourde.

Une notice sur la Champagne fut alors adressée au Congrès catholique du Nord et à Messieurs les Directeurs des Orphelinats de France.

Des hommes éminents daignèrent répondre à l’appel qui leur était fait et Monsieur le Marquis de Gouvello , fondateur de plusieurs orphelinats agricoles, voulut bien réunir le vieux château aux acquisitions déjà faites. Grâce à ce concours puissant, et à l’aide d’un homme éminemment chrétien, le 15 octobre 1887, l’ancienne abbaye des Bénédictins et des Franciscains était rendue à la charité. »

611.

Serait-il cet « homme éminemment chrétien » précédemment évoqué ?

612.

L’Orphelin, Revue de la Société de patronage des Orphelinats agricoles de France, publie dans sa livraison de mars 1888 (n°3) un poème non signé, Prière du petit orphelin , dont la dernière strophe proclame : « Nid charmant de verdure / O Meix-Tiercelin ! Sombre et grande nature / Abrite l’orphelin. » C’est bien le signe, outre de la présence des enfants, de l’appartenance de l’établissement à la Société des Orphelinats agricoles du marquis de Gouvello.

613.

ADL 85J ; y compris un prêt de 4000 francs de Fernand Philip.

614.

Il y a « une coterie contre les Kroumirs – le nom donné à notre personnel, et contre le Vatican nom dont on se sert pour désigner le château. » ADL 85 J, lettre de A. Drouot, sans date.

615.

« Nous qui, à Saint-Genest, avons dû établir un moulin et des ateliers malgré l’absence de cours d’eau, et avec les frais continuels d’une machine à vapeur ».

616.

Comme le Meix-Tiercelin, la plupart de ces demandes se situent à un moment où Cœur a sans doute envisagé de quitter la congrégation de Saint-Joseph avec la plupart des frères. Son maintien finalement dans l’ordre lui fait perdre sa liberté de s’étendre car, sil reste maître de Saint-Genest, il ne peut plus disposer du personnel pléthorique un instant espéré.

617.

Le fabricant d’automobiles ? Les lieux et les dates concordent : né à Carquefou près de Nantes en 1856 ; c’est de là qu’est datée sa lettre du 20 septembre 1888.

618.

Mgr de Forges laisse entendre que Cœur pourrait, depuis la Bretagne, relancer sa congrégation : « Vous avez ici une ère nouvelle pour les vocations — dès cette année j’aurais pu vous y donner un jeune séminariste de 22 ans qui a le bénéfice de la loi militaire ancienne. »

619.

ADL 85J, lettre du 2 décembre 1885 : il voudrait éviter « les ennuis d’une administration par trop tracassière ».