b) esquisse d’une pédagogie ?

Le mot est peut-être excessif ; nous ne savons à peu près rien du contenu réel de l’enseignement prodigué, pas plus que des résultats obtenus aux examens du certificat d’études 642 . On peut simplement supposer que la façon finalement assez simple et paternelle de mener les conférences du soir (dont il est question un peu plus bas) a pu se retrouver dans l’enseignement, prodigué pour partie par les mêmes personnes. On trouve dans les papiers concernant le père Berjat quelques factures concernant des achats de livres, mais assez tardives 643  : L’art religieux d’Emile Male, Michelet, Epictète, un manuel d’algèbre, un autre d’histoire (Malet), un dictionnaire de la Bible, mais aussi un cours d’agriculture, l’abonnement à une revue de chant grégorien et à un bulletin de météorologie… Un cahier-recueil de poésies 644 , dont on peut supposer, sans plus, qu’il reflète certains des textes appris ou étudiés, regroupe Victor Hugo, Sully Prud’Homme, Maupassant, François Coppée ; sa tonalité générale est plutôt patriotique et martiale, et toujours bien pensante (lorsque Voltaire est recopié, c’est pour un poème intitulé le soldat français). L’école installée dans l’établissement devait bien un peu respecter les programmes officiels ; le voisinage du préfet et quelques visites de l’inspecteur primaire de Saint-Etienne 645 en sont les garants. Les quelques citations grecques et latines qui émaillent les deux témoignages d’élèves dont nous usons ici et là montrent en tout cas que ces études pouvaient être sérieuses 646 .

En revanche, on peut noter qu’un enseignement secondaire peut être reçu, puisqu’il est parfois question de bacheliers : trois en 1887, huit en 1888 647 . Il est vraisemblable que c’est un prêtre de la communauté qui dispense une partie de cet enseignement, puisque la qualité de bachelier du père Berjat, Chef des classes, est mise en avant 648 . Mais divers éléments laissent penser qu’une certaine collaboration existe aussi avec le collège Saint-Michel tenu par les Jésuites à Saint-Etienne 649 , soit que des élèves descendent y suivre des cours, soit que leur travail y soit de loin supervisé. Il est vraisemblable que lorsqu’un bureau permanent a été ouvert en ville, avec des allers-retours quotidiens entre Saint-Etienne et la colonie, les lycéens ont pu en profiter pour rejoindre l’établissement. La maison possède cependant sa propre classe secondaire, de six à huit élèves en 1898, dirigée par le père Légat 650 . Il est possible que l’enseignement primaire ait été assuré par des religieuses de la branche féminine de la société de Saint-Joseph 651 pour les plus petits ; trois instituteurs brevetés sont en tout cas attachés à la maison.

Seul l’enseignement primaire est dispensé à tous ; après treize ans la règle est le travail, sauf demande particulière de la famille. Rien ne permet de dire que les enfants présentant des dispositions particulières à l’étude ont pu bénéficier d’un enseignement secondaire, sinon la colonie elle-même qui l’affirme dans divers documents de présentations, par exemple dans une note 652 non datée mais assez proche de celles qui sont publiées vers 1894 :

‘« Son caractère distinctif est d’être à la fois Ecole primaire, secondaire et professionnelle ; chaque élève, selon que le demandent ses intérêts et ceux de sa famille, peut passer, soit pour un temps, soit définitivement, d’une catégorie dans une autre. »’

Ou dans une autre, postérieure 653  :

‘« La classe reste ouverte en permanence pour tous ceux qui peuvent en profiter et pour tout le temps où ils peuvent en profiter. »’

Mais rien n’est dit de l’articulation de cette liberté d’étudier avec le travail manuel qui, dans l’emploi du temps, en occupe malgré tout en principe la plus grande partie : choix de l’enfant (qui est sous-entendu) ou de la direction (ce qui serait plus conforme au mode d’organisation de la maison), dispense pure et simple de travail manuel ou horaires particuliers et aménagés…

Conséquence des difficultés rencontrées par la colonie en 1900, les classes sont fermées le 6 décembre par décision de Justice, montrant a contrario qu’elles avaient été considérées comme satisfaisantes par les autorités de tutelle jusqu’à cette date. C’est aussi la seule mesure de rétorsion possible, comme la seule façon de montrer désormais la défiance de l’administration envers la colonie, qui pour le reste fonctionne essentiellement avec des placements volontairement opérés par les familles.

Plus originale et sans doute porteuse d’une sorte de pédagogie interne, est la conférence du soir, aussi appelée « instruction » dans l’emploi du temps reproduit plus haut, ou « lecture spirituelle » 654 .

Elle dure quotidiennement au moins une demi-heure, est assurée alternativement par les pères Rebos et Berjat, et permet à la fois de donner aux enfants une instruction morale et de commenter le déroulement de la journée écoulée. Elle est plus particulièrement consacrée à l’instruction religieuse le mercredi (catéchisme) et le samedi (commentaire des Evangiles), exclusivement par le père Berjat. D’où l’on déduit que les autres séances, davantage ancrées dans la vie quotidienne de la colonie, sont pour l’essentiel assurées par le père Rebos. C’est une forme de partage des tâches entre les prêtres de la maison, dont d’autres exemples existent.

Cette conférence n’est cependant pas seulement un additif au catéchisme dispensé le matin à la fin du temps de classe, mais présente une réelle identité, fondée qu’elle est sur les activités, événements ou incidents de la journée écoulée. Avec un peu de diplomatie et de finesse, il est possible pour les prêtres concernés d’en faire un joli instrument de formation morale. Un témoignage au moins permet de dire que le père Rebos n’en manque pas, grâce à une éloquence « tempérée, joviale et sérieuse à la fois qui vous fait avaler en riant la pilule, souvent bien amère, d’une verte leçon », au point que ces moments de retour sur soi-même et sur la vie de la communauté, dispensant une morale accessible, quotidienne et pratique, sont particulièrement appréciés des enfants qui ne cherchent pas à s’en dispenser 655 .

Les commentateurs de la pédagogie de Don Bosco ont noté que le coucher est un moment particulièrement précieux et propice au retour sur soi et ses actes, qui précède la longue période de réflexion solitaire que peut être le sommeil 656

A la récréation de 11 heures, il est possible de rencontrer les prêtres présents dans la maison. Si leur porte est gardée par les adjudants de service, tout simplement peut-être pour éviter l’invasion, cela n’empêche nullement un peu d’humanité dans les rapports ; quelques privilégiés ont ainsi droit auprès du père Rebos à « deux ou trois doigts de chocolat »…

Cette direction morale qui repose sur l’exploitation collective de situations vécues, renforcée par des entretiens particuliers, libres mais où l’on peut obtenir quelques attentions particulières, passe donc par une recherche systématique de la mise en valeur des vertus de l’exemple. Ce sont des enfants qui encadrent leurs semblables. Ces « adjudants » sont en quelque sorte des colons sortis du rang, élevés à cette dignité à la suite des rapports quotidiens rédigés chaque jour par les chefs de service et traduits chaque mois par une note globale donnant lieu à un galon de conduite. Les adjudants sont choisis parmi les enfants les plus riches en galons de conduite ; ils touchent une gratification supplémentaire 657 . Les galons sont remis au cours d’une cérémonie aussi solennelle que possible, le dimanche, en présence d’invités.

Cette vertu proclamée de l’exemple est également pratiquée par les adultes, par ceux qui sont responsables d’une activité manuelle et doivent l’enseigner aux enfants, comme par ceux qui ont une fonction de direction, et circulent dans la maison, dans tous les ateliers et lieux d’activité, pour visiter chaque groupe chaque jour.

Au risque d’employer un grand mot, mais il est utilisé sinon revendiqué 658 , c’est une forme particulière d’enseignement mutuel qui est pratiquée, chacun, sous le regard de l’autre, étant supposé être exemplaire, les manquements aux devoirs de la collectivité étant quotidiennement repris chaque soir, et les élèves les plus méritants mis en valeur, le tout publiquement et, pourrait-on dire, dans une transparence constante.

Il existe évidemment des punitions, elles aussi marquées par un caractère exemplaire et public, avec une gradation que les élèves décrivent mieux que les documents émanant de la direction de la maison 659 , étonnamment discrète sur le sujet.

Cette gradation est en quelque sorte morale : les châtiments s’adressant au cœur et à la raison des élèves suffisent aux meilleurs d’entre eux, « qui ont le cœur bien placé » ; pour les autres, il est parfois nécessaire de recourir à des punitions plus brutales qui « s’adressent aux sens, à la matière, en un mot à tout ce qu’il y a de “Bestial“ dans l’homme. »

Les réprimandes, publiquement adressées par les chefs, sont destinées à toucher l’honneur et la fierté des enfants, de telle sorte que la honte ressentie devant le groupe leur serve de leçon et les oblige à se surpasser pour recouvrer l’estime de leurs pairs et de leurs supérieurs. Le directeur également dispose d’un pouvoir de réprimande, cette fois particulier. Insistant sur les travers de son interlocuteur, repéré sans doute grâce aux rapports qui lui sont quotidiennement adressés, il essaie de le toucher plus que de le blesser. Ce sont là encore son honneur et sa fierté qui sont visés, de façon sans doute plus fine parce qu’individuelle, et plus solennelle puisque appuyée par la distance hiérarchique et l’apparente rareté de tels entretiens disciplinaires.

Lorsque la réprimande orale est sans effet, et après plusieurs avertissements, on passe à des punitions plus classiques, elles aussi hiérarchisées. Les chefs peuvent priver de dessert un pupille sous leurs ordres, pour des petits manquements, le punir du « piquet », c’est-à-dire le contraindre à rester immobile dans un coin pendant les récréations, éventuellement en gardant un fusil en joue, ce qui est physiquement plus pénible, et enfin le condamner au « Pain sec », pour un seul repas ou jusqu’à nouvel ordre, selon la gravité de la faute commise.

La direction se réserve les peines d’enfermement, « séquestre » ou cellule. Le Séquestre est une petite chambre plaquée de « tolle » (tôle ?), à la fenêtre grillagée, et possédant un lit ; l’eau et le pain y sont donnés à volonté. La cellule est un petit réduit, tout aussi sommairement meublé, où deux petites lucarnes ne laissent pénétrer qu’un peu de jour. On y reçoit deux fois par jour un verre d’eau et une ration de pain 660 . Les cellules sont au nombre de douze, et le séjour n’y dépasse pas deux semaines, et encore : « L’enfant demande-t-il sa grâce, on la lui accorde de suite (en général) s’il laisse paraître de bonnes dispositions pour l’avenir. »

On peut sans doute s’interroger sur l’objectivité des deux témoignages utilisés, les seuls disponibles mais émanant de deux pensionnaires qui veulent plaire à la direction et peuvent être tentés d’atténuer le régime disciplinaire de la maison. Il en ressort néanmoins une grande cohérence dans les principes évoqués.

L’exemplarité, dans un registre plus joyeux, s’étend aussi aux promenades, qui les jours fériés peuvent durer toute la journée, et auxquelles les prêtres de la maison participent toujours, à pied comme les enfants :

‘« Voilà, pour ceux qui voudront le comprendre, dans ce partage de la vie de nos enfants, le secret de nos succès. » 661 .’

Dans ces descriptions à nouveau, le parallélisme avec le contemporain Don Bosco est net. Comme chez lui, on retrouve à Saint-Genest le rôle de la parole et plus particulièrement la pratique du récit édifiant du soir, d’autant plus efficace qu’il repose sur des événements vécus et précède « le silence méditatif de la nuit » 662 . Comme lui, les prêtres de Saint-Genest partagent les activités de ceux qu’ils encadrent, les visitent chaque jour, et ne craignent pas le ridicule de transpirer avec eux sur les chemins, de sorte que la surveillance exercée prend une dimension plus humaine et affective, renforcée par les petites attentions et les entretiens particuliers. Cette humanité est finalement un gage d’efficacité.

Plus qu’au Patronage Saint-Joseph de l’abbé Monnier par exemple, où le mot du soir est aussi pratiqué, on a à Saint-Genest l’impression d’un véritable système éducatif, d’une forme de pédagogie en somme. Il y a une véritable vie commune, où la hiérarchie reste cependant visible en permanence, dans le costume par exemple (la soutane des prêtres, les galons des adjudants), et l’ordre assuré par une organisation militaire. Toutes les activités sont collectives, la fierté individuelle étant garante des écarts de chacun face à ce miroir, d’autant qu’elle peut être confortée par un grade, ou mise à mal par une dégradation, dans une cérémonie publique également. Cette forme de gestion du groupe d’enfants par les enfants eux-mêmes, leur donnant l’impression qu’on leur fait confiance et qu’on les respecte, est néanmoins enserrée dans une surveillance permanente des adultes, instructeurs, maîtres d’ateliers ou prêtres ; le directeur recueille quotidiennement leurs rapports, écrits et oraux. Ainsi, même peu visible ou peu présent, il voit tout.

Le reproche qui a pu être fait à Don Bosco d’une excessive douceur laissant sans prise la nécessaire agressivité de l’adolescent vis-à-vis des adultes, pourrait être repris ici avec ces adultes toujours présents, qui suggèrent par l’exemple plus qu’ils n’imposent, délèguent à des enfants l’essentiel du fonctionnement quotidien de la maison, et en quelque sorte esquivent une partie de leur fonction. Cependant, la réalité de la direction leur revient, et l’agressivité adolescente trouve de son côté un exutoire dans l’exercice physique, du travail ou des loisirs (excursions), voire dans l’ultime recours à l’enfermement 663 . En somme, c’est le caractère fermé de Saint-Genest qui lui permet de compléter les principes éducatifs de Don Bosco. Mais comme lui, et pour reprendre un langage plus actuel d’éducateur, la colonie s’efforce de pratiquer avec les adolescents une forme de « vivre avec ».

Sans trop anticiper sur la suite de la description de la vie à Saint-Genest, on peut ajouter quelques éléments à cette comparaison avec Don Bosco. L’attention portée aux exercices physiques, au corps en somme, peut être étendue : le sport et le travail manuel bien sûr, mais aussi les jeux collectifs, le théâtre, la musique, la fête y participent. Dans tous les cas, il s’agit, sous une forme d’apparente liberté d’action ou d’expression, d’acquérir par soi-même des règles de vie en commun.

La raison ensuite est constamment sollicitée ; par le recours à la fierté dans les punitions ou les récompenses publiques, l’enfant est amené à s’interroger sur ce qu’il doit ou ne doit pas faire. Les punitions les plus graves sont précédées d’avertissements et d’entretiens particuliers, afin de lui laisser le temps d’un retour sur ses actes. L’affection enfin complète l’ensemble, rend l’avertissement plus fécond, crée un sentiment de véritable communauté de vie. Les adultes sont toujours présents et disponibles, leur rôle n’est pas seulement de dénoncer et punir, mais aussi d’écouter et comprendre.

La religion est dans cet ensemble un puissant adjuvant, qui donne à l’enfant la possibilité de se référer toujours à des règles simples de vie et de conduite. Cela nécessite une instruction religieuse solide, que montre dans l’emploi du temps l’importance des séances de catéchisme, parfois relayées dans les conférences du soir, mais également un recours important à la pratique des sacrements de la confession et de la communion 664 .

Ainsi, comme les maisons de Don Bosco, celle de Saint-Genest veut « faire d’honnêtes citoyens et de bons chrétiens ». Elle accueille, évangélise, enseigne et permet l’apprentissage de l’amitié ; elle pratique le travail manuel et intellectuel, le sport, la fête et les arts (musique, théâtre). Elle permet enfin le développement de relations de confiance et ne répugne pas à ménager des moments de jeu, de joie simple, de bonheur en somme, où enfants et adultes se mêlent. Et visiblement le caractère disciplinaire de l’établissement, pour autant qu’il est possible de juger de ses résultats, n’en est pas affecté loin de là si l’on regarde les chiffres de la population accueillie et l’image que la colonie possède à l’extérieur 665 .

Notes
642.

Sinon cet articulet, en forme de communiqué de victoire, publié par le Mémorial du 1er juillet 1891 : tous les candidats du pensionnat des Sœurs de Saint-Genest ont été reçus au certificat d’études (mais on ne sait pas combien), et qui continue par quelques remarques sur cette bonne maison : elle est bien desservie par les voitures publiques, la pension est modique, l’instruction solide, sans compter que les enfants bénéficient des « avantages d’une aération parfaite ». On pourrait croire à une publicité pour un banal pensionnat religieux.

643.

ADL 85J, factures entre 1906 et 1910.

644.

Conservé au Montgay, avec des registres de comptabilité de Saint-Genest remis par la famille Mermet en 1990.

645.

Montgay, Colonie de Saint-Genest-Lerpt, Statistiques et faits divers, 1883-1891 ; au moins une visite, notée le 30 juillet 1890.

646.

La naïveté de certaines remarques ou tournures de la narration rédigée en 1898 laissent supposer la jeunesse de son auteur, qui n’a donc pas forcément accédé aux cours secondaires, d’autant qu’il a l’air particulièrement au courant des activités manuelles de la maison.

647.

ADL V540.

648.

Une note non datée (ADL 85J, Note sur l’Organisation et le Fonctionnement de la colonie de Saint-Genest-Lerpt, vers 1900 ? ; l’écriture ressemble fort à celle du père Cœur, mais la note porte le tampon d’un avoué à la Cour de Grenoble) y ajoute un responsable des Leçons particulières, le père Legat, licencié ès Lettres, mais on ignore s’il s’agit d’un enseignant ou d’un répétiteur, et trois instituteurs brevetés. Elle est reproduite en Annexe 32.

649.

A une date non précisée, le jeune vicomte de T. a dû être retiré en catastrophe du collège Saint-Michel, parce qu’il avait commis « un abominable et merveilleux pamphlet contre les Pères jésuites ».

650.

ADL 85J, Rédaction, Narration, Cahier de style d’un élève de Saint-Genest, 10 mai 1898-24 mai 1898 ; sa première narration est consacrée à une description de la colonie. L’articulation entre cette classe et le collège Saint-Michel ne nous est pas connue.

651.

Celle-là même qui deviendra congrégation des Petites Sœurs de Saint-Joseph après la dissolution de la Société.

652.

ADL 85J.

653.

ADL 85J, Note sur l’Organisation et le Fonctionnement de la colonie de Saint-Genest-Lerpt.

654.

Dans la Note sur l’Organisation et le fonctionnement de la colonie de Saint-Genest-Lerpt. L’emploi du temps figure au Tableau 46, page .

655.

ADL 85J, Travail complet sur l’organisation et le fonctionnement de la Maison de Saint-Genest offert au Père Rebos par le vicomte de T., celui-là même qui a été exclu de chez les Jésuites, à son départ de la colonie. Il en reste 37 pages, mais il y en avait sans doute davantage puisque la dernière phrase est inachevée. Vers 1890 ? Il figure en Annexe 40.

« “Il faut à la parole de “l’agréable“ et du réel

Mais il faut que cet “agréable“ soit lui-même tiré du “vrai“

C’est cette belle pensée de Pascal, que l’habile conférencier, que les enfants ont le bonheur d’entendre chaque jour, semble avoir pris pour ligne de conduite dans ses discours… Sa parole n’est point de celles qui vous endorment, ou qui, si elles vous tiennent éveillées, n’y arrivent qu’en inspirant la terreur ou quelque sentiment violent. Non, c’est une éloquence tempérée, joviale et sérieuse à la fois qui vous fait avaler en riant la pilule, souvent bien amère, d’une verte leçon… Ces conférences ont leurs sujets tout tracés par la conduite des élèves, les événements de la vie quotidienne et les enseignements d’utilité pratique, tant dans l’ordre moral que dans l’ordre matériel. Aussi n’est-il personne qui cherche à s’en dispenser, comme cela arrive la plupart du temps pour ce genre d’exercices. Au contraire chacun y court avec empressement et le

“Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci“

trouve ici sa réalisation parfaite et l’éclatant témoignage de sa vérité ! !… »

657.

AN, BB1860031 : 13 septembre 1879, rapport du Procureur Général sur la colonie de Cîteaux. On y insiste sur l’importance, et l’efficacité de la délégation d’autorité, et la proximité entre Cîteaux et Saint-Genest permet sans doute de lui étendre le commentaire : « Dès qu’une observation attentive a révélé aux surveillants un sujet très méritant par son intelligence et sa conduite, il est investi du titre d’adjudant, et reçoit avec l’insigne d’un cordon rouge à son chapeau, une mission de direction et de contrôle sur un groupe de ses codétenus. Chaque division a plusieurs adjudants, et un adjudant major qui les dirige, en répond en quelque sorte, et porte un gland d’argent à sa coiffure. On ne saurait croire, si l’expérience n’en faisait foi, combien l’autorité des adjudants est respectée et leur commandement obéi, à quel point la responsabilité qui leur incombe réveille et entretient dans leurs cœurs le sentiment du devoir symptôme assuré de leur régénération. »

658.

ADL V540, rapport sur la maison par son directeur, en réponse à un questionnaire du ministre de l’Agriculture, 1er juillet 1889 : instruction mutuelle, dans l’enseignement technique.

659.

Sans doute ont-ils davantage de raisons d’y être sensibles, et peut-être ont-ils pu bénéficier personnellement des avantages de cette gradation…

660.

Et, selon la narration de 1898, de la soupe à 11 heures.

661.

ADL 85J, Note sur l’Organisation et le Fonctionnement de la colonie de Saint-genest-Lerpt.

662.

Xavier Thévenot, art. cit., p. 111-112.

663.

Xavier Thévenot, art. cit., s’interroge ainsi, p. 126, sur « l’insistance qui peut paraître excessive sur la douceur, dont on peut se demander si elle laisse suffisamment de possibilité d’expression à l’agressivité de l’adolescent vis-à-vis de ses éducateurs. »

665.

Et tout cela évidemment sans qu’existe aucune trace d’une volonté explicite de suivre l’exemple de Don Bosco. Hormis le caractère contemporain du saint (1815-1888) et du père Cœur, il est donc impossible de savoir s’il s’agit là d’une intention de suivre un modèle efficace, du résultat, tout pragmatique, d’une longue expérience à Cîteaux puis à Saint-Genest, ou de l’héritage des méthodes du père Rey.