c) le travail

Le travail est destiné à la fois à former les enfants et à faire vivre la colonie. Les activités proposées aux enfants se diversifient avec le temps. Sous l’impulsion du père Cœur, Saint-Genest devient une véritable petite entreprise montrant que la régénération morale, sous couvert d’un travail moralisateur et d’une activité physique apaisante, n’exclut pas un intérêt économique bien compris. Il est en effet admis que la campagne a une « influence pacificatrice pour les esprits, calmante pour les âmes, et toujours saine pour le corps » ; quand bien même du reste les enfants ne seraient pas tous aptes à l’agriculture, ils peuvent au moins ainsi baigner dans un milieu rural, « moralement et physiquement salubre » 666 .

Entre les origines de la colonie et les témoignages fin de siècle, il y a un vide de vingt ou trente ans difficile à combler ; on se contentera donc d’une esquisse de comparaison.

En 1872, l’apport comparé des pensions versées pour le séjour des enfants et les activités auxquelles ils participent dans les recettes de l’établissement montre que plus de la moitié des revenus de la colonie (58 %) provient des pensions payées (Tableau 47).

L’agriculture et ses activités annexes rapportent davantage que l’industrie, qui s’apparente d’ailleurs plutôt à de l’artisanat. Mais on peut imaginer que plus que la commercialisation, la colonie alors à ses débuts et dans une situation financière délicate (le bilan n’est bénéficiaire que grâce aux avances de Cîteaux et d’Oullins) recherche avant tout une certaine autosuffisance. Dans ce cas, produisant elle-même ses tuiles, ses briques, ses outils, ses meubles, ses chaussures, sa nourriture, et même ses chapelets, elle dispose d’atouts importants, au moins sur le papier.

Tableau 47 : colonie de Saint-Genest, recettes de l’exercice 1872 (francs)
industrie   agriculture   autres  
cordonnerie 2 100 agriculture 3 088,80 dépôts divers 23
chapelets 898,45 jardin 4 802,40 pensions 26 268,75
forge 2 704,75 basse-cour 435    
tuilerie 2 047,25 vacherie 2 174,90    
menuiserie 144,75 porcherie 601,15    
  7 895,20   11 102,25   26 291,75
 
Total recettes 45 289,20

Mais si l’intérêt professionnel de l’agriculture, de l’élevage et d’une partie des activités artisanales est certain (encore qu’on ne sache pas si les enfants tiennent seulement lieu de main-d’œuvre ou en tirent une formation, au moins par une pratique convenablement encadrée), et gage d’une insertion professionnelle future, on peut s’interroger sur celui de l’atelier de chapelets 668 , activité à coup sûr minutieuse et ingrate, nécessitant une main-d’œuvre importante mais peu de qualification pour une tâche répétitive et toute de manipulation. Par ailleurs, l’absence de cours d’eau et de toute force motrice doit être compensée par l’activité musculaire, certes apaisante pour les pulsions diverses de ces adolescents remuants, mais peu propice à la diversité des tâches et donc à la qualité de la formation finalement acquise.

Quelques achats de terres, constructions d’ateliers, travaux d’adduction d’eau, installation de machine à vapeur plus tard, faute de posséder un bilan comparable, nous disposons d’un inventaire général de la maison de Saint-Genest, donnant la valeur et donc l’importance des équipements, du matériel et du bétail (Tableau 48).

Cette évaluation purement financière permet cependant de mesurer le chemin parcouru en vingt-cinq ans : Saint-Genest est devenu une véritable exploitation agricole et industrielle. Les activités artisanales ont franchi une étape en privilégiant des tâches de transformation au lieu de la simple vente de produits bruts : la charcuterie, la minoterie, la boulangerie permettent, tout en dégageant sans doute quelques bénéfices par des ventes à l’extérieur, une plus grande autonomie de la maison, qui peut ainsi faire face à ses propres besoins. Même si la fabrication des chapelets est remplacée au rang de la bête activité de main-d’œuvre par la brosserie, on constate une plus grande diversité des tâches et donc des possibilités de formation.

Tableau 48 : colonie de Saint-Genest, inventaire général au 30 mars 1896 (francs)
ajustage 4 351,45
(dont 3 065 de matériel)
charcuterie 619,30
(dont 313,30 de saucisson, lard et graisse)
brosserie 8 531,35 exploitation agricole 5 689,10
(dont 3 944,50 de matériel)
tuilerie 3 285,95 vacherie 1 1500
(dont 3 paires de bœufs)
minoterie 18 143,90
(l’installation a coûté 20 000 francs à l’achat)
bergerie 994
(34 brebis, 12 agneaux)
machine à vapeur 9 118,50 basse-cour 274
(dont 2 couveuses, 1 sécheuse, 6 éleveuses)
scierie 1 900
(non montée)
porcherie 1 250
(12 bêtes)
boulangerie 832,50 chevaux 1 100
(1 jument, 3 chevaux, 1 âne)
forge 1 057,95    
ferblanterie 237,15    
tailleurs 604,05
(dont 432,50 de drap d’uniformes)
   
cordonniers 261    
saboterie 155
(310 paires à 0,50)
   

Mais moins que l’apport financier, c’est le nombre des apprentissages possibles qui est mis en avant par l’établissement, donnant de bonnes chances de trouver à chacun celui qui lui convient, et à la maison de multiplier ses possibilités d’action sur les enfants :

‘« Le but principal de ces diverses installations n’est pas l’apprentissage de l’élève, mais bien sa réforme morale. C’est pourquoi les élèves peuvent passer successivement d’une section dans une autre, suivant les dispositions du moment, suivant le besoin actuel de surveillance et aussi suivant la nécessité de détente intellectuelle ou morale où se trouve le sujet. » 670

Il est difficile de classer ces activités selon leur destination, interne ou extérieure. La plupart ont une double finalité, hormis sans doute la lingerie, la cuisine et la boulangerie, purement domestiques, ou au contraire la brosserie dont la production est vendue au-dehors, et l’atelier d’ajustage. Il s’agit dans ce dernier cas d’un exemple assez intéressant d’intégration dans l’économie locale. Le métal est acheté brut, préparé dans la fonderie de la colonie, puis transformé à l’ajustage en pièces diverses (clés, serrures, platines et autres pièces de fusils), vendues en gros à des quincailliers. Pour les derniers articles cités, on peut même supposer une sous-traitance pour les ateliers stéphanois 671 . Et, en rappelant que la quincaillerie est une des activités traditionnelles des environs de Saint-Chamond, on peut étendre à ce secteur la possibilité d’un travail à façon pour des fabricants locaux.

Le reste est moins nettement tranché : la cordonnerie et le moulin travaillent en priorité pour la colonie, mais aussi pour l’extérieur. Les produits agricoles (culture ou élevage) servent avant tout à la nourriture de la maison, mais une partie, transformée parfois, est vendue : boucherie, charcuterie, lait, beurre… L’atelier de maçonnerie est en charge de la construction et de l’entretien des bâtiments, usant des produits de la carrière et de la tuilerie, mais on vend également tuiles et briques à l’extérieur.

Au total donc, il y a une claire volonté d’autarcie, et pas seulement pour l’alimentation. Les surplus, vendus, permettent à la fois des rentrées d’argent et l’intégration de la colonie dans l’économie locale.

Si le texte du jeune vicomte insiste un peu sur la beauté des champs bien tenus, la qualité des fruits récoltés, mais aussi sur les occasions de divertissement que sont la moisson, la fenaison ou les vendanges, pour lesquelles on peut supposer que la totalité de la main-d’œuvre disponible est mobilisée, le jeune élève distingue dans sa narration les travaux réservés aux Petits : brosserie, tailleurs, éplucheurs (douze à quinze élèves qui aident à la préparation des repas). Dans une maison presque exclusivement masculine, ce sont souvent ces mêmes ateliers qui sont menés par des religieuses (tailleurs, lingerie, cuisine).

Dans certains domaines, il a pu arriver que la colonie fasse appel à des professionnels. Ainsi en mars 1888 est engagé un M. Rochelle pour la direction de la charcuterie de la colonie. Il est question d’appointements (3 000 francs par an), d’un intéressement aux bénéfices, et d’un salaire pour son épouse si elle tient le banc de la colonie aux Halles de Saint-Etienne pour la vente journalière des produits de l’exploitation projetée. Assez vite, Rochelle récrimine contre la difficulté à obtenir du personnel de la maison, ou la voiture pour se rendre aux Halles. Le contrat est rompu, il envisage d’installer un commerce dans le même hameau que la colonie, et l’affaire se termine en Justice 672 .

De même en 1884 à l’occasion de la faillite de la fonderie de cuivre Marckert, le syndic propose à la colonie d’en continuer l’exploitation, abandonnant les trois quarts des bénéfices aux créanciers, ce qui laisse supposer que l’entreprise a partie liée avec la colonie, soit qu’elle ait été chargée d’exploiter sa fonderie, soit qu’elle bénéficie du travail à façon de la maison.

Non cité au rang des punitions, existe cependant un groupe de travail supplémentaire, où la part disciplinaire est avouée. La « Section » est en charge des travaux de force. Hiver comme été, elle compte une quinzaine d’élèves qui creusent des fossés (des « minets » d’un mètre de profondeur 673 ). Ces « fortes têtes » sont particulièrement encadrées : deux adjudants et un chef de division.

A l’inverse, quelques emplois sont réservés aux enfants dispensés de travaux difficiles, qui ont du mal à s’adapter au rythme de la maison, que l’on veut isoler pour une raison quelconque, ou auxquels on veut donner une marque particulière de confiance. Ce sont des emplois de bureau, à la colonie ou à son bureau de ville (à Saint-Etienne, place Paul Bert) : aide au secrétariat ou à la tenue des livres de compte, mais aussi participation aux tournées de livraison des produits de la colonie.

Ce bureau est un lieu de réception des familles et des enfants, c’est là que le père Cœur traite sa correspondance, mais c’est aussi un magasin de vente des produits de la colonie. Lait, crème, œufs et charcuterie y sont proposés. La maison commercialise une partie de sa production agricole et les livres de comptabilité 674 montrent de nombreux paiements d’octroi, signe que de la marchandise quitte la colonie pour Saint-Etienne, par exemple en avril 1890 (Tableau 49).

Tableau 49 : ventes de la colonie de Saint-Genest, paiements d’octroi du mois d’avril 1890
3 avril : charcuterie (1,95 francs), viande (0,60) 14 avril : charcuterie et viande (1,55 francs), avoine (0,20 francs)
4 avril : viande (1,30 et 2,50 francs) 18 avril : viande (0,40 francs)
7 avril : viande (0,35 franc) 19 avril : viande (1,10 francs), charcuterie (6,75)
9 avril : charcuterie (5 francs) 20 avril : charcuterie (9,05)
10 avril : charcuterie (7,50 francs) 22 avril : grain (0,15 francs), viande (0,40)
13 avril : charcuterie (1,70 francs), viande (0,80) 23 avril : avoine (2,35 francs)

En mai 1892, la laiterie compte soixante-douze clients (pour un total de 576,65 francs) et soixante-cinq en octobre (dont quelques personnes déjà rencontrées parmi les bienfaiteurs de la colonie, et aussi quelques notables : Madignier pour 11 francs 35, le caissier de la Banque de France pour 7 francs 50, Staron pour 16 francs 10, Peuvergne pour 3 francs 65, le directeur de la Banque de France pour 11 francs 35, Gerest pour 6 francs, Courbon pour 7 francs 50 ; total de 528,50 francs). Le préfet compte aussi parmi les clients de la colonie ; sa note de lait s’élève en août 1894 à 77 francs 50. En novembre-décembre 1897, on relève la vente de veaux, de charcuterie, d’agneaux, de betteraves (le 20 novembre, pour 175 francs 50, à M. Marrel de Rive-de-Gier). En juin 1907, la laiterie écoule environ chaque jour : quarante œufs, dix à quinze litres de lait et autant de crème.

On voit bien par là que la colonie se comporte exactement comme une exploitation agricole 675 classique, à cela près qu’elle dispose d’une main-d’œuvre un peu particulière et d’une clientèle choisie. Elle mêle les activités destinées à l’économie domestique et celles qui s’ouvrent à l’économie de marché, où la part de la formation professionnelle et du profit immédiat de la colonie n’est pas claire. C’est du reste une remarque qui vaut pour l’ensemble des établissements du même genre, et qui peut expliquer que l’image qui en est donnée a posteriori est passablement ambiguë 676 .

Il est difficile d’avoir une idée précise de l’encadrement des élèves. Le nombre d’adultes est connu par les descriptions que nous citons, mais il est parfois difficile de distinguer employés et pensionnaires, comme le montre le cas de ce prêtre écossais déjà cité, pensionnaire de la maison, mais qui est également chargé des cours d’anglais de la classe secondaire ; les sœurs quant à elles restent au nombre de quinze à vingt jusqu’à leur départ de l’établissement en 1902 677 . On peut cependant tenter une estimation, en comparant les états disponibles à diverses périodes à l’effectif des enfants (Tableau 50).

On supposera que les chiffres fournis en 1898 sont aussi valables pour la période précédente, où le nombre d’élèves approche ou dépasse deux cents, soit un taux d’encadrement de 2,7 enfant pour un adulte.

Ces taux restent une hypothèse haute ; il est bien difficile de savoir si tous les adultes peuvent être considérés comme membres de l’encadrement. Le problème se pose notamment pour les pensionnaires libres, entre les deux groupes des adultes et des enfants : payant leur séjour, mais associés au fonctionnement de la maison pour une partie d’entre eux. De même, si on peut penser que les ouvriers participent à l’enseignement professionnel, ranger les employés (balayeur, secrétaire, cocher…) au rang de l’encadrement est discutable. Il reste cependant que chaque adulte, y compris même les anciens élèves reçus dans l’attente d’un logement ou d’un travail, se voit rappeler son rôle de modèle et d’exemple.

Tableau 50 : encadrement des élèves à la colonie de Saint-Genest (1874 et 1898)
1874 678 1898 679
Adultes :
directeur et surveillants (frères) 19 prêtres 5
religieuses 14 chefs d’ateliers 13
    encadrement des divisions 4
    employés et ouvriers 20
    pensionnaires libres avec une fonction 5
    pensionnaires libres 6
    religieuses 20
Total adultes 33   73
Enfants :
enfants 124   150
enfants pour 1 adulte 3,75   2

Signe de son extension, par ses terres, ses activités et le nombre de ses pensionnaires, on constate en tout cas que la troupe des adultes s’est spécialisée : les prêtres dirigent, s’occupent de l’enseignement, et des laïcs sont désormais employés, dans les ateliers notamment. Mais une incertitude demeure quant à leur qualité réelle ; pour quelques-uns au moins il paraît assuré que ce sont d’anciens frères de Saint-Joseph, restés en poste mais sous leur propre nom après la dissolution de la congrégation 680 .

Le taux d’encadrement reste élevé ; c’est le signe du caractère particulier de la population recueillie. Et si sa tonalité masculine est évidente, d’ailleurs logique dans une maison religieuse accueillant des garçons, quelques lieux féminins demeurent. Les religieuses sont en quelques sortes de substituts maternels, puisqu’elles paraissent se consacrer prioritairement aux ateliers réservés aux Petits. Elles occupent par ailleurs les lieux traditionnellement féminins : cuisine, lingerie, et sont chargées de l’entretien de la chapelle 681 . On ignore comment elles s’acquittent de leur présence dans la maison, mais on sait par ailleurs l’importance de quelques lieux féminins dans les internats de rééducation ; il est vraisemblable qu’elles peuvent aider à faire supporter bien des choses, surtout aux plus petits (l’admission peut se faire à partir de sept ans). D’autant qu’elles ne paraissent avoir aucune part à la direction : portant l’habit religieux, mais sans position hiérarchique explicite, les sœurs représentent un groupe à part, d’autant plus sécurisant pour les enfants.

La colonie préfère recevoir ses pensionnaires assez jeunes, pour avoir le temps de les réformer, d’où cet âge minimum précoce. Il n’y a pas d’âge de sortie fixé, sinon la limite légale de la majorité, souvent en réalité celle de l’engagement militaire. Il n’existe pas, contrairement à Cîteaux, de Société de patronage chargée de suivre l’enfant après sa sortie. En revanche, une correspondance nombreuse existe 682 de la part d’anciens élèves qui donnent de leurs nouvelles et en demandent de la maison, envoient leurs vœux de nouvelle année, ou sollicitent un service tel qu’une recommandation pour un emploi, un certificat d’aptitude à tel ou tel métier. On y lit un grand respect pour les prêtres dirigeant la maison, particulièrement envers le père Rebos qui paraît avoir su susciter des souvenirs davantage marqués par l’amitié, signe sans doute d’une certaine proximité, voire de complicité, avec les enfants.

Aucun texte ne fait état de placements à l’extérieur par la maison, mais quelques cas apparaissent dans le registre conservé dans les papiers du père Cœur (Tableau 51) 683 .

Tableau 51 : enfants placés à l’extérieur par la colonie de Saint-Genest (1879-1892)
Nom prénom âge à l’entrée évasions âge au placement année commune de placement limitrophe de Saint-Genest profession du patron
G. Jacques 11 1 21 1889 Saint-Just-sur-Loire oui  
C. Benoît 9 1 12 1879     placé comme domestique
B. Jean 16 1 20 1889      
A. Valentin 6   11 1890 Saint-Just-sur-Loire oui  
S. Georges 9   13 1890 L’Etrat oui  
M. Louis 14   15 1887 Saint-Just-sur-Loire oui propriétaire
F. Léonce 12   17 1891      
E. Gaston 17   19 1889 Saint-Etienne oui agriculteur
B. Alphonse 13 1 16 1890     agriculteur
H. Georges 17   17 1890 Saint-Etienne oui agriculteur
D. Mathieu 17   18 1892 La Fouillouse oui  

Ils sont onze entre 1879 et 1892, dont dix entre 1887 et 1892 : pas assez pour pouvoir affirmer qu’un placement est la suite normale du séjour à la maison, mais suffisamment pour penser qu’il s’agit là d’une possibilité de transition entre le séjour et un départ définitif, qui s’exerce surtout autour de 1890. Rien évidemment n’est dit sur le choix des patrons, ni même sur les gages éventuels des enfants 685 . On constate simplement que sur les onze élèves placés, quelques-uns ont tenté auparavant de s’évader ; le placement au-dehors peut donc être une façon d’atténuer les pressions de l’établissement insupportables pour certains, sans toutefois renoncer à toute tutelle. Leur âge souvent élevé montre aussi qu’il peut s’agir, alors que son maintien dans l’établissement n’est plus guère possible, d’une façon de garder un enfant majeur sous une sorte de surveillance un peu distante. Les communes de placement restent proches, et facilitent cette surveillance.

Pour d’autres cependant, l’âge de placement proche de douze-treize ans est plus habituel, faisant suite à la première communion ou au certificat d’études, âge légal de la fin de l’obligation scolaire, et montre une situation proche de celle des pupilles de l’Assistance publique. La colonie se comporte alors comme un établissement d’enseignement primaire, et donne un état aux adolescents qui en sortent. Pour autant qu’on puisse en juger, le placement est habituellement agricole. Rien ne permet en revanche de dire que la colonie place des apprentis ou de jeunes artisans formés par ses soins dans des ateliers, de sorte que, malgré ses annonces, on ne peut affirmer que ses formations industrielles facilitent l’embauche des anciens colons.

Notes
666.

Louis Puibaraud, Les maisons d’éducation préventive et correctionnelle, essai d’un plan de réforme de la loi du 5 août 1850 sur les jeunes détenus (rapport lu aux séances des 3 janvier et 14 février 1894 devant le Comité de Défense des Enfants traduits en Justice), Paris, La Gazette du Palais, 1894, 63 p., p. 13. Il note au passage le gros problème posé par la loi : les condamnés sont trop souvent mélangés aux acquittés et surtout, parce qu’ils ne font que leur peine, sortent plus tôt : être coupable rend libre plus vite !

667.

AMSE 4I3, colonie de Saint-Genest-Lerpt, Exercice 1872.

668.

Pour la vente desquels un accord a été passé avec un certain Duchaussoy, qui s’engage à les placer contre une commission de 5 % sur le total des ventes… ADL 85J.

669.

ADL 85J.

670.

ADL 85J, Note sur l’Organisation et le Fonctionnement de la colonie de Saint-Genest-Lerpt.

671.

Il n’est d’ailleurs pas impossible que le père Berjat, fils d’un petit industriel de Saint-Héand fabricant de platines, ait pu en ce domaine faire jouer ses connaissances et relations.

672.

ADL 85J.

673.

Pour le drainage et l’irrigation ? L’eau est un souci constant pour le père Cœur.

674.

Montgay ; remis en 1990 par la famille Mermet.

675.

En 1874, le père Guillermain, alors directeur de Saint-Genest, est qualifié de « négociant » à l’occasion d’un procès qui l’oppose à un intermédiaire chargé de la vente d’objets fabriqués par la colonie. ADL 85J.

676.

Stéphane Douailler, Patrice Vermeren, « Les prisons paternelles ou le grand air des enfants », in Les Révoltes logiques, n°8-9, 1er trimestre 1979, 133 p., p. 2-49, plus particulièrement p. 32-33.

677.

ADL V539.

678.

ADL V540.

679.

ADL 85J, Rédactions, Narrations, cahier de style.

680.

C’est le cas au moins pour le frère Théodore, qui devient Monsieur dans la narration de 1898.

681.

C’est en revanche un employé qui tient l’infirmerie.

682.

On l’a déjà dit, seule la correspondance sélectionnée par le père Cœur nous est pour l’essentiel parvenue.

683.

Mais on a vu plus haut, à propos du projet tunisien, que ce placement comme employé des anciens élèves est présenté comme systématique.

684.

ADL 85J, registre d’élèves.

685.

Pas plus d’ailleurs que nous n’avons trouvé de précisions sur le montant des pécules, dont l’existence est cependant affirmée à plusieurs reprises.