C. Le lent déclin de Saint-Genest

1) Les relations tumultueuses du père Cœur avec sa congrégation

Plus d’une fois, Cœur a envisagé de quitter, avec sa maison de Saint-Genest, la congrégation de Saint-Joseph. Mais jusqu’au bout aussi, il se présente en continuateur de l’œuvre du père Rey, laissant entendre que ce sont ses successeurs à la tête de l’ordre qui ont manqué à sa mémoire. Dans les notes qu’il rédige en 1911 760 , il se montre lui-même sous les traits d’un digne élève du fondateur, et un petit peu plus encore :

‘« En 1867, l’abbé Cœur entre comme directeur-prêtre à Cîteaux 761 , et devient l’intime confident du Père Rey ; le Père Rey et le Père Donat son principal auxiliaire lui confient la mission de mettre au point une méthode spéciale d’enseignement et d’éducation qui font déjà la puissance de Cîteaux. »’

Véritable dépositaire de l’œuvre comme de l’esprit du père Rey, face à tous ceux qui, par leur incapacité ou leur conduite irresponsable, conduisent la congrégation à sa ruine, telle est la posture, à la fois de disciple fidèle et de martyr, que se donne durablement Cœur. Il s’y tiendra jusqu’à sa mort, après avoir vu Saint-Genest aussi disparaître. Si en esprit il est bien difficile de contredire ses affirmations, il reste que, par ses actes, il a pu lui aussi contribuer à affaiblir l’ordre.

Notes
760.

ADL 85J, particulièrement la Note sur l’Œuvre de Saint-Joseph.

761.

Son curriculum vitae à l’archevêché, dont M. Hours nous a envoyé copie, stipule qu’ordonné prêtre le 15 juin 1867 (à 24 ans), il est nommé aumônier du Refuge Saint-Joseph d’Oullins en 1869, puis à Cîteaux en 1873. Le père Rey meurt le 6 avril 1874. D’après cette fiche, il n’aurait donc guère pu le fréquenter de près que quelques mois, les derniers. On peut penser que la note rédigée en 1911, presque cinquante ans plus tard, n’est pas sciemment erronée. Mais il reste que, en l’absence de beaucoup de témoins survivants, un petit arrangement de dates facilite la démonstration…