a) la Maison paternelle devient société anonyme

Conformément à ce qui a été convenu avec le père Guillermain, une Société anonyme est créée le 30 décembre 1897. Son objet est assez vague pour ne pas exclure l’éventuelle gestion de Cîteaux de ses activités : « l’achat, la création et l’exploitation de fermes modèles et de toutes industries ». Elle prend le nom de Société anonyme des Fermes-écoles et industries y annexées ⁸³⁰ . Son siège est au bureau stéphanois de la colonie, 7 place Paul Bert.

Les apports proviennent principalement du père Cœur et de Melle Mallard, et correspondent à la propriété en exploitation à Saint-Genest par la colonie :

• Cœur et Mallard : la propriété de Saint-Genest, soit 60 hectares 55 ares, avec bâtiments, matériel agricole et industriel, cheptel, rachetée en 1889 lors de l’expropriation ⁸³¹ ,
• Cœur : le domaine de Cizeron, traversé par la route de Saint-Etienne à Saint-Just-sur-Loire et jouxtant la campagne de la préfecture, de 20 hectares, et les terres des Mouilles, un terrain au lieu de la Tuilière d’un peu plus d’un hectare, le tout acheté en 1895,
• Cœur, Guillermain, Courbon, Bardin (employé de Saint-Genest) : un demi-hectare de pré acheté conjointement en avril 1897,

le tout estimé à 200 000 francs et donnant lieu à une distribution proportionnelle d’actions de la Société, soit quatre cents actions de 500 francs sur les cinq cents constituant le capital ⁸³² .

Le 25 février 1898 est enregistrée la liste des actionnaires de la nouvelle société (Tableau 58). Le profil des actionnaires est assez comparable aux membres des deux sociétés laïques de Saint-Joseph antérieures. Des rubaniers, clairement indiqués comme fabricants ou bien comme négociants, des propriétaires et des rentiers, mais il y a une certaine ouverture vers une économie un peu plus moderne : la banque et l’industrie ⁸³³ . Du premier comité subsistent Jean-Baptiste David et Henri Palluat de Besset ; du deuxième : Palluat, Courbon, Bouchetal Laroche et Philip. Et par l’intermédiaire de Bouchetal Laroche à qui il est apparenté, Auguste Gérin, décédé en 1890, n’a pas tout à fait disparu.

Il faut noter que les actions Mallard-Cœur sont remises en commun, et à nouveau distribuées (vendues), en signe de l’indépendance de gestion qu’ils entendent (le père Cœur surtout) laisser à la nouvelle société, et afin de lui assurer de nouvelles rentrées d’argent. Parmi les premières, dix sont ainsi vendues à la baronne Camille de Rochetaillée ⁸³⁴ , qui prend ainsi la suite du Rochetaillée membre du précédent comité stéphanois.

On aurait pu espérer qu’avec une propriété libérée de ses dettes et encore un peu agrandie, et de nouveaux administrateurs ayant fourni un nouveau capital, la maison de Saint-Genest reparte sur de bonnes bases et poursuive son développement, sans souci extérieur désormais. C’est pourtant juste après cette remise à plat générale qu’éclate l’« Affaire de Saint-Genest ».