2) Une forte dimension sanitaire et médicale

a) des activités multiples…

Il n’est pas nécessaire ici de détailler tous les prolongements d’une aussi ambitieuse entreprise ; il y faudrait une monographie particulière, dont les documents de base d’ailleurs existent 903 , d’autant que ses activités perdurent jusqu’en 1958. Mais il peut être utile de donner malgré tout quelques précisions sur la façon dont elle s’acquitte de sa tâche, puisque en son sein apparaissent les animateurs principaux des organismes spécialisés sur lesquels nous nous arrêterons plus loin.

Immédiatement après sa création 904 , les activités paraissent déjà fort variées, quoique le plus souvent présentées sous forme de projets ou de souhaits. Il est question de visite aux préfets successifs, des « rapports avec la SDN », de l’envoi d’une circulaire présentant la Fédération et sollicitant l’adhésion de la population, ou d’une lettre aux parlementaires sur l’application de la loi scolaire aux aveugles 905 . La Fédération envisage également de créer un répertoire général des œuvres et d’entreprendre la centralisation de tous les renseignements sur les œuvres de l’enfance, de constituer des sections locales, des centres de protection maternelle et infantile demandés par les pouvoirs publics, d’organiser une propagande pour une meilleure hygiène de l’enfance, et demande au Dr Poulain d’étudier la question de la fourniture de lait. A cette même séance, le Dr Pélissier, médecin accoucheur de la Maison maternelle depuis 1924 906 , expose le programme de l’école de puériculture en cours d’organisation, Simone Levaillant signale l’intérêt qu’il y aurait à créer un comité s’occupant activement de l’enfance traduite en justice et annonce qu’elle espère pour bientôt une école destinée à « l’enfance anormale », le Dr Michelon est chargé de faire s’entendre les caisses d’assurances sociales et les œuvres sur la question des honoraires. Enfin, l’organisation de la Journée de l’enfance et la création d’un Comité des fêtes sont mises à l’étude.

Lors de la réunion du Comité fédéral du 28 février 1933, en forme d’assemblée générale 907 , François Leboulanger dresse un bilan des dix-huit premiers mois de fonctionnement et rassemble en premier lieu, dans une longue liste, l’ensemble des œuvres que la Fédération entend rassembler et faire prospérer 908 . Il décrit les divers regroupements au sein de la Fédération, notamment le groupe des techniciens comptant « les personnalités les plus marquantes dans le domaine de la protection maternelle et infantile », et y salue la présence de M. Folliet, inspecteur de l’Enseignement primaire, du Dr Nordmann, « dont la compétence dans le domaine éducatif et médical de l’enfance est connue », et de Jean Guichard qui apporte ici son expérience des affaires à la tête des établissements du Casino. Il en est de même sur le plan géographique : la plus grande unité est rendue possible par le regroupement et l’adhésion des œuvres roannaises et montbrisonnaises 909 . On accueille donc tout le monde, sans limitation ni exclusive d’aucune sorte, avec au besoin un mot aimable. Il ne paraît y avoir aucune borne à cette ouverture, au point d’ailleurs qu’on peut s’interroger sur l’efficacité d’un rassemblement aussi large, au risque d’en devenir hétéroclite, d’autant qu’il faut bien du coup réserver à chacun une place conforme à l’importance qu’il se donne, afin de ne léser aucune susceptibilité ni courant de pensée.

Notes
903.

Conservés dans les locaux de l’ADSEA de la Loire à Saint-Etienne.

904.

Assemblée générale du 18 novembre 1931.

905.

Sur la demande de M. Salis, représentant de l’Union amicale des aveugles civils et militaires du département ; la Fédération peut donc reprendre et amplifier des campagnes déjà existantes.

906.

Voir Mathilde Dubesset et Michelle Zancarini-Fournel, thèse citée, p. 408 et suivantes : « Un grand patron, le docteur Pellissier ; compétence et autoritarisme ».

907.

Cent vingt personnes réunies à la préfecture, sous la présidence du préfet Graux qui affirme sa disponibilité et son soutien pour cette « tâche magnifique : protéger les tout petits et les mamans, les aider à vivre, et apporter dans les familles un peu de bonheur et de santé », ce qui est à la fois très général et un peu limitatif au vu des tâches que se donne la Fédération, mais confirme en tout cas le soutien des autorités.

908.

« Faut-il citer nos établissements hospitaliers et leurs services modèles d’enfants, la Maison Familiale, avec sa maison maternelle et son refuge pour les mères délaissées, l’œuvre Grancher, les consultations prénatales et de nourrissons, les gouttes de lait, les pouponnières, les crèches, les mutualités maternelles, les orphelinats de toutes sortes, les centres de placement surveillé, les consultations antivénériennes, les dispensaires d’hygiène sociale, les préventoria et sanatoria, l’œuvre des Hospices de Saint-Etienne à la Sablière, à Riocreux, à Palavas, l’inspection médicale scolaire, les colonies de vacances, les patronages laïques et confessionnels, où, malgré la diversité des principes philosophiques ou religieux, nos enfants sont élevés dans le respect de soi-même, dans le goût du travail, dans les sentiments d’altruisme et de solidarité, les œuvres d’aveugles et de sourds-muets, l’enseignement des arriérés, les ligues de moralité, les associations sportives, les ligues protectrices de la famille française, etc. ? »

909.

A Roanne grâce au député-maire Albert Sérol et au sous-préfet Moyon qui ont apporté leur soutien au Dr Maublanc et au directeur des Services d’assistance de la Ville M. Vichard, à Montbrison sous l’impulsion du sous-préfet Destarac qui a complété une équipe déjà formée par M. Bavitot industriel à Boën et M. Jaboulay, directeur de l’Ecole primaire supérieure.