b) Marinette Heurtier : de Saint-Etienne à Alger

Marinette Heurtier est de la génération précédente. Elle est née à Saint-Etienne le 21 janvier 1888 et enregistrée à l’état civil sous le prénom de Marie-Louise. Sa mère est tailleuse et son père, Antoine, armurier, produit comme témoins de la déclaration de naissance deux autres armuriers, dont son beau-frère 1048 . Marinette naît donc dans un milieu sans doute assez modeste, mais plus artisanal qu’ouvrier.

Antoine Heurtier, ouvrier mineur, est militant syndicaliste, dirigeant du Syndicat des mécaniciens extracteurs de houille entre 1888 et 1893. Quittant la mine pour devenir armurier à la Manufacture, il a déposé un brevet d’ajustage de fusil ; c’est sans doute à ce titre que, membre fondateur de l’Union des inventeurs et artistes industriels de la Loire, il en est devenu en 1908 le président. Socialiste, plutôt anticlérical, militant du Parti ouvrier stéphanois, il glisse doucement vers le radicalisme et devient à ce titre conseiller municipal en 1895 et 1898. Il est également membre fondateur de la coopérative de consommation l’Union des Travailleurs 1049 .

Marinette et ses sœurs ont continué à leur manière ces engagements, dans un sens peut-être plus réformiste encore. Car il faut faire la part de leur mère, pas forcément d’accord avec tous les engagements de son mari, et qui par exemple a fait faire en cachette leur première communion à ses quatre filles 1050 . Lorsque la CFTC est fondée à Saint-Etienne par Alice Vincent et Jean Pralong dans les années 1920, Jeanne et Anna Heurtier font partie de l’équipe d’origine 1051 . Elle sont donc militantes dans un mouvement assez généraliste, davantage ancré dans la vie professionnelle, peut-être précisément parce qu’elles ont une profession fixe et plutôt valorisante. Marinette en revanche a très tôt des engagements plus précis, alors même que son parcours professionnel connaît des débuts plus laborieux.

Lorsqu’en 1911 est déclaré, après quatre années de fonctionnement, le Patronage laïque des Anciennes élèves du Lycée de jeunes filles de Saint-Etienne destiné à venir en aide aux enfants pauvres et à leur famille, Marinette Heurtier en est présidente 1052 . Son action consiste essentiellement à décharger les mères de la garde de leurs filles, le jeudi, et à fournir à ces dernières des activités variées et éducatives : couture, lecture, goûter, arbre de Noël (pour leur donner des étrennes utiles : vêtements, lingerie) et excursions à la campagne l’été, mais aussi distribution de vêtements et aide en cas de maladie. L’intérêt de Marinette Heurtier pour les enfants est donc particulièrement ancien, et donne à son existence comme à ses activités une cohérence précoce.

Pour autant, alors que sa sœur Jeanne travaille à l’intendance de l’Ecole professionnelle de la rue Michelet et qu’Anna est professeur d’arts ménagers à l’école de la rue Rouget de l’Isle, nous avons peu de précisions sur sa première profession. Proche de l’enseignement sans doute, peu probablement professeur, peut-être surveillante, mais on ignore alors combien de temps et dans quelles conditions, ou bien plus simplement sans profession définie, un peu répétitrice ou professeur particulier à l’occasion : cette instabilité est intéressante et preuve d’un certain anti-conformisme 1053 . Elle est en tout cas pendant la Première Guerre mondiale infirmière au front 1054 . Et l’on aime l’image de cette jeune femme (elle n’a pas trente ans) qui ajoute aux traits de caractère déjà entrevus un côté intrépide, presque baroudeur.

On la retrouve dans les années 1930 parmi les responsables de la Croix-Rouge UFF de Saint-Etienne 1055 , où nous avons déjà signalé la présence de l’avocat Paul Poncetton, président du Comité de patronage. Ils ont pu faire connaissance dans ce cadre. La notion de service s’ajoute en tout cas à son intérêt pour l’enfance.

16- Comité de Patronage, Marinette Heurtier infirmière pendant la Première Guerre mondiale (Photo Luaire)
16- Comité de Patronage, Marinette Heurtier infirmière pendant la Première Guerre mondiale (Photo Luaire)
17- Comité de Patronage, Marinette Heurtier et son neveu René Luaire au centre d’une photo de famille (vers 1950, photo Luaire)
17- Comité de Patronage, Marinette Heurtier et son neveu René Luaire au centre d’une photo de famille (vers 1950, photo Luaire)

C’est dans la librairie que tient Marinette Heurtier dans les années 1920-1930 que Melle Thivet s’inscrit à l’Union des femmes françaises. Car un peu de la même façon que la librairie d’Augustine Paret évoluera après 1945 vers une association de protection de la jeunesse déficiente devenue depuis la Rose des Vents et déménagée à Saint-Galmier 1056 , celle de Marinette Heurtier est davantage qu’un lieu de vente : lieu de rencontres, un peu bibliothèque, un peu salle de travail, où des jeunes comme Simone Levaillant et Alice Mossé reçoivent des cours de soutien.

Son souci de l’enfance et de la jeunesse trouve sa concrétisation lorsqu’en 1932 la Fédération des œuvres de l’enfance ouvre sa consultation médico-pédagogique. Elle en est l’infirmière, l’enquêtrice et, par sa pratique comme par son stage en Alsace et en Belgique, obtient le titre d’assistante sociale sans en avoir sans doute jamais possédé le diplôme 1057 . Ce qui ne l’empêche nullement, sans être membre des instances dirigeantes de la Fédération qui l’emploie, de participer à ses autres activités. Pour la préparation de l’exposition de l’Enfance de 1933, elle est ainsi en charge, au sein de la Section technique, des « fêtes enfantines, sauteries, guignols, concours fleuris » 1058 .

On ne sait pas comment se décide son recrutement, ni son voyage en Alsace et en Belgique, et quelle part de relations et de convictions personnelles la conduit à s’enrôler à la Fédération. Le parallèle avec les intérêts de Simone Levaillant (les œuvres belges et parisiennes) est en tout cas tentant, et l’image serait jolie de cette ancienne élève entraînant sa répétitrice vers un engagement plus grand en faveur de l’enfance. Mais c’est à la suite de ce voyage (deux mois) que la Fédération puis le Comité de patronage s’engagent dans leur tâche de dépistage et d’accueil. C’est ce voyage aussi qui lui révèle au sein de la catégorie générale des enfants dit anormaux qu’elle est, comme infirmière, partie étudier, l’importance particulière de l’enfance délinquante.

On peut même se demander si Marinette Heurtier n’a pas une certaine part dans cette préoccupation particulière de la France des années 1930 pour l’exemple belge. On peut en effet voir son influence dans le choix que fait son neveu René Luaire pour son sujet de thèse : Le rôle de l’initiative privée dans la protection de l’enfance délinquante en France et en Belgique 1059 . Bon nombre de thèmes leur sont en effet communs : la supériorité belge en matière d’observation notamment, sur des bases législatives comparables, la nécessité du dépistage puis d’un traitement préventif de la délinquance, et enfin le rôle irremplaçable des œuvres privées dans le domaine de la protection de l’enfance.

Nous avons vu l’étendue de son travail : enquêtes pour la clinique médico-pédagogique et assistance du Dr Nordmann 1060 pour les examens, surveillance des établissements de Saint-Thurin et Usson-en-Forez, présence très fréquente aux audiences des mineurs au tribunal de Saint-Etienne, désignation comme déléguée à la liberté surveillée par ce même tribunal, accompagnement des enfants placés en établissement, supervision du placement en apprentissage en ville ou à la campagne des enfants confiés au Comité de patronage. Ce rôle moteur, quoique souvent occulté par le fait que Marinette Heurtier, salariée, n’est que peu présente aux postes de premier plan, peut être comparé à celui d’une Jeanne Lalouette à Nantes. Comme elle en effet, Marinette Heurtier a permis d’associer « l’action traditionnelle de la Société de patronage » (à Saint-Etienne, le système d’aides et de secours des œuvres regroupées au sein de la Fédération) et les possibilités nouvelles offertes par les enquêtes demandées par le tribunal. « Elle a fait le lien entre cette action sur le terrain et la lutte, plus large, qu’elle voulait mener contre la délinquance et l’enfance malheureuse. » Car à Saint-Etienne également, le développement des œuvres de protection de l’enfance a d’abord « reposé sur les enquêtes sociales » 1061 .

La cohérence aurait pu paraître grande entre les objectifs de la Fédération (protéger l’enfance et la famille), du Comité de patronage (protéger l’enfance délinquante, la moraliser par le travail des champs ou, à défaut, s’en protéger par l’enfermement) et ceux qui sont affichés par l’Etat Français 1062 . Pourtant les sœurs Heurtier 1063 qui avaient déjà hébergé pendant la guerre d’Espagne une famille de réfugiés républicains 1064 , s’engagent dans la Résistance. Jeanne et Anna participent aux activités du Témoignage Chrétien, et Marinette a dû voir ces activités d’un bon œil puisqu’elle était proche avant la guerre, comme ses sœurs du reste, du Parti démocrate populaire stéphanois 1065 . Grâce en particulier à leurs liens avec Antoine Pinay, elles produisent des faux papiers, cachent des familles juives, aident des jeunes gens à échapper au STO ou des résistants à quitter la France 1066 . On peut supposer que ces relations avec Antoine Pinay, maire de Saint-Chamond, député et conseiller général, datent de la période où la Fédération puis le Comité de patronage se sont mis en quête de financements (pour Saint-Thurin, Usson et la Maison d’accueil) ; ces liens ont sans doute été renforcés par le mariage de la sœur de Marinette Heurtier avec un Saint-chamonnais, M. Luaire 1067 .

C’est une Résistance toute pacifique toutefois qui les anime. Violette Maurice 1068 , se souvenant d’une de ses premières réunions de résistante dans une cave de la rue Richelandière à laquelle assistait aussi Anna Heurtier, plus âgée que la quinzaine d’autres participants, raconte qu’elle tenait pour une « Résistance par l’esprit ».

Marinette n’en continue pas moins ses activités, qui d’ailleurs lui donnent des possibilités d’action : elle cache parmi les élèves d’Usson deux petites juives de six ans 1069 . C’est grâce à une visite à Saint-Thurin qu’elle échappe en mars 1943 1070 , à l’arrestation de ses deux sœurs par la Gestapo, ensuite internées à Montluc. Prévenue, elle s’enfuit, par l’Ardèche, à Marseille où elle est hébergée par les pères de Saint-Tronc 1071 . Elle rejoint ensuite l’Espagne, y tâte de la prison 1072 , puis gagne d’Afrique du Nord. Elle est à Casablanca en juillet 1943 1073 .

Nous savons peu de choses de ses activités en Afrique du Nord, sinon qu’elle y a été « Secrétaire Générale de la Commission Nationale de l’Enfance au Commissariat à la Justice à Alger » 1074 . On remarquera toutefois que son embauche au commissariat à la Justice coïncide avec l’arrivée de François de Menthon à sa tête 1075 , ce qui permet au moins de confirmer la proximité de Marinette Heurtier avec le PDP d’avant-guerre.

Il n’y a qu’un pas à franchir pour en faire un des auteurs de l’ordonnance du 2 février 1945 1076 , qui réforme largement le droit des mineurs, crée véritablement le corps des juges des enfants, et fait de la mesure éducative la règle et de la sanction l’exception ; ce texte régit encore aujourd’hui pour l’essentiel la situation des enfants délinquants 1077 . Ce pas, Marinette Heurtier l’a elle-même franchi, s’attribuant un rôle que rien ne permet de confirmer 1078 .

Sans vouloir casser le mythe, on peut cependant relever quelques éléments épars à ce propos. En avril 1944, elle est ainsi qualifiée d’ « ancienne Secrétaire-Greffier à la Commission d’Enquête en Tunisie au Commissariat à la Justice », au moment où elle est nommée « rédactrice au Commissariat à la Justice, service des Affaires Criminelles et des Grâces » 1079 . Cette Commission spéciale d’enquête existe bien, « chargée d’établir les conditions dans lesquelles les forces armées de l’Axe ont pu pénétrer en Tunisie en novembre 1942 ». Elle est instituée en août 1943 1080 . Marinette Heurtier n’est pas portée au nombre de ses membres. Autrement dit, elle n’entre pas au commissariat à la Justice d’Alger comme assistante sociale, mais avec des tâches, en apparence au moins, beaucoup plus subalternes.

Si rien n’interdit de penser qu’elle a pu, au sens propre (mais on peut jouer sur les mots), participer à la rédaction de l’ordonnance du 2 février 1945, c’est davantage comme secrétaire que comme chargée de son élaboration.

Qu’ensuite son expérience professionnelle et ses connaissances sur la question (le voyage en Belgique et en Alsace, encore) aient pu lui permettre d’intervenir, plus ou moins discrètement, sur le contenu même du texte, c’est une question évidemment impossible à trancher.

Notes
1048.

Archives de l’Etat-civil, AMSE 2E105.

1049.

ADL MSup 771 ; dans une brochure de l’Union des inventeurs (vers 1926), Antoine Heurtier est présenté comme ancien conseiller municipal et président de l’Union de 1908 à 1921. Le fichier des conseillers municipaux des AMSE le confirme. Il meurt en 1922, dans sa soixante-douzième année. L’Etat-civil en 1888 lui donnait quarante ans : les chiffres concordent à peu près. Dans cette même brochure de l’Union des inventeurs, on peut remarquer qu’en 1911 un Monsieur Luaire devient secrétaire général de l’association ; une des filles d’Antoine Heurtier épousera un garçon Luaire de Saint-Chamond…

On se reportera également à la notice rédigée par Yves Lequin dans Jean Maitron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 3 e partie : 1875-1914, de la Commune à la grande guerre, tome 3, Paris, Editions Ouvrières, 1975, 351 p., p. 56.

1050.

Entretien avec Melle Catherine Gieules, 31 juillet 1991.

1051.

Josiane Ardail, op. cit., p. 11.

1052.

ADL Versement 271/74. Le Patronage envoie parfois de jeunes ouvrières à la Maison de repos des Marguerites : il s’agit vraisemblablement des Marguerites Mathilde Comte, fondées par Louis Comte en souvenir de son épouse.

1053.

Pour Alice Mossé, Marinette Heurtier n’a jamais été professeur, au sens de salariée de l’Instruction publique, mais plus probablement répétitrice à l’occasion : elle n’a pas avant la Première Guerre mondiale de métier fixe (entretien du 17 décembre 1990). Catherine Gieules (entretien du 31 juillet 1991) est moins affirmative ; Marinette Heurtier est probablement passée par le Lycée, sans doute pas comme professeur, plutôt comme surveillante.

1054.

Témoignage de Mme René Luaire, repris dans la brochure 1935-1985, un demi-siècle au service de l’enfance et de l’adolescence, éditée par l’ADSEA à l’occasion de son cinquantenaire et dirigée par Marie-Claude Meunier.

1055.

Entretien avec Melle Thivet, 1er juillet 1991.

1056.

Entretien avec Melle Thivet, 1er juillet 1991. Voir l’ouvrage de Jacques Berthier, Têtes hautes, témoignages de rééducation, Saint-Galmier, La Rose des Vents (autoédition), 1987, 188 p., reflet fidèle du caractère un peu provocateur, mais aussi de la grande cohérence professionnelle de l’auteur. L’IMPro de la Rose des Vents est la suite de la petite association d’Augustine Paret ; une suite fortement marquée et dirigée par la personnalité – précisément – de Jacques Berthier.

1057.

Il n’est pas même certain qu’elle ait jamais été officiellement diplômée comme infirmière ; son service sur le front a pu y suppléer…

1058.

Commission de l’Exposition de l’Enfance, 4 février 1933.

1059.

René Luaire, Le rôle de l’initiative privée dans la protection de l’enfance délinquante en France et en Belgique, Lyon, Bosc & Riou, 1936, 506 p. Les œuvres stéphanoises sont décrites comme récentes, mais cohérentes (p. 401-406). René Luaire a été un temps vice-président du tribunal de Grande Instance de Saint-Etienne.

1060.

Il est possible que des liens personnels expliquent l’exigence de Charles Nordmann de s’adjoindre Marinette Heurtier comme infirmière : Catherine Gieules (entretien du 31 juillet 1991) croit se rappeler que la fille du Dr Nordmann était une amie de Marinette Heurtier, et surtout de sa sœur Anna.

1061.

M. Konrat et F. Abbad, Surveiller et éduquer sans punir, Nantes, Association Départementale de Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence, 1988, 217 p., p. 40. Marinette Heurtier a parfaitement pu connaître Jeanne Lalouette ; toutes deux sont au nombre des « Principaux collaborateurs » que revendique la Revue de l’Education surveillée sur sa deuxième et troisième de couverture (n°1, mars-avril 1946).

1062.

Au Conseil d’Administration du 21 janvier 1941 : « La France, qui a vécu jusqu’ici sous le règne de l’individu, doit revenir sous le règne de la Famille » proclame le délégué régional à la Famille Denis, qui annonce son intention de lutter contre le divorce, l’alcoolisme, les taudis et la débauche.

C’est sous Vichy que se définit la notion d’ « enfance inadaptée » ; la référence à une conception conjoncturelle de la normalité sociale est naturelle, la loi est le reflet des fondements idéologiques de son époque. Michel Chauvière, op. cit., particulièrement p. 43 et suivantes, p. 92 et suivantes, ou bien Jeannine Verdès-Leroux, op. cit., p. 46 et suivantes.

1063.

Elles habitent 18 rue du Grand Gonnet à Saint-Etienne ; le fichier des conseillers municipaux des AMSE attribue la même adresse à leur père à la fin du siècle précédent.

1064.

Catherine Gieules (entretien du 31 juillet 1991) racontant que cette famille, rentrée en Espagne à la faveur d’une période où Franco esquissait une amnistie, a été fusillée, ajoute que Jeanne, Anna et Marinette Heurtier « ont dû s’en souvenir quelques années après ».

1065.

Renée Bédarida, Les armes de l’Esprit, Témoignage Chrétien (1941-1944), Paris, Editions Ouvrières, 1977, 378 p. cite p. 77 « les deux sœurs Heurtier ». C’est Gaston Charnay, ancien secrétaire de Georges Bidault (entretien du 7 février 1991), qui signale cette proximité de Marinette avec le PDP.

Benoît Ranchoux pour sa part (entretien du 26 avril 1985 avec Françoise Hyvert, Paule Forissier et Marie-Claude Meunier), croit se souvenir que Marinette Heurtier appartenait à l’Organisation Civile et Militaire (OCM).

1066.

Entretien de Françoise Hyvert et Marie-Claude Meunier avec Antoine Pinay (25 septembre 1985), confirmé par Catherine Gieules (entretien du 31 juillet 1991). Voir aussi Catherine Rimbaud, Pinay, Paris, Perrin, 1989, 476 p., p. 42 particulièrement pour ses activités de Résistance : « Loin de s’en attribuer les seuls mérites, Antoine Pinay précise avoir agi de concert et sur la demande d’une assistante sociale de Saint-Etienne, Marinette Heurtier, une “farouche gaulliste“. » On l’aurait qualifiée plus volontiers de démocrate-chrétienne, mais la Résistance fut-elle une période de nuances ? Et Christiane Rimbaud ajoute que lorsqu’elle part en 1943 pour Alger, Antoine Pinay envisage de l’accompagner.

1067.

Entretien avec Alice Mossé, 17 décembre 1990 : « C’est la quatrième, Agnès, qui a épousé un Monsieur Luaire. Ils ont eu plusieurs enfants : M. Luaire qui s’est retrouvé dans la magistrature, une fille qui s’est faite religieuse, et une autre fille qui s’est faite assistante sociale, qui s’appelait Marinette comme sa tante, et qui a été séduite par un jeune chroniqueur judiciaire qui s’appelait Denuzière . »

1068.

Qui fut, comme Anna Heurtier conseillère municipale à la Libération. Entretien du 26 avril 1991.

1069.

Entretien avec Mme Trabouyer, ancienne institutrice à Usson-en-Forez, 26 avril 1991.

1070.

Dans les listes des présents aux réunions de la Fédération, elle est citée le 1er mars 1943, mais plus le 6 avril où est en revanche nommée « Melle Luaire, enquêteuse au Tribunal. »

1071.

Qu’elle connaissait pour y avoir placé des enfants, et pour avoir facilité l’installation de la congrégation à Saint-Romain-le-Puy. Nous avons pu discuter avec un postulant de l’époque, le père Yvon. Quittant la maison de la communauté en juillet 1941, il se souvient y avoir vu Marinette Heurtier. Logée habituellement non pas dans l’internat de garçons, mais à l’intérieur même de la propriété de la communauté, elle a dû l’être a fortiori pendant sa fuite : dans ce lieu fermé occupé par une communauté d’hommes, on ne serait pas allé chercher une femme. (entretien téléphonique avec le père Yvon, 3 décembre 1990)

1072.

Entretien avec Alice Mossé, 17 décembre 1990.

1073.

Une liste de pièces envoyées le 8 janvier 1953 à la Caisse de Prévoyance et de Retraites du personnel des organismes de Mutualité (CPM) en vue de sa reconstitution de carrière, cite notamment :

« 4°- Attestation de M. Coste-Floret , député, fournie comme Directeur de Cabinet du Commissariat à la Justice du Comité Français de Libération Nationale, et pour la période de septembre 1943 à septembre 1944,

5°- Déclaration de Melle Heurtier sur sa période d’absence de Saint-Etienne ; absence dûe aux recherches dont était l’objet Melle Heurtier, de la part de la police allemande d’occupation,

6°- Certificat provisoire d’identité délibré (sic) à Casablanca le 15 juillet 1943,

7°- Ordre de mission, signé du Secrétaire Général du Protectorat du Maroc,

8°- Certificat attestant que Melle Heurtier a été secrétaire Générale de la Commission d’Enquête en Tunisie en 1944. »

La CPM nous a dit ne posséder aucun dossier ni aucun document relatif à Marinette Heurtier (lettre du 5 octobre 1990).

1074.

Attestation de J-L Costa, directeur de l’Education surveillée, 17 juillet 1947, dans le dossier personnel de Marinette Heurtier au ministère de la Justice.

1075.

Décret de nomination du 4 septembre 1943, publié au Journal Officiel du 11 septembre. L’attestation de Paul Coste-Floret court également à partir de septembre 1943.

1076.

Reproduite en Annexe 2.

1077.

En tout cas, ses principes de base n’ont pas (encore) été remis en cause par les réformes ultérieures. Voir Philippe Chaillou, Le juge et l’enfant, Toulouse, Privat, 1987, 145 p., p. 51 et suivantes, ainsi que Philippe Robert, Traité de droit des mineurs, Paris, Cujas, 1969, 640 p., p. 95-97.

1078.

Entretien avec Barthélémy Bayon, 28 février 1991 : « L’ordonnance de 1945, qui est davantage cataloguée comme l’ordonnance de Mme Campinchi , a été influencée par Melle Heurtier pour certains passages. (…) Je vous dis ce qu’elle nous a dit. C’est elle qui le disait. » Même remarque du Dr Barnola (entretien du 19 février 1991) : « J’ai cru ce qu’on disait, ce qu’elle-même disait. »

1079.

Lettre du 18 avril 1944 du commissaire à la Justice au commissaire aux finances (elle est qualifiée dans le cours de la lettre de « Secrétaire Principale 4 e échelon ») et arrêté du commissaire à la Justice, 17 avril 1944. Dossier personnel de Marinette Heurtier à la Chancellerie. Pendant son rattachement au Centre d’Observation de Savigny-sur-Orge, elle est de la même façon désignée en 1946 comme « employée au titre d’institutrice ». Lettre du préfet de Seine-et-Oise au directeur du Centre, 25 janvier 1946, à propos d’un problème de retenues sur salaire. Dossier de Marinette Heurtier archivé à l’ISES de Savigny-sur-Orge.

1080.

Ordonnance du 5 août 1943, publiée au Journal Officiel du 12 août suivant. Elle est dite aussi Commission spéciale d’enquête sur la Tunisie, dans le décret accompagnant l’ordonnance, publié le même jour et en fixant la composition, sous la présidence d’Henri Queuille.