Il en est un peu de même pour Raymond Dousteyssier, qui est administrateur en 1954 et pour quelques années, avant de devenir, plus tard, en 1979, président de l’association. Son itinéraire de bénévole commence dans les années 1930, par une adhésion aux Equipes Sociales de Robert Garric et un travail d’alphabétisation d’enfants d’immigrés dans la région parisienne. « Depuis, je crois être resté disponible pour une ouverture vers les autres » 1248 , dont le passage à la Sauvegarde est la continuation.
Au total donc, c’est bien une idée de disponibilité qui unit ces personnes. Mais leur formation ou leurs activités leur donnent des compétences et une ouverture sur le travail, l’entreprise qui sans doute ont manqué à la génération précédente. De façon assez intéressante, cette nouvelle génération entre dans l’association à peu près au moment où y arrive une nouvelle génération de travailleurs sociaux. De travailleurs sociaux et non pas seulement d’éducateurs puisque c’est par Emilie Vauthier qu’apparaît au Comité de patronage, très pacifiquement, une certaine idée de la carrière et du salaire. Dans les deux cas, c’est la formation et la technique qui les caractérise. Même si l’ouverture aux autres, la volonté de servir demeurent, elles sont un peu gauchies par un sens nouveau de l’efficacité. Patrons et ingénieurs, dans une période qui apprend les bienfaits de la planification, mettent aussi leur esprit entreprenant au service de leur association ; le contact direct avec les enfants est moins grand. Là aussi réside une nouveauté, au nom même de la professionnalisation du secteur : la séparation de plus en plus stricte entre les fonctions d’administrateur et celles de travailleur social 1249 .
Lettre du 15 mai 1991.
Malgré une certaine proximité cependant avec les salariés, qui d’ailleurs s’estompe à mesure que grandit la Sauvegarde. Paul Guichard le regrette : « A l’époque où il était président de la Sauvegarde [jusqu’en 1963], il connaissait personnellement tous les salariés et tous les problèmes. Dans la situation actuelle, il faut évoluer et décentraliser. Le rôle de l’Association est d’animer et de contrôler dans un climat de confiance, sans entrer dans le détail et en jugeant sur les résultats obtenus. ». Conseil d’Administration, 16 novembre 1970.