Annexe 1 : notice méthodologique, exemples de fiches

Aperçu méthodologique sur le dépouillement et le traitement des dossiers individuels (pupilles, jeunes détenus, pensionnaires de Saint-Genest)

La première étape, la dérogation de consultation ayant été obtenue, consistait à créer un échantillon.

Dans la série 1204W des ADL (pupilles de l’Assistance publique), ce sont les dossiers eux-mêmes qui en ont fourni la base. Les dossiers sont classés selon l’année d’entrée des pupilles dans le service. 1882 étant la première années complète, nous avons dépouillé toutes les années se terminant en ‘2, soit : 1882, 1892, 1902, 1912, 1922, 1932, 1942. Mais les documents qui y sont recueillis ne sont départementaux qu’à partir de 1900. Les dossiers antérieurs à cette date sont exclusivement stéphanois.

Le complément a été dans les registres couvrant la période postérieure à 1839, pour les arrondissements de Saint-Etienne, Roanne et Montbrison. Nous avons repris le principe du dépouillement des années en ‘2 (1842, 1852, 1862, 1872 ; puis 1882 et 1892 pour les arrondissements de Montbrison et Roanne). Au total, ce sont 1542 fiches qui ont été ainsi complétées.

En complément, la série particulière des enfants en garde (enfants confiés à l’Assistance publique par la Justice, entre 1910 et 1942), en raison du nombre relativement faible des dossiers (349), a été dépouillée en totalité. S’y ajoutent 42 dossiers d’enfants vagabonds.

Ces dossiers concernent surtout la période la plus récente. Leur contenu est précieux, notamment en ce qui concerne les renseignements sur les mères des pupilles, mais il n’est pas toujours complet, par exemple à propos du suivi du pupille après 13 ans : inspections, divers placements. Nous avons donc cherché ailleurs des compléments.

Les registres de tutelles contenus dans la série X, particulièrement discrets sur les antécédents des enfants, sont au contraire assez précis pour leur suivi. Les enfants y sont classés par année de naissance. Reprenant le même principe des années en ‘2, nous avons dépouillés les dossiers des enfants nés en 1842, 1852, 1862, 1872 pour les trois arrondissements de Saint-Etienne, Montbrison et Roanne, et 1882 pour ceux de Roanne et Saint-Etienne (pour Montbrison, le caractère désordonné du registre empêche de traiter la période).

Ces registres comportent beaucoup moins de pupilles que les plus récents (Roanne : 1882-1889, Saint-Etienne : 1879-1882 et 1890-1893). Dans ces derniers, nous nous sommes contenté d’une coupe numérique : les 50 premiers dossiers pour Roanne (sur 115), les 100 premiers (sur environ 300) sur le premier registre de Saint-Etienne, la totalité pour le second (soit 299, plus une fiche prise dans le registre suivant pour arriver à 300).

Pour les dossiers individuels de jeunes détenus (ADL, Y150-158), a été choisie une lettre initiale de nom propre (les dossiers sont classés par ordre alphabétique) par liasse, souvent la première de la série, parfois plusieurs lorsqu’une seule lettre ne fournit pas un nombre suffisant de dossiers 1266  : A pour la première (16 fiches), C (58 fiches), D (34 fiches), F et G (69 fiches), I et J (14 fiches), M (60 fiches), P (34 fiches), S (18 fiches), V, W, Y et Z (49 fiches), soit un total de 352 dossiers dépouillés.

Dans les registres d’écrou des maisons de correction de Montbrison, Roanne et Saint-Etienne en revanche, c’est l’âge qui a servi d’élément discriminant, puisque seuls les détenus mineurs ont été mis en fiches (2571 au total).

Les registres de pupilles placés par l’Œuvre Grancher contre la tuberculose couvrent, en deux volumes, la période 1918-1974. Nous avons dépouillé, en début, milieu et fin de chaque registre, 34 feuillets, soit 204 fiches.

Aux Archives municipales de Saint-Etienne, l’échantillon dans les listes d’enfants abandonnés (juillet 1823-mai 1865, AMSE 3Q48-55) a simplement consisté à prendre les cinquante premiers de chaque cote, soit 400 fiches.

D’autres liasses enfin ont également été mises en fiches, en entier, par exemple celles concernant les demandes de liberté provisoire (1855-1882, ADL 1Y144-145 : 206 fiches), les minutes de jugement du tribunal pour enfants (1918-1932, ADL U1229-1231 : 1794 fiches), les évasions de jeunes détenus (1856-1882, ADL 1Y142 : 100 fiches), les enfants en dépôt (1918-1927, AMSE, 4Q75-76 : 1602 fiches). S’y ajoutent le registre de la Maison des Petites sœurs de Saint-Joseph, présenté comme étant celui des pensionnaires de Saint-Genest (1366 enfants entrés entre le 28 avril 1873 et le 5 mars 1885), mais son contenu est douteux, et celui conservé parmi les papiers du père Cœur (ADL 85J) représentant 1102 fiches d’enfants placés par leurs parents entre le 30 novembre 1873 et le 18 avril 1893.

Il va de soi que les documents utilisés ont pu subir antérieurement un tri ou une sélection, rarement indiqué, avant ou pendant leur classement aux archives.

Par ailleurs, notre propre travail, particulièrement discontinu et étalé sur une longue période, n’a pas forcément facilité les choses. Pour l’essentiel réalisé pendant les périodes de vacances scolaires, sur plusieurs années, il a fallu à chaque fois reprendre ce qui avait été laissé inachevé plusieurs semaines auparavant, d’où des lacunes et des oublis possibles. Pour les mêmes raisons, il a pu s’écouler une longue période entre le dépouillement, sous forme de fiche papier, et la création informatique des bases de données correspondantes, lesquelles ont toutes été réalisées après la fin du travail aux archives, juste avant la rédaction du texte. Car c’est alors seulement que nous avons pu disposer d’assez de temps pour une activité aussi fastidieuse et fondée en partie sur une pratique d’essais et d’erreurs (faute d’une formation informatique) qui nécessite de la continuité. Pour être tout à fait franc d’ailleurs, un tel traitement n’avait pas été envisagé au départ ; seule la masse des fiches à reprendre nous à conduit à le faire à l’aide de l’ordinateur. Il n’y a donc là aucune recherche d’un quelconque label plus ou moins scientifique.

C’est le logiciel File Maker Pro qui a été utilisé. Il est assez souple et simple d’usage pour que le béotien puisse, sans trop de difficultés, le maîtriser assez rapidement (mais avec parfois l’aide de personnes plus expérimentées – elle sont remerciées plus haut – pour certaines manipulations un peu complexes) et en obtenir à peu près le résultat désiré, et permet une présentation des fiches et des pages récapitulatives plutôt agréable.

Il n’empêche que la conception, pour chaque modèle de fiche ou de page, des rubriques à compléter, mais aussi des opérations destinées à en tirer chiffres et pourcentages, est longue, sans compter qu’il faut y ajouter les multiples constats d’erreurs amenant des modifications (toutes choses sans doute qu’un véritable informaticien aurait su éviter…), et évidemment qu’il faut ensuite remplir et compléter les fiches ainsi créées.

En revanche, il est ensuite assez rapide de manipuler les fiches : créer une base de données générale par l’ajout du contenu de plusieurs autres conçues sur le même modèle, pour le même type de données, ou exporter vers Excel, afin d’en tirer un graphique, les résultats de tris ou de calculs.

Le résultat, ce sont les exemples de fiches et de pages récapitulatives qui suivent. Dans la mesure du possible, on a évité de reprendre des noms entiers en préférant une initiale (comme dans le texte où aucun nom issu de dossiers personnels n’est utilisé, remplacé là aussi par une initiale, rarement la sienne) ou un numéro. Parfois, la richesse des documents de départ a permis de tirer plusieurs séries chiffrées.

Ainsi, des registres de tutelles des enfants assistés (série X), nous n’avons qu’une seule série récapitulative, celle du pourcentage du lieu de premier placement.

En revanche, les fiches issues des dossiers de demande de liberté provisoire (1Y144-145) ont permis d’obtenir le pourcentage des délits commis, des lieux de placement ou d’incarcération et des causes du refus de la mesure sollicitée.

Parmi les fiches les plus riches, celles du tribunal pour enfants (U1229-1231) ont permis par exemple d’obtenir les poucentages des délits, des présidents de séance, des représentants du ministère public, des avocats présents, des professions des prévenus, des délégués à la liberté surveillée… Les dossiers de pupilles de l’Assistance publique ont permi de chiffrer les pourcentages des lieux de naissance des pupilles, de leurs lieux de placement à l’entrée dans le service et à 13 ans, de leur profession finale, des professions, domicile et lieu de naissance des mères…

Au total, les milliers de fiches complétées, les récapitulatifs et les pourcentages obtenus, ont permis de manipuler une masse importante d’informations, en essayant d’en tirer le plus d’éléments possible. Mais leur usage, sous forme de tableaux ou de graphiques, n’a pas empêché le recours à des exemples individuels et concrets. Ainsi associés, données générales et cas particuliers entendent permettre une vision aussi complète que possible, qui inclut forcément une référence permanente à la vie quotidienne des individus concernés. La cliométrie ne saurait être une fin en soi ; elle manque singulièrement de vivant.

Notes
1266.

Au départ, le but était de ne prendre que les dossiers commençant par les lettres du premier nom propre trouvé dans le premier tome d’un Larousse en consultation dans la salle de lecture (Ampuis), mais alors toutes les liasses n’étaient pas concernées, et l’échantillon nettement plus maigre.