1-2- Le capitalisme marchand, la bourse et le marché financier

Déjà présente à l’époque médiévale sous des formes archaïques, la bourse du commerce puis des valeurs va réellement prendre son essor à partir de la fin du XVIe siècle.

Il faut étudier cette institution en s’efforçant de mettre en lumière les traits particuliers qui l’insèrent dans l’économie du capitalisme marchand telle que nous venons de la définir, sans omettre les éléments qui agiront pour dépasser, pendant une évolution de deux siècles, cette Bourse commerciale traditionnelle, afin de parvenir à la constitution d’un véritable marché financier.

En premier lieu, ce sont les intervenants effectifs et potentiels qui doivent retenir notre attention. Comme nous l’avons déjà vu, l’univers préindustriel est aussi l’univers de la pluralité des hiérarchies marchandes selon une tripartition à laquelle se réfère F.Braudel 140 :

‘“ A la base une vie matérielle multiple autosuffisante, routinière ; au-dessus une vie économique, mieux dessinée et qui, dans nos explications a tendu à se confondre avec l’économie de concurrence des marchés ; enfin au dernier étage l’action capitaliste.”’

Ce sont les deux étages supérieurs qui nous intéressent ici. A la “ vie économique ” correspond un agent particulier : la société de commerce ; au “ capitalisme ", c’est la grande compagnie : Seule la seconde formera la base des bourses anciennes jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. C’est, pour partie, l’irruption des premières et la mise à bas du monopole des grandes compagnies 141 qui transformera la bourse en marché financier au sens où nous l’entendons aujourd’hui, c’est à dire dans l’optique d’une régulation largement nouvelle.

Notes
140.

Braudel.F : "Civilisation matérielle, Economie et Capitalisme, XVe - XVIIIe siècle". "Les Jeux de l’Echange " T2. A. Colin. Paris. 1979. P 403.

141.
Kaeppelin.P: “La compagnie des Indes et François Marin”. Etude sur l'histoire du commerce et des établissements français dans l'Inde sous Louis XIV (1664-1719). Paris, Augustin Challamel, Editeur. Librairie Maritime et Coloniale. 1908. P 135-136.