4 - LA BANQUE UNIVERSELLE COMME INSTANCE DE RESOLUTION DES DEFAUTS DE COORDINATION

4-1- Un cadre de réflexion adapté aux conditions du «rattrapage »

Le succès de la Révolution Industrielle anglaise a suivi un chemin bien spécifique. L’Angleterre, comme «‘atelier du monde »,’ comme première puissance à effectuer sa Révolution Industrielle, était un ‘«’ ‘leader technologique ’» et non pas une nation en situation de rattrapage.

Dans un tel contexte, le problème central concernant le financement de son économie demeurait celui de la nécessité de diversifier les risques et pour cela la nécessité de mener des ‘«’ ‘expérimentations »’ conjointement à ses opérations de supervision. Un système bancaire spécialisé, adapté aux conditions spécifiques de ces entreprises pionnières, répondait bien à ces exigences.

A la fin du XIXe siècle, la situation allemande est assez différente. Nous sommes ici, en présence d’une Révolution Industrielle tardive (puisqu’elle apparaît un siècle après les premières étapes anglaises) dont la spécificité des problèmes de développement et de financement sont d’une autre dimension.

Il semble, si l’on se réfère à l’analyse menée précédemment, que les difficultés de coordination de l’activité économique soient au centre du processus de croissance. Il résulte de cette dernière remarque que la fonction de supervision sera ici plus importante que la fonction d’expérimentation.

La nature des recherches propre à la littérature basée sur les équilibres multiples s’inscrit dans cette démarche. L’investissement dans la production industrielle n’est profitable que dans le cas où cet investissement est entrepris simultanément par de nombreuses firmes parce que cela occasionne une masse critique d’externalités propice au démarrage de la croissance.

En premier lieu, ces externalités 348 peuvent provenir de la demande additionnelle issue des autres entreprises (‘«’ ‘ pecuniary externality »’) 349 , mais aussi accompagner les progrès de l’innovation (‘«’ ‘ technological externality »’) 350 .

L’aspect essentiel de cette analyse s’appuie donc sur l’idée d’une complémentarité forte, c’est à dire d’interdépendances positives entre les acteurs du système économique pour lesquels les variables financières vont jouer un rôle moteur dans le processus de croissance.

Notes
348.

Scitovsky Tibor: « Two Concept of External Economies » The Journal of Political Economy. April 1954.

349.

Matsuyama.K: « » Making Monopolistic Competition More Useful ». Working Pare E-92-18. Hoover Institution. Stanford University. 1992.

350.

Helpman.H, Krugman.P: « Market structure and Foreign Trade ». MIT University Press. Cambridge. 1985.