4-3- La coordination par une banque dominante :

A partir du moment où une banque ‘«’ ‘ leader ’» interagit avec chacune des entreprises, comme dans le cas typique du Konzern allemand, du Zaibatsu japonais ou du Chaebol coréen, elle va se comporter comme un catalyseur de la croissance économique puisqu’elle permet la coordination à travers son action en éliminant l’état réalisable BE et en favorisant l’apparition de l’état IE. Cependant, à travers le processus qui incite une ‘«’ ‘ masse critique ’» d’entreprises à investir et modifier leurs croyances, la banque subit des coûts sur l’ensemble de ses prêts.

Aussi, deux conditions doivent être satisfaites pour que la banque s’engage dans une action de coordination :

Soit M la masse critique avec 1 < M < Q, alors (M , r) < F0 et (M + 1 , r) F0. Soit le profit de la banque où est le profit réalisé avec les prêts aux M firmes et le profit réalisé sur les autres prêts. La coordination par la banque « leader » est coûteuse : < 0 ; il doit exister une valeur critique telle que la banque « leader » ait intérêt à mettre en œuvre une action de coordination 355 .

Afin de démontrer cette hypothèse, les auteurs du modèle développent la démarche suivante. Les firmes, étant identiques, empruntent le même montant. Le contrat diffère seulement sur le niveau du taux d’intérêt. La banque « leader » offre un ensemble de contrats de prêt {iq} aux firmes q de 1 à M qui satisfait à iq) = F0.

Le taux d’intérêt est choisi de telle manière que si chaque entreprise avant l’entreprise q, investit, alors q investira.

Si la première firme investit toujours sans se préoccuper de la décision des autres, la seconde connaissant cela, investira également, ainsi que les suivantes jusqu’à M. Dés lors que M firmes ont investi, les dernières trouvent intérêt – par définition - à le faire également. La banque « leader » provoque donc bien un processus d’industrialisation.

Si l’on considère maintenant, un autre type de contrat {i’q} offert à l’entreprise q’ 356 . On sait que {iq} est tel que toutes les firmes avec q < q’ investissent toujours puisque les pertes subies en matière d’intérêt sont compensées en profit du fait de l’accroissement des externalités consécutif à l’augmentation du nombre de firmes qui investissent. La firme q’ investira si d’autres firmes avec q> q’ le font , sinon le taux d’intérêt supporté serait trop élevé. Cette situation implique la possibilité d’équilibres multiples :

Il s’ensuit que {iq} est l’ensemble optimum de contrats que la banque doit offrir pour que s’opère la coordination. Cependant, puisque (M,r)<F0 , iq< r , pour tout q = {1 ,…, M}, la banque ne crée pas de profit sur ces prêts et subit une perte sur au moins l’un d’entre eux.

La seconde condition indique qu’il doit donc exister une valeur critique concernant le nombre de « petites banques » telle que la banque « leader » ait intérêt à mettre en œuvre une action de coordination. La banque « leader » offre un contrat {iq} dés lors qu’elle trouve intérêt à le faire . Formellement cela signifie :

et comme, alors . La valeur de est déterminée par le marché. Le taux d’intérêt iz demandé aux firmes en dehors de la masse critique est le même quel que soit le prêteur . Il est déterminé par la condition Q, iz) = F0.

Comme par hypothèse, (Q,r)>F0 alors iz>r et  = (iz – r)( Q-M-z)Fb = (Q-M-z)[f(Q)-(1+r)F],il en résulte que la banque leader n’offrira {iq}que sous la condition :

Plus le nombre de « petites banques » est élevé, plus la compétition est forte, moins la banque « leader » est amenée à accepter les opérations de financement. On comprend ainsi pour quelles raisons la limitation du nombre de banque et par conséquent la concentration bancaire apparaît comme une donnée fréquente des phases d’émergence tardive du capitalisme productif comme ce fut le cas en Allemagne et au Japon 357 .

Notes
355.

correspond au nombre de « petites banques » au delà duquel la banque leader n’agit plus.

356.

Pour lequel le taux d’intérêt est supérieur à celui du contrat {iq}.

357.

Comme c’est le cas dans la période contemporaine, nous allons le voir, en Asie du Sud-Est.