4-4- De l’octroi du crédit à la prise de participation dans le capital : la réduction des coûts de coordination :

Jusqu’à présent, l’analyse a simplement porté sur un système bancaire finançant les entreprises avec des contrats de dettes standards.

Or, on peut montrer que les coûts de coordination peuvent être réduits et même supprimés pour peu que la banque « leader » propose des contrats de financement plus élaborés. Dans le premier cas, on peut considérer que la banque « leader » participe au capital de la firme qu’elle finance à partir d’une mise 

 est alors une fonction décroissante de  . En effet, si la banque finance une firme q en détenant une participation  dans son capital, en plus du prêt, le profit de la firme (si K firmes investissent) est donné par :

K,i,f(K)-(1-i)Fb]

Celui de la banque correspond à :

f(K)-(1-i)Fb+(1+i)Fb.

Comme dans le cas du contrat de dette, la banque doit offrir un ensemble de contrats {iq , qui incite les firmes 358 à investir. Autrement dit, on a pour tout q=1,…..,M :

q,iqF.

On remarque que :

(1-iq)Fb = f(q)-F0 .

Il en résulte que le profit net de la banque « leader » peut s’écrire :

 f(q)- F + f(Q)- f(q)].

Le premier terme (négatif) représente la perte que la banque subit en finançant les entreprises constituant la masse critique. Le second terme (positif) représente le profit qu’elle reçoit en contrepartie de sa participation au capital des firmes débitrices lorsque la valeur des entreprises s’accroît du fait du changement des croyances qui passent d’un état pessimiste (K= q) à un état optimiste (K=Q).

Il apparaît clairement que plus  est grand, plus le second terme est important. Ainsi, quand une banque peut financer une entreprise à travers une prise de participation dans le capital, elle peut bénéficier des profits procurés par l’équilibre I.E. Cela réduit le coût de la masse critique et rend la coordination plus facile.

Ainsi, le caractère tardif de la Révolution Industrielle en Allemagne 359 impose à ce pays, un financement de l’investissement sur une base uniquement bancaire pour des raisons spécifiques.

Il est clair que les conditions différent, en effet, quelque peu de celles que l’on a pu rencontrer un siècle plus tôt en Grande-Bretagne. Si dans ce dernier cas, la banque joue un rôle essentiel dans le domaine de l’expérimentation au profit des entreprises, cette fonction est beaucoup moins significative pour des révolutions industrielles tardives.

Il ne s’agit plus alors d’expérimenter en dehors du marché financier, mais bien plutôt à travers le financement bancaire, de développer des complémentarités et des interdépendances positives entre les différents secteurs de l’appareil productif. Il est cependant évident que, dans l’un et l’autre cas, le marché est mal équipé pour répondre de manière optimum aux spécificités du financement de l’activité.

Il semble bien qu‘à l’occasion du  décollage  contemporain des économies d’Asie du Sud-Est, les mêmes éléments puissent être mis en lumière. Dans ce cas également, la finance de marché reste, dans un premier temps du moins, absente. Lorsqu’elle se développe, elle ne garde qu’une place secondaire par rapport au financement bancaire.

Il demeure cependant, que le rôle de la puissance publique dans ce dernier type de financement du ‘«’ ‘ take-off ’» occupe le premier plan, en particulier lorsqu’on le compare aux expériences historiques précédentes.

Notes
358.

Appartenant à la masse critique.

359.

Mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas ou bien en Italie du Nord.