CHAPITRE II 
LA FRAGILITE BANCAIRE COMME FORME DOMINANTE DE LA FRAGILITE FINANCIERE DU CAPITALISME EMERGENT CONTEMPORAIN

D’une part, le caractère dominant de l’intermédiation de crédit dans le financement du capitalisme émergent d’Asie du Sud-Est suggère l’existence d’une fragilité financière de nature bancaire.

D’autre part, la forme prise par la crise financière de 1997 s’apparentant à un processus de panique laisse à penser que nous sommes en présence d’une fragilité bancaire côté passif.

Afin de valider cette hypothèse, nous proposons de développer notre réflexion de la manière suivante :

• Plaçant l’analyse du financement bancaire dans le cadre d’une intermédiation d’information nous chercherons à montrer que l’institution bancaire dispose d’outils efficaces pour répondre aux problèmes découlant d’une relation financière principal-agent.
• Tout en demeurant dans le cadre de cette relation, nous réfléchirons, ensuite, sur les conditions de fonctionnement du système bancaire des pays émergents et nous mettrons en évidence que le dispositif légal de l’action publique peut induire, sous certaines conditions qu’il faudra expliciter, un niveau d’asymétrie d’information dont résultera un problème de hasard moral obscurcissant tous les aspects de la relation financière.
• Nous en évaluerons les effets sur l’ensemble de la relation prêteurs-emprunteurs. Tout d’abord, pour ce qui concerne la relation prêteurs-intermédiaires financiers nous expliquerons en quoi le caractère asymétrique de l’information provoque un processus de surinvestissement de la part des prêteurs. Puis, de la même manière, en analysant la relation institutions financières-emprunteurs, nous nous efforcerons d’expliciter les racines du phénomène de surendettement des firmes tel qu’il est apparu notamment pendant la crise de 1997.
• A partir de là, il apparaîtra que le phénomène du hasard moral est le fondement essentiel de la fragilité bancaire du capitalisme émergent contemporain. Cependant, nous discuterons, à la lumière de cette analyse, les hypothèses alternatives. En particulier, l’idée que la libéralisation de l’économie propose une explication plus convaincante ; mais aussi que la crise monétaire pourrait être le vecteur principal de la fragilité puis de la crise bancaire qui en résulte.
• Enfin, après avoir montré la place de la fragilité bancaire dans le processus de contagion qui a marqué la crise de 1997, nous conclurons en démontrant en quoi il est possible d’interpréter la fragilité bancaire du capitalisme émergent comme une double-contrainte