2- L’HYPOTHESE DE FRAGILITE DU MARCHE FINANCIER ET L’ANALYSE EMPIRIQUE :

Raisonner en terme de fragilité financière pour analyser les marchés financiers du capitalisme de maturité exige une approche critique du concept d’efficience sur le plan empirique. Celle-ci peut se déployer dans trois directions relatives aux fondements même du concept.

En premier lieu, il est nécessaire d’interroger la nature de la rationalité des acteurs. Or, de ce point de vue, la recherche expérimentale comme l’analyse économétrique ont contribué à réévaluer ce concept.

La recherche expérimentale met en lumière l’existence d’autres formes de rationalités, appuyées, pour certaines sur des contraintes environnementales et structurelles non prises en compte par la théorie orthodoxe et qui remettent en cause le principe de l’agent représentatif en acceptant un certain niveau d’interaction entre les agents comme l’un des fondements rationnels de l’action.

Ces formes de rationalités sont d’abord à considérer en interrelation avec les différentes formes structurelles des marchés et en particulier celles spécifiques au marché financier.

En second lieu, il apparaît possible de faire émerger l’existence de phénomènes de surréaction du prix par rapport à la valeur fondamentale.

Dans ce cadre, l’écart constaté entre l’évaluation de la valeur fondamentale et de la valeur de marché fonde l’existence d’une relative autonomie entre l’appareil productif et le marché financier qui ne permet plus à la valeur fondamentale de jouer systématiquement le rôle de force de rappel par rapport aux prix.

Enfin, l’interrogation sur la nature de la rationalité et l’existence de phénomène de surréaction peuvent être reliés dés lors que l’on examine l’interaction qui engage les acteurs eux-mêmes à travers un processus mimétique.

A partir de là, le fait de lever, même de manière partielle, l’hypothèse d’efficience ouvre la possibilité de fonder, sur une base d’abord empirique, une analyse en terme de fragilité financière.