UNIVERSITE LUMIERE - LYON 2
Ecole doctorale "Sciences humaines et sociales"
Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l'art, Tourisme - Centre interuniversitaire d'histoire et d'archéologie médiévales (UMR 5648)
UNE PAROLE AU SERVICE DE L'UNITÉ
L'exorcisme des possédés dans l'Église d'Occident (Xe-XIVe siècle)
Thèse pour l'obtention du grade de docteur en histoire de l'Université Lumière – Lyon 2
Présentée et soutenue publiquement le 17 décembre 2004
Directrice de Thèse : Madame Nicole BERIOU
Jury composé de Messieurs :
Alain BOUREAU
Jacques CHIFFOLEAU
Eric PALAZZO
Michel PARISSE
Jean-Claude SCHMITT

Résumé

Du Xe au XIVe siècle, dans l'Occident chrétien, la pratique de l'exorcisme des possédés semble connaître une éclipse, entre les grands exorcismes baptismaux du haut Moyen-Âge et les rituels accomplis au moment des épidémies de sorcellerie aux XVe et XVIe siècles. L'exorcisme, c'est-à-dire l'ordre qui est donné au démon de quitter le corps qu'il infeste, est surtout évoqué dans les récits hagiographiques qui reprennent, sous des formes différentes, le miracle de l'exorcisme tel qu'il a été accompli par le Christ. Les documents liturgiques sont plus laconiques : après le pontifical romano-germanique du Xe siècle, rares sont les livres liturgiques qui présentent des rituels d'exorcisme nouveaux en dehors de ceux produits dans l'aire germanique. L'examen d’un ensemble de sources liturgiques, hagiographiques, iconographiques, théologiques, ainsi que des discours polémiques anti-hérétiques et des textes de la prédication, fait plutôt apparaître un déplacement de l'exorcisme. D’abord associé à la liturgie du baptême, il se rapproche d'autres pratiques qui lui sont apparemment étrangères : la confession, la prédication et l'inquisition. Au cours de la période, en effet, l'exorcisme imprime sa marque aux pratiques religieuses qui stigmatisent le mal et le diable, et qui font du simple pécheur et des hérétiques, des individus quasiment possédés par le démon. Leur réintégration dans une communauté ecclésiale unie, implique l'expulsion du démon identifié en eux. Plus qu'une pratique liturgique, l'exorcisme est alors une métaphore, une sorte de modèle présent de manière diffuse dans plusieurs moments de la vie religieuse.

SPOKEN Words serving the purpose of unity. THE ExorcisM of possessed persons in the WESTERN church (Xth-XIVth centuries)

Between Xth and XIVth centuries, in the Western Christian Church, the practice of exorcism on possessed persons seems to fade out, in comparison with early Middle Age baptismal exorcisms, or with the widespread witch hunt during XVth and XVIth centuries. Exorcism, that is the formal order given to the devil to depart from the body he infests, appears in hagiography in different forms, when saints confront Satan according to the model of Christ performing such a miracle. On the contrary, references to exorcism are rare in documents which concern liturgy. In this field, after the famous Pontifical produced in the Xth century at Mainz, few liturgical books include new exorcism formulae, except those from the German area. But scrutiny in various sources, not only liturgy and hagiography, but also iconography, polemic texts against heretics, and also sermons, allows to perceive an unexpected shifting of exorcism from baptism to other religious practices which would not seem to be linked with it at first sight: confession, preaching, inquisition. So, during that period, exorcism is structurally present in these practices which stigmatize evil and devil in such a way that, in a sense, sinners and heretics are identified with possessed people. Their reintegration into the united community of the Church, then, implies the expulsion of the devil out of them. More than a liturgical practice, exorcism is a metaphor, a mental representation perceptible in different moments of religious life.

Mots-clés : Exorcisme – possession – diable – démoniaque – prédication – exempla – inquisition – confession – hagiographie – parole efficace – liturgie

Remerciements

A ce moment particulier, c'est avec émotion que je tiens à remercier tous ceux et toutes celles qui m'ont accompagnée au cours de cette recherche. Elle a débuté en 1993, à Aix-en-Provence, avec une maîtrise sur les représentations du diable dans les peintures murales de l'arc alpin aux XVe et XVIe siècles sous la direction de Monsieur Gabriel Audisio. Ce travail s'achevait sur l'idée que les démons grattés étaient comme exorcisés dans l'image. Monsieur Sylvain Gouguenheim a su, en 1996, m'orienter vers l'exorcisme médiéval et découvrir avec moi ce sujet. Madame Nicole Bériou a, depuis cette date, dirigé avec générosité et amitié ma thèse, m'encourageant à tout moment et me donnant la liberté qui m'était nécessaire. Monsieur Michel Parisse m'a offert son soutien, la possibilité de participer à l'une de ses publications et un poste de chargée de Travaux Dirigés à l'Université de Paris I pendant deux ans, en complément de mes activités dans l'enseignement secondaire.

Nombreux sont ceux qui, au cours de ces années, m'ont apporté des documents, des conseils, des idées, lors de longues discussions ou pour de petits conseils. Mesdames et Messieurs Nelly Amri, Joseph Avril, Jacques Berlioz, Jean-Patrice Boudet, François Bougard, Christine Boyer, le Père Pierre Boz, Denis Bruna, Nancy Caciola, Patrick Dondelinger, Monique Duchet-Suchaux, Marcel Girault, Anita Guerreau-Jalabert, le Père Gy o. p., Patrick Henriet, Olivier Legendre, Didier Lett, Olivier Marin, Laurence Moulinier, Barbara Newman, Nicolas Offenstadt, Eric Palazzo, Marek Tamm, André Vauchez, qu'ils en soient tous chaleureusement remerciés. Laurence Silvestre et Ludovic Viallet m'ont donné le dernier "coup de main" en relisant mon travail en un temps record, ma gratitude envers eux est immense.

J'ai reçu un accueil inoubliable à l'occasion de deux séjours à l'Ecole française de Rome (printemps 2001 et 2002), à la Staatsbibliothek de Munich (été 2002) et à l'Index of Christian Art de l'Université de Princeton (printemps 2000).

Le soutien que m'ont apporté mes deux familles a été essentiel, ma famille du Maroc et surtout Halima et Saïda et celle de France : mes parents, Pierre et Madeleine, mon frère Jérôme et Myriam. Taoufik m'a sans cesse encouragée et aidée tout au long de ces années.

L'enfant qui est né en 2002 m'a apporté une joie infinie et la force de terminer.

C'est à toi, Soheil, que je dédie ce travail.