B - L'exorcisme baptismal

L'exorcisme est introduit dans la liturgie du baptême dans la seconde moitié du IIe et au IIIe siècle de notre ère, au moment où apparaît et se développe l'initiation des catéchumènes 177 .

Cette introduction est fondée sur la démonologie du Nouveau Testament 178 qui évoque le monde des démons, l'espace et le temps dans lesquels ils agissent, leur couleur et leur voix, leur nombre. Leur habitation d'élection est l'homme comme l'affirme l'Évangile de Matthieu dans la péricope du retour offensif de l'esprit immonde (12, 43-46) 179 . Contre la menace des démons, le Nouveau Testament présente plusieurs formes d'exorcismes par des mots, des éléments comme le feu, la fumée, les liquides, l'air, des éléments solides comme la cendre ou le sel. Différentes formes d'ascèse prennent un sens exorcistique ou apotropaïque : le renoncement aux vêtements, à l'hygiène, à la sexualité, le jeûne.

Cette dimension exorcistique n'est pas étrangère aux croyances juives et à l'Ancien Testament 180 . En effet, les cérémonies purificatoires et les ablutions sont très importantes dans le monde juif. Au premier siècle, dans les sectes juives hétérodoxes, il n'y a pas de bains baptismaux, mais les démoniaques et les autres malades reçoivent des bains d'eau froide pendant plusieurs jours. Dans les sectes de Qumran, les bains ont une influence sur les démons et, pour celui qui en bénéficie, servent à son initiation et au combat qu'il a à mener contre le diable 181 .

Toutes ces pratiques, diffuses à travers le texte biblique, se retrouvent au sujet de l'action du Christ qui est aussi un exorciste. La Passion peut être comprise comme un combat contre Satan et le triomphe contre lui. Les Apôtres, et ceux qui suivent le Christ, mettent au point trois procédés pour traiter avec les démons : l'expulsion, ce sont des commandements adressés au démon c'est-à-dire des exorcismes ; la renonciation, une personne consciente est capable de renoncer à une tentation du diable comme Jésus le fait dans le désert ; la répulsion, par des gestes ou des phrases qui ont une forme apotropaïque, il s'agit de protections contre le mal, au sens moral du terme 182 . Dans les Actes des Apôtres, plusieurs récits font le lien entre la lutte contre les démons et le baptême : lorsque Philippe vient prêcher en Samarie, les foules le suivent et l'écoutent et, parmi eux, se trouvent des possédés et des paralytiques, ils sont baptisés et sont guéris (Ac. 8, 5-13) 183 . Dans son discours devant le roi Agrippa, Paul rappelle les paroles entendues de Jésus sur la route de Damas : "je délivrerai le peuple et les nations païennes vers lesquelles je t'envoie, pour leur ouvrir les yeux, afin qu'elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l'empire de Satan à Dieu" (Ac, 26, 16-18) 184 . Ces textes ont été interprétés comme des préfigurations de l'exorcisme baptismal et de la renonciation à Satan.

L'intégration de l'exorcisme dans la pratique du baptême aux IIe et IIIe siècles est aussi motivée par le développement de la démonologie des Pères de l'Église 185 . Pour K. Thraede, les sources nous manquent pour expliquer les raisons pour lesquelles la théorie du péché donne lieu à un exorcisme baptismal 186 . Selon lui, on ne peut pas comme F. J. Dölger l'a essayé, expliquer ce rite comme une imitation de l'exorcisme thérapeutique et on ne peut supposer, non plus, qu'il a produit le phénomène des énergumènes qui apparaissent en même temps. Selon K. Thraede, l'exorcisme baptismal trouve son origine dans la gnose du IIe siècle et repose sur trois idées : tout d'abord l'incroyance pour les chrétiens d'alors signifie la possession, Dieu et le diable sont opposés de manière très dualiste ; ensuite, la conversion émancipe de l'emprise de Satan et du déterminisme démoniaque ; enfin cette libération est accomplie dans une liturgie, celle du baptême, qui est un rite d'initiation et non un exorcisme en tant que tel. Clément d'Alexandrie (150-212) affirme : "Nous n'expulsons pas les démons, mais nous diminuons le péché" 187 . Le dualisme du mouvement des gnostiques au IIe siècle rend l'exorcisme baptismal essentiel. Les historiens l'interprètent alors de manière différente, il est vu comme un "processus naturel qui sort de l'individu" 188 ou comme un "exorcisme magique" 189 selon que l'on insiste sur la profondeur de la conversion qu'il implique ou que l'on souligne plutôt sa dimension spectaculaire et quasiment païenne.

A la fin du IIe siècle, apparaissent les premiers témoignages du catéchuménat destiné à préparer les futurs chrétiens à leur engagement dans la religion et qui pouvait durer deux ou trois années selon les régions. La Tradition apostolique d'Hippolyte prouve qu'au IIIe siècle, l'exorcisme baptismal est attesté à Rome.

‘"A partir du jour où ils ont été choisis, qu'on leur impose chaque jour les mains (aux electi) en les exorcisant. A l'approche du jour où ils seront baptisés, que l'évêque exorcise chacun d'eux, pour éprouver s'ils sont purs… Le samedi, que l'évêque les réunisse tous en un même lieu… En leur imposant les mains, qu'il conjure tout esprit étranger de s'éloigner d'eux et de ne plus revenir désormais chez eux. Quand il a terminé l'exorcisme, qu'il souffle sur leur visage et après avoir signé leur front, leurs oreilles et leur nez, qu'il les fasse se relever". 190

Tertullien (160-250) et Origène (185-255) donnent au combat contre le démon une place essentielle dans leur théologie et influencent ainsi les progrès de l'exorcisme baptismal dans la liturgie 191 . Tertullien, en héritier des Apologistes, rattache aux démons les divers aspects du paganisme. La cité païenne, les spectacles, toute la vie publique sont associés aux démons car ils président à ses pompes 192 . Le conflit entre les démons et les chrétiens se situe plus sur le plan des actions publiques que sur celui de la vie personnelle. La renonciation à Satan et à ses pompes correspond à une rupture non seulement avec le démon et avec le péché, mais avec le monde païen, ses spectacles et ses honneurs. De plus, il existe une possibilité de rachat de l'homme par la Passion et le baptême fait participer chaque homme à la victoire du Christ. La figure de cette libération est le passage de la Mer Rouge, les païens sont libérés du monde et ils le sont par l'eau, ils délaissent le diable, leur ancien tyran, qui est englouti dans les eaux 193 . Origène, quant à lui, évoque le thème des deux anges au sujet du baptême : tant qu'un homme n'est pas baptisé, son démon est tout puissant en lui et son ange ne peut presque rien. Par le baptême, c'est l'ange qui prend la première place, même si elle est discutée par le démon.

Au moment où les Pères de l'Église formulent leur démonologie, les rituels d'initiation des chrétiens se développent 194 . Aux IVe et Ve siècles, à la suite de la conversion de Constantin en 313 et la liberté de culte accordée aux chrétiens, la liturgie s'enrichit. Le baptême devient un rituel élaboré qui prend la forme d'un combat contre le diable : le temps de Carême a l'allure d'une grande retraite baptismale 195 . Au cours des huit semaines du Carême, a lieu une triple préparation du candidat : catéchétique, liturgique et ascétique. Le moment est propice en effet à l'apprentissage des rudiments de la foi avec les commentaires des Ecritures et la mémorisation du Credo 196 . C'est à l'occasion des "scrutins" quadragésimaux que le combat contre le démon est présenté comme un spectacle. Les formules d'exorcisme prennent une place de premier plan dans ces célébrations 197 : "Selon Chrysostome, Théodore et Augustin, [l'exorcisme du baptême] comporte une mise en scène : dévêtu et déchaussé, le catéchumène se tient sur un tapis de crin ou sur son cilice, agenouillé, les mains levées ou debout, et reçoit en pleine figure l'exsufflation de l'exorciste. Selon Augustin, l'exorcisme se doublerait même d'une inspection corporelle pour vérifier si le catéchumène ne porte pas des traces physiques de la présence diabolique" 198 . L'exsufflation, qui évoque le souffle de Dieu dans la création de l'homme, a pris la signification d'un exorcisme contre les puissances du mal. Tous ces gestes et ces actions liturgiques sont destinés à marquer les esprits au moment où chaque individu qui se convertit au christianisme est l'enjeu d'un combat entre le diable et le Christ.

Après les huit semaines de Carême, vient la préparation ultime du baptême qui apparaît assez diverse d'une région à l'autre. A Milan et à Rome existe le rite de l'effeta que saint Ambroise appelle l'apertio aurium ou mysterium apertionis : "Le prêtre t'a touché les oreilles et les narines… et il a dit Effeta. C'est un mot hébreu qui signifie : ouvre-toi" 199 . Comme le sourd-muet des Évangiles (Mc VII, 35-37), le futur initié s'ouvre aux paroles qui lui sont dites. La renonciation à Satan, quant à elle, a lieu dans toutes les Églises, sa forme la plus ancienne apparaît dans les Constitutions apostoliques 200 . Ce renoncement à Satan exprime de manière décisive la conversion profonde qui a lieu en chacun des élus. Il précède de peu l'onction de l'huile exorcisée qui a une fonction apotropaïque et qui marque l'appartenance du catéchumène au Christ. L'onction est faite sur le corps et la tête puis sur la tête seule sous la forme d'une croix.

La mise en scène qui apparaît dans les exorcismes baptismaux s'explique par le fait que le catéchuménat a un caractère moral et ascétique, sa signification spirituelle est la libération du péché. Le catéchumène n'est pas un démoniaque mais il souffre d'une "possession éthique" 201 qui est comprise par les Pères de manière allégorique. Pour Théodore de Mopsueste, évêque de Syrie aux IVe-Ve siècles, l'inscription du catéchumène au moment des scrutins correspond à une demande de naturalisation céleste, l'homme fait valoir ses droits à la citoyenneté perdus par la ruse du diable. Les exorcistes remplissent la fonction d'avocats, quand le catéchumène renonce à Satan, c'est que sa demande a été reconnue comme fondée en droit 202 . Le drame du baptême montre que le catéchumène est l'enjeu d'une lutte, d'un combat entre le diable et le Christ pour Jean Chrysostome (344-407) 203 . Cyrille de Jérusalem (314-386) présente quant à lui l'exorcisme à l'aide de métaphores qui en font un procédé alchimique :

‘"Recevez les exorcismes avec dévotion. Qu'on vous exorcise ou qu'on souffle sur vous, c'est pour votre bien. Imaginez de l'or souillé, gâté, mêlé d'éléments divers… Sans le feu, impossible de le dégager des matières étrangères. De même, sans les exorcismes qui sont divins, tirés des saintes Ecritures, il est impossible de purifier l'âme… Comme les fondeurs d'or, en soufflant sur le feu, font gonfler l'or caché dans sa gangue, ainsi les exorcistes, chassant la crainte par l'Esprit de Dieu et faisant bouillonner l'âme dans le corps comme dans une gangue, chassent le démon ennemi". 204

L'exorciste s'apparente au forgeron qui connaît le maniement des métaux, qui sait comment les purifier et qui fait de même avec l'âme souillée par le mal. Dans un autre registre, saint Augustin (354-430) indique : Exorcismi sacramento, quasi molebamini. L'exorcisme agit de manière sacramentelle et les competentes sont par lui préparés à l'initiation, comme la mouture du froment constitue la première étape de la confection du pain, il engage le candidat dans la démarche de conversion 205 . Le rituel de l'exorcisme baptismal est développé dans la liturgie et dans les textes des Pères de l'Église aux IVe et Ve siècles. Ces deux siècles correspondent à un apogée de l'exorcisme baptismal, le spectacle de la conversion a tout son sens lorsqu'il s'adresse à une foule de païens ; plus tard, pour les enfants, il évolue.

Au VIe siècle a lieu une désagrégation de la liturgie baptismale, il ne subsiste alors que des lambeaux de la discipline antique. En Gaule et en Espagne, dès le début du VIe siècle, Césaire d'Arles (503-543), qui fait encore des baptêmes d'adultes, a surtout à baptiser des enfants 206 : les rites pré-baptismaux sont fortement réduits et la date de la cérémonie est plus souple, les exorcismes passent au second plan.

Le sacramentaire gélasien 207 , qui présente l'usage des VIIe-VIIIe siècles, possède deux séries de formulaires, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes, qui comportent chacune une oraison présidentielle et un exorcisme prononcés par les acolytes avec une imposition des mains. Pour la première réunion, la prière initiale invoque :

‘"Que doivent prononcer les acolytes en imposant les mains sur eux : Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob, Dieu qui es apparu à ton serviteur Moïse sur le mont Sinaï, et qui as conduit hors de la terre d'Egypte les fils d'Israël, leur affectant l'ange de ta bonté, qui les garderait jour et nuit, nous te demandons Seigneur, de daigner envoyer ton saint ange pour que pareillement il garde ces serviteurs tiens et les conduise à la grâce de ton baptême. Donc, diable maudit, reconnais ta sentence et rends honneur au Dieu vivant et vrai, et rends honneur à Jésus-Christ, son Fils et à l'Esprit saint, et va t'en de ces serviteurs de Dieu. Car ceux-ci, pour lui, Dieu, notre Seigneur Jésus Christ, a daigné les appeler à sa sainte grâce et à la bénédiction et source du baptême. A cause de ce signe de croix que nous imposons sur leur front, toi, diable maudit, n'ose jamais faire violence" 208 .

La croix est marquée sur le front des élus. Pour A. Chavasse 209 , ce texte est en partie caduc car il s'adresse aux enfants : le vocabulaire ancien, catechumeni, electi est repris, mais il n'a plus le même sens. Le déroulement des scrutins, volumineux, reste placé dans la perspective du combat destiné à purger les âmes. Le sens de l'exorcisme baptismal apparaît dans la deuxième partie du texte où l'ordre est donné au diable de partir pour laisser la place à l'Esprit Saint. Ce formulaire est partiellement repris dans les exorcismes sur les possédés.

Dans deux descriptions de baptêmes dont il a été témoin, Alcuin (730-804) mentionne l'exsufflation, l'exorcisme du démon et le renoncement à Satan 210 . L'idée qu'une place doit être faite à l'Esprit Saint, à l'occasion du baptême, se retrouve car l'homme est la maison de Dieu. Cette idée est vraie dans la théologie du baptême mais elle se retrouve dans la réflexion que les théologiens mènent sur l'exorcisme des possédés.

A Rome, dans l'ordo romanus XI 211 , apparaissent sept scrutins qui datent de la période allant du VIe et du VIIe siècle. Pour H. A. Kelly, cet ordo qui est pratiqué en Gaule au Xe siècle 212 , sert pour le baptême des enfants et pour celui des adultes dans les cas de missions. Le temps de Carême correspond toujours à un "combat", un conflit entre le Christ et Satan qui connaît une progression dramatique : lors du dimanche de la septuagésime est évoquée la chute d'Adam et Eve ; au mercredi des Cendres, premier jour de Carême, c'est l'image de l'Exode qui est choisie, nous l'avons vu, car les catéchumènes sont comme les juifs qui s'apprêtent à passer la mer Rouge ; au premier dimanche de Carême, l'Évangile de Matthieu qui raconte la tentation du Christ est commenté (Mt, 4, 1-11). Au cours de la liturgie des scrutins, les anciennes procédures sont respectées, les noms enregistrés, les croix faites sur les têtes, le sel est béni. Ces actions liturgiques ont davantage un sens apotropaïque que celui de la cure de la possession diabolique. Les nouveaux catéchumènes sont emmenés hors de l'église puis ramenés à l'intérieur du bâtiment. On leur demande alors de prier, de se mettre à genoux, et ils sont signés par les parrains et un acolyte. Suit Ergo maledicte qui est une adresse directe au diable, une manière de le mettre en garde de ne pas revenir dans cette personne. Un deuxième acolyte dit alors l'exorcisme Audi maledicte qui met en demeure le diable de partir avant que l'Esprit Saint ne prépare les âmes comme des temples de Dieu.

Comment des enfants de quelques jours ou de quelques mois peuvent-ils comprendre une telle cérémonie et pourquoi le rituel du baptême conserve-t-il une telle dimension exorcistique après le VIe siècle ? Selon Peter Cramer 213 , on ne peut comprendre la force du baptême des enfants et son pouvoir, si l'on ne voit pas que les parents et la foule sont avec eux. L'exorcisme du sacramentaire gélasien ou de l'Ordo XI donnent l'impression d'une cure magique ou médicale qui ignore le sujet. Le corps qui reçoit ce rite de purification et qui, depuis le VIe siècle est le corps d'un enfant, est comparable au sel, à l'eau ou à l'huile qui, eux aussi, peuvent être exorcisés. Au corps comme aux éléments, est appliquée une médecine magique qui sépare le sombre et le diabolique du servus Dei. La fréquence de cette formule et de famulus Dei dans la liturgie de l'exorcisme, prouve que la volonté est servile et que le patient est traité par le prêtre médecin. L'âme ne choisit pas entre le bien et le mal mais est un réceptacle qui doit être vidé, nettoyé avant d'être rempli. Dans le baptême, l'enfant est ramené de l'anarchie à sa première naissance, au nom de Dieu.

Avec l'exorcisme baptismal, un grand nombre de formules apparaissent qui sont réutilisées dans le rituel de l'exorcisme sur les possédés 214 . Cette cérémonie a un sens de purification du corps du baptisé et de l'assistance qui assiste à la scène. Ceci explique en partie la raison pour laquelle l'exorcisme baptismal subsiste lorsqu'il ne concerne plus que les enfants.

Notes
177.

F. J. Dölger, Der Exorcizmus im altchristlichen Taufritual, eine Religionsgeschichtliche Studie, Paderborn, Drück und Verlag von F. Schöningh, 1909 ; sur l'importance de l'exorcisme baptismal à l'époque des premiers développements du christianisme, voir E. A. Leeper, "The role of exorcism in Early Christianity" dans Studia Patristica, 26, (1993), p. 59-62.

178.

O. Böcher, Christus exorcista. Dämonismus und Taufe im Neuen Testament, Stuttgart, Berlin, Verlag W. Kohlhammer, 1972 (Beiträge zur Wissenschaft vom alten und neuen Testament fünfte folge 16). Ce travail n'avait été qu'esquissé par F. J. Dölger dans Der exorcizmus im altchristlichen Taufritual, op. cit., p. 1-4.

179.

Cum autem inmundus spiritus exierit ab homine, ambulat per loca arida quaerens requiem et non invenit tunc dicit revertar in domum meam unde exivi et veniens invenit vacantem scopis mundatam et ornatam tunc vadit et adsumit septem alios spiritus secum nequiores se et intrantes habitant ibi et fiunt novissima hominis illius peiora prioribus sic erit et generationi huic pessimae, "Lorsque l'esprit immonde est sorti d'un homme, il erre par les lieux arides en quête de repos et il n'en trouve pas. Alors il se dit : 'Je vais retourner dans ma maison d'où je suis sorti'. A son arrivée, il la trouve vide, balayée et bien rangée. Alors il s'en va prendre avec lui sept des plus mauvais démons et ils s'y installent. Et l'état de cet homme est pire que le premier et il sera pire celui de sa descendance".

180.

O. Böcher, Dämonenfurcht und Dämonenabwehr. Ein Beitrag zur Vorgeschichte der Christlichen Taufe, Stuttgart, Berlin, Verlag W. Kohlhammer, 1970 (Beiträge zur Wissenschaft vom alten und neuen Testament fünfte folge 10) ; O. Böcher, Christus exorcista, op. cit. deuxième partie, p. 138-169 ; K. Thraede, "Exorzismus", RAC, Band VII, 1969, c. 44-117 ; et, sur le monde juif, voir H. A. Kelly, The devil at baptism. Ritual, theology and drama, Ithaca and London, Cornell University Press, 1985, p. 33-38.

181.

Voir le Testament des XII Patriarches présenté par H. A. Kelly, The devil at baptism, op. cit., p. 40 et suiv.

182.

H. A. Kelly, The devil at baptism, op. cit., p. 21.

183.

multi enim eorum qui habebant spiritus inmundos clamantes voce magna exiebant (Ac. 8, 7)

184.

aperire oculos eorum ut convertantur a tenebris ad lucem et de potestate Satanae ad Deum (Ac. 26, 18). Textes cités par H. A. Kelly, The devil at baptism, op. cit., p. 23-24.

185.

Voir le chapitre sur la démonologie des premiers siècles, plus haut.

186.

K. Thraede, "Exorzismus", op. cit. , c. 76-100.

187.

Clément d'Alexandrie, Stromata, II, 117, SC 38, 3.

188.

"ein Naturvorgang am Individuum vorbei" selon K. Thraede, "Exorzismus", RAC, Band VII, 1969, c. 44-117 (c. 80)

189.

"Zauberexorcismus", Dölger, Der exorcizmus im altchristlichen Taufritual, op. cit., p. 12.

190.

Hippolyte de Rome, La Tradition apostolique, éd. et trad. B. Botte, SC 11, 1946, p. 48-49.

191.

F. J. Dölger, Der exorcizmus im altchristlichen Taufritual, op. cit., p. 19-44 ; J. Daniélou, "Démon, démonologie chrétienne primitive", DS, tome V, 1954, c. 174-189 et les chapitres "Démon, baptême et martyre chez Tertullien", "Le combat spirituel chez Origène".

192.

Tertullien, De spectaculis, 7, 3 et 7, 2, PL 1, p. 639-640. Il est l'inventeur de la formule pompa diaboli qui désigne le culte des idoles qui accompagne les diverses manifestations de la vie de la cité païenne.

193.

Tertullien, De baptismo, 9, 1, PL 1, 1209. La relation entre le baptême et la traversée de la Mer Rouge est dans saint Paul (1, Cor, 10, 2), mais Tertullien est le premier à la rattacher à la victoire sur Satan voir J. Daniélou, "Démon, démonologie chrétienne primitive", DS, op. cit., c. 179.

194.

Sur l'ensemble des rites d'initiation du premier christianisme, voir L. Duchesne, Origines du culte chrétien. Etude sur la liturgie latine avant Charlemagne, Paris, 1925, p. 309-360 ; G. Kretschmar, "Nouvelles recherches sur l'initiation chrétienne", La Maison-Dieu, 132, (1977), p. 7-32 et P. M. Gy, "La notion chrétienne d'initiation. Jalons pour une enquête", Ibidem, p. 33-54 ; I Simboli dell iniziazione cristiana. Atti del 1 er Congresso Internationale di liturgia, Roma, 1983 (Studia Anselmiana 87-Analecta liturgica 7) ; R. Cabié, "L'initiation chrétienne", L'Église en prière III, Les sacrements, Tournai, Desclée, (1ère éd. 1961), 1985, p. 27-114 ; V. Saxer, "L'initiation chrétienne du IIe au VIe siècles : esquisse historique des rites et de leur signification" dans Segni e riti della chiesa alto medievale Occidentale, Settimane di Studio XXXIII, Spolète, 1987, p. 173-205.

195.

H. A. Kelly, The devil at baptism, op. cit., p. 9-11. Dans son introduction l'auteur insiste sur l'importance du drame "the formal acting out of events" dans les rituels chrétiens. Avec l'apparition du diable dans le baptême, les cérémonies d'initiation deviennent une lutte contre le diable, les ministres s'en prennent à lui violemment, les candidats prennent part au combat par la soumission à l'exorcisme et par le renoncement à Satan.

196.

Sur la catéchèse des premiers chrétiens, voir M. Dulaey, Des forêts de symboles, op. cit.

197.

Elles sont mentionnées par Egérie à Jérusalem (voir Egérie, Journal de voyage 46, éd. A. Franceschini, R. Weber, Turnhout, Brepols, 1965, CCL 175, p. 87, et traduction P. Maraval, 1982, SC 296, p. 306-309) ; par Théodore de Mopsueste et Jean Chrysostome (344-407) à Antioche (pour Théodore Mopsueste, Homélies catéchétiques, ed. R. Tonneau et R. Devresse, Citta del Vaticano, 1949, ST 145, p. 322-323 et pour Jean Chrysostome, Huit catéchèses baptismales, II, 12, éd. A. Wenger, 1957, SC 50, p. 139-140) ; par Augustin (354-430) en Afrique (Saint Augustin, Sermon 227, éd. S. Poque, Sermons pour la Pâque, 1966, SC 116, p. 236) etc. voir R. Cabié, "L'initiation chrétienne", L'Église en prière III, op. cit. , p. 40.

198.

V. Saxer, "L'initiation chrétienne du IIe au VIe siècles : esquisse historique des rites et de leur signification" dans Segni e riti della chiesa alto medievale Occidentale, op. cit., p. 183.

199.

S. Ambroise, De sacramentis, I. 2-3 ; éd. Botte, 1959, SC 25 bis, p. 60.

200.

Il s'agit d'une compilation d'éléments disparates rassemblés à Antioche vers 380. Au chapitre 40 est présentée la préparation immédiate au baptême : "Ensuite, quand le catéchumène sera prêt d'être baptisé, qu'on lui apprenne à renoncer au diable et à adhérer au Christ ; car il lui faut d'abord s'abstenir de ce qui s'y oppose avant d'être introduit aux saints mystères. Car comme un bon agriculteur nettoie d'abord la terre et la débarrasse des épines qui y avaient poussé, avant de semer le froment, de même vous faut-il d'abord extirper chez les candidats toute impiété avant de semer en eux la piété et de les juger dignes du baptême (…)". Au chapitre suivant est présentée la renonciation à Satan : "Je renonce à Satan, à ses œuvres, à ses pompes, à ses cultes, à ses anges, à ses inventions et à tout ce qui relève de lui". Constitutions apostoliques, tome III, trad. et notes M. Metzger, SC 336, 1987, p. 97.

201.

F. J. Dölger évoque une "ethischen Besessenheit"dans Der exorcizmus im altchristlichen Taufritual, op. cit., p. 33.

202.

"Est absolument requis, l'usage des services de ceux que l'on nomme exorcistes. Il faut, quand on plaide le procès, qu'en silence se tienne debout celui qui porte l'accusation. Or tu te tiens les mains étendues, dans l'attitude de celui qui prie et tu gardes le regard abaissé. Pour cette raison, tu te dépouilles de ton habit extérieur et te tiens pieds nus. Tu te tiens debout sur des tissus de poils" Théodore de Mopsueste, Homélies catéchétiques, ed. R. Tonneau et R. Devresse, Citta del Vaticano, 1949, ST 145, p. 322-323. Commenté par V. Saxer, "L'initiation chrétienne du IIe au VIe siècles : esquisse historique des rites et de leur signification" dans Segni e riti della chiesa alto medievale Occidentale, op. cit., p. 190.

203.

Jean Chrysostome indique "Dans les combats olympiques, l'arbitre se tient au milieu de deux adversaires, sans favoriser ni l'un, ni l'autre : il attend l'issue. S'il se tient entre les deux, c'est parce que son jugement est partagé entre les deux. Dans le combat qui nous oppose au diable, le Christ ne se tient pas dans l'entre-deux, il est tout entier nôtre… Quand nous sommes entrés en lice, il nous a oints tandis qu'il a enchaîné l'autre… pour le paralyser dans ses assauts. Moi, s'il m'arrive de trébucher, il me tend la main, me relève et me remet sur pied…" dans Huit catéchèses baptismales, II, 12, éd. A. Wenger, SC 50, 1957, p. 139-140.

204.

Cyrille de Jérusalem, Procatechesis, 9, PG 33, 348-349, cité et traduit par J. Daniélou, "Exorcisme", DS, tome IV, 1961, c. 1995-2004.

205.

Saint Augustin, Sermons, SC 116, 1966, p. 236.

206.

V. Saxer, "L'initiation chrétienne du IIe au VIe siècles : esquisse historique des rites et de leur signification" dans Segni e riti della chiesa alto medievale Occidentale, op. cit., p. 193-194.

207.

Textes liturgiques de l'Église de Rome. Le cycle liturgique romain annuel selon le sacramentaire du Vaticanus Reginensis 316, trad. A. Chavasse, Paris, Cerf, 1997 (Sources liturgiques 2), p. 153-173, avec le texte latin et la traduction. La plupart des auteurs présentent ce texte comme correspondant aux VIIe-VIIIe siècles, c'est le cas de A. Chavasse dans l'édition du sacramentaire Gélasien citée, p. 153 ; E. Palazzo, dans Histoire des livres liturgiques, op. cit., 68-69. Selon ce dernier, l'attribution de ce livre liturgique au pape Gélase (492-496) ne résiste pas à la critique, "il a vraisemblablement été composé au milieu du VIIe siècle". A l'inverse, R. Cabié utilise ce texte comme témoin des usages du Ve siècle R. Cabié, "L'initiation chrétienne", L'Église en prière III, Les sacrements, op. cit., p. 41

208.

Item exorcismi super Electos. Quos acolyti imposita manu super eos dicere debent : Deus Abraham, Deus Isaac, Deus Iacob, Deus qui Moysi famulo tuo in monte Sinai apparuisti et filios Israel de terra Aegypti eduxisti, deputans eis angelum pietatis tuae, qui custodiret eos die ac nocte ; te quaesumus, Domine, ut mittere digneris sanctum angelum tuum, ut similiter custodiat et hos famulos tuos, et perducat eos ad gratiam baptismi tui.Ergo maledicte diabole, recognosce sententiam tuam, et da honorem Deo vivo et vero, et da honorem Iesu Christo Filio eius, et Spiritui sancto, et recede ab his famulis Dei. Quia istos sibi Deus et Dominus noster Iesus Christus ad suam sancta gratiam et benedictionem fontemque baptismatis donum vocare dignatus est. Per hoc signum sanctae crucis, frontibus eorum quod nos damus, tu maledicte diabole nunquam audeas violare, traduction de A. Chavasse, Textes liturgiques de l'Église de Rome, op. cit, p. 158-159

209.

A. Chavasse , Textes liturgiques de l'Église de Rome, op. cit, p. 153

210.

Exsufflatur etiam, ut fugato diabolo Christo Deo nostro paretur introitus… Exorcizatur… ut exeat et recedat dans locum Deo vero… traditur ei fides, ut vacua domus et a prisco habitatore derelicta fide ornetur et preparetur habitatio Dei, Alcuin, Epistolae Karolini Aevi 2, MGH Epistolae 4, éd. Dümmler, n. 134, n. 137, p. 210-216 (c. 798) extrait de la lettre 134 ; H. A. Kelly, The devil at baptism., op. cit. p. 200 et suiv.

211.

M. Andrieu, Les "Ordines Romani" du Haut Moyen Âge, tome II, Louvain, Spicilegium, 1931 (Spicilegium sacrum Lovaniense 23).

212.

L'ordo XI est en effet repris dans le Pontifical romano-germanique du Xe siècle sous le titre XCIX, p.24.

213.

P. Cramer, Baptism and change in the early Middle Age c. 200-c. 1150, Cambridge Studies in medieval life and thought, Cambridge University Press, 1993, p. 144 et suiv. Et aussi M. Rubellin, "Entrée dans la vie, entrée dans la chrétienté, entrée dans la société, autour du baptême à l'époque carolingienne" dans Les entrées dans la vie. Initiation et apprentissages, Nancy, 1982, p. 31-52.

214.

Sur l'extrême plasticité de ces formules et leur réemploi dans diverses liturgies, voir J. Magne, "Explorations généalogiques dans les textes d'exorcisme", Mélanges d'Archéologie et d'Histoire, Ecole Française de Rome, LXXIII (1961), p. 323-364 et plus loin.