Conclusion

A travers cette étude du vocabulaire, il est apparu que la définition médiévale de la possession doit beaucoup aux Évangiles qui montrent des individus en proie à un état de grande violence et parfois isolés. C'est d'ailleurs dans l'illustration de ces textes que le type iconographique du possédé est fixé au Haut Moyen Âge et dans les enluminures de l'école ottonienne. Pour les hommes et les femmes d'alors, le possédé est l'energumenus, le demoniacus, l'obsessus, et, moins souvent, l'arreptitius ou le bacchantus. L'interprétation du phénomène est unique : le diable possède un corps, il l'investit et en fait sa chose. Les conceptions médicales de la possession sont connues mais les Pères de l'Église ont bien établi l'existence de démons dans le monde et leur pouvoir sur les hommes.

Dès le IIIe siècle, l'Église a répondu à la question de la possession en instaurant l'exorcisme baptismal. L'initiation chrétienne comporte alors des enseignements mais doit aussi être purificatoire, de même que les exorcismes sur les choses qui sont des bénédictions purifient les éléments. L'adjuration du démon au cours du baptême et la mise en scène liturgique de sa fuite du corps possédé ont pour but de purifier le catéchumène. Au moment de la conversion des païens, cette étape du baptême prend un relief particulier dans la mesure où il met en scène la renonciation aux anciens dieux considérés comme des démons, les païens étant comme des possédés. A un moment inconnu, mais peut-être très tôt dans l'histoire du christianisme, l'exorcisme des possédés est devenu une pratique à part entière, distincte de l'exorcisme baptismal et de l'exorcisme sur les choses, mais fortement imprégné de ces actions et utilisant souvent les mêmes formules. Face au problème des malades dont le comportement trahit la présence du diable et que les potions des médecins sont impuissantes à guérir, l'Église trouve une réponse qui s'exerce à la fois dans le domaine du miracle et dans celui de la liturgie.