Conclusion

Les formules d'exorcisme du pontifical romano-germanique sont directement issues des chapitres que les sacramentaires du VIIIe siècle consacrent au baptême. Le formulaire de type opératif qui commence par le mot exorcizo est efficace contre le diable. La dimension médicinale de ces formules est essentielle : le pontifical romano-germanique comprend des recommandations qui peuvent être comparées à un Carême pénitentiel. La formule d'expulsion du diable des différentes parties du corps du possédé est commune à l'exorcisme, au baptême, à l'onction des malades et aux malédictions. Elle correspond à un réassemblage d'un corps décomposé par la présence du diable, à une réintégration de toutes les parties du corps dans leur unité afin de permettre à l'homme de redevenir le servus Dei qu'il a toujours été. La reconstitution du corps dans son unité et sa réintégration dans la communauté chrétienne rappellent l'importance, pour les hommes du Moyen Âge de se savoir englobés dans un tout.

Ce formulaire liturgique ne doit pas seulement être compris comme un assemblage de mots écrits mais comme des mots qui, prononcés, constituent une parole. L'efficacité de cette parole n'est effective qu'à plusieurs conditions : la conviction partagée que le diable a bien envahi ce corps, la confiance en celui qui prononce cette parole et en l'institution qu'il représente. Ce dernier, les hommes du XXe siècle auraient tendance à l'appeler l'exorciste, mais qui est-il ?