Le clerc qui prononce l'exorcisme est un représentant de l'institution, par la sacralité de sa personne, par l'intention donnée aux mots et aux gestes qu'il prononce, c'est lui qui donne toute sa valeur au rituel qu'il accomplit 402 .
Depuis le Haut Moyen Âge, plusieurs personnalités dans l'Église peuvent prétendre à faire des exorcismes. Tous les clercs ont en effet reçu les ordres mineurs, ils sont donc tous en mesure de guérir les possédés. Se pose en premier lieu la question de connaître le contenu de la fonction d'exorciste depuis qu'elle a été instituée dans l'Église et comment elle a évolué. Pour cela, il convient de se tourner à la fois vers les textes liturgiques des ordinations des clercs et en particulier des exorcistes, et vers le droit canon qui réunit ce que l'Église préconise dans la conduite des sacrements et des rituels depuis des siècles. Alors comment peut-on définir la fonction de l'exorciste et qui est chargé de cette fonction ?
Au Xe et au XIe siècle, l'épiscopat se développe en Occident même s'il est contesté. Des évêques flamboyants apparaissent en germanie autour des empereurs ottoniens, avant même que la réforme grégorienne ne vise à accentuer une cléricalisation déjà bien affirmée 403 . L'épiscopat est intimement lié à l'exorcisme. En effet, même si souvent le pontifical romano-germanique mentionne le prêtre (sacerdos) comme celui qui conduit le rituel, ce sont des saints évêques qui sont évoqués dans l'hagiographie et représentés dans l'iconographie. Si l'épiscopat est lié à la fonction de l'exorcisme, se pose la question de savoir quelles tensions existent entre le pouvoir charismatique et la liturgie dans l'hagiographie des saints évêques.
Voir I. Rosier-Catach, La parole efficace, op. cit.
P. Riché, "La chrétienté Occidentale, Xe-milieu XIe siècles", Histoire du Christianisme, tome IV, Desclée, 1993 et J. Paul, L'Église et la culture en Occident (IX-XIIe siècle), Paris, Puf, 1984 (2 tomes).