Saint Norbert de Xanten

Les exorcismes de saint Norbert de Xanten 631 sont essentiellement connus par deux sources, la Vita A 632 et la Vita B 633 . Le premier texte a été rédigé à Magdebourg sous la plume d'Evermode. Sa reconstitution et sa publication datent du XIXe siècle et de nombreux auteurs lui ont longtemps attribué une grande valeur historique. La Vita B, quant à elle, a été écrite à Prémontré sous l'impulsion d'Hugues de Fosses, c'est-à-dire avant 1164. Un long débat a animé les historiens à propos de ces textes. S'ils offrent des différences, et si la Vita A repose sur des bases historiques plus complètes, ils constituent chacun, pour nous, des documents importants qui éclairent différemment les miracles de saint Norbert 634 . Les deux vies offrent plusieurs récits de possession, qui sont les mêmes, et qui tendent à représenter Norbert en exorciste. Lorsqu'à l'occasion du développement de son ordre, Norbert se rend à Nivelles en 1121, il accomplit un premier exorcisme 635 . En mai 1122, le diable le suit jusqu'à Maastricht où il possède l'intendant, après s'être emparé du fils d'un convers et avoir tenté le portier de Prémontré 636 . Il existe quelques différences d'un texte à l'autre. Par exemple, l'exorcisme du manant de Vivières intervient alors que Norbert vient de Soissons dans la Vita A alors qu'il est, dans la Vita B, l'aboutissement d'un long voyage qui l'a mené jusqu'à Rome 637 . Par ailleurs, la Vita B assortit l'épisode de l'hérésie de Tanchelm à Anvers, de plusieurs récits de diablerie, là où la Vita A n'en raconte pas 638 . Enfin, les deux vies s'achèvent presque sur l'exorcisme d'un soldat impérial qui fait suite au couronnement de l'empereur Lothaire par le pape Innocent II de retour à Rome 639 . D'une manière générale, l'action d'exorciser est importante dans la spiritualité prémontrée comme le remarque Solange Michon à propos du Grand Passionnaire de Weissenau qui comporte trois exemples d'exorcisme 640 .

Notes
631.

Sur saint Norbert, voir F. Petit, Norbert et l'origine des Prémontrés, Paris, 1981, W.M. Grauwen, Norbert, erzbischof von Magdeburg (1126-1134), Duisbourg, 1986 , K. Elm (dir), Norbert von Xanten, Adliger, Ordensstifter, Kirchenfürst, Köln, Wienand Verlag, 1984.

632.

Vita Norberti Archiepiscopi Magdeburgensis, éd. R. Wilmans, MGH XII, 1856, p. 670-706 (désormais abrégée en Vita A Norberti).

633.

Vita Norberti, AASS juin 1, p. 807-845 (désormais abrégée en Vita B Norberti).

634.

Sur les débats à propos des deux Vitae, voir W.M. Grauwen, Norbert, erzbischof von Magdeburg (1126-1134), op. cit, p. 21-28 et un résumé du même auteur, "Die Quellen zur Geschichte Norberts von Xanten", dans dir. K. Elm, Norbert von Xanten, Adliger, Ordensstifter, Kirchenfürst, op. cit., p. 15-34.

635.

Vita A S. Norberti, 10, p.680 ; Vita B S. Norberti, p. 821 D-822C.

636.

Vita A. S. Norberti, 14, p. 686 ; Vita B S. Norberti, p. 827-828.

637.

Vita A S. Norberti, 15, p. 690 ; Vita B S. Norberti, p. 843.

638.

Vita B S. Norberti, p. 843

639.

Vita A S. Norberti, 20, p. ­695, Vita B S. Norberti, p. 845.

640.

S. Michon, Le Grand Passionnaire de Weissenau et son scriptorium autour de 1200, Slatkine, Genève, 1990 (planches, 38, 49), le cas de saint Julienne de Nicomédie qui enchaîne le démon n'est pas un exorcisme stricto sensu.