Ces textes, qui font écho aux récits du Haut Moyen Âge, sont pourtant davantage développés. Le récit est mis en intrigue et réunit tous les éléments d'une pièce de théâtre dans laquelle apparaissent une scène, des acteurs, un public, autant d'éléments déjà présents auparavant mais qui prennent, avec le développement des récits au XIIe siècle, une ampleur nouvelle. Faire de la scène de l'exorcisme une pièce de théâtre est conforme aux diverses interprétations de ce miracle 678 . Dans quelle mesure, dans ces récits hagiographiques du XIIe siècle, cette théâtralité sert-elle à la mise en valeur du pouvoir du saint, à l'actualisation de son charisme ?
La plupart des historiens de l'exorcisme s'accordent pour souligner sa dimension théâtrale. Voir P. Brown, Le culte des saints, son essor et sa fonction dans la chrétienté latine, trad. A Rousselle, Paris, Seuil, 1982, p. 139 ; M. de Certeau, La possession de Loudun, Paris, Juillard, 1970 et J. Koopmans, Le théâtre des exclus au Moyen Âge, hérétiques, sorcières et marginaux, Paris, Imago, 1997, p. 53-60 ; cette interprétation est empruntée à l'ethnologie et à l'ouvrage de Michel Leiris, La possession et ses aspects théâtraux chez les éthiopiens de Gondar, Paris, Plon, 1958.