Parmi les éléments du culte chrétien utilisés au cours des exorcismes, figurent l'eucharistie et les reliques. Dans quelle mesure peut-on considérer les exorcismes eucharistiques comme des manifestations du charisme des saints ?
Certains exorcismes ont lieu au moment de la célébration eucharistique. Très tôt, en effet, les théologiens ont pris position en faveur des possédés en indiquant qu'ils avaient accès au lieu où l'eucharistie était célébrée, Jean Cassien (v. 360-v. 435) le souligne dans les Conférences I-VII 885 . Celui-ci indique que la communion est un feu qui oblige le diable à quitter le corps qu'il habite et il donne l'exemple de l'abbé Andronicus récemment guéri de cette manière. Selon lui, un possédé qui est tenu à l'écart de la communion est d'autant plus tourmenté par le diable. Ainsi, le concile d'Orange de 441 permet aux possédés de recevoir la communion sous certaines conditions 886 . Implicitement, le concile d'Orange suppose que les possédés ont des moments de lucidité qui leur permettent de demander de l'aide. Ces moments de répit, à eux seuls, prouvent que les possédés sont plus à plaindre qu'à proscrire et qu'ils méritent l'aide du clergé pour venir à bout de leur mal 887 . Toute la liturgie de l'eucharistie, qui reproduit les gestes et les paroles du Christ, conduit à la transsubstantiation qui fait de l'hostie l'instrument de la communion des fidèles mais aussi un objet miraculeux capable de guérir les foules 888 . La liste des très nombreuses guérisons de maladies, de paralysies ou de mutismes rendus possibles par l'utilisation de l'eucharistie est longue 889 . Ces récits sont mentionnés dans des vies de saints et n'ont aucun fondement scripturaire car le récit eucharistique ne mentionne pas de guérison. De même, rien dans les Évangiles ne signale l'efficacité de l'hostie sur les démons. L'usage du pain bénit, quant à lui, remonterait au IXe siècle. A cette époque, les fidèles amenaient ce qui était nécessaire à l'eucharistie et le surplus était distribué au peuple, aux assistants ou aux pauvres. En général, cette distribution était destinée à ceux qui n'avaient pas communié au cours de la messe, en particulier aux malades, et à ce pain s'attachaient de nombreuses superstitions 890 . La croyance en l'efficacité du pain bénit contre les maux et en particulier contre les démons semble beaucoup plus ancienne 891 . Les bénédictions sur le pain sont multiples, et dans certains cas tardifs, elles se transforment en exorcismes lorsque l'on destine ce pain à la santé des malades 892 .
Les miracles eucharistiques évoqués dans les vies de saints du XIIe siècle sont de deux types. Dans un premier cas, le possédé est guéri lors de la communion et a recours à elle à plusieurs reprises après sa guérison. Dans un second type de récit, l'hostie est utilisée comme objet. Tout d'abord, la guérison intervient au moment de la messe, lorsque le pain et le vin consacrés deviennent le corps et le sang du Christ et sont distribués aux fidèles et au possédé. Il se peut aussi que la guérison ait lieu hors de l'église dans un cadre beaucoup moins ritualisé. Un pain, bénit ou non, est alors donné au malade et a sur lui le même effet. Il ne s'agit pas de la communion telle qu'elle a lieu au moment de la messe mais d'une imitation du "rite du cénacle" 893 qui conduit au même résultat. Dans le Liber Miraculorum S. Walburgis (XIe siècle) est fait le récit d'un homme d'équipage d'un bateau qui est amené au monastère S. Walburge de Tiel. Sur l'autel, il crie pendant complies et, le matin suivant, il est si calme après la messe qu'il est capable de recevoir la communion et est libéré du démon 894 . La communion a eu un effet immédiat sur le marin et a agi sur son malaise comme un remède. Dans le livre des miracles de saint Bernward d'Hildesheim, une femme est guérie sur le tombeau du saint et, pour le remercier de cette guérison, elle reste sept jours de plus, pour suivre l'office et communier.
‘“Une femme de Goslar appelée Elmod était possédée du démon. Comme elle était venue pour célébrer la mémoire du bienheureux, ayant été tourmentée quelques jours de manière atroce, par les prières de ce même saint elle fut guérie. Sept jours ou plus, elle resta avec nous, elle visita chaque jour le tombeau du pontife en action de grâce et communia souvent au corps et au sang du Christ” 895 .’La communion n'est pas ce qui a guéri la possédée de son mal mais elle s'impose à elle, ainsi que la prière, comme remède destiné à inscrire cette guérison dans la durée. Ici, la communion prend aussi la forme d'une louange de la part de l'ancienne possédée. Les exemples d'exorcismes accomplis durant la messe et au moment de la communion du démoniaque sont assez nombreux au XIIe siècle. Dans tous ces cas, l'eucharistie qui est le corps du Christ, agit comme un remède dans celui du possédé. Tout se passe comme s'il n'y avait pas de place à la fois pour le corps du Christ et pour le diable dans un même réceptacle. Certains textes décrivent une allergie physique du diable qui est agressé par le contact avec l'eucharistie, présentée parfois comme un feu pour lui. Enfin, la communion n'est pas qu'un remède physique qui fait fuir le diable, elle est aussi un remède spirituel qui s'étend à tous ceux qui partagent le pain.
Mais l'absorption du corps du christ n'est pas nécessaire, l'hostie consacrée détient un pouvoir susceptible d'agir dans la lutte qui oppose le saint homme au démon. Au même titre que la prière, l'adjuration, le signe de croix, et surtout les reliques, l'hostie met en fuite le diable. Dans la Vie de saint Ulrich († 1093), quand le saint s'apprête à donner la communion à un possédé, celui-ci se met à pousser des hurlements d'animaux.
‘“Vaincu tant par la prière de ceux qui adressaient leur supplication que par le tourment de ce malheureux, il s’approcha de l’autel pour immoler à notre sauveur l’hostie porteuse de vie de sa propre passion ; ayant reçu lui-même la sacrosainte communion, il ordonna d’amener le possédé pour que lui aussi reçoive le sacrifice salvateur. Mais l’ennemi, plein de fureur, se désolant de devoir quitter rapidement le siège de sa résidence, ne cessait de hurler en poussant des cris si horribles qu’on aurait cru que des troupeaux de bestiaux avaient été réunis là ; il commença à se rebiffer avec une telle énergie pour ne pas être amené que l’on comprenait avec évidence que celui-ci avait autant horreur de la présence de l’homme de bien que de la sainte hostie.” 896 ’Le récit s'interrompt sans même mentionner la guérison du malade. Il semble, en effet, que l'essentiel a été dit dans la description des effets provoqués par l'hostie sur le possédé. La simple présence de l'hostie, brandie par le saint, suffit pour mettre le diable en échec et le faire fuir. Lors de l'exorcisme de la jeune fille de Nivelles en 1121, saint Norbert ne parvient pas à éliminer la présence diabolique. Après une première confrontation, il choisit le lendemain de faire venir la jeune fille au moment où il célèbre la messe. Lorsqu'il élève l'hostie, à la fin du Canon, le diable est terrorisé et contraint de s'enfuir en une horrible déjection.
‘"Le lendemain était arrivé et le prêtre de Dieu se prépara à célébrer les mystères de la messe. On amène alors la jeune fille en présence d’un peuple très nombreux pour assister au dénouement de l’événement. Norbert demanda à deux frères de tenir la jeune fille non loin de l’autel. C’est pourquoi, la messe ayant été commencée, on en vint à l’évangile qui fut lu, posé sur la tête de la fillette. Moqueur, le démon répéta qu’il avait maintes fois entendu la chanson. A la fin du Canon, tandis que le prêtre élève l’hostie, le démon s’exclama : “Regardez, regardez, c’est son petit Dieu qu’il tient dans ses mains”. En effet, les démons croient ce que nient les hérétiques. Le prêtre de Dieu en frémit, et ayant invoqué l’esprit de vérité avec tant de ferveur dans sa prière qu’il commença à agir contre le démon. Celui-ci s’exclama : “Je brûle, je brûle, je me meurs ! Je veux partir, je veux partir, laissez-moi aller !” Les frères tenant fortement la fillette, l’esprit immonde s’enfuit laissant comme trace de son passage une urine tout à fait infecte et abandonna le vase qu’il possédait" 897 .’C'est au moment de l'élévation de l'hostie que le diable est pris de panique. Au XIIe siècle, la liturgie de l'eucharistie est en pleine transformation et l'élévation de l'hostie, la dramatisation du service divin en sont des données nouvelles 898 . Le texte insiste sur l'importance du geste, sur la place de l'hostie qui est moquée par le diable, et ne néglige cependant pas la force, la puissance de la prière du saint. Ces trois actions conjuguées ont un effet immédiat sur le démon qui, un instant moqueur, demande très vite grâce. Le pouvoir de ce qui est devenu, au cours de la messe, le corps du Christ, s'étend parfois aux objets qui contiennent l'hostie ou à la réserve eucharistique. Dans la Vita prima de saint Bernard de Clairvaux, la patène du calice dans laquelle une hostie a été placée, parvient à mettre en fuite le démon 899 . L'hostie déposée dans la patène du calice semble irradier son pouvoir vers l'objet qui l'abrite, de même que le signe de croix accompli à travers l'hostie semble transpercer le démon. Quand saint Walthenius (†1159) est tourmenté à l'autel par le démon, il s'empare de la pyxide, objet en ivoire ou en métal qui sert de réserve eucharistique, il en est libéré 900 . De même que le sacré, inclus dans une relique, se diffuse à ce qu'elle touche et au lieu où elle se trouve comme les autels 901 , de même, l'hostie "rayonne" de sa puissance sur le diable. La substance en elle-même n'a pas besoin d'être absorbée, sa présence suffit à provoquer l'effet escompté sur le démoniaque. L'idée de remède est dépassée car, comme au sujet des reliques, la praesentia du saint, son charisme, et le corps du Christ, suffisent pour provoquer le "choc thérapeutique". La substance sacrée a un réel pouvoir sur les choses et en particulier sur les possédés.
La Vita prima de saint Bernard de Clairvaux occupe une place centrale dans la diffusion du modèle de l'exorcisme eucharistique au XIIe siècle. Certains des exorcismes eucharistiques du saint ont été réunis dans Le Grand Exorde de Cîteaux de Conrad d'Eberbach au XIIIe siècle, dans un chapitre qui leur est entièrement consacré 902 . Au cours de son voyage en Italie, et en particulier au moment de son passage à Milan, l'acmé des miracles est atteinte lorsque le saint, ayant réuni le peuple autour de lui dans l'église, engage son combat contre le diable qui possède une femme.
‘"Le troisième jour, le Serviteur de Dieu se rend à l’église de saint Ambroise pour y célébrer les mystères divins. Une foule innombrable l’y attend. Au cours de la célébration de la messe, il s’était assis près de l’autel pendant que les clercs chantaient. On lui apporte alors une petite fille que le diable tourmentait de ses assauts violents. Ils le prient de secourir la pauvrette, et d’expulser le diable frénétique en elle. Ayant entendu la supplication des assistants, et vu l’être qui grince des dents et crie devant lui au point d’horrifier tous ceux qui la regardent, son âge l’émeut de compassion et il souffre avec elle de la violence de son angoisse. Il prend donc la patène du calice, dans lequel il allait célébrer les divins mystères, il répand le liquide sur ses doigts, et en priant intérieurement, confiant en la puissance du Seigneur, il applique le liquide salutaire sur la bouche de la fillette, et verse sur son corps une goutte de ce remède. Sans délai, Satan, comme s’il brûlait, ne put supporter la force du liquide répandu. Contraint intérieurement par l’antidote de la croix, il sort en hâte, dans un infect vomissement et surgit, tout tremblant" 903 .’Dans le chapitre suivant, est fait le récit de la situation de la ville de Milan qui est infestée de démons et de possédés, en particulier dans l'Église menacée par le schisme. Puis a lieu un nouvel exorcisme sur une femme possédée depuis de longues années. Après une description de la possédée, l'auteur en vient à l'exorcisme lui-même :
‘"…puis il en vint au sacrifice de l’hostie salutaire. Aussi souvent qu’il signe la même hostie sacrée, tourné vers la femme, il fait sur elle le même signe de la croix, ainsi il attaque l’esprit mauvais. De fait, à chaque fois que le signe de la croix est dirigé contre lui, montrant qu’il a été frappé, il s’écrie de plus belle, se rebellant contre cet aiguillon, et montre malgré lui ce qu’il endure. Le Notre Père terminé, le saint homme s’approche plus efficacement de l’ennemi. Il mit le corps sacré du seigneur sur la patène du calice et il posa le tout sur la tête de la femme en prononçant ces paroles : “Ton juge est ici esprit inique, le pouvoir suprême est là. Alors, résiste, si tu peux. Il est ici celui qui devait souffrir pour notre salut. Alors, dit-il, le prince de ce monde sera jeté dehors (Jean XII, 34). C’est là ce corps qu’il a reçu de la Vierge, qui a été étendu sur l’arbre de la croix, qui a été mis au tombeau, qui est ressuscité de la mort et qui est monté au ciel devant les yeux des disciples. Par la puissance terrible de cette majesté, j’ordonne à toi, esprit malin, de sortir de sa servante, et que tu n’aies pas l’envie d’y revenir par la suite.” Ainsi, l’abandonnant à contre-cœur, et ne voulant pas rester davantage, il l’affligeait atrocement, ayant une colère d’autant plus grande qu’il avait peu de temps. Le saint Père revint à l’autel, accomplit selon le rite la fraction de l’hostie salutaire. Il donna au servant la paix pour qu’il la donne à son tour au peuple. Dans l’instant, la femme recouvra la paix et la santé 904 ."’P. Dinzelbacher présente les miracles eucharistiques de saint Bernard comme une sorte de charme magique qui agit sur le psychisme des possédés et des autres malades. Dans ces textes, c'est comme si la puissance de l'autosuggestion, la croyance profonde dans le pouvoir de l'eucharistie, la prégnance de l'image du corps du Christ, réveillaient les malades du sommeil de leur conscience 905 . Il ne s'agit pas de faire communier la possédée, mais dans une mise en scène spectaculaire, visible par toute l'assistance, de montrer l'effet du corps du Christ sur le diable présent en elle : ces exorcismes ne sont pas destinés à une seule personne mais à un public beaucoup plus vaste. Il convient, en effet, de prendre en compte la dimension pastorale des exorcismes eucharistiques accomplis par le saint. L'exorcisme a lieu au moment de la consécration du pain et du vin dans le premier texte et au moment de la prière dans le second, où il est possible de reconnaître le Canon. En présence de cette foule immense, le diable se met à trembler et à obéir à l'ordre qui lui est donné. Dans le dernier paragraphe, la fuite a lieu précisément à la fin du rite eucharistique lorsque le saint donne la paix aux fidèles. Ce moment est fondamental car il s'agit pour lui de guérir une crise de possession qui manifeste celle de la société milanaise. Si le miracle eucharistique est thaumaturgique, c'est donc aussi au sens collectif. Il vise à réconcilier les ennemis, à résoudre les conflits, à guérir des déchirures qui sont signalées par la crise de possession.
"XXIX Germain – Comment se fait-il qu'en nos provinces, non seulement les possédés soient à tous un objet de mépris et d'horreur, mais que l'usage soit constant de les tenir éloignés de la communion au corps du Seigneur selon la parole de l'Évangile : "Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux", s'il faut croire, comme vous le dites, que c'est à dessein de les purifier et pour leur bien que Dieu les humilie par de telles épreuves ? XXX Serenus – Si nous avons cette science, ou plutôt cette foi dont j'ai parlé plus haut, que tout arrive par Dieu et est destiné au bien des âmes, loin de mépriser les possédés, nous ne cesserons de prier pour eux, comme pour les membres d'un même corps (…). Pour ce qui est de la très sainte communion, nous ne nous souvenons pas qu'elle leur ait jamais été interdite, tout au contraire, on pensait devoir la leur donner chaque jour, s'il était possible (…) la très sainte communion ne va pas à servir de nourriture au démon, mais à purifier et garder le corps à la fois et l'âme du possédé", Jean Cassien, Conférences I-VII, édition et traduction Dom E. Pichery, SC 42, 1955, Chapitre VII, De la mobilité de l'âme, des esprits du mal, p. 270-271.
"Les énergumènes baptisés, s'ils prennent soin de leur purification, s'ils s’en remettent à la sollicitude des clercs et s'ils suivent leurs conseils, qu'ils communient de toute manière par la vertu de ce sacrement capable de les protéger de l'attaque du démon qui les infeste, ou de purifier ceux qui manifestent une vie plus pure", "Energumeni baptizati, si de purgatione sua curant et se sollicitudini clericorum tradunt, monitisque obtemperant, omnimodis communicent, sacramenti ipsius virtute vel muniendi ab incursu daemonii quo infestantur, vel purgandi quorum iam ostenditur vita purgatior" ; C. Munier, Concilia Galliae, Concilium Arausicanum, CC SL 148, can 13, p. 82.
Cette question semble connaître une grande continuité au cours du Moyen Âge, saint Thomas d'Aquin indique : "Ceux qui n'ont pas l'usage de la raison peuvent avoir de la dévotion pour le sacrement, les uns l'ayant dans le présent, et d'autres l'ayant eue dans le passé" Somme Théologique, IIIa Pars, 980, article 9 : "Doit-on proposer ce sacrement à ceux qui n'ont pas l'usage de la raison ?"
E. Mazza, L'action eucharistique. Origine, développement, interprétation, Paris, Cerf, 1999.
Le père de Grégoire de Nazianze est guéri de graves souffrances par une hostie, Oratio, XVIII, PG 35, 1036, 38 ; dans les Dialogues de Grégoire le Grand, un muet est guéri de la même manière par le pape Agapit, Dialogues, SC 260, Livre III, c. 2, p. 268-269 ; Sulpice de Bourges ramène un mourant à la vie par le pain consacré AASS OSB II, 177, c. 34 ; Magnobus d'Angers utilise le corps du Christ pour guérir une fille qui souffre de la fièvre depuis trois ans AASS oct VII, 945, c. 3, n. 21. La liste présentée par Snoek dans Medieval piety. From relics to the eucharist, a process of mutual interaction, Brill, Leiden-New York-Köln, 1995 est pratiquement identique à celle établie par F. J. Browe dans Die eucharistischen Wunder des Mittelalters, Breslau, 1938.
D. Rigaux, article "Pain bénit", Dictionnaire Encyclopédique du Moyen Age, Rome-Paris, 1997, t. II, p. 1134. L'auteur évoque l'exemple d'un pain prophylactique utilisé en Frioul pour la guérison des épileptiques. Voir C. Armengaud, Le diable sucré. Gâteaux, cannibalisme, mort et fécondité, catalogue de l'exposition de la Villette octobre 2000-janvier 2001, Editions de la Martinière, Paris, 2000.
Dans son travail sur les bénédictions chrétiennes, A. Franz indique en effet que vers le Ve siècle en Egypte, est attestée l'utilisation du pain pour les fidèles d'une part (ευλογια) et pour les catéchumènes (εξορχισμοσ) d'autre part. Le "panis εξορχισμοσ" est aussi appelé "panis oratione, purgatus", il est utilisé contre la maladie, la douleur et le démon. Ce pouvoir se comprend dans le contexte du catéchuménat de la fin de l'Antiquité où les futurs fidèles devaient se purifier par de nombreuses pratiques préalables à l'exorcisme baptismal. A. Franz, Die Kirchlichen Benediktionen im Mittelalter, Paderborn, 1909, tome I-II. Dans le même ouvrage, A. Franz cite la Passion de Pierre et Paul où le pain de l'eucharistie est utilisé contre le diable et celle de saint Pachôme où il est écrit : "Qui cum orasset, dedit ei panem benedictum sollicite praecipiens, ut ante cibum ex eo peulilem semper energumenus sumeret", p. 264.
"Exorcizo te, spiritus immunde, per Patrem et Filium et Spiritum Sanctum, Dominum omnipotentum, unam habentam substantiam, ut omnis virtutus adversarii, omnis incursio, obsidio, fictio, oppressio nequam spiritus eradicetur et effugetur per hanc creaturam panis, ut sit salutifera et medicina salutis anima et corporis huic famulo Dei ex eo accipienti et ad pellendos morbos virtus proficiens per invocationem patris et Iesu Christi, filii eius, et Spiritus Sancti, Amen", A Franz, Ibidem, p. 271. Les bénédictions sur les choses sont présentées par E. Bartsch, Die Sachbeschwörungen der Römischen Liturgie, 1967, p. 322-323.
E. Mazza, L'action eucharistique. Origine, développement, interprétation, Paris, Cerf, 1999, p. 8.
"Le prêtre de l’église convoqua les frères et une fois la messe célébrée pour le malade, les psaumes et les litanies qui conviennent ayant été chantés, on lui apporta le Corps et le Sang du Christ. Après que cela fut accompli, en notre présence, purgé du démon, et après avoir été prostré un moment dans la prière il se leva et, comme il est dit dans les Évangiles, il emporta son grabat et rentra chez lui", Liber Miraculorum S. Walburgis, AASS février III, epistola I, 2, p. 547.
Liber Miraculorum S. Bernwardi, p. 782, n. 7.
Vita S. Udalrici conf. ord. S. Bened, AASS juillet III, 162, n. 43.
Vita A S. Norberti 10, p. 681.
E. Dumoutet, Le désir de voir l'hostie, Paris, 1926 et J.-C. Schmitt, La raison des gestes dans l'Occident médiéval, Paris, Gallimard, 1990, p. 330 et suiv…
"…puis il en vint au sacrifice de l’hostie salutaire. Aussi souvent qu’il signe la même hostie sacrée, tourné vers la femme, il fait sur elle le même signe de la croix, ainsi il attaque l’esprit mauvais. De fait, à chaque fois que le signe de la croix est dirigé contre lui, montrant qu’il a été frappé, il s’écrie de plus belle, se rebellant contre cet aiguillon, et montre malgré lui ce qu’il endure. Le Notre Père terminé, le saint homme s’approche plus efficacement de l’ennemi. Il mit le corps sacré du seigneur sur la patène du calice et il posa le tout sur la tête de la femme.", Vita prima S. Bernardi, II, 13-14, c. 276.
Vita S. Waltheni abbatis, AASS août, I, 264, n. 65-66.
Voir la pratique de placer les reliques dans les autels et celle de laisser des possédés de longues heures ou des jours durant attachés à proximité du tombeau du saint. En particulier dans E. Mazza, L'action eucharistique. Origine, développement, interprétation, Paris, Cerf, 1999, chapitre "L'eucharistie et les reliques des saints", p. 243 et suiv… ; Snoek dans Medieval piety. From relics to the eucharist, a process of mutual interaction, Brill, Leiden-New York-Köln, 1995 et A. Angenendt, Heilige und Reliquien. Die Geschichte ihres Kultes vom frühen Christentum bis zur Gegenwart, München, Verlag Beck, 1997.
Conrad d'Eberbach, Le Grand Exorde de Cîteaux ou récit des débuts de l'ordre cistercien, dir. J. Berlioz, Turnhout, Brepols, 1998, p. 370-376. "De l'excellence de la foi au sacrement du corps et du sang du Christ et de la discrétion que l'on doit garder dans la contemplation".
Vita Prima S. Bernardi, II, 11, c. 275.
Vita Prima S. Bernardi, II, 13-14, c. 276.
P. Dinzelbacher, Bernhard von Clairvaux. Leben und Werk des Berühmten Zisterziensers, Primus Verlag, 1998, "Der Thaumaturg", p. 59-65.