Chapitre V - La liturgie de l'exorcisme au XIIe siècle

Lorsque Hildegarde de Bingen a été sollicitée par l'abbé de Brauweiler à propos du cas de Sigewise, elle a donné ses conseils et a été plus loin en écrivant un ordo d'exorcisme pour l'occasion. On ne sait si le rituel a été mis en œuvre pour la possédée en question, ou pour tout autre, mais le fait est exceptionnel et même unique. Il en dit long sur l'implication de la sainte pour guérir la malade, sur la liberté dont elle jouit par rapport à tous les domaines du savoir, y compris la liturgie. Il témoigne aussi d'un besoin : la rédaction d'un rituel d'exorcisme implique l'existence de plusieurs cas de possession par le diable. Enfin, ce texte permet d'établir un lien étroit entre hagiographie et liturgie.

Il est nécessaire de vérifier si les textes hagiographiques du XIIe siècle, en nous donnant une image amplifiée de l'exorcisme, sont le reflet de la réalité ou s'ils la déforment. Pour cela, la liturgie est la principale source qui nous permette de savoir si l'exorcisme est pratiqué au XIIe siècle. Par la présence ou l'absence d'ordines d'exorcisme, nous serons plus certainement en mesure de conclure à l'importance ou la faiblesse de la pratique, au cours de ce siècle. Le premier livre liturgique à consulter est le pontifical puisqu'au XIIe siècle, son ancêtre du Xe siècle est réaménagé pour les besoins de l'époque. Mais la recherche dans les livres liturgique ne doit pas en rester là. En effet, l'époque voit apparaître un nouveau livre mieux adapté aux actions devant être accomplies par le prêtre, c'est le rituel.

Si l'essentiel pour connaître l'exorcisme est la liturgie, nous avons aussi vu la richesse des sources hagiographiques, alors pourquoi ne pas tenter d'éclairer l'une par l'autre ces deux sources, afin d'établir de grandes tendances de la pratique de l'exorcisme au XIIe siècle ?