Selon Victor Leroquais 953 , ce manuscrit n'est pas un pontifical 954 mais un rituel auquel s'ajoute un Pénitentiel. L'auteur identifie la notation neumatique comme étant allemande et plus précisément rhénane. Les litanies (au folio 8v) semblent désigner Cologne, l'écriture et la notation en neumes relèvent de la deuxième moitié du XIIe siècle.
La partie rituel est composée de 49 folios. Il s'agit d'une succession d'ordines assez courts destinés aux catéchumènes (fol. 3 à 6), à visiter et oindre les malades (fol. 6 à 8). Il comprend aussi les litanies des saints (fol. 8v), la bénédiction de la cendre (fol. 17v), un ordo pour le jour des Rameaux (fol. 18), un autre pour le Samedi Saint (fol. 22), pour le jour de Pâques, la bénédiction de l'agneau, suivent diverses bénédictions du pain et du sel mais aussi les bénédictions monastiques du dortoire et du réfectoire (fol. 23 à 28), ainsi que des messes (fol. 28 à 31).
A partir du folio 31v et jusqu'au folio 42v apparaissent des prières d'exorcisme sur les démoniaques. Dans l'ensemble, ces formulaires sont directements issus du pontifical romano-germanique. La première prière, In Christi nomine, incipit inpositio manuum super energuminum baptizatum (fol. 31v à 35v) correspond partiellement à la première prière d'exorcisme du pontifical romano-germanique 955 . Cette prière est complétée par la Reconciliatio rebaptizati ab hereticis 956 et par la reprise de certaines parties, présentées dans le désordre, de Ad succurendum his qui a demonio vexantur 957 . Suivent, deux prières extraites de l'exorcisme de saint Martin 958 , et une extraite de Ad succurendum his qui a demonio vexantur 959 . Dans cet ensemble remanié mais directement issu du pontifical romano-germanique, une prière, Omnipotens deus pater misericordiarum (fol. 32-32v) n'apparaît pas dans le pontifical et je n'en ai pas identifié l'origine. Ce formulaire pose problème car il évoque à deux endroits la question de la fidélité à l'Eglise catholique 960 et l'hérésie 961 . Il semble que l' auteur du manuscrit s'est abondamment servi des formulaires d'exorcisme contenus dans le pontifical romano-germanique mais qu'il est allé chercher dans d'autres parties du texte ou dans un autre livre liturgique ces quelques formules qui orientent me semble-t-il l'exorcisme vers la réconciliation des hérétiques.
La Conjuratio super demoniacum (fol. 35v à 37) reprend une autre partie de Ad succurendum his qui a demonio vexantur 962 . Item alia conjuratio super demoniacum (fol. 37 à 37v) reprend la suite du même formulaire 963 . L'exorcisme intitulé Item exorcismum super demoniacum (fol. 37v à 39) reprend, quant à lui, celui qui se trouve à la suite des formulaires précédents dans le Pontifical romano-germanique 964 . L'exorcisme qui suit Item exorcismus super eum qui a demonio vexatur (fol. 39 à 40) est une reprise partielle de celui qui est intitulé dans le Pontifical Item exorcismus unde supra 965 . La prière suivante a le même titre que la précédente mais reprend une partie de l'exorcisme de saint Ambroise 966 . La dernière prière d'exorcisme intitulée Missa pro demoniaco (fol. 42v) ne me semble pas appartenir à la série des formulaires du pontifical romano-germanique et je n'ai pu identifier l'origine de ce texte. Ce texte est court, l'invocation à dieu est directe, une particularité doit être relevée dans la mesure où elle s'achève par une invocation à la sainte vierge, ce qui me semble exceptionnel dans les formulaires d'exorcisme.
Cette série de prières d'exorcisme, appartenant à un manuscrit identifié comme provenant de la région rhénane, est une compilation inédite du XIIe siècle. Certes, elle reprend en grande partie les textes qui se trouvent dans le pontifical romano-germanique mais ce n'est pas une surprise, tant circulent encore les manuscrits de ce livre liturgique. Il est par ailleurs fort probable que de nombreux scriptoria de la région de Cologne ont encore ce livre deux siècles après le début de sa diffusion. L'apparence de ce manuscrit, sa petite taille et son usure, laissent par ailleurs penser qu'il a été conçu pour un usage quotidien pour une durée qui est bien sûr inconnue, mais aucun indice précis ne peut nous informer sur l'utilisation qui a été faite des exorcismes. Enfin, quelques indices font penser que ce formulaire a pu être utilisé pour tenter de convaincre des hérétiques. Si c'est le cas, il s'ajoute au dossier des liens importants qui existent entre exorcisme et dénonciation des hérétiques dans la région de Cologne au XIIe siècle.
V. Leroquais, Les pontificaux manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1937, tome II, p. 441-442.
V. Leroquais fait allusion aux analyses de L. Delisle, Inventaire des manuscrits latins de l'abbaye de Saint-Victor, 1860, p. 51.
Prg CXIV pages 190-192 du tome II de Vogel et Elze, numéros de 1 à 6, manque le numéro 7, Domine, sancte pater, omnipotens eterne Deus, expelle diabolum ab homine isto….
Prg CXXIV, n°1, 2, 3, p. 224-225.
Prg CXV, n° 7, 8, 6, 9, 12, 13, 16, 17, 18, 20, 23, 31, 32, 33, 35, 34.
Prg CXIX, n°13 et 17
Prg CXV, n° 36.
ad veram matrem ecclesiam catholicam tui muneris aspiratione respicientes a potestate redeunt non quod amiserit baptismi recipient sed quod in se permanenti fecerit contumeliam veracis penitentiae satisfactione reparatur, (fol 32v).
Dominus qui hominem ad imaginem tuam conductum idreparas quod creasti respice perpicius super hunc famulum tuum et quicquid ignorantiae ipsius heretica pravitate irrepsit, indulgentia tuae pietatis ignosce et quod in eo diaboli fraude conmissum et nequicia arriane perfidie nomerat, non ei reputetur ad culpam, sed membrum ecclesiae catholice remissionis clementia reformetur ut altaribus sacris recepta veritatis tue conmunio reddatur, (fol. 32v-33).
Prg CXV, n° 37, 38, 39, 40, 41.
PrgCXV, n° 42, 43.
Prg CXVI qui est intitulé dans le pontifical romano-germanique Item orationes et exorcismi super eum qui a demonio vexatur, il s'agit de l'ensemble de la prière, l'ordre des formulaires étant respecté.
Prg CXVII, n°1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9.
Prg CXVIII, n°1, 2, 3, 4, 5, 7.