Des commentateurs de la Bible construisent dès la fin de l'Antiquité et reprennent dans la glose du XIIe siècle, un modèle pour l'exorciste : le roi Salomon de l'Ancien Testament selon la méthode de la typologie 1173 . Cette méthode consiste, pour les interprètes de la Bible, à chercher dans l'Ancien Testament un personnage, un événement ou une institution qui annonce un personnage, un événement ou une institution du Nouveau Testament 1174 . La tradition qui fait de Salomon le premier exorciste avant le Christ est fondée au Haut Moyen Âge et reprise à l'identique par les théologiens du XIIe siècle.
Isidore de Séville (†636), dans son De ecclesiasticis officiis, fonde la tradition qui présente les exorcistes comme les agents du temple de Salomon qui ont ensuite été dispersés par Esdras :
‘"Il y a des exorcistes dans la hiérarchie et le service de l'Église, selon les charges qui avaient été mises en place dans le Temple de Salomon et qui ont ensuite été dispersées par le très saint Esdras. Nous trouvons ceux qu'Esdras mentionne comme serviteurs du Temple et qui sont les exorcistes dans l'Église de Dieu. Nous trouvons dans le Temple des agents du Temple, des serviteurs du fils de Salomon, qui avaient le service du Temple sous leur responsabilité, non cependant pour les fonctions sacerdotales ni pour servir les offrandes sacrées. Et comme ils avaient appartenu à la hiérarchie et à l'office du Temple, ils furent éloignés de l'office de l'autel de Dieu, car ni les lecteurs des psaumes, ni les portiers, ni les serviteurs sacrés n'étaient autorisés à approcher le sanctuaire du Temple sauf les lévites. Pourquoi ? Les agents du Temple, n'avaient pas d'autre fonction que de couvrir le toit et faire toutes les réparations nécessaires à partir du trésor du Seigneur. Donc, les agents du Temple sont les exorcistes dans le peuple de Dieu. De la même façon, un agent prudent et bon sait ce qui est le revenu de son Seigneur et la modalité de toute ressource, et qu'il récapitule en lui-même toutes les ressources, ainsi l'exorciste récapitule dans son zèle les secrets du royaume du Seigneur tout entier pour confier à sa mémoire ce qui concerne les secrets à partir desquels il exerce selon la prédiction de l'Apôtre le don et l'esprit saint : "N'ont-ils pas tous les dons de guérison ?" (Esdras 2, 55) 1175 .’Le second office du temple de Jérusalem évoqué en début de texte est celui des lévites qui sont présentés dans le Livre d'Esdras. Esdras est, selon les récits de l'Ancien Testament, un prêtre et un scribe qui ramena de Babylone en Judée la seconde caravane de captifs. L'auteur du premier Livre d'Esdras souhaite réformer le Temple en obligeant les lévites et les autres israélites qui avaient épousé des femmes païennes à s'en séparer afin d'échapper aux dangers de la perversion 1176 . L'autre partie de son œuvre, qui nous intéresse plus ici, est la réorganisation de la hiérarchie dans le Temple. Depuis l'apparition d'un clergé, il existe une distinction entre les lévites et les prêtres qui appartiennent à des tribus du nord et du sud d'Israël. Ezéchiel, puis Esdras, décident de reléguer définitivement les lévites au rang de serviteurs des prêtres 1177 . Ainsi, c'est une place dans une hiérarchie qui est évoquée, car de même que les lévites, les exorcistes appartiennent aux ordres mineurs ainsi que les portiers, les lecteurs et les sous-diacres. Dans quelle mesure les lévites de l'Ancien Testament sont-ils présentés par les théologiens comme un type du Christ ou des exorcistes du Moyen Âge ?
Isidore de Séville serait l'un des premiers à rapprocher les exorcistes de l'Église médiévale de ceux de l'Ancien Testament 1178 , mais il n'est pas le premier à mentionner le fait que le roi Salomon a été l'un des premiers exorcistes. Origène († 255) le fait dans un commentaire sur l'Évangile de Matthieu :
‘"Je considère, en effet, qu'il ne faut pas qu'un homme qui veut vivre selon les principes de l'Évangile en adjure un autre… quelqu'un demande s'il convient d'adjurer les démons, qu'il se tourne vers ceux qui ont osé faire de telles choses, il dira qu'ils ne font pas cela sans raison. Celui qui en effet regarde Jésus qui ordonne aux démons, mais aussi donnant à ses disciples le pouvoir sur tous les démons et pour guérir les malades, il dira que ce n'est pas selon le pouvoir donné par le Sauveur d'adjurer le démon c'est en effet dans la mesure où il est juif. Si quelqu'un, parmi nous, fait une chose semblable, il agit de la même manière que dans les adjurations écrites par Salomon. Mais ceux qui utilisent ces adjurations quelques fois ne se servent pas des livres de manière convenable, et adjurent les démons par des documents issus des juifs" 1179 .’Origène insiste dans ce texte sur la filiation directe qui existe entre les adjurations prononcées contre les démons et celles issues de la tradition juive. Il cite Salomon comme étant celui qui a écrit des exorcismes. Cette tradition qui fait de Salomon l'un des premiers exorcistes est reprise par Bède le Vénérable (673-735) dans son commentaire sur les Actes des Apôtres 1180 . L'auteur se réfère ici à un texte antique, Les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe que nous aborderons plus loin. Il commente les Actes des Apôtres, XIX, 13, texte dans lesquels est racontée la mésaventure des sept fils de Sceva, un grand prêtre juif. Ils adjurent un possédé par "ce Jésus que Paul annonce", mais le possédé s'en prend à eux et les blesse violemment. Mentionnant ces apprentis exorcistes, Bède indique que leur office a été inventé par Salomon. Nombreux sont les auteurs de la fin de l'Antiquité et du Haut Moyen Âge, qui citent le pouvoir de Salomon sur les démons. Amalaire de Metz († ap. 850), dans son Liber Officialis, cite Bède le Vénérable dans son commentaire des Actes des Apôtres 1181 ; Raban Maur (v. 780-856), dans De clericorum institutione, regroupe et reprend à son compte les textes d'Isidore de Séville et de Bède le Vénérable 1182 .
Tous ces textes font référence à des traditions populaires juives qui attribuent à Salomon, roi d'Israël qui a vécu entre 970 et 931, l'invention de l'exorcisme. Les sources de cette légende sont nombreuses et ne se limitent pas aux écrits de Flavius Josèphe 1183 . La première mention serait un manuscrit de Qumran datant de l'époque hérodienne dans lequel se trouve, à côté du Psaume 91 – considéré plus tard dans la littérature rabbinique comme un chant contre les démons – une mention de Salomon exorciste. Puis le Pseudo-Philon, dans les Antiquités bibliques, fournit une allusion au pouvoir de Salomon : David parvient à chasser l'esprit mauvais qui étouffait Saül par un psaume accompagné de la cithare dans lequel il finit par une incantation qui désignerait Salomon 1184 . Le témoignage cependant le plus clair est celui de Flavius Josèphe (37-v. 95 ap. J.-C.) dans les Antiquités judaïques :
‘"Dieu lui accorda aussi le pouvoir de combattre les démons pour l'utilité et la guérison des hommes. Comme il avait composé des incantations pour conjurer les maladies, il a laissé des formules d'exorcisme pour enchaîner et chasser les démons de façon qu'ils ne reviennent plus. Et cette thérapeutique est encore très en vigueur jusqu'ici chez nous. C'est ainsi que j'ai vu un certain Eléazar de ma race qui, en présence de Vespasien, de ses fils, des tribuns et du reste de l'armée, délivrait des gens possédés des démons. Le mode de guérison était celui-ci : il approchait du nez du démoniaque un anneau dont le chaton enfermait une des racines indiquées par Salomon, puis, le faisant respirer, extrayait l'esprit démoniaque par les narines : l'homme tombait aussitôt et Eléazar adjurait le démon de ne plus revenir en lui en prononçant le nom de Salomon et les incantations composées par celui-ci. A l'effet de persuader et de rendre plus manifeste aux assistants qu'il possédait bien ce pouvoir, Eléazar plaçait à proximité un gobelet plein d'eau ou un bain de pieds et il ordonnait au démon une fois sorti de l'homme, de renverser ces récipients et de faire ainsi connaître aux spectateurs qu'il avait quitté l'homme. C'est ce qui arriva et ainsi s'affirmèrent l'intelligence et la sagesse de Salomon ; c'est à cause d'elles, pour que tout le monde sache la grandeur de son génie, et combien il fut cher à Dieu, et afin que personne sous le soleil n'ignore l'excellence du roi dans tous les genres de vertus, que nous avons été conduits à cette digression" 1185 . ’Salomon, doué d'une intelligence exceptionnelle, a donné l'art d'agir contre les esprits mauvais et a composé des formules d'exorcisme toujours utilisées lorsque Flavius Josèphe écrit ces lignes. Il indique que les incantations s'accompagnent de gestes quasi magiques, comme le fait d'approcher un anneau du nez d'un possédé. Dans un autre texte, Flavius présente les vertus fabuleuses d'une racine appelée Baraas 1186 . L'invocation du nom de Salomon est tellement efficace qu'elle empêche le démon de revenir. C'est ce texte qui est cité à l'envi par les auteurs du Moyen Âge et qui fonde la tradition de Salomon exorciste. Il existe enfin un dernier document, Le Testament de Salomon 1187 , qui reprend cette tradition en l'enrichissant. Là, Salomon raconte que, lors de la création du Temple, un démon nommé Ornias tourmentait le surveillant des travaux. L'archange Michel apporta à Salomon un anneau qui donnait pouvoir sur tous les démons de la terre grâce au pentalpha gravé sur le chaton. Il fit ensuite comparaître Béelzeboul, Asmodée et de nombreux esprits mauvais qu'il obligea à travailler à la construction du Temple. A la fin de sa vie, l'amour d'une femme païenne lui fit perdre son pouvoir et il tomba même sous l'emprise des démons. L'origine de l'ensemble de cette tradition de Salomon exorciste est peut-être dans le Livre des Rois (I Rois V), qui mentionne le savoir de Salomon au sujet des plantes, des quadrupèdes, des oiseaux, des reptiles et des poissons et dans le Livre de la Sagesse (Sagesse VII, 19-21), qui évoque sa connaissance universelle 1188 . Ce savoir qui peut être considéré comme encyclopédique est amplifié par Flavius Josèphe qui parle d'une connaissance dans tous les domaines : de ce savoir qui inclut les esprits, on passe à un pouvoir sur les forces obscures.
La plupart des maîtres théologiens du XIIe siècle reprennent l'idée de l'origine de l'ordre des exorcistes. Dans son opuscule sur les grades ecclésiastiques, Yves de Chartres (†1115) la reprend du droit canon antérieur 1189 et Gratien la rappelle dans son Décret (v. 1140) 1190 . Hugues de Saint-Victor présente, lui aussi, la tradition qui concerne le roi Salomon 1191 . Au cours du Moyen Âge, Salomon est vu comme un roi ambigu, il est choisi comme le prototype du roi méchant 1192 . Pierre Le Mangeur (1100-1179), dans son Histoire Scolastique nous présente l'invention de Salomon de manière conforme aux récits antérieurs 1193 .
En effet, la légende a transformé le roi sage et bâtisseur du Temple en monarque luxurieux, idolâtre et sorcier, oscillant entre magie blanche et magie noire. Il finit par devenir le suppôt du diable, c'est le Faust du Moyen Âge selon J. Le Goff 1194 . La liturgie semble donner un écho à cette ambiguité du roi Salomon. L'une des prières du pontifical romano-germanique en effet, évoque à propos du diable, le "sceau de Salomon" 1195 . Cette formule apparaît aussi dans le manuscrit de Cologne du IXe siècle 1196 . La littérature magique, quant à elle, a retenu cette étrange réputation : un herbier du XIVe siècle évoque "l'herbe de Salomon" qui, selon saint Augustin qui l'a appris d'un philosophe anonyme, enroulée autour du nez permet de libérer le possédé 1197 .
Si l'exorcisme est défini au XIIe siècle comme un sacramental, les gloses des Évangiles reprennent la longue tradition qui fait de Salomon celui qui a créé l'ordre des exorcistes. Ces deux dimensions de l'apport du XIIe siècle sur l'exorcisme placent cette pratique dans une organisation ecclésiale beaucoup plus vaste, et contribuent ainsi à réunir et compléter les conditions de l'énoncé de la parole efficace.
"De l'idée primitive qu'il y a dans l'Ancien Testament des préfigurations, on est passé à la conviction que "tous les événements qui ont eu lieu dans l'Ancienne Loi étaient autant de signes préfiguratifs de notre foi" comme l'écrit l'Ambrosiaster (questions sur l'Ancien Testament)", dans M. Dulaey, Des forêts de symboles, l'initation chrétienne et la Bible (Ier-VIe siècle), op. cit., p. 55.
E. Amann "Type", DTC, tome 15², c. 1935-1945.
In ordine et ministerio ecclesiae esse exorcistas, secundum officia quae in templo Salomonis erant disposita quaeque posterius sunt ab Esdra sanctissimo dispertita. Inuenimus eos quos Esdras actores memorat templi eos nunc esse exorcistas in ecclesia Dei. Fuerunt enim sub Esdra actores templi seruorum Salomonis filii qui actum templi totius sub curam suam haberent, non tamen sacerdotalibus officiis ministrarent aut sacris oblationibus deseruirent. Et cum fuissent ex ordine et ministerio templi, longe fuerunt ab officio altaris Dei, quia nec psalmistis nec ostiariis nec sacrorum seruis adtingere licebat ad munera altaris nisi tantummodo leuitis. Quid ergo est ? Nullam aliam curam habebant actores templi nisi ad sarta tecta reficienda ut, quaecumque fuissent uexata in aedificio templi aut delapsa, per eosdem actores de thesauris dominicis reficerentur atque excolerentur. Ergo actores templi exorcistae sunt in populo Dei. Quomodo enim actor prudens et bonus scit quid sit domini sui census et omnis substantiae modus, et redigit apud se totius possessionis intrumenta originalia, sic et exorcista redigit in sua diligentia totius regni domini secreta ut memoriae mandet de scripturarum sacramentis, unde exerceat scilicet donum quod illi est ab spiritu sancto concessum secundum apostoli praeconium. Exorcistas enim memorat apostolus cum dicit : Numquid omnes donationes habent sanationum ? Sancti Isidori episcopi hispalensis, De ecclesiasticis officiis, éd. C. M. Lawson, CCSL 113, 1989, ch. XIII, p. 72-73.
Vigouroux, "Esdras", Dictionnaire de la Bible, tome 2, c. 1929-1931.
"Lévitique (organisation)", Supplément au dictionnaire de la Bible, tome 5, c. 389-397, 1957.
Le texte est recopié par de nombreux auteurs comme Hugues de Saint-Victor, De Sacramentis Christianae FiDei, PL 176, livre 2, pars 3, c. 424.
Existimo autem, quoniam non oportet, ut vir, qui vult secundum evangelium vivere, adiuret alterum… Quaeret aliquis, si convenit vel daemones adiurare, et qui respicit ad multos, qui talia facere ausi sunt, dicet non sine ratione fieri hoc. Qui autem aspicit Iesum imperantem daemonibus, sed etiam potestatem dantem discipulis suis super omnia daemonia, et ut infirmitates sanarent, dicet, quoniam non est secundum potestatem datam a salvatore adiurare daemonia : Iudaicum est enim, hoc, etsi aliquando a nostris tale aliquid fiat, simile fit ei, quod a Salomone scriptis adiurationibus solent daemones adiurari. Sed ipsi qui utuntur adiurationibus illis, aliquoties nec idoneis constitutis libris utuntur ; quibusdam autem et de Hebraeo acceptis adiurant daemonia, Origène, Commentarius in Matthaeum (Mt. 26, 63-64), ch XXIII, n. 110, PG 13, c. 1757
Temptauerunt autem quidam et de circumeuntibus Iudaeis exorcistis et cetera. Refert Iosephus regem Salomonem excogitasse suamque gentem docuisse modos exorcismi, id est adiurationis, quibus immundi spiritus expulsi ab homine ulterius reuerti non sint ausi. Fit autem hoc interdum etiam per reprobos ob condemnationem eorum qui faciunt, uel ob utilitatem eorum qui uident et audiunt, ut licet homines despiciant signa facientes, tamen deum honorent ad cuius inuocationem fiant tanta miracula, Bedae Venerabilis, Expositio actuum apostolorum, Opera pars II, Opera exegetica 4, éd. M. L. W. Laistner, CCSL 121, 1983, p. 77.
Dicit Beda in tractatu super Actus apostolorum : "Refert Iosephus regem Salomonem excogitasse, suamque gentem docuisse modos exorcysmi, id est adiurationis, quibus inmudi spiritus expulsi ab homine ulterius reverti non sunt ausi, Amalaire de Metz, Liber officialis, éd. I. M. Hanssens, 1948 (Studi e Testi 139), I, II, c. 9, p. 218.
Refert Josephus regem Salomonem excogitasse suamque gentem docuisse modos exorcismi, id est adjurationis, quibus immundi spiritus expulsi ad homine ulterius reverti non sunt ausi. Testatur et de eis liber Actus apostolorum, ita dicens : Tentaverunt autem quidam, et de circumeuntibus Judaeis, exorcismis invocare nomen Domini Jesu, etc (Act. XIX). Invenimus eos quos Esdras actores memorat templi, eos nunc esse exorcistas in Ecclesia Dei. Fuerunt enim sub Esdra actores templi servorum Salomonis filii, qui actum templi totius sub cura sua haberent, non tamen sacerdotalibus officiis ministrarent, aut sacris oblationibus deservirent. Nullam ergo aliam curam habebant actores templi, nisi ad sarta tecta reficienda, ut quaecunque fuissent veterata in aedificio templi aut delapsa, per eosdem actores de thesauris Dominicis reficerentur atque excolerentur. Ergo exactores templi exorcistae sunt in populo Dei. Quomodo enim actor prudens et bonus scit Domini sui census et omnis substantiae modus, et redigit apud se totius possessionis instrumenta originalia, sic exorcista redigit in sua diligentia totius regni Domini secreta, ut memoriae mandet de Scripturarum sacramentis, unde exerceat scilicet donum quod illi est a Spiritu sancto concessum secundum Apostoli praeconium, Raban Maur, De clericorum institutione, PL 107, Ch X. De exorcistis, p. 304-305
La tradition de Salomon exorciste est présentée par J. Brière dans "Salomon exorciste", Supplément au dictionnaire de la Bible, tome 60, 1986, c. 476-480. Sur cette tradition voir M. J. Edwards "Three exorcisms and the New Testament world" Eranos 87 (1989), p. 117-126 ; G. H. Twelftree, Jesus the exorcist, Tübingen, 1993 (Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen Testament II 54), p. 18-19 et 35 et suiv. Et compléter avec S. Giversen, "Solomon und die Dämonen" in M. Krause, Essays on the Nag Hammadi, Texts in honour of Alexander Böhling, Leiden, Brill, 1972 ; D. C. Duling, "The Eleazar miracle and Solomon's magical wisdom in Flavius Joseph's Antiquitates Judaicae (8, 42-49)", The Harward Theological Review 78 (1985), p. 1-25 ; J. Bowman, "Solomon and Jesus", Abr-Nahrain 23 (1984-5), p. 1-13. A compléter avec la publication d'une amulette d'exorcisme de la fin de l'Antiquité : T. Gelzer, M. Lurje, C. Schäublin, Lamella Bernensis, Ein Spätantikes Goldamulett mit Christlichen exorzismus, Stuttgart, Teubner, 1999.
"la famille nouvelle dont je suis né te convaincra d'erreur, à partir du jour où naîtra, dans quelques temps, sorti de mes reins, celui qui vous domptera". Le personnage ainsi désigné n'est pas le Messie mais Salomon selon le commentaire des éditeurs voir Pseudo-Philon, Les Antiquités Bibliques, C.Perrot, P. M. Bogaert, D. J. Harrington, SC 230, p. 236.
Flavius Josèphe, Les Antiquités judaiques, livre VIII, 45-49, traduction J. Weil, Paris, 1926, p. 168-169.
Flavius Josèphe, La guerre juive, VII, 6, 3.
Œuvre disparate d'un chrétien du IIIe siècle, voir CC. McCown, The Testament of Solomon, Leipzig, 1922 ; The Testament of Solomon. A New Translation and Introduction, éd. James H. Charlesworth, New York, 1983, p. 935-987.
"The Legend of Solomon the Magicien in Antiquity : Problems and Perspectives", Proceedings, Easter Great Lakes Biblical Society 4, Westerville, 1984.
De exorcistis : In ordine et ministerio ecclesie esse exorcistas secundum officia que in templo Salomonis erant disposita queque posterius sunt ab Esdra dispertita, invenimus eos quos Hesdras actores templi nunc esse exorcistas in ecclesia Dei. Ergo actores templi exorciste sunt in populo Dei ; De excellentia sacrorum ordinum et de vita ordinandorum in synodo habitus soit le Sermo II dans la Patrologie Latine 162, 513-519, texte présenté et réedité par R. E. Reynolds dans "Ivonian opuscula on the ecclesiastical officers", Mélanges Gérard Fransen, Studia Gratiana 20, Bologna, 1976, 311-322.
"Plus tard, Salomon inventa la manière d'exorciser, par laquelle les démons adjurés sont expulsés du corps des possédés. Cet office fut appelé la fonction d'exorciste dont il est dit par le Seigneur dans les Évangiles : "Si je chasse moi-même le démon par Beelzebub, vos fils - les exorcistes, bien entendu - par qui les chasseront-ils ?" (Luc, 11, 19)." ; Porro Salomon quendam modum exorcizandi inuenit, quo demones adiurati ex obssessis corporibus pellebantur ; huic offitio mancipati exorcistae uocati sunt, de quibus Dominus in euangelio : “Si ego in Beelzebub eicio demonia, filii vestri (exorcistae videlicet) in quo eiciunt ? Grat. 21, 1, 1 (Fr. 67).
Exorcistae in ordine et ministerio Ecclesiae constituti sunt secundum officia quae in templo Salomonis erant disposita. Quae posterius sunt ab Esdra dispertita. Leguntur enim sub Esdra fuisse actores templi filii servorum Salomonis, qui actum templi totius sub cura sua haberent ; aut sacris oblationibus deservirent. Et cum fuissent ex ordine in ministerio templi, longe tamen fuerunt ab officio altaris Dei. Neque enim psalmistis, id est cantoribus, nec ostiariis, nec sacrarum servis attingere licebat ad munera altaris, nisi tantummodo levitis. Quasi ergo actores quidam spirituales templi Dei exorcistae sunt in populo Dei, qui de substantia Domini sui sibi in donis spiritualibus tradita, in spiritualibus aedificiis dilapsa restituant et reparent dissipata. Exorcistas significat Apostolus cum dicit : “Nunquid omnes donationes habent sanationum ?” (I. Cor. XII.). Hoc officio usus est Deus quando saliva sua tetigit aures et linguam surdi et muti, dicens : “Ephpheta, quod est adaperire” (Mc. VII) ; hoc exemplo nos docens spiritualiter aperire debere aures praecordiorum hominum ad intelligendum, et ora ad confitendum, ut, expulso daemone, Spiritus sanctus vas suum recipiat. Similiter hoc officium exhibuit, quando de Maria Magdalena septem daemonia ejecit (Mc. XVI ; Lc. VIII), "Les exorcistes dans l’ordre et le ministère de l’Église sont établis selon les offices qui étaient ordonnés dans le temple de Salomon. Ils ont ensuite été dispersés par Esdras, on lit en effet que sous Esdras, les fils ont été les acteurs du temple, ceux qui avaient la charge de toute l’œuvre du temple, et qui étaient les desservants des offrandes sacrées. Et alors qu’ils avaient été, selon leur ordre, au service du temple, ils devinrent éloignés de l’office de l’autel de Dieu. Ni les psalmistes, qui sont des chantres, ni les portiers, ni les autres serviteurs des choses saintes n’avaient le droit de toucher aux charges de l’autel si ce n’est les lévites. De telle sorte que, les exorcistes sont dans le peuple de Dieu comme les acteurs spirituels du temple de Dieu, eux qui dans les édifices spirituels restaurent ce qui est tombé et réparent ce qui est dispersé. L’Apôtre désigne l’exorciste de la manière suivante : “Tous ont-ils le don de guérir ?” (I Cor. XII. 30). Cet office fut utilisé par Dieu quand il toucha de sa salive les oreilles et la langue du sourd et du muet en disant : “Ephpheta, c'est-à-dire : Ouvre-toi !”(Mc, VII. 34) ; par cet exemple il nous enseigne que nous devons ouvrir spirituellement les oreilles, la poitrine de l’homme à l’intelligence, sa bouche à l’aveu pour que, après l’expulsion du diable, l’Esprit saint reçoive en son vase. De la même manière il manifesta cet office quand il expulsa sept démons de Marie Madeleine (Mc, XVI, Luc, VIII)". Hugo de S. Victore, De Sacramentis Christanae Fidei, PL 176, c. 424-425
A. Graboïs, "L'idéal de la royauté biblique dans la pensée de Thomas Becket", dans Thomas Becket, Actes du colloque international de Sédières, 1973, dir. R. Foreville, Paris, 1975, p. 107.
"Excogitavit etiam adjurationes quibus aegritudines solent mitigari. Alias quoque quibus demones ejicerentur, et alias quibus obstricti non redirent. Excogitavit etiam characteres, qui inscribebantur gemmis, quae posita in naribus arreptitii, cum radices Salomoni monstrata, statim eum a demonibus liberabat. Haec sciencia plurimum valuit in gente Hebraeorum, et maxime necessaria erat. Ante adventum enim Christi saepius homines a demonibus vexabantur, quod homines vivos ad infernum quandoque detrudebant. Josephus quoque testatur se vidisse quemdam Eleazarum exorcistam coram Vespasiano, et filiis ejus, et tyrannis, in hunc modum praedictum curantem vexatos a demonibus, et ut probaret eis demonem egressum per nares cum spiritu anhelantis, vas ponebat in medio, et imperabat demoni egresso, ut illud everteret in argumentum suae egressionis et ita fiebat" ; Historia Scholastica, PL 198, ch.VII De praefectis Salomonis et inventione exorcismorum (III Reg. IV), c. 4352.
J. Le Goff, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996, p. 389 ; A. Cisek, "La rencontre de deux sages : Salomon le Pacifique et Alexandre le Grand dans la légende Hellénistique médiévale", dans Images et signes de l'Orient dans l'Occident médiéval, Sénéfiance 11, 1982, p. 75-100 ; M. Bloch "La vie d'outre-tombe du roi Salomon", Mélanges historiques, t. II, Paris, 1963, p. 920-938. Il y eut pourtant une réhabilitation de Salomon comme modèle du roi sage au XIIIe siècle : P. Buc, L'ambiguité du livre. Prince, pouvoir et peuple dans les commentaires de la Bible au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 28-29.
"Ex imperio Dei omnipotentis et Iesu Christi domini nostri passione ac resurrectione eius, tibi, summi furoris et iniquitatis et omnis invidiae auctor, qui sub sigillo Salomonis passus fuisti tormenta Dei omnipotentis, quicumque es aut undecumque es…" Exorcisme de saint Martin, Prg F, 1.
"Omnipotens dominum nostrum Iesum Christum, quas cum interdicetur tibi, diabole, satanas, et vobis, angeli, et hominibus insanie vel furoris, sub quidem sabahot sigillum Salomonis " extrait du manuscrit de Cologne du IXe siècle, A. Franz, Die Kirchlichen Benediktionen im Mittelalter, p. 587.
Voir R. Kieckhefer, Magic in the Middle Ages, Cambridge, Cambridge University Press, 1989, p. 76-77. La page de l'herbier en question est reproduite et montre deux possédés tenus qui exhalent chacun de leur bouche deux démons noirs.