- L'exorcisme de Lodi dans son contexte

Les liens entre les deux traditions permettent d'éclairer les intérêts en jeu autour des différents lieux de culte de la ville de Lodi 1212 .

A l'époque, l'église abbatiale de Saint-Pierre à Lodivecchio – Pompéi dans l'Antiquité – tend à prendre son indépendance par rapport aux autorités épiscopale et communale afin de contrôler toutes les activités du culte de la Lodi antique. L'une des bases de cette revendication est son origine apostolique et le nombre des reliques qu'elle contient, comme le révèle le démon au cours de l'exorcisme. La Chronique d'Anselme da Vairano renchérit en disant que l'église Saint-Pierre a été fondée par les Apôtres. L'ensemble du récit tend à mettre l'église de Lodi en relation avec les lieux les plus saints de la chrétienté.

Par ailleurs, la ville de Lodivecchio a été détruite à deux reprises par Milan en 1111 et en 1158. C'est l'empereur Frédéric Ier qui l'a faite reconstruire, avant de s'en prendre à Milan en 1162. En 1168 l'archevêque de Milan Galdino, légat du pape, fait remplacer l'évêque de la ville Albert da Merlino, fidèle à Frédéric, par Albert da Rivolta. Le nouvel évêque souhaite, en soutenant la rédaction du miracle, inscrire l'histoire de la ville reconstruite dans la continuité de son passé antique. Le lien entre Lodi et la ville de Milan est souligné par la position de la possédée d'origine milanaise. Le Liber évoque une autre démoniaque, une moniale milanaise nommée Crassa 1213 qui vient à l'église Saint-Pierre pour révéler à nouveau la présence des reliques. Indirectement, la venue de la possédée milanaise rappelle que l'élection de l'évêque a largement été voulue par celui de Milan.

Notes
1212.

L. Samarati, "Sviluppi della figura di S. Bassiano nella storia religiosa di Lodi", dans San Bassiano, vescovo di Lodi, op. cit. , p. 71 et suiv.

1213.

A. Caretta, "Il Liber", op. cit., c. IX, p. 133.