B. - Physiologie de la possession

Les possédées deviennent majoritairement des femmes

C'est au milieu du XIIIe siècle qu'un renversement s'opère dans les récits d'exorcisme. Ce sont désormais les possédées qui sont majoritairement des femmes.

L'impression est sensible à la lecture de nombreuses vies de saints et de saintes du XIIIe et du XIVe siècle, mais Jacques Dalarun a précisément observé cette rupture dans l'hagiographie de saint François d'Assise. Dans la Vita prima de Thomas de Celano écrite en 1228, l'ensemble des possédés guéris par le saint de son vivant ou après sa mort sont deux hommes et trois femmes. Dans le Traité des Miracles qui a été écrit entre 1250 et 1254, il y a cinq femmes et deux hommes. De la Vita prima au Traité des miracles, on retrouve l'évolution générale qui voit se renforcer la présence féminine à l'intérieur de la rubrique consacrée aux possédés. "Ainsi se resserre, vers le milieu du XIIIe siècle, l'équation entre femme et démon tandisque la possession était un phénomène majoritairement masculin jusqu'au XIIe siècle" 1410 .

Nancy Caciola a montré, à travers l'étude comparée de la possession divine et de la possession diabolique, combien le corps de la femme se trouve prédisposé à recevoir le diable 1411 .

Notes
1410.

J. Dalarun, François d'Assise, un passage. Femmes et féminité dans les écrits et les légendes franciscaines, Paris, Actes Sud, 1997.

1411.

N. Caciola, Discerning spirits, op. cit., p. 176 et suiv.