La nécessité d'avoir recours à un rituel de référence, utile dans les cas de possession, s'explique par le contexte de l'époque. Le Grand Schisme, entre 1378 et 1417, a provoqué une profonde crise d'autorité au sein de l'Église et a déstabilisé le clergé à tous les niveaux 1670 . Les mouvements de réforme comme les Hussites de Bohème, les Lollards et les Wycliffites en Angleterre et le Libre Esprit en France, Belgique et en Allemagne ont accentué cet effet de déstabilisation. L'exorcisme se déplace alors du culte des saints où il était cantonné et se transforme en discours de pouvoir et d'autorité cléricale 1671 .
L'exorciste a pour fonction de remettre de l'ordre dans un chaos provoqué par les ennemis désignés de la foi. Le Marteau des sorcières en 1486 1672 , explique, dans sa deuxième partie, quels sont les remèdes qui existent contre les divers maléfices des sorcières. L'exorcisme occupe la place principale. Ainsi, le XVe siècle est le siècle de l'exorcisme contrôlé 1673 , soucieux de mettre fin aux pratiques illicites. En 1384, une sorcière de Florence est poursuivie par le podestat de la ville pour avoir fait des exorcismes illicites 1674 . Le rituel d'exorcisme est destiné à interdire ces pratiques et à encadrer cette action.
N. Caciola, Discerning spirits. Divine and demonic possession in the Middle Ages, Ithaca and London, Cornell University Press, 2003, chapitre V "Exorcising demonic disorder", p. 225-273.
N. Caciola, Discerning spirits, op. cit., p. 237.
H. Institoris et J. Sprenger, Le marteau des sorcières, op. cit.
Voir le traité de Heinrich Gorichem (†1431), Tractatus de demonibus eiciendis cité par A. Franz, Die Kirchlichen Benediktionen, II, p. 559.
G. Brucker, "Sorcery in Renaissance Florence", Studies in the Renaissance, 10 (1963), p. 7-23 et du même The society of Renaissance Florence : A Documentary Study, New York, 1971