- La grande diffusion des manuels d'exorcisme : quelques exemples

Le tableau en Annexe 14, qui est le fruit de sondages dans divers catalogues de bibliothèques, et pas d'une enquête systématique, fait apparaître un grand nombre de manuscrits d'exorcisme au XVe siècle. Le fonds de la Staatsbibliothek de Munich est le plus important pour des raisons qui tiennent à sa richesse liturgique et aux outils de recherche modernes qu'elle détient.

Ces volumes sont de petite taille, généralement des octavo, faciles à transporter, tenant dans une poche ou un sac. Ils sont rarement luxueux ou ornés. Certains de ces ouvrages comportent des caractéristiques physiques particulières. Par exemple, un rituel d'exorcisme de la bibliothèque Vaticane a un exorcisme dans ses marges et un autre, intégré au manuscrit sur de plus petites pages 1675 . Ceci indique que ces rituels, beaucoup employés, ont aussi été enrichis au fur et à mesure de leur utilisation 1676 .

Les manuscrits sont complétés, à partir de 1477, par des manuels d'exorcisme imprimés. L'incunable intitulé Conjuratio malignorum spirituum in corporibus hominum existentium prout in sancto Petro, connaît au moins six éditions en vingt trois ans selon les exemplaires présents dans les bibliothèques de France 1677 . Il s'agit d'un petit volume octavo qui comporte 10 folios 1678 .

Un grand nombre de livres en circulation, des ouvrages de petite taille soumis à un travail de réecriture et parfois complétés, traduit une rupture dans l'histoire de l'exorcisme. Terminé le temps des exorcismes réalisés sur les tombeaux des saints et des récits mettant en scène ce charisme ; une nouvelle ère commence, marquée par l'apparition d'un livre qui représente le nouveau pouvoir de l'exorciste.

Notes
1675.

Il s'agit du BAVms. Pal.lat. 794, fol. 68r-71v pour l'exorcisme dans les marges (tronqué au moment de la reliure) et des fol. 74r-76r pour les petites pages, voir N. Caciola, Discerning spirits, op. cit., p. 239 et fig. 22.

1676.

Le fait d'ajouter un formulaire d'exorcisme dans la marge d'un manuscrit n'est pas une nouveauté, nous l'avons déjà rencontré dans un recueil de sermons de Munich, le Clm 6342 de la fin du IXe ou du Xe siècle (Voir Annexe 1).

1677.

Toutes les éditions de cet ouvrage sont imprimées à Rome chez Johannes Bulle en 1477-1478 ; chez Stephan Plannck en 1492 ; chez Johann Besichen en 1494-1495 ; chez Eucario Silber en 1494-1495 ; à nouveau chez Johan Besichen en 1500 et chez Eucario Silber la même année. Voir J. B. Molin, A. Aussedat-Minvielle, Répertoire des rituels et des processionnaux imprimés conservés en France, éditions du CNRS, 1984, p. 541 et suiv.

1678.

Je remercie vivement Monsieur Jean-Patrice Boudet de m'avoir communiqué une copie de l'incunable 1282 de la bibliothèque Casanatense de Rome qui correspond à l'édition illustrée de Stephan Plannck, vers 1492.