Annexe 7. La translation de reliques de Jérusalem à Oviedo (dernier quart du XIIe siècle)

Narratio de reliquiis a Hierosolyma ovetum usque translatis, ed. Kohler, Revue de l’Orient latin, tome 5, 1897, pp. 12-21.

Traduction

Une nuit, lors de la fête de la sainte mère de Dieu, la glorieuse Marie toujours vierge reine du ciel, notre maîtresse et avocate, un homme, animé d’une mauvaise volupté, engendra une descendance à sa femme qui, pourtant, avait résisté. Celle-ci, vraiment triste et ne l'ayant pas supporté en raison du respect dû à une telle solennité lança, au milieu d'autres paroles qu’elle proféra, une malédiction envers sa descendance, en disant qu’elle avait été conçue par le diable.

En son temps, elle enfanta une fille. Comme elle l’avait nourrie pendant sept mois, le diable la prit dans son berceau, l’emporta avec lui et la nourrit pendant seize ans. Au commencement de la dix-septième année, le diable l’emporta à l’abbaye des moines noirs dans la terre d’Aragon, à côté de la cité que l’on appelle Jaque vers le port Daspre. Là, il la déposa devant les murs de l’abbaye, et la laissa. Il entra dans l'abbaye, voulant semer la graine de la discorde et le murmure parmi les frères, pour les perturber. Pendant ce temps, saint Jacques vint à elle, et tordant un peu le doigt du milieu de sa main gauche, il imprima de son ongle la croix, au milieu du muscle de son doigt de droite. Le diable revint et voyant qu’elle avait reçu le signe de la croix dans le doigt commença, indigné, à se mettre en colère et à dire : “Oh ! Saint Jacques est passé par là !” et immédiatement, il entra en elle. Avant, il ne l’avait jamais tourmentée mais il la réchauffait, il la portait, la nourrissait et lui mettait des vêtements de diverses couleurs, en soie subtilement tissée de pourpre et d’or, il lui faisait des cheveux d’or, il avait constitué un entourage sans nombre, un seigneur, des enfants qui, la ramenaient comme une reine. Retirée dans un château d’or et plein de tours, face à elle, ils dansaient et ils applaudissaient. Il la portait aussi dans les airs à travers toutes les provinces, les cités et les châteaux, il lui donnait la pratique de toutes les langues et, avec une grande escorte, il la faisait chevaucher. Elle était nourrie d’herbe crue, alors qu’elle semblait chétive et gracile avec peu de chair sous la peau, elle était, en fait, forte et robuste.

Comme il était entré en elle, il commença soudain à faire entendre une terrible voix. Au bruit de sa voix, les frères se précipitèrent pour voir ce qu’il y avait. Et, la trouvant là, ils la firent rentrer dans l’abbaye. Tous furent surpris à la vue d’une telle créature frêle, maigre et presque hérissée. Pendant ce temps, le diable criait à travers elle : “Moi, je ne renoncerai pas à elle, je ne la laisserai pas, je ne me séparerai pas d’elle qui m’a été donnée par sa mère, parce qu’elle l’a conçue contre son gré, en s’y opposant et en résistant à l’homme, en ne le supportant pas, en s’opposant, en contredisant, et en souffrant pour celle qui fut conçue au cours de la sainte nuit de la fête de sainte Marie contre le droit et la loi divine. Conçue ainsi, elle est mienne à bon droit et elle m’a été donnée par sa mère. Pendant seize ans, je l’ai réchauffée, nourrie, portée, vêtue, pourquoi la perdrai-je ? Je ne sortirai pas d’elle. Elle que j’ai faite reine, que j’ai couronnée, à qui j’ai imposé le diadème, fait des cheveux d’or, dont j’ai orné le corps des vêtements les plus subtils et précieux, à qui j’ai donné un beau nom et à qui j’avais constitué une belle maisonnée, soumis une milice innombrable qui la conduisait avec des chevaliers et un grand cortège tout autour du monde, elle à qui j’avais montré les choses qui sont miennes. Comment pourrai-je la perdre ? Je ne partirai d’elle en aucun cas. Je lui ai enseigné toutes les langues, je l’ai soulevée sur toutes les montagnes et les collines, je lui ai offert toute la gloire du monde, je l’ai portée au-delà de la mer, je lui ai donné des palais d’or, je me suis fait cheval et porteur pour elle, je lui ai appris les jeux de hasard et les dés, je lui ai établi des foires, je lui ai appris les plaisanteries et les Cantiques, je lui ait fait sentir de nombreuses odeurs, je lui ait fait porter la jacinte et la pourpre, fardée de toutes les couleurs, je ne la laisserai donc pas.”

Donc les frères entendant cela et beaucoup d’autres choses, comprirent que c’était un qui parlait et une autre dans laquelle il parlait. Donc comme ainsi il l’avait beaucoup fatiguée, sur le champ, il s’enfuit d’elle. Alors, les frères la débarrassèrent des vêtements dont elle était revêtue et ils lui en mirent d’autres. Ses vêtements furent brûlés dans un feu et pendant qu’ils brûlaient, ils rendaient un bruit comparable au buisson ardent et comme le cri, ils crépitent en rendant une très mauvaise odeur. Comme le malin revenait en elle, les frères lui demandèrent pourquoi il était revenu ce à quoi il répondit : “Que dites-vous ? Je devrais ne pas revenir à celle qui est mienne ? En aucun cas je ne la quitterai sauf si saint Sauveur et saint Jacques qui me l’ont prise m’ordonnent de partir d’elle.” Pendant une année, ils la gardèrent dans l’abbaye et les citoyens de la cité de Jaque venaient la voir et l’entendre, elle qui mangeait des herbes crues du jardin, trop peu de pain ou rien du tout. Si elle s’enfuyait, elle était ramenée à l’abbaye. Ainsi, il lui avait été dit que rien ne la libérerait du malin si ce n’est saint Sauveur et saint Jacques. Elle prit sa besace et son bâton et elle alla au loin, auprès de saint Sauveur. Comme elle approchait de saint Jagon, cinq citoyens de la cité de Jaque qui chevauchaient, la reconnurent et lui donnèrent un pain. Celle-ci leur fit immédiatement cinq aumônes de ce même pain en l’honneur des cinq plaies que le Christ supporta pour les pécheurs. Sur sa route, elle traversa cinq ponts et, à chaque pont, le diable tentait de la précipiter dans l’eau, mais les cinq offrandes, comme elle disait, la libérèrent.

Comme elle arrivait au tombeau de saint Sauveur, elle entra immédiatement dans l’église et elle se jeta sans attendre sous le coffre qui contenait les reliques. A peine s’était-elle jetée que le malin, entré en elle, commença à crier d’une grande voix et il répéta les mots qu’il avait déjà dits et plusieurs autres : “Je ne partirai pas d’elle et cetera…” Immédiatement, l’archidiacre qui gardait le trésor, jeta son étole à son cou. C’était le sixième jour. Le malin, rejetant l’étole, commença à crier : “Pourquoi m’étrangles-tu ? Pourquoi me fais-tu suffoquer ? Tu m’étouffes”. Et il dit de l’étole : “Enlève moi ça”. Car il ne voulait pas et il craignait même de nommer l’étole. Et il disait en gémissant : “Je suis étranglé…” Donc l’étole parce qu’elle enflait tout le corps de la femme fut peu à peu éloignée, il dit : “Interrogez-moi sur tout ce que vous voulez, je vous répondrai et vous indiquerai ce que vous ne savez pas. Je parlerai au sujet des rois, des comtes, des princes et des puissants, des autorités apostoliques et des pontifes, des légats et des primats, des clercs et des prêtres, des moines et des moniales, des pauvres et des riches, des maîtres et des serviteurs, des mariés et des continents, des fous et des sages, je répondrai sur tous ces sujets et sur les autres s’il vous convient de m’interroger.”

L’archidiacre, craignant qu’il ne révèle l’indignité secrète et cachée de tous ces gens là ne consentit pas à l’interroger mais il lui dit : “Sors”. Il répondit : “Je l’aime tant que je ne peux la laisser car je partirai volontiers si je ne l’aimais pas. Elle m’a été donnée par sa mère, je l’ai nourrie, je lui ai donné le nom d’Oriam et je l’ai instruite de mes arts, comment donc pourrai-je la perdre ?” L’archidiacre ordonna que l’on apporte la croix des anges. Comme elle avait été amenée avec une grande révérence et qu’elle avait été approchée, lui qui était proche ne pouvait parler mais enflait, obstruait sa bouche et fermait ses yeux. La croix est peu à peu éloignée, il criait : “Ouvrez cela, ouvrez cela. Je vous dirai ce que vous voudrez sur les princes.” Il n’osait nommer ni voir la croix et l’étole. L’archidiacre dit : “Apportez les reliques”. Le démon répond : “Je partirai très volontiers si je ne l’aimais pas. Je suis tourmenté, je suis torturé”. Il commença à parler diverses langues. L’archidiacre dit : “Pourquoi t’attardes-tu, sors.” Il répond : “Je sortirai mais je reviendrai à nouveau. Je reviendrai deux fois et pas plus parce que j’ai peur”. Il craignait en fait l’étole et les reliques. L’archidiacre dit : “Je ne renoncerai pas à te faire partir à moins que tu m’assures que tu ne reviendras pas en elle.” Le diable répond : “Quelle garantie veux-tu avoir ?” L’archidiacre répond : “Le Sauveur du monde”. Le démon répond : “Je ne donnerai celui-là en aucune façon en caution parce qu’il me retiens captif”. L’archidiacre dit : “Donne moi saint Barthélemy”. Il répond : “Je ne le donnerai pas non plus car il me poursuit et me fait fuir à travers tout le monde, je ne peux rester devant lui.” L’archidiacre dit : “Tu me donneras saint Jacques.” Il répond : “Je le donnerai lui même et je reviendrai le lendemain et le jour suivant.” L’archidiacre demande : “A quelle heure viendras-tu venu le troisième jour ?” “A l’Evangile.” L’archidiacre dit : “Pars.” Il répond : “Enlève d’abord toutes ces choses qui se trouvent là et qui me torturent car je désire partir plus que toute autre chose au monde.”

Donc, ils déplacèrent la croix, l’étole et les reliques et, lui parti, la femme resta comme morte. Enfin, comme elle avait respiré, l’archidiacre la conduisit à sa maison et prit soin d’elle. Au matin, il la ramena à l’église. C’était le jour du samedi. Donc, autour de la troisième heure, le malin revint et entra en elle, elle fut conduite devant l’autel de saint Jacques et il commença en jurant par Dieu à affirmer qu’il ne partirai pas d’elle et rappela ce qu’il avait déjà dit (…). Alors l’archidiacre ordonna que soient lues les Evangiles afin que, les entendant, le diable partît. Le démon répondit : “Le clerc lise le sien et moi je lirai le mien.” Le clerc lisant les Evangiles, le malin commença à crier plus fort je ne sais quoi de barbare, on ne pouvait à peine entendre les Evangiles. Après l’Evangile, un jeune clerc lui dit : “Sors, esprit immonde.” Il répond : “Je ne partirai pas sortir de celle qui est mienne, qui m’a été donnée par sa mère et que j’ai nourrie.” Et le clerc : “Sa mère n’a pu te la donner car elle est une créature à l’image de Dieu.” A cela le malin resta confus et ne sut quoi répondre.

La multitude des enfants qui étaient venus dans l’église au spectacle encouragée par le clerc, commença à crier : “Pars dehors, pars dehors.” Parmi ces nombreuses voix, il dit, affligé et accablé : “Ces enfants me tuent et leurs voix me torturent. On agit contre moi d’une manière grossière. Que l’un s’adresse à moi puis un autre puis chacun tour à tour ; je répondrai à tous un à un au sujet de leurs interrogations. Mais cette demande collective de partir dehors est pour moi insupportable.” L’archidiacre dit : “Donc pars.” Il répond : “Je ne partirai pas tant que tous les moines, les clercs, les moniales et tout le peuple ne seront pas rassemblés dans l’église pour que je puisse répondre à leurs questions.” L’archidiacre pensa fort que Dieu ne permettrai pas de placer le diable devant les péchés du peuple, l’Eglise serait sans dessus dessous si le peuple et les clercs se retrouvaient réunis en elle et tous en dépériraient, il ne lui répondit pas et fit amener les reliques. Cela entendu, le malin esprit : “Je pars, mais, par Dieu, j’apporterai là beaucoup de deshonneur et beaucoup de maux.” Immédiatement, émettant des ululements, il sortit. Elle resta comme morte. Comme elle avait respiré, elle fut reconduite dans la maison de l’archidiacre qui la ramena le lendemain à l’église devant l’autel de saint Sauveur, à ses genoux. Il dit aux jeunes et aux hommes forts de se tenir prêts autour d’elle, pour que, si la force du diable revenait en elle, ils la retiennent. La réconfortant il dit : “Ne crains rien.” A cela elle répondit tremblante : “Au contraire, j’ai peur car je le vois venir.” L’archidiacre : “Sous quelle forme est-il ?” Elle répond : “Sous la forme d’un singe.” Immédiatement il entra en elle et la souleva des genoux de l’archidiacre, elle se heurta sur le sol devant l’autel. Immédiatement, tous les hommes forts, l’attrapèrent vivement, la tenant fortement, certains par les pieds, d’autres par les mains et les autres membres. Alors que le malin la tirait vers en haut, les autres la tiraient vers en bas. Il y avait une grande confusion de voix mais le malin criait de la voix la plus forte : “Elle est mienne, je l’emporterai.” Le peuple criait pour qu’on la tienne fermement. Alors l’archidiacre leur enjoignit de prier. Alors que le peuple et les clercs priaient, soudain, par un grand élan, comme si le poids intolérable d’une meule tombait d’en haut, elle fut précipitée devant l’autel et ceux qui la traînaient par le bas auraient été écrasés s’ils n’avaient pas fui. Aussitôt, donc, elle tomba sur le pavement, les hommes forts qui d’en bas la tiraient, tombèrent sur elle, tenant la main et les pieds par lesquels elle les frappait.

L’archidiacre voyant à quel point le diable la tourmentait, lui dit : “Sors d’elle, misérable.” Il répondit : “Je ne partirai pas, si ce n’est devant l’autel de saint Jacques”. Comme elle avait été ramenée là, l’archidiacre avait appelé pour qu’on lui apporte son étole, le malin voyant qu’on voulait l’enchaîner, dit qu’il sortirait devant l’autel de saint Sauveur. Comme ils étaient revenus là et qu’on l’enchaîna, il dit qu’il ne partirait pas si ce n’est devant l’autel de saint Jacques. Il faisait cela, voulant se jouer d’eux car, de cette manière, en allant et en revenant, il pourrait échapper aux mains de ceux qui la tenaient et l’emporter avec lui. Mais, pour gagner du temps, elle était tenue adroitement et avec force. L’archidiacre dit : “Sors, bête mauvaise.” Il répond : “De tous les miens qui sont en enfer, je suis le plus honnête et le plus grand courtisan.” L’archidiacre : “De quelle manière ?” Il répond : “Car les autres assaillent les bêtes et moi je n’assaille que les hommes”. L’archidiacre : “Pourquoi es-tu revenu aussi vite ? Tu as dit que tu reviendrais à l’Evangile.” Il répond : “Il a déjà été lu.” Alors il vint à la mémoire de l’archidiacre que la première messe avait été chantée à l’autel de saint Pierre et il dit : “En fait, tu es venu trop tard car tu n’es pas venu à l’Evangile.” Il dit : “Je suis allé à Toulouse et là j’ai gagné un homme que j’ai amené à parjurer pour une seule pièce qu’il avait volée à un pèlerin. C’est pour cela que je suis venu en retard.” Toulouse était distante de dix huit jours d’Ovideo. Il jeta donc l’étole à son cou, il commença à dire en gémissant : “Tu m’étrangles.” L’archidiacre dit : “Sors”. Il répond : “Je ne peux la quitter car je l’aime trop.” L’archidiacre dit : “Apportez la croix des anges”. Il répond : “Je vais la manger.” Donc les clercs revêtus d’aubes, apportèrent la croix. L’approchant d’elle méticuleusement, il craignait en tordant le cou et n’osait pas regarder la croix. Alors, l’archidiacre ayant approché la corne de la croix de sa bouche, il dit : “Maintenant manges si tu peux”. Lui serrant la lèvre si fortement que la lèvre inférieure arrivait presque au sommet du nez, tout son corps s’enflammait au delà de la mesure. L’archidiacre craignant de faire mourir la femme, enleva la croix. Elle enlevée, le malin dit : “Si vous voulez que je parle, je vous dirai beaucoup de choses”. L’archidiacre répond : “Nous n’avons que faire de tes paroles, pars.” Il répond : “Je ne désire rien d’autre car je suis torturé.” L’archidiacre dit : “Pourquoi donc es-tu venu ?” Il répond : “Sauveur m’a envoyé comme exemple au monde.” Et les reliques, la croix, et l’étole ayant été enlevées, il s’en alla en un long et profond ululement.

Après cela, pendant six semaines, elle resta devant Ovideo en attendant l’évêque Gonzalvo qui la baptisa. Avant le baptême, elle tenta de fuir plusieurs fois assise triste, son visage ravagé, mais des jeunes courraient après elles et la ramenaient. Elle était en effet d’une petite stature, mais frappant d’un poing improvisé, forte et rigide, elle parlait divers langages, et mangeait des herbes crues du jardin. Elle fut d’abord appelée Orie, mais l’évêque, au cours du baptême, lui imposa le nom de Marie. Elle devint très belle, et assez aimable par la douceur de la conversation. Elle cessa de manger des herbes crues et elle mangea du pain et les aliments qui permettent de sustenter l’humaine nature. Elle alla en pèlerinage à saint Jacques et sainte Marie à Rocamadour, à saint Thomas de Canterbury et enfin à Jérusalem au tombeau du Seigneur.

Au cours des six semaines où elle fut à Ovideo avant le baptême, elle s’asseyait devant l’église durant toute la journée avec le peuple et racontait aux gens tous les événements qui lui étaient arrivés. De plus, elle avait une plaie sur le front. Quand nous lui demandâmes qui lui avait infligé ce coup, elle répondit : “Pendant les cinq ans qui viennent de s’écouler, un paysan me trouva sur le pont que l’on appelle Nore, où m’avait déposé celui qui me portait et il était allé je ne sais où. Donc le paysan, pensant que j’étais une sorcière, commença à se battre contre moi. Je tentai de le renverser du pont vers les bas-fonds, voulant le plonger dans l’eau. Voyant donc qu’il ne l’emportait pas, il me blessa de la hache qu’il portait et s’enfuit de mes mains. Ainsi je fus immédiatement libérée de la douleur, mais la cicatrice resta.” Ceux qui siégeaient là et entendaient répondirent : “Martin surnommé Couaz vint à un moment de ces cinq ans Il a trouvé sur le pont une sorcière, il a raconté, comme celle-ci a raconté, ce qui lui est arrivé.” Le lendemain, les prêtres et le peuple l’écoutant ce fut dit dans l’église, elle répondit “Ce n’est autre que moi”. Martin et le prêtre furent convoqués, et témoignèrent et Martin et la femme reconnurent le lieu et le temps, le jour et l’heure.

“Sur ma tête était posé mon manteau, et j’allais où je voulais sans que l’on me voie. Protégée de mon manteau, j’entrai dans l’église de saint Sauveur et je renversai le tableau qui se trouve derrière l’autel alors que le prêtre que l’on appelle Pierre Corona chantait la messe. Le calice fut cabossé et sa main fut frappée violemment.” Le prêtre est appelé et elle dit que cela était vrai.

“Dans Jérusalem, au tombeau du seigneur j’entrai vêtue de manière précieuse et protégée de mon manteau, mais j’autorisai à un paysan de me voir à qui j’ordonnai d’accepter une des pièces qui avaient été jetées sur le tombeau. Lui, pensant que j’avais un pouvoir sur le tombeau reçut la pièce et la posa dans sa bourse. Ensuite, arrêté et dépouillé, il est recouvert de miel et exposé aux mouches dans l’atrium du patriarche. Je le voyais et je riais.”

“Les diables portaient une âme vieille et, venant à l’abbaye, ils la déposèrent, elle et moi, et continuèrent en perturbant les frères. Pendant ce temps, la vieille riait. Cela dit, le diable revint et répondit à l’un d’eux. Je sais ce qui la fait rire : la fille de celle-ci a engendré un fils qui sera prêtre et qui chantera la messe pour son âme. Ce jour, elle sera libérée de nos mains.”

“Il y a sept années, au mois d’août, quand une tempête de grêle s’abattit sur la cité de saint Sauveur, moi, j’étais dans les airs, sur la tempête. Alors l’Eglise de Saint-Sauveur aurait été détruite par la tempête si les prières de l’homme saint et la vertu des saintes reliques n’y avaient fait obstacle. Alors, en effet, les pierres de la taille du poing d’un homme s’abattirent sur la ville et autour sur les champs et sur les arbres durant très longtemps, tous fut dévasté et soudain, après la tempête, les arbres commencèrent à refleurir, et aux environs de la fête de la saint Martin (11 novembre) les fruits étaient murs (…). Dans cette tempête, il était nécessaire pour les hommes de fuir dans les salles et sur les terrasses à cause de cette inondation. Jusqu’à ce qu’enfin, l’eau arrive aux genoux et que la chute de grêle ait duré 8 jours. Les citoyens dirent qu’ils virent alors une femme dans les airs. Elle avoua alors que c’était elle."

“Alors que le malin la transportait, lorsqu’ils arrivèrent au-dessus du lieu où les moines, les clercs et les moniales chantaient, ils ne pouvaient traverser ce lieu mais tournaient en cercle parce que c’est dans un cercle que les impies se promènent. “Ne te soucie pas de le savoir mais allons chacun de son côté, séparons nous bientôt”.